L'influence du "gaming" à la littérature

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09/10/2020

Florian Paret, Le Maître Horloger, tome 1, La Complainte des Ombres, éditions L'Alchimiste

Florian Paret, Le Maître Horloger, tome 1,
  La Complainte des Ombres, éditions L'Alchimiste

En ce Mois de l'Imaginaire, les éditions L'Alchimiste accueillent dans leur catalogue une nouvelle plume française de fantasyAvec La Complainte des Ombres, Florian Paret signe un premier récit très prometteur. 

D'une nouvelle, ce récit est devenu un diptyque dont le premier volet paraît le 13 octobre prochain. Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Alchimiste, je remercie Lionel Cruzille pour l'envoi de ce nouveau service de presse. 

On y suit les tribulations d'un jeune garçon répondant au nom d'Elvin Rivière. Fils d'horloger, Elvin est un être solitaire qui souffre de la disparition prématurée de sa mère et vit mal sa scolarisation tardive. Il ne s'intègre pas avec les autres enfants qui lui font bien ressentir sa différence. Mais tout change avec l'arrivée d'un nouvel élève, et la seconde ombre qu'il possède y est sans doute pour quelque chose. Cela fait de lui un être à part comme Elvin l'est lui-même dans le regard des autres. En tout cas, une amitié se noue très vite entre ces deux-là qui deviennent inséparables. Ce n'est qu'en grandissant qu'Elvin apprend que son père n'est pas un simple horloger. En effet, il est détenteur d'une magie qui se transmet de père en fils. A lui maintenant d'accepter ou non son étrange héritage.

Avec La Complainte des OmbresFlorian Paret se fait l'auteur d'un récit sombre et merveilleux qui met en lumière un univers teinté de fantasy. La magie existe même si peu d'élus y ont accès. Les maîtres horlogers, par exemple, possèdent la magie du temps. Grâce à des mots de pouvoir, ils peuvent ainsi remonter le temps pour revivre des souvenirs. Mais comme toute magie, elle a un prix et ne doit donc jamais servir à un usage personnel, mais seulement être utilisé pour le bien d'autrui.  En outre, l'auteur s'est également réapproprié ici l’archétype de la sorcière puisque l'on rencontre aussi des femmes qui mettent leurs connaissances des plantes au service du soin. Elles disposent également de pouvoirs dont elles se servent lors de la fabrication de potions et autres onguents. L'autre forme de magie que l'on croise entre ces lignes est celle des ombres, dont on ne sait finalement que peu de choses, et pour cause : elle est l'un des enjeux de ce roman comme l'atteste son titre. D'ailleurs, le meilleur ami d'Elvin est lui-même un tailleur d'ombres comme son père le fut avant lui. A la demande de clients fortunés, il leur coud donc une ombre qu'il a préalablement taillé. Cette ombre devient ainsi un compagnon et un protecteur, fidèle jusque dans la mort de son maître. On prend vite conscience que cette magie est puissante et dangereuse même si ses dangers restent encore méconnus pour la plupart des gens. 

Relaté à la première personne, ce récit nous attache aux pas d'Elvin Rivière. C'est un garçon fragile, marquée par la vie et la mort. On l'apprécie dès les premiers chapitres. Malmené par les autres, il s'épanouit aux côtés d'amis rares et précieux. On plonge à pieds joints dans son histoire jusqu'à partager ses joies et sa détresse. Elvin, c'est le portrait de monsieur tout le monde. Il n'y a rien d'héroïque dans sa personnalité mais c'est un garçon déterminé qui se laisse submerger par ses émotions au point qu'elles vont l'entraîner à sa perte. Mais peut-on réellement influer sur son destin ? 

A travers lui, l'auteur introduit un élément narratif récurrent des livres de fantasy : la quête initiatique. Si dans un premier temps, il s'agit surtout pour Elvin de trouver sa place dans la société, cette quête prend un sens plus grave par la suite car c'est sur un chemin tortueux qu'il s'engage. Dépassé par ses pouvoirs, aveuglé par le chagrin, il cherche à atteindre l'immortalité, mais à ce jeu-là, il pourrait surtout s'y brûler les ailes. Si le début du roman est surtout consacré à faire connaissance avec cet étonnant héros, l'auteur accélère le rythme dans la seconde moitié du livre pour nous laisser sur un final presque insoutenable.

Pour un premier récit, Florian Paret s'avère être un bon conteur. On se laisse facilement charmer par sa fantasy. Maintenant que l'intrigue est posée, je dois avouer que je suis impatiente de lire la suite et de découvrir son dénouement. Affaire à suivre. 

Fantasy à la Carte

Florian Paret
Le Maître Horloger
Tome 1
La Complainte des Ombres
Editions L'Alchimiste

06/10/2020

Loïc Le Borgne, Ghost Love, collection Naos, éditions ActuSF

Loïc Le Borgne, Ghost Love, collection Naos, éditions ActuSF

Après avoir frissonné en lisant Je Suis Ta Nuit, j'enchaîne sur un autre roman de Loïc Le Borgne, Ghost Love, qui partage un univers tout aussi sombre. Réédité au début du mois de septembre par le label Naos, je suis ravie de le découvrir aujourd'hui. Je remercie d'ailleurs Jérôme Vincent pour ce nouveau partenariat. 

Ghost Love met en scène un jeune homme prénommé Mathis et âgé de 18 ans. Pigiste le temps de l'été pour un journal local, il aspire à devenir journaliste mais rêve en secret de percer en tant qu'écrivain. Avec ses amis, baba cool et écolo, ils militent pour empêcher qu'un château en ruines et son parc soient transformés en parc de loisirs. En occupant les lieux, ils espèrent ainsi empêcher le maire de vendre le domaine à un promoteur cupide. Tous comptent sur Mathis pour qu'il relaie leur action via son journal. C'est là qu'il rencontre la distinguée et très secrète Eléanore, et en tombe aussitôt amoureux. Mais la belle se dérobe à lui et l'entraîne bien vite dans un tourbillon de péripéties qui vont bientôt le dépasser...

Dans Ghost Love, Loïc Le Borgne nous immerge dans un récit fantastique mêlant romance et mystère. Sur fond de militantisme pour la sauvegarde d'un patrimoine menacé, l'auteur évoque une femme qui l'a beaucoup marqué. Au fil de ses promenades au château du Haut-Buisson, à Cherré, dans la Sarthe, Loïc Le Borgne a développé une véritable fascination pour Alice Heine, princesse de Monaco qui a vécu en ces lieux au début du XXe siècle. A force de se documenter sur cette femme exceptionnelle qui épousa en seconde noce le prince Albert Ier de Monaco, avant d'être répudié, il a eu envie d'en faire une héroïne de l'un de ses romans. Elle est notamment connue pour avoir tenu salon et fréquenté les esprits les plus brillants parmi les artistes et les écrivains de son époque. Fascinante pour plus d'un homme, elle inspira même le personnage de la princesse de Luxembourg à Marcel Proust pour son livre A la recherche du temps perdu. Or, c'est bien cette femme que l'auteur met en lumière dans Ghost Love. Alice y est solaire et attire les gens. Il nous la décrit comme une femme intrépide et courageuse qui fait naître chez Mathis des sentiments amoureux et un esprit chevaleresque le poussant à lui venir en aide. 

A travers elle et son domaine, il ancre sa fiction dans le réel puisqu'elle prend cadre dans des lieux existants et refait vivre une époque oubliée à travers des personnalités du passé. On prend plaisir ici de retrouver certains acteurs du romantisme comme Victor Hugo, Arthur Rimbaud ou encore Marcel Proust. Patrimoine historique ou littéraire, Loïc Le Borgne nous rappelle ici notre devoir de mémoire vis à vis des générations passées qui nous ont laissé un héritage à préserver. Il met en avant ici l'importance des lieux et des objets car ils restent notre ultime lien avec ce passé. N'oublions pas que l'on apprend beaucoup de nos anciens, leurs expériences sont une source d'inspiration pour les générations futures. L'auteur fait de ce lieu, un personnage à part entière. On s'y attache au même titre qu'à ses personnages. Il nous donne même l'envie d'aller le voir de nos propres yeux.

Personnellement, j'ai beaucoup aimé le duo que forment Mathis et Alice de Monaco. Leur histoire est touchante.

Mathis est un jeune homme attachant. Traumatisé par la mort prématurée de son frère aîné, dont il se sent responsable, il n'hésite pas à braver le danger malgré ses peurs, quitte à se frotter à la mort elle-même. Justement, c'est une thématique qui imprègne beaucoup ce texte puisqu'elle obsède le personnage principal de Ghost Love. Néanmoins, cela ne rend pas pour autant ce livre morbide, bien au contraire. Portés par des héros lumineux, le roman nous entraîne dans une belle histoire qui ne manque pas de féerie. 

Ghost Love est riche d'une intrigue captivante où les vivants et les morts se croisent et entremêlent leur destin.

Avec son ambiance surannée, ce roman m'a transportée dans un ailleurs que je ne suis pas prête d'oublier. 

Fantasy à la Carte

Lire aussi mon avis sur Je Suis Ta Nuit du même auteur. 

Informations

Loïc Le Borgne
Ghost Love
Collection Naos
317 pages
978-2-37686-274-1
Editions ActuSF

02/10/2020

Thomas C. Durand, Premier Souffle, tome 1, Les Énigmes de L'Aube, collection Bad Wold, éditions ActuSF

Thomas C. Durand, Premier Souffle, tome 1, Les Énigmes de L'Aube, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Pour la rentrée de la fantasy, les éditions ActuSF mettent à l'honneur la plume rafraîchissante de Thomas C. Durand. Quoi de mieux pour chasser la morosité ambiante que de rire un bon coup en lisant un récit truculent. Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie d'ailleurs Jérôme Vincent pour cette délicieuse lecture. 

Premier Souffle nous ouvre les portes d'un cycle aussi prometteur que drôle. Avec Thomas C. Durand, le ton est donné dès les premières lignes et l'action démarre sous des chapeaux de roue. On y fait la connaissance d'Anyelle, une enfant âgée de neuf ans. Elle vit dans une cabane au milieu de la forêt avec son père Elliort et sa belle-mère Cynora. Insouciante et joyeuse, elle voue une grand admiration à son paternel. C'est un anti-bûcheron, c'est à dire qu'il a la capacité de faire repousser les arbres après le passage des bûcherons. En effet, dans le royaume où vit la petite Anyelle, la magie existe et la plupart des gens ont un don. Un jour alors que son père peine dans sa tâche, elle ressent l'envie de lui venir en aide. C'est alors que l'impossible survint car non seulement l'arbre dont Elliort s'occupait a eu une repousse fulgurante mais toute la cité s'est vue recouverte d'une végétation aussi luxuriante qu'envahissante. Ainsi donc, Anyelle a elle aussi un don, celui de renforcer les dons des autres. C'est un grand pouvoir qu'elle va devoir apprendre à maîtriser. Il lui faut donc une école de magie. Or, ça tombe bien, il y en a une pas très loin de chez elle. Le seul petit problème est qu'elle n'accepte pas les filles enfin cela reste à voir...

Dans Les Énigmes de L'Aube, Thomas C. Durand nous immerge dans un récit d'initiation mettant en scène une jeune héroïne en quête d'apprentissage. Ainsi, il revisite la thématique de l'école de magie chargée de former la nouvelle génération des futurs magiciens. Mais, avec Thomas C. Durand, n'imaginez pas vous retrouver à Poudlard car il se sent plus proche de Terry Pratchett que de J.K. Rowling. Même si personnellement, je vois dans son livre quelques clins d’œil à Harry Potter, comme par exemple, avec le placard qui sert de chambre à Anyelle à l'école ou les matchs de Metaball qui mettent tout le monde en émoi tel un certain Quidditch. Le moins que l'on puisse dire sur l'école qu'intègre Anyelle est qu'elle est atypique. Non pas à cause de ses enseignements magiques mais plutôt en raison de la désinvolture des professeurs ou du néant dispensé à ces différents cours aux intitulés pourtant si prometteurs. Pour les premières années, il ne s'agit donc pas d'apprendre à appréhender leur don pour mieux le comprendre et le maîtriser. Anyelle et ses camarades enchaînent donc des cours souvent abscons. Pire encore, pour Anyelle elle-même, qui est considérée comme une anomalie par quasiment tout le corps professoral puisqu'elle est de sexe féminin, or aucune femme n'a jamais intégrée une école de magie. En but au sexisme que l'auteur exagère à dessein et à l'absurdité des enseignements, la jeune fille aura fort à faire pour s'imposer dans ce monde mesquin et intolérant. Avec beaucoup d'humour, Thomas C. Durand met en lumière le meilleur et le pire de l'humain. Ainsi, la gentillesse et l'amitié se frottent allègrement à la méchanceté et à la bêtise dans ce premier tome. 

D'autre part, l'auteur a également un mot sur l'environnement et la protection de la nature. Déjà, rappelons que le père d'Anyelle a un don de préservation et de protection de la forêt. D'ailleurs, dans ce livre, la forêt se rebelle comme le fait avec nous, depuis quelques années, la planète terre à travers le réchauffement climatique. A force d'abuser de la nature, elle finit par faire payer l'addition. 

Dans Les Énigmes de L'Aube, on pénètre un univers verdoyant et magique où l'on sourit du ridicule de certaines situations et où l'on s'émerveille des lieux extraordinaires que l'on foule en compagnie d'Anyelle. 

Curieuse et tenace, le personnage principal de Thomas C. Durant est une jeune fille très attachante. Elle porte l'aventure avec pugnacité. On apprécie sa langue bien pendue et son caractère bien trempé qui égayent ce récit d'une bonne dose de légèreté. 

Avec Les Énigmes de L'Aube, Thomas C. Durand se fait l'auteur d'une fantasy cocasse. C'est un récit tout simplement jouissif ! 

Fantasy à la Carte

Informations

Thomas C. Durand
Premier Souffle
Tome 1
Les Énigmes de L'Aube
Collection Bad Wolf
404 pages
978-2-37686-304-5
Editions ActuSF