L'influence du "gaming" à la littérature

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22/11/2025

Pascale Quiviger, H, Mort ou Vif, éditions du Rouergue

Pascale Quiviger, H, Mort ou Vif, éditions du Rouergue 

Pascale Quiviger est une autrice de grand talent, à qui l'on doit la saga du Royaume de Pierre d'Angle. C'est un univers de grande qualité qu'elle a continué à développer à travers d'autres romans indépendants. 

Aussi, après La dernière saison de Selim, elle poursuit l'aventure menée par les héros d'hier et d'aujourd'hui. 

Lu dans le cadre de la dernière Masse critique mauvais genres, je remercie l'équipe de Babelio et les éditions du Rouergue pour l'envoi de ce roman. 

Résumé :

Le Roi Fénélon vient de mourir. Il laisse derrière lui une fille malade, un gendre avide, un royaume exsangue et un étrange testament. Ce dernier soulève d'ailleurs beaucoup d'interrogations car il est question d'un héritier inattendu que tous pensaient décédé depuis fort longtemps. Désigné comme exécuteur testamentaire, Mercenaire accompagné de sa fidèle Esmée s'embarquent sur la piste de ce "H" même si les indices sont maigres et les concurrents nombreux. Alors arriveront-t-ils à résoudre cette nouvelle énigme à temps? 

Mon avis :

Avec H, Mort ou Vif, nous voici dans un nouveau royaume et une nouvelle histoire mais néanmoins avec également quelques têtes connues. 

En effet, Pascale Quiviger a choisi de faire un pont entre ses différents récits de fantasy avec des intrigues qui s'entremêlent par l'intermédiaire de personnages inoubliables. 

Son nouveau roman nous plonge dans les investigations d'Esmée et de Mercennaire pour retrouver un héritier que tout le monde croyait mort à la naissance. L'ambiance se teinte donc de mystère et de danger. Il faut dire que la nouvelle agite les grands de ce monde qui voit là l'occasion de renverser le pouvoir et de rebattre les cartes à leur avantage. 

Complots et manipulations s'invitent donc dans cette partie pour mettre notre couple d'enquêteurs sur des fausses pistes et des impasses. 

Le danger rôde partout surtout que l'on parle d'intrigues de cour et de secrets de famille. La soif de pouvoir se montre une nouvelle fois sans limite. 

Le récit s'annonce dès le début fort prometteur et il faut bien reconnaître que Pascale Quiviger répond bien aux attentes de ses lecteurs. Elle a, d'ailleurs, repris la même formule utilisée dans son précédent roman, La dernière saison de Selim, à savoir une investigation menée par un duo irrésistible. En effet, on retrouve l'intrépide Esmée, un personnage phare du Royaume de Pierre d'Angle et le flegmatique Mercennaire, rencontré récemment. Elle les réunit une nouvelle fois et sans surprise, ils font des étincelles. Bien que de caractère opposé, ils se complètent parfaitement pour résoudre les énigmes les plus corsées. Leur histoire est attachante et s'écrit en filigranes des intrigues en cours. 

Pascale Quiviger nous fait la joie de renouer avec des figures de la première heure, à l'image du jeune Lysandre qui a bien grandi et endosse maintenant le rôle éminent d'ambassadeur.

H, mort ou vif dégage à la fois un sentiment de nostalgie et une soif de nouvelles aventures. 

Ce roman oscille entre le familier et l'inconnu nous procurant un vrai réconfort, d'autant que le style de Pascale Quiviger est profondément original. Son écriture ne cesse d'interpeller le lecteur pour toujours le garder captif, totalement fasciné par cette histoire frôlant parfois avec l'improbable. C'est vivant et prenant tout simplement. 

Plus qu'une investigation au long cours, l'autrice a piqué son récit de thématiques variées, comme l'handicap, la complexité des relations familiales, la solitude ou encore la question de genre. Comme à l'accoutumée, Pascale Quiviger interroge la société pour nourrir ses romans de réflexions toujours très actuelles. 

Après avoir tant aimé sa première saga, j'apprécie de retrouver sa plume et son univers car Pascale Quiviger est réellement le genre d'autrice avec laquelle on accroche facilement. Ses textes dégagent une telle fluidité et ses personnages sont si naturels qu'on ne se lasse pas d'explorer son monde. 

Pour conclure :

En refermant H, mort ou vif, je n'ai qu'une envie, c'est de me ruer sur La dernière saison de Selim et être ainsi à jour car je dois vous faire la confidence que je ne l'ai pas encore lu. Or, ma lecture de ce roman m'occasionne quelques frustrations quant à savoir comment s'est déroulée la rencontre entre Esmée et Mercenaire. De plus, on ne va pas se mentir, cela me fera patienter jusqu'à la sortie du prochain roman de Pascale Quiviger, pour peu que ce soit de la fantasy. A bientôt.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'Art du Naufrage, Les filles de mai, Les adieux et Courage

Informations

Pascale Quiviger
H, Mort ou Vif
9782812627545
620 pages
Editions du Rouergue

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12/11/2025

Mina Fears, The Scorpion Queen, collection Stardust, éditions Hugo

Mina Fears, The Scorpion Queen, collection Stardust, 
éditions Hugo

Mina Fears est une jeune autrice américaine qui a publié son tout premier roman en 2024. Il s'agit d'un récit de fantasy à destination d'un public plutôt Young-Adult qui s'intitule The Scorpion Queen

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Aminata voit sa vie et son futur basculer, le jour où sa sœur l'a fait accuser d'infidélité alors qu'elle était promise au beau et doux Kader. Bien qu'elle ait essayé de se disculper, nul ne la croit, même pas ses propres parents qui la rejettent et la déshéritent sur le champs. C'est ainsi qu'elle devint la servante de la fille de l'empereur qui, contre toute attente, se montre aimable et généreuse à son égard. Chacune étant confrontée à sa propre détresse, une solidarité s'installe naturellement entre les deux. Mais en voulant libérer la jeune princesse de sa propre malédiction, Aminata va devoir faire des choix difficiles. Alors quel chemin suivra-t-elle? 

Mon avis :

The Scorpion Queen est un roman de fantasy historique puisant dans la mythologie africaine et empruntant particulièrement au conte malinké en mettant en scène la quête de liberté d'une jeune fille. 

Dans ce roman, on évolue aux côtés d'Aminata au cœur du palais impérial. Le décorum fait très Mille et Une Nuits dans le sens que les prétendants de la princesse sont soumis à des épreuves qui les condamnent tous à une horrible mort. Or, pour contrer ce mauvais sort, la jeune fille compte sur ses trois domestiques dont Aminata pour l'aider à trouver l'artefact qui sauvera la vie de son futur époux. Bien qu'il ne s'agisse pas ici de l'histoire d'une femme cherchant à échapper à la mort en contant des histoires à son sanguinaire bourreau, on retrouve tout de même des éléments similaires qui sont d'ailleurs propres au conte. En effet, ici, la princesse est sous l'emprise de son père, l'empereur, qui prend les traits du tortionnaire suppliciant tous les hommes souhaitant l'épouser. Elle nous apparaît donc telle une victime à sauver mais qui comme dans Les Mille et Une Nuits, cherche des stratagèmes pour se sortir par elle-même de cette terrible situation. 

Entre les intrigues de cour et l'aventure au cœur du désert, ce roman se teinte des notes suaves et sucrées des littératures orientales. 

L'ombre des dieux planent au-dessus des protagonistes rappelant ainsi les mythes locaux et notamment le culte dans les sept dieux du panthéon. 

La magie est également de la partie et s'exprime de bien des manières. Il y a bien entendu le pouvoir détenu par certains personnages divins ou humains mais aussi la présence d'objets ensorcelés, à l'image du marteau d'Hausakoy ou de la carte magique montrant le chemin vers l'antre de ce dieu. Derrière l'introduction de ces deux éléments, on peut, d'ailleurs, y voir la référence au marteau de Thor d'un côté, et à la carte du Maraudeur de l'autre côté. Les références de l'autrice sont donc multiples et viennent nourrir un univers intéressant et plutôt bien réussi pour un livre de Young-Adult. 

L'intrigue elle-même présente d'indéniable qualité car Mina Fears table sur des destins de femmes étonnants. Les rebondissements sont là et surprennent bien souvent car l'autrice fait évoluer ses protagonistes de manière fort inattendue. 

The Scorpion Queen n'est clairement pas un simple récit de romantasy comme on pourrait s'y attendre vu l'engouement pour ce sous-genre de la fantasy

La romance est bien là mais demeure en périphérie de l'intrigue pour laisser toute la place au récit d'aventure tissé de trahisons, de mensonges et de manipulations

Mina Fears a introduit des éléments comme un ordre secret constitué de rebelles cherchant à renverser le pouvoir pour libérer le peuple du joug d'un tyran. Toutefois, on peut regretter qu'elle n'est pas plus développé cette partie de l'intrigue qui donne à son roman une dimension politique fort intéressante. 

The Scorpion Queen est également un roman féministe mettant en scène des personnages féminins forts et dégageant une certaine sororité à travers ce portrait de femmes qui s'unissent pour retrouver leur liberté. 

C'est clairement un roman qui vient tester les relations humaines, notamment dans ses limites. En effet, l'intérêt peut parfois prendre le pas sur les plus nobles sentiments comme Aminata elle-même va en faire les frais. 

L'autrice joue donc sur des thématiques coutumières de la littérature jeunesse telles la quête initiatique, l'amitié, ou encore l'amour pluriel. Les lecteurs ne seront donc pas dépaysés et apprécieront d'y retrouver ce qui plaît tant dans cette littérature. 

En revanche, je mettrais tout de même un bémol sur la fin surtout si ce roman est un tome unique comme le communiqué de presse laisse penser. Pour ma part, la fin choisie par Mina Fears avec ses nombreuses inconnues notamment sur le devenir de certains personnages demeure un point de frustration car tout n'a pas été dit. 

Pour conclure :

Avec The Scorpion Queen, Mina Fears signe donc un premier roman riche d'un univers fouillé et d'une intrigue prometteuse. 

Fantasy à la Carte

Informations

Mina Fears 
The Scorpion Queen
9791042902353
464 pages
Collection Stardust
Editions Hugo

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06/11/2025

Guy Gavriel Kay, La Voie Obscure, T.3, La Tapisserie de Fionavar, collection Neptune, éditions L'Atalante

Guy Gavriel Kay, La Voie Obscure, T.3, 
La Tapisserie de Fionavar, 
collection Neptune, 
éditions L'Atalante 

La Voie Obscure est le 3e volet qui vient conclure de manière magistrale la trilogie de La Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay.

Cette saga de fantasy des années 80 connaît cette année, une nouvelle mise à l'honneur par les éditions L'Atalante qui viennent de l'intégrer à leur nouvelle collection de poches, intitulée Neptune. 

Après avoir eu le plaisir de lire les deux premiers tomes, il y a quelques semaines, le temps était venu pour moi d'enchaîner sur le troisième volet, d'autant qu'il vient tout juste de rejoindre les rayonnages des librairies. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que Rakoth Maugrim réunit son armée, Kim, Jennifer, Dave et Paul rejoignent chacun de leurs côtés, leurs alliés pour l'affronter dans une bataille qui s'annonce déjà perdue d'avance. En effet, bien que la flamme de l'espoir semble près de s'éteindre, que peuvent-ils tenter une dernière fois pour espérer sauver Fionavar et au-delà, tous les autres mondes ?

Mon avis :

La Voie Obscure s'annonce donc comme le roman de l'apocalypse car si les armées de Rakoth Maugrim ne sont pas défaites, il en va de l'extinction de la lumière pour laisser place aux ténèbres éternelles. 

Dans ce livre, Guy Gavriel Kay nous plonge totalement dans l'épopée. En effet, finies les escarmouches et place à l'ultime combat, celui qui sera décisif quant à l'avenir de tous. Aussi, les évènements s'enchaînent vite, chacun fourbit ses armes ou prépare ses sorts. Le récit se teinte de notes épiques et devient de plus en plus immersif. 

L'auteur nous donne même rendez-vous avec le spectaculaire à travers des scènes à couper le souffle. Les créatures horrifiques se pressent entre ses lignes. Elles ont soif du sang des héros du Bien. Sous l'égide du terrible Rakoth Maugrim qui n'est pas sans nous rappeler le terrifiant Sauron, elles sont sorties des ombres pour éteindre la lumière et faire régner le Mal. 

Dans La Voie Obscure, il n'est plus question de de voyager dans des univers parallèles en passant de notre monde à d'autres mais plutôt de plonger dans une grande fresque de littérature fantasy. Ainsi, on retrouve tous les ingrédients qui font la force des grands classiques du genre, la lutte entre le Bien et le Mal, la magie, la quête et la communauté de héros. 

La Voie Obscure est un roman très prenant autant du point de vue de l'action que des émotions. La lutte étant de la partie, on ne s'étonne pas de voir des personnages tombés les uns après les autres. Cela se fait d'ailleurs dans la douleur car Guy Gavriel Kay fait des choix qui nous prennent aux tripes. Il est d'ailleurs pas mal question de sacrifices et de deuil dans son livre. 

C'est un roman très riche qui exacerbe énormément les sentiments. On y parle d'amour, d'amitié mais aussi de haine. 

Guy Gavriel Kay y expérimente l'aventure avec un grand A et nous attache sans mal à son histoire et à ses protagonistes.

Il faut dire que sa plume est d'une grande poésie. Il sait clairement manier les mots et son imaginaire dégage une nostalgie et une foisonnance qui ne laisse pas indifférent.

Personnellement, j'ai adoré lire La Tapisserie de Fionavar car cette série dégage l'ambiance d'une fantasy d'antan comme je les aime. 

Pour conclure :

Classée au rang des grands classiques du genre, je ne peux que vous inviter à ne pas manquer cette sortie qui mérite qu'on s'y arrête. Maintenant que la série est maintenant complète dans sa nouvelle version poche, foncez en librairie !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'Arbre de l'été et Le Feu Vagabond

Informations 

Guy Gavriel Kay 
La Voie Obscure 
Tome 3
La Tapisserie de Fionavar 
Collection Neptune 
9791036002281
560 pages
Éditions L'Atalante 

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29/10/2025

Judith Merril, Des Ombres sur le foyer, éditions Argyll

Judith Merril, Des Ombres sur le foyer
collection Neptune,
éditions Argyll 

Romancière, novelliste, anthologiste et éditrice, Judith Merril nous a laissé un solide héritage d'une science-fiction engagée. Malheureusement son nom est trop peu connu. La faute à de très rares traductions, sans doute. Heureusement certains éditeurs, connus pour leurs choix éditoriaux militants ont décidé de remédier à ce manquement et nous proposent une traduction de son premier roman, Des Ombres sur le foyer

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que les États-Unis sont touchés par une attaque nucléaire de grande ampleur, Gladys, une jeune mère au foyer doit faire face à cette situation inédite seule avec ses deux plus jeunes enfants. Son mari est porté disparu et son fils est enrôlé dans l'armée pour assurer la défense du pays et préparer sa contre-attaque. Pour Gladys, le moment est venu de faire des choix, de gérer cette crise avec force et intelligence. Ce qu'elle fait en s'étonnant elle-même de sa force de caractère. Mais alors qu'elle commence à prendre goût à cette nouvelle indépendance certains hommes tentent quelques ingérences dans ses décisions. Trouvera-t-elle la force d'y résister et de maintenir seule le cap ? 

Mon avis : 

Des Ombres sur le foyer est un roman de science-fiction qui se classe au rang de la fiction nucléaire. Pour comprendre ce sujet d'écriture, il faut s'en référer au contexte de l'époque puisque le roman paraît pour la première fois en 1949, soit en pleine Guerre Froide. A travers cette attaque nucléaire massive que subit les États-Unis dans le roman de Judith Merril, on ne peut pas s'empêcher de faire un parallèle avec les bombardements stratégiques américains à Nagasaki et à Hiroshima en 1945. En transposant l'usage de cette puissante arme létale sur le sol américain, l'autrice critique ouvertement la politique américaine et les choix qui ont été fait pour mettre fin à un long conflit. D'autant que va s'en suivre cette longue période de dissuasion nucléaire découlant de la course aux armements atomiques menée par les États-Unis, l'Union soviétique et leurs alliés dans le seul but de conserver sa suprématie. Cette période trouble est empreinte de défiance et de paranoïa. C'est d'ailleurs ce que l'autrice met en exergue ici. En effet, Des Ombres sur le foyer est un huis clos qui nous plonge au cœur d'évènements terrifiants que l'on découvre à travers les yeux d'une mère au foyer confinée à son domicile avec ses deux filles. 

Le récit est très intimiste mais il a le mérite d'être réaliste. On est confronté aux questionnements, aux doutes et aux angoisses ressenties dans ce genre de moments dramatiques. 

Les protagonistes sont reliés au monde par la radio qui diffuse des informations au compte-goutte et dont la véracité finit par poser question.

Des Ombres sur le foyer est un récit très politique qui critique également le gouvernement américain dans ses décisions et son usage abusif des médias comme outils de propagande. Ses personnages finissent par s'interroger sur les informations diffusées. L'autrice introduit tout un questionnement sur la réalité des faits, sur l'origine de l'attaque et à la réelle prise en charge des conséquences sanitaires. 

En outre, elle met en exergue la psychose dont peuvent faire preuve des autorités aveuglées par la chasse à l'ennemi. Aussi certains personnages sont ici pris pour cibles jusqu'à devenir parfois des dommages collatéraux. 

Judith Merril signe un roman engagé à plus d'un titre car elle met en scène une femme au foyer des années 40 qui n'a pas d'autres choix que de s'émanciper pour survivre à l'absence de son mari en prenant les décisions par elle-même et en trouvant des solutions à des situations difficiles. Des Ombres sur le foyer est sans aucun doute un roman féministe qui met en scène une héroïne forte capable de se libérer d'un patriarcat toxique. Ici le danger s'exprime autant par les conséquences des irradiations que par la volonté dominatrice émise par certains hommes au nom du gouvernement ou non. 

Judith Merril a également fait le choix de mettre en scène peu de personnages afin de créer une proximité avec ses lecteurs. C'est à travers le regard de Gladys que l'on découvre cette histoire. Elle est le personnage qui évolue le plus puisqu'elle incarne au début du roman, la parfaite femme au foyer et devient à la fin une véritable chef de famille. En effet, elle doit combler les absences de son mari et de son fils aîné pour gérer cette crise. Même si elle n'a pas reçu cette éducation d'indépendance, elle l'a prend au fur et à mesure des pages de ce roman. Sa femme de ménage Veda va beaucoup l'aider dans son évolution car elle porte un regard acéré sur la société. Elle va même lui faire prendre conscience de choses essentielles. Veda est donc une aide et un soutien sans commune mesure. Elles est d'ailleurs l'une des victimes de cette suspicion ambiante mais ne s'en laisse pas compter pour autant. Elle tient tête au système et réussit à venir en aide à sa patronne. Très beau protagoniste que celui de Veda, sémillant avec sa verve haute. On l'apprécie d'emblée. 

Judith Merril est une autrice qui a marqué son temps avec des textes forts et un engagement total pour la science-fiction féminine. 

Sous sa casquette d'éditrice, de nombreux grands noms, à l'image d'Ursula K. Le Guin, ont pu prendre leur envol. 

Pour conclure :

L'héritage qu'elle laisse est un bien précieux qu'il est important de ne pas oublier. C'est la raison pour laquelle on ne peut que remercier les éditions Argyll d'avoir choisi de faire traduire et publier pour la première en France, son roman le plus majeur, Des Ombres sur le foyer. C'est clairement une lecture instructive à ne pas manquer. 

Fantasy à la Carte

Informations

Judith Merril
Des Ombres sur le foyer
9782488126243
320 pages
Editions Argyll

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24/10/2025

Adrien Party, Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende, éditions Actusf

Adrirn Party, Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende
éditions Actusf 

Spécialiste des vampires, Adrien Party est avant tout connu pour son webzine, vampirisme.com. Mais, il est également l'auteur d'un premier essai publié aux éditions ActuSF en 2022 qui s'intitule Vampirologie

Toutefois que serait un expert en créatures aux longues dents si celui-ci faisait l'impasse sur la plus célèbre d'entre elles. C'est la raison pour laquelle, il récidive aujourd'hui en nous proposant un essai consacré à Dracula. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les Nouvelles Éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Le clerc de notaire Jonathan Harker est chargé de se rendre en plein cœur de la Transylvanie pour conclure une affaire immobilière avec le comte Dracula. Il est très vite témoin de phénomènes étranges dans le château de ce dernier. Retenu prisonnier, il réussit quand même à s'évader alors que Dracula avait prévu de le livrer à trois femmes vampires pendant que lui-meme voguerait vers L'Angleterre. Il le prend en chasse et découvre grâce au docteur Van Helsing qu'il a ensorcelé la meilleure amie de sa fiancée, Mina. Dès lors, comment vont-ils pouvoir tous se dégager des crocs acérés de cette abominable créature ? 

Mon avis :

Dans Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende, Adrien Party va s'intéresser autant à la plus célèbre créature de la nuit qu'à son auteur. 

En effet, il ouvre son ouvrage sur les multiples casquettes endossées par Bram Stoker. Aussi, on commence par apprendre qu'il a d'abord été homme de loi en suivant les traces de son père, William Stoker qui fut greffier. Très vite, il témoigne d'une appétence pour le domaine juridique et les lois. Or, celle-ci transparait dans certains de ses textes, dont Dracula, notamment à travers la fonction de clerc de notaire occupée par Jonhatan Harker. 

Ensuite, il fut homme de théâtre lorsqu'il devint le directeur financier du Lyceum Theatre aux côtés d'Henri Irving dont la proximité, si l'on en croit la rumeur, lui inspira son personnage de Dracula. En tout cas, il n'a jamais cessé, en vain de vouloir le voir monter sur les planches pour incarner son célèbre personnage. 

C'est d'ailleurs son affection pour le théâtre qui le conduit à l'écriture, notamment par l'entremise de la critique des pièces. Ainsi, ses premières nouvelles commencent à être publiées, à l'image de sa toute première, "The Crystal Cup" parue en 1872 dans un journal londonien. 

Dans un deuxième temps, Adrien Party va se concentrer sur la genèse du roman de Bram Stoker en levant notamment le voile sur les nombreuses légendes qui entourent sa maturation. 

Il nous propose une relecture rapide de Dracula à la lumière des notes de l'auteur découvertes bien plus tard. Le regard qu'Adrien Party porte sur cette œuvre est très complet puisqu'il va jusqu'à nous parler de sa réception auprès du public, médias compris. Il nous donne d'ailleurs le recul nécessaire pour mieux appréhender ce roman. 

D'autant qu'il revient sur les nombreuses sources d'inspirations de Bram Stoker, notamment historiques en faisant un parallèle avec le sanguinaire Vlad Tepes. 

Adrien Party a agrémenté son essai de nombreuses interviews. Un choix qui a le double avantage de dynamiser la lecture tout en éclairant l'œuvre grâce à d'autres points de vue. Tous sont des acteurs importants dans la pérennité du roman car ils jouent notamment un rôle dans les nouvelles publications des études qui lui sont consacrées. 

Dracula, c'est plus qu'une simple histoire de chasse aux vampires, c'est aussi et surtout un roman qui éclaire le XIXe siècle. Cet essai nous enseigne des visées que l'on soupçonne pas à la première lecture de ce grand classique de la littérature. C'est donc clairement une mine d'informations passionnantes sur le sujet pour qui désire voir se dévoiler quelques mystères autour du mythe. 

Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende établit une vraie proximité, renforcée par le partage d'anecdotes sur le voyage mené par l'auteur pour aller explorer cette terre inhospitalière de Transylvanie. 

Pour conclure :

On passe un réel bon moment en compagnie de Dracula. Que vous le lisiez par petits bouts ou d'une traite comme moi, vous ne serez pas déçu surtout si vous êtes, vous aussi, fasciné par le plus grand saigneur de la nuit. En librairie depuis le 23 octobre. A vous de jouer !

Fantasy à la Carte

Informations

Adrien Party
Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende
978-2-37686-709-8
400 pages
Les Nouvelles éditions ActuSF

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