L'influence du "gaming" à la littérature

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15/11/2024

Aurélie Wellenstein, La Harpistes des terres rouges, éditions Outrefleuve

Aurélie Wellenstein, La Harpiste des terres rouges, éditions Outrefleuve 

Nul besoin de présenter Aurélie Wellenstein entre ces lignes tant les romans de cette autrice sont toujours très appréciés ici. Or, cela tombe bien, son nouveau livre est paru cet automne chez Outrefleuve. Il s'agit de La Harpiste des terres rouges qui nous entraine cette fois-ci à la conquête de l'Ouest.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Fleuve, je remercie Estelle Revelant pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors qu'Abraham est au chevet de sa mère qui vit ses derniers instants, la lettre d'une femme donnant des nouvelles de son frère, parti dans l'Ouest il y a longtemps, est arrivée au domaine des Kessel. Celui-ci serait le prisonnier d'un drôle d'endroit, à moins qu'il ne soit déjà mort. Bien qu'il demeure sans certitudes, Abraham décide de s'embarquer dans ce voyage peut-être sans retour mais avec l'espoir ténu de retrouver Jarod et de le sauver, qui sait ! 

Mon avis :

Dans La Harpiste des terres rouges, Aurélie Wellenstein nous entraîne à nouveau dans un univers singulier et horrifique. Cette fois-ci, elle a pris pour décor l'ouest américain, ses immensités arides, ses saloons ou encore ses pistoleros à la gâchette sensible qu'elle accommode à un merveilleux monstrueux fort original. 

C'est tout le talent de cette plume qui explore des imaginaires toujours très surprenants. Ainsi, au cœur de cet Ouest sauvage existe un lieu sinistre qui fascine autant qu'il terrifie. Il s'agit de Symphonie, un territoire secret, une geôle pour les âmes égarées tombées dans les rets de la Harpiste. Cette énigmatique créature incarne le mal que les plus téméraires ou les plus fous cherchent à abattre. Son nom est sur toutes les lèvres, son ombre plane sur ce monde tourmenté. Et pourtant elle semble inaccessible. Silhouette de femme avec une tête de harpe, elle soulève des armées pour se tenir hors de portée et protéger ainsi son territoire. Son existence nourrit les légendes les plus folles mais nul ne peut se targuer de l'avoir approché sans tomber en esclavage. Même en étant greffé et disposant donc d'un certain pouvoir, rien ne prouve que l'affrontement sera triomphant. 

La magie qui coule entre ces pages repose donc sur la réussite des greffes qui changent à jamais les receveurs, soit en les tuant suite à un rejet, soit en les rendant plus fort tout en les modifiant profondément dans leur chair. C'est une magie qui flirte avec une expérimentation scientifique glauque et non maîtrisée. En effet, les chances de réussite sont minces et les revers sont violents. Le prix à payer pour devenir un humain augmenté et posséder cette puissance tant désirée est grand. Certains le font par choix mais beaucoup y sont contraints. Aussi au fil des chapitres, on croise aussi bien des humains avec des instruments de musique ou des armes greffés à la place des membres quand ce n'est carrément pas des extensions animales ou végétales comme par exemple une mâchoire de grand félin. Clairement, Aurélie Wellenstein a emprunté à l'ambiance du freak show  pour nourrir son monde d'une aura d'étrangeté et de frissons. 

Un emprunt qui lui permet d'explorer une thématique récurrente dans ses textes, à savoir la monstruosité. Elle aime confronter les humains à leur part d'ombre. Celle-ci est bien souvent dissimulée sous une apparence trompeuse. C'est tout le questionnement de l'autrice qui tourne autour de la figure du monstre, à travers le jugement hâtif souvent fait vis-à-vis de la différence. 

Elle en profite également pour s'intéresser aux relations familiales et parler de violences conjugales. Son texte est une nouvelle fois très engagé à propos de la protection de la nature et du respect dû à la faune et à la flore. Elle évoque beaucoup la maltraitance animale, un sujet qui lui tient à cœur. Ici, il s'agit de dénoncer l'exploitation des chevaux ainsi que le traitement réservé aux mustangs, ces montures sauvages capturées et exploitées. 

Le récit dégage une réelle émotion forte portée par sa communauté de personnages. Si l'on prend Abraham dans sa volonté farouche de retrouver son frère au détriment de sa propre survie ou l'abnégation d'Amy qui fait fi de ses plus grandes terreurs pour accompagner celle qu'elle considère comme sa seule famille dans une dangereuse mais néanmoins nécessaire quête. 

Dans son roman, Aurélie Wellenstein s'est attelée à nous brosser le portrait de protagonistes à vif tous plus attachants les uns que les autres.

Pour conclure :

Avec La Harpistes des terres rouges, elle signe une fantasy âpre au goût de poudre qui nous transporte au cœur d'un ouest féroce et impitoyable. Elle revisite avec talent ce Far West cinématographique et nous en livre une fresque incroyable. Alors, vous reprendriez bien un peu d'Aurélie Wellenstein, non ?

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Mers Mortes, Le Dieu Oiseau, Le Désert des Couleurs, Les Loups Chantants et les tomes 1 et 2 de L'Epée, la Famine et la Peste

Informations

Aurélie Wellenstein
La Harpiste des terres rouges
9782265158207
352 pages
Editions Outrefleuve

Lien vers le site

09/11/2024

Brandon Sanderson, La Voie des Rois, T.1, Les Archives de Roshar, éditions Le Livre de Poche

Brandon Sanderson, La Voie des Rois
T.1, 
Les Archives de Roshar
éditions Le Livre de Poche

Au fil de ses romans, Brandon Sanderson s'est hissé au rang des auteurs classiques des littératures de l'Imaginaire anglophone reprenant ainsi avec brio le flambeau de ses prédécesseurs. 

Comme d'autres avant lui, il a l'ambition de développer un vaste univers que l'on retrouve dans certaines de ses séries ou de ses romans isolés. 

Avec ses 20 millions d'exemplaires vendus, Brandon Sanderson est vite devenu un auteur à succès. C'est donc tout naturellement que son nom s'est imposé lorsque la librairie en ligne Dolpo m'a proposé de mettre en valeur trois grands noms de l'Imaginaire.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Dolpo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Pendant que des seigneurs de guerre luttent contre les Parshendis et intriguent pour s'attirer les faveurs du roi, d'autres, à l'image de Kaladin se battent pour survivre. Cet ancien soldat devenu un esclave se retrouve à prendre part à ce conflit à la plus ignoble des places. De son côté, Shallan s'est débrouillée pour devenir la pupille d'une noble érudite afin de lui dérober quelque chose qui, elle l'espère, sauvera sa famille mais au final trouvera un tout autre savoir. 

Mon avis :

Dans Les Archives de Roshar, on entre d'emblée dans un univers fouillé riche d'un passé fastueux. Bien qu'ils aient disparu depuis des siècles, l'ombre des Chevaliers Radieux plane sur les terres des Plaines Brisées et s'incarnent sous la forme de Lames d'Eclat et d'armures magiques conférant à leurs nouveaux porteurs une invincibilité. Ces divinités d'un autre âge continuent d'être vénérées même si elles appartiennent au passé. Leur héritage est fait de Fulgiflamme qui anime les gemmes et fait apparaître les Cuirasses et les Lames d'Eclat. C'est la magie qui habite les pages de cette série. Elle n'est entre les mains que d'une poignée d'élus et dessine la géopolitique de ce monde. 

Ainsi, par soif de conquête de cette puissance, par convoitise des gemmes de pouvoir, une guerre a été déclarée et des vies sont sacrifiées. Aussi, La Voie des Rois nous entraîne au cœur de terribles batailles et d'affrontements sanglants au cours desquels beaucoup trouvent la mort, notamment les esclaves qui sont envoyés en tête de cortège. C'est donc un texte plein de bruit et de fureur où les complots et les trahisons prennent place. En effet, le contexte belliqueux est propice à la duperie et à la manipulation. Brandon Sanderson se la joue ici fin stratège afin de donner au récit tout son piquant et happer ainsi les lecteurs. 

Toutefois ce roman ne constitue que la première partie de La Voie des Rois. Brandon Sanderson n'y fait donc qu'y poser le décor et les acteurs. Ce premier roman est clairement un tome d'exposition qui ne fait qu'effleurer le vaste univers imaginé par l'auteur sans trop dévoiler ses enjeux. De suite, on prend la mesure du travail minutieux réalisé par Brandon Sanderson pour construire une telle œuvre. Que l'on parle de l'historique de ce monde, du système de magie ou du fonctionnement de cette société, tout est pensé pour proposer un récit très immersif.

En outre, l'auteur a ponctué  son livre de réflexions intéressantes notamment autour de la place de la femme. Il tient un propos plutôt féministe à travers l'érudition des femmes qui sont les seules gardiennes du savoir pendant que les hommes s'attèlent à d'autres tâches comme la guerre. Brandon Sanderson nous dresse donc le portrait de femmes fortes et indépendantes qui incarnent la connaissance, ce qui leur permet de s'élever dans la société. 

L'auteur émet également  une critique de la guerre dans le sens qu'elle sacrifie toujours les plus pauvres au profit des plus nantis de la société. Il rappelle que les décideurs des conflits n'y participent jamais réellement et n'en subissent donc pas les conséquences. Il met en exergue l'impunité d'une certaine caste. 

Bien des personnages se pressent entre les pages de ce livre. Parmi eux, Kaladin est l'un des plus notables. On le suit dans son présent mais aussi dans son passé. Promis à une brillante carrière de chirurgien, on le retrouve soldat puis esclave. C'est un protagoniste qui est hanté par son passé et les choix qu'il a faits. Empli d'une certaine fierté, il a son propre code d'honneur qui le guide dans les dédales de cette vie semée d'embûches que le Tout-Puissant lui a réservée. En dépit du risque de représailles, il reste fidèle à la promesse qu'il s'est faite de maintenir sains et saufs les hommes qu'il a sous ses ordres. C'est un personnage ambivalent, à la fois dur et tendre. Un cœur bat sous cette carapace de guerrier le rendant pour le moins assez attachant. Shallan, elle, est une jeune fille de bonne famille qui a connu de terribles revers l'obligeant à quitter les siens pour partir en quête de ce qui les sauvera. Bien que très jeune, elle ne manque pas d'audace ni de témérité. Sa pugnacité a le mérite d'attirer l'attention et de la mettre sur le chemin qu'elle s'est fixé. Maline et machiavélique à la fois, elle est un personnage tout en nuances que l'on a toujours envie de retrouver. Elle est la clé de compréhension de cet univers tortueux. 

Pour conclure :

Avec La Voie des Rois, Brandon Sanderson jette les bases d'un récit ambitieux mêlant épique et intrigue. Après cette première incursion qui n'est qu'un avant-goût de ce que l'auteur nous réserve. Il me tarde de poursuivre l'aventure afin d'apprécier à sa juste valeur cette plume tant plébiscitée.

Fantasy à la carte

Brandon Sanderson
La Voie des Rois
T.1
Les Archives de Roshar
9782253132905
990 pages
Editions Le Livre de Poche

Lien vers la librairie Dolpo  

31/10/2024

J.R.R. Tolkien, Les Étymologies, éditions Pocket Imaginaire

J.R.R. Tolkien, Les Étymologies, éditions Pocket Imaginaire 

Alors que les éditions Pocket Imaginaire sont en pleine refonte de leur chartre graphique, ils en profitent pour rééditer l'intégralité de l'œuvre de J.R.R. Tolkien

Ainsi toutes les couvertures sont signées par Nicolas Carminade et le rendu est juste magnifique.

Après les très belles éditions du Silmarillion et du Hobbit en 2023, ils poursuivent, notamment, cette année avec Les Étymologies. C'est un ouvrage qui va intéresser les grands amateurs de l'univers de J.R.R. Tolkien, particulièrement ceux qui sont sensibles à la linguistique, d'autant que celle-ci a une grande influence sur la construction de la Terre du Milieu. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse.

Il est à noter que Les Étymologies correspond à un extrait du cinquième volume de L'Histoire de La Terre du Milieu qui regroupe Les Contes Perdus, Les Lais de Bélériand, La Formation de La Terre du Milieu et La Route Perdue. Toutefois, cette version est plus complète que celle publiée au Royaume-Unis grâce à Christopher Tolkien qui a accepté de voir cet ouvrage être réédité de manière indépendante avec l'insertion de quelques corrections.

En outre, cet ouvrage a pu voir le jour grâce au travail minutieux de Christopher Tolkien dont on retrouve d'ailleurs un long texte introductif en début de livre. Il revient notamment sur la genèse des langues inventées par son père, initialement conçues pour incarner une histoire, celle des Elfes. Toutefois, il ne prétend pas ici créer un dictionnaire listant tout le vocabulaire imaginé par J.R.R. Tolkien mais propose plutôt un dictionnaire étymologique traitant des relations avec les mots car c'est ainsi que son père voyait les choses.

Les Étymologies est un ouvrage pensé comme un complément utile à l'étude des textes narratifs de J.R.R. Tolkien. 

Clairement, Les Étymologies nous apparait comme un outil très intéressant pour qui porterait une attention particulière à l'évolution des noms et des langues utilisés par J.R.R. Tolkien au fil des versions de ses différentes histoires. 

Avec Les Étymologies, on touche au cœur de la création de La Terre du Milieu, à la matière qui animait le philologue qu'était J.R.R. Tolkien. 

Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde, pour autant il demeure un formidable élément de compréhension de l'œuvre de J.R.R. Tolkien. 

Avec les fêtes de fin d'année qui approchent, il pourra donc être glissé sous le sapin des admirateurs les plus curieux du maître de la fantasy.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : Le Silmarillion, Le Hobbit, Les Enfants de Hurin, La Chute de Gondolin et Beren et Luthien.

Informations

J.R.R. Tolkien
Les Étymologies
9782266341417
160 pages
Editions Pocket Imaginaire

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