L'influence du "gaming" à la littérature

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28/02/2016

Terry Pratchett, Sourcellerie, Les Annales du Disque-Monde, tome 5

Il existe une magie bien plus puissante, plus dévastatrice que celle des mages: la sourcellerie. Ce nom vous fait sourire, vous ne devriez pas. Ne soyez pas aussi arrogants, aussi pompeux que les mages de l'université Invisible. 

En effet, l'intrusion d'un jeune garçon prénommé Thune s'affirmant doué de sourcellerie et réclamant le chapeau de l'archimage en a fait rire plus d'un. Enfin jusqu'à ce que ce petit bout de chou à l'aide de son étrange bourdon mette l'université sans dessus-dessous. 

Alors que les mages venaient de prendre la décision de donner ce chapeau, qui n'est finalement qu'un symbole, l'impensable survient. Disparu, volé... mais par qui? Mystère et boule de gomme. Sauf peut-être pour Rincevent. Oui, oui notre demi mage fait bien partie de l'aventure. Lui qui se pensait tranquille, et enfin à l'abris, il n'en est rien car comment résister à l'appel à l'aide d'une demoiselle en détresse. Enfin en détresse, c'est vite dit. C'est plutôt Rincevent qui est en détresse lorsqu'elle l’entraîne à sa suite dans une folle aventure, le chapeau sous le bras. Car notre voleuse, c'est elle, Conina la fille du célèbre Cohen le Barbare. 

Et c'est reparti pour de nouvelles péripéties, un peu trop remuantes d'ailleurs au goût de notre illustre mage. Il faut croire que l'histoire se répète pour Rincevent, il est encore contraint de sauver le Disque-Monde. 

Un tome où il va prendre conscience de ce qu'est vraiment l’héroïsme et nous donner à nous lecteurs une bonne leçon de courage et d'abnégation. Encore un roman à la mesure de Terry Pratchett, aussi fantasque que récréatif. Il ne mâche toujours pas ses mots ni ses héros, mais il y a pas à dire, on apprécie. 

Fantasy à la carte

21/02/2016

Damien Bador, Coralie Potot, Vivien Stocker, Dominique Vigot, L'Encyclopédie du Hobbit

L’Encyclopédie du Hobbit est une immersion dans l’univers merveilleux de John Ronald Ruel Tolkien. Un imaginaire qui demeure encore bien souvent mal connu du public. Ce bel ouvrage apparaît donc comme le moyen d’aller plus loin dans l’œuvre du père fondateur de la fantasy moderne. Fruit d’un long travail de recherches à partir des textes originaux mené par un collectif de passionnés, issu pour l’essentiel du milieu associatif, le résultat en est bluffant.

En effet, plus qu’un ouvrage encyclopédique, ce livre édité par le Pré aux Clercs, maison d’édition renommée pour ses beaux-livres, apparaît comme un véritable objet d’art alternant textes et illustrations de grande qualité. 


Il est construit sur un modèle assez simple. Tout abord, il s’ouvre sur une longue introduction qui revient sur la carrière de J.R.R. Tolkien afin de comprendre comment est né dans l’esprit de ce génie cet univers grandiose qu’il a enrichi au fur et à mesure de ses écrits. Puis, le livre se divise en sept grandes parties avec les personnages, les peuples, les langues et écritures, les objets et constructions, les lieux de l’aventure, les événements remarquables et les sources d’inspiration. Chacune d’elle permet de faire un tour d’horizon de cette œuvre du Hobbit

C’est donc une étude très complète qui traite de divers aspects du Hobbit et de l’univers Tolkienien en général. Ainsi, ces passionnés se placent aussi bien du point de vue historique, linguistique qu’anthropologique. Ils commencent d’abord par dresser le portrait de chacun des personnages principaux et secondaires afin de rappeler l’importance de leur rôle dans l’histoire. Puis, ils expliquent avec une grande précision les caractéristiques de chacun des peuples, de chacune des créatures que J.R.R. Tolkien a mis en scène dans son livre. Il faut dire que les nombreuses traductions des œuvres originales sont loin d’être toujours à la hauteur tout comme les adaptations cinématographiques qui demeurent assez simplistes et font l’impasse sur bien trop d’éléments. C’est pour cette raison que ce collectif a voulu, à travers ces deux premiers chapitres, redonner la primeur à chacun des héros inventés par l’auteur. Car il ne faut pas oublier l’imaginaire extraordinaire dont a fait preuve Tolkien. Il est tout de même l’inventeur d’un immense territoire dans lequel évoluent de nombreux peuples tantôt en bonne entente, tantôt en conflit. 
Ensuite il est question des différentes langues et diverses écritures qui occupent une grande importance dans ses romans car Tolkien est un linguiste avant tout. Il était donc normal qu’il fasse correspondre à chacun de ses peuples un langage spécifique. Et c’est un élément remarquable car il a poussé le souci du détail à inventer des dialectes avec des alphabets et des prononciations propres afin de donner une vraie crédibilité à ses livres. 

Mais en plus d’être un linguiste, Tolkien s’avère aussi être un géographe émérite en imaginant un monde au relief très détaillé. Ainsi L’Encyclopédie du Hobbit met en lumière chaque lieu marquant de l’aventure pour assurer une meilleure visualisation aux lecteurs. 

Ces passionnés ont également compris que la magie de Tolkien passe par l’omniprésence d’objets merveilleux dont l’anneau unique occupe une place centrale. Ces artefacts sont les premiers éléments à donner un caractère fantasy au récit. 

Enfin, ce livre conclut sur les nombreuses sources d’inspiration tirées pour la plupart des légendes celtiques, arthuriennes même, et scandinaves. Grand littéraire, Tolkien est fasciné par ses écrits du passé, il participe à la traduction de textes médiévaux et même à la réécriture de poèmes scandinaves. Tout ce travail va contribuer à alimenter son imaginaire et à donner ainsi naissance à sa future Terre du Milieu. 


Née de l’imagination de mordus, L’Encyclopédie du Hobbit pourrait être qualifié d’artbook puisque chaque texte est agrémenté de belles illustrations. En effet, ce livre alterne crayonnés, peintures, pastels qui viennent rehausser magistralement les observations de chaque auteur faisant de ce livre un véritable beau-livre. De plus, le papier utilisé est de bonne qualité, épais et chaque feuillet revêt un aspect vieilli qui donne un caractère précieux à l’ouvrage. Autre caractéristique à signaler est la couverture sobre par ses couleurs mais qui donne l’impression d’avoir à faire à un grimoire qui renfermerait les secrets de J.R.R. Tolkien sur son œuvre du Hobbit.

Plus qu’une simple littérature, la fantasy constitue une source d’inspiration à part entière pour des artistes qui se servent de ces écrits pour donner vie à des dessins qui invitent à la rêverie, au vagabondage de l’esprit, à la création artistique. On peut donc le dire sans se tromper que la fantasy a su inspirer des carrières artistiques pour des illustrateurs de renom.


Fantasy à la carte

14/02/2016

Sandra N. Lemoing, Le royaume d’Harcilor, Powerful, tome 1

Avec Le royaume d’Harcilor, premier tome d’une future trilogie, la jeune auteure Sandra Lemoing fait son entrée dans le paysage fantasy

Powerful nous propose ici une fantasy qui demeure traditionnelle mais qui reste chère aux amoureux du genre. 

Depuis douze longues années, le royaume est sous le joug d’un tyran et de son fils qui se sont emparés du pouvoir avec violence et traîtrise. Mais ce royaume est peu ordinaire car il est peuplé pour beaucoup de gens aux pouvoirs extraordinaires. C’est donc un univers imprégné de magie que nous dépeint ici l’auteur. Rien d’étonnant puisque nous pénétrons en territoire fantasy. Le peuple harcilan se divise en deux catégories, les Silarens et les Iesilarens, autrement dit les détenteurs de magie et les non-détenteurs. Quant aux pouvoirs, ils sont très variés et certains en possèdent même plusieurs. Ainsi il y a des Silarens qui sont capables d’enflammer des choses, d’autres, à contrario, de les geler. Et puis il y a ceux qui sont doués pour déplacer des éléments grâce à la mobilité ou encore de maîtriser la foudre. Bref, à Harcilor tout est possible. 

Seulement au vu du contexte socio-politique, les habitants sont brimés depuis plus de dix ans et vivent dans la peur de faire un mauvais pas et de se retrouver emprisonnés voire pire encore. Bien sûr, certains font de la résistance. Ainsi sous l’égide de maître Cyr, quelques enfants, adolescents et même adultes viennent s’instruire à l’insu du roi et de ses fidèles.

Tout change le jour où débarque la fille de l’ex Cheffe des Gardiens, Selna. Ce retour inattendu fait sensation dans la communauté des résistants car pour tous, elle était décédée depuis bien longtemps. La réalité est tout autre car à l’époque elle avait réussi à s’enfuir avec son père. Devenue adulte, Selna ne rêve que de venger la mort de sa mère et de libérer Harcilor. Or, il y a peut-être une occasion avec le départ en mission du fils du roi, Litar. Ce dernier étant très puissant, il est plus judicieux de s’emparer du royaume lorsqu’il n’est pas là. 

C’est donc à cet instant crucial que démarre le récit de Sandra Lemoing. Ce moment où la reprise du pouvoir se prépare dans les rangs des résistants qui grossissent d'ailleurs de jour en jour. La quête de liberté s’annonce déjà sanglante mais dont l’enjeu demeure vital. 

Sandra Lemoing propose un récit en deux temps. D’abord, elle alterne présent et passé afin d’assurer une parfaite immersion dans son monde. Puis, elle passe au moment crucial, le combat nécessaire et inévitable pour retrouver leur liberté perdue. Elle a su insuffler de l’héroïsme à ses héros et nous brosse des combats épiques et spectaculaires dignes des plus célèbres batailles de la saga Harry Potter, les baguettes en moins. Elle a également pris le temps de soigner ses personnages qui sont nombreux et dont certains sortent du lot et attirent grandement l'attention. 

En un mot, l'auteure a su offrir grâce à cette première aventure un plaisant moment de lecture avec un récit fluide et entraînant tout en ménageant du rebondissement dans les dernières lignes. Une nouvelle saga à ne pas perdre de vue.

Fantasy à la carte

07/02/2016

Harry Potter, un succès indétrônable

Le triomphe de la publication du quatrième roman de la saga Harry Potter a été décisif pour donner l’envie à l’une des plus grandes sociétés de production cinématographique, Warner Bros Pictures, d’adapter les romans de J.K. Rowling. De 2001 à 2011, huit films vont sortir. Chacun d’entre eux correspond à un roman sauf le dernier qui sera adapté en deux opus, sans doute pour augmenter leurs bénéfices. 

Pour l’anecdote, dès 1997 le producteur David Heyman avait reçu une copie du livre d’Harry Potter à l’école des sorciers. Mais ce dernier, peu intéressé à l’époque, a préféré le ranger dans un tiroir jusqu’à ce qu’une secrétaire l’y découvre fortuitement et en apprécie la lecture au point d’en reparler à David Heyman plus tard. Très enthousiaste après sa propre lecture du roman, ce dernier réussit à convaincre J.K. Rowling de vendre les droits d’adaptation des quatre premiers tomes de la série à Warner Bros, en 1999. 

J.K. Rowling apportera d’ailleurs son étroite collaboration à la réalisation de ces films afin de maintenir une cohérence entre les films et ses romans. De plus, elle fut même productrice des deux derniers volets. 

Le choix d’adapter cette saga en huit films a donc nécessité un travail intense et colossal. C’est pourquoi, quatre réalisateurs vont se succéder pour donner vie aux aventures d’Harry Potter. La réalisation des deux premiers films est confiée à Chris Colombus, puis Alfonso Cuaron se charge du troisième opus, Mike Newell du quatrième et enfin David Yates s’occupera des quatre derniers puisque l'ultime roman sera scindé en deux films.
Mais le succès de cette production cinématographique repose sur plusieurs éléments. Le premier est la sélection du casting. Une première donnée pas négligeable car le choix de chaque acteur pour endosser tel ou tel rôle est crucial. Déjà, il faut que chaque comédien corresponde bien à l’image que se font les lecteurs de tel ou tel personnage. Ensuite, ils se doivent d’être bien dans leur rôle, qu’ils soient bons ou méchants car J.K. Rowling a soigné chacun de ses personnages en leur donnant une personnalité et des caractéristiques bien spécifiques que les artistes vont devoir bien s’approprier. 
Le trio le plus emblématique de cette histoire est bien évidemment le triumvirat formé par Harry Potter, Hermione Granger et Ronald Weasley et joué respectivement par Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint. Trois jeunes talents encore inconnus à l’époque mais qui vont être révélés par ces films. Non seulement physiquement ils ressemblent plutôt bien aux personnages qu’ils incarnent mais ils ont ce talent de capter l’attention du public dès leurs premières minutes de jeu. Très jeunes, ils grandissent avec leurs personnages et prennent de la maturité au fur et à mesure des années de tournage. Ainsi Daniel Radcliffe passe de l’enfant réservé au jeune homme de plus en plus grave au vu de la délicate mission qui l’attend, à savoir sauver le monde. De par sa gaucherie et ses maladresses, Rupert Grint apporte une vraie touche d’humour aux films. Quant à Emma Watson, elle passe de son rôle de petite peste qui sait tout mieux que tout le monde à celui de conseillère et de guide pour Daniel Radcliffe. Il était vital pour les producteurs de ne pas se tromper en sélectionnant ces trois acteurs pour jouer les premiers rôles. Etant les héros de l’histoire, c’est donc d’abord sur eux que repose le succès des films. Challenge réussi car ce trio n’a pas fini de nous faire rire, ou pleurer d’un bout à l’autre des longs métrages. 
Néanmoins, la difficulté d’adapter les romans de J.K. Rowling a été de trouver et de faire jouer un nombre très important de jeunes enfants qui viennent tour à tour donner la réplique à Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint. Au vu de leur jeune âge, la plupart vont interpréter ici leur premier rôle au cinéma sauf Tom Felton qui incarne Drago Malfoy et qui a déjà une petite filmographie grâce à ses rôles dans Anna et le Roi et Le petit monde des Borrowers. La distribution étant gigantesque, on ne va pas revenir sur chacun des acteurs mais parlons des jumeaux Weasley, James et Oliver Phelps car ils sont remarquables dans leur rôle. Chacune de leur apparition apporte un souffle de légèreté aux films. Ils incarnent ici à la perfection leur personnage d’incorrigibles polissons. 

Quant aux adultes, ils sont interprétés par de grandes stars de cinéma, des acteurs et des actrices à la carrière confirmée. Ainsi, on peut évoquer la présence de la célèbre Maggie Smith qui va jouer le rôle du professeure Minerva McGonagall dont la filmographie est très impressionnante. Gary Oldman qui est célèbre pour ses rôles de méchants et qui interprétera dans Harry Potter, Sirius Black. Les acteurs irlandais Richard Harris et Michael Gambon qui vont occuper chacun à leur tour le rôle d’Albus Dumbledor. Ce sont deux pointures du cinéma qui ont marqué leur temps pour avoir joué dans un nombre important de films. D’autres grands acteurs se succèdent dans ces films comme John Cleese, mondialement connu pour ses prestations avec les Monty Python et qui joue ici Nick Quasi-Sans-Tête, Emma Thompson et sa remarquable interprétation du professeure Sybille Trelawney, Ralph Fiennes qui incarne le plus grand méchant de tous les temps, Lord Voldemort ou encore le très regretté Alan Rickman qui fut grandiose sous les traits du professeur Severus Rogue. 

Sans les citer tous, on peut dire que les producteurs ont recruté une distribution prestigieuse sans doute pour assurer une certaine sécurité car avoir de belles têtes d’affiche est déjà un bon argument pour inciter le spectateur à regarder le film.
Néanmoins, un bon casting ne suffit pas ici pour s’assurer un succès cinématographique car l’univers inventé par J.K. Rowling est magique. Pour cela, il a fallu multiplier les effets spéciaux en faisant appel aux prouesses techniques modernes afin de rendre les scènes toutes plus saisissantes les unes que les autres. Parmi les moments spectaculaires, on peut citer les matches de Quidditch, les combats entre sorciers et mangemorts, les épreuves de la Coupe de Feu, les vols à bord de la voiture des Weasley… et bien d’autres encore car les films comme les livres débordent de magie. Les lieux de tournage furent nombreux mais tous furent tournés en Grande-Bretagne. Parmi les hauts-lieux, on peut citer le viaduc de Glenfinnan en Ecosse au-dessus duquel on peut apercevoir le Poudlard Express filant à toute vitesse vers l’école. Les paysages de Poudlard ont été filmés à Glencoe dans les highlands. Certains lieux à l’intérieur de Poudlard ont été filmés dans l’une des plus belles cathédrales d’Angleterre à Durham. Quant au site des leçons de vol de madame Bibine, il se trouve à Alnwick Castle dans le Northumberland. Des lieux emblématiques du patrimoine anglais qui viennent donner de la crédibilité aux films et transportent les spectateurs dans des paysages grandioses. 
Avec un Box Office mondial de 7 726 174 542 entrées vendues, c’est un véritable raz-de-marée cinématographique et constitue donc pour la Warner Bros Pictures un excellent investissement. Ainsi grâce à la Warner, l’univers du sorcier préféré de toute une génération d’enfants et d’adultes a pu prendre vie pour le plus grand plaisir de tous.

Fantasy à la carte

31/01/2016

John Howe, le faiseur de rêves

John Howe est un illustrateur canadien né le 21 aout 1957 à Vancouver. En inaugurant cette nouvelle rubrique consacrée aux plus grands illustrateurs et aux Artbooks, il ne pouvait pas aller autrement que de parler de cet artiste et de son travail sur l’univers de Tolkien. Quelle œuvre grandiose, d’ailleurs. John Howe est un nomade qui a notamment parcouru l’Europe pour finir par s’installer en Suisse, à Neuchâtel. 

En 1977, il vient à Strasbourg pour se former à l’École supérieure des arts décoratifs. Les années passées dans cette ville viennent nourrir son imaginaire. En effet, John Howe est passionné par le fantastique et le Moyen-Age. Ainsi, il passe des heures dans les musées, il étudie l’architecture et les nombreuses sculptures de la ville et particulièrement la majestueuse cathédrale. En 1994, il fait un séjour à Troyes où cours duquel il apprécie grandement le style médiéval des bâtiments de la ville. 
Bien entendu ses goûts imprègnent largement ses illustrations. On retrouve donc ce fantastique moyenâgeux dans les nombreux ouvrages qu’il a illustré à l’image de La Guerre du feu de J.H. Rosny en 1982 aux éditions Gallimard, Cathédrale chez La Nuée bleue en 1994, Les Chevaliers en 1995 et Le mystère de Greenwood en 1996 chez Bayard, Dragons en 1997, l’exceptionnel Bilbo le Hobbit en 1999, ainsi que les albums de Claude Clément édités chez Casterman ou encore en 2003 pour Méditations sur la Terre du Milieu chez Bragelonne.

Admiratif de son travail, Peter Jackson le charge même avec Alan Lee de la direction artistique du Seigneur des Anneaux, puis du Hobbit
Sa carrière atteint son apogée lorsque ses illustrations font l’objet de prestigieuses expositions comme celle à la Bibliothèque Nationale de France qui eut lieu du 14 décembre 2003 au 29 février 2004. 120 dessins de John Howe et d’Alan Lee y sont exposés et accessibles gratuitement au public, ainsi que des documents photographiques et vidéo de l’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux de J.R.R.Tolkien. Plus tard, la Maison d’Ailleurs, célèbre musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires à Yverdon-les-Bains expose 20 croquis, 20 tableaux et 20 croquis numériques de l’illustrateur du 16 novembre 2014 au 31 mai 2015. 

Enfin, en novembre 2014, il participe au documentaire A la recherche du Hobbit diffusé sur Arte dans lequel il occupe un rôle de guide à travers des interviews et des voyages. 

En plus de ses illustrations qui viennent égayer les œuvres de bien des écrivains, John Howe a plus d’un pinceau dans sa manche puisqu’il dispose également d’une belle bibliographie composée de livre d’art, ou de loisirs créatifs. Ainsi en 2002, il se joint à un collectif d’auteurs pour écrire ce beau-livre design intitulé John Howe : Sur les terres de Tolkien. Un livre qui vient faire écho à une exposition qui a eu lieu à l’office régional culturel de Champagne-Ardenne. Cet ouvrage apparait comme un panorama en images de l’univers tolkienien. En 2004, il sort John Howe Artbook qui constitue un précieux témoignage avec plus de 200 de ses illustrations. Il y évoque également ses méthodes de travail et les rencontres marquantes de sa carrière. Autre guide qui dévoile les secrets de cet artiste est édité en 2008 sous l’intitulé de Fantasy art : Peindre un univers de légende dans lequel on retrouve de multiples illustrations commentées et où il y dispense des conseils à ceux et celles qui veulent se lancer dans le dessin. Dans un tout autre registre que celui du Seigneur des Anneaux, John Howe publie, en 2009, un recueil de 24 illustrations inédites sur les Mondes Perdus. Toujours en 2009, un autre beau-livre paraît sur l’univers des dragons sous le titre de Dragons : Peindre et dessiner un univers de feu dans lequel il explique les méthodes et les techniques de peinture qui l’ont rendu si célèbre. Enfin en 2011, le livre de loisirs créatifs, Dessiner la Fantasy propose dix démonstrations de John Howe à suivre pas à pas. En somme c’est un véritable cours de dessin délivré par le maître pour les dessinateurs en herbe. 

Mais il est temps de revenir sur ce qui a rendu si célèbre cet illustrateur de génie. On peut affirmer sans crainte que l’univers imaginé par Tolkien en a fait rêver plus d’un et tout comme ces millions de lecteurs, John Howe n’échappe pas à cette fascination collective. Mais comme il le dit lui-même dans un article publié dans le recueil Méditations sur la Terre du Milieu : « Le Seigneur des Anneaux et la Terre du Milieu ne peuvent pas être illustrés ». Pourquoi ? Parce que c’est un univers complexe tellement riche, tellement changeant que finalement John Howe n’a pu en tirer que des images, des peintures autrement dit des instantanés de moments précis de l’histoire mais qui ne peuvent être immuables puisque ce monde est bien vivant. Par conséquent, on ne peut pas dire que ses illustrations définissent le monde de Tolkien tel qu’il est réellement car il n’est pas figé. Il est donc par exemple impossible de le cartographier de manière définitive. Pour John Howe, ses dessins ne sont que des esquisses et des regards furtifs. Pour lui, faire jaillir cet univers sur une toile fut un voyage solitaire car à la différence des lecteurs qui peuvent partager leurs impressions sur les livres, John Howe, lui, ne pouvait pas se permettre la moindre influence. C’est un travail personnel au cours duquel il s’est nourri de ses lectures des romans de J.R.R. Tolkien et des descriptions très détaillées des lieux, des peuples afin que tout ça prenne vie sous son pinceau. 

En croquant des instants de cette illustre Terre du Milieu, il pousse la porte d’un jardin secret, merveilleux, fantastique où la magie des mots se pare de formes et de couleurs pour nous faire rêver. Toutes ses illustrations sont saisissantes de réalisme car n’oublions pas que ces lieux ne sont que chimères. Et pourtant, lorsqu’on ouvre un artbook sur Le Seigneur des Anneaux, on se voit par exemple très bien marcher sur le chemin menant à la Comté. Avec une carrière aussi remarquable, John Howe apparaît comme un fer de lance pour tous les illustrateurs qui suivront ses traces. Il est celui par qui on prend conscience que la fantasy ne se résume pas qu’à des petites aventures épiques, c’est aussi de l’Art avec un A en majuscule. Grâce à des illustrateurs comme John Howe, les romans de fantasy deviennent ainsi de véritables objets d’art que les lecteurs se dépêchent d’ouvrir pour découvrir et admirer les dessins qui viennent agrémenter le récit. 

Même si cela fait vingt ans qu’il peint les romans du Hobbit ou du Seigneur des Anneaux, il n’a pas encore fini de nous faire rêver car comme il le dit lui-même : « les images ne sont pas à sa hauteur ». Une conclusion fort explicite et nous les amateurs de l’Imaginaire, nous nous en frottons les mains car des inédits restent à venir…

Fantasy à la carte