L'influence du "gaming" à la littérature

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30/04/2021

Floriane Soulas, Les Noces de la Renarde, éditions Pocket Imaginaire

Floriane Soulas, Les Noces de la Renarde, éditions Pocket Imaginaire

Après avoir refermé Rouille, récompensé par une pléthore de prix (prix ActuSF de l'Uchronie, prix Imaginales des lycéens et prix Chrysalis - European Society of Science-Fiction), je savais que je reviendrais vers la plume de Floriane Soulas pour laquelle j'ai eu un premier coup de cœur.

Aujourd'hui, c'est le grand jour pour m'immerger dans son deuxième livre, Les Noces de la Renarde qui vient de sortir en poche chez Pocket Imaginaire.  

Mais avant d'aller plus loin, je tiens à remercier Laure Peduzzi pour ce nouveau partenariat.

1467

Hikari est une kitsune, elle vit avec son clan en haut de la montagne sacrée. Depuis quelque temps, des hommes se sont installés au pied de cette dernière. Au fil des années, leur village a prospéré et s'est étendu sous l'œil vigilant et méfiant des kitsunes. Pour Hikari, la proximité des humains est une source de curiosité. Elle les observe depuis longtemps, un homme en particulier a capté son attention. Il s'agit de Jun, c'est un bûcheron. Suite à la disparition de la fille du forgeron, quelques hommes du village, dont Jun se mettent en quête de la disparue et assistent malencontreusement à la cérémonie de mariage de deux kitsunes. Pour le clan, ce sacrilège ne peut être toléré et ces voyeurs doivent être lourdement châtiés. Mais est-ce qu'Hikari va accepter cette décision irrévocable ? 

2016

Mina n'est pas une jeune lycéenne comme les autres car elle a le don de voir les fantômes, les yokaïs et autres esprits. Ressenti comme un fardeau, elle tait ses pouvoirs à tout le monde. Mais alors qu'un esprit malfaisant vient hanter ses cauchemars, elle est entraînée dans une chasse aux démons par une camarade de classe qui s'est mise en tête de démasquer le coupable responsable d'une série d'odieux meurtres, perpétrés en ville depuis quelques semaines. 

27/04/2021

Emmanuel Chastellière, Célestopol 1922, éditions de L'Homme sans Nom

Emmanuel Chastellière, Célestopol 1922
éditions de L'Homme Sans Nom

Depuis mars dernier, Emmanuel Chastellière nous invite à retourner à Célestopol. En effet, Célestopol 1922 est le deuxième recueil de nouvelles qui prend cadre dans la plus célèbre des cités lunaires. 

A travers treize autres nouvelles, l'auteur explore de nouvelles facettes de la cité. Que ce soit pour la toute première fois ou la seconde, on est toujours aussi subjugués par le charme slave de cette utopie. 

Célestopol célèbre la démesure d'un homme qui a voulu faire de ce lieu, un antre pour les arts et les sciences. Refuge pour lui-même car il se met, ainsi, hors de portée de la terrible et orgueilleuse tsarine, mais aussi pour tous les esprits éclairés intéressés de venir voir de plus près cette curiosité. Célestopol dégage un véritable art de vivre qui prend parfois forme dans l'intimité des salons tels celui de la célèbre maîtresse du duc Nikolaï, Tuppence Abberline où se croisent des personnalités brillantes comme Marie Curie et des figures inconnues, éprises de liberté et d'indépendance, à l'image de Be-Yeong, qui par sa franchise et sa vivacité, dans "Le revers de la médaille" a su attirer la sympathie d'une femme tout aussi fascinante. L'art étant au premier plan, il est donc normal que nos pas nous conduisent à l'opéra Romanova. C'est un bijou architectural que l'on doit à l'illustre architecte français, Charles Garnier et qui représente la seule touche occidentale au milieu de ce patrimoine russe. Dans "Une nuit à l'opéra Romanova", la soirée s'annonce mouvementée. En effet, Arnrun et Wojtek sont chargés d'assurer la sécurité d'un prestidigitateur de renom, Selim le Magnifique qui se produit justement à l'opéra. Le spectacle est subjuguant et le magicien, magistrale. Lorsque le clou du spectacle arrive, tout le monde est suspendu car Selim a décidé de conclure en utilisant le fameux miroir magique dit maudit. La foule s'attend donc à un dénouement mortel. Mais voilà que sur la surface du miroir apparaît une rue commerçante bien connue de Célestopol, plus surprenant encore de voir le magicien traverser le miroir pour revenir cinq minutes plus tard avec un bouquet de fleurs, acheté au fleuriste du coin. Puis, l'envie lui prend d'aller emprunter le tableau de Léonard de Vinci, Salvator Mundi, nouvellement exposé au musée afin que tous puissent l'admirer. Un chef d'oeuvre prêté pour l'occasion par l'archiduc François Ferdinand qui, sous la plume d'Emmanuel Chastellière, est bien vivant en 1922. Mais alors que le magicien s'apprête à ramener l'oeuvre d'art, celle-ci lui échappe des mains pour prendre son envol. S'ensuit alors une rocambolesque poursuite dans laquelle Arnrun s'est engagée afin de remettre la main sur le tableau fuyard. Un brin décoiffant, cette aventure est digne de celles menées par le plus gentleman des cambrioleurs, Arsène Lupin. 

Mais sous le vernis de la belle Célestopol se cachent des quartiers plus sombres situés sous la ville que les élites ignorent volontairement. Bouillonnants de vie, les oubliés s'y croisent souvent sans se connaître. Parmi eux, l'auteur nous attache aux pas de certains pour nous faire partager des moments forts de leur vie. Par exemple, dans "Mon Rossignol", on fait la connaissance d'Alissa, une idéaliste qui veut renouer avec une ancienne relation pour aider la cause des travailleurs afin notamment d'améliorer leurs conditions de travail. Mais peut-elle réellement espérer se faire entendre des requins qui détiennent le pouvoir ? Entre luttes sociales, corruption et petite criminalité, les rues de Célostopol ne sont pas toutes sûres, surtout avec cette bande de voyous qui fait sa loi dans les bas quartiers. Pour faire écho aux célèbres Apaches qui ont mené la vie dure aux forces de l'ordre à Paris dans les années 20, Emmanuel Chastellière a imaginé un groupuscule similaire dont les membres se font appeler les Cheyennes. On croise d'ailleurs leur chemin à plusieurs reprises dans cet ouvrage. Ainsi, dans "Un visage dans la cendre", ils font la misère à un petit voleur du nom de Kokorin qui, pour tenter de leur échapper, s'est réfugié dans les couloirs abandonnés du métro. Seulement ils sont tenaces et lorsqu'ils ont flairé une proie, ils ne la lâchent pas si facilement. Anastasia dans "La fille de l'hiver" va, elle-même, en faire les frais. En effet, persécutée par ces derniers, elle représente un contrat juteux s'ils arrivent à la ramener à leur commanditaire. Véritables pieds de nez pour le duc Nikolaï, ils sont un fléau qui entache la sécurité de la cité lunaire et sèment beaucoup trop de cadavres sur leur passage. 

Dans la plupart des nouvelles de ce second volet de Célestopol, le duc Nikolaï brille surtout par son absence. Son nom est bien évidemment sur toutes les lèvres car il est tel un dieu omniscient qui veille sur la ville. Seulement, on le croise très peu si ce n'est à la fin dans la nouvelle déjà citée, "La fille de l'hiver" car il renoue avec son passé qui lui revient au visage comme un boomerang sous les traits de sa cousine, disparue 20 ans plus tôt. Reflet de ce passé enfoui et honni, Anastasia est de retour aussi authentique que différente. Qui est-elle ? Que veut-elle ? A Nikolaï de le découvrir mais est-ce bien raisonnable de remuer le passé ? 

Tantôt éblouissante, tantôt inquiétante, Célestopol est un cœur qui bat à l'unisson de tous ces destins que nous conte Emmanuel Chastellière. 1922 est bien une folle année pour tous ses héros. D'une nouvelle à l'autre, on est étourdi par leurs aventures, parfois improbables, souvent incroyables. De chacun de ses textes se dégagent une vraie poésie où la magie des contes russes s'invite au gré des envies de l'auteur comme lorsque le chat Baioun ou le Vourdalak entrent en scène pour nous plonger dans une douce rêverie.

23/04/2021

Robert Jackson Bennett, Les Maîtres Enlumineurs, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, Les Maîtres Enlumineurs, Albin Michel Imaginaire

Fortement louangé par la communauté, le nouveau roman édité chez Albin Michel Imaginaire a su toucher le cœur de ses lecteurs. Il est signé par Robert Jackson Bennett qui a délaissé pour un temps ses polars mâtinés de fantastique et d'horreur pour écrire un cycle de fantasy pure. 

Reçu en service de presse, je remercie Gilles Dumay pour cette belle surprise que j'avais hâte de lire. 

Dans Les Maîtres Enlumineurs, on marche dans les pas d'une jeune voleuse, prénommée Sancia. Vivant jusque-là de vols sans envergure, elle espère raccrocher en effectuant un dernier grand coup, censé lui rapporter un bon pécule, lui permettant de mettre les voiles. Engagée pour dérober un étrange artefact gardé sous haute surveillance dans un entrepôt, elle est a cent lieux d'imaginer ce qu'elle va déclencher. Avec une telle puissance entre ses mains, rien d'étonnant à ce que le monde se déchaîne autour d'elle. Saura-t-elle se trouver les bons alliés pour l'aider dans sa quête ? 

Dans Les Maîtres Enlumineurs, Robert Jackson Bennett a voulu faire de la magie le critère principale de sa fantasy. Point de dragons, d'elfes ou de nains mais un système de magie minutieusement imaginé relevant presque de la technologie. En constatant dans les romans de ses homologues que finalement les manifestations magiques étaient peu expliquées, il a voulu dans son livre leur donner une autre dimension. Il est vrai que généralement dans la littérature fantasy, les personnages disposent simplement de pouvoirs leur permettant de réaliser des prodiges. Cela peut passer par l'énonciation de formules magiques et/ou l'utilisation d'objets comme une baguette mais les auteurs vont rarement plus loin. Alors Robert Jackson Bennett a eu l'idée d'inventer l'enluminure, un procédé qui consiste à graver des sceaux sur la surface d'objets afin de les animer pour leur faire faire ce que l'on souhaite. Ces runes sont autant d'injonctions ordonnées aux lesdits objets pour les détourner de leur fonction initiale. Ainsi, dans ce roman, on trouve, par exemple, des carrioles qui se déplacent toutes seules selon un itinéraire au préalablement défini par le sceau inscrit. Ici, l'auteur nous décrit de manière détaillée les mécanismes qu'emprunte cette magie pour fonctionner. On plonge ainsi dans un univers animé par une multitude d'objets qui influent sur la réalité. Mieux encore, son existence, on la doit à un groupe de savants, appelés les Hiérophantes, érigés au rang de divinités. Celle-ci trouve donc ses origines dans le mythe, ce qui lui ajoute un caractère sacré.  

La magie est donc omniprésente, le système est si développé qu'il est même intrinsèquement lié au fonctionnement de la cité. A Tevanne, le pouvoir est entre les mains des quatre maisons marchandes qui sont les seules à avoir autorité pour commercialiser des objets enluminés. En perpétuelle rivalité, leurs dévorantes ambitions dessinent les contours de la cité et mettent les habitants aux pas. Dans ce cycle, l'auteur nous brosse le portrait d'une société très marquée par les clivages sociaux. Si les quatre maisons sont installées dans des quartiers ultra protégés à la pointe du modernisme et des commodités, il en va de manière bien différente pour le reste de la cité où s'entassent dans des réduits insalubres, les foyers les plus pauvres. Tevanne abrite donc deux mondes qui vont être le théâtre de la lutte mise en exergue dans ce récit. En effet, les héros de Robert Jackson Bennett vont devoir s'allier afin d'empêcher que l'une des maisons asseye sa domination sur le monde en supprimant, au passage, de nombreuses vies. 

20/04/2021

Isabelle Bauthian, Montès, tome 3, Les Rhéteurs, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Isabelle Bauthian, Montès, tome 3, 
Les Rhéteurscollection Bad Wolf, 
éditions ActuSF

Après Anasterry et Grish-Mère (prix Elbakin.net), Isabelle Bauthian continue d'étoffer son univers des Rhéteurs en signant un troisième roman, Montès, publié, il y a peu, aux éditions ActuSF

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Après 40 ans de paix, la guerre est aux portes de Civilisation. La baronnie frontière, Montès est aux premières loges du fait de sa proximité. Elle subit déjà les premières invasions des mi-hommes d'Outre-Civilisation. Pour tenter d'endiguer la situation, Oditta d'Anoss de Montès et Thélban Acremont sont secrètement missionnés afin de trouver un terrain d'entente avec l'ennemi et mettre un terme à l'invasion. Mais face à un fou au pouvoir, peuvent-ils réellement espérer réussir à faire basculer la situation ? 

Avec Montès, Isabelle Bauthian continue d'explorer, ce qu'elle a initié avec ses autres romans des Rhéteurs, à savoir les différents systèmes politiques possibles que l'on peut retrouver dans un état fédéral. Si Anasterry se veut démocratique, Landor est plutôt féodale et Grish-Mère, matriarcale, Montès, elle, est clairement une baronnie martiale. Sa position stratégique ne lui laisse d'ailleurs pas le choix. C'est donc tout naturellement le point de départ idéal pour lancer une guerre de conquête. Or, c'est justement ce qui va servir de toile de fond à ce nouveau récit. Pour Isabelle Bauthian, c'est l'occasion d'orienter son propos vers des pistes de réflexions tournant autour des implications de la guerre autant pour ceux qui la mènent que pour ceux qui la subissent. Ainsi, au fil des rencontres des deux émissaires de Montès, on découvre l'envers du décor notamment à travers les déserteurs ou les exactions perpétrées au nom du conflit. On se frotte à la mort, à la violence et à l’innommable. La guerre, c'est le sacrifice des hommes pour l'extension du pouvoir d'un groupe de décideurs. L'autrice met aussi en perspective l'absurdité des conflits quand ils servent simplement à l'annexion de nouveaux territoires. Sans jamais s'y frotter directement car les héros d'Isabelle Bauthian se déplacent toujours en marge des batailles, l'autrice n'oublie jamais de mettre en exergue ce qui fait l'essence même de la guerre. A contrario, Oditta et Thélban œuvrent pour rétablir la paix. En effet, ils vont chercher à établir un consensus avec les mi-hommes afin d'éviter les milliers de morts inévitables aux conflits armés. A travers leurs actions, l'autrice pose tout un questionnement autour de ce que cette paix impliquerait pour chaque nation de s'ouvrir à l'autre. En effet, si la guerre est remplacée par la paix, est-ce que les frontières doivent être ouvertes afin qu'il y ait une libre circulation des peuples ? De même qu'elle s'interroge sur les conséquences de l'assimilation culturelle. Finalement, est-ce que cette paix ne va pas entraîner la perte de l'identité de l'un ou l'autre peuple pour ne plus faire qu'un ? 

Derrière ce roman d'aventure rocambolesque, Isabelle Bauthian questionne finalement notre propre Histoire, à l'échelle mondiale, à travers toutes ses conquêtes qui l'ont façonnée et continuent de la remodeler à chacune des ruptures que le monde connait. 

Montès, c'est aussi une fantasy piquante car elle est portée par deux héros dont les joutes verbales assurent aux lecteurs un vrai divertissement.

On retrouve un personnage incontournable du cycle des Rhéteurs, Thélban Acremont. Chef de la guilde des épiciers, on le rencontre pour la première fois dans Anasterry. Forte personnalité et esprit retors, on ne résiste pas au charme de Thélban. Idéaliste indécrottable mais qui n'oublie jamais de faire fructifier ses intérêts, il apparaît comme l'émissaire idéal pour cette mission. Homme puissant et influent, Thélban incarne la réussite par sa seule volonté. En lui associant Oditta d'Anoss de Montès, Isabelle Bauthian le martyrise un peu car elle représente tout ce qu'il exècre. D'ailleurs, il le lui fait bien sentir depuis leur enfance. En effet, tous deux sont des ennemis de longue date. Leur lien, ils le doivent à Renaldo de Montès qui est à la fois le meilleur ami de l'un et l'époux de l'autre. 

Oditta, quant à elle, on la juge immédiatement frivole et idiote. Il s'avère qu'elle cache bien son jeu. Déjà, elle s'embarque dans cette aventure pour sauver Montès et sa famille. Il faut donc bien lui reconnaître une âme courageuse. Ensuite, elle a marre de ne pas être prise au sérieux. Or, Thélban va lui donner l'opportunité d'être sur le devant de la scène et de faire ses preuves comme diplomate. Enfin les honneurs qu'elle mérite vont lui revenir, en tout cas, elle l'espère. L'heure de la revanche de celle que l'on surnomme la ministre des frivolités a sonné. Au fur et à mesure du récit, on change totalement notre regard sur ce personnage qui fait figure d'anti-héroïne. En alternant les chapitres entre la quête présente de se rendre en Outre-Civilisation et les souvenirs extraits du passé d'Oditta, l'autrice nous permet de mieux la cerner et donc de mieux l'apprécier

Cet improbable duo donne à cette aventure sa touche de légèreté et d'humour. 

Enfin, voyager en Outre-Civilisation en compagnie d'un personnage profondément humaniste, oriente également le récit vers d'autres thématiques sous-jacentes telles la tolérance et le respect. Même si les a priori ont malheureusement toujours la dent dure.

Avec Montès, Isabelle Bauthian enrichit son univers d'un nouveau titre incontournable d'une fantasy décalée et captivante. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mes avis sur Anasterry et Grish-Mère

Informations

Isabelle Bauthian 
Montès
Tome 3 
Les Rhéteurs
Collection Bad Wolf
978-2-37686-260-4
600 pages
Editions ActuSF

16/04/2021

Thibaud Latil-Nicolas, L'Appel des grands cors, éditions Mnémos

Thibaud Latil-Nicolas, L'Appel des grands cors, éditions Mnémos

L'Appel des grands cors est le troisième volet qui vient mettre un point final à l'époustouflante saga de Thibaud Latil-Nicolas

D'un one shot, ce récit est devenu une trilogie dont chaque tome était attendu par ses lecteurs avec beaucoup de fébrilité. L'impétuosité de cette nouvelle plume de l'Imaginaire y est pour beaucoup car elle nous emporte avec une grande fluidité dans une aventure tumultueuse et captivante. 

Pour un premier cycle, Thibaud Latil-Nicolas a tapé juste et s'est ménagé une entrée en grande pompe dans les littératures de l'Imaginaire. 

Personnellement, ce troisième tome, je l'attendais avec impatience, alors je remercie très chaleureusement Estelle Hamelin et les éditions Mnémos pour ce très plaisant partenariat. 

Dans L'Appel des grands cors, le Bleu-Royaume est tombé sous le joug de l'Enochdil qui a pris l'ascendant sur le jeune roi, Téobane. Reléguant la menace des mélampyges à une simple chimère, Juxs, à la tête d'une puissante armée, espère marcher sur ses voisins pour arrêter les chevauche-brumes et étendre, par la même occasion, le culte d'Enoch. Du côté des chevauche-brumes, ils se sont rapprochés des autres puissants pour les aider à vaincre tous les périls qui les menacent. Or, pendant que les peuples se déchirent, un danger plus grand encore est sur le point de s'abattre sur eux. Celui-ci est constitué de brumes et rien ne semble pouvoir l'arrêter. Sauf peut-être le dernier mage qui a échappé à l'aveuglement religieux mais encore faut-il qu'il atteigne son but ? Rien n'est moins certain au vu du nombre d'ennemis toujours plus importants qui croisent sa route. 

L'Appel des grands cors conclut de manière magistrale cette saga de fantasy épique. Avec ce tome, Thibaud Latil-Nicolas réunit tous les ingrédients inhérents aux grandes épopées héroïques. 

Après avoir fait connaissance avec les personnages tout en prenant conscience de la menace dans Chevauche-brumes, puis avoir goûté aux nombreuses intrigues d'un homme d'Eglise ambitieux dans Les Flots sombres, le temps est venu avec L'Appel des grands cors de voir les camps s'entrechoquer. L'heure de la grande bataille a sonné et le spectacle promet d'être grandiose et meurtrier. 

Pour ce final, la plume de Thibaud Latil-Nicolas se fait héroïque et virevoltante. Il nous narre sans aucune fausse note des scènes de combats incroyablement réalistes. On est emportés avec une grande virtuosité au cœur de la bataille, on tremble pour ces héros auxquels on s'est attachés au fil des romans. Le suspense est à son comble, la tension, insoutenable. Les ennemis tombent autant que les alliés. Très vite, on ne sait plus où donner de la tête et on tourne les pages de plus en plus rapidement sans pouvoir se détacher de ce récit très immersif. 

La puissance de ce cycle réside également dans cette multitude d'intrigues que l'auteur a imaginées. Le volte-face de certains personnages fait changer la direction de l'histoire et nous laisse subjugués devant ces revirements inattendus. 

Thibaud Latil-Nicolas excelle aussi bien en fin tacticien qu'en impitoyable comploteur. 

En outre, que dire de ses personnages. Il y en a tant que tous les lecteurs s'y retrouvent. Si on a passé pas mal de temps en compagnie de cette bande hétéroclite de mercenaires au début du cycle, les autres tomes ont laissé la place à d'autres figures, notamment féminines. Ainsi, on part à la rencontre des clans Doryactes présidés par des femmes. Toutes guerrières et toutes puissantes, elles font montre d'un courage et d'une force exceptionnelle dans ce dernier volet. Autre femme qui fait beaucoup parler d'elle, c'est Emélia, la baronne héritière de Ferbourg qui, malgré son handicap, participe activement à la campagne, quitte à se mettre en première ligne pour redonner du courage aux soldats. Beaucoup des héros de Thibaud Latil-Nicolas évoluent au cours de l'histoire. C'est le cas de Téobane. Influençable et faible du fait de son jeune âge, il mûrit en plein cœur de la bataille et prend de l'assurance pour enfin tenir tête à l'absurdité qui lui dictait jusque-là sa conduite. Enfin, d'autres protagonistes empruntent des chemins étonnants comme ces chevauche-brumes qui choisissent, à l'image de Franc-Caquet, de rentrer dans le rang en devenant un moine pénitent qui a fait vœu d'aider son prochain. 

C'est donc un cycle riche à plus d'un titre, autant pour ses personnages que pour la multitudes d'histoire narrées. 

Avec sa trilogie, Thibaud Latil-Nicolas nous offre un premier cycle d'une grand maturité incroyablement immersif. 

Après une entrée si remarquée, on lui souhaite de poursuivre sa carrière d'écrivain et de continuer à nous enchanter avec son imaginaire si foisonnant. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur Chevauche-brumes et Les Flots sombres

Informations

Sur la blogosphère, lisez les avis de L'Ours Inculte, Ogrimoire et de Yuyine

Thibaud Latil-Nicolas
L'Appel des grands cors
978-2-35408-807-1
564 pages
éditions Mnémos