L'influence du "gaming" à la littérature

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23/04/2024

Marge Nantel, Code Ardant, éditions Mnémos

Marge Nantel, Code Ardant, éditions Mnémos 

Après deux titres de fantasy urbaine, Dans l'ombre des miroirs et La cité sous les cimes, publiés aux éditions Mille Cent Quinze, Marge Nantel change, cette fois-ci, de registre en nous proposant avec Code Ardant, un postapocalyptique râpeux

Découverte en 2023, je dois vous avouer ma curiosité de voir cette plume s'épanouir dans un autre genre.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Dans Code Ardant, on suit une bande de convoyeurs dirigée par l'inflexible Cécile Massah. En voulant comprendre pourquoi la forteresse d'Albi est partie en fumée ne laissant qu'un ardant comme seul survivant, juste après y avoir livré un colis, Sioux, Cécile & co se retrouvent très vite pris en chasse par une bande de mercenaires, avides de les liquider. Pour leur échapper, ils n'ont pas d'autre choix que de foncer droit devant afin de découvrir ce que cache ce nom de code de "prieur" qui agite tant de convoitises. 

Mon avis :

Code Ardant est un postapocalyptique qui prend cadre dans un futur proche où le monde a été dépouillé de sa technologie et coupé d'Internet. Soumise aux aléas climatiques, la vie s'est dégradée, menacée par une insécurité perpétuelle. Dans ce nouveau Far West, certaines villes sont devenues des forteresses couvant jalousement la puissance technologique dont elles disposent encore et rivalisant les unes avec les autres. Chaque conflit se règle dans un bain de sang car les armes semblent le seul langage que maîtrise cette humanité survivante. 

Pour pallier à la disparition de l'intelligence artificielle et des robots, une nouvelle génération d'humains a été conditionnée pour se comporter comme des androïdes. Ils sont appelés des ardants et répondent à un langage codé faisant d'eux de véritables armes. Surentraînés et drogués, ils sont contrôlés par les maîtres des donjons à la tête de chaque forteresse qui en usent autant comme des prostitués, des espions ou des hommes de main. 

Dans cet univers incandescent, la moindre étincelle risque de tout faire péter. Or, celle-ci pourrait bien prendre la forme d'une machination entraînant les protagonistes dans un voyage sans retour. En effet, ces derniers vont se retrouver, bien malgré eux, au cœur d'une intrigue politique dont les enjeux vont vite les dépasser. Dans cette quête d'une puissance de feu du passé, rien ne saurait être plus désastreux que de la voir tomber entre de mauvaises mains. Ainsi, le défi de Cécile et de ses hommes sera d'empêcher que cela arrive. Pour eux, cela signifie de s'engager dans un road trip les menant au cœur de l'enfer avec le risque de ne pas revenir. 

17/04/2024

Frédéric Dupuy, Arborescentes, T.1, éditions Bragelonne

Frédéric Dupuy, Arborescentes, t.1, éditions Bragelonne 

Quand il n'est pas occupé à faire tourner son agence de voyages littéraires (alias les éditions mille cent quinze), Frédéric Dupuy aime prendre la plume pour conter ses propres histoires. Arborescentes est sa première saga qui comptera quatre tomes publiés chez Bragelonne.

Reçu en service de presse, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce premier volet.

Résumé :

A 11 ans, Méline souffre du syndrome de la Belle au bois dormant, une maladie rare qui risque de la condamner au sommeil éternel comme cela a été le cas pour sa mère et sa grand-mère avant elle. C'est pour cela qu'elle a décidé de ne plus jamais dormir. Trimballée de foyer en foyer, on la retrouve à l'orphelinat des sœurs Aniel. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle perd connaissance et est transportée à l'hôpital et où elle fait la rencontre d'une étrange infirmière qui va la conduire dans un lieu insolite pour, paraît-il, guérir. Peu convaincue, elle se laisse peu à peu émerveiller par ce monde-serre qui n'a pas fini de lui révéler tous ses secrets. Mais, elle ignore que le temps est compté car quelque part une menace est tapie, incarnée par l'avidité d'hommes, à l'image d'Arès Varkoda qui, au mépris de la vie d'autrui, recherche un remède pour lui-même car lui aussi souffre d'un mal incurable. Chacun engagé dans son contre-la-montre, peuvent-ils seulement espérer la victoire ? 

Mon avis :

Arborescentes est un roman contemporain piqué d'un onirisme subtil. Celui-ci se révèle à travers le regard d'une petite fille qui se retrouve propulsée dans un endroit secret dont l'existence n'est connue que par une poignée d'élus. Appelé la serre, ce lieu nous apparaît comme un petit paradis où s'épanouit une végétation aussi luxuriante qu'improbable au milieu de cascades d'eau et d'animécas qui s'y ébattent joyeusement, autrement dit de drôles d'animaux mécaniques animés par magie. C'est ici que certains maux réputés incurables trouvent un remède après un court séjour d'observation de patients triés sur le volet et de recherche du traitement adéquat. L'environnement est atypique et tire son pouvoir d'une source dont les origines et le fonctionnement demeurent très énigmatiques.

L'univers s'annonce donc très farfelu car drôle d'endroit pour être soigné, vous en conviendrez ! En outre, son existence ne va pas manquer de soulever la convoitise, réveillant la plus vile cupidité ou le plus fol espoir. Ainsi, au fil des pages, la serre devient un véritable enjeu de pouvoir, un monde à conserver pour les uns ou à s'emparer pour les autres. Son existence va enclencher une série d'actions donnant, par la même occasion, au texte tout son rythme. En effet, dans son sillage gravitent aussi bien des scientifiques curieux qu'un groupe pharmaceutique obnubilé par les brevets et le profit. On imagine donc sans mal que tous les coups seront permis pour arriver à ses fins.

Frédéric Dupuy nous livre donc un univers qui est à la fois chatoyant de par cette nature foisonnante et rugueux de par cette société des hommes implacable. 

Or, en mettant l'accent sur les agissements destructeurs d'un groupe pharmaceutique, l'auteur insert son récit dans une problématique de société, à savoir le sacrifice de la vie au bénéfice des capitaux. 

Ainsi, dans son roman, il nous confronte à la violence sociale et à celle du capitalisme. En effet, à travers Méline, on goûte à la froideur des structures sociales d'accueil et à la solitude et l'isolement de cette enfant. On est totalement bouleversé par son destin fort malmené car elle est à la fois confrontée à la maladie et à l'absence de ses parents entre une mère hospitalisée et un père inconnu. Par son entremise, Frédéric Dupuy aborde des thématiques fortes telles les traumatismes psychologiques, fruits du rejet social, du harcèlement ou encore de l'illettrisme.

Arborescentes est donc un récit riche mais aussi très engagé qui nous place face au mépris d'une caste aisée vis-à-vis de la nature. D'ailleurs, les moyens utilisés pour la détruire sont colossaux et les conséquences volontairement ignorées. Néanmoins, celles-ci reviennent tel un boomerang dans la vie de l'un des protagonistes. En effet, en rasant toutes les ressources naturelles pour répondre à une course aux brevets, le patron des laboratoires Varkoda est bien puni puisque le traitement à sa propre maladie n'est pas découvert et les plantes prélevées sont gâchées le renvoyant à la case départ. Ainsi, cette saga d'Arborescentes se lit comme un hommage à la nature car l'auteur y pointe ses merveilles, la beauté de sa régénérescence et surtout l'importance de vivre en symbiose avec elle car elle demeure la clé de la survie. 

12/04/2024

Clément Bouhélier, Le Pacte de Sang, éditions Critic

Clément Bouhélier, Le Pacte de Sang, éditions Critic

De Clément Bouhélier, je n'avais lu jusque là que sa série Olangar qui fut pour moi une véritable révélation. Pour autant, il est également l'auteur d'un post-apocalyptique avec Chaos (2016) et d'un thriller fantastique avec Passé Déterré (2017). Or, justement il semble avoir voulu renouer avec ces premiers amours d'écrivain en nous proposant avec son nouveau livre, Le Pacte de Sang, un autre thriller fantastique mêlé à de l'historique. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

1364, bataille d'Auray. Bertrand Du Guesclin et ses troupes sont en déroute. Deux de ses chevaliers, Olivier de Clissan et Martin de Rosmedec se sont réfugiés dans une vieille forteresse abandonnée en pensant y être à l'abri. Seulement quelque chose semble être à l'affût, prêt à sceller leurs destins. 

Juillet 2021: Les salariés d'une entreprise lyonnaise de référencement termine leur semaine de séminaire. Pour leur dernière soirée, il est prévu qu'ils la passent dans un château pour participer à un escape game. Un programme qui n'enchante pas beaucoup nos Lyonnais même si tous s'y plient sans faire d'histoire. Seulement, ils ignorent la nuit de cauchemar qu'ils vont vivre entre ces murs lugubres...

Mon avis :

Le Pacte de Sang est un roman contemporain où le thriller et l'Histoire s'invitent. En effet, Clément Bouhélier joue sur deux temporalités avec d'un côté, un cadre historique riche, celui de la bataille d'Auray qui mit fin à la guerre de succession de Bretagne avec la victoire de Jean III de Montfort et de l'autre côté, une scène moderne classique, celle d'une partie d'escape game entre collègues. Cette alternance permet à l'auteur de rendre la lecture très dynamique d'autant qu'il s'appuie sur des chapitres courts tout en donnant aux lecteurs les clés de compréhension du présent grâce au passé. 

Derrière ces deux époques, il y a tout de même un point commun, c'est le lieu. En effet, Clément Bouhélier a choisi de réunir ses personnages au château d'Auray, faisant comme si celui-ci existait toujours autrement que sous la forme de ruines. L'endroit est isolé et inquiétant. Les murs transpirent une certaine malfaisance ressentie par chacun des protagonistes quelque soit son siècle. Derrière ce délabrement de façade, un être hante bien les lieux. Sa présence donne le caractère horrifique au texte. Insaisissable, monstrueux et avide, ce croque-mitaine fout vraiment les fois. 

Et pour cause, sous la plume de Clément Bouhélier il personnifie la figure du vampire dans toute sa sauvagerie, sa cruauté et son abomination. Sa vue se dérobe souvent à nos yeux comme à ceux des autres personnages. Celui-ci préfère se dissimuler dans les ombres, fuyant la lumière pour se protéger tout en accroissant la peur. Sa monstruosité se devine plus qu'elle se perçoit. Ainsi, l'auteur joue sur tous nos sens pour laisser s'exprimer notre propre interprétation quant à la représentation de la figure vampirique, allègrement nourrie par l'imaginaire collectif. 

09/04/2024

Aurélie Wellenstein, L'Epée, la Famine et la Peste, T.2, éditions Pocket Imaginaire

Aurélie Wellenstein, L'Épée, la Famine et la Peste
t.2, éditions Pocket Imaginaire 

Les éditions Pocket Imaginaire ont eu la bonne idée de publier simultanément les deux tomes de L'Epée, la Famine et la Peste permettant aux lecteurices d'enchaîner l'histoire sans pause. 

Après un coup de cœur pour le premier tome, notamment pour son trio de personnages principaux profondément attachants, je suis donc très contente d'avoir pu enchaîner directement avec la suite.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après leur victoire sur un escadron de l'inquisition, Sulyvahn, Cillian et Erin ont quitté l'ancienne capitale, Irichill pour marcher sur Wavestone et détruire l'inquisition afin de libérer la population de son terrible joug. Mais, Conrad et Lile sont toujours sur leur trace et ils comptent bien les empêcher d'accomplir leur quête. L'affrontement promet, d'ores et déjà, d'être apocalyptique. Alors quel camp va l'emporter ? 

Mon avis :

Avec ce volume 2 de L'Épée, la Famine et la Peste, Aurélie Wellenstein joue sur la déstabilisation des lecteurices en changeant de points de vue. En effet, pendant une grande partie du roman, on redécouvre l'histoire à travers le regard de Conrad qui nous partage sa version des faits et ses souvenirs. Ce tome se lit donc en miroir du premier pour à la fois relancer l'histoire et dynamiser la lecture. Mais c'est un procédé qui est aussi utile pour interroger la figure du monstre. Ainsi, dans cette deuxième partie, on marche dans les pas de celui qui est considéré comme l'incarnation du diable par Sulyvahn, Erin et Cillian. Alors qu'eux-mêmes sont catalogués de fléaux à abattre par Conrad. En étant en but aux convictions et aux contradictions de cet inquisiteur, il viendrait presque nous mettre le doute quant à la justesse des motivations des trois autres. C'est à la fois perturbant et intéressant car cela permet à l'autrice de montrer que chacun a sa part de noirceur et peut endosser le rôle de bourreau pour imposer les idées que l'on pense justes. Aussi, la violence n'appelle que la violence et la croyance n'excuse en rien les exactions commises. 

Le texte est puissant. Il est comme une déflagration émotionnelle qui empruntent les montagnes russes pour nous en faire voir de toutes les couleurs et clairement retourner nos cerveaux et nos cœurs. 

Les personnages sont comme autant de pions sur l'échiquier politique d'une éminence grise qui les manipule à souhait en s'appuyant sur l'adage du diviser pour mieux régner et ainsi servir ses desseins de soif de pouvoir. 

05/04/2024

Aurélie Wellenstein, L'Epéee, la Famine et la Peste, T.1, éditions Pocket Imaginaire

Aurélie Wellenstein, L'Épée, la Famine et la Peste, éditions Pocket Imaginaire 

Depuis quelques années, Aurélie Wellenstein est une signature qui s'est imposée aux littératures de l'Imaginaire. 

Aujourd'hui, sa bibliographie compte une quinzaine de romans, auxquels s'ajoutent quelques bandes dessinées puisque l'autrice s'essaye depuis peu à ce format graphique. 

Sa dernière actualité est la réédition en poche de sa duologie, L'Epée, la Famine et la Peste.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Le royaume de Comghall connait des temps troublés depuis que la population est condamnée par les terribles tarentas, faisant disparaître des villages entiers sous des toiles d'araignées. Or, pour lutter contre ce fléau et le culte qui lui est dédié, l'inquisition a été dépêchée et exerce sa mission avec beaucoup de zèle. Elle va d'ailleurs prendre en chasse un ancien soldat qui a pris bien malgré lui sous son aile deux jeunes gens : Cillian, en proie à une malédiction de loup et Erin, accusée à tort de sorcellerie. Alors que le piège semble se refermer sur eux, arriveront-ils à s'échapper ? 

Mon avis :

L'Epée, la Famine et la Peste est une fantasy crépusculaire qui nous entraîne au cœur d'un royaume mourant, marqué par la famine et la peste grise. Fruit d'une malédiction qu'il doit à la morsure d'une tarentule venant du royaume voisin et condamnant la princesse mordue à devenir une tarenta, autrement dit une femme araignée. 

Pour nourrir son univers, Aurélie Wellenstein emprunte donc à cette croyance païenne de la Tarenta comme araignée mythique qui, par sa morsure symbolique et le poison inoculé, génère des troubles du corps et de l'âme. Entre ces lignes, les conséquences de la morsure de l'araignée dépendent de l'espèce en présence. Ainsi, la veuve noire tisse les pensées de leurs victimes les plongeant ainsi dans une profonde mélancolie, la lycose de Tarente change les femmes en sorcières et les hommes en illuminés, et la fileuse suscite des rêves prémonitoires. Certaines femmes mordues prennent donc des caractéristiques physiques ainsi que des capacités propres aux araignées. En outre, Comghall est littéralement envahi par ces arachnides qui tissent leurs toiles partout au point d'étouffer toute étincelle de vie. Mais le tarentisme n'est pas le seul fléau qui sévit dans ce monde car il faut aussi compter avec des cas de lycanthropie.

Pour tenter d'endiguer cette tragédie entre en scène l'inquisition qui va traquer à l'extrême toute suspicion de tarentisme ou de lycanthropie faisant régner la terreur au sein du royaume car les persécutions vont bon train. Sa présence ajoute de l'infâmie à l'horreur ambiante et donne de suite le ton funeste au texte. 

Ici, les manifestations surnaturelles sont autant considérées comme des malédictions que comme des miracles, selon l'interprétation que chacun leur donne. On en croise beaucoup au fil des pages de ce livre, tantôt pour émerveiller tantôt pour horrifier. 

En outre, l'autrice joue également sur le détournement de conte. En effet, derrière ce palais maudit et entoilé que l'on est amené à visiter à un moment de l'histoire, il est très facile d'y voir une personnification du château assoupi de La Belle au Bois Dormant, notamment à travers ce temps suspendu qui semble avoir cours en ces lieux. Seulement, les résidents ne sont pas victimes d'un sommeil éternel car dans ce cas-ci, ils sont bel et bien morts. Emmaillotés dans les toiles, leurs corps ne tombent simplement pas en poussière. 

Comme à son accoutumée, l'univers qui sert d'écrin à son intrigue est très immersif, troublant et captivant à la fois.