Autrice américaine, Melissa Bashardoust est une amoureuse des contes. Alors lorsque son tour est venu de prendre la plume pour coucher ses propres histoires sur papier, c'est tout naturellement qu'elle s'est tournée vers ce genre pour leur donner vie.
Déjà deux titres à son actif, on imagine sans mal que d'autres suivront bientôt. En tout cas, on l'espère !
Or, après une première édition en grand format en 2022, son premier roman, Girl, Serpent, Thorn vient de ressortir en poche chez Hugo Stardust.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse qui m'a offert l'opportunité de découvrir cette très belle plume de l'Imaginaire anglophone.
Résumé :
Soraya a été maudite à sa naissance. Depuis lors, elle vit recluse dans ses appartements, reléguée dans une aile du palais. Sa proximité est crainte par tous, y compris par sa propre famille car par son seul toucher, elle peut ôter la vie. Alors que son jumeau Sorush est devenu le nouveau Shah et s'apprête à épouser leur amie d'enfance, Laleh, Soraya, elle, voit sa malédiction lui peser de plus en plus. Elle ne rêve que de vie normale et de liberté. Or, sa rencontre avec le mystérieux Azad, l'homme qui a sauvé son frère des griffes d'une div, va la bouleverser plus que de raison. Il semble si bien la comprendre, alors lorsque viennent les promesses d'une autre vie, elle voudrait tant y croire. Mais, est-ce seulement réalisable ?
Mon avis :
Pour nourrir l'univers de Girl, Serpent, Thorn, Melissa Bashardoust s'est inspirée du Shahnameh, littéralement Livre des Rois où il est question de démons, de rois serpents et d'oiseaux magiques, et particulièrement d'un récit proche de l'histoire de Raiponce. Elle y emprunte notamment l'idée d'une jeune fille prisonnière d'un donjon qui a besoin d'un héros pour en être délivrée comme c'est d'ailleurs le cas dans le conte de La Belle au Bois Dormant.
Ainsi, elle puise allègrement dans la mythologie persane pour tracer les grandes lignes de son monde. On va retrouver, par exemple, le mont Arzür représentant les portes de l'enfer d'où jaillissent des démons, qualifiés ici de divs, autrement dit des monstres ou des ogres souvent représentés sous une forme animale. Ils sont décrits ici tout en fourrure, plumes ou écailles et sont souvent associés au Destructeur, Angna Mainyu, par opposition au Créateur, Ahura Mazda comme l'énonce le courant religieux zurvaniste. Or, l'ombre de ce Destructeur plane littéralement sur la destinée de certains des personnages de cette histoire dont l'héroïne elle-même qui se voit manipulée à son insu avec pour conséquence la mise en danger du Shah et de sa famille, ainsi qu'une déstabilisation de son règne.
Entre ces lignes, Melissa Bashardoust tisse habilement des éléments notables de ce folklore oriental dans son intrigue pour lui donner un cadre aussi envoûtant que crédible. Dans Girl, Serpent, Thorn, on apprécie autant de croiser toutes ces créatures tirées du bestiaire merveilleux que de s'abreuver à toutes ces légendes que l'autrice a parsemées dans son texte. La lecture n'en que plus dépaysante surtout qu'elle revisite des mythes que l'on ne connait pas forcément. C'est donc un vrai plaisir de lecture!
Auquel s'ajoute l'indéniable qualité de l'intrigue portée par un personnage principal féminin qui va affronter le poids des secrets et des mensonges, déceler les trahisons et survivre à moult situations inattendues.
Dans son roman, Melissa Bashardoust revisite habilement la figure du monstre qui est souvent trompeuse. Elle rappelle qu'il ne faut pas confondre une apparence monstrueuse et le fait de posséder un vrai cœur monstrueux. Le diable se cache toujours dans les actes et non dans l'image que l'on reflète. Toute l'originalité réside ici dans le fait que c'est la princesse qui est qualifiée de monstre, alors faudra-t-il la sauver d'elle-même, telle est la question ?
En outre, on va également retrouver une thématique inhérente au genre Young Adult, la quête d'identité qui s'épanouit à travers le protagoniste principal. En vivant repliée sur elle-même, quasiment sans aucun contact, elle va devoir apprendre à appréhender au mieux sa malédiction afin de comprendre ce qu'elle est, ce qu'elle veut et surtout quel chemin elle va emprunter ?
L'autrice a fait un travail intéressant sur ses personnages qu'elle nous dépeint tous en nuances. Chacun d'entre eux possède une part d'ombre plus ou moins développée et tout au long du roman, on s'interroge sur les choix qui vont être faits. A commencer par Soraya elle-même. Elle est une jeune fille esseulée qui ne rêve que d'être libérée de son carcan. Elle est une héroïne queer qui se découvre. Privée d'interactions sociales dans ses premières années, elle va devoir apprendre à s'affirmer et se tracer une nouvelle destinée par elle-même. C'est un personnage intéressant à suivre car il oscille entre ombre et lumière.
Tout comme Azad car l'autrice joue beaucoup ici sur son ambivalence. Décrit comme un être solaire au début, il dissimule en réalité de sombres secrets qui suscitent bien des surprises et devient, de facto, un protagoniste subtile à sonder.
Enfin, la mère de Soraya, Tahmineh incarne un visage aimant vis à vis de sa fille. Pour autant, elle lui cache des choses qui vont s'avérer de plus en plus lourdes à porter. Alors, elle aussi a ses propres zones d'ombre.
Finalement, tous apportent son petit grain de sel pimentant le récit et lui donnant ainsi tout son relief.
En conclusion :
Avec Girl, Serpent, Thorn, on goûte à un conte très envoûtant qui nous entraîne au cœur d'une machination palpitante. Melissa Bashardoust nous ouvre les portes d'un univers fabuleux que l'on n'a pas envie de quitter. Une vraie réussite ! Un coup de cœur indéniable ! Lisez-le à votre tour, si ce n'est pas déjà fait.
Fantasy à la Carte
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