L'influence du "gaming" à la littérature

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Affichage des articles dont le libellé est Editions Critic. Afficher tous les articles
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17/05/2025

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Après un premier roman intitulé La Machine à Aimer qui lui vaut une entrée remarquée au sein des littératures de l'imaginaire et particulièrement la science-fiction, Lou Jan récidive avec un second récit. 

Toujours dans ses thématiques de prédilection, elle nous brosse avec Un corps d'avance un futur technologique intéressant mais dépouillé de l'essentiel. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce SP. 

Résumé :

Jinseï s'apprête à vivre son premier reset. Il appréhende un peu, non pas de pouvoir garder son apparente jeunesse jusqu'à 10 fois 75 ans mais de couper tout le lien avec chacune de ses vies. Et si l'immortalité n'était pas si enviable ? 

Mon avis :

Un corps d'avance s'inscrit dans un cadre futuriste dans lequel Lou Jan continue de questionner les avenirs possibles à travers les progrès scientifiques et technologiques. 

Elle a d'ailleurs choisi comme point de départ de sa réflexion, la question de l'immortalité. Obsession de notre époque, c'est donc tout naturellement que les avancées tournent ici autour d'elle. Ainsi, l'autrice a imaginé la possibilité aux humains de pouvoir vivre jusqu'à dix reset d'une durée de 75 ans. Grâce à cette prouesse, la mort n'existe quasiment plus. 

Seulement pour être éligible à ce procédé, des conditions sont à respecter. Et celles-ci ne sont pas des moindres puisqu'il faut accepter de renoncer à chacune de ses vies, incluant de ne plus vivre dans son pays initial de résidence et surtout de rompre tous ses liens familiaux. En outre, il est possible d'opter pour l'oubli effaçant, de facto, les souvenirs à chaque remise à zéro. 

Dans ce monde imaginé par Lou Jan, les humains vivent aux côtés des androïdes mais point sur un pied d'égalité car ces derniers sont considérés comme des esclaves, utilisés pour travailler à la place des humains. Pire encore ils ont été créés, à dessein, avec une obsolescence programmée par pure crainte qu'ils détrônent l'humanité et finissent par la dominer. 

Cette mise en valeur à pour but, de ramener l'intelligence artificielle au cœur du débat en insistant sur toute la problématique qu'elle soulève, notamment à travers la méfiance suscitée a son égard. Aujourd'hui, l'IA est surtout présentée comme un danger de remplacement de l'humanité. Or, Lou Jan souhaite ici renverser cette apriori en les intégrant à sa société. Pour cela, elle met en avant leur désir de vivre libre, à l'image de l'un de ses personnages qui vit dans la clandestinité pour tenter de survivre et d'imprimer sa marque dans ce monde en le changeant. 

Avec Un corps d'avance, on est sur un roman collégiale divertissant où chacun des protagonistes de Lou Jan vient nous faire découvrir une facette de ce futur qu'elle nous brosse. Que l'on s'attache ou non à Jinsei, Namaya ou Léan, on est vite captivés par leur destinée atypique où leurs âmes se télescopent à d'autres, et où il est possible de reprogrammer la vie à l'infini. 

Fasciné ou inquiet par ce progrès qui a repoussé les limites du corps humain, il permet surtout à l'autrice de ramener la vie à l'essentiel, à ce qui fait son sel. C'est d'ailleurs le fond de ce récit, l'importance des liens, des attaches et des sentiments, car à quoi bon vivre éternellement si c'est pour perdre à tout bout de champ ceux qui nous sont proches. 

Derrière cette nouvelle aventure très punchy, l'autrice y insère une réflexion philosophique autour du sens de la vie, en soulignant l'amour comme un moteur pour avancer. Soit, c'est un sentiment puissant qui en génère d'autres, à l'image de la jalousie dont certains protagonistes du récit vont d'ailleurs en faire les frais mais c'est un mal nécessaire pour donner du relief au destin. 

Lou Jan louvoie entre présent, passé et futur pour nous entraîner à perdre haleine dans un espace-temps inattendu, source de dangers, mais aussi de belles rencontres. On goûte à un imaginaire fouillé car passionnée par tout ce qui a attrait à ce qui fera demain à travers les innovations, elle se plaît donc à le construire dans ses récits en y mettant en exergue ses forces et ses failles. 

Un corps d'avance est un roman court et percutant qui explore la force des sentiments ainsi que les notions de manque et de vide lorsqu'ils brillent par leur absence. Divertissant !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur La Machine à Aimer.

Informations

Lou Jan
Un corps d'avance
9782375793220
224 pages
Editions Critic

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12/04/2025

Emmanuel Quentin, Vent Rouge, éditions Critic

Emmanuel Quentin, Vent Rouge, éditions Critic 

Grand amateur de littératures de l'Imaginaire, Emmanuel Quentin a fini par céder aux sirènes de l'écriture. Sa bibliographie compte déjà quelques titres comme Dormeurs, Où s'imposent les silences ou La faculté des idées noirs.

Son nouveau roman est sorti depuis peu aux éditions Critic et s'intitule Vent Rouge.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Sophis est soumise au vent rouge, un phénomène météorologique inexplicable qui emporte, disperse et mélange les souvenirs des personnes se retrouvant sur son passage. Ce n'est d'ailleurs pas la seule menace qui sévit sur cette planète. En effet, alors qu'Anat  pensait faire ses adieux aux 3 corps plongés dans des cuves depuis fort longtemps, l'un d'eux est revenu à la vie. Il s'agit d'une dénommée Satia Layre missionnée il y a plus de 400 ans par les siens pour mener à bien un objectif contraire aux intérêts de Sophis et même plus menaçant que l'oubli lui-même.

Mon avis :

Vent Rouge est un planet opera dans lequel Emmanuel Quentin confronte deux sociétés antagonistes dans leur état d'avancement. Ainsi, on a d'un côté, l'Ordocratie qui bénéficie d'un progrès technologique sans commune mesure lui permettant d'asseoir sa domination sur la galaxie et de l'autre côté, Sophis qui demeure encore sous l'emprise d'un certain archaïsme dû à des bouleversements écologiques et sociaux. 

Emmanuel Quentin donne vie à un univers complexe nourri à la nanotechnologie et piloté par une intelligence artificielle déclinante. 

Nous sommes face à d'un côté, une civilisation avancée qui maîtrise l'usage de corps d'emprunt assurant une longévité remarquable même si elle a ses limites comme l'illustre les difficultés de l'un des protagonistes de cette histoire et de l'autre côté, un peuple traumatisé par une oppression forte et menacé par un dérèglement inarrêtable. 

C'est donc dans ce décor futuriste que l'auteur a décidé de bâtir son intrigue où il est beaucoup question de colonialisme et de rapt des ressources locales. Vent Rouge critique cette politique expansionniste qui se fait toujours au nom du bien collectif mais se révèle surtout très destructrice pour les locaux. 

En outre, à travers cette manifestation climatique qu'est le vent rouge, Emmanuel Quentin aborde de manière très original la thématique de la mémoire à travers ces souvenirs qui se mélangent et disparaissent. Ainsi, le vent rouge est craint car son passage est synonyme d'oubli. En faisant des souvenirs un enjeu narratif de son livre, l'auteur met en lumière le poids du passé et l'importance de ne pas l'oublier pour aller de l'avant car c'est en regardant en arrière que l'on sait où l'on va. En perdant leurs souvenirs, les protagonistes d'Emmanuel Quentin perdent une part d'eux-mêmes.

Vent Rouge n'est pas un roman si facile d'accès car l'univers est dense et l'intrigue est tortueuse. 

En outre, c'est un roman choral qui donne la parole à pléthores de personnages remplis de secrets et de zones d'ombre. Personnellement, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher à eux. En revanche, leurs destins croisés contribuent grandement à donner du suspense à ce texte puisque chacun à sa quête, ils nous entraînent à perdre haleine dans ce monde déclinant où subsistent les ruines d'une technologie avancée. 

Pour conclure :

La plume d'Emmanuel Quentin est fluide et nous emporte sans mal dans son histoire. Ce texte ne manque ni de rythme ni d'action. Il fallait bien ça pour nous dévoiler ce monde âpre et inquiétant qui sert d'écrin à l'auteur pour questionner la société dans ses failles.

Fantasy à la Carte

Informations

Emmanuel Quentin
Vent Rouge
9782375793138
429 pages
Editions Critic

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27/10/2024

Emmanuel Chastellière, Souveraine du Coronado, éditions Critic

Emmanuel Chastellière, Souveraine du Coronado, éditions Critic

Au fil de ses publications, Emmanuel Chastellière s'est imposé comme un nom incontournable des littératures de l'imaginaire francophone. 

Après avoir eu un coup de cœur pour L'Empire du Léopard et particulièrement, La Piste des Cendres, le voir signer un nouvel opus prenant cadre dans cet univers m'enchante énormément. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Éric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que le Nouveau-Coronado  s'apprête à être vendu aux enchères, une série de meurtres sanglants visant les plus nantis secoue la colonie. C'est à Ferran et à son équipier de mener cette délicate enquête d'autant que les esprits s'échauffent vite. Pendant ce temps, le juge-mage Ochozias emprunte des chemins de traverse pour mener sa propre quête. Séduit par les propos d'un prisonnier promettant l'accès à la vie éternelle, le voici embarqué dans une expédition sur la trace des anciens dieux et à l'issue incertaine. Dans un monde au bord du chaos, nul ne peut donc présager de l'avenir. 

Mon avis :

Avec Souveraine du Coronado, Emmanuel Chastellière nous propose une dernière incursion au cœur de son univers de la Lune d'Or. Il a choisi pour cadre la colonie du Nouveau-Coronado au moment où celle-ci est mise aux enchères. Le climat avec les locaux est donc tendu et la moindre étincelle risque de mettre le feu aux poudres. Or, une série d'assassinats rituels est perpétrée menaçant de faire voler en éclats la paix apparente des lieux en suscitant la peur et la colère. Emmanuel Chastellière a donc introduit des meurtres sacrificiels à caractère ésotérique afin de renouer avec les créatures féériques rencontrées dans les livres précédents. Le temps a passé depuis la première aventure puisque nous sommes au XXe siècle. En dépit d'une évangélisation forcée visant à étouffer les anciennes croyances, celles-ci reviennent en force et sont même le moteur de la rébellion contre le colon qui non content d'avoir investi la terre des autres, se permet d'en disposer à sa guise et de souhaiter la vendre. 

Ainsi, Souveraine du Coronado se pare des couleurs de la fantasy auquel l'auteur a ajouté une pointe de thriller à travers cette vague de crimes à élucider.

En outre, vu le caractère innommable des meurtres, on peut également parler d'ambiance horrifique d'autant que la terreur règne en ces lieux. Emmanuel Chastellière poursuit l'exploration de son riche univers en jouant sur les émotions de ses lecteurs. L'intrigue est une nouvelle fois très riche. Il est notamment question de révolte populaire en réponse à la spoliation de leur terre et à l'intolérance religieuse subie. L'auteur introduit dans son texte des thématiques tournant autour de l'amitié, de la force des liens familiaux mais aussi du deuil, notamment celui de la perte d'un enfant. 

Comme pour chaque roman d'Emmanuel Chastellière, le récit est très soigné. Il faut dire qu'il a toujours à cœur de porter des univers fouillés et des histoires prenantes. 

L'autre atout de cette plume est de créer des personnages féminins de grande qualité. Souveraine du Coronado ne fait d'ailleurs pas exception car pour ma part, ce n'est ni Ferran ni Ochozias qui emportent ma préférence mais plutôt Coré, Denna et Aitana. En effet, on est à nouveau face à trois portraits de femmes fortes qui se révèlent être les vraies héroïnes de cet opus. Badasses, courageuses et frondeuses, elles rendent l'histoire plus intense.

Pour conclure :

Emmanuel Chastellière sait y faire pour nous livrer un texte très qualitatif autant du point de vue de l'action que de la complexité de ses protagonistes. Toutefois Souveraine du Coronado ne détrône pas La Piste des Cendres, un roman qui demeure cher à mon cœur. Pour autant, c'est un très bon livre qui vous emmène dans l'exploration d'un autre rivage et j'en suis sûre, il saura vous captiver.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur L'Empire du Léopard, La Piste des Cendres, Céléstopol, Céléstopol 1922

Informations

Emmanuel Chastellière
Souveraine du Coronado
9782375793107
560 pages
Editions Critic

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11/06/2024

Eva Martin, Miska, éditions Critic

Eva Martin, Miska, éditions Critic

En 2023, les éditions Critic ont accueilli en grandes pompes une nouvelle voix de l'Imaginaire, Eva Martin, pour ne pas la nommer, au sein de leur catalogue. 

Il est vrai que la sortie de son premier roman, Miska, n'était pas passée inaperçue, en suscitant moult réactions au sein de la communauté des amateurs du genre.

Repéré à l'époque mais point encore lu, je viens de rectifier le tir en rencontrant l'autrice aux Imaginales et en me procurant ledit ouvrage. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour sa confiance renouvelée et ce service de presse.

Résumé :

En Calcédie, la rumeur court autour de l'existence de voiles blanches qui auraient été aperçues ici ou là. Illusion d'optique ou réalité, c'est au capitaine Dacien qu'incombe la mission d'aller vérifier sur place ce qu'il en est. Peu emballé, il s'y soumet de mauvaise grâce sans savoir que ce n'est que le début des ennuis...

Mon avis :

Miska est un roman de fantasy dans lequel deux civilisations vont s'opposer. Si l'une stagne à une ère moyenâgeuse, l'autre, au contraire, affiche un progrès insolent marqué par la technologie. Celle-ci s'exprime, par exemple, par la possession d'armes à poudre, pendant que les autres se battent encore à l'épée et à l'arc. Mais le plus notable demeure cette flotte de bateaux volants appelés "mostarkis" qui leur permet de parcourir le monde et accessoirement de le coloniser. Leur présence ajoute clairement une touche steampunk à l'univers. Ce modernisme, ils le doivent à leur maîtrise de l'épure car si les Kinoshs et les Calcédiens disposent bien de cette magie, ils ne la contrôlent pas pour autant de la même manière. On a donc une magie qui sert la technique et est également une arme létale de grande envergure capable de souffler toute vie sur son passage. Sa mise en œuvre colore ce texte d'un ésotérisme aussi visuel que spectaculaire. 

Miska, ça parle de quoi ? Avant tout, c'est une histoire de colonisation que l'on découvre aussi bien du point de vue du colonisé que de celui du colonisateur. Eva Martin y met en lumière d'un côté, les mensonges et la manipulation politique pour justifier cet acte expansionniste et de l'autre côté, la résilience des peuples ou au contraire, son esprit de revanche face à l'oppresseur. 

Miska est un roman psychologique dans lequel l'autrice nous propose une analyse très pertinente des comportements humains lorsqu'ils sont en but à des situations inextricables. Ainsi, si certains versent dans la violence et le calcul, d'autres demeurent plus pragmatiques et pondérés.

Miska, c'est d'abord un symbole de liberté qui se retrouve petit à petit dévoyé pour sombrer dans les ténèbres. Avec ce roman, on est sur des thématiques très ancrées dans notre réalité car le colonialisme demeure, à bien des égards, très actuel surtout lorsqu'il se mêle à des notions de modèles économiques, environnementales et sociétales. C'est vraiment le tour de force de cette plume qui sous couvert d'aventure en territoire fantasy nous parle surtout d'épuisement des ressources naturelles, de survie et de sacrifice ainsi que des choix à faire et du prix à payer. En outre, Il est également beaucoup question de liberté qui sous la plume d'Eva Martin, prend bien des significations. Ainsi, dans ce livre, on parle aussi bien de se libérer du joug de l'oppresseur que de se défaire du carcan imposé par la société, particulièrement pour les femmes qui, en rencontrant un autre peuple, vont découvrir une autre manière de vivre, notamment en occupant une place différente dans la société. Ainsi, au fil des pages on va avoir le plaisir de voir des femmes ou des jeunes filles prendre le pouvoir, non pas pour dominer l'autre mais simplement pour rétablir l'équilibre au sein de cette structure sociale défaillante. Ce livre ne manque donc pas de protagonistes badass aussi bien masculins que féminins. 

Miska est un récit d'action au ton mordant. Eva Martin a structuré son récit autour de deux points de vue masculins diamétralement opposés qui nous donnent la vision des deux camps en présence. Or, il n'y a pas plus différent que ces deux personnages principaux. Si Dacien est haut en couleurs de par sa verve et sa nature quelque peu bagarreuse, Azalon, lui, est plus mesuré, voir même flegmatique. Leur point commun est de devoir endosser un costume trop grand pour eux, celui de sauveur de la situation. Ainsi, Dacien en compagnie de sa poignée d'hommes va tout faire pour renverser les évènements et préserver les siens tandis qu'Azalon, lui, va être pris en tenaille entre sa conscience et ses obligations vis à vis de son peuple. Dans leurs diversités et leurs convergences, ils sont tous les deux très attachants. Finalement, en dépit de la gravité des évènements, on n'arrive pas à décider de quel côté notre cœur va pencher.  Leurs destins s'écrivent à l'encre de sang pour nous émouvoir autant que nous subjuguer.

Pour conclure :

Avec Miska, Eva Martin signe un premier roman engagé aussi divertissant qu'intelligent. A ne surtout pas rater !

Fantasy à la Carte

Sur la blogosphère, retrouvez les avis de : Just a Word et Le Bibliocosme.

Informations

Eva Martin
Miska
9782375792834
494 pages
Editions Critic

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04/06/2024

Fabien Clavel, Abyss : Le Trône vide, éditions Mnémos

Fabien Clavel, Abyss : Le Trône vide, éditions Mnémos 

Après une réécriture mythologique avec La Niréide en 2022 et un essai avec Buffy, Baroque Epopée en 2023, Fabien Clavel signe un nouveau titre au catalogue des éditions Mnémos.

Il s'agit d'Abyss : Le Trône vide, un récit complètement inspiré du jeu de plateau Abyss.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Abyss est en ébullition. La rumeur court que le roi est mort, une autre affirme qu'il se remet doucement d'une grave blessure. Certains voient dans cette défection du trône, l'occasion de prendre le pouvoir et multiplient les déstabilisations pour y arriver, notamment en agitant le spectre de la famine. Dans ce contexte tendu débarquent bien malgré eux Zée, Moire, Nourrain, Salyne et Ström qui n'auront pas d'autre choix que d'agir avec finesse pour espérer se sortir de ce marasme. Mais vont-ils y arriver au final ? 

Mon avis :

Abyss : Le Trône vide nous immerge dans l'univers aquatique du jeu de société éponyme où l'on part aussi à la rencontre des fameux peuples marins composés par les Cultivateurs, les Militaires, les Marchands, les Mages et les Politiciens. Ainsi, le royaume d'Abyss s'organise ici selon des castes qui gravitent autour du roi. Certains sont préposés à la défense pendant que d'autres fournissent les denrées alimentaires. Bien qu'Abyss soit un royaume gouverné par un roi, ce n'est pas pour autant une monarchie absolue puisque les lois sont votées par l'Assemblée Océanique du Sénat constituée du Parlement et de la Chambre des Alliés. Le pouvoir n'est donc pas unilatéral et une représentation populaire existe au sein de cette société même si celle-ci, comme partout ailleurs, est parfois tronquée. 

Dans son roman, Fabien Clavel propose une représentation anthropomorphique de ces créatures marines qui évoluent dans une société miroir de la nôtre par son mode de fonctionnement. 

A cela s'ajoute une dimension ésotérique puisqu'une magie existe entre ces lignes. Elle est l'apanage de quelques élus qui disposent du delwi, autrement dit un potentiel magique prenant la forme d'une lumière brillante. Ils sont un atout indéniable d'autant que certains forment des troupes de combat appelés Filaments et peuvent vite devenir redoutables en plongeant notamment leurs adversaires dans des illusions d'horreur. 

Abyss : Le Trône vide est un récit tissé par de nombreuses intrigues politiques motivées par la vacance du trône. En cela, on retrouve bien le motif initial du jeu centré sur un qui ceindra la couronne. Une soif de pouvoir qui génère sans surprise de la convoitise et met en place des stratégies basées sur le mensonge et la manipulation. Voilà qui donne au récit toute sa saveur sans compter que l'auteur y évoque également l'enjeu de la souveraineté alimentaire et questionne aussi des modèles de société, notamment dans leurs failles de la représentation politique chargée de porter la voix populaire. 

Le texte demeure riche et fort intéressant. Il est porté par de nombreux protagonistes qui nous apparaissent comme autant de pions servant un dessein dont ils ne sont clairement pas les instigateurs. En effet, chacun d'entre eux débarque inopinément au milieu de ce sac de nœuds sans savoir qu'ils vont y jouer un rôle crucial. Si Nourrain espère juste échapper à la prison et Ström souhaite devenir un grand Mage, Salyne, elle, s'est engagée sur la voie très honorable de chercher par tous les moyens à alerter le roi du danger qui touche leur principal source alimentaire. Ainsi, certains brillent par leur altruisme pendant que d'autres servent surtout leurs intérêts personnels. Pour autant, échapperont-ils à leurs destins ? Rien n'est moins sûre surtout quand celui-ci est manipulé par une grande puissance.

Pour conclure :

Que l'on soit un habitué d'Abyss ou non, on a aucun mal à se laisser charmer par cet univers marin peu habituel en littérature fantasy. L'intrigue est redoutablement efficace et tient parfaitement le lecteur captif de sa lecture. Côté personnages, j'avoue ne pas m'y être attaché plus que cela, l'alchimie n'a donc pas pris. Néanmoins, cela n'enlève en rien à la qualité du livre qui demeure très bon sans être un coup de cœur pour moi. En écrivant ce récit, Fabien Clavel nous rappelle combien l'Imaginaire est transmédia. Alors, répondrez-vous à l'appel des abysses ? Si oui, rendez-vous en librairie le 5 juin.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : La Niréide, Buffy, Baroque Epopée et Feuillets de Cuivre

Informations

Fabien Clavel
Abyss : Le Trône vide
9782382671436
336 pages
Editions Mnémos

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17/05/2024

Jean Krug, La Couleur du Froid, éditions Critic

Jean Krug, La Couleur du Froid, éditions Critic

Découvert par les éditions Critic et étoile montante de l'Imaginaire chez Pocket, Jean Krug est un jeune auteur qui a, à cœur, de nous proposer des récits écologiques et sociétaux fort percutants.

A l'image de ses précédents romans, il signe, en ce mois de mai, un nouveau texte toujours publié par les éditions Critic.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Héritière d'un empire économique, Mila Stenson gère ses affaires d'une main de fer. Alors que son projet d'aller coloniser Mars est au point mort, elle reçoit un étrange message de l'Antarctique la sommant de s'y rendre. En dépit de son aversion pour le froid, elle décide d'y aller en espérant, en même temps, trouver une réponse à ses inquiétants rêves qui hantent chacune de ses nuits ainsi qu'une solution pour son problème de santé puisque là-bas est implanté l'un de ses complexes médicaux ultra performants. Bien entendu, elle est loin de s'imaginer ce qui l'attend au cœur des glaces. 

La Couleur du Froid est un roman d'anticipation qui nous propulse dans un futur proche, en 2070. Sans surprise la Terre est en souffrance. Le projet de coloniser Mars, porté par certaines multinationales, piétine réduisant ainsi comme une peau de chagrin les chances de survie de l'humanité. L'Antarctique est devenue le théâtre des rivalités d'entreprises privées qui cherchent à y développer leur business ou un site privilégié pour l'armée qui y conduit ses essais. Le traité sur l'Antarctique signé en 1959 garantissant la protection des lieux seulement dédiés à l'étude scientifique a donc été rompu. 

Ainsi, Jean Krug a fait de l'Antarctique le cœur de son roman. Les descriptions sont vertigineux et les sensations sont intenses. Bien que l'endroit soit un objet d'étude depuis de nombreuses années, il est loin d'avoir révélé tous ses secrets. Or, l'auteur se sert de ses mystères que la rationalité scientifique n'explique pas pour y introduire un soupçon de surnaturel qui donne vie au froid. L'univers n'en est que plus immersif et intriguant puisque Jean Krug y mélange bien volontiers les genres. En effet, au-delà d'un récit prospectif reposant sur des principes scientifiques fort pédagogiquement expliqués, La Couleur du Froid est aussi un thriller qui essaime son lot de meurtres et de disparitions. Sans trop vous en dévoiler sur l'intrigue, Jean Krug parle de société secrète et manipule allègrement ses personnages et accessoirement ses lecteurs pour nous emmener sur un terrain très surprenant. 

Cette science-fiction mêlant uchronie et horrifique nous entraîne au cœur d'une expédition glaçante. La Couleur du Froid est un texte riche de thématiques variées. En faisant de l'Antarctique presque son protagoniste principal, Jean Krug remet ce continent austral au cœur des préoccupations nous rappelant la nécessité de le protéger car il est la clé de la survie humaine. 

Dans son livre, il change de paradigme. En effet, alors que l'humanité est obnubilée par le réchauffement, lui imagine plutôt une issue inverse davantage tournée vers un refroidissement climatique. Cela a le double intérêt de rappeler la nécessité du froid pour la régularisation des températures mais aussi et surtout que la vie dépend juste d'une question d'équilibre. Trop chaud ou trop froid aboutit au même résultat, à savoir la disparition de tout être vivant. 

Au-delà de son propos écologique et climatique, il émet également une critique économique et sociétale en épinglant notamment cette aberration visant à détourner les améliorations que les nouvelles technologies permettent d'apporter au corps pour des fins futiles comme le prolongement de personnes âgées aisées. Il met donc en exergue le détournement des richesses pour servir exclusivement les intérêts privés plutôt que ceux de la communauté.

Le texte est puissant et la plume, engagée. 

Jean Krug nous promet même une déferlante émotionnelle à travers sa communauté de personnages ballotés par le destin. 

La Couleur du Froid est un roman choral qui porte cette histoire à travers plusieurs voix. Celle de Mila Stenson, qualifiée de femme froide par beaucoup. Elle dissimule, en réalité, sous sa carapace un tempérament de feu. C'est clairement une femme forte. Orpheline, elle a donc grandi sans repères parentales et a dû se construire seule. Or, ce voyage en Antarctique va surtout lui donner l'occasion d'embrasser son héritage et ainsi de comprendre qui elle est vraiment. Il s'agit donc pour elle de mener une quête d'identité. Celle de Paul Damann qui lui aussi n'a pas été épargné par la vie puisqu'il est veuf. Sa femme est décédée lors d'un accident de voiture et où lui-même a perdu la perception des couleurs. Or, son choix de partir vivre en Antarctique n'est pas anodin puisqu'il ne sera pas tant question ici d'oublier son passé que de se pardonner à lui-même. Quant à Cryo, c'est une jeune femme entière et à vif dont les décisions bien que discutables en font un personnage finalement très surprenant.

De livre en livre, sa plume s'affine pour nous livrer des textes de plus en plus incisifs. Entre décor grandiose et réflexions politiques et environnementales, Jean Krug se fait l'auteur d'un récit sans concession dont vous ne sortirez sans doute pas indemnes. En librairie depuis aujourd'hui, le 17 mai, allez-vous craquer?

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Le Chant des Glaces et La Cité d'Ivoire.

Informations

Jean Krug
La Couleur du Froid
9782375793046
544 pages
Editions Critic

Lien vers le site

12/04/2024

Clément Bouhélier, Le Pacte de Sang, éditions Critic

Clément Bouhélier, Le Pacte de Sang, éditions Critic

De Clément Bouhélier, je n'avais lu jusque là que sa série Olangar qui fut pour moi une véritable révélation. Pour autant, il est également l'auteur d'un post-apocalyptique avec Chaos (2016) et d'un thriller fantastique avec Passé Déterré (2017). Or, justement il semble avoir voulu renouer avec ces premiers amours d'écrivain en nous proposant avec son nouveau livre, Le Pacte de Sang, un autre thriller fantastique mêlé à de l'historique. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

1364, bataille d'Auray. Bertrand Du Guesclin et ses troupes sont en déroute. Deux de ses chevaliers, Olivier de Clissan et Martin de Rosmedec se sont réfugiés dans une vieille forteresse abandonnée en pensant y être à l'abri. Seulement quelque chose semble être à l'affût, prêt à sceller leurs destins. 

Juillet 2021: Les salariés d'une entreprise lyonnaise de référencement termine leur semaine de séminaire. Pour leur dernière soirée, il est prévu qu'ils la passent dans un château pour participer à un escape game. Un programme qui n'enchante pas beaucoup nos Lyonnais même si tous s'y plient sans faire d'histoire. Seulement, ils ignorent la nuit de cauchemar qu'ils vont vivre entre ces murs lugubres...

Mon avis :

Le Pacte de Sang est un roman contemporain où le thriller et l'Histoire s'invitent. En effet, Clément Bouhélier joue sur deux temporalités avec d'un côté, un cadre historique riche, celui de la bataille d'Auray qui mit fin à la guerre de succession de Bretagne avec la victoire de Jean III de Montfort et de l'autre côté, une scène moderne classique, celle d'une partie d'escape game entre collègues. Cette alternance permet à l'auteur de rendre la lecture très dynamique d'autant qu'il s'appuie sur des chapitres courts tout en donnant aux lecteurs les clés de compréhension du présent grâce au passé. 

Derrière ces deux époques, il y a tout de même un point commun, c'est le lieu. En effet, Clément Bouhélier a choisi de réunir ses personnages au château d'Auray, faisant comme si celui-ci existait toujours autrement que sous la forme de ruines. L'endroit est isolé et inquiétant. Les murs transpirent une certaine malfaisance ressentie par chacun des protagonistes quelque soit son siècle. Derrière ce délabrement de façade, un être hante bien les lieux. Sa présence donne le caractère horrifique au texte. Insaisissable, monstrueux et avide, ce croque-mitaine fout vraiment les fois. 

Et pour cause, sous la plume de Clément Bouhélier il personnifie la figure du vampire dans toute sa sauvagerie, sa cruauté et son abomination. Sa vue se dérobe souvent à nos yeux comme à ceux des autres personnages. Celui-ci préfère se dissimuler dans les ombres, fuyant la lumière pour se protéger tout en accroissant la peur. Sa monstruosité se devine plus qu'elle se perçoit. Ainsi, l'auteur joue sur tous nos sens pour laisser s'exprimer notre propre interprétation quant à la représentation de la figure vampirique, allègrement nourrie par l'imaginaire collectif. 

05/09/2023

Clément Bouhélier, Histoires au crépuscule, Olangar, éditions Critic

Clément Bouhélier, Histoires au crépuscule, Olangar, éditions Critic

Alors que l'on pensait que Le Combat des Ombres serait le dernier voyage à Olangar, Clément Bouhélier a décidé cette année de jouer les prolongations en nous proposant, avec Histoires au crépuscule, un recueil de nouvelles se déroulant dans cet univers cher à mon cœur de lectrice.  

En effet, il renoue avec ses héros de la première heure qui viennent chacun à leur tour nous conter des histoires intimes et bouleversantes.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Après la sanglante attaque du train qui a failli leur coûter la vie, Torgend, Evyna et Silja poursuivent vaille que vaille leur route vers Frontenac. Profondément traumatisée par la violence des événements, Evyna est devenue mutique. Or, pour la sortir de son état, Silja a l'idée de profiter de leurs arrêts près d'un feu de camp pour conter une histoire. C'est ainsi, qu'à tour de rôle, ils vont s'immerger dans leurs souvenirs et nous entrainer dans des instantanés de vie témoignant de la rudesse de ce monde d'Olangar.

Mon avis :

Avec Histoires au crépuscule, on retrouve cette même plume engagée qui a fait le succès de la saga Olangar

Clément Bouhélier est le genre d'auteur qui ponctue ses textes de propos politiques, socio-économiques et écologiques forts dans le but d'éclairer très habilement notre époque. Ses récits sont âpres, touchants et donnent même matière à réflexion. Ainsi, il apprécie de mettre ses personnages en difficulté pour mieux en analyser les réactions. Les trois nouvelles Histoires au crépuscule n'échappent donc pas à cette habitude et nous placent ainsi face à des sujets d'actualité. 

Dans "Le secret de Kornal", Silja évoque l'histoire de la jeune elfe Afrun qui, en compagnie de son maître a été chargée d'enquêter sur la disparition d'enfants, des orphelins pour la plupart et dont le tragique destin fait froid dans le dos. A travers eux, Clément Bouhélier évoque le sacrifice de cette jeunesse démunie manipulable et exploitable à l'excès, tombant facilement aux mains d'adultes sans scrupules animés par un pouvoir dévoyé et corrompu. A la faveur de la guerre, l'auteur rappelle les horreurs et les abus perpétrés au nom d'un conflit dont les principaux acteurs ne sont bien souvent que les victimes. Voilà qui fait écho à notre brûlante actualité, à travers ce front guerrier entretenu sur le sol européen et dont l'issue semble toujours s'éloigner un peu plus. 

D'ailleurs, ce n'est pas le seul sujet pertinent que Clément Bouhélier met en exergue ici puisque dans "Un grand feu de joie", il est question de l'invasion des Peaux-Vertes sur les terres d'Enguerrand obligeant la population locale à fuir ou au contraire, à prendre les armes par peur de l'étranger. Plutôt que de communiquer, chacun reste ici sur son pré carré sans être capable de se mettre à la place de l'autre, ni de chercher à le comprendre, notamment dans ses motivations.

Enfin, dans "Les loups d'Enguerrand", Evyna et son frère investiguent sur une série d'attaques de chariots de denrées alimentaires ayant entraîner la mort de paysans et de quelques soldats. La rumeur court que des loups seraient à l'œuvre mais pour le frère et la sœur, la vérité est ailleurs. Derrière cette tragédie, l'auteur en dessine une autre, celle de la famine, fruit d'une succession de mauvaises récoltes rationnant une population déjà exsangue. Une catastrophe écologique et économique qui entraîne de véritables drames sociaux. Dans cette troisième nouvelle, Clément Bouhélier passe au crible la psychologie humaine lorsqu'il s'agit d'une question de survie. 

De fil en aiguille, Histoires au crépuscule construit un kaléidoscope de tranches de vie qui nous font passer par tout un panel de vives émotions allant du simple serrement de gorge au vrai chagrin. 

Derrière son monde imaginaire, il met à l'honneur des destins tourmentés, des vies brisées qui ne laissent clairement pas indifférents. 

Alors que pour certains, lire ce recueil sera l'occasion de pousser la porte d'un univers à explorer, pour d'autres, c'est simplement l'opportunité de retrouver de vieux amis, des personnages qui nous ont marqué et que l'on retrouve avec grand plaisir. D'autant plus que Clément Bouhélier nous en dévoile un peu plus ici sur la jeunesse d'Evyna, éclairant de facto sa personnalité si affirmée, découverte dans la saga. 

Pour conclure :

Avec Histoires au crépuscule, Clément Bouhélier ravira autant les fans de la premières heure que les curieux de dernière minute avec des récits toujours aussi passionnants dont lui seul a le secret. Lisez donc les romans de cet auteur, vous ne serez pas déçus, croyez moi !

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Informations

A lire sur le blog, mes avis sur les tomes 1 et 2 de Bans et Barricades, Une cité en flammes et Le Combat des Ombres.

Clément Bouhélier
Histoires au crépuscule
Olangar
9782375792803
188 pages
Editions Critic

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21/07/2023

Lou Jan, La Machine à aimer, éditons Critic

Lou Jan, La Machine à aimer, éditons Critic

Après un premier livre, Sale Temps publié aux éditions Rivière Blanche en 2015 et de nombreuses nouvelles, Lou Jan signe un nouveau roman de science-fiction chez Critic.

Déjà salué par la critique, la publication de La Machine à aimer n'est donc pas passée inaperçue.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Éric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

A peine sortie d'usine, la voici déjà condamnée au rebut. Pourtant, suite à un bug informatique, Nobod se réactive et découvre avoir été jetée au milieu d'un charnier cybernétique dont elle a du mal à s'extraire. Victime d'un génocide perpétré par les humains qui ont pris peur des progrès technologiques de la robotique, l'androïde, devenue ennemie publique, doit trouver le moyen de survivre dans ce milieu hostile. Mais a-t-elle la moindre petite chance de passer inaperçue ? 

Mon avis :

Avec La Machine à aimer, Lou Jan nous immerge dans un récit de science-fiction saisissant où le futur est marqué par une robotisation omniprésente. Majordome ou compagnon, les robots accompagnent les humains dans leur quotidien. La nouvelle génération qualifiée d'hybrides est une véritable prouesse technologique. Ces êtres sont programmés pour aimer et traiter l'humain avec bienveillance quelque soit les circonstances. Ressemblant à des humains sublimés, ils sont capables d'une grande sensibilité et possèdent également un intellect très développé. S'ils suscitent un véritable engouement, certains voient dans leur existence une menace les poussant à les déclarer dangereux au point d'édicter leur destruction.

C'est donc dans un contexte de chasse à l'homme ou plutôt à l'androïde que Lou Jan nous plonge ici. On suit Nobod dans ses pérégrinations tantôt capturée, tantôt en fuite, endossant une autre identité avec l'espoir peut-être vain de se retrouver à la fin. 

L'autrice emprunte au thriller son ambiance haletante pour imprégner son texte d'un sentiment d'urgence né du danger latent qui pèse sur les protagonistes de ce livre. Mais, alors que l'attention est braquée sur la menace de ces nouveaux prototypes, celle-ci pourrait venir d'ailleurs et être fatale à l'humanité par pure idéologisme. 

16/06/2023

Etienne Cunge, Antarcticas, éditions Critic

Etienne Cunge, Antarcticas, éditions Critic 

Après une première version publiée aux éditions Rivière Blanche, Etienne Cunge a décidé de retravailler son roman Antarcticas pour nous en délivrer une nouvelle mouture améliorée. 

Coutumier des récits coups-de-poing sur fond écologiste, à l'image de Synmphonie Atomique, à son tour Antarcticas n'échappe pas à sa marotte d'écrivain. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

2050, les aléas climatiques malmènent de plus en plus l'humanité et l'économie en général. Or, avec le réchauffement, l'Antarctique dégèle libérant peu à peu l'accès à des ressources très convoitées. Aussi, le Grand Blanc est devenu un enjeu majeur, disputé par les écologistes utopistes d'un côté et les industriels opportunistes de l'autre côté. Loin de ces préoccupations, Mike braconne les minerais que recèlent les sous-sols de l'Antarctique, tout en évitant autant que faire se peut, la vigilance des drones et des gardiens écologiques qui veillent à la protection des lieux. Mais sa vie est perturbée par la découverte d'un jeune homme évanoui sur la glace sur le point de se faire tuer par les gardiens mécaniques et pilotés par l'intelligence artificielle. Il n'est pas question pour Mike de ne pas lui porter secours. Seulement, il l'ignore encore mais son acte va changer irrémédiablement sa vie. En effet, Jérémy est un scientifique, porteur d'une découverte que certains veulent voir disparaître alors que d'autres rêvent de s'emparer. Face à la pression grandissante d'un pouvoir politique et économique qui les dépasse, arriveront-ils à faire connaître cette invention révolutionnaire et à donner à l'humanité un second souffle. 

Mon avis :

Avec Antarcticas, Etienne Cunge signe un roman d'anticipation réussi qui nous propulse en 2050. Pour donner un cadre crédible à son récit, il s'est tout simplement inspiré des grandes orientations politiques, économiques, sociales et géopolitiques actuelles pour les projeter dans leurs aboutissements probables. Aussi, l'intelligence artificielle s'est infiltrée dans toutes les strates de la société pour accompagner l'humanité dans sa vie quotidienne jusque dans sa chair, sous la forme d'implants régénérants connectant les humains les uns aux autres. Plus de téléphone dans le futur imaginé par Etienne Cunge avec des gens qui ne communiquent plus que par neurcom, reçus via leurs puces implantées. 

Un progressisme qui induit une société de surveillance généralisée dans laquelle les humains sont traqués et contrôlés en permanence avec des drones et des robots présents partout. 

Sous sa plume naît une Union européenne élargie qui se cache derrière la Grande Barrière nanotechnologique s'étendant de Tallinn au plateau du Golan servant à la fois de douane garantissant l'embargo avec les Califats, de ligne de défense militaire, tout en empêchant l'immigration clandestine. 

Par impuissance ou inertie, le climat n'a eu de cesse de se dérégler multipliant les épisodes de sécheresses, d'inondations et de tempêtes. Les ressources se sont raréfiées au point de rendre stérile les sols provoquant de nombreuses famines. Sans parler de la santé mise à mal par une dégénérescence précoce affectant les organismes humains dont seuls les plus riches peuvent se targuer de pouvoir échapper et allonger la durée de leurs vies grâce à la biologie moléculaire, les nanotechnologies et la génétique associées à l'informatique et à l'électronique. 

15/03/2023

Jean Krug, La Cité d'Ivoire, éditions Critic

Jean Krug, La Cité d'Ivoire, éditions Critic

Quand il n'explore pas les glaciers, le glaciologue Jean Krug écrit. Son premier roman, Le Chant des Glaces, sorti en grand format chez Critic vient d'être réédité en poche sous le label "Les étoiles montantes de l'imaginaire" des éditions Pocket. 

Après un planète opéra mémorable, il signe avec La Cité d'Ivoire, un nouveau récit de science-fiction aux accents postapocalyptiques tout aussi prometteur. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Ilian, ville-dôme où un reste d'humanité y vit reclus depuis que la planète est devenue inhospitalière après cinq cents ans de réchauffement climatique. Au cœur de ce qui semble être  le dernier bastion de l'humanité, il y a Sam, un citoyen modèle qui voit sa vie basculer et son regard changer le jour son frère se fait assassiner.  Pour Maëlle, policière d'élite habituée à traquer les dissidents, voit d'un mauvais œil de se retrouver dans la peau de la proie. Quant au Kid, un jeune anarchiste à la gueule cassée, lui, qui porte de nobles idéaux, pourra-t-il seulement les voir se réaliser ? Dans le sillage de ces trois destins court la rumeur de l'existence d'un eldorado qui attendrait les plus téméraires à l'extérieur. Et si cette Cité d'Ivoire n'était qu'un mirage de plus ? Pour autant, ce trio est-il vraiment prêt à faire émerger la vérité ? 

Mon avis :

La Cité d'Ivoire prend cadre dans un futur pas si lointain. En dépit, des nombreuses alertes des scientifiques, les sociétés sont restées sourdes aux mises en garde plongeant ainsi la terre dans un cataclysme persistant  et obligeant les dernières générations à s'adapter en vivant sous cloche. Inspirée par le progrès technologique actuel, Jean Krug invite sans surprise l'intelligence artificielle dans sa science-fiction. En effet, celle-ci s'impose très naturellement pour administrer  la vie dans sa cité d'Ilian, sauf que la surexploitation des ressources doublée d'un enfermement mettent un sérieux frein à la fabrication des composants nécessaires à son bon fonctionnement, celle-ci est donc plutôt décadente, et même dysfonctionnante. 

Voilà qui dépeint un monde  finalement très crédible. D'autant que Jean Krug s'appuie sur un modèle social similaire au nôtre reposant sur une caste supérieure vivant dans les parties hautes de la ville dans l'indifférence du reste de la population et une caste inférieure reléguée avec mépris dans les souterrains. La colère et l'injustice aidants face à cette situation inique, l'auteur a préparé le terrain pour faire naître une envie de rébellion dans le cœur de certains anarchistes qui rêvent d'un ailleurs libre et égalitaire. 

En quelques  chapitres, Jean Krug nous pose habilement le décor qui sert d'écrin à son implacable récit. Il met en scène une lutte des classes encadrée par un système de surveillance au service d'un pouvoir dévoyé. Sous le couvert d'amélioration du quotidien, les citoyens sont pucés et contrôlés. Grâce à la collecte de données, l'intelligence artificielle est utilisée pour l'identification et l'élimination des profils qualifiés de séditieux afin de maintenir l'ordre social. Dans son roman, Jean Krug met en lumière les techniques que le pouvoir utilise pour désigner un ennemi et ainsi détourner l'attention. De même, il met en garde contre cette habitude de tout modéliser lorsqu'il faut répondre à une problématique. L'intelligence artificielle a ses propres limites et ne peut pas tout prévoir d'autant qu'elle dépend de la manière dont les données vont être traitées. L'homme demeure toujours à la manœuvre en arrière-plan, alors une part de subjectivité subsiste. La société parfaite est belle et bien une utopie qui ne peut pas fonctionner sur la masse. Restreint à l'échelle d'une petite communauté, le modèle est sans doute viable à la condition que nul ne cherche à prendre le dessus sur les autres. La Cité d'Ivoire expérimente cet idéal en pointant ses forces et ses faiblesses. Pour Jean Krug, la vraie liberté, c'est surtout de ne pas se voir imposer la vision d'autrui et de tracer sa route en fonction de ses propres choix. Dans ce nouveau roman, Jean Krug porte les mêmes idées fortes qu'il avait déjà abordées dans son premier livre

22/10/2022

Louise Roullier, Grain de Sable, éditions Critic

Louise Roullier, Grain de Sable, éditions Critic

Passionnée par la mythologie grecque, Louise Roullier aime s'en inspirer pour habiller ses récits d'un cadre antique. Déjà l'autrice de trois romans et de quelques nouvelles, elle rejoint aujourd'hui le catalogue des éditions Critic avec son titre Grain de Sable

Heureux hasard du calendrier éditorial, cette sortie coïncide avec le Mois de l'Imaginaire qui se fait donc chez Critic sous les auspices d'un récit de fantasy haletant. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse.

Quinze ans après la disparition de son père, le célèbre mage Cobal Galtès, Lidia et sa famille continuent de souffrir de la situation. Sa mère s'enfonce toujours un peu plus dans la dépression et son frère Jaume est irascible et caractériel. Or, par manque de moyens, Jaume ne peut intégrer l'Osterie pour faire carrière dans l'armée provoquant chez lui une énorme colère et le conduisant à un coup d'éclat où il trouve la mort. Ne pouvant supporter la perte de son mari et de son fils, Dulce met fin à ses jours, plongeant Lidia dans une terrible détresse. Abandonnée à elle-même, écrasée par le chagrin, elle décide de trouver le moyen pour remonter le temps et réécrire l'histoire afin de faire revivre les siens et de ne plus être seule. Seulement, elle ignore encore qu'une force inconnue va tout faire pour qu'elle échoue. Alors arrivera-t-elle à mettre en échec cet adversaire invisible ?

Grain de Sable nous immerge dans un univers de fantasy dominé par les mages dont la grandeur du pouvoir atteste de leur influence sur la cité. Ainsi, ces enchanteurs et ces enchanteresses ont la capacité de lancer des sorts grâce à des mots de pouvoir énoncés oralement ou inscrits sur des morceaux de papier. Ils incarnent donc les puissants de ce monde. Or, la tradition veut que tous les cinq ans, les meilleurs mages de l'alliance unissant les pays du Nord s'affrontent lors du tournoi des 7 oriflammes. Une compétition qui emprunte clairement au modèle des jeux de la Rome Antique où se succédaient courses équestres, courses de chars et combats de gladiateurs. Ces derniers se trouvent substitués sous la plume de Louise Roullier par des magiciens qui viennent ici assurer le spectacle. En outre, cette influence gréco-romaine se retrouve également dans l'architecture et le parcellaire des différentes cités qui servent de cadre d'action au récit.  

Dans Grain de Sable, l'autrice entoure la magie de mythes et de légendes auxquels son personnage principal va devoir se confronter en faisant notamment face à de puissants sorciers, des goules, des êtres chimériques ou encore des nymphes déchues. 

Grain de Sable, c'est le récit d'un contre-la-montre dans laquelle l’héroïne de Louise Roullier s'engage pour sauver son père et par la même occasion le reste de sa famille. Aussi, au fil des pages, elle n'aura de cesse de remonter le temps pour réécrire l'histoire afin d'en modifier les conséquences. Le rythme y est nerveux et la lecture prenante, d'autant que l'autrice y a adjoint une dimension conspirationniste nécessaire à certains afin de renverser l'échiquier politique. 

30/09/2022

Johan Heliot, La Fureur des Siècles, éditions Critic

Johan Heliot, La Fureur des Siècles, éditions Critic

Auteur d'une soixantaine de romans, Johan Heliot se plaît à explorer les littératures de l'Imaginaire : de l'uchronie à la fantasy urbaine, en passant par l'anticipation, le polar ou le steampunk. Signature incontournable de sa génération, il signe aujourd'hui un nouveau titre, La Fureur des Siècles, publié aux éditions Critic

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

XVIe siècle, Léonard de Vinci est aux services de François Ier. Peintre, sculpteur et inventeur de génie, Léonard a construit une machine capable d’interagir avec le temps et de modifier l'Histoire afin d'aider le roi de France à maintenir son royaume face à l'influence grandissante du futur Charles Quint. Dans le même temps, à Florence, le jeune clerc Réginus se fait enlever par un groupe de mercenaires, chargés de voler ladite machine, afin de les guider à travers les âges, grâce à sa mémoire exceptionnelle des langues et de l'histoire des civilisations. Embarqué bien malgré lui dans cette aventure qui dépasse l'entendement Réginus aura-t-il la moindre prise sur les événements qui semblent écrire inexorablement son destin ? 

La publication de La Fureur des Siècles s'inscrit dans la thématique éditoriale du voyage dans le temps lancée cette année par les éditions Critic et qui vient prendre la suite des Naufragés de l'Institut Fermi d'André David. 

Avec La Fureur des Siècles, Johan Heliot signe une uchronie nous propulsant au début d'un XVIe siècle marqué par les premières années de règne du jeune roi, François qui cherchera par tous les moyens à s'imposer face à son rival, Charles d'Autriche, devenu roi d'Espagne, puis sacré empereur des Romains sous le nom de Charles Quint. Ici, le récit de Johan Heliot s'inscrit dans le contexte de la conquête du Milanais pour laquelle François Ier a fait valoir ses droits dynastiques et a lancé une expédition militaire afin d'en prendre possession. 

Si dans les faits, François Ier sort vainqueur à la bataille décisive de Marignan après avoir affronté son cousin Maximilien Sforza, le duc de Milan et ses alliés, les fantassins des cantons suisses, l'auteur, lui, nous propose dans son roman une toute autre version impliquant ici l'ingénierie de Léonard de Vinci. En effet, face aux tourments de ce jeune souverain qu'il considère un peu comme son fils, le vieil artiste a l'idée de créer une machine capable de protéger les frontières du royaume de France. Conduite par le chevalier Bayard, cette machine infernale émet des fumées qui ont le pouvoir d'ouvrir d'autres espace-temps et de modifier le cours des événements. Ainsi, Johan Heliot nous embarque au fil des pages de son roman dans un voyage où les époques se télescopent. On ne s'étonne donc pas de rencontrer des Gaulois ou d'affronter des dinosaures confondus ici avec des dragons en pleine Renaissance, pas plus que de voir l'Al-Andalus s'étendre jusqu'au duché de Milan. C'est tout l'intérêt du caractère uchronique du texte laissant l'auteur libre de jouer avec l'Histoire et de montrer aux lecteurs que celle-ci est sensible à la moindre variable. 

En outre, au vu de l'individu fantasque et visionnaire qu'était Léonard de Vinci comme en témoignent ses nombreuses inventions et son intérêt poussé pour l'anatomie, lui accorder la paternité d'une création interférant sur la temporalité n'a rien de saugrenue. Au  contraire, on accorde bien volontiers à cette théorie toute sa crédibilité, d'autant que l'auteur donne un rôle fort plausible à certaines figures historiques.

04/03/2022

André David, Les Naufragés de l'Institut Fermi, éditions Critic

André David, Les Naufragés de l'Institut Fermi, éditions Critic

Chez Critic, Jean Krug a passé le flambeau à André David qui débarque ce mois-ci dans leur catalogue avec un premier roman de science-fiction. Une fois n'est pas coutume, avec Les Naufragés de l'Institut Fermi, on ne va pas parler de fantasy même s'il n'en demeure pas moins un livre porteur d'un propos passionnant. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie, une nouvelle fois, Eric Marcellin pour l'envoi de ce service de presse. 

Île de Brehat, 2392, Louis Maine est un dériveur, chargé par l'institut Fermi de retourner au XIXe siècle pour y modifier l'Histoire et ainsi tenter de sauver l'humanité. Un voyage rendu possible grâce au patrimoine génétique qu'il partage avec ses ancêtres. Aussi, c'est sa conscience qui fait un bond dans le passé et non son corps. A contrario, ceux que l'on appelle les voyageurs qui viennent d'encore plus loin dans le futur dont Gwen fait partie, se déplacent réellement dans le temps grâce à une technologie avancée. Leur but à eux, c'est de mettre des bâtons dans les roues des dériveurs car ils sont la conséquence néfaste de leurs agissements et souhaitent à tout prix les en empêcher. Seulement, au détour d'une rencontre fortuite, Louis et Gwen pourraient bien voir leurs certitudes ébranlées. Et s'ils se trompaient depuis le début ? 

L'intrigue des Naufragés de l'Institut Fermi repose sur le paradoxe de Fermi qui interroge les raisons sur la non manifestation d'une vie extraterrestre. Cela s'explique soit, parce que les civilisations ont un temps de vie très court et s'autodétruisent avant d'avoir pu mettre au point un système leur permettant de rentrer en contact, soit au contraire, poussées par cette volonté de conquête de la galaxie, ces civilisations maîtrisent le voyage interstellaire mais ont plutôt choisi d'autres planètes que la nôtre. Or, c'est cette théorie du paradoxe que va exploiter André David dans son livre. Même s'il ne s'agira pas ici d'emprunter le voyage interstellaire pour partir à la rencontre d'autres civilisations mais plutôt pour remonter le temps par bonds successifs afin de sauver l'humanité de son autodestruction. 

Derrière ce roman de science-fiction qui repose sur un principe mathématique tout en mettant en scène une technologie avancée, transformant l'homme en clone, entouré d'automates pilotés par l'intelligence artificielle, l'auteur aborde également la notion de collapsologie. En effet, à force d'influencer le passé, les dériveurs ont profondément modifié le futur au point d'entraîner l'effondrement de la biodiversité. La terre est totalement dévastée, devenue hostile et dénuée de toute vie où finalement seule subsiste une civilisation de pâles copies d'humains qui ne rêvent que de retrouver ce que les générations d'avant leur ont volé. 

En confrontant deux camps, André David confère à son récit un peu de l'ambiance du roman d'espionnage à travers l'intervention des voyageurs dans les missions d'infiltration des dériveurs pour les empêcher de réussir. Ici, les dériveurs nous apparaissent comme des agents sous couverture lorsqu'ils prennent possession de leur double pour mener à bien leurs tâches d'altération de l'Histoire. Cela donne du rythme au récit car très vite les personnages d'André David s'engagent dans un contre la montre pour devancer l'autre et parvenir à sauver l'humanité. Entre chapitres relativement courts et alternances de points de vue, André David se fait l'auteur d'un récit haletant. 

L'autre facette de ce roman est qu'il aborde son propos sous l'angle uchronique nous immergeant dans des épisodes décisifs de l'Histoire, tels le siège de Sébastopol qui a marqué la guerre de Crimée durant neuf mois et fut des plus meurtrier, ou encore la bataille de Camerone opposant une compagnie de la légion étrangère aux troupes mexicaines en 1863. On perçoit ces événements à travers le regard de Louis Maine lorsqu'il incarne le militaire français Louis Philippe Maine. L'auteur a poussé le soucis du détail en glissant en annexes de son livre les états de service de ce caporal, ainsi que la copie d'une lettre signée de sa main. Voici autant d'éléments qui contribuent à légitimer son récit. 

15/12/2021

Christian Léourier, Jarvis, l'intégrale, éditions Critic

Christian Léourier, Jarvis, l'Intégrale, éditions Critic

Au programme des nouveautés dernièrement parues aux éditions Critic, il y a la réédition du cycle Jarvis de Christian Léourier, au format d'une très belle intégrale. 

Auteur notoire de science-fiction et à ses heures de fantasy, Christian Léourier est également connu pour ses romans à destination de la jeunesse. 

Pour l'anecdote, les romans constituant cette saga de Jarvis avaient ouvert, à l'époque de sa première édition, une nouvelle collection d'Imaginaire chez Hachette, adressée aux adolescents. Bien qu'abandonnée peu après, elle a eu le mérite d'élargir l'horizon littéraire des jeunes vers la science-fiction. 

Voici une réédition qui prodiguera aux lecteurs un plaisir nostalgique de se replonger dans des livres qui ont marqué leur enfance ou au contraire sera une belle occasion de se plonger dans une oeuvre classique du genre. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service presse. 

Le Messager de la Grande Île

Sur Thalassa vivent les descendants des colons terriens qui tentent depuis lors de survivre sur cette planète où l'océan prédomine laissant peu de terres émergées à disposition des humains. C'est là-bas que l'on fait la connaissance de Jarvis, un chasseur engagé par les locaux pour protéger le port de pêche contre toute intrusion de korks, des créatures gigantesques et sous-marines dont la peau est une matière précieuse. Par une nuit de tempête, alors que le jeune homme sort affronter un kork, réfugié dans l'esclave du port, il assiste à un phénomène étrange qui lui fait manquer sa prise. perturbé par ce dont il a été témoin, il décide de partir en quête de son mentor pour confirmer son pressentiment. Intriguée, Uriale, une jeune botaniste, récemment débarquée sur l'île, décide de lui prêter mains fortes dans ses recherches. C'est ainsi que tous deux s'embarquent dans une quête dont la finalité pourrait bien ébranler toutes les certitudes du jeune homme.

Le Paradis des hommes perdus

Exclu de la Confrérie des chasseurs de korks, Jarvis a donc embarqué avec les Meeranes, ces navigateurs nomades pour aller explorer des zones inconnues de Thalassa. Tout à son expédition, il n'imagine pas que des difficultés vont se présenter sous la forme de chasseurs en colère. mais quand l'animosité s'installe, il faut s'attendre à toutes les représailles. Sera-t-il déjouer les pièges et sortir indemne de cette nouvelle aventure ? 

L'Envoyé du quatrième règne

Lorsqu'un inconnu l'aborde pour lui montrer un étrange objet de métal, Jarvis est surpris par cette trouvaille. Lui qui pensait bien connaître Thalassa et ses richesses, il n'imaginait pas l'existence d'un lieu où du métal s'épanouissait à profusion. En tout cas, c'est ce que Grower lui annonce. D'abord méfiant, la tentative d'assassinat sur ce dernier finit de le convaincre de l'embarquer sur son bateau pour aller voir de plus près cette île mystérieuse, détentrice de tant de richesses. Un voyage qui pourrait bien ébranler ses certitudes et lui ouvrir de nouvelles perspectives. 

Les Rebelles de la soif

Pour Jarvis, Uriale, Parson et une poignée de Meeranes, l'aventure a pris une nouvelle tournure. Embarqué à bord d'un vaisseau, les voici qui se sont mis en tête de retrouver la route qui les conduira vers la planète terre. Chemin faisant, ils profitent de leur passage à proximité d'autres planètes pour faire une halte et tenter d'en apprendre plus sur l'orientation qu'ils doivent suivre. C'est ainsi qu'ils débarquent sur une terre aride, peuplée par une poignée d'humains dont la survie dépend de la mainmise sur l'eau. Très vite, les aventuriers comprennent qu'ils sont tombés dans un vrai nid de vipères et n'auront pas d'autre choix que de se mêler aux conflits en cours pour espérer repartir.

La Cité des hauts remparts

Pour nos aventuriers de l'espace, c'est l'heure d'une nouvelle escale. En effet, ils ont repéré une nouvelle planète où s'arrêter. Arrivés sur place, ils sont tous abord déconcertés par la configuration des lieux car ils se retrouvent très vite face à une forteresse sans la moindre ouverture. Retranchés à l'intérieur, les habitants ne semblent pas hostiles, juste indifférents. Auront-ils pour autant des informations sur la terre, rien n'est moins sûr !

L'Astéroïde noir

De nouveau à bord de l'Anneau, les voyageurs voient leur périple mouvementé quand un astéroïde croise leur route. Inexorablement attiré dans son champs électromagnétique, la collision semble inévitable. Pourtant, ils évitent le pire en pénétrant à l'intérieur mais la surprise qui les y attend est de taille et risque de ne pas trop leur plaire. 

Les Chemins de l'espérance

Dans cet ultime volet, Jarvis et ses compagnons ont bon espoir de retrouver la terre. En effet, ils viennent de pénétrer dans le système solaire les rapprochant inexorablement de leur but. Cependant, la prudence reste de mise car voilà que de petits astronefs les encadrent afin d'inspecter l'Anneau et de s'enquérir des motifs de leur présence. or, le comité d'accueil n'est pas si accueillant. Pour preuve, ils les conduisent tout abord sur Mars pour y passer des épreuves. Il semblerait que leur présence dérange et que ce dernier contretemps mette à mal leur mission.

Cette intégrale renferme les sept tomes de la saga avec les six premiers, proposés dans une version revue et corrigée par l'auteur et le septième inédit à ce jour puisque jamais publié jusque-là. 

Avec Jarvis, Christian Léourier nous immerge dans du planète opéra qui glisse peu à peu vers un pure récit de space opera. En effet, au début de son cycle, il nous emmène sur Thalassa, une planète imaginaire, occupée par les descendants des terriens. Quasiment recouverte d'eau, ces derniers vivent étroitement avec la mer qui les nourrit. Sous le couvert de retrouver l'Aolade, le vaisseau qui a amené leurs ancêtres en ces lieux, Jarvis part en expédition afin d'explorer Thalassa. On y découvre une nature luxuriante et farouche vis à vis de nos aventuriers. L'homme n'a que peu de place sur cette planète et est même une menace pour le biotope puisqu'il y agit encore en prédateur. Au regard de la fonction de chasseur de korks de Jarvis, espèce marine qui fait la fortune de la communauté locale, l'homme demeure dans le même rapport de domination. Or, une rencontre avec l'un d'entre eux va changer le regard que Jarvis porte sur cette espèce et le pousser à suivre un autre chemin. C'est comme cela qu'on le retrouve dans la suite de la saga, embarqué à bord d'un astronef en forme d'anneau avec la ferme attention de retrouver le chemin de la terre. 

Ici, Christian Léourier prend la science-fiction à contre-pied avec des héros installés loin dans la galaxie qui souhaitent retourner sur terre. Voilà qui change de la traditionnelle science-fiction qui se plaît à mettre en scène des humains fuyant une terre dévastée et vont chercher refuge sur une autre planète. 

Au fil des livres, Christian Léourier nous emporte à la suite de ses héros où chaque aventure rime avec rencontres et découvertes. En effet, à chaque escale, Jarvis et ses compagnons doivent faire face aux problématiques des civilisations locales. Quelque soit l'espèce, les résidents de ces planètes sont en but à des rivalités ou des conflits dans lesquels ils sont amenés à prendre part bien souvent contre leur gré. Chaque épisode réserve son lot de surprises à travers la rencontre de peuples vivant selon une avancée technologique différente. Certains ont une maîtrise technique sur le temps et l'espace leur conférant un certain pouvoir, alors que d'autres semblent vivre à l'âge de pierre loin de toute modernité. 

Ecrit pour un jeune public, Jarvis est une bonne porte d'entrée pour tous les lecteurs qui souhaiteraient commencer à lire du space opera et ce, quelque soit leur âge. Ce cycle a la qualité de proposer de bons romans d'aventure avec tous les éléments propres au genre : voyage spatial et exploration de nouvelles planètes.

Dans cette saga, on apprécie également ses héros, notamment le couple formé par Jarvis et Uriale. Frondeur, aventurier et audacieux, Jarvis s'embarque dans l'aventure à bras le corps. il ne recule devant aucun défi et fait fi de ses peurs pour affronter l'adversité. D'un naturel héroïque, le suivre dans ses péripéties n'est pas exempt d'un certain charme car il pousse l'exploration à son paroxysme en nous offrant un récit un brin dépaysant. A ses côtés se tient Uriale, une jeune femme douce et déterminée qui n'hésite pas à accompagner Jarvis dans toutes ses folies, le modère ou l'encourage en fonction des situations. Alter-ego, confidente, âme sœur, elle occupe toutes les places dans son cœur et sa vie, ainsi que dans cette croisade spatiale. 

En outre, cette édition propose un petit bonus à travers de belles illustrations qui ouvrent chacun des livres de cette saga. Voilà une belle entrée en matière qui donne à cette intégrale tout son charme et en font un bel objet. 

Avec Jarvis, Christian Léourier a su donner le goût de l'Imaginaire et particulièrement de la science-fiction à la jeune génération. En proposant des récits courts mêlant action et exploration, il a su faire vibrer le cœur des lecteurs au rythme de l'aventure. 

Fantasy à la Carte

Informations

Christian Léourier
Jarvis
L'Intégrale
9782375792070
960 pages
Editions Critic