L'influence du "gaming" à la littérature

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22/04/2023

Anna Triss, Le Don de mort, tome 1, La Guilde des Ombres, éditions Pocket Imaginaire

Anna Triss, Le Don de mort, tome 1, La Guilde des Ombres
éditions Pocket Imaginaire 

Après avoir été plébiscité en grand format, la célèbre saga d'Anna Triss est rééditée en poche. En effet, en ce mois d'avril, les éditions Pocket Imaginaire nous proposent pas un mais les deux premiers tomes de La Guilde des Ombres, histoire de ravir les amateurs du genre. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après le décès brutal de ses parents, Panama Carswell est séparée de son frère et placée dans un orphelinat. Attirés par son don, Khamar et Jerys Targam débarquent un jour pour venir l'adopter alors qu'elle est âgée de onze ans. Sans rien lui cacher de leurs fonctions, ils lui proposent de rejoindre une société secrète d'assassins afin d'y être formé et d'apprendre à maîtriser son don. Panama y voit là l'occasion de vivre dans ce qui se rapproche le plus d'un foyer alors elle accepte. C'est ainsi que débute pour elle un terrible entraînement la faisant suer sang et eau, mais le prix en vaut la chandelle si elle peut reprendre sa revanche sur la vie, non ? 

Mon avis :

Dans La Guilde des Ombres, on pénètre un univers ténébreux et fouillé. Anna Triss nous emmène à Terreflamme qui connaît une paix relative assurée par la Ligue Mercantile, la Caste de Justice, le Clan des Erudits, la Fraternité du Panthéon, la Confrérie Ouvrière et la Guilde des Ombres depuis le renversement de l'empire de Callistin III, dit le Sanguinaire, pendant la Guerre Continentale. L'autrice n'est pas avare en précisions car tout y est minutieusement détaillé. Elle met aussi bien en scène des elfes, des elfides, des nains, des dragons que des humains. De même, elle a doté son monde d'une mythologie forte à travers des cultes religieux prégnants qui s'expriment à la fois par l'existence d'un panthéon de dix dieux encadré par les deux Divines Mères : la déesse de la Vie et la déesse de la Mort, que par la célébration de la nature par l'intermédiaire des quatre Dryadènes symbolisant chacune un élément. 

Néanmoins, c'est surtout à Clepsydre où se déroule l'essentiel de l'action de ce tome 1. Considérée comme la jumelle de la capitale Alkanthar, elle est surnommée la Cité des Vices car elle accueille mécréants, prostituées, va-nu-pieds, assassins et pauvres. C'est là que règne la Guilde des Ombres, cette organisation secrète formant des assassins, fondée par les seigneurs Funeste et Fournaise, à la fin de la guerre et constitué par les anciens esclaves-soldats du Sanguinaire. Son fonctionnement est réglementé par dix règles strictes auxquelles tous les assassins doivent se conformer sous peine d'en être définitivement exclus. En outre, l'accès à la formation des Ombres est conditionné à la possession d'un don. Celui-ci peut être de trois natures différentes : les Dons Terrestres sont réservés aux mortels impliquant une prédisposition physique, les Dons Draconiques sont possédés par les dragons et relèvent de la psychique et enfin les Dons Célestes sont réservés à de rares élus, héritiers des dieux et ayant un rapport avec la Création même. 

Au fil des pages, on prend la mesure du travail colossal réalisé par l'autrice pour bâtir un univers cohérent et fonctionnel. Chaque début de chapitre y va de ses références pour comprendre et apprécier au mieux ce cadre richement doté. D'ailleurs, on constate qu'un lourd historique est à l'origine de l'organisation de ce monde dont l'autrice a patiemment réuni tous les éléments afin de lui donner une vraie crédibilité. 

C'est l'un des points forts de cette dark fantasy qui s'avère très ambitieuse et fortement bien réussie. Mais ce n'est pas le seul car Anna Triss a parsemé son intrigue d'énigmes autour de certains de ses personnages et de la réelle destinée qui les attend. Elle nous immerge dans une quête initiatique menée par son personnage principal. Le Don de mort est un premier volet qui se présente comme un roman d'apprentissage au cours duquel Panama Carswell va suivre un dur apprentissage pour devenir une véritable Ombre. Que ce soit le maniement des armes, l'élaboration et l'usage des poisons, le développement de sa force physique, la planification sur le terrain de futurs assassinats ou l'adaptabilité sur le terrain pour faire face aux imprévus en dépit des scénarios préalablement établis en amont, tout est enseigné pour devenir le meilleur des assassins. 

15/04/2023

Andre Norton, Witch World, éditions Mnémos

Andre Norton, Witch World, éditions Mnémos 

En plus de dénicher les talents de demain qui perpétuent le renouvellement des littératures de l'Imaginaire, les éditions Mnémos mettent également un point d'honneur à dépoussiérer des textes oubliés, des classiques délaissés afin de les remettre au goût du jour pour le plaisir de tous. 

C'est ainsi qu'en ce mois d'avril, ils ont décidé de mettre en exergue la plume d'Andre Norton, à travers la réédition de son œuvre majeure de fantasy, Witch World

Derrière ce pseudonyme masculin se cache une femme à la bibliographie impressionnante. Née au début du XXe siècle et bercée dès sa plus tendre enfance par la littérature et les histoires, elle écrit son premier roman Ralestone Luck très jeune et adopte rapidement un nom de plume masculin sur les conseils de son éditeur pour faciliter les ventes et s'affirmer au cœur de ce paysage éditorial et littéraire dominé quasi exclusivement par les hommes. Elle est clairement une figure majeure de la littérature féminine américaine avec près d'une centaine de romans de science-fiction et de fantasy publiés. D'ailleurs, en 1983, l'ensemble de son œuvre est primé par le Grand Master Award de Science-Fiction and Fantasy Writers of America

Reçu en service de presse, je tiens d'abord à remercier Estelle Hamelin, ainsi que les éditions Mnémos pour l'envoi d'un exemplaire de Witch World

Résumé :

Simon Tregarth est un soldat qui s'est illustré pendant la Seconde Guerre Mondiale. Or, peu après sa démobilisation, il est accusé de participer à des trafics clandestins et est traqué par une organisation secrète. Son salut, il le doit à un certain Jorge Petronius, un docteur illuminé qui propose de le soustraire à sa condamnation en l'envoyant dans une autre dimension grâce au célèbre siège périlleux, tiré des légendes arthuriennes. Peu convaincu par les propos farfelus de l'homme, il n'en croit pas ses yeux lorsqu'il débarque dans un lieu inconnu qui ne reste pas longtemps déserté puisqu'une femme, pourchassée par des hommes et des chiens sanguinaires, surgit dans son champs de vision. L'urgence de l'instant ne lui laisse pas le loisir de réfléchir et ni une ni deux, le voici qui vient en aide à la femme et se retrouve très vite à endosser le rôle de gardien du pays d'Estcarp, peuplé de sorcières menacées par les états voisins. 

Mon avis :

Dans Witch World, Andre Norton nous ouvre les portes d'un univers imaginaire mixte mêlant de la fantasy épique à de la science-fiction. Ici, il fait office de dimension parallèle que l'on pénètre par le biais d'un portail magique. Ainsi, on passe d'un monde moderne accusant le coup de la Seconde Guerre Mondiale à un espace-temps immémorial où la magie semble avoir remplacé la science. En effet, ici le pouvoir est entre les mains des femmes qui disposent de joyaux leur permettant de manipuler les esprits, de changer d'aspect physique et d'exprimer ainsi une certaine supériorité. Or, ce matriarcat dérange les royaumes voisins gouvernés par des hommes qui considèrent ces sorcières comme une menace et se sont adjoints la mission de les traquer pour les asservir. 

Andre Norton nous dépeint un monde déchiré car livré à une lutte sans merci, nourrie par la défiance, la haine et le machisme. Cependant, cet antagonisme va servir les desseins d'un ennemi invisible qui a infiltré les lieux sans bruit. Celui-ci se sert du même genre de portail emprunté par Simon Tregarth lui-même pour accomplir ses bases œuvres. A travers son ombre, l'autrice enrichit son monde de nouvelles perspectives. La science entre en action à travers le progrès qui cherche ici à supplanter la magie. Cette science est néanmoins dévoyée car l'autrice teste dans son récit des expérimentations scientifiques visant à créer une armée infaillible et décérébrée afin de coloniser les différents royaumes préexistants. 

Dans Witch World, l'autrice joue donc sur les anachronismes d'une modernité qui investit la médiévalité ambiante pour nourrir un imaginaire insolite. 

Witch World est un cycle marquant qui laisse s'exprimer un puissant féminisme. L'intrigue se concentre autour d'une poignée de femmes détentrices d'un pouvoir. Elle revisite donc la figure de la sorcière qui est à la fois puissante en son royaume et pourtant persécutée, passée les frontières. Andre Norton a repris l'image populaire et historique de la chasse aux sorcières à travers la notion d'indépendance féminine qui dérange la société misogyne. Sous sa plume la magicienne prend les traits d'une femme forte, actrice de son destin. Elle n'est plus cantonnée à occuper un rôle décoratif. L'autrice casse volontairement la représentation sexualisée de la femme, reléguée au simple rang d'objet de désir et de concupiscence. Mieux encore, elle prend la tête de l'aventure en menant la quête. En dépit du fait que le personnage principal soit un homme, c'est une femme qui demeure l'atout décisif à la réussite de la mission. 

11/04/2023

Pascale Quiviger, L'art du naufrage, tome 1, Le Royaume de Pierre d'Angle, éditions FolioSF

Pascale Quiviger, L'art du naufrage
tome 1, Le Royaume de Pierre d'Angle
éditions FolioSF 

Autrice et artiste canadienne, Pascale Quiviger se plaît à virevolter entre les genres. Parmi sa bibliographie qui s'étoffe d'année en année, on découvre un vrai trésor littéraire, à savoir Le Royaume de Pierre d 'Angle, une série de fantasy en quatre tomes. 

Lu dans le cadre de la Masse Critique mauvais genres organisée par Babelio, je remercie les éditions FolioSF pour l'envoi de ce livre. 

Résumé :

Après deux ans de navigation à bord de l'Isabelle, Thibault, le prince héritier du royaume de Pierre d'Angle sait qu'il devra bientôt rentrer au bercail. Or, sa décision s'accélère lors de leur dernière escale au cours de laquelle une passagère clandestine s'est réfugiée à bord. Elle serait à la recherche de sa sœur kidnappée et envoyée dans les royaumes du Nord. Alors que son amiral insiste pour la débarquer, Thibault n'en fait rien et accepte de l'emmener. Une rencontre inattendue qui va donner à sa vie un tournant surprenant même s'il l'ignore encore. 

Mon avis :

Dans Le Royaume de Pierre d'Angle, Pascale Quiviger nous immerge dans un univers de fantasy d'inspiration médiévale que l'on découvre d'abord à bord d'un navire. Dès lors le récit prend de suite un goût d'aventure drainant l'image populaire de la piraterie. 

D'escale en escale, on séjourne rapidement dans les différentes cours des royaumes voisins, ce qui nous fait prendre la mesure de la futilité et de la perfidie de la noblesse qui y siège. Le peuple y est mal traité, parfois asservi et les complots s'y épanouissent posant une chape de plomb malsaine sur l'ambiance générale. Il en va bien différemment à Pierre d'Angle où les roturiers vivent avec les notables sur un pied d'égalité. C'est un royaume qui se veut neutre, considéré par beaucoup comme un havre de paix. Mais cette sécurité et cet équilibre dépendent surtout du monarque qui monte sur le trône. Or, la transmission du pouvoir répond à des règles strictes menaçant ici de voir le royaume tombé aux mains du cadet si d'aventure l'aîné n'était pas là dans les temps pour recevoir la couronne. Voilà déjà une première menace encourue mais ce n'est pas la seule car derrière l'image idyllique, une malédiction accable également les lieux qui prend sa source dans ses origines et fait même peser un risque sur la dynastie royale. 

Aussi, il existe des endroits mystérieux et interdits où nul n'y met le pied sous peine d'être condamné à une mort certaine. C'est le cas de la forêt bordant la région, baptisée La Catastrophe. Inextricable et infranchissable, on l'a dit hantée. Rare sont ceux qui acceptent d'en parler. Un lourd secret plane au-dessus, une sombre magie y semble à l'œuvre. Seulement, l'autrice demeure avare en détails à son sujet dans ce premier volet laissant les lecteurs mariner, à réfléchir à tout ce que cette légende cache. Magie noire et magie blanche semblent être au cœur d'une lutte au sein de cette saga mais la lecture de la suite sera nécessaire pour en comprendre tous les tenants et les aboutissants car Pascale Quiviger ne fait qu'effleurer la question.    

Le Royaume de Pierre d'Angle esquisse les contours d'une utopie en mettant en exergue ici le modèle d'une société égalitaire et respectueuse. Ici, liberté, égalité et fraternité ne sont pas de vains mots car les relations que les gens entretiennent affichent de l'égard et de la déférence quelque soit leur niveau social. Pour autant, ce fonctionnement tient surtout à la personnalité du roi car l'image qu'il renvoie ici fait tout. Or, si celui-ci devait arborer un visage plus hargneux, doublé d'un comportement hostile et despote, il en irait clairement autrement. 

A travers la diversité de ses personnages, Le Royaume de Pierre d'Angle nous parle de discrimination, d'intolérance mais aussi de misogynie notamment par cette défiance des marins de voir une femme monter à bord d'un navire. C'est un texte riche qui aborde donc avec beaucoup de subtilité des faits de société. 

Derrière Le Royaume de Pierre d'Angle se cache un duo de personnages qui fonctionne excellement bien. Il y a déjà le prince Thibault que l'on apprécie d'emblée pour sa bonhomie, sa droiture, son élégance et sa finesse. Héritier du trône, il se rêve davantage comme un aventurier préférant courir les mers qu'avoir la charge de tout un royaume. Et pourtant, quand le moment vient pour lui d'assumer son rôle, il ne rechigne pas à la tâche même s'il est très vite dépassé. Il dégage une légèreté et a un tel sens de la répartie qu'on s'attache de suite à lui. A ses côtés se tient la discrète Ema. Courageuse, insoumise et un tantinet rêveuse, elle est prête à affronter mille dangers dans l'espoir d'un lendemain qui chante. Âme fière, elle incarne cette minorité sacrifiée qui manifeste une telle force intérieure nécessaire pour continuer à se relever et à avancer. C'est un personnage solaire qui exhale un charme fou et brille par sa délicatesse et sa douceur. La rencontre des deux est un enchantement autant pour eux-mêmes que pour les lecteurices qui les suivent dans leurs aventures.  

En conclusion :

Lecture fortuite par la hasard d'une Masse Critique mais véritable alchimie entre le premier tome d'une saga fort prometteuse et mon cœur de lectrice. Est-ce que cela tient à la fluidité du style ou à la sensibilité de la plume, je ne saurai dire si ce n'est que ce tome 1 est un vrai coup de cœur et qu'il me tarde déjà de lire la suite ! C'est donc avec impatience que j'attends mon prochain naufrage au royaume de Pierre d'Angle. A tout bientôt. 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère : Ô grimoire, Les critiques de Yuyine et Les Mots Magiques

Informations

A lire sur le blog, mon avis sur le tome 2, Les filles de mai

Pascale Quiviger
L'art du naufrage
Tome 1
Le Royaume de Pierre d'Angle
9782072999123
490 pages
Editions Folio SF

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07/04/2023

Peng Shepherd, Les Cartographes, éditions Albin Michel Imaginaire

Peng Shepherd, Les Cartographes, éditions Albin Michel Imaginaire 

Après Le Livre de M, une dystopie récompensé par le prix Neukom en 2019, Peng Shepherd a repris sa plume pour signer un deuxième roman. Avec Les Cartographes, elle quitte les rivages du postapocalyptique pour explorer les méandres du thriller fantastique. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après un incident survenu sept ans plus tôt à la New York Public Library qui a mis un terme à sa prometteuse carrière et l'a contrainte à couper définitivement les ponts avec son père, Nell Young est appelée à se rendre de toute urgence à la bibliothèque. Son père vient d'y être retrouvé mort dans son bureau. D'après les premières constatations, le décès serait naturel, mais le cambriolage survenu peu de temps après instille le doute dans l'esprit de Nell. D'autant que rien ne semble avoir été volé et si le cambrioleur cherchait cette maudite carte qui lui a valu son renvoi et qu'elle a retrouvée dans les affaires de son père. En l'étudiant de près, elle y découvre une anomalie. Dès lors, elle n'aura de cesse de vouloir en comprendre les raisons, quitte à se mettre en danger car les Cartographes s'y intéressent également. Et si ces gens étaient prêts à la tuer pour l'empêcher de trouver ses réponses ? 

Mon avis :

Pour poser le décor des Cartographes, Peng Shepherd est partie d'une réalité historique et en a fait son terrain de jeu. En effet, fascinée par l'apparition mystérieuse d'un village dans l'Etat de New York après que sa mention ait été ajoutée en 1930 sur les cartes routières produites par la Général Drafting Corporation pour confondre ses concurrents en cas d'éventuels plagiats, l'autrice s'est emparée à son tour de ce phénomène pour y planter son intrigue. Ainsi, dans son roman, Les Cartographes, Peng Shepherd a fait de cette carte de 1930 un enjeu autour duquel ses protagonistes se pressent pour soit en percer le mystère, soit mettre des bâtons dans les roues aux autres pour garder le secret. 

Ici, l'autrice balade autant son personnage principal que ses lecteurs en maintenant un flou autour de cette carte d'apparence banale qui pourtant suscite un tel émoi au point de commettre des vols et même des meurtres. Cela a le double intérêt d'instiller des éléments propres au roman policier, tels le questionnement autour du mobile du crime, les investigations pour démasquer le coupable sans parler de l'étau qui se resserre lentement autour des protagonistes, mais permet également à l'autrice d'ouvrir la porte vers un univers de fantasy urbaine à travers le trésor que recèle cette carte empreinte d'un certain onirisme. D'ailleurs, la cartographie est un élément important en fantasy car c'est par l'élaboration de cartes que ces mondes imaginaires prennent vie. Ainsi, sous la plume de Peng Shepherd, la cartographie devient le bais idéal pour donner à son texte sa dimension magique. 

03/04/2023

Marge Nantel, La Cité sous les Cimes, éditions 1115

Marge Nantel, La Cité sous les Cimes,
 éditions 1115.

Après un premier roman, intitulé Mille Portes et publié en 2011 chez Publibook, Marge Nantel a rejoint l'équipage des éditions 1115 et y enchaîne les vols vers les confins de son imaginaire. Elle y signe un premier livre en 2018 avec Dans l'Ombre des Miroirs, puis participe à l'anthologie, La Faculté des Idées Noires en 2021, et revient en cette fin de mois de mars 2023 avec un nouveau récit de fantasy, La Cité sous les Cimes

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je les remercie pour l'envoi surprise de ce service de presse. 

Résumé :

Eri Malakine et Darkha Quer-Majior vivent à Cayana. L'un est ingénieur et l'autre, mage. Ils s'entraident régulièrement dans leurs recherches car leurs domaines d'action sont complémentaires. Un soir, alors que les deux amis allaient quitter la bibliothèque, une urgence de dernière minute les a menés à jeter un coup d'œil aux archives situées au grenier. Constatant des dégâts dans la pièce, ils sont aspirés, malgré eux, dans une faille ouverte et se retrouvent propulsés quatre siècles plus tôt dans un monde en ruine. Après avoir échappés de peu à la mort, ils trouvent refuge sur un bateau qui va les conduire tout droit vers l'étrange cité sous les cimes. Mais y trouveront-ils le salut ou à défaut, une solution de retour? 

Mon avis :

La Cité sous les Cimes prend cadre dans le même univers que son roman Dans l'Ombre des Miroirs. Mais, pas de panique pour celles et ceux qui n'ont, comme moi, pas lu ce précédent livre car ces derniers peuvent très bien se lire de manière indépendante. 

Sous la plume de Marge Nantel, les humains côtoient les dragons, les elfes et toutes autres créatures surnaturelles sans qu'aucun n'est à redire. La magie est ici une source d'énergie dont la maîtrise est l'apanage des descendants des dragons. Ainsi, le sang draconique a la capacité d'interagir avec les runes qui constituent chaque être animé ou inanimé conférant un grand pouvoir à son détenteur. Les gens communiquent par l'intermédiaire de miroirs ensorcelés. En clair, la société imaginée par l'autrice fonctionne grâce à une ingénierie runique actionnant chaque mécanisme. C'est la raison pour laquelle on peut classer ce récit dans la catégorie d'Arcanepunk, d'autant que ses deux principaux personnages débarquent dans une cité dysfonctionnante en raison d'une magie défaillante et où ils vont jouer un rôle majeur pour identifier les problèmes et trouver des solutions. En leur compagnie, on goûte à un système de magie inventif et fonctionnel qui donne à cet univers tout son crédit. 

La Cité sous les Cimes est un récit dense qui prend le temps de poser le décor autant que l'histoire. Aussi, il ne faut pas s'attendre à de l'action à chaque page mais celle-ci vient à point, au même titre que les mystères qui s'amoncèlent au fil des chapitres autour des raisons de la décadence des lieux et des secrets dérangeants que semblent dissimuler certains de ses habitants. Finalement, on se laisse vite prendre au jeu, pressé de comprendre tous les non-dits.