L'influence du "gaming" à la littérature

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28/02/2023

Guy Gavriel Kay, Comme un diamant dans ma mémoire, éditions L'Atalante

Guy Gavriel Kay, Comme un diamant dans ma mémoire, éditions L'Atalante 

2023 marque le retour de Guy Gavriel Kay au catalogue des éditions L'Atalante. Alors que son dernier roman, Les Derniers Feux du Soleil, publié en 2021, nous immergeait en pleine période viking, son nouveau livre, lui, prend plutôt cadre à la Renaissance. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé : 

Après l'assassinat du comte de Mylasie et la mort de son mentor, Guidanio Cerra est obligé de fuir sous peine de connaître le même sort. Nul ne le sait mais il a aidé la meurtrière à s'échapper. Une rencontre qui va le marquer et en entraîner d'autres. En effet, il va croiser la route de deux hommes puissants, Folco Cino d'Arcosi et Teobaldo Monticola de Remigio qui vont impulser une nouvelle direction à sa vie. Ainsi, au milieu de ces hommes et de ces femmes de pouvoir à la tête des plus importantes Cités États de la Batiare, le jeune Danino va vite apprendre à louvoyer pour demeurer l'ultime témoin de ces temps troublés mais non moins fastes. 

Mon avis :

Dans Comme un diamant dans ma mémoire, Guy Gavriel Kay s'est inspiré de l'Italie du XVe siècle pour servir d'écrin à ce présent récit. Aussi, on marche ici aux côtés de condottieres, autrement dit des seigneurs à la tête de modestes territoires tirant de faibles revenus qui se mettaient au service des grands seigneurs en échange d'une aisance financière. En somme, ils étaient ni plus ni moins des mercenaires chargés d'assurer la sécurité des puissantes cités italiennes. Ils s'incarnent ici à travers les figures de Folco d'Acorsi et de Teobaldo Monticola de Remigio, d'autant que Folco a été engagé par la famille Sardi, de riches banquiers qui ne sont pas sans nous rappeler la famille Médicis. Tout comme l'artiste Matteo Mercati dont on croise le chemin ici ou là, son talent et son inconstance ressemblent à si méprendre au célèbre Léonard de Vinci. 

Guy Gavriel Kay joue beaucoup sur les antagonismes de ces deux hommes pour nourrir son intrigue de manœuvres et de duperies et ainsi corser vivement le ton. L'époque est impitoyable et l'auteur nous met de suite dans le bain en multipliant les assassinats et autres règlements de comptes pour réparer des affronts réels ou imaginés. Le récit n'en est que plus vivant à travers cette menace mortelle qui plane en permanence sur les protagonistes et même épique au vu des péripéties incroyables par lesquelles certains passent. 

Quant au merveilleux, il s'exprime toujours de manière diffuse sous la plume de Guy Gavriel Kay préférant le délicat à l'ostentatoire. Ainsi, entre ces lignes, le don de prescience de la guérisseuse fait office de magie lui servant à la fois pour la réalisation de son art que dans la prédiction de certains évènements notables. 

Comme un diamant dans ma mémoire est clairement un récit foisonnant comme en témoigne d'ailleurs les nombreux points de vue qui se bousculent pour dépeindre ces hauts faits. Dans ce livre, Guy Gavriel Kay s'essaye à un exercice de style consistant à  faire défiler des narrateurs ayant prise ou non sur le fil de l'histoire. C'est un procédé narratif intéressant autant du point de vue de l'appréciation des évènements et de leur implication que de la fluidité de la lecture qui est ici nettement dynamisée obligeant même les lecteurs à rester pleinement attentifs. 

22/02/2023

Louise Jouveshomme, Neighian, tome 1, éditions Mnémos

Louise Jouveshomme, Neighian, tome 1, éditions Mnémos 

Février marque le retour des pépites de l'Imaginaire des Indés de l'Imaginaire. Pour les éditions Mnémos, cette année est encore l'occasion de mettre en lumière une nouvelle plume. Il s'agit de Louise Jouveshomme qui signe avec Neighian un premier roman fort ambitieux.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.  

Résumé :

Depuis l'instauration du Conseil de l'Union, une paix relative s'est installée sur le Continent mettant fin aux luttes intestines. Chaque représentant des différents Etats y siège pour maintenir les relations diplomatiques au beau fixe, tandis que la compagnie des Neighians assure le maintien de l'ordre, notamment face à la menace toujours plus grande de l'Ombre et de ses Pervertis. Mais, tout vacille le jour où l'héritier du royaume des Elfes assassine le dominant de la Meute. Alors que la guerre menace à nouveau d'éclater, la Neighian Heltia est chargée d'accompagner un Elfe dans une mission de la dernière chance pour tenter d'innocenter le peuple elfique quant à l'orchestration de cet assassinat. Pour autant, leur action pèsera-t-elle dans la balance ? 

Mon avis :

Dans Neighian, Louise Jouveshomme donne vie à un univers très riche peuplé en partie par des créatures issues du bestiaire merveilleux, affranchies ou non de leur archétype. Ainsi, les vampires qui naissent sous sa plume n'ont pas besoin de sang pour se substanter, pas plus qu'ils sont incommodés par le jour. En revanche, les nains exploitent toujours les filons de minerai au cœur de la montagne et les Elfes sont fidèles à eux-mêmes, à savoir des êtres fiers et éthérés. Mieux encore, l'autrice y a même ajouté quelques inventions de son cru pour étoffer son univers en lui donnant notamment une plus grande diversité. Ainsi, dix peuples vivent ici sous le patronage des fées.

Mais le merveilleux ne s'exprime pas uniquement par cette cosmogonie opulente. En effet, la magie s'installe également au fil des chapitres même si elle soulève surtout la méfiance. Le pouvoir y est malvenu à cause de l'image négative véhiculée par les Pervertis à travers la menace qu'ils constituent. Louise Jouveshomme pose donc les bases d'un système de magie intéressant, renforcé par une perception inédite qui questionne les lecteurs avides d'en comprendre tous les mécanismes. 

18/02/2023

Victor Dixen & Eder Messias, L'Inquisiteur et son Ombre, tome 1, Vampyria Inquisition, éditions Soleil

Victor Dixen, L'Inquisiteur et son Ombre, tome 1, Vampyria Inquisition, éditons Soleil 

Après un premier cycle et l'édition d'un tarot à l'effigie des personnages de sa série, Victor Dixen vient d'ajouter une nouvelle dimension à son univers de Vampyria avec cette première bande dessinée. En effet, en octobre 2022 paraît L'Inquisiteur et son Ombre aux éditions Soleil

Si Victor Dixen est à l'écriture du scénario, la maison d'édition, elle, a confié la réalisation et la colorisation des dessins  à Eder Messias

Maintenant que j'ai lu la trilogie dont vous pouvez retrouver chacun de mes avis sur le blog (La Cour des Ténèbres, La Cour des Miracles et La Cour des Ouragans), j'ai pu enfin me pencher sur cet autre volet du célèbre univers de Victor Dixen. 

Résumé :

Dans L'Inquisiteur et son Ombre, on rencontre Sylvère, jardinier au château désargenté de Torteval. Il entretient une liaison secrète avec Daphné, une orpheline recueillie par la famille servant de lectrice à la baronne. Tout bascule la nuit où débarque celle qui se fait appeler la duchesse de Cocagne et qui, en jouant aux cartes avec le fils des barons, remporte l'objet de la mise, à savoir Sylvère. Ni une ni deux, elle embarque son dû dans son carrosse, avec Daphné en prime qui la supplie de l'emmener, et reprend la route vers une destination qu'elle seule connait. Peu de temps après débarque un inquisiteur royal à la baronnie de Torteval qui apprend le passage de la duchesse et reconnaît en elle la renégate surnommée "la collectionneuse" et décide de la prendre en chasse. La question va être de savoir ce qu'il va advenir de Sylvère et de son aimée, maintenant qu'ils sont tombés entre les crocs de cette vampyre ? 

Mon avis :

L'Inquisiteur et son Ombre prend cadre dans l'univers de Vampyria mais peut se lire de manière indépendante puisque Victor Dixen y met en scène de nouveaux personnages embringués dans une intrigue inédite. Sa société de la Magma Vampyria conserve donc le même fonctionnement et sa division en quatre ordres : l'ordre immortel constitué par les vampyres de haute noblesse et les trois ordres mortels où l'on retrouve les hobereaux de la basse noblesse, les docteurs de la Faculté hématique et les roturiers. De même que le code mortel s'applique toujours à ces derniers en régissant leur vie de manière très stricte. Ainsi, l'ombre de Louis XIV plane sur ce nouveau récit et s'incarne notamment dans la figure de l'inquisiteur royal chargé de faire appliquer les lois implacables de l'immuable, notamment en ce qui concerne la transmutation surnuméraire illégale réalisée par des vampyres hors la loi. Or, il s'agit bien ici du fil directeur choisi par Victor Dixen pour Vampyria Inquisition promettant aux lecteurs une nouvelle aventure au long cours pleine de rebondissements. 

15/02/2023

Nghi Vo, L'impératrice du Sel et de la Fortune, éditions L'Atalante

Nghi Vo, L'impératrice du Sel et de la Fortune, éditions L'Atalante 

Nghi Vo est une autrice américaine de novellas et de romans de fantasy. Sa novella L'Impératrice du Sel et de la Fortune est lauréate du prestigieux prix Hugo du meilleur roman court 2021. Elle inaugure, d'ailleurs, sa série Les archives des Collines-Chantantes

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

In-yo est forcée d'épouser l'empereur Sung de l'empire Anh après que ses frères aient été défaits dans la guerre qui opposa les provinces du Nord à celles du Sud. Alors qu'elle n'a pas d'autre choix que de s'acclimater aux us et aux coutumes d'un monde inconnu, elle se lie d'amitié avec l'une des ses servantes, surnommée Lapin. Ensemble, elles vont affronter adversité et chagrin et même s'entraider pour survivre face à la cruauté du pouvoir. Mais que trouvera-t-elle au bout du chemin ? 

Mon avis :

L'impératrice du Sel et de la Fortune est un court récit de fantasy asiatique parsemé de rites et de mythes. La magie s'exprime ici par petites touches discrètes car l'autrice s'appuie sur cette croyance de la mythologie chinoise que toutes les choses sont capables d'acquérir des formes humaines, des pouvoirs magiques et l'immortalité, à condition que la lune et le soleil leur fournissent suffisamment d'énergie. Aussi, on retrouve, par exemple, entre ces lignes la mention d'une femme-renarde qui s'incarne dans l'un des personnages de cette novella. Or, cela fait bien évidemment référence à un personnage chinois récurrent des contes, c'est à dire la renarde qui se métamorphose en une charmante et agréable jeune fille pour séduire les héros. De même que Nghi Vo joue beaucoup sur le symbolisme, notamment du martin-pêcheur qui personnifie la fidélité et le bonheur conjugal. Il y est fait mention ici à travers cette épouse de la délégation impériale qui se transforme en martin-pêcheur mais revient retrouver son mari à sa mort. Or, tous ces éléments contribuent à déposer sur le texte une bonne couche de merveilleux.

12/02/2023

Edouard H. Blaes, Le Silence des Carillons, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Edouard H. Blaes, Le Silence des Carillons, collection Bad Wolf, éditions ActuSF 

Après s'être essayé avec talent à la nouvelle en terminant notamment lauréat du prix Imaginales de la nouvelle 2022 pour "Ventraille" parue dans l'anthologie Férocité, Edouard H. Blaes a poursuivi l'aventure en tentant un format plus long. C'est ainsi qu'on le retrouve en ce mois de février publié, dans le cadre des pépites de l'Imaginaire, chez ActuSF

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

A Tinkleham, la vie s'écoule au rythme des carillons qui protègent la communauté des brumes. On y retrouve Ermeline Mainterre, fille d'un ingénieur automobile qui vit dans  le garage familial avec son père et son frère. Son rêve secret est d'intégrer le beffroi pour y devenir mage. Elle s'entraîne depuis des années et maîtrise déjà quelques tours. Or, justement elle vient de recevoir la lettre d'acceptation pour y être formée. Pour autant, son père acceptera-t-il de la laisser partir ? Et si oui, réalisera-t-elle ses rêves ? 

Mon avis :

Le Silence des Carillons nous immerge dans un univers de fantasy teinté de notes postapocalyptiques. En effet, le récit prend cadre dans la cité de Tinkleham dominée par un beffroi dont les carillons constituent une protection face à la menace de la brume. Celle-ci étant infestée de spectres, le son des carillons porté par le chant des mages, s'imprègne d'un pouvoir capable d'éloigner les ténèbres. Le beffroi incarne ici la puissance ésotérique qui sert à la fois de catalyseur et d'école pour former les futurs mages. C'est un lieu qui inspire autant le mystère que la crainte car nul ne sait réellement ce qu'il s'y passe. Beaucoup s'essayent en conjectures mais finalement seuls les élèves qui y séjournent peuvent en témoigner, à l'image d'Ermeline Mainterre. C'est d'ailleurs, à travers elle que l'on découvre cet endroit insolite dont l'intérieur se révèle être le fruit d'un empilement de créations d'univers  par les différents magistères œuvrant entre ces murs.  Baroque et déconcertant, voilà comment on peut qualifier ce beffroi. En outre, l'existence de cette brume d'où jaillissent des spectres ajoute une sensation d'oppression à l'ambiance.

Suite à une surexploitation de la terre par les précédentes générations, le soleil a disparu, éclipsé par ce brouillard permanent qui maintient les gens dans une forme de ténèbres. Edouard H. Blaes met en scène une humanité repliée sur elle-même et isolée car enfermée par une brume dont elle ignore la cause. Mais, les humains ne sont pas les seuls à peupler cette cité puisque l'auteur y a inclus des gigants et des miniards pour ajouter un peu de diversité à sa population. L'univers n'en est que plus foisonnant et questionnant. Dommage, qu'Edouard H. Blaes n'est pas creusé davantage certains éléments comme l'origine de ces spectres car il y a matière à explorer selon moi et cela ne sera pas sans susciter une certaine frustration chez ses lecteurs.