L'influence du "gaming" à la littérature

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14/12/2022

Neil Gaiman, La Mythologie Viking, éditions Pocket Imaginaire

Neil Gaiman, La Mythologie Viking, éditions Pocket Imaginaire 

Ai-je vraiment besoin de vous présenter Neil Gaiman ? C'est  un auteur multiprimé, à la bibliographie vertigineuse dont certaines de ses œuvres ont même fait l'objet d'adaptations cinématographiques ou télévisuelles. 

Très vite, il enchaîne les collaborations qui lui mettent le pied à l'étrier. C'est ainsi qu'il est initié à la construction du roman graphique par Alan Moore et a travaillé  avec Terry Pratchett sur Good Omens

Fasciné par les mythes nordiques qui lui ont notamment inspirés Américan Gods, il publie en 2017 un petit guide sur La Mythologie Viking chez Au Diable Vauvert, que les éditions Pocket Imaginaire viennent de rééditer, à l'occasion de cette fin d'année, dans une édition collector. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Mon avis :

Il est difficile d'être exhaustif sur la mythologie nordique car beaucoup de ces mythes transmis oralement sont tombés dans l'oubli. Mais, c'est en s'aidant de l'Edda en prose de Snorri Sturluson et de l'Edda poétique que Neil Gaiman a pu reconstituer la légende de l'Yggdrasil en nous narrant certaines des aventures d'Odin, de Thor et de Loki. 

Pourquoi se focaliser sur ce trio ? Parce qu'ils sont indéniablement trois figures majeures de la mythologie nordique. Déjà, Odin est considéré comme le dieu le plus ancien, surnommé le Père de tout. Thor, lui est l'homme fort. Plus que d'être le fils d'Odin, il est souvent dépeint comme un héros invincible grâce à son marteau Mjollnir. Enfin, Loki, il est le frère de sang d'Odin. Ses facéties et sa duplicité pimentent la vie des dieux à Asgard qui lui concèdent une certaine tolérance. 

Passé le préambule traitant de l'origine du monde grâce à Ymir, le père des géants et Buri, l'ancêtre des dieux et aïeul d'Odin, Neil Gaiman rentre dans le vif du sujet en nous contant quelques notables péripéties de ces illustres déités. 

Pour son recueil, Neil Gaiman a sélectionné treize histoires à nous conter qui correspondent à autant de temps fort de la mythologie viking. C'est d'ailleurs avec Odin qu'il ouvre le bal en racontant son épopée au cœur du Jotunheim, pays des géants, afin de boire au puits de Mimir et acquérir ainsi la sagesse en échange de son œil. 

Puis, il enchaîne avec Thor dont la femme, Sid, est victime d'un tour pendable de Loki et se réveille un beau matin avec sa belle chevelure disparue. Les mauvais coups de Loki sont récurrents dans les mythes nordiques. Alors on ne s'étonne pas de les retrouver en fil directeur des histoires narrées ici. 

S'il aime taquiner ses homologues, il est parfois dépassé par les événements et ne maîtrise aucunement leurs conséquences désastreuses comme dans "Les Pommes d'Immortalité" où il est contraint pour sauver sa vie, de passer un odieux marché avec le géant Thiazi qui consiste à enlever la belle Idunn, gardienne des pommes d'immortalité. Un acte qui ne sera pas sans conséquence pour l'ensemble des dieux car ils vont connaître les affres de la vieillesse et en vouloir longtemps à Loki, même après le retour d'Idunn auprès des siens. Mais, Loki se montre souvent retors comme Neil Gaiman aime nous le rappeler comme dans "La Mort de Balder" que Loki a lui-même fomenté mais en faisant porter le chapeau au frère aveugle de ce dernier. 

Ainsi, de fil en aiguille, Neil Gaiman nous amène au crépuscule des dieux, l'inévitable Ragnarok, enclenché  par Loki lui-même par esprit de vengeance et grâce à l'aide de ses enfants qui initieront cataclysme et génocide. C'est donc un combat ultime et fracassant qui vient faire table rase de l'existant pour laisser la place à une renaissance car telle est la vie : un éternel recommencement. 

Sans surprise, Neil Gaiman a mis son talent de conteur au service de sa plume pour nous plonger dans cette mythologie fragmentée et pourtant si foisonnante. 

10/12/2022

Lyndall Clipstone, Le Manoir de Lakesedge, collection Stardust, éditions Hugo

Lyndall Clipstone, Le Manoir de Lakesedge, éditions Hugo Stardust

Stardust, c'est le nouveau label éditorial des éditions Hugo, inauguré en mars dernier. Leur ambition, proposer cinq publications Young Adult, estampillées imaginaire, par an. 

Pour leur dernière de l'année, ils nous proposent Le Manoir de Lakesedge de Lyndall Clipstone. Autrice australienne qui signe ici un premier roman destiné à un public plutôt adolescent. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Orphelins depuis le décès brutal de leur parents, Violette et Arien ont été recueillis par une femme froide et intransigeante. Sous l'emprise de cauchemars toujours plus invasifs, Arien s'enfonce peu à peu dans une grande détresse, face à laquelle sa sœur demeure bien impuissante. Tout change le jour où le seigneur local, un certain Rowan Sylvanan vient le trouver pour lui proposer son aide. C'est ainsi que lui et sa sœur, qui s'impose pour l'accompagner, s'installent dans la demeure de ce personnage si controversé au village. En effet, les rumeurs les plus folles courent à son propos, il aurait assassiné toute sa famille et serait de l'avis de tous, un terrible monstre. Et si la vérité était toute autre ? A Violette d'investiguer pour séparer la vérité du fantasme. 

Dans Le Manoir de Lakesedge, on baigne dans un univers sombre et mystérieux mêlant l'esthétisme du gothique à la romance tortueuse. Le cadre est aussi enchanteur qu'inquiétant. L'autrice nous décrit un manoir à l'abandon, tombé en décrépitude, entouré d'un jardin envahi par les ronces. Les lieux sont comme hantés avec des murmures semblant venir des murs. Quant au lac au fond de la propriété, il est tout simplement maudit et corrompu car une malfaisance y est à l'œuvre. Le ton est donc donné dès les premières pages avec un récit qui oscille entre ombre et lumière et des secrets qui fleurissent par poignées. 

En outre, Lyndall Clipstone juxtapose deux cultes qui s'affrontent et se complètent à la fois. Celui de la Dame qui symbolise la lumière et la vie et celui du Seigneur d'En-Dessous qui règne sur les ténèbres et le monde d'en bas. D'ailleurs, les protagonistes de ce livre les sollicitent souvent pour qu'ils interviennent dans leur vie et règlent certains problèmes. 

04/12/2022

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, Entrevue Choc avec un Vampire, éditons ActuSF

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, 
Entrevue Choc avec un Vampire
éditions ActuSF 

Paru dernièrement aux éditions ActuSF, Entrevue Choc avec un Vampire est comme le suggère cet intitulé une parodie du célèbre roman, Entretien avec un Vampire. Non contents de vouloir faire rire leurs lecteurs, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy ont surtout cherché ici à rendre hommage à Anne Rice dont les nombreux récits ont largement nourri leur imaginaire respectif. 

Considérés comme deux figures de la littérature vampirique, leurs romans ont marqué le paysage éditorial français de cette dernière décennie. Si on regarde du côté de Morgane Caussarieu, on peu notamment citer Dans tes veines (2012), Je suis ton ombre (2014), Rouge Toxic (2018), Rouge Venom (2019) ou encore Vertèbres (2022). Quant à Vincent Tassy, Apostasie (2016) et Comment le dire à la nuit (2018) ont fait son succès, sans oublier Diamants (2021). 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce nouveau service de presse. 

Résumé :

Alors qu'il se triture les méninges pour trouver l'idée qui sauvera son émission de radio, un journaliste assiste bien malgré lui à une étrange altercation entre un éphèbe fort bien coiffé et une ménagère se disputant l'ultime exemplaire d'un sèche-cheveux dernier cri. Si la scène prête à rire, elle a surtout le mérite d'avoir attiré la curiosité de ce chasseur de scoop qui espère bien en comprendre les tenants et les aboutissants en emboîtant le pas à l'androgyne afin de l'aborder. Mais, bien mal lui en a pris car celui-ci va l'obliger à écouter son interminable monologue portant sur sa longue vie d'immortel en remontant deux siècles plus tôt. Or, ne dit-on pas que la curiosité est un vilain défaut ? Il faut croire que la concupiscence aussi.

Mon avis :

Dans Entrevue Choc avec un Vampire, les auteurs ont réinterprété à leur manière le trio de personnages mis en scène dans la version originale. Déjà, ils ont fait de Louis, un jeune castrat originaire d'Italie qui a francisé son nom en Jean-Louis David. Ce qui a le double intérêt de faire un clin d'œil au roman, La Voix des Anges d'Anne Rice mais aussi au coiffeur éponyme dont la coupe étudiée du vampire aurait sans doute ravi le maître des ciseaux si d'aventure le livre lui était tombé entre les mains. Ensuite, Lestat partage avec sa nouvelle version Richard Court de Lion, son insolente beauté doublée d'une indéfectible fougue. Enfin, Claudia a bien mûri sous les plumes impertinentes de notre duo d'auteurs puisqu'elle prend les traits d'une vieille femme noire à l'odeur nauséabonde. Si la gamine regrettait son apparence de poupée l'empêchant de séduire ses proies en accord avec la maturité de son immortalité, Claudie est soumise aux mêmes affres en raison de son physique repoussant et malodorant. Avouez que ce trio ne manque pas de charme surtout pour venir pimenter cette histoire que vous pensiez pourtant bien connaître mais comptez sur eux pour y mettre leur grain de sel. 

Si ce roman suit dans les grandes lignes le récit initial en prenant notamment le même point de départ, à savoir un entretien entre un journaliste et un vampire, il substitue quand même son ambiance feutrée par une atmosphère plus clinquante. Il faut dire que l'obsession du narrateur aux dents longues pour le beau mobilier y est sans doute pour beaucoup dans cette impression. De même que les deux livres partagent le modèle du road-trip vampirique dans lequel certaines péripéties du premier récit sont conservées, notamment en ce qui concerne l'évolution du relationnel qu'entretiennent les vampires entre eux. Néanmoins, on notera les quelques libertés scénaristiques prises par les auteurs qui leur sont nécessaires pour introduire les nombreuses références aux autres romans d'Anne Rice. On ne s'étonne donc pas de recroiser entre ces lignes, une certaine reine des damnés rebaptisée pour l'occasion mais qui parlera à bien des lecteurs, pas plus que de renouer avec l'origine atlante de notre créature surnaturelle préférée dont il est d'ailleurs question dans Prince Lestat et l'Atlantide

28/11/2022

Anne Rice, Entretien avec un vampire, éditions Pocket

Anne Rice, Entretien avec un vampire, éditions Pocket

Autrice incontournable de littérature fantastique, Anne Rice compte une quarantaine de livres à son palmarès. Son enfance baignée dans la culture de la Nouvelle Orléans, faite de vaudou et d'autres croyances lui a inspirée l'élaboration de récits fantasmagoriques. 

Alors que sa série Chroniques des Vampires connait un regain d'intérêt avec la nouvelle adaptation d'Entretien avec un vampire sur Netflix, il était temps que je m'intéresse à la question en plongeant dans le premier tome. 

Résumé :

Dans Entretien avec un vampire, on fait la connaissance d'un vampire prénommé Louis qui a accepté de livrer son histoire à un inconnu venu l'interviewer. Tout commence deux siècles plus tôt alors qu'il est un riche propriétaire terrien en Louisiane, il sombre peu à peu dans la dépression après le décès brutal de son frère. Alors qu'il n'a plus goût à rien, il fait la rencontre d'un être mystérieux tantôt fantasque, tantôt irascible qui va lui offrir une immortalité aussi inattendue que cruelle. 

Mon avis :

Avec Entretien avec un vampire, Anne Rice signe un récit à l'ambiance sombre et intimiste qui redonne au vampire ses attributs ténébreux de chasseur avide. Esclave de ses bas instincts, il ne résiste pas à l'appel du sang. Sous la plume d'Anne Rice, il prend les traits d'un prédateur qui arpente inlassablement le monde, quitte à en devenir fou. 

Ce récit investit d'abord la Louisiane du 18e siècle pour se nourrir du folklore local et donner naissance à des légendes que l'on voit s'épanouir en Europe et particulièrement à l'Est où les protagonistes se rendent pour finir par s'établir à Paris. L'autrice nous plonge dans un réalisme où le fantastique survient à la faveur de la nuit. On y retrouve le charme propre aux récit fantastiques du 19e siècle. Ici, Anne Rice s'est beaucoup recentrée autour de la personnalité du vampire. 

En effet, en suivant Louis dans l'errance de ses premières années en tant que vampire, l'autrice s'est surtout intéressée à la psychologie de cette créature surnaturelle qui se retrouve tiraillée entre sa nature démoniaque et son humanité fugitive. D'autant que Louis est un vampire atypique qui va longtemps refuser sa condition, préférant se substanter du sang des animaux que de celui des humains. 

Elle s'appesantit également sur la relation fusionnelle parfois toxique qui lie un vampire à son créateur. On goûte ici à la fascination quasiment morbide de Louis pour Lestat qui le craint et pourtant semble incapable de s'en détacher. Lestat est un être inconstant et imprévisible. Or, en gardant par-devers lui les secrets du vampirisme, il va mettre Louis dans la posture délicate de la créature qui avance à tâtons dans ce monde fait d'inconnues autour des dangers qui le guettent ou des possibilités qui l'attendent. 

Dans ce premier volet des Chroniques des Vampires, Anne Rice explore la quête d'un vampire qui doit apprendre à renoncer à son humanité pour aller de l'avant et se forger une nouvelle identité. 

Au cours de ses pérégrinations, Louis va être soumis à des émotions fortes : la tentation, la peine, le regret ou la passion. C'est un texte où il y a peu d'action mais où l'autrice joue beaucoup sur l'émotionnel et la sensation pour faire ressentir aux lecteurs tous les sentiments par lesquels passe Louis au cours de sa vie de mort-vivant. 

A travers la figure du vampire torturé, Anne Rice introduit un élément dérangeant dans son roman, mais qui lui est nécessaire pour aborder la notion de responsabilité qu'implique un grand pouvoir car il faut notamment en assumer toutes les conséquences aussi bien pour soi que pour autrui.

Entretien avec un vampire est un huis clos qui met en scène très peu de personnages mais permet à l'autrice d'explorer tous les visages que peut revêtir le vampire. Ainsi, si Louis incarne le vampire tourmenté, Lestat, lui, est plutôt belliqueux tandis que Claudia est orgueilleuse. Tous donnent une vision personnelle et unique de l'immortalité offrant ainsi aux lecteurs matière à réflexion. 

En conclusion :

Lire Entretien avec un vampire, c'est plonger ou replonger dans le premier roman qui a inauguré les nombreux récits qui ont fait le succès d'une plume devenue incontournable pour le genre. On ne peut que vous recommander de vous y plonger surtout si vous aimez frissonner à l'atmosphère enténébrée du fantastique. 

Fantasy à la Carte

Informations

Anne Rice
Entretien avec un vampire
9782266134859
511 pages
Editions Pocket

Lien vers le site

23/11/2022

Nicolas Texier, L'Ombre à Berlin, éditions Les Moutons électriques

Nicolas Texier, L'Ombre à Berlin, éditions Les Moutons électriques 

Après avoir collaboré au roman graphique, Fumée, publié en août dernier, Nicolas Texier n'a pas quitté sa plume car il signe en septembre, L'Ombre à Berlin, magnifiquement illustré par Melchior Ascaride

Lu dans le cadre d'un nouveau partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Erwan Cherel pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Été 1932, Jakob Blumen est accusé du meurtre d'un jeune SS. Sa fille, Adèle n'arrive pas à croire à sa culpabilité et est bien décidée à prouver son innocence, en dépit des milices nazies qui ne vont pas manquer de la traquer. Avec l'aide de sa logeuse ex-bosseuse et lesbienne extralucide et de son ami, soigneur dans un zoo, ils vont s'engager dans une enquête dangereuse plongeant à pieds joints dans le surnaturel auquel le NSDAP semble intiment lié. Pour autant, arriveront-ils à faire éclater la vérité sans y perdre eux-mêmes la liberté et même la vie ? 

Mon avis :

L'Ombre à Berlin est un récit uchronique qui prend cadre dans la République de Weimar moribonde puisqu'on est propulsé au moment où le pouvoir politique est progressivement confisqué par le NSDAP. La montée du nazisme marque le début des persécutions juives. L'ambiance est donc à la suspicion et à l'accusation. Or, elle sert parfaitement l'intrigue de Nicolas Texier qui prend comme point de départ le meurtre d'un SS et que la police veut faire endosser à un Juif. Il nous embarque dans les méandres d'une enquête : celle d'une jeune fille prête à braver le danger pour innocenter son père. D'ailleurs, ses investigations la conduisent à explorer l'envers du décor de l'idéologie nazie. Sous la plume de Nicolas Texier, l'obsession d'une race aryenne supérieure est ici liée à une résurgence de la mythologie germanique. En effet, les Nazis interprètent les nombreux malheurs qui se sont abattus sur l'Allemagne depuis la Grande Guerre comme étant le signe d'un prochain Ragnarök, autrement une apocalypse dont ils imaginent pouvoir s'extraire grâce au mythique navire Naglfar. Ainsi, l'auteur emprunte avec beaucoup d'ingéniosité des éléments notables des mythes pour servir à dessein son intrigue qui repose allègrement sur le complot. 

L'univers imaginé par Nicolas Texier est donc très immersif car il mêle les heures sombres de l'Histoire à un ésotérisme marqué par du spiritisme et des expériences scientifiques fort étranges.