L'influence du "gaming" à la littérature

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03/10/2023

Aurélie Wellenstein, Les Loups chantants, éditions Pocket Imaginaire

Aurélie Wellenstein, Les Loups chantants, éditions Pocket Imaginaire 

Après Le Dieu Oiseau, Mers Mortes et Le Désert des Couleurs, j'ai profité de mon bref passage aux Aventuriales pour craquer pour un autre livre d'Aurélie Wellenstein. Parmi les titres présents sur sa table de dédicace, il y avait quelques exemplaires des Loups chantants, un roman qui me faisait de l'œil depuis un bon moment déjà. L'occasion était donc trop belle pour la laisser passer, n'est-ce pas ?

Mais avant de vous parler en détails de ce roman fort passionnant au demeurant, je tiens à remercier Aurélie Wellenstein pour sa gentillesse, sa dédicace et sa recommandation littéraire pour une autre Aurélie toute aussi sympathique.

Résumé :

Le dieu de l'Hiver règne sur les terres givrées de Sibérie. C'est là-bas, au sein d'une petite bourgade peuplée d'éleveurs de rennes que vit Yuri. A l'abri derrière un Blizzard maintenu par la magie des Gardiens, les habitants se sentent protégés des créatures envoyées par le terrible Korochun, à l'image des loups chantants. Pourtant le danger est bien là, Yuri en sait quelque chose puisque sa fiancée a cédé à l'appel des loups et a disparu dans le Blizzard. Or, un nouveau malheur vient de s'abattre sur lui car sa sœur est atteinte d'une étrange maladie. En effet, sa peau se couvre peu à peu de cristaux de glace. Pour le chaman local, Kira a été maudite et doit être bannie sans plus tarder pour ne pas attirer le courroux divin sur le reste du village. Mais il est impensable pour Yuri de la laisser partir sans lui. Alors au mépris du danger, il attelle ses chiens au traîneau et s'embarque aux côtés de sa sœur dans un périlleux voyage avec l'espoir ténu de trouver une solution. Y en a-t-il seulement une ?

Mon avis :

Les Loups chantants nous plonge dans un conte venu du froid où la beauté glacée des paysages côtoie un onirisme teinté de notes horrifiques. Ainsi, la magie imprègne chacune de ces pages. Elle s'exprime par bien des manières, tantôt par le pouvoir des Gardiens qui aspire les formules inscrites sur les pages des livres de magie afin qu'elles interagissent avec les éléments et maintiennent ainsi en place le Blizzard, tantôt par l'ombre du dieu Korochun entouré de créatures au corps altéré et à la puissance démultipliée ou tantôt par l'alchimie qui unit l'homme à l'animal permettant, au besoin, de fusionner l'âme humaine à celle de la bête.

Comme à son accoutumé, Aurélie Wellenstein a choisi un cadre rude pour ce présent roman où ses personnages doivent faire corps avec une nature hostile et inhospitalière. Les descriptions sont à couper le souffle et les animaux, omniprésents. Ils sont hissée au rang de protagonistes et témoignent de son profond attachement à leurs égards. Entre ces lignes, les loups sont aussi majestueux qu'inquiétants tandis que les chiens sont profondément attachants. 

Avec Les Loups chantants, on retrouve la signature d'un imaginaire singulier, foisonnant et féroce où l'épouvante fraie avec le beau. Aurélie Wellenstein est l'une de ces plumes qui a l'art d'horrifier et d'émerveiller, tout à la fois. Chacun de ses textes se savoure, ne serait-ce pour les ambiances très particulières qu'ils dégagent. Les Loups chantants ne fait donc pas exception et est tout aussi riche que ses autres livres. 

29/09/2023

François Baranger, Second Sorcier, T.2, Ars Obscura, éditions Denoël

François Baranger, Second Sorcier, T.2, Ars Obscura
éditions Denoël 

A l'heure où Sorcier d'Empire est en lice pour le prix Elbakin 2023, le tome 2 de la déjà très remarquée saga, Ars Obscura de François Baranger vient de sortir en librairie. Une bonne nouvelle qui va ravir les amateurs de la première heure. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Denoël, je remercie Pascal Godbillon pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé:

Pendant que Ludwig cherche un moyen pour libérer ses compagnons, Ethelinde et Mathurin, prisonniers de la garde Hermétique en plein cœur des Cévennes, Napoléon Ier, lui, se prépare à affronter les armées des coalisés à Waterloo avec l'appui de son sorcier Elégast. Maintenant que l'empereur dispose de l'Art Obscur, est-ce que cette redoutable puissance fera la différence sur ce tragique champ de bataille pour le camp français ? 

Mon avis :

A présent que l'on a fait la connaissance des personnages et que l'on a goûté à leurs tumultueux destins, le moment est venu de rentrer dans le vif du sujet. 

Avec sa série Ars Obscura, François Baranger nous plonge au cœur d'une période chaude de l'Histoire. L'heure est à la guerre, chaque camp fourbit ses armes, prêts à se jeter à corps perdu dans la bataille avec la peur chevillé au cœur de ne pas y survivre. Les pages défilent, le ton est rythmé et l'atmosphère est âpre. L'auteur mêle habilement le son des baïonnettes et le goût de la poudre aux manifestations magiques qui embrasent ici les affrontements. Les scènes sont spectaculaires avec ces deux puissances qui s'affrontent car les Français ne sont plus les seuls à disposer d'un sorcier. La donne a donc changé et nous promet un véritable choc des titans. Néanmoins, au lieu de l'Armageddon promis, on assiste à une débâcle française, suite à la défection de leur protecteur qui s'est retrouvé totalement démuni face à un pouvoir bien supérieur au sien. En introduisant cet élément inattendu, François Baranger rejoue la partition d'un évènement historique décisif à la finalité identique mais qui dégage un tout autre parfum. 

En outre, pour nourrir le pan occulte de son intrigue, l'auteur puise à la fois dans le folklore légendaire datant du VIIe siècle que dans le culte d'un dieu sanguinaire perpétué par les membres d'une secte russe qui jouent avec des forces qu'ils ne maîtrisent pas. Sous la plume de François Baranger, les époques historiques se télescopent pour légitimer l'onirisme de ce texte en lui donnant un sens crédible. Entre expériences scientifiques et exhumations de rites ancestraux, on reste bluffé par l'ingéniosité de l'auteur qui nous fait traverser des territoires sombres et terrifiants. 

Dans ce grand chassé-croisé de personnages, certaines rencontres promettent d'être explosives pendant que d'autres semblent salutaires. Quoi qu'il en soit toutes vont nous tenir en haleine car finalement nul ne peut prédire comment elles vont se solder. 

Les cabales vont bon train mais il faut dire que la période est propice. Pour autant, aboutiront-elles aux attentes des instigateurs, rien n'est moins sûr car François Baranger apprécie autant de jouer avec l'Histoire qu'avec ses personnages. Alors tout peut arriver car l'inattendu est le maître-mot de cette aventure. 

Second Sorcier est un tome riche en révélations qui dessinent déjà une suite pleine de rebondissements avec des protagonistes qui se préparent déjà à la contre-attaque. 

Si l'action est le fil directeur de ce récit, il n'en demeure pas moins qu'il dégage également beaucoup d'émotions qui vont notamment s'exprimer à travers des retrouvailles touchantes. Les deux forment ici un cocktail réussi pour nous offrir un instant de lecture intense et captivant. 

Pour conclure :

Fort bien documenté sur l'ère napoléonienne, François Baranger signe une uchronie réussie qui louvoie entre réalités historiques et épisodes fictifs. Gros coup de cœur pour ma part. A quand le vôtre ?

Fantasy à la Carte

D'autres avis sont à lire sur la blogosphère : Le Nocher du Livre.

Informations

A lire sur le blog, mon avis sur Sorcier d'Empire

François Baranger
Second Sorcier
T.2
Ars Obscura
9782207165850
442 pages
Editions Denoël

19/09/2023

Louise Jouveshomme, Neighian, T.2, éditions Mnémos

Louise Jouveshomme, Neighian, T.2, éditions Mnémos 

Pépite de l'imaginaire 2023, le premier volet de Neighian a été un vrai coup de cœur pour moi. Entre un univers fouillé et des intrigues politiques, Louise Jouveshomme cochait déjà toutes les cases pour faire un bon livre. 

Or, ce mois de septembre sonne le retour en librairie de cette jeune pousse avec la fin tant attendue de sa duologie.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Coup de théâtre, après sa vaine tentative de faire reconnaître par les sirènes l'innocence du peuple des Elfes dans l'assassinat d'un membre de la Meute, Heltia de Cytari s'est réfugiée à la cour de Breniam où le roi Cassar III reconnait en elle, sa nièce disparue Hippolyte de Carnaïm. Contre toute attente, elle se prête au jeu et embrasse cet héritage royal, dans l'espoir peut-être vain de se venger et de renverser l'échiquier politique en place ? Mais est-elle réellement celle qu'elle prétend être ? Et pourra-t-elle vraiment démasquer les commanditaires qui se cachent derrière le Nouvel Ordre? 

Mon avis :

Février n'est pas si loin, pourtant cela n'a pas été simple de raccrocher les wagons tant l'intrigue de Neighian est complexe. Si le tome 1 a été un roman d'exposition dans lequel Louise Jouveshomme nous présente son riche univers et initie son intrigue politique, le tome 2, lui, complexifie grandement la trame narrative de ce récit. Il faut dire que même si l'histoire est portée par Hestia et Melion, de nombreux intrigants gravitent autour d'eux obligeant les lecteurs à redoubler d'attention pour ne pas perdre le fil. 

Avec Neighian, Louise Jouveshomme marche sur les plates-bandes d'un certain G.R.R. Martin avec un texte qui, comme dans Le Trône de Fer, partage ces mêmes rivalités dans la course au pouvoir et ou chaque protagoniste est le pion d'un autre. Ce choix narratif est à la fois un atout et une difficulté avec une autrice qui endosse le rôle de marionnettiste de ses très nombreux protagonistes jouant ici presque tous un double jeu. En effet, chacun d'entre eux y va de ses mensonges et de ses manipulations pour servir un dessein qui lui est propre et donner à ce second volet un caractère imprévisible. Ainsi, la trahison est souvent de la partie même si on ne la voit venir car l'autrice demeure bien maîtresse de son jeu en maintenant une chappe de suspense d'un bout à l'autre du récit. 

En sus des complots de cour qui émaillent largement les pages de ce tome 2, il est également question de batailles épiques, de la levée de contingents militaires  ou encore de siège car l'autrice s'est attachée à nous conter la reconquête d'un pouvoir et la lutte sanglante contre des hordes d'ennemis. Le ton est mordant et les descriptions sont rugueuses.

Quant à la magie qui imprègne cette duologie, elle emprunte au souffle brûlant du dragon et confère à Hestia une puissance brute et dévastatrice qui bouillonne au fond de son être. Celle-ci n'est pas le cœur du propos mais accompagne l'un des personnages principaux dans sa quête. Tout comme l'ikantaikâ est l'apanage des Elfes qui leur donne accès au monde invisible afin de sonder les âmes.

Chevauchées, conspirations et surnaturel caractérisent le cœur de ce roman et offrent un moment de lecture sans temps mort. 

Enfin, dans ce tome 2, Louise Jouveshomme change totalement de paradigme avec d'un côté, Hestia qui passe du statut de mercenaire à celui d'héritière royale l'obligeant à adopter de nouvelles stratégies et de l'autre côté, Melion qui, lui, doit faire face à un handicap imprévu tout en œuvrant pour ne pas être le sacrifié de ce jeu de dupes dont il ne connait pas les règles.

Pour conclure :

Avec Neighian, on goûte à une œuvre dense qui nécessite sans doute d'être lu d'une traite pour ne rien perdre de la richesse des éléments essaimés ici.  C'est un premier roman qui frappe fort de par son ambition et sa qualité. Louise Jouveshomme est indéniablement une plume de l'Imaginaire à suivre. Alors suivez mon conseil et lisez Neighian !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur le T.1 de Neighian.

informations

Louise Jouveshomme
Neighian
T.2
9782382670835
510 pages
Editions Mnémos

Lien vers le site

13/09/2023

Ina Siel, Le Cercle des Géographes, T.1, Emblèmes, Naos, éditons Mnémos

Ina Siel, Le Cercle des Géographes
T.1, Emblèmes
Naos, éditions Mnémos 

Autrice de science-fiction et de fantasy, Ina Siel aime beaucoup se perdre dans ses mondes imaginaires clairs-obscurs. 

Après un premier roman, Le musée galactique des choses disparues, publié aux éditions Haro, en septembre 2022, la voici de retour avec un nouveau titre édité, cette fois-ci, chez Mnémos.

Avec Emblèmes, premier tome d'une duologie, l'autrice a quitté les rivages de la dystopie mâtinée de cyberbunk pour accoster sur le territoire d'une fantasy, teintée d'obscurité. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Érèbe d'Aigremort préfère la compagnie de son loup et la solitude de la forêt, plutôt que celle de ses semblables pleine de mesquinerie et de moquerie. Sur son compte courent les pires rumeurs, sa présence suscite tantôt l'effroi, tantôt la haine car les gens préfèrent se fier aux mauvaises langues plutôt que de faire leur propre opinion. Alors qu'il pensait demeurer seul, l'héritière de la maison Vonburg de Souale souhaite le rencontrer pour l'épouser. Il est vrai que la dot qu'elle apporte pourrait sauver le domaine de la ruine mais pourquoi désire-t-elle tant épouser un monstre ? Cécilie n'accorde que peu d'importance aux commérages et elle compte bien obtenir par son union un ticket d'entrée pour la Scientifica où elle espère trouver sa place et s'épanouir. Seulement son manque d'honnêteté et l'emballement des évènements pourraient bien lui coûter son rêve ?

Mon avis :

Dans Emblèmes, Ina Siel nous ouvre les portes d'un univers merveilleux et occulte qui oscille entre science et magie. Ce monde se divise en trois espaces distincts. Il y a Naturalia, administré par les cinq cités nations : Archonde, Lux, Cavare, Souale et La Tour qui entretiennent des relations commerciales entre elles et avec La Scientifica. Cette dernière forme, d'ailleurs, un archipel de cinq îles : l'île des Cendres, l'île des Pierres, l'île du Lys, l'île du Lierre et l'île de la Rose. Véritable berceau des innovations technologiques, elle abrite en son sein l'université qui forme les hommes et les femmes à devenir les futurs Scientificiens. Enfin, Exotica est une vaste jungle où vivent de manière éparse des clans régis par de puissantes entités, qualifiées ici d'Emblèmes, qui leur sont propres et leur confèrent une magie particulière. Leur existence demeure abscons aux yeux des Naturaliens et des Scientificiens qui organisent régulièrement des expéditions pour ramener des spécimens et percer les secrets de cette sorcellerie. Or, ces trois mondes dégagent des ambiances bien différentes. Si Naturalia personnifie le XVIIIe siècle à travers l'emprise des naturalistes, l'essor des cabinets de curiosités, l'engouement pour le commerce des produits exotiques et le maintien d'une société patriarcale, La Scientifica, elle, s'inscrit davantage dans notre époque contemporaine marquée par un important progressisme scientifique et social. Quant à Exotica, elle demeure un vaste territoire sauvage dominé par une nature luxuriante où s'épanouie la magie transformant même les espèces en créatures ésotériques. Véritable hommage à ces fameux cabinets de curiosités dont la désignation des objets s'y trouvant a littéralement inspiré l'autrice dans son choix du nom des lieux où se déroule l'action de son livre. Ainsi, naturalia désigne les objets de nature animale, minérale et végétale, scientifica fait référence aux instruments scientifiques et exotica renvoie à la faune et à la flore exotique, ainsi qu'aux objets ethnographiques. 

Des cercles érudits à l'équipée sauvage, l'atmosphère dégagée ici emprunte au gothique donnant au récit un charme suranné. 

L'intrigue de ce premier volet d'Emblèmes repose sur le couple arrangé formé par Érèbe d'Aigremort et Cécilie Vonburg qui sont les deux narrateurs de cette histoire. Introverti et solitaire, Érèbe est littéralement écrasé sous le poids des rumeurs qui entachent sa réputation l'empêchant ainsi de s'épanouir. C'est un protagoniste profondément touchant, hanté par un drame survenu alors qu'il était très jeune mais dont les souvenirs demeurent flous. Depuis lors, il fait des cauchemars toutes les nuits, toujours réveillé par ses hurlements. Cela l'a fragilisé au point de le couper de la société qui rejette sa différence préférant l'injurier plutôt que de le comprendre. Son altruisme et son envie irrépressible d'être aimé attendrissent et déclenchent une vive émotion dans le cœur des lecteurs qui découvrent son histoire. A contrario, Cécilie, elle, est une âme forte, une battante qui souhaite s'écrire son propre destin sans se soucier des autres. Elle est étouffée par le modèle de société prôné à Naturalia reléguant la femme au seul rôle d'épouse et ne rêve que de s'émanciper, d'étancher sa soif de savoirs en s'inscrivant à l'université afin de devenir à son tour une Scientificienne. Or, pour arriver à ses fins, elle a élaboré un plan aussi opportuniste que machiavélique. Son désir d'indépendance est louable et compréhensible mais ses mensonges et ses non-dits le sont moins vis à vis d'un Érèbe si meurtri. Ainsi, Ina Siel a pris le parti de nous brosser le portrait de protagonistes nuancés avec d'un côté un homme accablé par la rumeur dont il faudra démêler le vrai du faux et de l'autre côté, une femme déterminée à l'égocentrisme blessant. 

Dès les premières lignes de son livre, Ina Siel nous emporte dans le tourbillon des péripéties par lesquelles passent ses deux personnages principaux. La plume est fluide et n'a aucun mal à nous faire adhérer à son histoire. D'autant que le texte est ponctué de thèmes pertinents. Bien sûr, on va retrouver des éléments familiers au Young Adult comme l'amitié, l'amour ou l'apprentissage, mais l'autrice nous parle aussi d'handicap, de dépression et de maladie en mettant notamment en exergue la manière de les surmonter ou tout du moins de les apprivoiser. Elle table plutôt sur des destins tourmentés et des personnages fragilisés donnant ainsi un accent très réaliste tout en suscitant moult émotions. 

Pour conclure :

Exploration, secrets et complots politiques émaillent les lignes de ce fabuleux récit. Avec Emblèmes, Ina Siel échafaude une intrigue ambitieuse qui n'a pas fini de nous faire réagir d'autant que le suspense est manié ici avec beaucoup de machiavélisme. Vous voilà prévenus mais comment ne pas succomber au charme de cette signature déjà si prometteuse? 

Fantasy à la Carte

Informations

Ina Siel
Le Cercle des Géographes
T.1
Emblèmes
9782382670842
382 pages
Collection Naos
Editions Mnémos

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09/09/2023

Nicolas Allard, Dune, essai, éditions Pocket Imaginaire

Nicolas Allard, Dune l'essai, éditions Pocket Imaginaire 

Vendu à plus de 20 millions d'exemplaires, Dune est la saga de science-fiction la plus lue au monde. Véritable phénomène littéraire qui en aura fasciné et inspiré plus d'un. Les tentatives d'adaptation cinématographiques, pas toujours heureuses au demeurant, n'ont pas manqué comme celle avortée d'Alejandro Jodorowsky en 1970, celle de Scott Lynch en 1984 et enfin celle proposée dernièrement par Denis Villeneuve qui totalise 401 847 900 entrées à l'échelle mondiale. 

Or, pour surfer sur la vague Dune, les éditions Pocket Imaginaire nous proposent une réédition en version augmentée d'un essai sur Dune signé par Nicolas Allard

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse dédicacé.

Mon avis :

Agrégé de lettres modernes et grand passionné de fantasy et science-fiction, Nicolas Allard cumule depuis quelques années les essais s'intéressant à la pop culture avec Star Wars, un récit devenu légende (Armand Colin, 2017), L'Univers impitoyable de Game of Thrones (Armand Colin, 2018), ainsi que Les Mondes extraordinaires de Jules Verne (Armand Colin, 2021). C'est donc tout naturellement qu'il s'est penché sur Dune de Frank Herbert et nous en propose une analyse fine et très documentée, découpée en trois parties. 

Il commence par s'intéresser à l'écriture de Dune en insistant sur les difficultés pour adapter ce monument littéraire. En effet, beaucoup s'y sont cassés les dents comme aime nous le rappeler dès le début de son essai Nicolas Allard qu'il qualifie lui-même d'adaptation maudite. Le premier à avoir vu le potentiel de cette œuvre est Arthur P. Jacobs, à qui l'ont doit La Planète des Singes. Seulement, le projet connait des difficultés et est finalement abandonné au décès du producteur. La franchise Marvel était également intéressée mais elle a essuyé un refus par Frank Herbert en personne qui estimait que seul le 7e art pouvait faire honneur à sa saga. De même, Alejandro Jodorowsky n'a pas su convaincre Hollywood mais il faut dire qu'il proposait un film de 10 heures. Finalement, le premier film est produit par l'Italien Dino De Laurentiis qui a acquis les droits sur le conseil de sa fille, grande amatrice du cycle et est réalisé par David Lynch remplaçant à la dernière minute Ridley Scott. Mais, le succès attendu n'est pas au rendez-vous et la critique est sévère au point que David Lynch ait renié son film. Il aura donc fallu attendre 2021 et la proposition de Denis Villeneuve pour voir l'adaptation la plus crédible de Dune même si lui-même reconnaît que le format série serait plus adapté pour le déroulé des intrigues. C'est pourquoi Dune : The Sisterhood est déjà prévue et portera sur l'ordre du Bene Gesserit comme l'a annoncé justement Denis Villeneuve dans un communiqué de presse. 

On l'aura compris, réaliser un film à la hauteur de l'esthétisme et de la complexité des intrigues n'a pas été chose aisée, seul l'avenir nous dira si l'objectif est pleinement atteint en faisant de Dune le nouveau phénomène pop culture.

Dans sa deuxième partie, Nicolas Allard détaille le roman de Frank Herbert en mettant en lumière la richesse des thématiques abordées. Le texte est passionnant et novateur. Il est porteur d'un message féministe et écologique. L'auteur donne une réelle importance aux femmes dans son récit à travers cet ordre du Bene Gesserit qui n'est ni plus ni moins une société matriarcale. Dans Dune, Frank Herbert a une vraie conscience écologique en défendant la vision d'humains vivant en bonne intelligence avec la nature dans le respect de la faune et la flore. De même, le noyau de l'intrigue de Dune permet à l'auteur d'alerter sur des sujets qui l'inquiètent comme le transhumanisme à travers la maîtrise de la génétique. Ce n'est pas pour rien qu'il a projeté son récit dans un futur lointain où l'humanité a mis fin à l'intelligence artificielle pour se replier sur elle-même et développer ses propres capacités afin d'être autonome. Enfin, il met en garde sur cette recherche perpétuelle de la figure du héros comme sauveur que les électeurs ont d'ailleurs tendance à rechercher dans l'homme politique, quitte à en perdre sa liberté. 

Dune est non seulement une aventure captivante qui nous emmène sur une autre galaxie, mais c'est aussi un texte d'une grande sagacité qui mérite d'être grandement médité. 

Enfin, Nicolas Allard conclut son essai sur le parallèle qu'il fait entre Dune et Star Wars car la saga de George Lucas est bien un enfant du roman de Frank Herbert. Les lecteurs de la première heure y voit même dedans une réécriture de Dune. Frank Herbert lui-même y avait remarqué pas moins de seize similitudes comme le lieu de l'action, une planète désertique, l'introduction de technologies avancées ou encore la construction politique tournant autour d'un homme de pouvoir. Mais, l'essayiste va même plus loin en établissant des liens avec d'autres pointures littéraires comme la série du Trône de Fer de G.R.R. Martin qui, d'ailleurs ne s'est jamais caché d'avoir lu Frank Herbert et de s'en être même inspiré. 

A la lumière de ses analyses, on mesure l'influence colossale que Dune a pu exercer sur des générations d'auteurs et d'artistes dans la genèse de leur processus de créations. Dune demeure une œuvre intemporelle qui n'a sans doute pas fini de faire parler d'elle.

Pour conclure :

Que vous soyez un amoureux du cycle de Frank Herbert qui souhaite prolonger la magie intelligemment ou au contraire, un simple curieux qui ne veut pas passer à côté de ce chef d'œuvre, cet essai sur Dune va s'imposer à vous, ne vous en déplaise ! Il est bourré d'informations et de réflexions pertinentes qui éclairent autant la saga de Frank Herbert que que celles de ses héritiers de fantasy et science-fiction. N'hésitez pas plus longtemps et lisez-le !

Bande annonce de Dune (partie I) de Denis Villeneuve 

Fantasy à la Carte

Informations

Nicolas Allard
Dune, l'essai
9782266332613
334 pages
Editions Pocket Imaginaire

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