L'influence du "gaming" à la littérature

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11/08/2023

Ariel Holzl, Le Règne des Chimères, T.2, Les Royaumes Immobiles, éditions Slalom

Ariel Holzl, Le Règne des Chimères, t.2, 
Les Royaumes Immobiles
éditions Slalom 

Sélectionné pour le PLIB 2023 jeunesse et toujours en lice dans la dernière ligne droite des cinq finalistes, La Princesse sans Visage a su ensorceler la communauté de l'Imaginaire. La qualité de son univers y est sans doute pour quelque chose. Or, avec Le Règne des Chimères qui clôture cette duologie des Royaumes Immobiles, le temps est venu de lever le voile sur ses origines. 

Après un premier tome prometteur, j'ai poursuivi l'aventure sans plus attendre. 

Résumé :

En dépit de sa victoire au Sacre des Saisons, Ivalie a dû fuir dans l'Ailleurs avec le changeling Odd pour sauver sa vie. En effet, suite à la trahison de Séline qui a tué sa mère Titania pour prendre sa place à la tête de Radiance et celle encore plus amère d'Hélionie qu'elle pensait être son amie, Ivalie n'est plus en sécurité dans les royaumes immobiles. Seulement dans sa fuite, sa malédiction est revenue, condamnant Odd à sombrer peu à peu dans la folie. Alors, comment survivra-t-elle dans ce monde inconnu avec pour seul allié, un ami condamné à devenir son ennemi ? Et pourra-t-elle seulement espérer pouvoir remettre de l'ordre dans le chaos qui secoue maintenant les Royaumes Immobiles divisés ? 

Mon avis :

Avec Le Règne des Chimères, on change d'ambiance puisqu'Ariel Holzl emprunte les codes classiques du genre à travers la lutte manichéenne qui se dessine en filigrane du récit. En effet, on quitte les rives de la compétition où tous les coups étaient permis pour rentrer dans une véritable conquête du trône qui s'organise en deux temps avec d'abord la recherche d'alliés, puis l'affrontement. Ainsi, on est plongés dans des batailles épiques, mâtinées de magie qui s'exprime autant par les sorts lancés que par les chimères, nées de l'esprit des êtres féériques. On assiste donc à des combats aériens, à dos de créatures fantasmagoriques, pleins de bruit et de fureur comme la fantasy épique aime s'enorgueillir. En outre, l'auteur a ajouté une touche steampunk à son univers merveilleux en introduisant des entités faites de métal, ressemblant étrangement à des machines et difficiles à abattre pour les feys qui craignent le fer froid. Un univers qui témoigne de l'ingéniosité de son auteur donnant à nouveau vie à un cadre narratif aussi enchanteur que fascinant.  

Avec Le Règne des Chimères, on est sur un roman d'action où la tension monte crescendo jusqu'à atteindre son paroxysme dans les derniers chapitres du livre. C'est aussi un roman où les révélations vont bon train avec le dénouement qui se profile déjà à l'horizon. Ainsi, derrière les royaumes immobiles, il y a un monde d'en haut et un monde d'en bas. A coup de trahisons, de mensonges et d'usurpations, certains ont été relégués aux oubliettes, réfugiés sous terre, à l'abri des regards et effacés des mémoires. Alors, la quête d'Ivalie sonne pour eux l'heure de la revanche en entrant à leur tour dans la lutte. 

05/08/2023

Ariel Holzl, La Princesse sans Visage, T.1, Les Royaumes Immobiles, éditions Slalom

Ariel Holzl, La Princesse sans Visage
T.1, 
Les Royaumes Immobiles, éditions Slalom

Après avoir adoré l'humour grinçant des Sœurs Carmines, j'ai profité de la tournée promotionnelle d'Ariel Holzl, organisée à l'occasion de la sortie de son tome 2, Le Règne des Chimères pour craquer pour cette duologie fort prometteuse des Royaumes Immobiles

Résumé:

Ivalie mène une vie solitaire dans son manoir perdu au milieu de la forêt. Abandonnée par son père le Roi Gris et soumise à une terrible malédiction l'obligeant à porter un masque car elle est une "Belle à Mourir" condamnant quiconque verrait son visage, elle ne sait rien de ce qu'il se passe aux alentours. Ainsi, elle ignore que le Roi Gris n'est plus et que son trône d'Automne est vacant depuis trop longtemps mettant en péril l'équilibre des Royaumes Immobiles. Or, pour y remédier, les autres monarques ont décidé de mettre en compétition des prétendantes au Sacre et elle en est l'héritière de par son statut de fille naturelle, elle se doit d'y participer pour tenter de sauver sa vie car quoi qu'elle décide, elle sera toujours une menace au pouvoir en place. C'est ainsi que l'on va la suivre dans ses épreuves en se demandant à chaque instant si elle va y survivre? 

Mon avis :

Avec La Princesse sans Visage, Ariel Holzl inaugure une duologie de fantasy dans laquelle il a construit un univers merveilleux constitué par quatre royaumes représentant chacun une saison. Ainsi, Radiance est le royaume de l'été, dirigé par la reine Solaire, Titania et qui est peuplé par les Leanans, Khald est le royaume de l'hiver, gouverné par la reine des Frimas, Mab et où résident les Elfyns et Sempervirente est le royaume du printemps occupé par les Sylphes et où règne la reine des Lambeaux, Oona. Enfin, Evergrey est le royaume de l'automne où vivent les Beansidhes et dont le trône est vide depuis la mort de son roi. Or, cette absence est facteur de désordres au sein des royaumes, nécessitant la nomination rapide d'un successeur, d'où l'organisation de cette compétition du Sacre. Un enjeu qui ne va pas manquer de donner lieu à de la rivalité, des coups bas, de la manipulation et des trahisons conférant immédiatement à ce texte une ambiance acrimonieuse et cruelle. 

En outre, l'auteur s'est largement inspiré du folklore européen pour donner corps à son monde. En effet, il met en scène des Sidhes, tirés de la culture gaélique dont il a conservé la nature facétieuse voire maléfique. Ici, ils détiennent le pouvoir et dominent la société bâtie par Ariel Holzl où l'on va retrouver également d'autres créatures du Petit peuple qui vont le plus souvent les servir, à l'image des Pixies, des Phookas, des Selkies ou encore des Ondines. Si les nobles Sidhes maîtrisent le Bel Art, le bas peuple des feys que l'on nomme communément "Bogling", lui, ne maîtrise que le Bas Art. L'Art est donc ici  une magie qui puise dans le Glimmer que l'être féérique modèle à sa guise pour réaliser tel ou tel prodige. 

01/08/2023

Ciel Pierlot, Bluebird, éditons ActuSF

Ciel Pierlot, Bluebird, éditons ActuSF 

Jeune plume de science-fiction, Ciel Pierlot publie un premier roman qui a immédiatement attiré l'attention puisque Bluebird a été dans la liste des recommandations du prix Locus en 2022 et est en lice pour le Compton Crook Award du premier roman. Voilà qui donne donc le ton quant à la qualité de ce texte. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Voilà trois ans que Rig a quitté précipitamment sa faction Pyrite avec les plans d'armes de destruction massive en poche qu'elle a elle-même inventées. Esprit brillant, cette Kashrini, flattée par l'intérêt qu'on lui portait, n'a pas réalisé de suite la portée de ses recherches jusqu'à ce que celles-ci soient au point. Alors pour contrecarrer les plans diaboliques de ces factions rivales qui mettent la galaxie à feu et à sang et racheter ses fautes, elle s'est associée à un groupe de résistants pour mettre à l'abri des victimes de cette impitoyable guerre. Pour autant, peut-elle réellement échapper encore longtemps à ses poursuivants ?

Mon avis :

Bluebird est un space opera dans lequel Ciel Pierlot a imaginé la galaxie être aux mains de trois factions rivales : Pyrite, Ossuaire et Ascétique. L'origine de cet univers prend sa source dans un mythe fondateur contant l'histoire d'une étoile tombée dans la galaxie d'où seraient sortis trois groupes d'humains qui se dispersèrent sur les différentes planètes après s'être partagés les restes de leur étoile. Sous le couvert de vénérer leurs dieux morts mais avec l'idée qu'un seul a survécu sans réussir à déterminer lequel, ils ont continué d'alimenter le conflit qui les opposait déjà sur leur étoile, ravageant ainsi les espaces colonisés en les noyant sous le poison. 

Ainsi, le contexte guerrier est posé. Il implique sans surprise des persécutions, de l'espionnage, des exécutions et des trahisons, mais aussi de la résistance et de l'opportunisme. Ainsi, Ciel Pierlot ajoute à l'échiquier des bataillons de dissidents surnommés les Oiseaux-nocturnes et un obscur groupuscule de mercenaires, répondant au nom d'Ombrevent. C'est donc au cœur de ce danger que l'on suit une Rig tentant d'aider les uns tout en essayant d'échapper aux autres. 

Propulsé dans une course poursuite, le space opéra qui naît sous la plume de Ciel Pierlot prend très vite la saveur d'une guerre des étoiles où l'on est ballotés de planète en planète en voyageant à bord d'un mythique vaisseau spatial. 

26/07/2023

Victor Battaggion & Anne Besson, Fantasy & Moyen Âge, éditions ActuSF

Anne Besson & Victor Battaggion, Fantasy & Moyen Âge, éditions ActuSF 

Après le succès de la campagne Ulule en 2022, l'ouvrage Fantasy & Moyen Age a débarqué en librairie en grande pompe en juin dernier. 

Sous la direction d'Anne Besson, professeure et chercheuse en littérature générale et comparée et de Victor Battaggion, rédacteur en chef adjoint du magazine Historia, cet ouvrage propose une succession d'articles détaillés afin d'illustrer au mieux la réception du Moyen Âge sur la fantasy

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse exceptionnel qui m'a particulièrement enchantée. 

Il faut dire qu'avec Fantasy et Moyen Âgeon table sur un très beau livre. Richement illustré, le livre est relié, dispose d'un signet et d'une superbe couverture rigide, réhaussée par un titre et un liseré fleuri calligraphié en lettres argentées. Le grain des pages est de grande qualité et donne à ce livre, un petit côté grimoire. 

Véritable enchantement pour les yeux, la richesse de son contenu en fait clairement un ouvrage de référence pour les amateurs du genre ou les simples curieux. 

Il se divise en trois parties avec d'un côté, les inspirations littéraires et artistiques, puis les inspirations historiques et de l'autre côté, les incontournables de la fantasy médiévale.


C'est William Blanc et Justine Breton qui ouvrent le bal avec l'incontournable légende arthurienne, considérée comme l'une des plus anciennes sources de la fantasy médiévale. Ainsi, ils passent en revue toutes les réécritures proposées depuis le XIIe siècle qui ont nourri le mythe en le modifiant partiellement et en l'adaptant aux besoins de l'époque. 

D'ailleurs, les sources anciennes ne manquent pas, à commencer par le long poème du Beowulf qui a inspiré de nombreux écrivains, à l'image de J.R.R. Tolkien. En effet, l'épopée d'un homme parti combattre des monstres demeure un motif récurrent pour la fantasy

Rendu célèbre par Richard Wagner, à travers son opéra en quatre pièces, L'anneau du Nibelung, la légende des Nibelungen constitue aussi une source d'inspiration inépuisable. Leg colossal, J.R.R. Tolkien est l'un des rares à en avoir piocher que quelques éléments allégeant grandement la matière et rendant le mythe nettement plus accessible. 

Même si la fantasy a longtemps été dominée par des inspirations celtiques et nordiques, elle connaît un regain avec les légendes venues d'Orient, à travers cette vogue pour les contes orientaux, tel le célèbre Mille et une Nuits ou encore l'influence de la mythologie slave dont l'imposant bestiaire merveilleux a notamment inspiré Andrzej Sapkowski pour sa saga du Sorceleur

21/07/2023

Lou Jan, La Machine à aimer, éditons Critic

Lou Jan, La Machine à aimer, éditons Critic

Après un premier livre, Sale Temps publié aux éditions Rivière Blanche en 2015 et de nombreuses nouvelles, Lou Jan signe un nouveau roman de science-fiction chez Critic.

Déjà salué par la critique, la publication de La Machine à aimer n'est donc pas passée inaperçue.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Éric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

A peine sortie d'usine, la voici déjà condamnée au rebut. Pourtant, suite à un bug informatique, Nobod se réactive et découvre avoir été jetée au milieu d'un charnier cybernétique dont elle a du mal à s'extraire. Victime d'un génocide perpétré par les humains qui ont pris peur des progrès technologiques de la robotique, l'androïde, devenue ennemie publique, doit trouver le moyen de survivre dans ce milieu hostile. Mais a-t-elle la moindre petite chance de passer inaperçue ? 

Mon avis :

Avec La Machine à aimer, Lou Jan nous immerge dans un récit de science-fiction saisissant où le futur est marqué par une robotisation omniprésente. Majordome ou compagnon, les robots accompagnent les humains dans leur quotidien. La nouvelle génération qualifiée d'hybrides est une véritable prouesse technologique. Ces êtres sont programmés pour aimer et traiter l'humain avec bienveillance quelque soit les circonstances. Ressemblant à des humains sublimés, ils sont capables d'une grande sensibilité et possèdent également un intellect très développé. S'ils suscitent un véritable engouement, certains voient dans leur existence une menace les poussant à les déclarer dangereux au point d'édicter leur destruction.

C'est donc dans un contexte de chasse à l'homme ou plutôt à l'androïde que Lou Jan nous plonge ici. On suit Nobod dans ses pérégrinations tantôt capturée, tantôt en fuite, endossant une autre identité avec l'espoir peut-être vain de se retrouver à la fin. 

L'autrice emprunte au thriller son ambiance haletante pour imprégner son texte d'un sentiment d'urgence né du danger latent qui pèse sur les protagonistes de ce livre. Mais, alors que l'attention est braquée sur la menace de ces nouveaux prototypes, celle-ci pourrait venir d'ailleurs et être fatale à l'humanité par pure idéologisme.