L'influence du "gaming" à la littérature

Google console

accueil2

accueil2

18/08/2021

Stefan Platteau, Meijo, tome 3, Les Sentiers des Astres, éditions J'ai Lu Imaginaire

Stefan Platteau, Meijo, tome 3, Les Sentiers des Astres
éditions J'ai Lu Imaginaire

Avant la sortie du très attendu quatrième tome du cycle de Stefan Platteau, Les Sentiers des Astres chez Les Moutons électriques, je me mets à jour en enchaînant avec Meijo

Ayant un réel attachement pour cette saga de fantasy, je ne me suis clairement pas faite priée pour poursuivre ma lecture. 

Réfugiés auprès des Teules, notre poignée de rescapés poursuit péniblement sa quête du Roi-Diseur tout en tentant d'échapper coûte que coûte aux terrifiants Nendous. Parallèlement, Shakti continue, lorsque la situation le permet, de conter sa tragique et émouvante histoire. Un destin qui s'est écrit dans les larmes et le sang que tous se languissent de connaître.  

Meijo marque un tournant dans ce cycle des Sentiers des Astres. En effet, des éléments importants sont révélés et l'intrigue prend pleinement corps. Stefan Platteau continue d'y explorer la vie tourmentée de son héroïne Shakti. A travers ses souvenirs, l'auteur nous brosse le portrait d'un personnage absent de la communauté mais pourtant si essentiel à l'histoire. Pour preuve, il en a même fait le héros de ce tome 3, ce qui lui donne l'occasion de s'intéresser de près à cette figure masculine en opposant les attentes d'une jeune femme vivant son premier amour et la désillusion d'une relation tronquée. Meijo est un homme capricieux et colérique qui passe bien souvent ses humeurs sur la douce Shakti. Il use et abuse de son influence sur cette dernière pour lui faire faire ce qu'il veut. Elle est clairement sa chose et se retrouve complètement sous sa coupe. 

En mettant en lumière les liens nocifs qui les unissent, Stefan Platteau dévoile une nouvelle facette de son héroïne. Petit à petit, on prend la mesure de la force de cette femme qui est sortie grandie de sa relation toxique qui l'a emmenée sur les chemins tortueux et glauques de la vie. Entre instants cruels et moments de grâce qui nous nouent bien souvent les tripes, on tombe totalement sous le charme de la charismatique Shakti. 

De même que ses souvenirs nous font quitter la luxuriante Vyanthryn pour rejoindre les contrées les plus citadines de L'héritage. Pour Shakti, ce changement de décors s'accompagne d'un sentiment diffus d'oppression. Bien loin de la nature vaste et sauvage qui lui est familière, elle se retrouve claquemurée dans des lieux insalubres, à côtoyer la misère et la violence. Aussi, dans Meijo, Stefan Platteau impute à son texte une toute autre ambiance foncièrement plus inquiétante. Cela vient d'ailleurs faire écho à l'urgence de la mission menée par l'expédition du capitaine Rana. Ici, les enjeux ne sont pas des moindres puisqu'il s'agit, ni plus ni moins, de mettre un terme à la guerre civile qui oppose les Luari et les Souarès. Alors que les premiers dont l'équipage de la gabare en sont les dignes représentants, cherchent à comprendre l'usage de l'Astra que Maroué a trouvé, les seconds, de leurs côtés, espèrent également mettre la main sur l'une de ses armes célestes pour remporter la victoire. 

Dans ce troisième opus, les deux récits entrent donc parfaitement en résonance en exhalant cette même atmosphère lourde et accablante.

Les Sentiers des Astres est une saga remarquable à plus d'un titre. Déjà, Stefan Platteau s'y fait l'inventeur d'un univers détaillé et fascinant, ensuite il brosse le portrait de personnages complexes et profonds, sans parler de son formidable talent de conteur émérite. 

Clairement, Stefan Platteau appartient à cette caste d'auteurs qui vous embarquent et vous font pleinement adhérer à leur univers si tôt les premières pages de leur livre dévorées. 

Lire son cycle devient très vite une addiction alors il me tarde déjà de poursuivre avec Jaunes Yeux qui paraîtra le 20 août prochain aux éditions Les Moutons électriques. A très vite !

Fantasy à la Carte

Sur le blog, vous pouvez retrouver mes avis sur les deux premiers tomes : Manesh et Shakti

Informations

Stefan Platteau
Meijo
Tome 3
Les Sentiers des Astres
9782290210093
704 pages
Editions J'ai Lu

10/08/2021

Stefan Platteau, Shakti, tome 2, Les Sentiers des Astres, éditions J'ai Lu

Stefan Platteau, Shakti, tome 2, Les Sentiers des Astres, éditions J'ai Lu

Après une lecture coup de cœur de Manesh, je prends enfin le temps de me replonger dans le très envoûtant cycle, Les Sentiers des Astres de Stefan Platteau. 

Il y a des plumes qui laissent une empreinte indélébile dans le paysage littéraire dès leur premier livre, celle de Stefan Platteau en fait clairement partie car avec Manesh, il signe un roman qui a su d'emblée trouver son public. Plébiscité et même récompensé par le très prestigieux prix Imaginales en 2015, l'auteur continue de nous émerveiller avec sa saga. 

Dans son deuxième tome, Stefan Platteau poursuit sa narration des aventures de cette étonnante compagnie, à travers les yeux du barde Fintan Calathynn. Débarqués de la gabarre et pourchassés par les enfants de l'Hermine, Fintan et ses compagnons n'ont pas d'autres choix que de s'enfoncer dans le Vyanthryn pour trouver le Roi-Diseur car telle est leur mission. Mais depuis la mort du capitaine Rana, les tensions sont exacerbées et la suspicion plane. Or, pour calmer les ardeurs belliqueuses des uns et détourner les rancœurs des autres Shakti, dit la "Courtisanne" est sollicitée pour raconter sa douloureuse et touchante histoire. 

Comme pour le tome précédent, Stefan Platteau continue de superposer à son intrigue principale un autre fil de narration, concentré sur l'un des membres de la compagnie. Si dans le tome 1, on en apprenait plus sur Manesh, le deuxième volet, lui, s'intéresse davantage au seul membre féminin de l'équipage, à savoir Shakti. Une technique d'écriture qui a le double avantage de dynamiser le récit et de lever le mystère sur certains personnages.

Avec Shakti, on s'immerge encore plus profondément dans l'univers mystérieux que nous dépeint Stefan Platteau. 

A la croisée des influences cultuelles et culturelles, on pénètre dans un monde fait de brumes où il n'est pas rare de rencontrer esprits et divinités. Dans le sillage de ce Roi-Diseur, on explore une nature à la fois exubérante et intimidante. Comme les personnages de Stefan Platteau, on est témoin de prodiges du fait de ces êtres merveilleux qui se montrent parfois, mais aussi de moments d'angoisse. L'obscurité des lieux et les ennemis surgissant de toutes parts et encerclant nos héros font clairement monter la tension crescendo dans ce tome 2 et contribue grandement à en alourdir l'ambiance. 

On commence à percevoir ce que sont ces Sentiers des Astres, ainsi que l'Outre-Songe, à travers les souvenirs de Shakti. Toute la fantasy de Stefan Platteau se cristallise autour de cette réalité parallèle qui interfère dans la vie de ses protagonistes. Entouré d'une véritable aura de mystères, on est complètement subjugué par ce monde et terriblement avide d'en découvrir tous les secrets. 

Déjà très attachée à Fintan et Manesh depuis ma lecture du tome 1, j'ai été très heureuse de découvrir dans ce deuxième livre, une partie de la vie de Shakti. En effet, l'auteur demeure volontairement évasif sur chacun de ses personnages jusqu'à ce que l'envie lui dise de les mettre à l'honneur, chacun à leur tour, dans tel ou tel volume de sa saga. Dans ce présent roman, c'est donc Shakti qui est à l'honneur. On découvre une femme meurtrie par son passé douloureux, fruit d'une série d'erreurs de jugement. En effet, aveuglée par un premier amour, elle s'est retrouvée emporté dans une succession d’événements qui ont changé sa vie à jamais. D'innocente et naïve jeune fille, on la voit s'endurcir au fur et à mesure des coups et des revers que lui réserve le destin. Seul protagoniste féminin de cette communauté, elle dégage un vrai magnétisme qui la rend si irrésistible. Solaire, elle apporte une vraie note de douceur à cette histoire qui ne manque pas de rudesse. 

Avec sa plume élégante et son univers ensorcelant, Stefan Platteau sait nous émouvoir à travers la pluralité de ces destins malmenés et nous tenir en haleine par la diversité des intrigues menées de front. Pour moi, c'est clairement un joyau à lire et relire sans hésitation ! 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Manesh et Meijo tome 1 et 3 des Sentiers des Astres

Informations

Stefan Platteau
Shakti
Tome 2 
Les Sentiers des Astres
9782290143544
574 pages
Editions Les Moutons électriques

03/08/2021

Jean-Pierre Andrevon, Le Monde Enfin, collection Hélios, éditions ActuSF

Jean-Pierre Andrevon, Le Monde Enfin, collection Hélios, 
éditions ActuSF

L'écriture du roman, Le Monde Enfin de Jean-Pierre Andrevon ne date pas d'hier. En effet, ce livre a pour origine une nouvelle publiée en 1975 et ce n'est qu'en 2006 que l'auteur en fait un récit au long cours qui sera récompensé par le très prestigieux prix Julia Verlanger

Aujourd'hui, les éditions ActuSF le rééditent en poche dans leur collection Hélios, dans une version augmentée. 

Avec leur habituel sens de l'à-propos éditorial, ils nous proposent, avec cette pépite du genre, de plonger ou replonger, selon les affinités, dans une fin de monde pandémique. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Dans Le Monde Enfin, l'humanité a été en grande partie décimée par un virus aux origines douteuses et répondant au nom de Piscra. Mais contre toute attente et sans réelle explication, certains ont tout de même survécu à l'Extinction et chemin faisant, on découvre leurs histoires. Aussi, tout au long de ce récit, on accompagne les pas d'un cavalier qui souhaite faire une dernière fois le tour de la France, tout en remontant le fil de ses souvenirs. On fait également la connaissance d'une étrange et sauvage gamine ayant pour seuls amis, des rats, ainsi que celle d'une autre, rencontrée juste au moment où ses parents sont tués par le virus. D'autres répondront présents comme cet astronaute Isaac qui revient sur terre après l'échec de sa mission d'exploration spatiale. Autant de destins qui, par le prisme de leur histoire, nous dessinent les contours d'un monde nouveau. 

Avec Le Monde Enfin, Jean-Pierre Andrevon se fait l'auteur d'un récit d'anticipation bouleversant dans lequel il instrumentalise une extinction de l'humanité très crédible. En effet, le Piscra qui ferait passer le coronavirus pour un enfant de chœur, est un virus létal qui déciment les humains en quelques heures. Chez Jean-Pierre Andrevon, l'épidémie ne s'étire donc pas en longueur et tue la quasi totalité de l'humanité très rapidement en épargnant, finalement, que quelques rares survivants, éparpillés ici ou là qui vont servir de témoins à l'après. Il en va d'ailleurs ainsi avec les épidémies car il y a toujours un petit pourcentage d'humains qui survit.

Profondément écologiste, l'auteur fait de cette disparition de l'humanité une aubaine pour la planète car en l'espace de cinquante ans, dans ce roman, elle s'est remise de sa surexploitation et des maltraitances qu'elle a subies depuis la naissance du premier homme. 

Dans Le Monde Enfin, on renoue avec une terre saine, luxuriante et vivante d'une multitude d'organismes végétales et animales. Les animaux sont à nouveau les rois de ces vastes territoires. Paris est même repeuplé par les nombreuses espèces, échappées des zoos. Ainsi, des crocodiles arpentent la Seine, tandis que hyènes, panthères et lions battent le pavé parisien. 

Au vu de notre actualité sanitaire, on pourrait voir dans ce roman, une science-fiction écologique visionnaire et pourtant rien de surprenant que de voir l'humanité s'éteindre, emportée par un virus. Il y a déjà longtemps que les scientifiques alertent sur les dangers dus aux bouleversements des écosystèmes. 

Pourtant, aussi terrifiante que soit cette thématique dévastatrice, le récit n'en est pas moins déprimant mais est au contraire, plein d'espoir. En effet, redécouvrir une planète où la nature a repris ses droits, bannissant à tout jamais la pollution est une formidable perspective.

De plus, l'existence de cette poignée de survivants est un message d'espoir, non pas de refaire comme avant mais d'apprendre des erreurs du passé pour vivre enfin en harmonie avec l'environnement. Pour ces hommes et ces femmes, c'est comme une nouvelle chance, un nouveau départ même s'ils en ont pas tous consciences.

Le Monde Enfin est un véritable kaléidoscope de petites histoires d'hommes et de femmes dont la vie a subitement basculé. On les voit virevolter dans ce monde devenu hostile à leur égard. De chasseurs, ils sont passés au stade de proies de ces animaux qu'hier encore ils dominaient. N'est-ce pas une belle leçon d'humilité ? A travers eux, l'auteur explore leurs nouvelles préoccupations qui tournent à l'obsession chez certains : se reproduire. Étonnamment le passage du virus les a laissés stériles comme s'il voulait donner une leçon à l'humanité. C'est réussi !

Le Monde Enfin est un roman dense, qui part parfois tous azimuts, tant il nous propulse aux quatre coins du monde, toujours à la rencontre de nouveaux personnages dont il ne faut pas perdre le fil. 

Intense et remuant, ce récit nous alerte, nous interpelle et nous bouleverse, car ce récit, c'est peut-être notre avenir si on ne fait rien.

Avec Le Monde Enfin, Jean-Pierre Andrevon s'attaque au cœur d'un problème dont chacun aujourd'hui a - j'en suis sûre - prit la mesure. Mais allons-nous enfin en tirer les bonnes leçons ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Jean-Pierre Andrevon
Le Monde Enfin
Collection Hélios
978-2-37686-329-8
715 pages
Editions ActuSF

24/07/2021

Rodolphe Vanhoorde, Les Mille Lames, tome 2, L'Héritière du Chaos, éditions Outrefleuve

Rodolphe Vanhoorde, Les Mille Lames, tome 2, L'Héritière du Chaos, éditions Outrefleuve

Avec Les Mille Lames, sorti en mars dernier, j'ai la joie de retrouver Estrée d'Eodh sous la plume de Rodolphe Vanhoorde pour un nouveau volet d'aventures tumultueuses. 

Reçu en service de presse, je remercie Laure Peduzzi et les éditions Outrefleuve pour ce nouveau partenariat. 

Alors que les mille lames la pensent morte après son terrible affrontement avec le chef du Poing Sanglant, Estrée a été sauvée de sa chute vertigineuse par l'étrange et énigmatique Jardinier, toujours là pour l'aider. Or, justement il apparaît au bon moment pour lui donner l'opportunité de chasser définitivement ses démons qui l'entravent et l'empêchent d'avancer. Clairement, il lui faudra être au meilleur de sa forme pour arrêter ces mercenaires renégats et l'infâme Ténébreux qui les commande. Mais ce qu'elle ignore encore, c'est qu'ils ne sont que le premier round, annonciateur d'une terrible menace visant d'abord les Cités-Franches pour mieux atteindre les autres Plans, dont le Chaos. 

Après un premier roman d'exposition, Rodolphe Vanhoorde enchaîne avec un tome 2 d'action. Conclut sur un cliffhanger tonitruant, on ne s'étonne donc pas de lire ici un récit égrenant des combats où la pression monte crescendo sur chacun des protagonistes de ce cycle.   

Épuisés par leurs nombreux affrontements, les descriptions portant sur les aventures menées par les personnages sont de plus en plus sanglantes et violentes. L'auteur est impitoyable à leur égard car il ne leur laisse aucun répit. Les enjeux sont trop grands pour lambiner. Aussi, il signe un texte rugueux et sans pitié portant fièrement les couleurs d'une dark fantasy bien sombre. 

Dans Les Mille Lames, Rodolphe Vanhoorde a replacé la lutte entre le Bien et le Mal au cœur de son récit. Les ennemis sont nombreux. Si au début, il s'agit surtout de mettre en déroute des hommes sanguinaires menés par un puissant Ténébreux, par la suite, les choses se corsent car les méchants de cette histoire n'ont plus rien d'humain, d'autant qu'ils bénéficient d'une sombre magie. On assiste à un déferlement de monstres face auxquels les héros de Rodolphe Vanhoorde sont bien démunis. L'auteur a lâché la bride à son imagination pour nous proposer un bestiaire de créatures hideuses et inquiétantes qui vont mener la vie dure à nos héros. Beaucoup vont d'ailleurs tomber donnant au texte toute sa dimension affective. Sous la plume de Rodolphe Vanhoorde, on passe par tous les sentiments : peur, effroi, émerveillement ou encore jouissance. Tout se mêle dans un kaléidoscope émotionnel qui ne nous laisse finalement pas indifférents. 

Avec Les Mille Lames, Rodolphe Vanhoorde se fait l'auteur d'un texte épique et brutal, écrit dans la même veine que L'Ange du Chaos de Michel Robert. Deux cycles qui se complètent parfaitement bien, d'autant que leurs intrigues se rejoignent dans les derniers chapitres de ce deuxième tome. Ainsi, l'auteur oriente son propose vers de nouvelles pistes à explorer qui nous promettent déjà une conclusion en apothéose.

La force de récit réside également dans la magie qu'il dégage. Elle s'exprime d'ailleurs de multiples manières car beaucoup de protagonistes disposent de grands pouvoirs, à l'image d'Estrée, à travers ses fameuses lames magiques, ou encore à travers l'épée de lumière de son amant Rodan, sans parler de la magie curative des sœurs de la Guelfe Blanche. Qu'elle soit guerrière ou guérisseuse, la magie est partout dans ce cycle promettant aux lecteurs un pur émerveillement.

Arrivé aux termes de notre lecture, le final nous laisse sans voix tellement il pose question. Mais il faudra nous armer de patience pour obtenir tous les réponses. A suivre !

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mon avis sur le tome 1, L'Héritière du Chaos, ainsi que mes avis sur les intégrales 1 et 2 de L'Ange du Chaos de Michel Robert. 

Informations

Rodolphe Vanhoorde
Les Mille Lames
Tome 2
Editions Outrefleuve

Lien vers le site

17/07/2021

Laura Gallego, Deux Cierges pour le Diable, collection Naos, éditions ActuSF

Laura Gallego, Deux Cierges pour le Diable, Naos, éditions ActuSF

Laura Gallego est une autrice espagnole qui s'est passionnée très tôt pour l'écriture. Son premier roman, Finis Mundi sort en 1999 et est immédiatement récompensé par le prix Barco de Vapor

Aujourd'hui, elle compte de nombreux titres dans sa bibliographie parmi lesquels quelques-uns ont été traduits en français, dont Deux Cierges pour le Diable. Sorti pour la première fois chez Baam ! éditions, les éditions ActuSF le réédite aujourd'hui dans leur collection Young Adult, Naos

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Caterina est la fille d'un ange. Depuis toujours son père la trimbale aux quatre coins du monde à la recherche de Dieu. Enfin, c'est ce qu'elle a toujours pensé. Tout bascule le jour où il se fait assassiner presque sous ses yeux. Pour venger sa mort et comprendre les raisons de cet acte innommable, l'adolescente s'engage dans une traque sans merci. Mais comment une simple humaine pourrait faire le poids ? De qui se fera-t-elle aider ? Par ce démon prétentieux ? Ou cet ange méprisant ?  

Avec Deux Cierges pour le Diable, Laura Gallego signe un excellent récit d'urban fantasy où les anges et les démons se disputent le devant de la scène. 

Dans son livre, l'autrice a imaginé un monde ressemblant étrangement au nôtre où les anges et les démons commandent en coulisse, toujours pris dans leur éternelle lutte pour maintenir l'équilibre. Etant fille d'un ange, l'héroïne connait leur existence et nous entraîne à sa suite dans sa quête de vengeance à la rencontre de ces célèbres figures qui peuplent les mythologies et les religions du monde entier depuis des millénaires. Si certains sont fictifs, à l'image d'Angelo, ce jeune démon qui vient en aide à Caterina, d'autres sont légendaires comme Astaroth, reconnu comme le trésorier des Enfers ou le terrifiant marquis Nebiros, sans parler de Lucifer en personne. Quant aux anges, beaucoup répondent présents et pas n'importe lesquels puisque l'on croise ici les archanges Michel, Gabriel et Uriel. Bref, Laura Gallego s'est largement inspirée de tous ces personnages bibliques pour nourrir son imaginaire et lui donner une vraie légitimité. Nous voici donc propulsés en pleine guerre entre les anges et les démons où l'équilibre est mis à mal depuis que les anges sont touchés par un étrange mal qui les affaiblit et les tue.

Sur fond d'enquête, Caterina nous embarque dans son road trip infernal qui va l'emmener sur les chemins tortueux d'une inquiétante réalité. Derrière Deux Cierges pour le Diable se cache la réédition d'un roman très à-propos car finalement parfaitement raccord avec notre inquiétant quotidien. L'autrice nourrit son texte des préoccupations environnementales et sociétales qui se font de plus en plus pressantes au regard des bouleversements climatiques qui ne cessent de secouer la planète depuis quelque temps. 

Par le prisme de son imaginaire, Laura Gallego alerte la jeune génération sur les dangers qui nous guettent si l'on ne fait rien pour y remédier. 

En dépit de la gravité de la thématique sous-jacente traitée ici, ce roman ne manque clairement pas de charme surtout qu'il nous emmène de surprise en surprise que l'on est loin d'imaginer lorsque l'on ouvre ce livre.

La plume de Laura Gallego y est dynamique et rafraîchissante. Elle ne cesse d'interpeller le lecteur à travers les piques que ses deux personnages principaux se lancent continuellement. J'avoue que ce mélange d’immaturité et de sagesse que dégage Caterina n'est pas pour me déplaire. L'autrice a choisi de nous conter l'histoire de cette adolescente qui se retrouve de but en blanc dans la peau d'une adulte devant se prendre en charge et traverser le monde pour retrouver l'assassin de son père. A ce titre, on découvre une jeune fille tiraillée entre l'insouciance de l'adolescence tantôt capricieuse, tantôt colérique et une jeune femme résolument adulte, raisonnable et réfléchie. A ses côtés, on rencontre le ténébreux Angelo, méprisant à son égard à cause de sa condition de simple humaine et incarnant le parfait démon prodigieusement détestable. Voici un duo qui ne manque pas de pep's pour porter cette histoire inattendue et qui sonne terriblement juste. 

Même si classé en Young Adult, je vous le recommande quelque soit votre âge car chacun peut y trouver son intérêt tant l'histoire est immersive. A lire sans hésitation !

Fantasy à la Carte

Laura Gallego
Deux Cierges pour le Diable 
Collection Naos
Editions ActuSF