L'influence du "gaming" à la littérature

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24/01/2016

Oliver Bowden, Brotherhood, Assassin’s Creed, tome 3

Ezio Auditore rempile pour de nouvelles épreuves car il est loin d’en avoir fini avec les Borgia. Toujours aussi puissants, toujours aussi néfastes, que ce soient le père ou les enfants, la famille Borgia est un furoncle pour Rome et l’Italie en général. En effet, la ville a perdu de sa magnificence. Sous l’influence de cette engeance plutôt maléfique, la cité se dégrade, même la papauté est corrompue. Rappelons que depuis 1499, les Borgia, père et fils, ont pris le pouvoir dans les Etats pontificaux en commençant par se débarrasser des dirigeants en place. Cesare est nommé gonfalonier de l’armée du pape et se lance dans une campagne de reconquêtes. Seule Caterina Sforza lui tient tête jusqu’à ce qu’elle soit vaincue. C’est le moment pour Ezio d’y mettre un terme d’autant qu’il a une vengeance à accomplir. N’oublions pas que les Borgia ont assassiné trop de membres de sa famille, pour notre assassin, le moment est donc venu de leur réclamer son dû.

Voici un tome charnière du cycle d’Assassin’s Creed qui nous dévoile les rouages internes de cette confrérie des assassins. Grâce à Oliver Bowden, nous devenons ainsi les spectateurs privilégiés d’un univers incroyable et effrayant. Brotherhood, c’est l’union d’hommes et de femmes solidaires, courageux qui consacrent leur vie à combattre les crimes des puissants.

Ce roman, c’est aussi l’occasion de passer plus de temps avec Ezio Auditore. Quel homme ! Plus qu’un tueur, c’est un vrai héros que met en scène l’auteur. Il est vrai qu’Ezio a la maturité à ce moment de l’histoire. Plus âgé certes, mais il n’en demeure pas moins toujours très alerte. Néanmoins, c’est également un homme meurtri par son passé; un homme à qui le repos n’est pas encore accordé. En effet, de lourdes responsabilités pèsent sur ses épaules, et il ne peut se retirer et abandonner ses frères d’arme à leurs missions.

Du jeu d’action, on passe, grâce à ce féru d’histoire, à un roman d’aventure de grande qualité. Oliver Bowden réussit un tour de force avec cette série de romans car il donne aussi bien envie de se lancer dans une partie de jeu vidéo que de se replonger dans l’Histoire de l’Italie.

Fantasy à la carte

17/01/2016

Oliver Bowden, Renaissance, Assassin’s Creed, tome 2

Le second volet d’Assassin’s Creed nous fait faire un bond de presque trois siècles dans l’Histoire puisque nous nous trouvons à présent au temps de la Renaissance, en 1476. A peine âgé de 17 ans, le jeune Ezio Auditore est insouciant et aventureux. Issu de l’une des familles de banquiers les plus puissantes de Florence, il passe ses nuits avec son frère à courir l’aventure dans les rues de la ville. Sa vie bascule le jour où son père et ses frères sont condamnés à mort pour trahison. Aveuglé par une haine féroce et animé d’un puissant désir de vengeance, Ezio jure devant la dépouille des siens qu’il n’aura de cesse de traquer les responsables de ces crimes odieux. 

Ainsi, commence pour ce jeune héros, voué à mener une vie bien souvent solitaire, une quête de vengeance. De plus, en fouillant dans le bureau de son père, il fera d’étonnantes découvertes sur son héritage qui lui seront au demeurant bien utiles pour accomplir sa destinée. Il faut croire que son père avait des secrets, et qu’il n’était pas un simple financier au vu des armes et autres documents trouvés dans une chambre secrète. C’est son oncle Mario qui lui lèvera le voile sur ses origines, sur l’histoire de sa famille et  celle de ses ancêtres. 

Renaissance, c’est un précieux témoignage qui nous fait pénétrer dans l’intimité d’un jeune homme appelé à devenir un assassin. Ce roman est donc l’occasion de voir comment on le devient ? Au fur et à mesure de ses exploits, Ezio prouve à ses compères qu’il est le digne héritier de son aïeul Altair. Son but est de mettre un terme à la corruption qui souille les villes les plus influentes d’Italie comme Florence, Venise ou Milan. Au final, il cherche à libérer le peuple italien du joug des tyrans. Pour y réussir, il sera bien évidemment soutenu par de nombreux frères d’armes comme son oncle mais il trouvera sur sa route des esprits éclairés qui l’aideront dans sa quête. Ainsi, ce récit uchronique nous fait côtoyer de grands hommes qui ont marqué leur époque comme Léonard de Vinci et Nicolas Machiavel qui deviendront d’ailleurs de précieux amis pour Ezio. 

C’est dans une grande épopée historique que l’auteur Oliver Bowden nous entraîne. Ainsi, au départ du récit on plonge en plein cœur de la conjuration des Pazzi, qui en 1478 ont fomenté un complot contre les Medicis et notamment une tentative de meurtre sur la personne de Laurent de Médicis. Dans ce roman, ce complot échoue d’ailleurs grâce à l’intervention d’Ezio Auditore devenu un tueur pour la Guilde des Assassins. Un tome qui ira jusqu’à nous faire pénétrer dans les coulisses du Vatican car même le royaume de la sainteté par excellence semble être aussi touché par la corruption et la débauche. Mais en nommant Rodrigo Borgia pape en 1492 qui prend le nom d’Alexandre VI, les choses ne pouvaient pas tourner autrement. C’est sans compter Ezio qui malgré les années continue d’incarner la liberté et la justice.

Un roman palpitant d’un bout à l’autre qui nous montre combien le jeu vidéo peut donner naissance à de riches histoires.

Fantasy à la carte

10/01/2016

Claudine Glot et Marc Nagels, Lancelot ou l’âge d’or de la Table Ronde, La Légende Arthurienne, tome 2

Pour ce second volet, Claudine Glot et Marc Nagels se sont concentrés pour beaucoup sur Lancelot car comment ne pas évoquer ce personnage emblématique des légendes arthuriennes. Il est clairement un pilier de ces textes celtiques.

Mais pourquoi est-il si fascinant, d’ailleurs ?

Déjà sa naissance est spectaculaire. Fils de roi, il est adopté par la fée Viviane alors qu’il n’était qu’un nourrisson. D’ailleurs, il ne prend connaissance de ses origines qu’au moment où il quittera le monde féerique de Viviane pour rejoindre l’autre monde, celui de la cour d’Arthur. 

Lancelot est un personnage remarquable. Il est impétueux, fougueux mais est tout aussi prompt à la colère ou à la violence parfois. Seule Guenièvre est capable de le canaliser et de l’apaiser. Son caractère entier, il le prouve notamment par cet amour inconditionnel qu’il voue à la reine. En effet, au premier regard il est tombé sous son charme, comme la reine envers lui, du reste. Un amour sans faille. Il ne s’est jamais détourné d’elle, même au fond du Val sans Retour lorsque Morgane usait de ses charmes sur lui. Il lui restera éternellement fidèle. Au contraire d’Arthur qui va à un moment de leur vie commune se laisser ensorceler par une autre femme, au point de mettre en danger le royaume tout entier.

Dans cet opus, on suit tour à tour les quêtes de Lancelot, d’Yvain, de Gauvain, de Tor…. Et bien d’autres encore. Tous ces chevaliers qui ont marqué la légendaire Table Ronde. Claudine Glot et Marc Nagels nous dressent un balai incessant de prouesses chevaleresques, de combats singuliers, de tournois qu’on ressort tout étourdi de cette lecture. 

Néanmoins, des grands moments se détachent de ce dense récit. Ils viennent apporter une pause divertissante et bienvenue à l'histoire. La concrétisation de l’amour entre Lancelot et Guenièvre est un exemple. Après avoir joué au chat et à la souris, ils finissent par se déclarer leur flamme, et consommer leur amour dans une relation adultère et sulfureuse. Finalement même si Morgane dénonce le parjure de Guenièvre, Arthur n’en tient pas compte. Il reste digne et fait comme s’il ne savait rien. Peut-être parce qu’il ne veut pas mettre en péril l’unité de la Table Ronde. Car Guenièvre joue un rôle important auprès de ses preux. Il ne peut la punir ou la chasser sans entraîner de graves conséquences pour son royaume. Claudine Glot et Marc Nagels mettent en exergue ici l’importance de la femme dans les textes celtiques. Elle n’est pas seulement une motivation pour les hommes de partir en quête de sauver ces dames en détresse. Bien au contraire, avec Guenièvre, on voit l’influence qu’elle exerce sur les hommes. Elle est leur conseillère, presque leur guide. Pour preuve, Guenièvre est présente lors des grandes batailles, insufflant ainsi force et courage aux chevaliers.

Autre moment fort de ce récit de La Légende Arthurienne est l’épisode dans lequel Lancelot se retrouve prisonnier dans le Val sans Retour. L’honneur revient encore à une femme, et plus précisément à Morgane, la sœur d’Arthur. On y découvre une femme isolée, aigrie, malheureuse qui a besoin de piéger des chevaliers pour animer sa propre cour. Même si elle est une puissante enchanteresse grâce à Merlin, elle n’en demeure pas moins une femme insatisfaite. Elle n’a jamais accepté son exil forcé au fin fond de ce val. Elle tient Guenièvre responsable de cet état. Par dépit et jalousie, elle va tout faire pour que Lancelot se perdre. En vain. Finalement, cette Morgane, toute magicienne qu’elle est, est habitée par des sentiments et des ressentiments très humains.

Ainsi, en redonnant vie aux histoires merveilleuses des grands héros de la Table Ronde, Claudine Glot et Marc Nagels apparaissent comme deux enchanteurs qui nous dessinent avec un grand réalisme le portrait d’hommes et de femmes mythiques aux traits de caractères finalement très humains.

Fantasy à la carte

03/01/2016

Oliver Bowden, La Croisade Secrète, Assassin’s Creed, tome 1

La Croisade Secrète d’Oliver Bowden inaugure une autre manière d’aborder la fantasy. Il est de notoriété que la littérature fantasy puise dans tous les genres pour offrir des récits épiques dépaysants. Avec Assassin’s Creed, c’est l’univers du jeu vidéo qui est à l’honneur et qui a inspiré ici l’auteur.

Comme le jeu développé par Ubisoft, il raconte le destin d’Altair, un assassin agissant en Terre sainte pour le compte de la Guilde des Assassins. Néanmoins, alors que le jeu vidéo alterne de longues phases en Terre sainte et de courtes séquences dans un XXIe siècle plutôt futuriste, le roman, lui, se sert de souvenirs échangés par deux disciples d'Altair pour connaître l'histoire de ce grand héros du passé. Tombé en disgrâce au début de l'action, celui-ci doit effectuer plusieurs missions afin de redorer son blason auprès de son maître et de ses pairs. Assassin professionnel oblige, le voilà chargé par Al Mualim de tuer des hommes puissants aux quatre coins de la Terre sainte. Pour Altair, sa mission est légitime car ces hommes sont corrompus et font du mal au peuple musulman. 

Même si Altair et ses compagnons sont des tueurs, ils agissent selon un code d’honneur. Ils ne tuent pas à tort et à travers. Ils sont là pour faire régner l’ordre et protéger les innocents. Cette fonction d’assassin implique de lourdes contreparties comme la solitude. Ainsi, La Dernière Croisade s’inscrit dans la lignée des récits d’heroic fantasy contant la destinée de héros solitaires dans un environnement où la magie est très présente. Celle-ci se manifeste par des artefacts merveilleux. Ici, ils prennent la forme de reliques sacrées appelées les Fragments d’Eden. Ce sont des objets précieux et puissants qui sont convoités aussi bien par la Confrérie des Assassins que par l’Ordre des Templiers. Dans La Croisade Secrète, un premier Fragment d’Eden est mis à jour, celui de la Pomme d’Eden caché dans un coffre surnommé l’Arche d’Alliance dissimulé dans le Temple de Salomon. On notera la mention de la célèbre Arche qui selon la Bible renfermerait les tables de la Loi données à Moïse sur le mont Sinaï. 
Dès lors, l’univers d’Assassin’s Creed prend une tournure uchronique en axant l’histoire pour ce premier tome au temps de la troisième croisade de 1189 à 1192. Cette illustre période historique est marquée par une série d’expéditions menées par l’empereur germanique Frédéric Barberousse, le roi de France Philippe Auguste et le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion en Terre sainte afin de reprendre à Saladin les principaux lieux de culte dont Jérusalem. Ce dirigeant est d’ailleurs resté célèbre pour son rôle d’instigateur de la reconquête de Jérusalem par les musulmans en 1187. C’est donc dans ce contexte qu’Altair évolue. Il côtoie tantôt les croisés infidèles tantôt les résistants musulmans. Mais, de mission en mission, le doute finit par s’installer dans l’esprit de notre assassin. Est-ce qu’il ne se trompe d’ennemis ? N’est-il pas un simple pion dont se sert Al Mualim pour atteindre un objectif encore obscur pour lui ? Bien que l’avenir demeure très mystérieux, ses actes le conduisent jusqu’au célèbre Robert IV de Sablé, onzième maître de l’Ordre du Temple. Un affrontement qui sera aussi sanglant que salutaire mais qui aura le mérite de lui ouvrir les yeux sur ce qui se trame réellement en Terre sainte. 

Une belle aventure fantasy signée par un auteur qui se fait grand historien.

Fantasy à la carte

27/12/2015

Claudine Glot et Marc Nagels, Excalibur ou l’aurore du royaume, La légende arthurienne, tome 1

C’est sous la plume de deux passionnés de mythologies celtiques que renaît ici la légende arthurienne. Le mythe du roi Arthur et de ses preux chevaliers semblent être un puit d’inspiration sans fond à tout point de vue. De toute évidence, ces légendes demeurent encore et à jamais des histoires éternelles et intemporelles. Mais ce que Claudine Glot, fondatrice du Centre de l’imaginaire arthurien et l’auteur Marc Nagels ont voulu rappeler ici est l’influence non négligeable que celles-ci ont exercé sur notre fantasy moderne. En effet, la littérature fantasy s’est clairement nourrie de ce merveilleux, que l’on qualifierait aujourd’hui de magie. On peut donc dire sans se tromper qu’elle est son berceau nourricier. 

Pour ce nouveau cycle arthurien, les deux auteurs sont restés fidèles aux textes anciens relatant les hauts faits de ce roi exceptionnel. Ainsi, comme ils le précisent à la fin de l’avant-propos, ils s’inspirent notamment de L’Histoire des rois de Bretagne et de La Vie de Merlin de Geoffroy de Monmouth pour nous conter ces histoires chevaleresques du temps jadis. 

Bien entendu avant de parler de ce roi au destin hors-norme, ils reviennent entre autre sur son père Uther Pendragon. Sous le règne d’Uther, la Bretagne est encore soumise aux invasions des Saxons qu’il combat avec succès grâce à quelques alliés. L’épisode le plus remarquable à signaler sur la vie de ce souverain est son amour pour Igerne, la femme de l’un de ses proches Gorlois, le duc de Cornouailles. Voyant cet amour le consumer littéralement, Merlin lui permet grâce à l’un de ses enchantements d’approcher Igerne sous les traits du duc. De cette nuit d’amour naîtra Arthur. Naissance extraordinaire pour un homme appelé à devenir le roi le plus célèbre de Bretagne. Ce sera donc le premier acte de magie dont use l’enchanteur Merlin. Mais pourquoi a-t-il intercédé à la demande d’Uther ? Parce que Merlin est un devin. Il a prédit la venue d’un monarque à la destinée extraordinaire. De ce jour, il marchera continuellement dans les pas d’Arthur afin de le guider au mieux dans ses actes. D’ailleurs, Arthur se distingue par de grandes prouesses dès l’adolescence. La plus marquante de toutes qui le fera entrer dans la légende est bien évidemment lorsqu’il a retiré l’épée d’Uther du rocher. Par ce geste, Arthur prouve qu’il est bien le fils d’Uther Pendragon, et devient roi de Bretagne à son tour. Après son couronnement Arthur Pendragon n’aura de cesse que de s’unir avec les royaumes voisins pour mettre un terme aux invasions saxonnes, instaurer une paix durable et créer une unité nationale. 

A travers les légendes d’Arthur et de la Table Ronde, on remarque que la quête menée par le héros est fondamentale aux récits arthuriens, qu’elle soit menée par Arthur lui-même ou par l’un de ses preux d’ailleurs, tout comme elle l’est dans chaque récit de fantasy qui se respecte. 

Magie, enchantement, charme, peu importe le nom qu’on lui donne, ces exploits prodigieux sont essentiels pour que la fantasy prenne vie. Cette magie se manifeste à travers des objets ou des hommes qui en sont dotés et leur permet de réaliser des prodiges et d’atteindre ainsi leur but.

Enfin la lutte entre le Bien et le Mal demeure l’élément le plus emblématique de ces textes médiévaux ou fantasy. Ainsi, Arthur et ses chevaliers n’hésitent pas à défendre les femmes en détresse, à combattre des créatures surnaturelles ignobles comme l’hydre ou animaux sauvages assoiffés de sang. En fait, Arthur met tout en œuvre pour tenir les siens sains et saufs comme le ferait n’importe quel héros de fantasy moderne. 

A la lumière de la lecture de ce premier tome de La Légende arthurienne, on retrouve donc des éléments communs qui viennent alimenter le corpus fantasy actuel. Ainsi, lorsque l’on parle de Matière de Bretagne, on peut tout aussi bien parler de fantasy arthurienne qui apparaît comme un sous genre fantasy à part entière et qui, si on en croit les rayonnages des littératures de l’Imaginaire dans les librairies, a inspiré plus d’un auteur.
Fantasy à la carte