Auteur de fantasy, d'anticipation et d'uchronie, David Bry est une plume de l'imaginaire que l'on aime beaucoup sur Fantasy à la Carte.
Envoûtée par Que Passe L'hiver, Le Garçon ou la ville qui ne souriait plus ou encore La Princesse au Visage de Nuit, ces trois textes m'ont déjà permis d'apprécier pleinement toutes les nuances de cette belle écriture.
Pour son dernier roman, Le Chant des Géants, les éditions de L'homme Sans Nom ont mis les petits plats dans les grands en éditant un très bel hardback aux en-tête de chapitres illustrés et agrémenté d'un signet.
Résumé :
L'île d'Oestant est en paix. Depuis longtemps, l'entente règne entre les clans mais tout change le jour où Ianto manque de se faire empoisonner au château de Ler du roi Lothar. Ce crime ne pouvant pas rester impuni, un nouveau conflit armé éclate faisant beaucoup de victimes dont Arthus, le père de Ianto et de Bran. Après une ultime bataille sanglante, Lothar est défait et fait prisonnier. Comme il est l'aîné, Ianto prend la place de son père et souhaite entériner la paix en épousant Sile, la fille de Lothar et ce, malgré l'intérêt que son frère pouvait porter à cette dernière. A Oestant, une nouvelle ère s'ouvre, déjà imprégnée par le sang et les larmes. Grisé par le pouvoir, Ianto change sous les yeux d'un Bran de plus en plus impuissant, alors pourra-t-il réellement y changer quelque chose ?
Mon avis :
Le Chant des Géants nous plonge dans une fantasy épique marquée par le complot et la trahison.
Bercé par les légendes celtiques et nordiques, ce texte s'en est clairement inspiré.
L'histoire prend cadre sur une île où se sont établis plusieurs seigneurs et leur peuple. David Bry a d'ailleurs emprunté quelques éléments de la société féodale comme l'hommage lige, l’allégeance ou la vassalité pour parfaire l'ambiance historique de son livre. Il nous entraîne au cœur des rivalités entre clans, et même au sein d'une famille pour nourrir son texte de péripéties aussi inattendues que dramatiques.
De plus, en nous transmettant cette histoire par le biais d'un conteur, David Bry la sacralise en la faisant rentrer dans le domaine de la légende et du mythe.
Un caractère sacré qui est renforcé ici par l'omniprésence des Géants veillant sur l'île d'Oestant avec Baile, Leborcham et Fraech dont l'antre est jalousement gardé par les immortels. Ils sont dépositaires d'une magie dont on sait que peu de choses. Ils semblent avoir une influence sur l'espace-temps et la destinée des hommes et des femmes qu'ils modèlent à leur guise. Ce sont des êtres insaisissables qui apparaissent et disparaissent au gré de leurs envies. Leur présence dans ce texte lui donne sa dimension onirique. La magie dispensée par David Bry dans ses romans est toujours éthérée, et s'exprime par touches discrètes en apportant juste ce qu'il faut pour émerveiller le lecteur.
Avec Le Chant des Géants, il signe encore un texte bouleversant car empreint d'émotions fortes.
Il nous y conte le destin de deux frères qui, à la suite d'une succession d'événements, vont se déchirer lentement jusqu'au point de rupture. Ici, David Bry s'intéresse beaucoup au relationnel qu'entretiennent ses personnages, et met notamment l'accent sur la relation fraternelle lorsqu'elle est soumise à la jalousie et à la frustration la faisant basculer de l'amour à la haine.