Autrice anglaise, Nicola Griffith s'est déjà, à moult reprises, distinguée, en recevant certains des plus prestigieux prix littéraires.
Sa bibliographie est variée. On y retrouve notamment du thriller et de l'imaginaire. Ses récits sont engagés et s'intègrent parfaitement aux problématiques du monde d'aujourd'hui.
Les éditions Argyll ont eu la judicieuse idée de faire coïncider la publication de son récit arthurien traduit sous le titre de La Lance de Peretur avec le mois de mars au féminin. Hasard de leur calendrier éditorial ou non, ce choix est particulièrement pertinent.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Peretur vit avec sa mère Elen dans une grotte à l'écart des hommes. Un jour, à l'occasion de l'une de ses balades solitaires, la jeune femme rencontre une poignée de chevaliers qui la fascinent au plus haut point. Ils répondent au nom de Cei, de Bedwyr ou encore de Lance et servent le roi Artos de Caer Leon. Or, ce nom l'attire irrémédiablement et elle sent tout au fond d'elle-même qu'elle doit se rendre en ce lieu. C'est ainsi qu'à partir de cet instant, sa vie va prendre une nouvelle tournure l'emmenant au cœur d'un territoire encore inexploré.
Mon avis :
Avec La Lance de Peretur, Nicola Griffith revisite le mythe arthurien à la lumière d'un point de vue féministe et inclusif. C'est donc par l'intermédiaire de la figure de Peretur qui n'est autre que Perceval que l'on pénètre ici dans la Matière de Bretagne. Nicola Griffith s'appuie d'ailleurs sur quelques éléments notables de son mythe comme le fait qu'il est élevé à l'écart par sa mère dans le but de le protéger, qu'il rencontre fortuitement un groupe de chevaliers ou encore que son destin est intimement lié à la quête du Graal.
Voici autant de détails que l'autrice a repris pour donner un caractère familier au récit tout en conservant une liberté de création nécessaire pour donner à ce texte toute sa modernité.
Aussi, l'autrice joue sur le genre de son protagoniste principal puisque Peretur est une femme même si peu en ont conscience, surtout pas les hommes qui voient en elle un jouvenceau mal dégrossi. Seul Artos semble percevoir en elle sa double identité sans pour autant mettre un mot sur son ressenti. D'ailleurs, Nicola Griffith insiste beaucoup sur la défiance que le roi ressent à l'égard de Peretur. Il est inquiet se sentant presque menacé dans sa masculinité en sa présence, au point de choisir de l'envoyer au loin dans une quête utopique. En outre, pour renforcer le caractère merveilleux de son roman, l'autrice y introduit les Tuatha Dé Danann, à travers les quatre talismans qui les caractérisent : la lance de Lug, le chaudron de Dagda, la pierre de Fal et l'épée de Nuada. En effet, elle a choisi de lier ces artefacts au destin de Peretur et ainsi proposer une habile réinterprétation des faits, colorée d'une puissante magie.