Avec L'Ensorceleur des choses menues, Régis Goddyn n'en est pas à son premier coup d'essai. En 2013, il signe un premier roman Le Sang des 7 rois qui lui assure un succès immédiat.
Explorateur d'un genre aux limites continuellement repoussées, il revient ici avec un roman de fantasy sans épées ni chevaux comme l'annonce les éditions L'Atalante dans la quatrième de couverture. Je remercie d'ailleurs la maison d'édition pour ce partenariat. C'est un plaisir que de mettre à l'honneur d'aussi bonne plume.
Bien loin des sentiers battus, Régis Goddyn n'avait pas envie de nous raconter une énième histoire de jeunes gens prenant les armes contre une terrible menace afin de sauver le monde. Non, ici, il s'est attelé à écrire un récit très différent.
Dans L'ensorceleur des choses menues, on entre dans l'univers de Régis Goddyn en suivant un duo de personnages étonnants, formé d'un vieil ensorceleur et d'une toute jeune fille. Ensorceleur de choses menues à la retraite, Barnabéüs Grodalem n'aspire qu'à s'enfermer dans son cabinet d'écriture pour rédiger ses mémoires. L'âge se faisant bien sentir dans ses articulations, il ne se sent plus la force d'arpenter les rues de Kiomar-Balatok pour vendre ses petits services d'ensorceleur. Mais voilà qu'une jeune fille du nom de Prune force sa porte pour solliciter son aide. Elle souhaiterait qu'il l'accompagne dans sa quête pour retrouver son promis parti avec son père à la cité blanche des mages d'Agraam-Dilith afin d'en devenir un lui-même. Seulement aucun des deux n'est revenu de l'expédition. Une situation inacceptable pour Prune qui se retrouve ainsi sans avenir. Alors faisant fi des traditions de sa caste et de la loi, Barnabéüs enfreint un peu les règles et décide tout de même de suivre la jeune femme dans sa mission désespérée. Or, comme seuls les mages ont l'autorisation de voyager, ils sont très rapidement pris en chasse par des spadassins, bien déterminés à les arrêter. Embarqué dans une course-poursuite dont l'issue est plus qu'incertaine, Barnabéüs regrettera-t-il son choix d'être parti à la recherche de cette chimère ?
Amateur du genre, Régis Goddyn rencontre d'abord la fantasy en la lisant puis se lance tout naturellement dans l'écriture de ses propres histoires inscrivant de grands destins héroïques dans des univers imaginaires très marqués. La plume de ce jeune auteur de fantasy est une invitation au voyage et au dépaysement. Pourquoi dépaysant, d'ailleurs ? Dans L'ensorceleur des choses menues, il choisit tout de même un vieillard pour héros. Improbable personnage qui suit poussivement la jeunesse de Prune. Il me rappelle Philippe Gardeval, un très célèbre Sénéchal (héros de Grégory Da Rosa qui lui aussi n'avait pas hésité à donner la parole à un homme vieillissant). L'auteur fait d'ailleurs constamment référence à cette dualité vieillesse/jeunesse. Remise en question perpétuelle de la légitimité de Barnabéüs d'être là aux côtés de Prune pour la protéger. Après tout, il est gros, ses articulations sont usées si bien que son image de protecteur en prend un sacré coup. Bref, il manque sérieusement de crédibilité. Et pourtant, il est détenteur d'un grand savoir. Arrivé à un âge aussi vénérable avec une carrière d'ensorceleur derrière lui, il dispose de plus d'un atout dans son sac dont Prune compte bien se servir. On comprend d'autant mieux les motivations de cette dernière. En effet, si pour une raison ou une autre le fiancé n'était pas retrouvé, elle pourrait s'assurer un avenir en devenant ensorceleuse à son tour - du moins si, Barnabéüs daignait lui enseigner les sorts qu'il connait. Etant vieux et sans descendance, le vieil ensorceleur apprécierait sans doute d'en faire son apprentie. Voici l'autre thématique largement explorée par l'auteur : celle de la transmission d'un héritage afin qu'il soit préservé dans le temps. Préservation et conservation, voilà deux sujets auxquels notre société moderne est attachée.
Auteur d'une fantasy plus intimiste, calquée sur le modèle du huis clos, Régis Goddyn n'en oublie pas de nous rappeler les choses qui comptent, tout en nous entraînant aux confins d'une aventure pavée de mystères.
L'ensorceleur des choses menues n'en demeure pas moins un roman prenant dans lequel ses personnages sont en perpétuelle évolution. Ne vous y trompez pas, Régis Goddyn joue aussi ici les ensorceleurs et vous promet une lecture surprenante à la conclusion à peine croyable.
Fantasy à la carte
Régis Goddyn
L'ensorceleur des choses menues
Editions L'Atalante
Han, ça a l'air top ça !
RépondreSupprimerC'est un one-shot ?
Salut Dup, je te confirme un très bon livre. Ça se présente comme tel mais ce sera à vérifier auprès de l'auteur lui-même. Parfois on a des surprises.
RépondreSupprimerBonjour, et merci pour cette chronique de ce livre auquel j'ai consacré deux ans et beaucoup de passion. Je confirme qu'il s'agit d'un one shot.
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