Estelle Faye, Un Éclat de Givre, éditions Folio SF
Avant la sortie de son prochain roman, Un Reflet de Lune aux éditions ActuSF qui s'inscrit dans le même univers, j'avais envie de vous parler d'Un Éclat de Givre d'Estelle Faye.Dans ce roman, Estelle Faye nous plonge dans un Paris post-apocalyptique et nous attache aux pas d'un jeune chanteur de jazz, prénommé Chet. L'apocalypse survenue au XXIe siècle a laissé la place à un monde distordu dans lequel Paris semble être le seul endroit où un semblant de vie demeure. Au fil du temps, les survivants s'y sont entassés et vivotent sous une chaleur écrasante et perpétuelle. Enfant de ce nouveau siècle, Chet vit de ses représentations musicales et de petits services, pas toujours très légaux, qu'il rend ici ou là. Incapable de résister aux beaux yeux du bel apollon qui se présente à lui, le voilà qui accepte une mission bien payée mais suicidaire. Seulement il risque de comprendre trop tard où il a mis les pieds.
Estelle Faye est une belle plume de l'Imaginaire français que je découvre au fur et à mesure de ses textes. J'avoue avoir été d'abord ensorcelée par son univers fantasy développé dans Les Seigneurs de Bohen (éditions Critic) et Les Révoltés de Bohen (éditions Critic). C'est donc tout naturellement que j'ai eu envie de lire ses autres romans.
Avec Un Éclat de Givre, elle explore un autre rivage d'Imaginaire et nous fait accoster dans un futur décadent mais qui n'est pourtant pas exempt de merveilleux.
Suite à une exploitation excessive des sols, les hommes ont épuisé les ressources de la terre. La disette a pris le pas sur l'abondance et les populations ont été progressivement décimées. Ici, des restes de technologie côtoient la misère. Des enfants naissent même avec des dons de télépathie ou de télékinésie qu'ils perdent à l'âge adulte.
Dans son roman, Estelle Faye tisse un monde bouleversé où les chimères d'hier sont devenues réalité. La vie ne semble se concentrer plus qu'à Paris et dans sa proche banlieue car les terres situées au-delà sont devenues hostiles et inhabitées. Cadre principal de l'action, Paris y est tantôt vibrante, tantôt inquiétante. Ce roman se lit comme un hommage à la ville lumière qui n'a rien perdu de sa superbe même si les hauts lieux de la capitale renaissent sous cette plume de manière bien différente. Ainsi, le centre commercial les Quatre-Temps nous apparaît comme figé pour l'éternité dans un passé perdu et la piscine Molitor est devenue un club privé à sirènes, nées de manipulations génétiques. Quant aux égouts, ils sont peuplés de dangereux rats hybrides, crées par des savants fous parce qu'à l'époque, ils ont trouvé cela amusant. Une torpeur s'est littéralement abattue sur la ville, la chaleur y est insoutenable. Le climat est toujours déréglé même si des apprentis scientifiques ont inventé au siècle dernier un régulateur. Celui-ci est d'ailleurs au cœur des enjeux de ce récit car tombé aux mains de fanatiques, il promet une canicule éternelle. C'est également un Paris où la nature a repris ses droits, la végétation s'y épanouie de manière désordonnée, formant un ensemble sauvage et luxuriant.
Avec Un Éclat de Givre, elle signe un univers envoûtant que l'on s'imagine bien connaître mais qui, pourtant, ne cesse de nous étonner au fil des chapitres.
Porté par un héros à la personnalité multiple, le roman n'en est que plus immersif. Chet est un homme qui se cherche. Il fascine, attache et surprend. En tant que chanteur, il doit se fondre dans toutes les chansons qu'il interprète. C'est pourquoi, au fur et à mesure du livre, on le voit enfiler de nombreux masques. A lui seul, il incarne de nombreux personnages. Âme solitaire, Chet est un héros tout en contradictions qui prend l'aventure à bras le corps et se découvre plein de ressources.
A l'image de son héros, Un Éclat de Givre est un roman touchant qui véhicule son lot d'émotions et nous fait vibrer d'un bout à l'autre.
Avec ce roman, je découvre une autre facette de cette autrice qui s'est réappropriée, ici, les codes d'un genre que je lis peu et qui pourtant, m'a totalement emportée.
Fantasy à la Carte
Lisez également mes avis sur Les Seigneurs de Bohen et Les Révoltés de Bohen.
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