L'influence du "gaming" à la littérature

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30/06/2022

Olivier Gechter, Requiem en Catastrophe Majeure, éditions Mnémos

Olivier Gechter, Requiem en Catastrophe Majeure, éditions Mnémos

Romancier et nouvelliste, Olivier Gechter est notamment connu pour sa série de courts romans steampunk, Le Baron Noir, réédités en partie, en 2017, par les éditions Mnémos, sous le titre de Baron noir volume 1864. Il est également l'auteur d’Évariste, sorti en 2009 aux éditions Asgard, puis en poche, en 2015, chez Mnémos. Or, son nouveau roman Requiem en Catastrophe Majeure nous propose une nouvelle aventure de son héros atypique, Évariste Cosson. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Nathalie Weil pour l'envoi de ce service presse. 

Consultant en occultisme, Évariste Cosson a du mal à faire décoller sa start-up. Pourtant c'est pas faute d'avoir positionné ses locaux en plein cœur de La Défense, mais faut croire que les a priori ont la dent dure surtout pour les esprits les plus cartésiens. Alors quand une affaire se présente, elle ne se refuse pas, même si elle sent de suite le coup foireux. Or, c'est bien connu que les emmerdes volent toujours en escadrilles. Ce n'est donc pas un mais trois contrats qui lui tombent dessus, à Évariste de savoir bien gérer son temps et de faire les bons choix. Heureusement pour lui, ou pas d'ailleurs, son ami Gidéon, sorcier papou de son état va l'épauler dans l'accomplissement de ses délicates missions. Pour autant, ce n'est pas sûr que ces deux gaillards, légèrement poissards sur les bords, s'en sortent

Dans Requiem en Catastrophe Majeure, Olivier Gechter nous entraîne dans un road-trip parisien parfois banlieusard, furieusement drôle. 

Dans l'imaginaire d'Olivier Gechter, la magie a pignon sur rue et les sorciers d'aujourd'hui ont dû s'adapter aux contraintes et aux atouts du monde moderne pour exploiter au mieux leurs capacités et même les synchroniser aux nouvelles technologies. On ne s'étonne donc que peu de voir un Évariste communiquer avec le fantôme de sa mère par sms. La sorcellerie s'immisce partout, y compris là où on ne l'attend pas. Heureusement Évariste Cosson a le don de double vue et pénètre à sa guise dans l'éther pour percevoir les âmes des vivants et des morts qui ne se sont pas encore réincarnées. Un pouvoir précieux pour s'assurer, par exemple, de la fiabilité de son jugement sur autrui. Dans ce roman, on flotte donc entre deux mondes, celui des vivants et celui des esprits, au gré des pérégrinations d'un magicien bien souvent en peine de suivre la cadence de l'aventure. 

Au fil de ses investigations conduites simultanément, Évariste Cosson va devoir aussi bien remettre la main sur l'âme de l'insaisissable Jimi Hendrix, que l'auteur a d'ailleurs ressuscité pour les besoins de son livre afin de lui faire trouver la mort sur scène à notre époque, que de déterminer si l'opéra Bastille est réellement hanté par un maestro éconduit, tout en allant désensorceler les locaux d'une entreprise cergyssoise. 

Du pain sur la planche attend donc Évariste et Gidéon pour résoudre toutes ces énigmes en espérant qu'ils n'enveniment pas les choses, cela va sans dire. Or, connaissant ces deux échalas et au vu de l'improbable enchaînement des événements, Olivier Gechter nous plonge directement dans le bain d'un récit ubuesque qui nous balade aux quatre coins de la région parisienne pour un voyage inoubliable et rock'n'roll. 

Du tempo wagnérien aux riffs des Guitar hero, l'ambiance musicale de ce roman est posée et rythme harmonieusement bien la lecture. Pour l'occasion, l'auteur dépoussière les seventies en lui empruntant son côté psychédélique qui sied bien au concert apocalyptique concluant ce roman. 

Requiem en Catastrophe Majeure est le parfait antidépresseur à la morosité ambiante sans l'inconvénient des effets secondaires. En compagnie de la plume déjantée d'Olivier Gechter, on passe un bon moment car qu'on se le dise, il n'y a aucun temps mort dans ce récit. L'humour pour Olivier Gechter est d'ailleurs une arme pour piquer ici ou là le conformisme de notre société bien ancrée sur ses idées reçues ou encore secouer les clichés du monde du travail, notamment ce tertiaire fantasmé des startupers surbookés à la mode américaine. Rattrapé par les impératifs entrepreneuriales, Évariste incarne bien le monsieur et madame tout le monde ballotté par le tourbillon de la vie. 

25/06/2022

A.D. Martel, Les Disparus d'Arkantras, tome 1, De Rouages & de Sang, éditions Scrineo

A.D. Martel, Les Disparus d'Arkantras, tome 1, 
De Rouages & de Sang
éditions Scrineo

De la fantasy à la science-fiction, en passant par le fantastique, le steampunk et l'historique, la plume d'A.D. Martel est vagabonde et aime explorer tous les imaginaires. 

En mars 2022, le tome 1 de sa série De Rouages et de Sang est édité chez Scrineo.

L'ayant gagné lors d'un concours organisé sur le site d'ActuSF, je tenais d'abord à les remercier, ainsi qu'aux éditions Scrineo pour l'envoi de ce livre. 

A Arkantras vivent Rowena et Eugène. Ils ne se connaissent pas. Elle est une orpheline qui se rêve mécanicienne tout en faisant tout pour échapper à l'orphelinat, tandis que lui souhaite faite carrière dans le journalisme pour prendre sa revanche sur un père qui l'a renié et défendre les plus nobles causes. Après un premier papier dénonçant la corruption politique de la ville, Eugène piétine un peu jusqu'à ce que son rédacteur en chef le charge d'enquêter sur des disparitions d'enfants issus des quartiers populaires. Des premières investigations peu concluantes à des pistes sérieuses, Eugène s'embarque dans cette affaire louche qui ne manquera pas de le mettre en danger et où il fera de nombreuses rencontres dont celle de Rowena, peut-être au bon endroit et au bon moment pour l'aider, qui sait ? 

Dans De Rouages et de Sang, A.D. Arkantras nous plonge dans une enquête qui prend cadre dans une ambiance steampunk très réussie. Déjà Arkantras est une cité industrielle marquée par un progrès technique s'exprimant notamment par l'usage d'aéronefs pour ceux qui en ont les moyens. De même que la cité s'est dotée d'araignées géantes mécaniques servant de véhicules aux policiers, chargés de faire respecter le couvre-feu imposé aux enfants. Pour cela, ils quadrillent la ville chaque nuit afin de ramasser les traînards et de les envoyer à l'orphelinat. En outre, il y est également fait mention d'automates utilisés aussi bien comme domestiques, comme jouets et même comme armes. 

Tout est mécanisé dans cette cité à la fracture sociale franche. L'autrice met ici en exergue deux mondes, celui des nantis qui vivent égoïstement dans l’opulence et l'excès se moquant éperdument des autres, et celui des plus pauvres, opprimés dans leurs conditions et méprisés dans l'indifférence de tous. D'ailleurs, en confrontant l'enlèvement de personnes issues des castes les plus pauvres au désintérêt des policiers qui les considèrent comme de simples faits divers, l'autrice porte la réflexion sur le réel dédain des pouvoirs publiques lorsque les victimes sont des démunis sans relations.  

Les investigations menées par les deux principaux personnages de cette histoire nous amènent à côtoyer une violence inouïe, l'horreur la plus crue sous le vernis de meurtres sordides et même à mettre au jour les plus vils secrets d'une cité infestée par le malin. Même si ce roman s'adresse à un jeune public, A.D. Martel n'épargne pas ses lecteurs en les confrontant à la cruauté humaine, à l'injustice sociale et à la dureté de la vie. 

Pour autant, à travers des personnages lumineux, elle nous parle aussi d'amour, de courage et d'entraide car ces derniers portent toutes ses valeurs et même plus encore. 

22/06/2022

Nnedi Okorafor, Le Livre de Phénix, collection Perles d'épice, éditions ActuSF

Nnedi Okorafor, Le Livre de Phénix, collection Perles d'épice, 
éditions ActuSF

En ce mois de juin, les éditions ActuSF nous proposent un nouveau titre de Nnedi Okorafor. Il s'agit d'une préquelle à son déjà très remarqué Qui a peur de la mort ? dont on attend d'ailleurs l’adaptation cinématographique. 

Le Livre de Phénix est un conte pré-apocalyptique brûlant qui s'est déjà illustré en recevant le prix Kund Lakwitz du meilleur roman étranger et en étant finaliste des prix Campbell et Arthur C. Clarke

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Phénix est un organisme accéléré aux capacités bien supérieures à celles d'un humain lambda. Crée dans l'une des tours préposées aux expérimentations génétiques, elle ne se pose que peu de questions quant au sens de ces expériences et à son propre rôle dans tout ceci, mais tout change après le décès de son amant, Saeed. En cherchant à comprendre ce qui lui est arrivé, elle va prendre la mesure de l’ignominie perpétrée entre ces murs et chercher par tous les moyens à y mettre un terme. Or, une seule solution s'impose à elle : la fuite afin d'avoir les mains libres pour détruire toutes les tours. Elle est rejointe par d'autres dans sa quête de vengeance et de justice, pour autant, pourront-ils réussir l'impossible ? 

Le Livre de Phénix est un récit de science-fiction qui dessine le futur d'une humanité génétiquement modifiée. 

En nous attachant aux pas de Phénix, Nnedi Okorafor donne une réalité aux rêves et fantasmes de quelques scientifiques. En effet, elle y a imaginé la création d'êtres supérieurs, réalisés à partir de cellules humaines dont la croissance est accélérée et côtoyant des humains également améliorés ou des créatures hybrides modifiées ou fusionnées avec d'autres. 

Sous le couvert de faire progresser la recherche et de trouver des remèdes à de graves maladies, des expériences scientifiques sans aucune éthique sont menées ici. Balayant la souffrance des êtres créés ou modifiés, les scientifiques en charge agissent sans le moindre état d'âme, ni esprit critique. Mauvais traitements, exploitation et déconsidération, voilà ce que subissent jour après jour les créations entre les murs de ces tours. 

En mettant l'accent sur ces dérives scientifiques, Nnedi Okorafor alerte sur les dangers d'une science mégalomane qui pulvérise la morale au profit d'intérêts privés. 

En outre, elle souligne aussi l'importance de prendre en compte les sentiments et les émotions de ces êtres qui ne doivent en aucun cas être considérés comme des choses sous peine de faire naître la révolte. 

Le Livre de Phénix nous parle de futur mais aussi de présent et de passé car l'autrice y dénonce aussi les abus et les outrages que le peuple africain subit sous la forme d'essais cliniques sauvages et non consentis. Ce roman est donc aussi un coup de gueule d'une autrice qui souhaite que les minorités cessent d'être les victimes de puissances rêvant à l'immortalité ou au profit. 

Comme Le Livre de Phénix est vraiment un récit puissant riche de sagesse et de sagacité, il lui fallait une héroïne incandescente pour porter cette histoire pleine de férocité. Or, Phénix incarne tout ça et même plus encore car elle est une âme qui ne meurt jamais et renaît toujours de ses cendres. A chaque coup d'éclat la poussant à s'embraser, elle revient plus forte, plus déterminée pour mener à bien sa quête. Révoltée et insoumise, elle s'est arrogée la mission de faire cesser ces atrocités. Pour ce faire, elle est disposée à envoyer un message fort à l'organisation gouvernementale qui se cache derrière le financement de ces expérimentations, en détruisant tous les laboratoires. Fière et téméraire, elle brave tous les dangers et louvoie même pour échapper à une traque sans merci.