L'influence du "gaming" à la littérature

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08/05/2016

Les chroniques de Shannara: la série événement qui nous fait pénétrer dans l'imaginaire de Terry Brooks

L’annonce de l’adaptation cinématographique des Chroniques de Shannara par Terry Brooks avait fait sensation dans le petit milieu des passionnés de l’Imaginaire. Ce fut une vraie effervescence sur la toile où chacun y allait de son petit commentaire pour savoir ce qu’une telle production allait donner. Comme de nombreux amateurs de fantasy, j’étais moi-même curieuse du résultat.

Pour information, avant de me lancer dans le premier épisode, je n’avais pas pris le temps de jeter un œil à la synopsie de la série. Alors, je ne vous cache pas ma surprise de découvrir les premières minutes de la saison 1. Je m’attendais à voir se dérouler sur mon écran la destinée de Shea Ohmsford, un demi-elfe vivant à Valombre qui se retrouve chargée d’une mission périlleuse : trouver l’épée de ses ancêtres, seule arme capable de repousser les forces du Mal. Seulement, pour la série d’Alfred Gough et de Miles Millar, ce n’est pas L’épée de Shannara, premier tome de la trilogie de Shannara qui est retenue mais plutôt le second tome, Les pierres elfiques de Shannara.

Un choix qui m’a laissée longtemps songeuse car pour la bonne compréhension de la célèbre saga de Terry Brooks, il aurait été tout de même plus judicieux d’adapter le début de la première trilogie avec peut-être quelques minutes rétrospectives du préquel, Le premier roi de Shannara afin de mieux comprendre qui est le Roi Sorcier, la grande menace des Quatre Terres et les relations particulières qu’entretiennent les peuples entre eux, les alliances et les animosités notamment. Clairement cette série ne sera pas exclusivement regardée par les lecteurs de Terry Brooks. Donc, les néophytes pourraient s’y perdre un peu.

Ces éléments évoqués, passons à la série en elle-même. C’est un grand plaisir, il faut bien le dire, de voir encore une saga littéraire de fantasy être adaptée au cinéma ou à la télévision car ce sont des vecteurs non négligeables pour faire connaître le genre au plus grand nombre.

Comme Le Seigneur des Anneaux avant, Les Chroniques de Shannara ont été essentiellement tournées en Nouvelle-Zélande, notamment dans la ville d’Auckland d’où les magnifiques paysages de la série. Elle offre de grandioses panoramas où la nature a repris ses droits. Bénéficiant d’un coup de pouce technique, le résultat est assez spectaculaire et bluffant. L’univers de Terry Brooks prend forme sous nos yeux. On passe ainsi de Paranor, la forteresse enfouie des druides au fief des Elfes de l’ouest, Arborlon en traversant Valombre, le Pays Sauvage… etc. Shannara, c’est donc déjà une belle épopée visuelle.

Mais ce qui fait la force d’un film ou d’une série, c’est aussi le casting. Ici il est international avec des acteurs qui viennent de tous les horizons. Il est clair que le choix du trio principal est décisif quant au succès de la série puisqu’ils sont les personnages principaux de cette fiction fantasy. Des têtes d’affiche encore méconnues du grand public car ils n’ont joué pour l’essentiel que des rôles secondaires dans diverses productions. C’est Austin Butler qui est sélectionné pour le rôle de Will Ohmsford et Poppy Drayton ainsi qu’Ivana Baquero pour interpréter respectivement Amberle Elessedil et Eretria. Encore très jeunes, tous les trois apportent une certaine dose de légèreté et d’humour au scénario. Ils donnent la réplique à des acteurs plus confirmés comme le druide Allanon joué par Manu Bennett dont la filmographie est honorable. Habitué des films fantastiques, il s’est notamment illustré en jouant l’orque Azog dans la trilogie du Hobbit et plus récemment le rôle de Slade Wilson dans la série Arrow. James Remar a lui aussi une carrière remarquable avec de nombreuses apparitions dans Deux flics à Miami, Les Contes de la Crypte, Jericho, Sex and the City ou encore Dexter. Ici, il joue à la perfection le perfide Cephelo. Mais le plus connu des acteurs est John Rhys Davies, le fameux Gimli du Seigneur des Anneaux qui sera dans Shannara l’impressionnant roi des Elfes, Eventine Elessedil. La présence de ces acteurs confirmés va donner du poids à la série car il est toujours plus fameux d’avoir de grands noms pour attirer le public.
Une série qui tient finalement toutes ses promesses puisque magie, combats, romance, créatures surnaturelles sont bien au rendez-vous. Il est à noter que les scénaristes ont pris quelques libertés en modifiant certains éléments par rapport à l’œuvre originale. Rien de surprenant car ce genre de remaniements est toujours inhérent à une adaptation cinématographique. Quelques étonnements tout de même quant à certains éléments de décor et au contexte sélectionné. Personnellement à ma lecture des romans de Terry Brook, j’imaginais plutôt un passé revisité et non un hypothétique futur. En effet, ici l’âge de l’homme est dépassé, la plupart ont été exterminés lors de la guerre des races pour laisser place à un monde merveilleux où les Nains, les Elfes, les Gnomes, les Trolls ont pris le pouvoir. Un monde où les humains ont finalement presque disparus et sont devenus des vagabonds. Les scénaristes ont donc volontairement choisi un contexte post-apocalyptique pour faire se dérouler cette histoire. Un choix qui m’a tout de même perturbé à la découverte de cette série mais qui n’empêche pas néanmoins de l’apprécier. Dernier élément à souligner est le final de la première saison qui, je dois le dire, est tout de même moins spectaculaire que dans le roman. Dommage pour les amateurs de combats épiques car l’affrontement entre le druide et le Dagda Mor est rapide, trop peut-être.

Finalement cette saga télévisée retransmet l’essence des Pierres elfiques de Shannara de Terry Brooks où la fantasy s’y déploie généreusement. Elle a remporté un succès certain peut-être grâce à une autre série du moment Game of Thrones. Dans tous les cas, la chaîne MTV vient de confirmer qu’une seconde saison sera tournée très prochainement. Mais la question qui fleurit sur toutes les lèvres, c’est de savoir si les scénaristes suivront les romans de Terry Brooks ou non ?

Fantasy à la carte

01/05/2016

Valentin Frété, Le Roi Dragon, Les chroniques du Nord, tome 1

Je ne connaissais pas Les chroniques du Nord jusqu’à ce que Valentin Frété me contacte, il y a quelques mois, pour m’en parler. Ma curiosité éveillée, un petit tour sur son site s’est donc naturellement imposé. Après quelques clics, il est devenu évident qu’il me fallait lire son premier roman. Quelques mois d’attente plus tard et la réédition de la saga en semi-poche, le premier tome est arrivé entre mes mains à l’occasion de l’édition 2016 du Salon Fantastique.

Comme l’indique l’intitulé de la saga, Les chroniques du Nord mettent la mythologie scandinave à l’honneur. C’est d’ailleurs un peu la marque de fabrique de l'auteur qui pousse le détail jusqu’à se vêtir tel un viking lors des diverses séances de dédicaces auxquelles il participe.

Pour son cycle de fantasy, il a donc choisi de raconter le destin peu banal d’un jeune nordique du nom de Torfa. En effet, d’après un vieil homme à la sagesse immense, il serait l’élu d’une ancienne prophétie. Celle-ci présage la venue d’un guerrier exceptionnel qui serait capable de détrôner l’usurpateur pour rendre la couronne à l’héritier légitime du royaume des dragons. Une grande quête attend notre jeune héros. Raison pour laquelle il sera entouré de solides compagnons de voyage : un elfe guerrier, un chasseur humain, ainsi qu’un nain bagarreur. Une fine équipe qui promet de beaux combats en perspective. 


Ainsi donc Valentin Frété nous met en présence de peuples traditionnels à la littérature high fantasy. Les nains sont d’ailleurs très présents puisque dans ce premier tome ils sont les principaux alliés de Torfa. Mais il laisse également une grande place aux dragons puisqu’ils sont au cœur de la prophétie. L’auteur a beaucoup travaillé sur cette créature légendaire. Son récit dépeint une société dans laquelle le dragon occupe une place souveraine avec la mise en place d’une dynastie héréditaire régnante jusqu’à l’arrivée de l’usurpateur. D’où l’importance de la quête de Torfa qui doit rééquilibrer les choses. Il est le juste, le bras armé du véritable Roi Dragon et à ce titre le seul espoir de mettre fin à la tyrannie qui asservit ce royaume et menace les autres contrées. 

D'autre part, pour accomplir son destin, Torfa pourrait bien bénéficier de la bienveillance des dieux, enfin de celle du célèbre Thor, dieu du Tonnerre dans la mythologie nordique puisqu’au vu de ses origines vikings, il apparaît comme le protecteur incontournable.

Un premier tome qui offre même quelques beaux croquis de l'auteur représentants avec moult détails certains de ses personnages. En alliant grand récit de fantasy et illustrations, Valentin Frété s'inscrit déjà comme un auteur prometteur pour le genre. 

Le Roi Dragon c’est une belle découverte fantasy qu’on lit avec beaucoup de plaisir. Qu’on se le dise, c’est une grande aventure épique qui met en scène des personnages attachants. Finalement ça réchauffe le cœur de voir que la fantasy française est encore bien vivace dans le panorama littéraire actuel.


Fantasy à la carte

24/04/2016

Méditations sur la Terre du Milieu : une grande balade littéraire

Par un dimanche frisquet et pluvieux, confortablement installée au coin du feu, me voici avec Méditations sur la Terre du Milieu, posé sur les genoux. Alors que mes joues sont rosies par la chaleur du feu, mon cœur lui se réchauffe au plaisir de découvrir ce merveilleux livre. 

C'est sous la direction de Karen Haber, auteure de nombreux ouvrages de références et d'anthologies que Méditations sur la Terre du Milieu a pu voir le jour.

Dans ce livre prennent la parole à tour de rôle les grands noms de la fantasy actuelle. Ils y évoquent leurs premiers souvenirs de lecture des romans de J.R.R. Tolkien et l'influence du maître sur leurs propres écrits. Ils y révèlent la nature particulière des liens qu'ils ont noués avec Tolkien à travers Le Hobbit, Le Seigneur des Anneaux ou encore Le Silmarillion

Finalement que l'on soit grand fan de J.R.R. Tolkien ou néophyte, ce livre est une bonne occasion, soit de découvrir l'existence de ce monde inconnu, soit de partager des souvenirs communs. 

Ainsi on prend conscience que l'on peut aussi bien être un auteur mondialement connu ou un simple lecteur, on partage tous le même plaisir de lire et relire les récits tolkieniens.

Outre le fait qu'il ait apporté un certain nombre d'éléments fondateurs au genre, c'est lui qui a permis à la littérature fantasy de sortir de l'ombre de la science-fiction. Ainsi beaucoup d'auteurs du genre ont une dette envers lui. 

D'ailleurs, Poul Anderson le déclare lui-même. Alors que son roman The Broken Sword est publié en 1954, soit la même année que La Communauté de l'Anneau, il retombe très vite dans l'oubli. Pourquoi ? parce que le public n'était pas encore préparé à ce genre d'aventures littéraires, ce que Le Seigneur des Anneaux va changer, permettant à une multitude d'auteurs de se faire publier et apprécier à leur tour.

Michael Swanwick explique quant à lui combien la lecture de La Communauté de l'Anneau l'a changé. Combien elle a influencé sa vie et sa carrière puisque des années plus tard, son premier roman The Changeling's Tale est à son tour publié. Il y conte l'histoire d'un garçon de taverne qui abandonne tout pour suivre une troupe d'elfes. Une trame qui n'est pas sans rappeler le destin de Bilbo le hobbit. 

Le fantasque Terry Pratchett nous fait aussi l'honneur de partager ses souvenirs en rappelant la position incontournable qu'occupe Tolkien au sein du paysage littéraire et ce contre l'avis des grands intellectuels. On ne peut donc pas tout contrôler et encore moins l'engouement pour tel ou tel roman. Finalement si J.R.R. Tolkien s'est distingué dans de nombreux classements depuis ses débuts, c'est aussi parce que lui et ses œuvres méritent d'être lues et relues par tous. En effet, n'oublions pas que le propre d'un livre est d'assurer l'évasion de l'esprit. Or, avec les siens Tolkien nous offre un voyage en première classe. 

Même si avec les années ses œuvres sont devenues des objets d'étude et ont permis à certains à l'image de Douglas A. Anderson de bâtir leur carrière, Tolkien, lui, n'a écrit ses histoires que pour ce qu'elles sont de simples histoires comme aime à nous le rappeler Orson Scott Card. Il ne faut pas forcément chercher un sens caché derrière chacune de ses phrases même si certains spécialistes aiment à le croire. Et pourquoi pas? Notre plaisir d'évoquer la Terre du Milieu demeure intact car Charles de Lint le dit lui-même si Tolkien est mort, son récit, lui, continue d'exister car l'écrit demeure éternel. 

Les témoignages de chacun des auteurs conviés apparaissent comme des confidences que nous feraient ces derniers dans l'intimité d'un boudoir, une tasse de thé à la main.

Qu'ils soient français ou anglo-saxons, tous ont été marqués par le père fondateur de la fantasy. Chacun d'entre eux a quelque chose à partager, ce qui prouve bien l'importance qu'il a exercé et qu'il exerce encore. 

Méditations sur la Terre du Milieu n'est pas un simple recueil de confessions. Richement agrémenté de cinq dessins originaux du célèbre illustrateur John Howe, on peut facilement classer ce livre parmi les artbooks. 

Pour son édition française, les éditions Bragelonne ont choisi un format carré, relié dont la couverture est une célèbre illustration de Gandalf de John Howe invitant ici le lecteur à faire une ballade en Terre du Milieu. 

Ces quelques lignes ne sont qu'une ébauche de ce que ce beau-livre a à offrir d'aussi merveilleux qu'inoubliable, alors ne vous privez pas plus longtemps...

Fantasy à la carte

17/04/2016

Florence Cochet, Esprits enchaînés

C’est à l’occasion du Salon Fantastique qui se déroulait du 26 au 28 février 2016 à l’espace Champerret que j’ai rencontré Florence Cochet qui m’a parlé avec passion de son roman Esprits enchaînés et m’a clairement donné envie d’y plonger. Mais ne perdons pas une minute de plus pour faire connaissance avec ce roman.

Parapsychologue, c’est l’intitulé de l’emploi peu commun de l’héroïne de Florence Cochet. En clair, Loren Ascott est capable de communiquer avec les esprits et de les renvoyer dans les limbes afin qu’ils laissent les vivants en paix. Profession hors-norme pour une jeune femme qui l’est tout autant.

Loren Ascott travaille pour l’ARP : l’Agence de Recherche Paranormale et lorsqu’un milliardaire britannique souhaite l’engager moyennant un gros chèque, son vénal patron ne lui laisse pas vraiment le choix. Sa mission : se débarrasser d’un esprit qui hante le château qu’il vient d’acquérir. Rien d’exceptionnel pour Loren sauf qu’aller se perdre au fin fond du Gévaudan ne l’enchante guère.

Sur place les choses vont rapidement se corser. Déjà elle doit travailler sous couverture car pour l’équipe d’ouvriers français elle n’est qu’une artiste en mal d’inspiration. En effet, seule l’équipe anglaise est dans la confidence.

Dès lors, Loren sait qu’elle va devoir la jouer fine d’autant que les lieux sont imprégnés de souvenirs violents et que pour elle toute la difficulté va être de gérer les visions que le toucher des lieux ne manquera pas de provoquer chez elle. Très vite la jeune détective comprend que des événements terribles se sont passés dans le château de Baldassé et que certaines choses lui sont dissimulées. Mais reste à savoir qui ment et qui joue franc-jeu avec elle ? Il lui faudra donc le découvrir.

Une enquête à haut risque pour notre jeune héroïne qui va vite se rendre compte qu’elle est tombée dans un vrai nid de vipères duquel pour s’extirper, elle n’aura pas d’autre choix que de ruser.

Au premier abord fantastique, Esprits enchaînés se teinte peu à peu de notes fantasy puisqu’en plus des manifestations paranormales, il y est également question de sorcellerie. Pas étonnant puisque l’intrigue se déroule en plein cœur du Gévaudan, une terre de légendes. Entre mythe templier, superstitions et croyances, Florence Cochet nous conte avec une belle faconde une histoire captivante au dénouement renversant.

Fantasy à la carte

10/04/2016

Glen Cook, La belle aux bleus d'argent, Garrett, détective privé, tome 1

Si vous rêvez d'aventures insolites, avec ce premier tome de Garrett, détective privé, vous avez tablé sur le bon livre.

Comme ce titre l'indique, Glen Cook oriente son cycle vers le genre polar. Chaque tome prend la forme d'une enquête que mène son héros, un enquêteur désabusé qui n'est pas sans rappeler un célèbre privé de série télévisée mais au bagout nettement plus mordant et truculent. Un choix qui montre d'ores et déjà la volonté de l'auteur de se démarquer de ses confrères. 

Cynique, distant, un tantinet alcoolique, Garrett renvoie à l'image de l'anti-héros. On l'imagine mal revêtir l'armure du preux chevalier pour défendre les innocents et pourfendre les méchants. Et pourtant, Garrett est un professionnel qui suit un code d'honneur. Lorsqu'on lui confie une mission, il va jusqu'au bout. C'est d'ailleurs ce qu'il va faire quand on vient violemment le tirer de son sommeil pour le mandater pour un travail un peu particulier. En effet le père de son défunt ami Denis vient chercher son aide. Disparu précocement, Denis a légué un héritage conséquent à une femme, une ex-maîtresse qui semble-t-il a beaucoup compté pour lui. Mais voilà, ladite femme s'est envolée, il y a fort longtemps. Garrett est donc chargé de devenir l'exécuteur testamentaire de son ami.

D'abord réticent notre détective commence quand même à glaner des informations ici ou là sur l'identité de cette mystérieuse amante. Mais son enquête va vite se montrer périlleuse au vu des sommes en jeu. 

Tenace, Garrett va la mener coûte que coûte, parfois au risque de sa vie, surtout lorsque ses investigations le mèneront aux confins du Cantard, une terre désolée et dangereuse. Pour survivre, il fera appel à trois grolls (des êtres métissés entre humains et trolls) et un elfe noir. Une drôle d'équipée mais nécessaire pour déjouer les pièges que cette région hostile lui réserve. 

Habitué à la dark fantasy, Glen Cook donne à son nouveau cycle une tonalité plus légère lui permettant enfin de lâcher complètement la bride à son humour décoiffant. 

Fantasy à la carte