L'influence du "gaming" à la littérature

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15/12/2021

Christian Léourier, Jarvis, l'intégrale, éditions Critic

Christian Léourier, Jarvis, l'Intégrale, éditions Critic

Au programme des nouveautés dernièrement parues aux éditions Critic, il y a la réédition du cycle Jarvis de Christian Léourier, au format d'une très belle intégrale. 

Auteur notoire de science-fiction et à ses heures de fantasy, Christian Léourier est également connu pour ses romans à destination de la jeunesse. 

Pour l'anecdote, les romans constituant cette saga de Jarvis avaient ouvert, à l'époque de sa première édition, une nouvelle collection d'Imaginaire chez Hachette, adressée aux adolescents. Bien qu'abandonnée peu après, elle a eu le mérite d'élargir l'horizon littéraire des jeunes vers la science-fiction. 

Voici une réédition qui prodiguera aux lecteurs un plaisir nostalgique de se replonger dans des livres qui ont marqué leur enfance ou au contraire sera une belle occasion de se plonger dans une oeuvre classique du genre. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service presse. 

Le Messager de la Grande Île

Sur Thalassa vivent les descendants des colons terriens qui tentent depuis lors de survivre sur cette planète où l'océan prédomine laissant peu de terres émergées à disposition des humains. C'est là-bas que l'on fait la connaissance de Jarvis, un chasseur engagé par les locaux pour protéger le port de pêche contre toute intrusion de korks, des créatures gigantesques et sous-marines dont la peau est une matière précieuse. Par une nuit de tempête, alors que le jeune homme sort affronter un kork, réfugié dans l'esclave du port, il assiste à un phénomène étrange qui lui fait manquer sa prise. perturbé par ce dont il a été témoin, il décide de partir en quête de son mentor pour confirmer son pressentiment. Intriguée, Uriale, une jeune botaniste, récemment débarquée sur l'île, décide de lui prêter mains fortes dans ses recherches. C'est ainsi que tous deux s'embarquent dans une quête dont la finalité pourrait bien ébranler toutes les certitudes du jeune homme.

Le Paradis des hommes perdus

Exclu de la Confrérie des chasseurs de korks, Jarvis a donc embarqué avec les Meeranes, ces navigateurs nomades pour aller explorer des zones inconnues de Thalassa. Tout à son expédition, il n'imagine pas que des difficultés vont se présenter sous la forme de chasseurs en colère. mais quand l'animosité s'installe, il faut s'attendre à toutes les représailles. Sera-t-il déjouer les pièges et sortir indemne de cette nouvelle aventure ? 

L'Envoyé du quatrième règne

Lorsqu'un inconnu l'aborde pour lui montrer un étrange objet de métal, Jarvis est surpris par cette trouvaille. Lui qui pensait bien connaître Thalassa et ses richesses, il n'imaginait pas l'existence d'un lieu où du métal s'épanouissait à profusion. En tout cas, c'est ce que Grower lui annonce. D'abord méfiant, la tentative d'assassinat sur ce dernier finit de le convaincre de l'embarquer sur son bateau pour aller voir de plus près cette île mystérieuse, détentrice de tant de richesses. Un voyage qui pourrait bien ébranler ses certitudes et lui ouvrir de nouvelles perspectives. 

Les Rebelles de la soif

Pour Jarvis, Uriale, Parson et une poignée de Meeranes, l'aventure a pris une nouvelle tournure. Embarqué à bord d'un vaisseau, les voici qui se sont mis en tête de retrouver la route qui les conduira vers la planète terre. Chemin faisant, ils profitent de leur passage à proximité d'autres planètes pour faire une halte et tenter d'en apprendre plus sur l'orientation qu'ils doivent suivre. C'est ainsi qu'ils débarquent sur une terre aride, peuplée par une poignée d'humains dont la survie dépend de la mainmise sur l'eau. Très vite, les aventuriers comprennent qu'ils sont tombés dans un vrai nid de vipères et n'auront pas d'autre choix que de se mêler aux conflits en cours pour espérer repartir.

La Cité des hauts remparts

Pour nos aventuriers de l'espace, c'est l'heure d'une nouvelle escale. En effet, ils ont repéré une nouvelle planète où s'arrêter. Arrivés sur place, ils sont tous abord déconcertés par la configuration des lieux car ils se retrouvent très vite face à une forteresse sans la moindre ouverture. Retranchés à l'intérieur, les habitants ne semblent pas hostiles, juste indifférents. Auront-ils pour autant des informations sur la terre, rien n'est moins sûr !

L'Astéroïde noir

De nouveau à bord de l'Anneau, les voyageurs voient leur périple mouvementé quand un astéroïde croise leur route. Inexorablement attiré dans son champs électromagnétique, la collision semble inévitable. Pourtant, ils évitent le pire en pénétrant à l'intérieur mais la surprise qui les y attend est de taille et risque de ne pas trop leur plaire. 

Les Chemins de l'espérance

Dans cet ultime volet, Jarvis et ses compagnons ont bon espoir de retrouver la terre. En effet, ils viennent de pénétrer dans le système solaire les rapprochant inexorablement de leur but. Cependant, la prudence reste de mise car voilà que de petits astronefs les encadrent afin d'inspecter l'Anneau et de s'enquérir des motifs de leur présence. or, le comité d'accueil n'est pas si accueillant. Pour preuve, ils les conduisent tout abord sur Mars pour y passer des épreuves. Il semblerait que leur présence dérange et que ce dernier contretemps mette à mal leur mission.

Cette intégrale renferme les sept tomes de la saga avec les six premiers, proposés dans une version revue et corrigée par l'auteur et le septième inédit à ce jour puisque jamais publié jusque-là. 

Avec Jarvis, Christian Léourier nous immerge dans du planète opéra qui glisse peu à peu vers un pure récit de space opera. En effet, au début de son cycle, il nous emmène sur Thalassa, une planète imaginaire, occupée par les descendants des terriens. Quasiment recouverte d'eau, ces derniers vivent étroitement avec la mer qui les nourrit. Sous le couvert de retrouver l'Aolade, le vaisseau qui a amené leurs ancêtres en ces lieux, Jarvis part en expédition afin d'explorer Thalassa. On y découvre une nature luxuriante et farouche vis à vis de nos aventuriers. L'homme n'a que peu de place sur cette planète et est même une menace pour le biotope puisqu'il y agit encore en prédateur. Au regard de la fonction de chasseur de korks de Jarvis, espèce marine qui fait la fortune de la communauté locale, l'homme demeure dans le même rapport de domination. Or, une rencontre avec l'un d'entre eux va changer le regard que Jarvis porte sur cette espèce et le pousser à suivre un autre chemin. C'est comme cela qu'on le retrouve dans la suite de la saga, embarqué à bord d'un astronef en forme d'anneau avec la ferme attention de retrouver le chemin de la terre. 

Ici, Christian Léourier prend la science-fiction à contre-pied avec des héros installés loin dans la galaxie qui souhaitent retourner sur terre. Voilà qui change de la traditionnelle science-fiction qui se plaît à mettre en scène des humains fuyant une terre dévastée et vont chercher refuge sur une autre planète. 

Au fil des livres, Christian Léourier nous emporte à la suite de ses héros où chaque aventure rime avec rencontres et découvertes. En effet, à chaque escale, Jarvis et ses compagnons doivent faire face aux problématiques des civilisations locales. Quelque soit l'espèce, les résidents de ces planètes sont en but à des rivalités ou des conflits dans lesquels ils sont amenés à prendre part bien souvent contre leur gré. Chaque épisode réserve son lot de surprises à travers la rencontre de peuples vivant selon une avancée technologique différente. Certains ont une maîtrise technique sur le temps et l'espace leur conférant un certain pouvoir, alors que d'autres semblent vivre à l'âge de pierre loin de toute modernité. 

Ecrit pour un jeune public, Jarvis est une bonne porte d'entrée pour tous les lecteurs qui souhaiteraient commencer à lire du space opera et ce, quelque soit leur âge. Ce cycle a la qualité de proposer de bons romans d'aventure avec tous les éléments propres au genre : voyage spatial et exploration de nouvelles planètes.

Dans cette saga, on apprécie également ses héros, notamment le couple formé par Jarvis et Uriale. Frondeur, aventurier et audacieux, Jarvis s'embarque dans l'aventure à bras le corps. il ne recule devant aucun défi et fait fi de ses peurs pour affronter l'adversité. D'un naturel héroïque, le suivre dans ses péripéties n'est pas exempt d'un certain charme car il pousse l'exploration à son paroxysme en nous offrant un récit un brin dépaysant. A ses côtés se tient Uriale, une jeune femme douce et déterminée qui n'hésite pas à accompagner Jarvis dans toutes ses folies, le modère ou l'encourage en fonction des situations. Alter-ego, confidente, âme sœur, elle occupe toutes les places dans son cœur et sa vie, ainsi que dans cette croisade spatiale. 

En outre, cette édition propose un petit bonus à travers de belles illustrations qui ouvrent chacun des livres de cette saga. Voilà une belle entrée en matière qui donne à cette intégrale tout son charme et en font un bel objet. 

Avec Jarvis, Christian Léourier a su donner le goût de l'Imaginaire et particulièrement de la science-fiction à la jeune génération. En proposant des récits courts mêlant action et exploration, il a su faire vibrer le cœur des lecteurs au rythme de l'aventure. 

Fantasy à la Carte

Informations

Christian Léourier
Jarvis
L'Intégrale
9782375792070
960 pages
Editions Critic

30/11/2021

Sylvie Kaufhold, Les Héritiers, tome 3, Royaumes Ennemis, éditions du 38

Sylvie Kaufhold, Les Héritiers, tome 3, 
Royaumes Ennemis
éditions du 38

Avec la sortie des Héritiers, le temps est venu de conclure ma lecture du cycle, Royaumes Ennemis de Sylvie Kaufhold. 

Alors que le deuxième volet a été écrit comme un préquel, ce tome 3 est bien une suite directe aux Magiciennes car on y suit notamment les descendants des héros de la première heure. 

Reçu en service presse, je tiens à remercier Sylvie Kaufhold, ainsi que les éditions du 38 pour leur confiance renouvelée. 

Treize ans se son écoulées depuis la fin du premier tome, Khazan a unifié les peuples et constitué son empire des Steppes. La paix est revenue même si de nombreuses discordes demeurent. Sous l'impulsion de la reine Matricia, l'école du Cocon est née et accueille tous les élèves disposant de pouvoirs qui leur faut apprendre à maîtriser. Mais son rayonnement fait des jaloux, notamment du côté de la Ruche, dirigée par Violette qui voit ça d'un très mauvais œil et montre de plus en plus de velléités de domination. Alors q'un nouveau conflit semble inévitable, tous devront unir leurs efforts, y compris la jeune génération qui devra se montrer les dignes héritiers de leurs parents pour triompher à nouveau de l'adversité. 

Dans ce dernier opus, Sylvie Kaufhold nous attache aux pas de jeunes protagonistes qui se découvrent des pouvoirs et un destin. A travers eux, elle se fait l'autrice d'un récit initiatique reprenant ainsi un code très classique de la littérature fantasy. On y suit donc, tour à tour, Artemisia (fille de Zeïlin et de Muskin), d'Ayal (fille d'Iridiane), de Clic (fils de Matricia), de Dzhan (fils de Khazan), d'Asadi (fille de Tin) ou encore de Sahin (fils d'Okaï). Si Artemisia rejoint le Cocon pour apprendre à bloquer sa perception des pensées d'autrui, Asadi, elle, compte sur l'école pour maîtriser ses pouvoirs de chamane et éviter, qu'à terme, ils ne la tuent. Au prise entre leurs difficultés personnelles et leurs préoccupations adolescentes, chacun d'entre eux devra trouver sa place et déterminer le rôle qu'il devra jouer dans cette nouvelle lutte qui s'annonce. 

Sylvie Kaufhold utilise ces jeunes protagonistes pour explorer différentes thématiques comme les premiers émois amoureux, la construction de liens d'amitiés forts, l'apprentissage du vivre ensemble ou encore la compréhension de l'autre. 

Royaumes Ennemis suit une ligne directrice commune aux trois tomes, à savoir la lutte pour le pouvoir. Beaucoup des personnages de cette saga le cherchent en permanence et incarnent les dérives qui en découlent. Ici, c'est Violette qui se laisse griser par l'avidité au point de devenir despotique et incontrôlable. Il en ressort un texte à nouveau plein de bruit et de fureur qui nous entraîne sur la route de la domination, de l'arbitraire et de la félonie. L'autrice approfondit cette question avec beaucoup de justesse ne nous épargnant ni les abus, ni les injustices qui lui sont propres. 

Au fil des pages de ces trois romans, on rencontre bien des héros et des héroïnes auxquels on s'attache pour le meilleur ou le pire. Parfois on pleure en leur compagnie, d'autres fois, on tremble pour eux. Finalement, il y en a peu qui nous laissent indifférents tant leur destinée est mouvementée et pas sans danger. 

Avec Les Héritiers, Sylvie Kaufhold met un point final à cette trilogie qui ne manquera pas de vous faire voyager.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Les Magiciennes et Les Origines

Informations

Sylvie Kaufhold
Les Héritiers
Tome 3
Royaumes Ennemis
978-2-37453-902-7
298 pages
Editions du 38

24/11/2021

Javier Negrete, Atagaïre, tome 3, Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Javier Negrete, Atagaïre, tome 3, 
Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Je profite de la récente sortie, dans la collection poche des éditions L'Atalante, d'Atagaïre pour poursuivre mon exploration de Chronique de Tramorée de Javier Negrete. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service presse. 

Dans ce troisième volet, Derguin Gorion a pris le chemin d'Etéménanki où il a bon espoir de retrouver la Syfron de son ami Mikhon Tiq afin de redonner vie à la statue qu'il est devenue. Chemin faisant, les épreuves ne manquent pas de se succéder, surtout lorsqu'il lui faut traverser des terres hostiles aux hommes comme celle des Atagaïres. Est-ce que son statut de Zemalnit lui vaudra un traitement de faveur ? Pendant ce temps, l'armée des Invaincus est en déroute. Profitant de la trahison de la reine de Malib qui a mis Forcas et Kratos hors service, un général dissident choisit ce moment précis pour organiser une mutinerie et prendre le pouvoir. Abandonnée à elle-même, Aidë sera-t-elle trouver la force pour résister ? Quant à Kratos, retrouvera-t-il le chemin de la liberté après cet inattendu revers ? L'aventure se poursuit pour les héros de Chronique de Tramorée et celle-ci les maintient bien volontiers en fâcheuse posture. 

Dans Atagaïre, on aborde le ton épique des grandes batailles car l'affrontement, que l'on pressentait inévitable dans les tomes précédents, entre les Invaincus et les Aïfolus arrive enfin. De fait, dans ce tome, on retrouve bien l'ambiance des campagnes militaires romaines, notamment dans les tactiques de combats utilisées ou le vocabulaire emprunté. L'auteur assure ainsi à ses lecteurs une pleine immersion dans cette épopée gréco-latine. Aussi, on perce les secrets des généraux tacticiens pour mener leur phalange au combat. Très vite, on perçoit le goût âcre du sang des combattants qui coule. De part et d'autres des armées, l'ordre laisse place à la boucherie et le chaos s'installe dans les rangs. L'horreur est alimentée par la présence de créatures cauchemardesques que sont les oiseaux de terreur qui servent de montures aux cruels glabres ou aux démons ailés et cracheurs de feu, exhumés par les Aïfolus eux-mêmes. Leurs mœurs sanguinaires apportent une bonne dose d'effroi à ce cycle tout en mettant en exergue les exactions de la guerre. 

Avec Atagaïre, on plonge également dans un récit teinté d’héroïsme où les personnages combattent pour la liberté. 

En outre, c'est un tome où l'on passe beaucoup de temps auprès des amazones, dites les Atagaïres. En effet, les pas de Derguin le conduisent à fouler leur terre. A travers ses yeux, on découvre cette société matriarcale où l'homme n'a finalement aucune place, si ce n'est en esclave reproducteur. L'auteur a inversé les choses en faisant de ces femmes soldates, les seules détentrices du pouvoir avec des hommes parqués dans un harem. On demeure dans une société de domination très conspiratrice entretenue par les nombreuses intrigues menées par certaines d'entre elles. A travers elles, l'auteur revisite l'image de la femme puissante mais qui finalement use des mêmes travers que le mâle dominant. Du reste, la soif de pouvoir semble l'élément le plus corrupteur d'une société. Qu'elles interviennent une arme à la main ou de manière plus subtile avec un esprit aiguisé, les femmes de cette saga se taillent une place de choix dans cette galerie de personnages et ce n'est pas pour me déplaire. 

Enfin, ce troisième volet est clairement un tournant dans notre perception de cette série que l'on pensait purement fantasy mais qui cache en réalité un dessein beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît aux premiers abords. Ici, aussi l'auteur se la joue influenceur du genre en proposant une redéfinition des codes puisqu'il n'hésite pas à en faire entrer d'autres en scène. Mais, ces petits cailloux à peine semés, voilà que la lecture arrive déjà à son terme, armons-nous donc de patience en attendant de lire le prochain épisode. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Zémal (tome 1) et Syfron (tome 2). 

Informations

Javier Negrete
Atagaïre
Tome 3
Chronique de Tramorée
9791036000904
528 pages
Editions L'Atalante

17/11/2021

Javier Negrete, Syfron, tome 2, Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Javier Negrete, Syfron, tome 2, 
Chronique de Tramorée, éditions L'Atalante

Avec Syfron, je reprends ma lecture de Chronique de Tramorée de Javier Negrete qui signe avec ce cycle, une grande fresque d'une fantasy avec un grand "F" pleine d'authenticité. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie chaleureusement Emma pour l'envoi de ce service presse. 

Devenu le nouveau Zemalnit, Derguin Gorion a pris ses quartiers dans la cité de Narak. Fort de sa notoriété, il s'y pense en sécurité, mais c'est mal connaître le genre humain qui se plaît à comploter. Or, après avoir échappé à une tentative de meurtre, il va vite prendre la mesure de la chausse-trappe dans laquelle il est tombé. Pendant ce temps, Kratos May a rejoint les rangs de la Horde Rouge. Sous les ordres de Forcas, l'armée des Invaincus s'est installée aux abords de Malib afin de se mettre au service de la reine Samikir. Mais les soldats s'impatientent du manque d'action et de la solde qui tarde à venir, les tensions montent et la suspicion pointe son nez. En outre, les velléités guerrières des Aïfolu pourraient bien mettre à mal la paix en Tramorée et obliger Derguin et ses compagnons à fourbir leurs propres armes pour contrer cette nouvelle menace. 

Avec Chronique de Tramorée, Javier Negrete rompt avec cette tradition d'insérer sa fantasy dans un Moyen-Âge fantasmé et revisité et propose plutôt un cadre d'action à la croisée d'influences diverses : gréco-latine, mésopotamienne ou encore ottomane. De fait, sa saga exhale un parfum enivrant d'évasion qui sent bon le sable chaud, les épices et les douceurs sucrées. Clairement, on apprécie ce changement de paradigme qui bouleverse nos habitudes de lecteurs pour un renouveau du genre bienvenu. 

Alors que dans Zémal, Javier Negrete nous posait les bases de son univers tout en nous laissant faire tranquillement connaissance avec ses personnages principaux, avec Syfron, on commence à percevoir les enjeux narratifs de cette saga, notamment, à travers la traîtrise de certains et les agissements des autres. 

Dans ce deuxième tome, l'auteur alterne les points de vue pour donner une vision plus large des événements critiques se déroulant en Tramorée tout en conférant à son récit un rythme haletant. Ainsi, en compagnie de Kratos May, on retrouve la puissante armée des Invaincus tombée entre les griffes de la venimeuse et très énigmatique reine de Malib. Perturbé par ses propres problèmes, il n'arrive pas à mesurer pleinement ce qu'elle peut bien manigancer en secret. On fait également la rencontre d'un jeune homme, prénommé Darkos qui va nous servir de témoin des terribles événements survenus à Ilfatar, annonciateur de dangers encore plus grands qui guettent toute la Tramorée. Tout comme lui, on prend conscience que ceci n'est qu'un premier round d'un pire à venir que seul un Zemalnit pourra affronter. Enfin, on marche dans les pas de Derguin Gorion que l'on retrouve tombé dans les filets de conspirateurs zélés qui pourraient bien le détourner de sa mission principale, à savoir la lutte contre les démons et autres créatures maléfiques. 

Ici, Javier Negrete mise sur différentes intrigues pour enrôler ses lecteurs dans un maelström d'aventures tumultueuses aux rebondissements inattendus. On se laisse complètement happer par ces destins qui s'écrivent dans la lutte et le machiavélisme. La lecture n'en est donc que plus captivante. 

En outre, de nouveaux personnages féminins font leur entrée dans ce tome 2 avec d'un côté, la courtisane Neerya qui ne laisse, d'ailleurs, pas indifférent Derguin et de l'autre côté, Aïdé, la fille du précédent Zemalnit, concubine de l'actuel chef des Invaincus mais qui lui préfère en secret le très charismatique Kratos May. Leur présence vient contrebalancer cette prédominance du héros mâle, seul détenteur du pouvoir. Néanmoins, même si elle féminise un peu l'épopée, elles sont ici encore trop cantonnées au rôle d'ornement et n'ont donc pas encore pris pleinement le pouvoir. Alors, j'ai hâte de lire la suite pour voir quelles évolutions l'auteur va leur donner

En attendant, avec ce deuxième volet, Javier Negrete nous fait entrer de plein pied dans une fantasy purement addictive où héroïsme et machination n'auront de cesse de se confronter. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mon avis sur Zémal (tome 1 de Chronique de Tramorée) de Javier Negrete. 

Informations

Javier Negrete
Syfron
Tome 2
Chronique de Tramorée
9791036000898
842 pages
Editions L'Atalante

12/11/2021

Clément Bouhélier, Le Combat des Ombres, tome 3, Olangar, éditions Critic

Clément Bouhélier, Le Combat des Ombres, tome 3, 
Olangar, éditions Critic

Il y a des sorties littéraires que l'on attend avec impatience et fébrilité. Le dernier volet de la série Olangar de Clément Bouhélier est clairement de celle-ci. 

Emportée par sa fantasy coup de poing et envoûtée par son univers féroce, je me suis replongée dans son cycle avec beaucoup de plaisir. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Malgré tous ses efforts, Evyna d'Enguerrand n'a pas pu empêcher l'invasion d'Olangar. La ville est tombée sous le joug des duchés, maintenant dirigée par le colérique Lec Rossio, depuis la fuite du chancelier Ransard d'Alverny. Le quotidien des Olangardais s'est nettement dégradé. Des miliciens maintiennent l'ordre avec force et violence. Toute forme de rébellion est tuée dans l’œuf. Les habitants rasent les murs et détournent le regard face aux abus et aux excès de violence. Tous semblent résignés à leur dort. Pourtant les héros d'hier ne sont pas loin, ils se préparent à l'ombre des regards pour tenter une action et libérer la cité de ses chaînes. La dame du Sud n'a pas dit son dernier mot et elle ne compte pas revenir seule. Mais arriveront-ils à triompher à nouveau de leurs ennemis qui semblent toujours plus nombreux ? 

Avec Le Combat des Ombres, Clément Bouhélier nous accorde une dernière halte à Olangar avant de mettre un point final à sa série explosive. 

Cadre principal de l'action et refuge pour les protagonistes de Clément Bouhélier, Olangar incarne bien des visages dont celui de cité-personnage car son omniprésence entre ces lignes en fait parfois une héroïne à part entière. En effet, derrière la multitude d'histoires tissées par l'auteur, il y a également celle de cette ville dont le destin s'est écrit par le fer et le sang. Elle est un enjeu de pouvoir pour les plus aisés qui voient en elle, un moyen d'enrichissement toujours plus important, mais elle est également une chance de s'élever vers une certaine égalité pour les moins fortunés. A Olangar, on lutte pour une égalité de droits, pour le progrès social et pour la liberté de paroles pour tous. En un mot, Olangar est un symbole.

Or, dans Le Combat des Ombres, tout ce que cette cité représente est complètement mis à mal. La liberté est dévoyée, la discrimination a libre court et les représailles sanglantes sont devenues le quotidien des habitants. Clément Bouhélier a fait basculer sa ville sous un régime autoritaire où toutes les aberrations sont devenues monnaie courante. Exécutions, exactions, emprisonnements abusifs égrènent les pages de ce nouveau roman. Il en ressort un récit implacable et sombre qui prend aux tripes et fait saigner nos cœurs devant tant d'injustice et l’impuissance qui l'accompagne. Dans la lignée de ses précédents romans, Clément Bouhélier continue de se faire l'auteur d'une fantasy engagée et militante, totalement déshabillée de ses atours féeriques, pour délivrer une critique au vitriole de nos sociétés ultra-capitalistes. 

Chaque roman est riche d'une intrigue indépendante qui s'articule autour d'un même modèle mêlant suspense et action. L'auteur se fait fort de surprendre ses lecteurs en leur proposant de mettre à jour des conspirations impliquant corruption politique et coup d'état dans chacun de ses livres. Aussi, dans Le Combat des Ombres, tout porte à croire que le pouvoir a basculé aux mains d'un despote coléreux et avide de suprématie. Entre une totale liberté et une absence de garde-fou, tout semble perdu pour Olangar et ses habitants. Alors que certains enquêtent dans l'ombre sur d'odieux assassinats, d'autres organisent la résistance entre les murs de la cité et même au-delà car chacun des protagonistes de Clément Bouhélier espèrent être celui ou celle qui fera la différence dans ce combat qui s'annonce d'ores et déjà très inégale. 

Il est vrai que Clément Bouhélier respecte une certaine parité dans la galerie de personnages qu'il nous propose au fil des tomes. Néanmoins, on notera qu'il accorde aux femmes un rôle très important. Loin de l'image de la femme fatale ou de l'héroïne badasse, on retrouve sous les traits de ses personnages féminins, un courage indiscutable et une force de caractère manifeste. Il n'y a d'ailleurs pas que la dame du Sud, Evyna d'Enguerrand qui s'illustre entre ses lignes car d'autres femmes vont occuper une position décisive dans cette lutte pour la liberté. Elles font la différence par les stratégies qu'elles mettent en place et la ruse dont elles abusent, ce qui les rend finalement d'autant plus crédibles et attachantes. 

Avec Olangar, l'auteur nous rappelle que malgré les difficultés de renverser l'ordre établi, chacun d'entre nous, en se réunissant, peut changer la donne. Il ne faut donc pas oublier les fondamentaux pour rendre le changement possible car l'union fait toujours la force. Avec Le Combat des Ombres, il démontre finalement que la démocratie peut toujours éloigner les ombres de la tyrannie lorsque la volonté du plus grand nombre est réunie. 

Avec cet ultime opus, il se fait l'auteur d'un récit âpre mais pas dénué d'un certain espoir. 

Alors que la dernière page est tournée, il nous laisse malgré tout avec un petit pincement au cœur d'en avoir fini avec ses récits plein de fougue et de morgue d'autant que certains de ses héros vont continuer à écrire leur destin à l'abri de nos regards de lecteurs indiscrets. 

Fantasy à la Carte

Informations

A lire aussi mes avis sur Bans et Barricades (partie 1 et 2) et Une Cité en Flammes

Clément Bouhélier
Le Combat des Ombres
Tome 3
Olangar
Editions Critic

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