L'influence du "gaming" à la littérature

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07/07/2023

Sapir A. Englard, Les Loups du Millénaire, tome 2, Hugo New Romance

Sapir A. Englard, Les Loups du Millénaire, T.2, Hugo New Romance 

En librairie depuis le 10 mai, il était temps que je retourne dans Les Loups du Millénaire pour continuer avec ce tome 2 de lire les aventures de la meute de la côte Est.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je remercie Amélie pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Cela fait un an que Sienna est devenue la compagne de l'Alpha. Bien que très épris l'un de l'autre, la jeune louve rechigne à perpétuer les vieilles traditions qu'elle trouve désuètes et dépassées. Elle souhaite davantage être considérée comme l'égale de l'Alpha et non être soumise à lui. Or, à la suite d'une cérémonie de convenance, des tensions naissent mettant à mal les relations que le jeune couple entretient, aggravées par l'arrivée des parents d'Aiden qui se sont mis en tête de dicter la conduite de Sienna. Bien que fragilisée par ses dissensions perpétuelles, Sienna n'en oublie pas pour autant sa quête de retrouver ses géniteurs afin de comprendre les raisons de son abandon. Or, elle fait la connaissance d'un déconcertant personnage se présentant comme un thérapeute, venu lui proposer son aide. Mais peut-elle réellement lui faire confiance alors que l'unité de la meute est menacée ? 

Mon avis :

Dans ce second volet, Sapir A. Englard expérimente la vie de couple pour son duo de personnages qui doivent faire face à bien des désaccords. Passés leurs premiers mois de lune de miel, les choses sérieuses arrivent et tous les deux sont loin d'être suffisamment armés pour affronter ça sereinement. 

Clairement, avec Les Loups du Millénaire, l'autrice nous déroule une romance mise à mal par différents facteurs. L'arrivée de beaux-parents intrusives va mettre le feu au poudre entre une Sienna qui en vient à douter de la légitimité de sa place et un Aiden qui ne sait pas comment gérer la situation. Disputes, non-dits et mensonges par omission menacent sérieusement l'harmonie de leur ménage et fragilisent par la même occasion l'équilibre de la meute. Lui-même est déjà bien entamé par des rivalités internes mises à jour dès le tome 1 qui continuent d'être alimentées dans cette suite par un puissant sentiment de jalousie. 

04/07/2023

Floriane Impala, Le Jardin des Hespérides, T.2, La Brigade du Surnaturel, éditions ActuSF

Floriane Impala, Le Jardin des Hespérides
T.2, La Brigade du Surnaturel
éditions ActuSF 

Quand la nouvelle est tombée qu'un deuxième tome de La Brigade du Surnaturel était prévu pour juin aux éditions ActuSF, mon cœur a dansé la gigue tant j'avais adoré le premier volet. Il faut dire que la plume de Floriane Impala est si pétillante qu'on ne lui résiste pas longtemps, croyez-moi !

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé : 

Depuis que Satan a décidé de faire le coming-out des surnaturels sans consulter personne, le bordel s'est installé dans le monde et dans la vie de Claire par la même occasion. Et comme si cela ne suffisait pas le climat a décidé de se détraquer à son tour tel un prélude à l'apocalypse. Mais heureusement Claire est sur le coup et elle compte bien remettre de l'ordre dans ce bazar car n'est-elle pas un bouclier contre le chaos ? Seulement, elle ne sera pas seule pour entreprendre cette mission casse-cou car on lui a collé Keziah dans les pattes. En froid avec l'incube, la nouvelle ne la réjouit pas d'autant qu'ils sont envoyés tous deux à Paris pour mettre la main sur une mystérieuse clé censée ouvrir le jardin des Hespérides. Un simple aller-retour devrait suffire, non ? 

Mon avis :

Avec Le Jardin des Hespérides, on retrouve l'univers de fantasy urbaine très fouillé de Floriane Impala qui joue beaucoup avec des mythologies d'origine diverse. Aussi, les emprunts aux bestiaires merveilleux ou bibliques sont nombreux. Alors ne soyez pas abasourdis de découvrir le Minotaure en videur, le dieu hindoue Kamadeva en chef de gang proxénète ou encore de voir l'archange Michel filer un coup de main à Satan pour empêcher l'Apocalypse d'advenir rayant ainsi les humains de la carte et ruinant définitivement la terre. Et si vous ne croyez pas à ce petit air de fin du monde, regardez donc un peu cette pluie de sang qui s'est abattue sur certains coins du globe, sans parler des nuées de mouches ou de grenouilles qui commencent à pointer leur nez. Il y a comme un refrain des dix plaies d'Egypte, on dirait ! 

Il faut croire que la fantasy de Floriane Impala s'aligne sur l'ambiance pré-apocalyptique dans laquelle on baigne depuis quelque temps en nous dépeignant ici un monde décadent sur le point de succomber face à divers cataclysmes. 

30/06/2023

Melissa Bashardoust, Girl, Serpent, Thorn, Hugo Stardust

Melissa Bashardoust, Girl, Serpent, Thorn, éditions Stardust 

Autrice américaine, Melissa Bashardoust est une amoureuse des contes. Alors lorsque son tour est venu de prendre la plume pour coucher ses propres histoires sur papier, c'est tout naturellement qu'elle s'est tournée vers ce genre pour leur donner vie. 

Déjà deux titres à son actif, on imagine sans mal que d'autres suivront bientôt. En tout cas, on l'espère !

Or, après une première édition en grand format en 2022, son premier roman, Girl, Serpent, Thorn vient de ressortir en poche chez Hugo Stardust

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse qui m'a offert l'opportunité de découvrir cette très belle plume de l'Imaginaire anglophone. 

Résumé :

Soraya a été maudite à sa naissance. Depuis lors, elle vit recluse dans ses appartements, reléguée dans une aile du palais. Sa proximité est crainte par tous, y compris par sa propre famille car par son seul toucher, elle peut ôter la vie. Alors que son jumeau Sorush est devenu le nouveau Shah et s'apprête à épouser leur amie d'enfance, Laleh, Soraya, elle, voit sa malédiction lui peser de plus en plus. Elle ne rêve que de vie normale et de liberté. Or, sa rencontre avec le mystérieux Azad, l'homme qui a sauvé son frère des griffes d'une div, va la bouleverser plus que de raison. Il semble si bien la comprendre, alors lorsque viennent les promesses d'une autre vie, elle voudrait tant y croire. Mais, est-ce seulement réalisable ? 

Mon avis :

Pour nourrir l'univers de Girl, Serpent, Thorn, Melissa Bashardoust s'est inspirée du Shahnameh, littéralement Livre des Rois où il est question de démons, de rois serpents et d'oiseaux magiques, et particulièrement d'un récit proche de l'histoire de Raiponce. Elle y emprunte notamment l'idée d'une jeune fille prisonnière d'un donjon qui a besoin d'un héros pour en être délivrée comme c'est d'ailleurs le cas dans le conte de La Belle au Bois Dormant. 

Ainsi, elle puise allègrement dans la mythologie persane pour tracer les grandes lignes de son monde. On va retrouver, par exemple, le mont Arzür représentant les portes de l'enfer d'où jaillissent des démons, qualifiés ici de divs, autrement dit des monstres ou des ogres souvent représentés sous une forme animale. Ils sont décrits ici tout en fourrure, plumes ou écailles et sont souvent associés au Destructeur, Angna Mainyu, par opposition au Créateur, Ahura Mazda comme l'énonce le courant religieux zurvaniste. Or, l'ombre de ce Destructeur plane littéralement sur la destinée de certains des personnages de cette histoire dont l'héroïne elle-même qui se voit manipulée à son insu avec pour conséquence la mise en danger du Shah et de sa famille, ainsi qu'une déstabilisation de son règne. 

Entre ces lignes, Melissa Bashardoust tisse habilement des éléments notables de ce folklore oriental dans son intrigue pour lui donner un cadre aussi envoûtant que crédible. Dans Girl, Serpent, Thorn, on apprécie autant de croiser toutes ces créatures tirées du bestiaire merveilleux que de s'abreuver à toutes ces légendes que l'autrice a parsemées dans son texte. La lecture n'en que plus dépaysante surtout qu'elle revisite des mythes que l'on ne connait pas forcément. C'est donc un vrai plaisir de lecture! 

27/06/2023

Fabien Cerutti, Terra Humanis, éditions Mnémos

Fabien Cerutti, Terra Humanis, éditions Mnémos 

En juin, Fabien Cerutti fait son grand retour au catalogue des éditions Mnémos. Il a quitté les rivages d'une fantasy épique et historique et la proximité de son célèbre Bâtard de Kosigan pour s'attaquer à un gros sujet de préoccupation actuelle sous la forme d'une anticipation utopique très prometteuse. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Surdouée, Rébecca Halphen est une idéaliste qui compte bien changer le monde. En tout cas, elle est convaincue de son potentiel et ambitionne d'utiliser son intellect pour sauver la planète du réchauffement annoncé. Ainsi, à peine âgée de 17 ans, elle s'engage dans sa croisade et entraîne dans son sillage son petit ami Luc Lavigne et une poignée d'amis, issus des quatre coins du monde. Ensemble, ils vont construire un parti politique nommé Terra Humanis qui va s'imposer peu à peu dans le monde entier, porté par la jeunesse et véhiculant de vraies valeurs écologiques. Pour autant, le combat sera acharné car on ne se frotte pas impunément à un modèle capitaliste si profondément enraciné et porté par un puissant lobbysme sans y laisser des plumes. Sans parler de la difficulté de manœuvrer la population globale vers un unique but, n'est-ce pas pure utopie ?  

Mon avis :

Avec Terra Humanis, Fabien Cerutti expérimente une autre facette des littératures de l'Imaginaire qui s'ancre directement dans notre actualité. A l'heure d'une réalité dystopique, l'auteur a décidé de prendre le taureau par les cornes. Non pas pour signer un énième postapocalyptique nous promettant la destruction finale mais plutôt pour penser une alternative crédible porteuse d'un vrai espoir. 

Bien loin de l'idéologie écologique de façade qui est l'apanage de certains politiciens et autres grandes entreprises du CAC 40, Fabien Cerutti imagine dans son livre la naissance d'un parti politique qui fédérerait les jeunes du monde entier, via les réseaux sociaux autour de la cause juste de sauver la planète. Le levier étant ici de sensibiliser l'opinion publique sur le sujet pour peser dans le débat et s'imposer politiquement dans chaque pays. L'idée est ambitieuse et sert clairement de pistes pour la jeunesse qui devra se positionner tôt ou tard afin de se dessiner un avenir viable. 

Derrière le concept de Terra Humanis prolifèrent de nombreuses idées novatrices actuellement en cours de gestation ou d'expérimentation comme la reforestation massive, l'extraction du carbone stocké dans l'eau pour le transformer en iceberg et stopper ainsi l'acidification des océans, la création d'îles artificielles pour accueillir les réfugiés climatiques ou encore le minage des astéroïdes métalliques pour fournir les métaux et les terres rares nécessaires aux technologies. 

23/06/2023

Pascaline Nolot, Rouge, Pocket Imaginaire

Pascaline Nolot, Rouge, éditions Pocket Imaginaire 

De la nouvelle au roman, de la littérature jeunesse à l'Imaginaire Adulte, Pascaline Nolot est indubitablement un nom à retenir. 

Récompensée par le prestigieux prix Imaginales des lycéens en 2021, son roman Rouge vient d'être réédité au format poche chez Pocket Imaginaire.  

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Malombre, petite bourgade perdue sur le mont Gris et bordée par l'inquiétant Bois-Sombre. C'est là que vit Rouge, une jeune fille persécutée depuis son enfance par presque tous les villageois pour la disgrâce écarlate qui enlaidit ses traits. Tous y voient là la marque du malin surtout depuis que sa mère a fauté avec Satan, maudissant à jamais le village. En effet, celui-ci est sous le joug d'une malédiction le condamnant à devoir envoyer toutes les jeunes filles après leur premier sang à la sorcière ermite surnommée, Grand-Mère qui vit au cœur des bois. Nul ne sait ce qu'il est advenu de chacune d'elles car aucune n'est jamais revenue. Or, c'est maintenant au tour de Rouge de se conformer à cette abjecte obligation. Alors que le village est en liesse de se débarrasser de la jeune fille, elle s'inquiète quant au funeste destin qui l'attend, même si elle a le pressentiment que les questions qu'elle se pose à son sujet et sur sa naissance se trouvent justement là-bas. Néanmoins, qui peut présager de l'avenir qui l'attend ? 

Mon avis :

Avec Rouge, Pascaline Nolot nous propose une réécriture du Petit Chaperon Rouge. Aussi, on va y retrouver des éléments factuels du conte à travers la figure de la grand-mère, du loup, du chasseur et de la jeune fille encapuchonnée. Nous voici projeté à Malombre, un bourg dévot et superstitieux où plane l'ombre maléfique d'une sorcière qui a condamné les villageois à lui payer un lourd tribut sous la forme de jeunes filles en échange d'une relative protection contre toutes sortes de cataclysmes. Ainsi, chaque fois qu'une jeune fille a ses premières règles, un groupe de loups ensorcelés vient la chercher pour la conduire dans le repaire de l'ensorceleuse située au sein de la forêt. Nul ne peut s'y soustraire sans connaître une fin tragique. Quant au reste des habitants du village, ils ont interdiction d'en franchir les frontières sous peine d'en perdre également la vie. Frustrés et apeurés par cette ignoble situation, les villageois tiennent l'une des leurs pour responsable depuis qu'elle a viré folle, soupçonnée d'avoir copulé avec le diable pour avoir un enfant. Puis, après sa disparition, ils ont rejeté la faute sur sa fille née avec une marque écarlate lui défigurant le visage. Nul doute que pour eux, c'est bien la preuve qu'elle est un rejeton de Satan. Aussi, son enfance est marquée par les brimades, le rejet et la défiance. 

Rouge est un conte sombre et cruel qui met à jour la monstruosité des humains. Celle-ci s'épanouit dans la peur déshabillant les hommes et les femmes de leur humanité pour laisser libre cours à leur bestialité. Le monstre n'est pas forcément ce qu'il paraît et se tapit bien volontiers dans les cœurs que l'on croyait pourtant honorables. Aussi, celle que l'on taxe si facilement de monstre par ignorance et méchanceté n'est qu'une victime d'un machiavel insoupçonné. 

Rouge, c'est surtout la quête d'une gamine qui se sait condamnée à une mort certaine mais qui ne perd pas espoir de connaître le secret sur ses origines et les raisons de la folie de sa mère avant de trépasser. On va donc la suivre dans ses péripéties à affronter d'abord l'opprobre et la haine des villageois, puis les dangers de la forêt et enfin une funeste sorcellerie. 

C'est un récit mené tambour battant qui distille une ambiance horrifique oppressante comme ont pu l'être les contes dans leur version originelle. A travers son roman, Pascaline Nolot nous dresse un portrait anthropologique sans concession des comportements psycho-sociaux d'une petite communauté. Elle y met en exergue les dérives à travers la stratégie du bouc émissaire bien utile pour canaliser la vindicte populaire. En effet, focaliser les rancœurs sur un même être est un procédé utilisé depuis la nuit des temps pour calmer les ardeurs populaires et faire détourner le regard des vraies causes du mal.