L'influence du "gaming" à la littérature

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11/05/2025

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos 

Au fil de ses récits d'imaginaire, Marge Nantel s'impose peu à peu comme une signature incontournable du genre. Le prix Utopiales reçu en 2024 pour récompenser son roman, Code Ardant, ne fait d'ailleurs que confirmer son talent. 

Une plume très qualitative que j'avais remarquée dès ma lecture de La Cité sous les Cimes publié en 2023 par les éditions 1115.

Or, l'annonce d'une nouvelle sortie en avril dernier chez Mnémos a immédiatement suscité mon intérêt.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé : 

Dépourvu du Don, Suèhl est un décasté, autrement dit un paria pour son clan. Contre toute attente, il a réussi à rester en vie en dépit des purges organisées pour le voir lui et ses semblables disparaître. Un jour, il fait la rencontre d'un étranger surnommé Ténèbres sans imaginer qu'il va l'entraîner bien malgré lui au cœur des rivalités de son clan et que leurs destins vont intimement se lier. Mais au plus fort du danger, pourra-t-il réellement compter sur lui ? 

Mon avis :

Avec Hors Caste, Marge Nantel signe un récit de dark fantasy particulièrement immersif. Elle nous propulse dans une société de castes où le pouvoir détermine l'échelle sociale. Celle-ci est facilement reconnaissable par le biais de signes extérieurs comme des tatouages ou le port de certaines pierres. 

Dans ce monde, il n'est pas bon d'appartenir à aucune sous peine de voir sa vie continuellement menacée. A Hemurn, les gens sont répartis par clans. On en distingue quatre : celui du Lynx, du Serpent, de la Tarasque et du Phoenix. Chacun d'entre eux est régulièrement soumis à des luttes internes qui les déstabilisent et vident même leurs rangs à cause des purges. En outre, la particularité de l'univers imaginé par Marge Nantel est qu'elle a choisi de mettre en scène des personnages anthropomorphiques. En effet, les membres de ces clans présentent des caractéristiques physiques propres aux totems auxquels ils appartiennent. 

La magie de ce texte s'exprime autant par ces protagonistes mi humains mi créatures qui, par leurs prédispositions naturelles, disposent de capacités supérieures ainsi que par l'existence de pierres puissantes capables de bien des prodiges comme le contrôle des esprits. 

L'intrigue imaginée par l'autrice est tranchante et se met parfaitement au diapason de son univers âpre. 

La société dans laquelle ce récit prend cadre est sectaire. Ce qui donne l'occasion à l'autrice d'aborder les thématiques d'intolérance et de persécution, notamment ce qui est relatif aux préférences sexuelles. En effet, ses personnages principaux appartiennent à la communauté LGBT et ont bien souvent été victimes d'abus, de sévices et de tortures pour les punir d'aimer des personnes de même sexe. Par leur biais, Marge Nantel explore les traumatismes psychiques et ses conséquences sur l'âme tout en donnant des pistes pour les surmonter. 

En outre, à travers cette société de castes, l'autrice met en exergue le mépris de classes. Elle ponctue ainsi son texte d'une critique politique.

Il est également question de révolte et de liberté conquise au prix fort.

Hors Caste est un roman féroce dans laquelle l'autrice ne mâche pas ses mots, pas plus qu'elle ne ménage ses héros. 

Pour porter cette histoire, elle table sur deux personnages meurtris, deux âmes écorchées par la vie qui ne leur a pas fait de cadeau. 

C'est clairement un roman qui met les émotions à vif. Suèhl et Ténèbres sont les victimes d'un passé traumatisant. Pour autant, ils vont faire de leurs failles une véritable force notamment grâce à leur rencontre qui va leur sceller une nouvelle destinée. Voici deux personnages tous en nuances que l'on apprécie d'emblée et dont on partage sans mal les joies et les peines. Ils forment le duo parfait  pour donner à cette histoire tout son mordant.

Pour conclure :

Avec Hors Caste, Marge Nantel se fait à nouveau l'autrice d'un roman piquant dont on ne sort pas indemne. Implacable !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur La Cité sous les Cimes et Code Ardant.

Informations

Marge Nantel
Hors Caste
9782382671917
336 pages
Editions Mnémos

Lien vers le site

06/05/2025

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, T.3, Les Cités Divines, 
éditions Albin Michel Imaginaire 

La Cité des Miracles est le troisième volet qui vient clôturer de façon magistrale la trilogie des Cités Divines de Robert Jackson Bennett. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Avec Les Cités Divines, Robert Jackson Bennett signe une série de haut vol mêlant fantasy et enquête avec une grande virtuosité. 

Personnellement, j'ai eu un énorme coup de cœur pour cette histoire et celui-ci ne s'est d'ailleurs pas démenti tout au long des tomes. Je ne peux donc que vous recommander de la lire à votre tour.

Résumé :

La mort violente de Shara Komayd tuée dans un attentat force Sigrud je Harkvaldsson à sortir de sa clandestinité pour enquêter afin de démasquer le commanditaire de cet assassinat. En tant que Première Ministre, Shara ne manquait pas d'ennemis. Toutefois, au vue de ses premières constatations, il semblerait que ce meurtre soit en lien avec des divinités puisque des miracles semblent encore à l'œuvre en dépit que ces dernières aient soit disant toutes disparues. Et si les apparences étaient une nouvelle fois trompeuses dissimulant une réalité toute autre et un avenir bien sombre ? A moins, bien sûr, que Sigrud réussisse à nouveau à faire pencher la balance !

Mon avis :

Après avoir été le théâtre d'affrontements apocalyptiques avec les divinités Kolkan et Jukov vaincues par Shara et Sigrud, le monde né sous la plume de Robert Jackson Bennett se reconstruit progressivement. Mais alors que tous pensaient être libérés de l'empreinte des dieux, des miracles semblent encore à l'œuvre. Ceux-ci ont notamment servi à éliminer la Première Ministre Shara Komayd. Pour Sigrud sorti des ombres, le doute n'est plus permis quant à la résurgence d'une nouvelle menace divine.

L'univers imaginé par Robert Jackson Bennett repose sur la qualité de sa mythologie. En effet, l'auteur s'est notamment inspiré de la mythologie grecque en y puisant quelques éléments. Ainsi, il emprunte à Cronos son habitude de manger ses enfants pour ne pas être détrôné par eux afin de donner à ses propres dieux une très grande puissance qu'ils acquièrent en consommant, à leur tour, leur propre descendance. La croyance en ces mythes façonne son monde en faisant ou défaisant des éléments. Celui-ci évolue au gré des envies et de l'emprise de ces créatures ancestrales. Leur pouvoir est tel qu'elles peuvent le réinitialiser à l'envi menaçant toutes les âmes qui y résident. Ainsi, leur simple existence est un danger pour le reste de l'humanité et ne peut qu'aboutir à un nouvel affrontement s'annonçant, d'ores et déjà, très spectaculaire. Conclusion oblige, l'auteur a lâché la bride à son imagination pour nous concocter de nombreuses scènes explosives à l'esthétique très cinématographique. Les combats y sont homériques et la tension, à son comble. 

Ce troisième opus est clairement à la hauteur des précédents et l'auteur a mis le paquet pour nous maintenir dans un suspense presque insoutenable. 

Shara n'étant plus là, Robert Jackson Bennett s'est davantage focalisé sur le personnage de Sigrud que l'on découvre plus en profondeur dans ce troisième tome. Il a puisé dans la figure du Berserk pour nourrir son portrait. Aussi, il incarne à sa manière cette image du guerrier fauve entrant dans une fureur sacrée le rendant surpuissant et capable d'affronter des êtres qui lui sont nettement supérieurs. Sigrud se laisse conduire par ses émotions. Il est bien souvent aveuglé par son désir de venger les personnes qui lui sont chères et qu'on lui a pris. Pour autant, la force brute qu'il arbore en permanence dissimule bien les sentiments qui l'animent et qui le rongent de l'intérieur. Lorsque l'on fait sa connaissance, on est loin d'imaginer qu'une sensibilité se cache sous cette armure de glace qui le drape et derrière son regard si pétrifiant pour qui le croise. C'est pourtant l'un des protagonistes le plus attachant de cette série, notamment à cause du passé bouleversant qu'il porte. Il est un héros à sa manière, choisi pour accomplir des actes incroyables et parfois inattendus. Les missions qu'on lui a confiées ou qu'il s'est assignées ont toujours la primeur sur son propre salut. C'est dire son degrés d'abnégation. 

Il fallait bien un tel protagoniste inoubliable pour mettre le point final à ce récit de grande envergure. Tout y est intense et immersif, à l'image de son implacable personnage principal.

Robert Jackson Bennett continue d'instiller dans son livre des réflexions politiques ou sociétales intéressantes. Ici, il questionne pas mal le pouvoir et ses conséquences, notamment lorsque celui-ci grise tellement son détenteur qu'il verse dans la mégalomanie. Il évoque également les traumatismes de l'enfance en mettant en exergue ses répercussions sur l'adulte. 

Comme à son accoutumée, Robert Jackson Bennett nous assure, avec La Cité des Miracles, un pure divertissement grâce à sa fantasy richement construite et à la variété des sujets abordés. 

Pour conclure :

La Cité des Miracles est un roman très qualitatif apportant son lot d'émotions fortes et d'action tout en proposant un décor grandiose complètement déstructuré. Dépaysement garanti !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur La Cité des Marches, La Cité des Lames, Les Maîtres Enlumineurs, Le Retour du Hiérophante et Les Terres Closes

Informations

Robert Jackson Bennett
La Cité des Miracles
Tome 3
Les Cités Divines
9782226485922
576 pages
Editions Albin Michel Imaginaire

Lien vers le site

27/04/2025

Thibault Lafargue, Le Bouffon de la Couronne, Tome 1, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Thibault Lafargue, Le Bouffon de la Couronne, T.1, 
collection Bad Wolf, 
éditions ActuSF 

Scénariste et réalisateur pour le cinéma, Thibault  Lafargue est également l'auteur d'un premier roman de fantasy magistral paru aux éditions ActuSF.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Rien ne prédestinait Sébrain à une vie au service du roi. En effet, lui le Fournier au moulain de Fore-le-Bourg se voyait plutôt comme Grand Apprenti du Moulain d'Or Blanc. Seulement par un mauvais coup du sort, le voici obligé d'enfiler les habits de bouffon du roi en échange de la vie sauve. Dès lors, c'est une toute nouvelle vie qui s'offre à lui remplie de mensonges et de farces. Mais dans ce monde de faux-semblants, arrivera-t-il à trouver sa place ? 

Mon avis :

Dans Le Bouffon de la Couronne, Thibault Lafargue nous immerge dans un monde clivé où deux royaumes s'affrontent. En effet, la Ponance et la Levance sont en guerre depuis des lustres. Les victoires et les défaites s'enchaînent pour l'un ou l'autre camp sans pour autant sonner la fin du conflit. Mais, l'arrivée au pouvoir de Guillon Saintelarme comme souverain ponant pourrait bien changer les choses car le sire est bien décidé à signer la paix avec le sultan levant. Pour preuve de sa bonne volonté, il est même prêt à accorder la main de sa fille à l'héritier de son ancien ennemi légitimant ainsi la Mixité. Un choix politique qui ne sera pas au goût de tous tout en insufflant au récit son ambiance pesante alourdie par les complots et les trahisons. 

D'autant qu'à Belle-la-Ménure où se déroule l'action de ce premier volet, la religion en place subit une vive critique avec le retour en force de la croyance prohibée de l'Art. Or, derrière ceux qui se font appeler les Artistes se dissimulent peut-être la volonté de faire revivre le culte de la déesse Eléanor tant redoutée par le Triste. 

Entre ces lignes, l'Art est assimilé à une forme de magie proscrite car quiconque la pratiquant est voué au bûcher. En outre, les pages de ce livre sont habitées par un léger merveilleux se manifestant sous forme de prodige, à l'image de ces fascinantes Célestines, une sorte de bateaux volants reliant Fore-le-Bourg au château de Belle-la-Ménure et au Moulain d'Or Blanc.

Le Bouffon de la Couronne est un récit de haut vol rempli de conspirations et de situations inattendues où le rire se dispute au danger. L'intrigue est bien menée mêlant jeux d'esprit et coups de bâton. 

La plume de l'auteur est particulièrement savoureuse faisant le choix de mettre en scène des personnages hauts en couleurs. Au-delà du personnage principal fort attachant au demeurant qui se retrouve à devoir endosser un costume bien trop grand pour lui, on fait également la rencontre avec d'autres protagonnistes tout aussi inoubliables. Il y a, par exemple, la bouffonne Jeanny la folle qui dissimule ses blessures de l'âme la rendant très touchante, sans oublier l'intrigante Catheriniane qui tisse sa toile dans l'ombre pour mieux manipuler son monde. 

Dans Le Bouffon de la Couronne, Thibault Lafargue a enrichi son texte de thématiques variées. En effet, il nous parle aussi bien d'intolérance, de guerre de religions que de manipulation politique. En outre, il est également question de relations familiales complexes, et d'accomplissement féminin ou parental, à travers cette délicate notion du manque d'enfant.  

Ce livre est prenant et riche en émotions. Thibault Lafargue se fait l'auteur d'un texte qui ne laisse pas indifférent et dont on a grandement envie d'en découvrir tous les secrets. 

Pour conclure :

En refermant ce livre, je ne peux que féliciter les éditions ActuSF de nous avoir dénicher un tel talent car ce roman est clairement à classer parmi mes meilleurs coups de cœur de l'année 2025. Hâte de lire la suite !

Fantasy à la Carte

Informations

Thibault Lafargue
Le Bouffon de la Couronne
9782376866800
645 pages
Collection Bad Wolf
Editions ActuSF

Lien vers le site 

22/04/2025

Clément Rouault, Fragments d'Empyrium, éditions 1115

Clément Rouault, Fragments d'Empyrium, éditions 1115

Quand il ne joue pas la comédie, Clément Rouault écrit. Pièces de théâtre, scénarios ou nouvelles, tout ou presque passe sous sa plume toujours très inspirée. 

Après sa nouvelle "Le Bazaar K" parue dans la collection ChronoPages des éditions 1115, il est de retour chez ce même éditeur pour nous proposer, cette fois-ci, une novella qui s'intitule Fragments d'Empyrium.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce service de presse.

Mon avis :

Fragments d'Empyrium est un recueil de 6 textes où l'on part à la rencontre du 3e type pour mieux renouer avec notre humanité.

L'humanité n'est plus la même depuis l'avènement de l'Empyrium, cette ère que l'on doit à des êtres venus d'ailleurs pour délivrer les humains de leurs besoins primaires, tels la faim et la soif. Toutefois l'espèce est-elle sauvée pour autant ? Rien n'est moins certain car défait de toutes envies, cet avenir s'avère bien moins désirable que prévu. Et l'idée de se laisser aller à l'oubli dans les bras de ceux que l'on appelle E n'est pas plus enviable. 

Mais ne voyez aucune malice chez ces créatures extraterrestres car leur intervention part toujours d'un bon sentiment. En tout cas, c'est ce que l'on se dit lorsque l'on voit F débarqué dans un coin perdu de la France et distribuer à tout va des diamants. Malheureusement pour lui, sa générosité a eu l'effet pervers de dévaluer le diamant en saturant le marché. Voici une nouvelle remarquable qui a également l'intérêt de mettre en lumière les dangers de ce système monétaire qui émet trop de billets leur enlevant ainsi toute leur valeur. Cette critique du capitalisme qui domine le monde d'aujourd'hui est fort à-propos. 

Dans son recueil, Clément Rouault ne se contente pas de faire un état des lieux sur la situation inquiétante de l'humanité si elle continue à brûler par les deux bouts la planète qui l'accueille, il s'intéresse aussi aux possibles futurs qui l'attendent. Ainsi, dans sa nouvelle "Dialogue entre deux âmes", l'auteur explore cette idée de numérisation des âmes pour que celles-ci ne s'éteignent jamais même après que les corps aient lâché. C'est à la fois noble et inquiétant. Cela a l'avantage de conserver la mémoire des anciens tout en mettant fin au deuil. Mais enfermer l'essence d'une personne disparue dans une mémoire numérique, c'est aussi la couper définitivement d'une partie de son être fait de chair et de sang. C'est l'empêcher de trouver le repos. Il y a une forme de cruauté dans un tel choix. La peur de mourir et le désir d'immortalité titillent bien des hommes mais est-ce que vivre éternellement est-il un sort si enviable?

L'avenir de l'humanité est-il de trouver un remède à sa mortalité ou n'est-ce pas plutôt d'apprendre à vivre en communion avec son environnement ? Après tout qu'est-ce que nous racontent Fragments d'Empyrium si ce n'est de perpétuelles rencontres avec l'autre qui sont autant de sources d'introspection pour les humains afin de comprendre où ils vont et au besoin modifier leur trajectoire tant qu'il est encore temps. 

Pour conclure :

Fragments d'Empyrium, c'est un kaléidoscope d'histoires étranges qui replacent l'humanité face à ses contradictions afin de prendre le temps de réfléchir à une finalité plus acceptable. 

Fantasy à la Carte

Informations

Clément Rouault
Fragments d'Empyrium
9782385630461
122 pages
Editions 1115

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18/04/2025

Auriane Velten, C'est-comme-ça, éditions Mnémos

Auriane Velten, C'est-comme-ça, éditions Mnémos 

Autrice montante, Auriane Velten a déjà été primée pour son roman After qui a reçu le prix Utopiales en 2021. D'autres titres ont vite rejoint sa bibliographie depuis ce premier roman, à l'image de Cimqa en 2023 ou encore Ainsi soient-illes en 2024. 

Mars marque son retour au catalogue des éditions Mnémos avec un nouveau titre qui s'intitule C'est-comme-ça. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Apollon, Peter Pan, Clochette et Thor  ne sont pas que des croyances issues de l'imaginaire populaire. Ils existent réellement, seulement ils vivent à l'abri des regards des humains. Cassandre  est l'une de ses figures mythologiques qui se tient également à l'écart dans la crainte de disparaître. Or, le jour où Peter Pan s'évapore mystérieusement, ses pires craintes deviennent donc réalité. Pour comprendre ce qui lui est arrivé et peut-être lui éviter le pire, Cassandre a décidé de mener l'enquête au risque de s'y brûler les ailes. Que trouvera-t-elle au terme de sa quête, telle est la question ? 

Mon avis :

Dans C'est-comme-ça, Auriane Velten a invité tous les panthéons à venir nourrir son singulier univers où le merveilleux tente autant de réenchanter le présent que d'y survivre. En effet, entre les lignes d'Auriane Velten, toutes les croyances du monde entier qu'elles soient nordiques, gréco-romaines, chrétiennes ou encore vaudous, sont touchées par le même mal qui les ronge. Il s'agit d'une sorte d'oubli qui menace de les faire tous disparaître les uns derrière les autres si elles ne réagissent pas à temps. 

L'idée de voir réunis dans un même combat des divinités, des personnages littéraires issus des contes ou des comics et des figures mythologiques ou folkloriques est particulièrement originale. En effet, dans ce roman, ces êtres de foi et de papier n'existent que grâce aux histoires et aux prières qui leur sont destinées. Celles-ci leur donnent d'ailleurs la matérialité nécessaire pour s'ancrer dans le présent. Or, le monde d'aujourd'hui est de plus en plus déshumanisé, et obnubilé par un consumérisme dévorant et une course à l'argent effrénée qui plombent littéralement les esprits et alourdissent les cœurs. La métaphore dont use Auriane Velten dans son récit met bien en exergue cette critique sociétale en insistant sur ses conséquences dévastatrices à travers la perte des repères conduisant à un désenchantement total. Les gens ne croient plus en rien plongeant le monde dans le néant. Plus d'espoir auquel se raccrocher, plus de pensée réconfortante. 

Pour autant, ce texte ne manque pas d'un certain optimisme. Celui-ci s'incarne à travers le personnage de Cassandre qui réussit à rompre avec sa malédiction pour enfin être cru et agir sur ce présent dont elle ne veut pas, même si cela n'est pas chose aisée pour elle. Elle est celle qui ouvre les yeux sur la réalité des évènements et propose des solutions. Auriane Velten en a fait un très beau personnage féminin qui fait preuve d'une grande force face aux difficultés, notamment en affrontant et en triomphant de sa némésis, incarnée par Apollon. Elle est un protagoniste particulièrement touchant auquel on s'attache immédiatement. Entre force et faiblesse, l'autrice l'a beaucoup nuancé pour lui donner une vraie profondeur. Ce choix de mettre à l'honneur une figure de la mythologie mésestimée est particulièrement intéressant. En outre, elle lui permet également de traiter la question du harcèlement et ses conséquences sur la psyché tout en donnant des pistes pour en triompher. 

Pour conclure :

Avec C'est-comme-ça, Auriane Velten explore le monde sous l'angle du merveilleux afin de rappeler que celui-ci ne s'efface pas complètement devant l'obscurité. Véritable hommage à ces littératures et à ces mythologies qui ont nourri bien des imaginaires, Auriane Velten signe un texte très original que l'on n'est pas prêt d'oublier de sitôt. 

Fantasy à la Carte

Informations

Auriane Velten
C'est-comme-ça
9782382671788
336 pages
Editions Mnémos

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