L'influence du "gaming" à la littérature

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15/07/2025

Martin Lichtenberg, La Roche, éditions Pocket Imaginaire

Martin Lichtenberg, La Roche, éditions Pocket Imaginaire 

 La Roche est le premier roman de Martin Lichtenberg. Publié en 2024 par les éditions Héloïse d'Ormesson, ce livre vient juste de rejoindre la collection des Étoiles montantes de l'Imaginaire chez Pocket Imaginaire

 Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

 Sur l'île de La Roche, la vie est impitoyable pour ses habitants. L'eau est une ressource qui se fait rare et chacun lutte pour sa survie en entretenant l'espoir de rejoindre la Capitale. Un lieu présenté comme un paradis mais dont personne n'est revenu pour en témoigner. Finalement il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus pour rejoindre ce mirage. Sol, lui, aussi rêve d'évasion. Sa rencontre avec l'idéaliste Dael n'y change rien car pour lui l'avenir ne peut se construire que loin de cette île de labeur. Pour autant certaines rencontres dont la fille de Dael, la petite Loupiote, pourrait changer la donne, à moins qu'il soit déjà trop tard.

Mon avis :

 La Roche est un roman d'anticipation engagé et insolite. L'univers imaginé par Martin Lichtenberg est juste glaçant. Cette île où se déroule l'action est sinistre et étouffante. Tout y est étriqué, sale et pesant. Les résidents y sont malmenés et l'espoir porté par certains est ténu. Pour autant, une magie s'immisce entre ces pages. Elle prend la forme de fluides que chaque personne dégage par sa volonté, ses idées, ses créations. L'auteur parle même d'art. Celui-ci est un bien précieux qui devient un objet de convoitise pour faire fonctionner le système mis en place. 

 Martin Lichtenberg insère donc son récit dans un cadre des plus singulier voire déstabilisant. 

 Dès les premières lignes l'ambiance des lieux est dérangeante. Ceux-ci touchent même à l'horrifique et au malsain. L'auteur a employé les grands moyens pour nous dépeindre un monde sous l'emprise d'un système inique et tyrannique. La vie n'a que peu de valeur si ce n'est pour nourrir une illusion mise en place pour contrôler la population et éviter tout débordement. 

 La Roche est un roman politique qui propose une critique au vitriol de ces gouvernances qui, au nom du bien-être collectif, maintiennent des populations dans l'ignorance et le mensonge. 

 Ici, la liberté de penser et de créer est un danger pour le pouvoir en place qui met tout en œuvre pour étouffer la moindre étincelle d'énergie et d'espérance. 

 Dans son roman, Martin Lichtenberg analyse les comportements en fonction de leur positionnement par rapport à la société totalitaire dans laquelle ils vivent. Ainsi, il y a, d'un côté, les doux rêveurs à l'image de Sol qui misent tout sur la fuite dans l'espoir de découvrir un monde meilleur et de l'autre côté, les idéalistes comme Dael qui souhaitent retrouver le monde d'avant et agit en conséquence pour éveiller les consciences. 

 La Roche est un récit féroce et impitoyable qui met en exergue des problématiques intéressantes. Il fait notamment un parallèle entre l'art et la révolte car ce moyen d'expression est propice à  l'exposition et au partage des idées.

 Mais derrière la froideur des lieux et des situations, il y a la chaleur des mots à travers la musicalité que l'auteur tire de son texte. En effet, il alterne les narrateurs et change de style donnant ainsi à son texte une certaine rythmique et un soupçon de poésie. 

 La plume de Martin Lichtenberg est belle. Ses personnages sont complexes, voire tortueux. Seulement pour ma part, je me suis surtout attachée à la petite Loo qui explore ce monde avec ses yeux d'enfant, sa fraîcheur et sa crédulité. Sa candeur est un moteur pour ceux qui gravitent autour d'elle, poussant au dépassement de soi et à la recherche du meilleur. 

  La Roche est un roman étonnant qui dégage autant d'obscurité que de lumière.

Pour conclure : 

 Toutefois, je dois bien avouer que j'ai mis un peu de temps à rentrer dedans. Pour autant, la plume ne manque pas de qualité même si ce livre n'est clairement pas un coup de cœur pour moi.

Fantasy à la Carte

Informations

Martin Lichtenberg
La Roche
9782266345767
416 pages
Editions Pocket Imaginaire

Lien vers le site

08/07/2025

Josépha Juillet, Animal(e), T.1, Mutation, collection AYA, éditions Actusf

Josépha Juillet, Animal(e)
T.1, Mutation
collection AYA, 
éditions Actusf 

Au regard de sa bibliographie, on peut dire que Josépha Juillet aime se frotter aux littératures de l'imaginaire, et tout particulièrement à la fantasy mâtinée ou non de nuances historiques. 

Toutefois, elle apprécie aussi de varier ses univers en explorant d'autres territoires. C'est le cas avec Mutation, une dystopie publiée initialement en autoédition et que Les Nouvelles éditions ActuSF viennent tout juste de rééditer. 

Ce roman vient, d'ailleurs, inaugurer leur collection dédiée au Young Adult

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résume :

Depuis le décès de ses parents, Claire Mara vit avec son jumeau et sa grand-mère qui tient une herboristerie. Après la disparition de la faune, le monde n'est plus pareil surtout que pour palier à cette absence, des scientifiques ont mis au point un vaccin chargé de changer le code génétique des humains en lui intégrant celui des animaux disparus. Depuis lors, chaque être humain possède en lui un totem animal. Sauf que chez certains, les animaux implantés génétiquement font plus que d'influencer leurs caractères et leurs capacités. On les appelle les Mutations et ils sont traqués et enfermés. Claire a la capacité de percevoir les totems de chacun mais ce n'est pas le seul secret qu'elle cache. Sa rencontre avec Tom, un camarade de classe issu des quartiers plus aisés va bouleverser sa vie au point de lui faire découvrir ce monde sous un nouvel angle et de la mettre également en danger. Alors comment y survivra-t-elle? 

Mon avis;

Avec Mutation, Josépha Juillet nous immerge dans une dystopie. En effet, son récit prend cadre dans un univers postapocalyptique où la France a connu bien des bouleversements climatiques, dont le plus marquant demeure la Grande Inondation. Celle-ci a eu pour conséquence la destruction totale de la faune et la flore, réduisant l'horizon des survivants à la capitale. 

En tout cas, c'est ainsi que le gouvernement en place a présenté les choses à la population car nul n'a été vérifié ce qui se passe au-delà des frontières sauf peut-être la Résistance. Mais existe-t-elle réellement ? Mythe ou réalité, la réponse demeure en suspens. 

Le monde né sous la plume de Josépha Juillet est soumis à un contrôle permanent par un gouvernement semblant quelque peu paranoïaque. Il faut dire que les êtres humains sont différents. Ils ont subi des mutations génétiques faisant d'eux des êtres à part. C'est la touche onirique de l'autrice qui a doté chacun de ses personnages de capacités hors-normes par le biais de gènes modifiés car associés à celui des animaux. Un procédé qui revisite habilement la thématique de la métamorphose sous l'angle scientifique. C'est carrément ingénieux et donne une vraie crédibilité à cet univers futuriste. 

En quelques pages, Josépha Juillet a posé le décor et les enjeux. Tous les éléments sont réunis pour nourrir un récit Young Adult de qualité. 

A cela, elle balaie dans son roman des problématiques très intéressantes. Déjà qui dit récit postapocalyptique dit changements climatiques. Elle débute, d'ailleurs, son livre par un préambule autour de l'extinction des espèces nous rappelant des chiffres qui font froid dans le dos, au vu de leurs conséquences. L'avenir de l'humanité dépend de la survie de la faune et la flore, ce que l'homme semble encore oublier aujourd'hui. 

C'est une problématique qui donne à ce roman une portée politique d'autant que l'autrice insère son histoire dans une société très surveillée par le pouvoir en place. Elle alerte ainsi sur les dérives autoritaires dans lesquelles un gouvernement peut verser sous couvert du bien commun cachant en réalité la peur de perdre la mainmise. Les mécanismes mis en place sont ainsi identifiés à travers la propagande et l'éducation de la jeune génération. 

On va également retrouver la quête de vérité et d'identité propres à ce genre de littérature. 

Ce premier tome est vraiment d'une grande richesse car il parle beaucoup de résistance. Celle-ci passe par une réflexion autour du fonctionnement interne de la société. La narratrice pose un regard critique sur le monde qui l'entoure. C'est ce qui la fait progresser. 

Josépha Juillet s'appuie sur des protagonistes intéressants. Bien que jeunes, ce ne sont que des adolescents, et pourtant, ils ne manquent pas de ressources. J'apprécie tout particulièrement la relation fusionnelle liant les jumeaux. Ils incarnent des valeurs fortes telles la famille et l'amitié qui demeurent des piliers importants pour la construction de chacun. 

L'autrice n'a fait que de disséminer quelques éléments ici ou là mais on sent déjà certaines des relations qui ne manqueront pas de se tisser par la suite. Mais, je dois avouer que l'aveuglement de l'un des protagonistes principaux est quelque peu agaçant. Pour autant, on pressent déjà les choses mais il nous faudra juste faire preuve de patience pour les voir se concrétiser. 

Pour conclure :

Dans l'ensemble, j'ai trouvé ce premier tome excellent car il pose bien les enjeux et nous permet de faire connaissance avec l'ensemble des personnages. 

Toutefois, j'ai hâte de lire la suite pour rentrer pleinement dans l'action car même s'il y en a un peu ici, celle-ci n'est pas au cœur du livre qui se révèle être davantage un tome d'exposition. 

Alors vivement 2026 pour la sortie du volume 2. On se dit donc à bientôt. 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de : Les Victimes de Louve.

Informations

Josépha Juillet
Animal(e)
T.1
Mutation
Collection AYA
9782376866923
450 pages
Editions ActuSF

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03/07/2025

Fabien Clavel, La Confrérie sans nom, T.2, Légendes des Mondes d'Aria, éditions Nathan

Fabien Clavel, La Confrérie sans nom
T.2, Légendes des Mondes d'Aria
éditions Nathan 

Bien connu des rôlistes, l'univers d'Aria n'a de cesse depuis quelques années de conquérir de nouveaux supports. 

Aussi, après le jeu de rôle, la bande dessinée et même le jeu vidéo, Aria est également transposé au format livre. 

C'est même l'un des fleurons de la fantasy française, Fabien Clavel qui s'est emparé de ce projet éditorial. 

Après avoir bien apprécié Le Serment des runes, j'apprécie de pouvoir avec La Confrérie sans nom, continuer l'aventure. 

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Nathan pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Traqués par les serviteurs du Trined, Vani et ses amis n'ont pour le moment pas d'autre choix que de fuir. Pour autant, ils sont bien décidés à vaincre ce trio de dieux malfaisants qui en veulent à l'humanité cherchant à l'éradiquer par tous les moyens. Seulement ils ne savent pas encore comment s'y prendre mais qu'à cela ne tienne, ils finiront bien par trouver. Vani, Sirane, Azzio et Gunnor en sont, en tout cas, convaincus car dans la vie tout est question de rencontre et d'opportunité, non?

Mon avis :

Dans ce volume 2 des Légendes des Mondes d'Aria, on quitte le royaume d'Aria pour d'autres horizons comme le Pays des Monastères ou Bharat. Fabien Clavel a fait de ce monde son nouveau terrain de jeux. Il y multiplie les rencontres les plus insolites, tantôt merveilleuses tantôt horrifiques pour mieux divertir son lectorat. 

Comme le tome précédent, La Confrérie sans nom est avant tout un roman d'aventure, écrit à la manière du célèbre Club des cinq. C'est riche en rebondissements et l'action s'enchaîne sans temps mort. 

L'auteur maîtrise son sujet pour plaire autant aux plus jeunes qu'aux plus vieux. 

La Confrérie sans nom est aussi un récit de course poursuite au cours duquel les personnages empruntent toutes sortes de moyens de locomotion pour échapper à leurs poursuivants. Or, quoi de mieux que d'ajouter une touche d'extravagance par le truchement d'une ambiance steampunk grâce au vol en zeppelin que les protagonistes de Fabien Clavel ne manquent pas de faire à un moment critique de leur périple. C'est visuellement ébouriffant et très divertissant car il n'y a pas mieux que le spectaculaire pour capter l'attention. 

Fabien Clavel est un conteur hors pair. Il a ce don pour poser un décor très immersif qu'il soit de son invention ou fruit d'une réappropriation, d'ailleurs. 

Le merveilleux qui s'invite entre ces lignes est diffus mais bien présent. Les sorcières existent comme en témoigne Sirane même si dans ce tome 2, ses pouvoirs sont bridés. Elle a tout de même conservé son don pour animer un golem ou tout du moins ce qu'il en reste. 

Cette série Légendes des Mondes d'Aria est un savant mélange entre humour, action et émotions. 

C'est également une belle porte d'entrée sur un univers de jeu de rôle que l'on ne connait pas forcément ou juste de nom. Fabien Clavel y cumule tous les ingrédients qui donnent envie d'y retourner. 

En outre, le texte est très riche car l'auteur l'a, à la fois, ponctué de thématiques très youngadult en s'intéressant, par exemple, aux notions de justice, de vengeance et de rédemption et enrichi de références qui plairont aux adultes. En effet, on va retrouver des mentions de chansons, de répliques de films ou d'hommes politiques. C'est pour le coup très drôle et pimente bien la lecture. 

En outre, il continue de faire mûrir ses personnages ou de nous en dévoiler un peu plus sur leurs secrets et leurs zones d'ombre. Ils forment un quatuor attachant car ils ont des caractères très différents. Cela rend leurs relations parfois très électriques et donne au texte une saveur unique. 

Pour conclure :

Légendes des Mondes d'Aria est le genre de saga que l'on peut lire en famille car finalement quelque soit votre âge, vous y trouverez toujours un petit quelque chose qui vous plaira. Alors rendez-vous au 3e et dernier tome. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Serment des runes (tome 1 de Légendes des Mondes d'Aria), Abyss : Le Trône vide, La Niréide, Feuillets de Cuivre et Buffy, baroque épopée.

Informations

Fabien Clavel
La Confrérie sans nom
Tome 2
Légendes des Mondes d'Aria
9782095043308
408 pages
Editions Nathan

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30/06/2025

Collectif, Memoria, anthologie, éditions Mnémos

Collectif, Memoria
anthologie, 
éditions Mnémos 

Cette année, les éditions Mnémos fêtent leur 30 ans d'existence. 

Pour ceux qui l'ignorent encore, c'est un éditeur incontournable des littératures de l'imaginaire, qui depuis toutes ces années, a eu à cœur de nous proposer des textes de grande qualité. Ils ont toujours eu ce souci de chercher à mettre en lumière des nouvelles signatures. 

Or, pour faire honneur à leur politique éditoriale et fêter comme il se doit leur anniversaire, ils ont lancé un concours de nouvelles classées en fantasy

Le thème choisi est la mémoire et cinq finalistes ont été sélectionnés pour figurer dans un recueil intitulé Memoria paru le 4 juin dernier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Mon avis :

Vaste sujet que la mémoire. D'ailleurs, le quintuplé d'auteurs mis en valeur ici l'ont bien compris. Chacun l'aborde sous un prisme différent. 

Certains y voient par exemple l'ombre des souvenirs à chérir ou au contraire à oublier. 1AM explore cette idée dans "La Clarière aux sirènes" à travers Jean qui, pour échapper au stratagème de son mentor cherchant à se servir de lui comme monnaie d'échange auprès des sirènes, décide de prendre les devants. Sous la plume de 1AM, le souvenir est un enjeu. En effet, il substante ces créatures féériques et inquiétantes que sont les sirènes en échange de leur protection le temps de leur passage. Mais il peut aussi être un poids à porter que l'on souhaite juste oublier. Se laisser aller dans les bras de la sirène est donc un acte libérateur et salvateur. Dans sa nouvelle, l'auteur se nourrit de l'imaginaire populaire qui a fait de la sirène une créature enchanteresse car il est bien connu que son chant en a fait tombé plus d'un. Pour autant, rien de subjuguant dans le portrait qu'il nous brosse car 1AM n'a pas omis de nous la dépeindre telle qu'elle est vraiment, effrayante et redoutable. L'histoire que porte en lui le jeune Jean est sombre et horrifique. Sa rencontre avec cet être merveilleux tant redouté ne fait que nous la dévoiler. Le récit est glaçant car l'auteur s'intéresse aussi ici à la figure du monstre. Parmi les ombres, il est parfois difficile d'y voir clair comme cette nouvelle nous le démontre. Il est même, d'ailleurs, préférable d'ignorer voire d'oublier la vérité pour rester en paix avec soi-même. 

Chacun à leur manière, les auteurs de cette anthologie rappellent également l'importance de la mémoire car celle-ci incarne aussi l'essence d'un être ou d'un savoir. Dans "Ce que les Terres Vagues gardent de toi", Pauline J. Bhutia met en exergue la nécessité de la transmission pour conserver un héritage. En l'occurrence ici, il est question de magie. C'est un pouvoir ancestral qui se transmet oralement de génération en génération. L'autrice parle même de Voix. Celui ou celle qui en est dépositaire dispose donc d'un grand pouvoir. Or, Kiana a renoncé à cet héritage en allant "au-dehors". On en revient au poids de la mémoire, à cette responsabilité qui nous incombe de l'honorer et la transmettre. A cette thématique se mêlent d'autres, telle l'exploration du monde, la tolérance et le rapprochement. L'autrice nous parle avec beaucoup de poésie et de douceur d'amour et de famille.

Sous le couvert d'une aventure de piraterie piquée d'une incontournable chasse au trésor, Ghislain Puyfagès nous rappelle que ce sont les souvenirs et donc le passé qui façonnent la personne que l'on est. Aussi il s'appuie beaucoup sur la quête d'identité. Ici, il s'agira pour Decatie de renouer avec son passé pour atteindre l'accomplissement personnel. 

Tour à tour, ces jeunes plumes s'illustrent dans l'écriture d'histoires infusées de magie. Ils se réapproprient, d'ailleurs, avec talent les éléments notables du bestiaire merveilleux pour nous livrer des récits singuliers qui sauront envoûter les amoureux du genre. 

Pour conclure :

Et si votre inclinaison pour l'imaginaire porte davantage sur la science-fiction, soyez rassurés car les éditions Mnémos ont également lancé un concours et l'ouvrage paraîtra aux Utopiales en octobre sous le titre de MNE/SYS.

Fantasy à la Carte

D'autres avis sont à lire sur le blogosphère : Au Pays des Cave Trolls

Informations 

Collectif
Memoria
9782382672044
128 pages
Éditions Mnémos 

Lien vers le site

24/06/2025

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, Festin de Larmes, Les Nouvelles éditions Actusf

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, 
Festin de Larmes
éditions Actusf 

Après nous avoir fait rire avec leur réappropriation du mythique Entretien avec un vampire d'Anne Rice, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy récidivent en mêlant à nouveau leur plume pour nous livrer un autre récit vampirique. 

Toutefois il n'est pas question ici de parodie car Festin de Larmes, qui vient de paraître chez Les Nouvelles éditions ActuSF, se classe davantage comme un vibrant hommage à la littérature du 19e siècle. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Depuis la disparition de sa sœur jumelle, Aubrey Clare n'est presque plus que l'ombre de lui-même. Il préfère la compagnie des statues du cimetière où il trouve refuge plus souvent que de raison plutôt que celle de ses semblables. La raison est qu'il trouve un grand réconfort dans l'immobilité minérale de ces nobles gardiens. L'arrivée inopinée de l'étrange mais non moins séduisant Tristan de Vardalec va complètement le bouleverser au point de lui faire emprunter des chemins interdits. Y trouvera-t-il seulement la paix ? 

Mon avis :

Festin de Larmes est un roman épistolaire typique de la fin du 18e siècle très inspiré par la littérature gothique. Vampirisme oblige, l'écrin choisi par ce duo d'auteurs est donc fort à-propos. 

Dès la première lettre, on se laisse envoûter par l'ambiance intrigante mâtinée de spiritisme et de vaudou de ce livre. Morgane Caussarieu et Vincent Tassy ont choisi La Nouvelle Orléans comme lieu de l'action de leur récit. Un choix qui laisse transparaître leur premier clin d'œil à Anne Rice. Ce n'est pas le seul comme le détaille le très érudit Adrien Party dans sa postface de cette œuvre. Impossible pour ces deux inconditionnels de celle que l'on nomme encore aujourd'hui la reine des vampires de ne pas piquer leur texte de discrètes mentions y faisant référence. 

Dans Festin de Larmes, l'atmosphère prend une saveur très particulière. Elle tient autant à l'ambiance des soirées mondaines teintées d'extravagance divinatoire ou licencieuse selon les lieux que de l'énigmatique Tristan de Vardalec. En effet, la présence de cet étrange personnage aussi attirant que mystérieux confère à cette histoire tout son charisme. A travers lui, les auteurs revisitent habilement la figure du vampire en l'infusant au mythe grec de Pygmalion et de Galatée. Ils s'appuient notamment sur l'immobilité presque minérale du vampire pour faire le lien. L'idée est excellente. Ainsi, plus que leur beauté irrésistible Morgane Caussarieu et Vincent Tassy jouent sur d'autres éléments pour faire du vampire un prédateur de choix.

Festin de Larmes est une tragédie qui nous conte la déchéance d'une famille. Tout du long, notre lecture est alourdit par le deuil et la perte que porte le personnage principal. Les lettres sont empreintes d'émotions. Ce sont celles d'une âme en peine cherchant d'abord à surmonter le décès de sa sœur. Aussi l'arrivée d'un étonnant et séduisant personnage constitue pour ce dernier un bon dérivatif. 

Il y est aussi beaucoup question d'obsession, de sexualité, de quête d'identité et de convenances sociales. 

Les auteurs signent un récit bien dans son époque agrémenté d'une vraie modernité grâce à un questionnement habile de cette société à la fois décadente et enferrée dans un lourd carcan. 

Comme il est souvent de mise dans la littérature du 19e siècle, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy s'appuient sur un aéropage de protagonistes tortueux, à l'image d'Aubrey Clare qui en est la parfaite incarnation. C'est un jeune homme issu de la bonne société qui est autant étouffé par le chagrin d'avoir perdu sa sœur que par les convenances de son monde l'obligeant à une union contre nature pour lui. On le suit dans sa quête de l'impossible touchant parfois à la folie. En nous transmettant son histoire par le biais de lettres, cela touche à l'intime et établit de suite une proximité avec le lecteur. On pénètre au cœur de ses émotions, de ses obsessions et de ses craintes, c'est vibrant. Quant à Tristan de Vardalec, c'est un être insaisissable et secret. Il fascine autant par sa beauté que par sa part d'ombre et d'inconnu. Il est inquiétant et insuffle au texte sa part d'horrifique. En sa présence, on est tiraillé entre le sentiment de vouloir tout connaître de lui tout en craignant de trop en savoir provoquant ainsi notre perte. A travers lui, les auteurs nous dressent le portrait de la plus fascinante créature de la littérature qui n'a de cesse depuis quatre siècles d'enflammer l'imagination. 

Avec Festin de Larmes, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy signent un roman purement addictif.

Les plumes de ces deux auteurs se mêlent habilement pour nous livrer un récit aussi poétique qu'inquiétant. C'est donc une réussite autant du point de vue du fond que de la forme car l'écrin est de toute beauté auréolé d'un jaspage superbe et agrémenté de magnifiques illustrations. 

Pour conclure :

Clairement c'est un livre que toute bonne bibliothèque devrait se targuer de posséder. Je dis ça, je dis rien. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Entrevue Choc avec un Vampire, Rouge Toxic, Rouge Venom et Diamants

Informations

Morgane Caussarieu
Vincent Tassy
Festin de Larmes
9782376866862
330 pages
Les Nouvelles éditions ActuSF

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