L'influence du "gaming" à la littérature

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17/05/2025

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Après un premier roman intitulé La Machine à Aimer qui lui vaut une entrée remarquée au sein des littératures de l'imaginaire et particulièrement la science-fiction, Lou Jan récidive avec un second récit. 

Toujours dans ses thématiques de prédilection, elle nous brosse avec Un corps d'avance un futur technologique intéressant mais dépouillé de l'essentiel. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce SP. 

Résumé :

Jinseï s'apprête à vivre son premier reset. Il appréhende un peu, non pas de pouvoir garder son apparente jeunesse jusqu'à 10 fois 75 ans mais de couper tout le lien avec chacune de ses vies. Et si l'immortalité n'était pas si enviable ? 

Mon avis :

Un corps d'avance s'inscrit dans un cadre futuriste dans lequel Lou Jan continue de questionner les avenirs possibles à travers les progrès scientifiques et technologiques. 

Elle a d'ailleurs choisi comme point de départ de sa réflexion, la question de l'immortalité. Obsession de notre époque, c'est donc tout naturellement que les avancées tournent ici autour d'elle. Ainsi, l'autrice a imaginé la possibilité aux humains de pouvoir vivre jusqu'à dix reset d'une durée de 75 ans. Grâce à cette prouesse, la mort n'existe quasiment plus. 

Seulement pour être éligible à ce procédé, des conditions sont à respecter. Et celles-ci ne sont pas des moindres puisqu'il faut accepter de renoncer à chacune de ses vies, incluant de ne plus vivre dans son pays initial de résidence et surtout de rompre tous ses liens familiaux. En outre, il est possible d'opter pour l'oubli effaçant, de facto, les souvenirs à chaque remise à zéro. 

Dans ce monde imaginé par Lou Jan, les humains vivent aux côtés des androïdes mais point sur un pied d'égalité car ces derniers sont considérés comme des esclaves, utilisés pour travailler à la place des humains. Pire encore ils ont été créés, à dessein, avec une obsolescence programmée par pure crainte qu'ils détrônent l'humanité et finissent par la dominer. 

Cette mise en valeur à pour but, de ramener l'intelligence artificielle au cœur du débat en insistant sur toute la problématique qu'elle soulève, notamment à travers la méfiance suscitée a son égard. Aujourd'hui, l'IA est surtout présentée comme un danger de remplacement de l'humanité. Or, Lou Jan souhaite ici renverser cette apriori en les intégrant à sa société. Pour cela, elle met en avant leur désir de vivre libre, à l'image de l'un de ses personnages qui vit dans la clandestinité pour tenter de survivre et d'imprimer sa marque dans ce monde en le changeant. 

Avec Un corps d'avance, on est sur un roman collégiale divertissant où chacun des protagonistes de Lou Jan vient nous faire découvrir une facette de ce futur qu'elle nous brosse. Que l'on s'attache ou non à Jinsei, Namaya ou Léan, on est vite captivés par leur destinée atypique où leurs âmes se télescopent à d'autres, et où il est possible de reprogrammer la vie à l'infini. 

Fasciné ou inquiet par ce progrès qui a repoussé les limites du corps humain, il permet surtout à l'autrice de ramener la vie à l'essentiel, à ce qui fait son sel. C'est d'ailleurs le fond de ce récit, l'importance des liens, des attaches et des sentiments, car à quoi bon vivre éternellement si c'est pour perdre à tout bout de champ ceux qui nous sont proches. 

Derrière cette nouvelle aventure très punchy, l'autrice y insère une réflexion philosophique autour du sens de la vie, en soulignant l'amour comme un moteur pour avancer. Soit, c'est un sentiment puissant qui en génère d'autres, à l'image de la jalousie dont certains protagonistes du récit vont d'ailleurs en faire les frais mais c'est un mal nécessaire pour donner du relief au destin. 

Lou Jan louvoie entre présent, passé et futur pour nous entraîner à perdre haleine dans un espace-temps inattendu, source de dangers, mais aussi de belles rencontres. On goûte à un imaginaire fouillé car passionnée par tout ce qui a attrait à ce qui fera demain à travers les innovations, elle se plaît donc à le construire dans ses récits en y mettant en exergue ses forces et ses failles. 

Un corps d'avance est un roman court et percutant qui explore la force des sentiments ainsi que les notions de manque et de vide lorsqu'ils brillent par leur absence. Divertissant !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur La Machine à Aimer.

Informations

Lou Jan
Un corps d'avance
9782375793220
224 pages
Editions Critic

Lien vers le site

11/05/2025

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos 

Au fil de ses récits d'imaginaire, Marge Nantel s'impose peu à peu comme une signature incontournable du genre. Le prix Utopiales reçu en 2024 pour récompenser son roman, Code Ardant, ne fait d'ailleurs que confirmer son talent. 

Une plume très qualitative que j'avais remarquée dès ma lecture de La Cité sous les Cimes publié en 2023 par les éditions 1115.

Or, l'annonce d'une nouvelle sortie en avril dernier chez Mnémos a immédiatement suscité mon intérêt.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé : 

Dépourvu du Don, Suèhl est un décasté, autrement dit un paria pour son clan. Contre toute attente, il a réussi à rester en vie en dépit des purges organisées pour le voir lui et ses semblables disparaître. Un jour, il fait la rencontre d'un étranger surnommé Ténèbres sans imaginer qu'il va l'entraîner bien malgré lui au cœur des rivalités de son clan et que leurs destins vont intimement se lier. Mais au plus fort du danger, pourra-t-il réellement compter sur lui ? 

Mon avis :

Avec Hors Caste, Marge Nantel signe un récit de dark fantasy particulièrement immersif. Elle nous propulse dans une société de castes où le pouvoir détermine l'échelle sociale. Celle-ci est facilement reconnaissable par le biais de signes extérieurs comme des tatouages ou le port de certaines pierres. 

Dans ce monde, il n'est pas bon d'appartenir à aucune sous peine de voir sa vie continuellement menacée. A Hemurn, les gens sont répartis par clans. On en distingue quatre : celui du Lynx, du Serpent, de la Tarasque et du Phoenix. Chacun d'entre eux est régulièrement soumis à des luttes internes qui les déstabilisent et vident même leurs rangs à cause des purges. En outre, la particularité de l'univers imaginé par Marge Nantel est qu'elle a choisi de mettre en scène des personnages anthropomorphiques. En effet, les membres de ces clans présentent des caractéristiques physiques propres aux totems auxquels ils appartiennent. 

La magie de ce texte s'exprime autant par ces protagonistes mi humains mi créatures qui, par leurs prédispositions naturelles, disposent de capacités supérieures ainsi que par l'existence de pierres puissantes capables de bien des prodiges comme le contrôle des esprits. 

L'intrigue imaginée par l'autrice est tranchante et se met parfaitement au diapason de son univers âpre. 

La société dans laquelle ce récit prend cadre est sectaire. Ce qui donne l'occasion à l'autrice d'aborder les thématiques d'intolérance et de persécution, notamment ce qui est relatif aux préférences sexuelles. En effet, ses personnages principaux appartiennent à la communauté LGBT et ont bien souvent été victimes d'abus, de sévices et de tortures pour les punir d'aimer des personnes de même sexe. Par leur biais, Marge Nantel explore les traumatismes psychiques et ses conséquences sur l'âme tout en donnant des pistes pour les surmonter. 

En outre, à travers cette société de castes, l'autrice met en exergue le mépris de classes. Elle ponctue ainsi son texte d'une critique politique.

Il est également question de révolte et de liberté conquise au prix fort.

Hors Caste est un roman féroce dans laquelle l'autrice ne mâche pas ses mots, pas plus qu'elle ne ménage ses héros. 

Pour porter cette histoire, elle table sur deux personnages meurtris, deux âmes écorchées par la vie qui ne leur a pas fait de cadeau. 

C'est clairement un roman qui met les émotions à vif. Suèhl et Ténèbres sont les victimes d'un passé traumatisant. Pour autant, ils vont faire de leurs failles une véritable force notamment grâce à leur rencontre qui va leur sceller une nouvelle destinée. Voici deux personnages tous en nuances que l'on apprécie d'emblée et dont on partage sans mal les joies et les peines. Ils forment le duo parfait  pour donner à cette histoire tout son mordant.

Pour conclure :

Avec Hors Caste, Marge Nantel se fait à nouveau l'autrice d'un roman piquant dont on ne sort pas indemne. Implacable !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur La Cité sous les Cimes et Code Ardant.

Informations

Marge Nantel
Hors Caste
9782382671917
336 pages
Editions Mnémos

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06/05/2025

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, T.3, Les Cités Divines, 
éditions Albin Michel Imaginaire 

La Cité des Miracles est le troisième volet qui vient clôturer de façon magistrale la trilogie des Cités Divines de Robert Jackson Bennett. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Avec Les Cités Divines, Robert Jackson Bennett signe une série de haut vol mêlant fantasy et enquête avec une grande virtuosité. 

Personnellement, j'ai eu un énorme coup de cœur pour cette histoire et celui-ci ne s'est d'ailleurs pas démenti tout au long des tomes. Je ne peux donc que vous recommander de la lire à votre tour.

Résumé :

La mort violente de Shara Komayd tuée dans un attentat force Sigrud je Harkvaldsson à sortir de sa clandestinité pour enquêter afin de démasquer le commanditaire de cet assassinat. En tant que Première Ministre, Shara ne manquait pas d'ennemis. Toutefois, au vue de ses premières constatations, il semblerait que ce meurtre soit en lien avec des divinités puisque des miracles semblent encore à l'œuvre en dépit que ces dernières aient soit disant toutes disparues. Et si les apparences étaient une nouvelle fois trompeuses dissimulant une réalité toute autre et un avenir bien sombre ? A moins, bien sûr, que Sigrud réussisse à nouveau à faire pencher la balance !

Mon avis :

Après avoir été le théâtre d'affrontements apocalyptiques avec les divinités Kolkan et Jukov vaincues par Shara et Sigrud, le monde né sous la plume de Robert Jackson Bennett se reconstruit progressivement. Mais alors que tous pensaient être libérés de l'empreinte des dieux, des miracles semblent encore à l'œuvre. Ceux-ci ont notamment servi à éliminer la Première Ministre Shara Komayd. Pour Sigrud sorti des ombres, le doute n'est plus permis quant à la résurgence d'une nouvelle menace divine.

L'univers imaginé par Robert Jackson Bennett repose sur la qualité de sa mythologie. En effet, l'auteur s'est notamment inspiré de la mythologie grecque en y puisant quelques éléments. Ainsi, il emprunte à Cronos son habitude de manger ses enfants pour ne pas être détrôné par eux afin de donner à ses propres dieux une très grande puissance qu'ils acquièrent en consommant, à leur tour, leur propre descendance. La croyance en ces mythes façonne son monde en faisant ou défaisant des éléments. Celui-ci évolue au gré des envies et de l'emprise de ces créatures ancestrales. Leur pouvoir est tel qu'elles peuvent le réinitialiser à l'envi menaçant toutes les âmes qui y résident. Ainsi, leur simple existence est un danger pour le reste de l'humanité et ne peut qu'aboutir à un nouvel affrontement s'annonçant, d'ores et déjà, très spectaculaire. Conclusion oblige, l'auteur a lâché la bride à son imagination pour nous concocter de nombreuses scènes explosives à l'esthétique très cinématographique. Les combats y sont homériques et la tension, à son comble. 

Ce troisième opus est clairement à la hauteur des précédents et l'auteur a mis le paquet pour nous maintenir dans un suspense presque insoutenable. 

Shara n'étant plus là, Robert Jackson Bennett s'est davantage focalisé sur le personnage de Sigrud que l'on découvre plus en profondeur dans ce troisième tome. Il a puisé dans la figure du Berserk pour nourrir son portrait. Aussi, il incarne à sa manière cette image du guerrier fauve entrant dans une fureur sacrée le rendant surpuissant et capable d'affronter des êtres qui lui sont nettement supérieurs. Sigrud se laisse conduire par ses émotions. Il est bien souvent aveuglé par son désir de venger les personnes qui lui sont chères et qu'on lui a pris. Pour autant, la force brute qu'il arbore en permanence dissimule bien les sentiments qui l'animent et qui le rongent de l'intérieur. Lorsque l'on fait sa connaissance, on est loin d'imaginer qu'une sensibilité se cache sous cette armure de glace qui le drape et derrière son regard si pétrifiant pour qui le croise. C'est pourtant l'un des protagonistes le plus attachant de cette série, notamment à cause du passé bouleversant qu'il porte. Il est un héros à sa manière, choisi pour accomplir des actes incroyables et parfois inattendus. Les missions qu'on lui a confiées ou qu'il s'est assignées ont toujours la primeur sur son propre salut. C'est dire son degrés d'abnégation. 

Il fallait bien un tel protagoniste inoubliable pour mettre le point final à ce récit de grande envergure. Tout y est intense et immersif, à l'image de son implacable personnage principal.

Robert Jackson Bennett continue d'instiller dans son livre des réflexions politiques ou sociétales intéressantes. Ici, il questionne pas mal le pouvoir et ses conséquences, notamment lorsque celui-ci grise tellement son détenteur qu'il verse dans la mégalomanie. Il évoque également les traumatismes de l'enfance en mettant en exergue ses répercussions sur l'adulte. 

Comme à son accoutumée, Robert Jackson Bennett nous assure, avec La Cité des Miracles, un pure divertissement grâce à sa fantasy richement construite et à la variété des sujets abordés. 

Pour conclure :

La Cité des Miracles est un roman très qualitatif apportant son lot d'émotions fortes et d'action tout en proposant un décor grandiose complètement déstructuré. Dépaysement garanti !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur La Cité des Marches, La Cité des Lames, Les Maîtres Enlumineurs, Le Retour du Hiérophante et Les Terres Closes

Informations

Robert Jackson Bennett
La Cité des Miracles
Tome 3
Les Cités Divines
9782226485922
576 pages
Editions Albin Michel Imaginaire

Lien vers le site

27/04/2025

Thibault Lafargue, Le Bouffon de la Couronne, Tome 1, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Thibault Lafargue, Le Bouffon de la Couronne, T.1, 
collection Bad Wolf, 
éditions ActuSF 

Scénariste et réalisateur pour le cinéma, Thibault  Lafargue est également l'auteur d'un premier roman de fantasy magistral paru aux éditions ActuSF.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Rien ne prédestinait Sébrain à une vie au service du roi. En effet, lui le Fournier au moulain de Fore-le-Bourg se voyait plutôt comme Grand Apprenti du Moulain d'Or Blanc. Seulement par un mauvais coup du sort, le voici obligé d'enfiler les habits de bouffon du roi en échange de la vie sauve. Dès lors, c'est une toute nouvelle vie qui s'offre à lui remplie de mensonges et de farces. Mais dans ce monde de faux-semblants, arrivera-t-il à trouver sa place ? 

Mon avis :

Dans Le Bouffon de la Couronne, Thibault Lafargue nous immerge dans un monde clivé où deux royaumes s'affrontent. En effet, la Ponance et la Levance sont en guerre depuis des lustres. Les victoires et les défaites s'enchaînent pour l'un ou l'autre camp sans pour autant sonner la fin du conflit. Mais, l'arrivée au pouvoir de Guillon Saintelarme comme souverain ponant pourrait bien changer les choses car le sire est bien décidé à signer la paix avec le sultan levant. Pour preuve de sa bonne volonté, il est même prêt à accorder la main de sa fille à l'héritier de son ancien ennemi légitimant ainsi la Mixité. Un choix politique qui ne sera pas au goût de tous tout en insufflant au récit son ambiance pesante alourdie par les complots et les trahisons. 

D'autant qu'à Belle-la-Ménure où se déroule l'action de ce premier volet, la religion en place subit une vive critique avec le retour en force de la croyance prohibée de l'Art. Or, derrière ceux qui se font appeler les Artistes se dissimulent peut-être la volonté de faire revivre le culte de la déesse Eléanor tant redoutée par le Triste. 

Entre ces lignes, l'Art est assimilé à une forme de magie proscrite car quiconque la pratiquant est voué au bûcher. En outre, les pages de ce livre sont habitées par un léger merveilleux se manifestant sous forme de prodige, à l'image de ces fascinantes Célestines, une sorte de bateaux volants reliant Fore-le-Bourg au château de Belle-la-Ménure et au Moulain d'Or Blanc.

Le Bouffon de la Couronne est un récit de haut vol rempli de conspirations et de situations inattendues où le rire se dispute au danger. L'intrigue est bien menée mêlant jeux d'esprit et coups de bâton. 

La plume de l'auteur est particulièrement savoureuse faisant le choix de mettre en scène des personnages hauts en couleurs. Au-delà du personnage principal fort attachant au demeurant qui se retrouve à devoir endosser un costume bien trop grand pour lui, on fait également la rencontre avec d'autres protagonnistes tout aussi inoubliables. Il y a, par exemple, la bouffonne Jeanny la folle qui dissimule ses blessures de l'âme la rendant très touchante, sans oublier l'intrigante Catheriniane qui tisse sa toile dans l'ombre pour mieux manipuler son monde. 

Dans Le Bouffon de la Couronne, Thibault Lafargue a enrichi son texte de thématiques variées. En effet, il nous parle aussi bien d'intolérance, de guerre de religions que de manipulation politique. En outre, il est également question de relations familiales complexes, et d'accomplissement féminin ou parental, à travers cette délicate notion du manque d'enfant.  

Ce livre est prenant et riche en émotions. Thibault Lafargue se fait l'auteur d'un texte qui ne laisse pas indifférent et dont on a grandement envie d'en découvrir tous les secrets. 

Pour conclure :

En refermant ce livre, je ne peux que féliciter les éditions ActuSF de nous avoir dénicher un tel talent car ce roman est clairement à classer parmi mes meilleurs coups de cœur de l'année 2025. Hâte de lire la suite !

Fantasy à la Carte

Informations

Thibault Lafargue
Le Bouffon de la Couronne
9782376866800
645 pages
Collection Bad Wolf
Editions ActuSF

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22/04/2025

Clément Rouault, Fragments d'Empyrium, éditions 1115

Clément Rouault, Fragments d'Empyrium, éditions 1115

Quand il ne joue pas la comédie, Clément Rouault écrit. Pièces de théâtre, scénarios ou nouvelles, tout ou presque passe sous sa plume toujours très inspirée. 

Après sa nouvelle "Le Bazaar K" parue dans la collection ChronoPages des éditions 1115, il est de retour chez ce même éditeur pour nous proposer, cette fois-ci, une novella qui s'intitule Fragments d'Empyrium.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce service de presse.

Mon avis :

Fragments d'Empyrium est un recueil de 6 textes où l'on part à la rencontre du 3e type pour mieux renouer avec notre humanité.

L'humanité n'est plus la même depuis l'avènement de l'Empyrium, cette ère que l'on doit à des êtres venus d'ailleurs pour délivrer les humains de leurs besoins primaires, tels la faim et la soif. Toutefois l'espèce est-elle sauvée pour autant ? Rien n'est moins certain car défait de toutes envies, cet avenir s'avère bien moins désirable que prévu. Et l'idée de se laisser aller à l'oubli dans les bras de ceux que l'on appelle E n'est pas plus enviable. 

Mais ne voyez aucune malice chez ces créatures extraterrestres car leur intervention part toujours d'un bon sentiment. En tout cas, c'est ce que l'on se dit lorsque l'on voit F débarqué dans un coin perdu de la France et distribuer à tout va des diamants. Malheureusement pour lui, sa générosité a eu l'effet pervers de dévaluer le diamant en saturant le marché. Voici une nouvelle remarquable qui a également l'intérêt de mettre en lumière les dangers de ce système monétaire qui émet trop de billets leur enlevant ainsi toute leur valeur. Cette critique du capitalisme qui domine le monde d'aujourd'hui est fort à-propos. 

Dans son recueil, Clément Rouault ne se contente pas de faire un état des lieux sur la situation inquiétante de l'humanité si elle continue à brûler par les deux bouts la planète qui l'accueille, il s'intéresse aussi aux possibles futurs qui l'attendent. Ainsi, dans sa nouvelle "Dialogue entre deux âmes", l'auteur explore cette idée de numérisation des âmes pour que celles-ci ne s'éteignent jamais même après que les corps aient lâché. C'est à la fois noble et inquiétant. Cela a l'avantage de conserver la mémoire des anciens tout en mettant fin au deuil. Mais enfermer l'essence d'une personne disparue dans une mémoire numérique, c'est aussi la couper définitivement d'une partie de son être fait de chair et de sang. C'est l'empêcher de trouver le repos. Il y a une forme de cruauté dans un tel choix. La peur de mourir et le désir d'immortalité titillent bien des hommes mais est-ce que vivre éternellement est-il un sort si enviable?

L'avenir de l'humanité est-il de trouver un remède à sa mortalité ou n'est-ce pas plutôt d'apprendre à vivre en communion avec son environnement ? Après tout qu'est-ce que nous racontent Fragments d'Empyrium si ce n'est de perpétuelles rencontres avec l'autre qui sont autant de sources d'introspection pour les humains afin de comprendre où ils vont et au besoin modifier leur trajectoire tant qu'il est encore temps. 

Pour conclure :

Fragments d'Empyrium, c'est un kaléidoscope d'histoires étranges qui replacent l'humanité face à ses contradictions afin de prendre le temps de réfléchir à une finalité plus acceptable. 

Fantasy à la Carte

Informations

Clément Rouault
Fragments d'Empyrium
9782385630461
122 pages
Editions 1115

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