L'influence du "gaming" à la littérature

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01/05/2020

Carnival Row : impitoyable, féerique, originale !


On constate depuis quelques années maintenant que l’Imaginaire inspire le cinéma et la télévision. En effet, de plus en plus de livres sont adaptés. Confirmé par le succès interplanétaire de Game of Thrones, les producteurs et les scénaristes travaillant sur grand ou petit écran se laissent peu à peu charmer par ces univers oniriques qui plaisent à de plus en plus de monde. En attendant, des créations télévisuelles comme Le Seigneur des Anneaux, Dune ou encore La Roue du Temps, certains se sont pris au jeu d’écrire leur propre synopsis sans aucune influence littéraire.

C’est le cas avec la série américaine Carnival Row, créée par René Echevarria et Travis Beacham, et exclusivement diffusée sur Prime Video. La concurrence fait rage entre les chaînes qui rivalisent pour fournir aux téléspectateurs toujours plus de nouveautés. 

Production originale, Carnival Row nous plonge dans le quotidien d’un policier du nom de Rycroft Philostrate et d'une fée, Vignette Stonemoss. Suite à la guerre, de nombreuses créatures féeriques ont fui leur terre pour se réfugier au Burgue, dans le quartier de Carnival Row, une sorte de "Whitechapel" fantastique. C’est dans cette ville à l’étrange ressemblance avec le Londres victorien, que Philo s’est établi. Depuis quelques temps, une série d’odieux crimes visant des créatures surnaturelles est perpétrée. Alors que sa hiérarchie se moque bien de démasquer le ou les coupables, Philo, lui, refuse de fermer les yeux. Ancien soldat, il a servi aux côté des fées dans la guerre contre le Pacte : il est donc lié à ce monde et ne peut laisser ces meurtres impunis. Au cours de ses investigations, il va retrouver Vignette, son ancien amour. Ensemble ils vont combattre les forces obscures qui sont à l’œuvre. Mais dans une société de plus en plus intolérante, pourront-ils réellement se retrouver ?

L’ambiance de Carnival Row est volontairement sombre et violente. On retrouve l’esthétisme victorien dans cette fantasy où la bonne société côtoie le monde d’en bas, peuplé de créatures merveilleuses et déchues. Les êtres féeriques, en exil, se retrouvent les esclaves des mondains. Certains sont des domestiques, à l’image de Vignette lorsqu’elle débarque au Burgue, d’autres se prostituent comme la meilleure amie de cette dernière, Tourmaline. Peu ont réussi à s’élever socialement si ce n’est Agreus Astrayon qui brave les mentalités en venant s’installer dans les beaux quartiers. Autant dire que cet emménagement ne sera pas au goût de tous. Un bel univers empreint de féerie à travers la présence de tous ces êtres surnaturels mais aussi de noirceur. La série est obscure aussi bien visuellement que du point de vue de l’intrigue. Le meurtre et la violence sont les maîtres-mots de cette production. Les costumes et les maquillages sont une réussite et nous offrent une immersion plus vraie que nature dans ce bestiaire merveilleux. Les créatures y sont légion. Ainsi, on côtoie aussi bien des fées sombres et dangereuses, des centaures, des kobolds à l’allure d’elfes de maison que d’effrayants loups garous.

Au casting, on retrouve l’acteur Orlando Bloom. Fidèle du cinéma fantastique, on ne s’étonne donc pas de le découvrir à l’affiche de cette série. Après Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit ou Pirate des Caraïbes, il a déjà démontré son attachement au genre. Plus mature, il incarne ici un héros fatigué qui a bien bourlingué. Dans un monde perverti par le vice et l’argent, il est un homme intègre. Il n’a pas perdu ses valeurs et son honneur de soldat, et les met au service des victimes qu’il cherche à honorer en traquant les coupables.  Bien loin du fringuant guerrier de sa jeunesse, incarner Philo lui donne l’occasion de démontrer ses talents dans un rôle de composition. Parallèlement à la mission de défenseur qu’il s’est lui-même attribuée, il est en quête de ses origines. De fait, il aura encore beaucoup à nous dire au cours de cette première saison. C’est le mannequin Cara Delevingne qui joue sa partenaire et maîtresse à l’écran. Pour ma part, je la découvre pour la première fois en tant qu’actrice. C’est une bonne surprise. Elle incarne une figure de liberté pour son peuple. Pleine de colère et de rancœur, elle est une héroïne aussi forte que fragile. Elle forme avec Orlando Bloom un duo dynamique. Les amours contrariés qui se nouent entre ces deux êtres apportent la touche de douceur à cette série finalement très sombre. 

Les seconds rôles ne manquent pas dans cette production. Mais, je retiens surtout l’écervelée Imogen Spumrose interprétée par la pétillante Tamzin Merchant qui forme avec Agreus Astrayon, (David Gyasi) un couple improbable mais non moins intéressant. Diamétralement opposé de par leurs origines, l’évolution de leur relation promet d’être intéressante dans l’avenir.
Plus qu’un univers immersif, le succès de Carnival Row repose sur le climat angoissant qu’il y règne. La peur monte crescendo. Le meurtrier sème des cadavres dépecés tel le petit Poucet. Le résultat est juste effrayant et sinistre, tout en poussant les téléspectateurs à toutes les interrogations possibles. L’autre thématique explorée ici est celle du colonialisme et ses conséquences sur les peuples. Cette exploitation des populations et des terres est un thème récurrent en fantasy qui permet l'épanouissement de tout un panel de sentiments et d’émotions. Intolérance et défiance gouvernent ce monde. 

Entre une intrigue prenante, des personnages attachants et du merveilleux, on apprécie cette nouvelle série qui met la fantasy à l’honneur.

Fantasy à la Carte

Carnival Row
Disponible sur Prime Video

28/04/2020

Gail Carriger, Sans honte, tome 3, Le protectorat de l'ombrelle, Le Livre de Poche

Sans forme s'est conclu sur un tel cliffhanger qu'il m'a été impossible de ne pas enchaîner avec le troisième volet du Protectorat de l'ombrelle. L'envie de connaître la suite était trop forte pour tergiverser plus longtemps. 

Après l'épisode malencontreux de l'Ecosse, Alexia a dû retourner précipitamment vivre chez sa mère. Alors que sa réputation en prend un sérieux coup, la voilà qui court encore un grave danger car les vampires en ont après elle. Pendant que son mari préfère se saouler au formol à longueur de journée laissant le professeur Lyall se dépatouiller dans la gestion de la meute, Alexia, elle, s'embarque dans un voyage pour l'Italie. Elle espère semer ses poursuivants et trouver des réponses quant à sa condition de paranaturelle et d'autres choses encore. Bien entendu, rien ne va se passer comme elle l'entend, mais cela,vous vous en doutez ! 

Sans honte se met au diapason des deux tomes précédents. Toujours aussi rythmée, la plume de Gail Carriger nous emporte, virevoltant, d'un lieu à l'autre sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle, pas plus qu'à son héroïne, d'ailleurs. 

Après l'Ecosse, direction l'Italie en faisant escale en France. Comme dans les tomes précédents, Alexia continue d'emprunter des moyens de transport avant-gardistes. Ainsi après le dirigeable, c'est à bord d'un ornithoptère qu'elle fait une partie du voyage. Gail Carriger se plait à habiller son récit d'un cadre rétro-futuriste très réussi. 

Sans honte apparaît comme un tome charnière à son cycle. Il est notamment riche en révélations concernant la nature d'Alexia. On en apprend donc plus sur l'ingrédient que l'autrice a ajouté à son univers bit-lit. En introduisant des paranaturels dont la simple présence annule les pouvoirs des créatures surnaturelles, Gail Carriger donne de la singularité à un genre très prisé. Ici les investigations d'Alexia la conduisent à faire remonter l'existence de ses semblables au temps de l'Egypte antique. A travers les découvertes de son héroïne, Gail Carriger distille des éléments majeurs sur ces créatures d'un tout autre genre de celles que l'on a l'habitude de côtoyer. 

Par le biais des pérégrinations d'Alexia, Gail Carriger nous immerge dans un univers bien construit où l'action est menée tambour battant. En outre,  elle fait planer sur son intrigue une bonne dose de romantisme très austenien. 


Avec Sans honte, l'autrice démontre qu'elle est une plume bien addictive.


Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mes avis sur Sans âme et Sans forme

Gail Carriger
Sans honte
Tome 3
Le protectorat de l'ombrelle
Le livre de Poche 

24/04/2020

Gail Carriger, Sans forme, tome 2, Le protectorat de l'ombrelle, éditions Le Livre de Poche

Il est difficile de résister à la délicieuse plume de Gail Carriger lorsque l'on met le nez dans ses livres. 

Ayant dévoré le premier tome de son cycle Le protectorat de l'ombrelle, c'est tout naturellement que le second volet m'est donc tombé entre les mains. 

Dans Sans forme, on retrouve une Alexia Tarabotti, dûment mariée à Lord Maccon et plus aventurière que jamais ! Alors que l'intégralité de la meute de Woolsey prend ses quartiers au domaine, lord Maccon s'éclipse en Ecosse pour régler une affaire familiale. Comme si cette disparition inopinée ne suffisait pas à contrarier notre lady Maccon, voilà qu'un étrange exorcisme à longue portée s'abat sur un quartier de Londres privant ainsi les surnaturels de leurs pouvoirs et renvoyant les fantômes au néant de manière définitive. Même si ce phénomène fut ponctuel, il n'en a pas moins eu de terribles répercussions mettant en émoi la communauté des surnaturels. C'est le branle-bas de combat au cabinet fantôme de la reine Victoria qui charge Alexia de démasquer les responsables. 

Avec Sans forme, Gail Carriger signe une nouvelle aventure de fantasy victorienne agrémentée d'une touche steampunk très marquée. En effet, Alexia baigne dans une société progressiste. Elle côtoie bon nombre d'inventeurs à l'image de cette madame Lefoux qui lui fabrique d'ailleurs une ombrelle dotée de nombreux gadgets, digne des inventions de Q, le célèbre personnage de Ian Fleming. Au cours de ce récit, elle emprunte même un dirigeable pour rejoindre son mari en Ecosse. Il faut dire que ce petit bijou de technologie est un moyen de transport long courrier très prisé par la haute société. 

Sous sa plume, la bit-lit et le steampunk font bon ménage. 

On explore également de l'intérieur le quotidien mouvementé des êtres surnaturels. Alexia fait ses premiers pas dans cette communauté en tant que femme alpha. Car même si elle n'est pas un loup-garou, elle n'en demeure pas moins une femelle dominante et en digne épouse du chef de meute, elle doit savoir se faire entendre par les autres membres poilus. 

Tous ces éléments enrichissent ce bel univers fantastique qu'il nous plaît de retrouver. 

Sans forme nous propose une intrigue bien construite qui réserve son lot de révélations quant au passé de ce cher lord Maccon. Un tome intéressant qui se conclut sur un final explosif au suspense tout simplement insoutenable. 

Ce tome 2 m'a bien titillée tout du long et confirme le talent incontestable de cette autrice.

Fantasy à la Carte
A lire aussi mon avis sur Sans âme

Gail Carriger
Sans forme
Tome 2
Le protectorat de l'ombrelle
Le Livre de Poche