L'influence du "gaming" à la littérature

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28/12/2021

Morgane Rugraff, Crépuscule, Livre I, Lune Ardente, éditions Plume Blanche

Morgane Rugraff, Crépuscule, premier cycle, 
Lune Ardente, éditions Plume Blanche

Lors de la première édition de Terres d'Imaginaire, j'ai eu le plaisir de rencontrer Morgane Rugraff qui m'a parlée de ses deux cycles, publiés chez Plume Blanche. Deux univers totalement différents mais dont les histoires m'ont parue d'emblée très prometteuses. Cela tombe bien car il y a longtemps que j'avais envie de lire des livres publiés par cette maison d'édition. 

C'est donc avec Crépuscule, le premier volet de Lune Ardente que j'ai décidé de découvrir cette belle plume de l'Imaginaire. 

La guerre fait rage entre Tsagaan (le royaume de la lune) et Ulaan (le royaume du soleil). Fille du roi des Sombre-Lune, Sioban Calypsa a peur pour son peuple, d'autant que le rapport de force est au désavantage des siens. Alors pour arrêter le massacre, elle a l'idée de proposer un marché au souverain des Sang-de-Soleil, celui d'épouser son fils aîné afin de conclure une alliance de paix. Contre toute attente, celui-ci accepte, faisant cesser immédiatement les combats. Pour Sioban, c'est le début d'une nouvelle vie chez ses ennemis d'hier. Mais ses premiers pas dans ce royaume hostile ne seront pas exempts de danger. Rejeter par les uns et moquer par les autres, il lui faudra se montrer très forte pour s'adapter et accepter son destin. Mais y parviendra-t-elle seulement ? 

Lune Ardente nous ouvre les portes d'un univers béni par les astres. Morgane Rugraff a donc imaginé deux royaumes avec d'un côté, Tsagaan, une terre recouverte par la glace et la neige et dont les habitants vénèrent la lune, et de l'autre côté, Ulaan, un royaume de sable, protégé par le dieu Soleil. Deux contrées qui nous promettent deux ambiances différentes car marquées par des paysages, des croyances et des cultes bien différents. En effet, ces royaumes incarnent respectivement la nuit et le jour. Leur histoire est intimement liée à un mythe fondateur qui s'incarne à travers l'animal totem qui leur est propre. Aussi, alors que chaque Sombre-Lune est lié à un Delvahni, autrement dit un loup guerrier qui lui sert également de monture lors des combats, le Sang-de-Soleil, lui, dispose de Cortals, c'est à dire des lions géants en armure qui sont de redoutables coursiers. Morgane Rugraff a donc nourri sa duologie de légendes sans doute influencées par les nombreuses mythologies des différentes civilisations qui nous ont précédées : romaine, celte, nordique ou encore hindou car la lune et le soleil y occupent bien souvent une place prépondérante. 

En dessinant les contours d'un tel monde marqué par l'affrontement, Morgane Rugraff se fait l'autrice d'un récit épique sombre et impitoyable. Les batailles, les trahisons et les manigances accompagnent les pages de ce premier volet et nous tiennent complètement en haleine jusqu'à la dernière ligne. 

De même, la romance se mêle subtilement à l'intrigue conspiratrice ébranlant ainsi chacun des protagonistes de cette saga qui se voient souvent douter de ses certitudes. 

Morgane Rugraff a construit son récit avec beaucoup de virtuosité nous ménageant de nombreux rebondissements que l'on ne voit pas venir et qui nous laissent bien souvent extatique. 

L'élégance de cette plume agit dès les premières lignes en nous proposant avec ce roman, un véritable page-turner, impossible à lâcher. 

Les protagonistes sont peu nombreux mais comblent pleinement nos cœurs de lecteurs. D'ailleurs, la magie de ce texte repose beaucoup sur son trio de personnages principaux. Il y a bien évidemment Sioban Calypsa qui personnifie le personnage féminin puissant de ce texte. Guerrière, elle est indéniablement une femme forte. Son sacrifice force l'admiration puisqu'elle n'hésite pas à se donner à ses ennemis dans le but de sauver les siens. Déchirée entre ses sentiments pour un Sang-de-Soleil qu'elle ne comprend pas et une fidélité indéfectible pour son peuple des Sombre-Lune, Sioban est une femme attachante. Humiliée, abusée, trahie, elle demeure, tout de même, vent debout face à l'adversité. Malgré les revers et les coups durs, elle conserve toute sa bienveillance vis à vis des autres. A ses côtés, les deux frères Huxley qui, malgré leurs aprioris, sont irrémédiablement attirés par la jeune femme. 
Logan qui l'a épousé avec l'ordre de la mettre en confiance pour tout savoir des secrets stratégiques de Tsagaan ne peut s'empêcher d'éprouver des sentiments à son égard. Il n'est pas insensible à sa beauté mais est également touché par sa grâce. Seulement sous la coupe totale de son despote de père, il a beaucoup de mal à s'affirmer et à s'affranchir de ses ordres. Lâche et soumis, Logan conserve finalement jalousement sa place de fils prodige. A contrario son frère, Caleb, est, quant à lui, un esprit libre et indomptable. Irascible et colérique, il montre, d'abord, un visage hostile à Sioban. Pourtant, malgré toute l'aversion qu'il semble lui vouer, il n'en demeure pas moins qu'il cherche sa compagnie. Jamais loin lors de ses déplacements dans le palais, une relation conflictuelle va très vite se tisser entre ces deux-là. 
Morgane Rugraff joue le chaud et le froid sur ses personnages qui entretiennent un triangle amoureux orageux et troublé par un début relationnel marqué par l’infamie et l'outrage. 

Entre ses lignes, l'autrice aborde des thématiques douloureuses comme le viol dans le couple et les conséquences qui en découlent. En explorant ces traumatismes, elle nous offre une lecture rude et bouleversante qui nous touche au plus profond de notre être tout en nous amenant à réfléchir à l'après. C'est vraiment un texte d'une grande puissance. 

Clairement, Lune Ardente est le genre de roman qui ne laisse pas indifférent. Fort de ses personnages attachants, de son intrigue captivante, et des passions qu'il déchaîne, lorsque l'on arrive au terme de ce premier cycle, on ne peut que se jeter sur la suite avec fébrilité.

Fantasy à la Carte

Informations

Morgane Rugraff
Crépuscule
Premier cycle
Lune Ardente
Editions Plume Blanche

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24/12/2021

Jonathan L. Howard, Le Nécromancien, tome 1, Johannes Cabal, éditions ActuSF

Jonathan L. Howard, Le Nécromancien, tome 1, 
Johannes Cabal, éditions ActuSF

Auteur et scénariste britannique, Jonathan L. Howard inaugure avec Le Nécromancien, une série de romans fantastiques, titrée Johannes Cabal

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce nouveau service presse. 

Johannes Cabal est nécromancien. Rien de bien glamour à hanter les cimetières pour vider les tombes de ses occupants ou à voler des ouvrages occultes mais c'est un mal nécessaire dans son cas puisqu'il s'agit de faire progresser ses expériences scientifiques. Certains diraient que son but est louable car il cherche à ramener les morts tels qu'ils étaient de leur vivant. Or, il touche presque au but, à ceci près qu'il lui faut récupérer son âme pour réussir. Petit bémol, il l'a vendue à Satan pour obtenir davantage de connaissances. Face à cette impasse, il n'a d'autres choix que de retourner marchander auprès du diable. Contre toute attente, ce dernier lui fait une offre qui lui sera difficile de refuser : fournir cent âmes en échange de la sienne. Mieux encore, il lui confie les rennes d'une fête foraine diabolique afin de l'aider dans la réalisation de sa mission car n'est-ce pas un lieu de perdition par excellence ? Sceptique, Johannes Cabal sera-il capable de relever le défi et de prendre le diable en défaut ? Enfin, si cela est possible ?

Dans ce premier tome, on suit les tribulations d'un nécromancien répondant au nom de Johannes Cabal. Comme l'inique sa fonction, il a la capacité de relever les morts. Alors, on ne s'étonne pas de côtoyer en sa compagnie des fantômes, des cadavres animés ou encore des vampires. Il nous fait même l'honneur de nous ouvrir les portes de l'enfer où il a ses entrées - enfin en forçant un peu le destin - quitte à se mettre définitivement à dos le prince des ténèbres. N'étant pas réputé pour sa patience, Satan se montre pourtant magnanime à son égard lorsqu'il accepte de lui rendre son âme en posant la condition de l'échanger contre cent autres. D'un côté, il accepte de revenir sur un marché précédent mais de l'autre côté, l'enjeu proposé est si haut qu'il en devient presque inatteignable. D'autant, qu'il compte bien lui mettre quelques bâtons dans les roues car sa nature perfide n'est jamais très loin et qu'il n'aime pas perdre. 

Ainsi, dans Le Nécromancien, on explore un univers baroque et mortifère où l'enfer est géré comme une administration. Il en ressort des scènes aussi savoureuses que cocasses, notamment les joutes verbales entre Cabal et le diable. Mais au-delà des incursions en enfer, ce récit nous immerge surtout dans la folle ambiance d'une foire aux curiosités faisant à la fois office d'antre de divertissements pour les uns, de lieu de perdition pour les autres et de musée des horreurs pour tous. C'est finalement un endroit rêvé pour attirer dans son escarcelle toutes les âmes en peine qui vont passer à sa proximité.

Justement cette foire va donner l'opportunité à l'auteur de sonder les âmes humaines. Examen de conscience autant pour les visiteurs de passage que pour le héros lui-même puisqu'au fur et à mesure des événements, Johannes Cabal va se retrouver face à ses contradictions et à des choix difficiles qui risquent de l'ébranler profondément, qui sait ! 

Voilà de quoi promettre aux lecteurs un beau charivari avec une aventure qui part tous azimuts, échappant parfois au contrôle de Johannes Cabal lui-même pour nous emmener de situation en situation des plus improbables aux plus critiques. 

Il faut dire que l'humour de Jonathan L. Howard y est acéré, voire ubuesque. Ce roman est drôle et divertissant, à l'image de son personnage principal. Cynique et austère, Johannes Cabal n'est pas de ces héros attachants pour leur courage ou leur bonhomie. Pédant et froid, il est juste obnubilé par sa mission qu'il perd bien souvent le contrôle sur les événements, ne sachant pas faire grand-chose à part ramener les gens du trépas à la vie. Alors diriger une foire, s'encanailler avec les autres et attirer les gens pour les inciter à s'amuser, ce n'est pas du tout dans ses cordes. Heureusement pour lui, son frère veille au grain. Petit bémol, il n'est plus tout aussi vivant mais qu'à cela ne tienne, Johannes a une solution, enfin s'il récupère son âme. A contrario, Horst Cabal est un être très sociable, entremetteur sur les bords qui n'hésite pas à pousser son frère dans ses retranchements quand il estime que cela est nécessaire. Ils forment un duo charmant et désopilant qui insuffle à ce texte une vraie énergie. 

En outre, derrière ce récit du Nécromancien se cache de belles références littéraires comme celle à l'oeuvre de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne car n'est ce pas l'objectif de tout nécromancien qui se respecte que de redonner la vie aux morts et ainsi trouver le secret de l'immortalité. 

Amateur de frissons et d'ambiance macabre non dénuée de malice et d'analyse psychologique, cette série de Johannes Cabal ne peut que vous plaire. 

Une première lecture qui s'est montrée pour le moins addictive, alors à quand la suite ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Johathan L. Howard
Le Nécromancien
Tome 1
Johannes Cabal
978--2-37686-2777-2
464 pages
Editions ActuSF 

15/12/2021

Christian Léourier, Jarvis, l'intégrale, éditions Critic

Christian Léourier, Jarvis, l'Intégrale, éditions Critic

Au programme des nouveautés dernièrement parues aux éditions Critic, il y a la réédition du cycle Jarvis de Christian Léourier, au format d'une très belle intégrale. 

Auteur notoire de science-fiction et à ses heures de fantasy, Christian Léourier est également connu pour ses romans à destination de la jeunesse. 

Pour l'anecdote, les romans constituant cette saga de Jarvis avaient ouvert, à l'époque de sa première édition, une nouvelle collection d'Imaginaire chez Hachette, adressée aux adolescents. Bien qu'abandonnée peu après, elle a eu le mérite d'élargir l'horizon littéraire des jeunes vers la science-fiction. 

Voici une réédition qui prodiguera aux lecteurs un plaisir nostalgique de se replonger dans des livres qui ont marqué leur enfance ou au contraire sera une belle occasion de se plonger dans une oeuvre classique du genre. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service presse. 

Le Messager de la Grande Île

Sur Thalassa vivent les descendants des colons terriens qui tentent depuis lors de survivre sur cette planète où l'océan prédomine laissant peu de terres émergées à disposition des humains. C'est là-bas que l'on fait la connaissance de Jarvis, un chasseur engagé par les locaux pour protéger le port de pêche contre toute intrusion de korks, des créatures gigantesques et sous-marines dont la peau est une matière précieuse. Par une nuit de tempête, alors que le jeune homme sort affronter un kork, réfugié dans l'esclave du port, il assiste à un phénomène étrange qui lui fait manquer sa prise. perturbé par ce dont il a été témoin, il décide de partir en quête de son mentor pour confirmer son pressentiment. Intriguée, Uriale, une jeune botaniste, récemment débarquée sur l'île, décide de lui prêter mains fortes dans ses recherches. C'est ainsi que tous deux s'embarquent dans une quête dont la finalité pourrait bien ébranler toutes les certitudes du jeune homme.

Le Paradis des hommes perdus

Exclu de la Confrérie des chasseurs de korks, Jarvis a donc embarqué avec les Meeranes, ces navigateurs nomades pour aller explorer des zones inconnues de Thalassa. Tout à son expédition, il n'imagine pas que des difficultés vont se présenter sous la forme de chasseurs en colère. mais quand l'animosité s'installe, il faut s'attendre à toutes les représailles. Sera-t-il déjouer les pièges et sortir indemne de cette nouvelle aventure ? 

L'Envoyé du quatrième règne

Lorsqu'un inconnu l'aborde pour lui montrer un étrange objet de métal, Jarvis est surpris par cette trouvaille. Lui qui pensait bien connaître Thalassa et ses richesses, il n'imaginait pas l'existence d'un lieu où du métal s'épanouissait à profusion. En tout cas, c'est ce que Grower lui annonce. D'abord méfiant, la tentative d'assassinat sur ce dernier finit de le convaincre de l'embarquer sur son bateau pour aller voir de plus près cette île mystérieuse, détentrice de tant de richesses. Un voyage qui pourrait bien ébranler ses certitudes et lui ouvrir de nouvelles perspectives. 

Les Rebelles de la soif

Pour Jarvis, Uriale, Parson et une poignée de Meeranes, l'aventure a pris une nouvelle tournure. Embarqué à bord d'un vaisseau, les voici qui se sont mis en tête de retrouver la route qui les conduira vers la planète terre. Chemin faisant, ils profitent de leur passage à proximité d'autres planètes pour faire une halte et tenter d'en apprendre plus sur l'orientation qu'ils doivent suivre. C'est ainsi qu'ils débarquent sur une terre aride, peuplée par une poignée d'humains dont la survie dépend de la mainmise sur l'eau. Très vite, les aventuriers comprennent qu'ils sont tombés dans un vrai nid de vipères et n'auront pas d'autre choix que de se mêler aux conflits en cours pour espérer repartir.

La Cité des hauts remparts

Pour nos aventuriers de l'espace, c'est l'heure d'une nouvelle escale. En effet, ils ont repéré une nouvelle planète où s'arrêter. Arrivés sur place, ils sont tous abord déconcertés par la configuration des lieux car ils se retrouvent très vite face à une forteresse sans la moindre ouverture. Retranchés à l'intérieur, les habitants ne semblent pas hostiles, juste indifférents. Auront-ils pour autant des informations sur la terre, rien n'est moins sûr !

L'Astéroïde noir

De nouveau à bord de l'Anneau, les voyageurs voient leur périple mouvementé quand un astéroïde croise leur route. Inexorablement attiré dans son champs électromagnétique, la collision semble inévitable. Pourtant, ils évitent le pire en pénétrant à l'intérieur mais la surprise qui les y attend est de taille et risque de ne pas trop leur plaire. 

Les Chemins de l'espérance

Dans cet ultime volet, Jarvis et ses compagnons ont bon espoir de retrouver la terre. En effet, ils viennent de pénétrer dans le système solaire les rapprochant inexorablement de leur but. Cependant, la prudence reste de mise car voilà que de petits astronefs les encadrent afin d'inspecter l'Anneau et de s'enquérir des motifs de leur présence. or, le comité d'accueil n'est pas si accueillant. Pour preuve, ils les conduisent tout abord sur Mars pour y passer des épreuves. Il semblerait que leur présence dérange et que ce dernier contretemps mette à mal leur mission.

Cette intégrale renferme les sept tomes de la saga avec les six premiers, proposés dans une version revue et corrigée par l'auteur et le septième inédit à ce jour puisque jamais publié jusque-là. 

Avec Jarvis, Christian Léourier nous immerge dans du planète opéra qui glisse peu à peu vers un pure récit de space opera. En effet, au début de son cycle, il nous emmène sur Thalassa, une planète imaginaire, occupée par les descendants des terriens. Quasiment recouverte d'eau, ces derniers vivent étroitement avec la mer qui les nourrit. Sous le couvert de retrouver l'Aolade, le vaisseau qui a amené leurs ancêtres en ces lieux, Jarvis part en expédition afin d'explorer Thalassa. On y découvre une nature luxuriante et farouche vis à vis de nos aventuriers. L'homme n'a que peu de place sur cette planète et est même une menace pour le biotope puisqu'il y agit encore en prédateur. Au regard de la fonction de chasseur de korks de Jarvis, espèce marine qui fait la fortune de la communauté locale, l'homme demeure dans le même rapport de domination. Or, une rencontre avec l'un d'entre eux va changer le regard que Jarvis porte sur cette espèce et le pousser à suivre un autre chemin. C'est comme cela qu'on le retrouve dans la suite de la saga, embarqué à bord d'un astronef en forme d'anneau avec la ferme attention de retrouver le chemin de la terre. 

Ici, Christian Léourier prend la science-fiction à contre-pied avec des héros installés loin dans la galaxie qui souhaitent retourner sur terre. Voilà qui change de la traditionnelle science-fiction qui se plaît à mettre en scène des humains fuyant une terre dévastée et vont chercher refuge sur une autre planète. 

Au fil des livres, Christian Léourier nous emporte à la suite de ses héros où chaque aventure rime avec rencontres et découvertes. En effet, à chaque escale, Jarvis et ses compagnons doivent faire face aux problématiques des civilisations locales. Quelque soit l'espèce, les résidents de ces planètes sont en but à des rivalités ou des conflits dans lesquels ils sont amenés à prendre part bien souvent contre leur gré. Chaque épisode réserve son lot de surprises à travers la rencontre de peuples vivant selon une avancée technologique différente. Certains ont une maîtrise technique sur le temps et l'espace leur conférant un certain pouvoir, alors que d'autres semblent vivre à l'âge de pierre loin de toute modernité. 

Ecrit pour un jeune public, Jarvis est une bonne porte d'entrée pour tous les lecteurs qui souhaiteraient commencer à lire du space opera et ce, quelque soit leur âge. Ce cycle a la qualité de proposer de bons romans d'aventure avec tous les éléments propres au genre : voyage spatial et exploration de nouvelles planètes.

Dans cette saga, on apprécie également ses héros, notamment le couple formé par Jarvis et Uriale. Frondeur, aventurier et audacieux, Jarvis s'embarque dans l'aventure à bras le corps. il ne recule devant aucun défi et fait fi de ses peurs pour affronter l'adversité. D'un naturel héroïque, le suivre dans ses péripéties n'est pas exempt d'un certain charme car il pousse l'exploration à son paroxysme en nous offrant un récit un brin dépaysant. A ses côtés se tient Uriale, une jeune femme douce et déterminée qui n'hésite pas à accompagner Jarvis dans toutes ses folies, le modère ou l'encourage en fonction des situations. Alter-ego, confidente, âme sœur, elle occupe toutes les places dans son cœur et sa vie, ainsi que dans cette croisade spatiale. 

En outre, cette édition propose un petit bonus à travers de belles illustrations qui ouvrent chacun des livres de cette saga. Voilà une belle entrée en matière qui donne à cette intégrale tout son charme et en font un bel objet. 

Avec Jarvis, Christian Léourier a su donner le goût de l'Imaginaire et particulièrement de la science-fiction à la jeune génération. En proposant des récits courts mêlant action et exploration, il a su faire vibrer le cœur des lecteurs au rythme de l'aventure. 

Fantasy à la Carte

Informations

Christian Léourier
Jarvis
L'Intégrale
9782375792070
960 pages
Editions Critic

30/11/2021

Sylvie Kaufhold, Les Héritiers, tome 3, Royaumes Ennemis, éditions du 38

Sylvie Kaufhold, Les Héritiers, tome 3, 
Royaumes Ennemis
éditions du 38

Avec la sortie des Héritiers, le temps est venu de conclure ma lecture du cycle, Royaumes Ennemis de Sylvie Kaufhold. 

Alors que le deuxième volet a été écrit comme un préquel, ce tome 3 est bien une suite directe aux Magiciennes car on y suit notamment les descendants des héros de la première heure. 

Reçu en service presse, je tiens à remercier Sylvie Kaufhold, ainsi que les éditions du 38 pour leur confiance renouvelée. 

Treize ans se son écoulées depuis la fin du premier tome, Khazan a unifié les peuples et constitué son empire des Steppes. La paix est revenue même si de nombreuses discordes demeurent. Sous l'impulsion de la reine Matricia, l'école du Cocon est née et accueille tous les élèves disposant de pouvoirs qui leur faut apprendre à maîtriser. Mais son rayonnement fait des jaloux, notamment du côté de la Ruche, dirigée par Violette qui voit ça d'un très mauvais œil et montre de plus en plus de velléités de domination. Alors q'un nouveau conflit semble inévitable, tous devront unir leurs efforts, y compris la jeune génération qui devra se montrer les dignes héritiers de leurs parents pour triompher à nouveau de l'adversité. 

Dans ce dernier opus, Sylvie Kaufhold nous attache aux pas de jeunes protagonistes qui se découvrent des pouvoirs et un destin. A travers eux, elle se fait l'autrice d'un récit initiatique reprenant ainsi un code très classique de la littérature fantasy. On y suit donc, tour à tour, Artemisia (fille de Zeïlin et de Muskin), d'Ayal (fille d'Iridiane), de Clic (fils de Matricia), de Dzhan (fils de Khazan), d'Asadi (fille de Tin) ou encore de Sahin (fils d'Okaï). Si Artemisia rejoint le Cocon pour apprendre à bloquer sa perception des pensées d'autrui, Asadi, elle, compte sur l'école pour maîtriser ses pouvoirs de chamane et éviter, qu'à terme, ils ne la tuent. Au prise entre leurs difficultés personnelles et leurs préoccupations adolescentes, chacun d'entre eux devra trouver sa place et déterminer le rôle qu'il devra jouer dans cette nouvelle lutte qui s'annonce. 

Sylvie Kaufhold utilise ces jeunes protagonistes pour explorer différentes thématiques comme les premiers émois amoureux, la construction de liens d'amitiés forts, l'apprentissage du vivre ensemble ou encore la compréhension de l'autre. 

Royaumes Ennemis suit une ligne directrice commune aux trois tomes, à savoir la lutte pour le pouvoir. Beaucoup des personnages de cette saga le cherchent en permanence et incarnent les dérives qui en découlent. Ici, c'est Violette qui se laisse griser par l'avidité au point de devenir despotique et incontrôlable. Il en ressort un texte à nouveau plein de bruit et de fureur qui nous entraîne sur la route de la domination, de l'arbitraire et de la félonie. L'autrice approfondit cette question avec beaucoup de justesse ne nous épargnant ni les abus, ni les injustices qui lui sont propres. 

Au fil des pages de ces trois romans, on rencontre bien des héros et des héroïnes auxquels on s'attache pour le meilleur ou le pire. Parfois on pleure en leur compagnie, d'autres fois, on tremble pour eux. Finalement, il y en a peu qui nous laissent indifférents tant leur destinée est mouvementée et pas sans danger. 

Avec Les Héritiers, Sylvie Kaufhold met un point final à cette trilogie qui ne manquera pas de vous faire voyager.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Les Magiciennes et Les Origines

Informations

Sylvie Kaufhold
Les Héritiers
Tome 3
Royaumes Ennemis
978-2-37453-902-7
298 pages
Editions du 38

24/11/2021

Javier Negrete, Atagaïre, tome 3, Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Javier Negrete, Atagaïre, tome 3, 
Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Je profite de la récente sortie, dans la collection poche des éditions L'Atalante, d'Atagaïre pour poursuivre mon exploration de Chronique de Tramorée de Javier Negrete. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service presse. 

Dans ce troisième volet, Derguin Gorion a pris le chemin d'Etéménanki où il a bon espoir de retrouver la Syfron de son ami Mikhon Tiq afin de redonner vie à la statue qu'il est devenue. Chemin faisant, les épreuves ne manquent pas de se succéder, surtout lorsqu'il lui faut traverser des terres hostiles aux hommes comme celle des Atagaïres. Est-ce que son statut de Zemalnit lui vaudra un traitement de faveur ? Pendant ce temps, l'armée des Invaincus est en déroute. Profitant de la trahison de la reine de Malib qui a mis Forcas et Kratos hors service, un général dissident choisit ce moment précis pour organiser une mutinerie et prendre le pouvoir. Abandonnée à elle-même, Aidë sera-t-elle trouver la force pour résister ? Quant à Kratos, retrouvera-t-il le chemin de la liberté après cet inattendu revers ? L'aventure se poursuit pour les héros de Chronique de Tramorée et celle-ci les maintient bien volontiers en fâcheuse posture. 

Dans Atagaïre, on aborde le ton épique des grandes batailles car l'affrontement, que l'on pressentait inévitable dans les tomes précédents, entre les Invaincus et les Aïfolus arrive enfin. De fait, dans ce tome, on retrouve bien l'ambiance des campagnes militaires romaines, notamment dans les tactiques de combats utilisées ou le vocabulaire emprunté. L'auteur assure ainsi à ses lecteurs une pleine immersion dans cette épopée gréco-latine. Aussi, on perce les secrets des généraux tacticiens pour mener leur phalange au combat. Très vite, on perçoit le goût âcre du sang des combattants qui coule. De part et d'autres des armées, l'ordre laisse place à la boucherie et le chaos s'installe dans les rangs. L'horreur est alimentée par la présence de créatures cauchemardesques que sont les oiseaux de terreur qui servent de montures aux cruels glabres ou aux démons ailés et cracheurs de feu, exhumés par les Aïfolus eux-mêmes. Leurs mœurs sanguinaires apportent une bonne dose d'effroi à ce cycle tout en mettant en exergue les exactions de la guerre. 

Avec Atagaïre, on plonge également dans un récit teinté d’héroïsme où les personnages combattent pour la liberté. 

En outre, c'est un tome où l'on passe beaucoup de temps auprès des amazones, dites les Atagaïres. En effet, les pas de Derguin le conduisent à fouler leur terre. A travers ses yeux, on découvre cette société matriarcale où l'homme n'a finalement aucune place, si ce n'est en esclave reproducteur. L'auteur a inversé les choses en faisant de ces femmes soldates, les seules détentrices du pouvoir avec des hommes parqués dans un harem. On demeure dans une société de domination très conspiratrice entretenue par les nombreuses intrigues menées par certaines d'entre elles. A travers elles, l'auteur revisite l'image de la femme puissante mais qui finalement use des mêmes travers que le mâle dominant. Du reste, la soif de pouvoir semble l'élément le plus corrupteur d'une société. Qu'elles interviennent une arme à la main ou de manière plus subtile avec un esprit aiguisé, les femmes de cette saga se taillent une place de choix dans cette galerie de personnages et ce n'est pas pour me déplaire. 

Enfin, ce troisième volet est clairement un tournant dans notre perception de cette série que l'on pensait purement fantasy mais qui cache en réalité un dessein beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît aux premiers abords. Ici, aussi l'auteur se la joue influenceur du genre en proposant une redéfinition des codes puisqu'il n'hésite pas à en faire entrer d'autres en scène. Mais, ces petits cailloux à peine semés, voilà que la lecture arrive déjà à son terme, armons-nous donc de patience en attendant de lire le prochain épisode. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Zémal (tome 1) et Syfron (tome 2). 

Informations

Javier Negrete
Atagaïre
Tome 3
Chronique de Tramorée
9791036000904
528 pages
Editions L'Atalante