L'influence du "gaming" à la littérature

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30/06/2025

Collectif, Memoria, anthologie, éditions Mnémos

Collectif, Memoria
anthologie, 
éditions Mnémos 

Cette année, les éditions Mnémos fêtent leur 30 ans d'existence. 

Pour ceux qui l'ignorent encore, c'est un éditeur incontournable des littératures de l'imaginaire, qui depuis toutes ces années, a eu à cœur de nous proposer des textes de grande qualité. Ils ont toujours eu ce souci de chercher à mettre en lumière des nouvelles signatures. 

Or, pour faire honneur à leur politique éditoriale et fêter comme il se doit leur anniversaire, ils ont lancé un concours de nouvelles classées en fantasy

Le thème choisi est la mémoire et cinq finalistes ont été sélectionnés pour figurer dans un recueil intitulé Memoria paru le 4 juin dernier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Mon avis :

Vaste sujet que la mémoire. D'ailleurs, le quintuplé d'auteurs mis en valeur ici l'ont bien compris. Chacun l'aborde sous un prisme différent. 

Certains y voient par exemple l'ombre des souvenirs à chérir ou au contraire à oublier. 1AM explore cette idée dans "La Clarière aux sirènes" à travers Jean qui, pour échapper au stratagème de son mentor cherchant à se servir de lui comme monnaie d'échange auprès des sirènes, décide de prendre les devants. Sous la plume de 1AM, le souvenir est un enjeu. En effet, il substante ces créatures féériques et inquiétantes que sont les sirènes en échange de leur protection le temps de leur passage. Mais il peut aussi être un poids à porter que l'on souhaite juste oublier. Se laisser aller dans les bras de la sirène est donc un acte libérateur et salvateur. Dans sa nouvelle, l'auteur se nourrit de l'imaginaire populaire qui a fait de la sirène une créature enchanteresse car il est bien connu que son chant en a fait tombé plus d'un. Pour autant, rien de subjuguant dans le portrait qu'il nous brosse car 1AM n'a pas omis de nous la dépeindre telle qu'elle est vraiment, effrayante et redoutable. L'histoire que porte en lui le jeune Jean est sombre et horrifique. Sa rencontre avec cet être merveilleux tant redouté ne fait que nous la dévoiler. Le récit est glaçant car l'auteur s'intéresse aussi ici à la figure du monstre. Parmi les ombres, il est parfois difficile d'y voir clair comme cette nouvelle nous le démontre. Il est même, d'ailleurs, préférable d'ignorer voire d'oublier la vérité pour rester en paix avec soi-même. 

Chacun à leur manière, les auteurs de cette anthologie rappellent également l'importance de la mémoire car celle-ci incarne aussi l'essence d'un être ou d'un savoir. Dans "Ce que les Terres Vagues gardent de toi", Pauline J. Bhutia met en exergue la nécessité de la transmission pour conserver un héritage. En l'occurrence ici, il est question de magie. C'est un pouvoir ancestral qui se transmet oralement de génération en génération. L'autrice parle même de Voix. Celui ou celle qui en est dépositaire dispose donc d'un grand pouvoir. Or, Kiana a renoncé à cet héritage en allant "au-dehors". On en revient au poids de la mémoire, à cette responsabilité qui nous incombe de l'honorer et la transmettre. A cette thématique se mêlent d'autres, telle l'exploration du monde, la tolérance et le rapprochement. L'autrice nous parle avec beaucoup de poésie et de douceur d'amour et de famille.

Sous le couvert d'une aventure de piraterie piquée d'une incontournable chasse au trésor, Ghislain Puyfagès nous rappelle que ce sont les souvenirs et donc le passé qui façonnent la personne que l'on est. Aussi il s'appuie beaucoup sur la quête d'identité. Ici, il s'agira pour Decatie de renouer avec son passé pour atteindre l'accomplissement personnel. 

Tour à tour, ces jeunes plumes s'illustrent dans l'écriture d'histoires infusées de magie. Ils se réapproprient, d'ailleurs, avec talent les éléments notables du bestiaire merveilleux pour nous livrer des récits singuliers qui sauront envoûter les amoureux du genre. 

Pour conclure :

Et si votre inclinaison pour l'imaginaire porte davantage sur la science-fiction, soyez rassurés car les éditions Mnémos ont également lancé un concours et l'ouvrage paraîtra aux Utopiales en octobre sous le titre de MNE/SYS.

Fantasy à la Carte

D'autres avis sont à lire sur le blogosphère : Au Pays des Cave Trolls

Informations 

Collectif
Memoria
9782382672044
128 pages
Éditions Mnémos 

Lien vers le site

24/06/2025

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, Festin de Larmes, Les Nouvelles éditions Actusf

Morgane Caussarieu & Vincent Tassy, 
Festin de Larmes
éditions Actusf 

Après nous avoir fait rire avec leur réappropriation du mythique Entretien avec un vampire d'Anne Rice, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy récidivent en mêlant à nouveau leur plume pour nous livrer un autre récit vampirique. 

Toutefois il n'est pas question ici de parodie car Festin de Larmes, qui vient de paraître chez Les Nouvelles éditions ActuSF, se classe davantage comme un vibrant hommage à la littérature du 19e siècle. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Depuis la disparition de sa sœur jumelle, Aubrey Clare n'est presque plus que l'ombre de lui-même. Il préfère la compagnie des statues du cimetière où il trouve refuge plus souvent que de raison plutôt que celle de ses semblables. La raison est qu'il trouve un grand réconfort dans l'immobilité minérale de ces nobles gardiens. L'arrivée inopinée de l'étrange mais non moins séduisant Tristan de Vardalec va complètement le bouleverser au point de lui faire emprunter des chemins interdits. Y trouvera-t-il seulement la paix ? 

Mon avis :

Festin de Larmes est un roman épistolaire typique de la fin du 18e siècle très inspiré par la littérature gothique. Vampirisme oblige, l'écrin choisi par ce duo d'auteurs est donc fort à-propos. 

Dès la première lettre, on se laisse envoûter par l'ambiance intrigante mâtinée de spiritisme et de vaudou de ce livre. Morgane Caussarieu et Vincent Tassy ont choisi La Nouvelle Orléans comme lieu de l'action de leur récit. Un choix qui laisse transparaître leur premier clin d'œil à Anne Rice. Ce n'est pas le seul comme le détaille le très érudit Adrien Party dans sa postface de cette œuvre. Impossible pour ces deux inconditionnels de celle que l'on nomme encore aujourd'hui la reine des vampires de ne pas piquer leur texte de discrètes mentions y faisant référence. 

Dans Festin de Larmes, l'atmosphère prend une saveur très particulière. Elle tient autant à l'ambiance des soirées mondaines teintées d'extravagance divinatoire ou licencieuse selon les lieux que de l'énigmatique Tristan de Vardalec. En effet, la présence de cet étrange personnage aussi attirant que mystérieux confère à cette histoire tout son charisme. A travers lui, les auteurs revisitent habilement la figure du vampire en l'infusant au mythe grec de Pygmalion et de Galatée. Ils s'appuient notamment sur l'immobilité presque minérale du vampire pour faire le lien. L'idée est excellente. Ainsi, plus que leur beauté irrésistible Morgane Caussarieu et Vincent Tassy jouent sur d'autres éléments pour faire du vampire un prédateur de choix.

Festin de Larmes est une tragédie qui nous conte la déchéance d'une famille. Tout du long, notre lecture est alourdit par le deuil et la perte que porte le personnage principal. Les lettres sont empreintes d'émotions. Ce sont celles d'une âme en peine cherchant d'abord à surmonter le décès de sa sœur. Aussi l'arrivée d'un étonnant et séduisant personnage constitue pour ce dernier un bon dérivatif. 

Il y est aussi beaucoup question d'obsession, de sexualité, de quête d'identité et de convenances sociales. 

Les auteurs signent un récit bien dans son époque agrémenté d'une vraie modernité grâce à un questionnement habile de cette société à la fois décadente et enferrée dans un lourd carcan. 

Comme il est souvent de mise dans la littérature du 19e siècle, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy s'appuient sur un aéropage de protagonistes tortueux, à l'image d'Aubrey Clare qui en est la parfaite incarnation. C'est un jeune homme issu de la bonne société qui est autant étouffé par le chagrin d'avoir perdu sa sœur que par les convenances de son monde l'obligeant à une union contre nature pour lui. On le suit dans sa quête de l'impossible touchant parfois à la folie. En nous transmettant son histoire par le biais de lettres, cela touche à l'intime et établit de suite une proximité avec le lecteur. On pénètre au cœur de ses émotions, de ses obsessions et de ses craintes, c'est vibrant. Quant à Tristan de Vardalec, c'est un être insaisissable et secret. Il fascine autant par sa beauté que par sa part d'ombre et d'inconnu. Il est inquiétant et insuffle au texte sa part d'horrifique. En sa présence, on est tiraillé entre le sentiment de vouloir tout connaître de lui tout en craignant de trop en savoir provoquant ainsi notre perte. A travers lui, les auteurs nous dressent le portrait de la plus fascinante créature de la littérature qui n'a de cesse depuis quatre siècles d'enflammer l'imagination. 

Avec Festin de Larmes, Morgane Caussarieu et Vincent Tassy signent un roman purement addictif.

Les plumes de ces deux auteurs se mêlent habilement pour nous livrer un récit aussi poétique qu'inquiétant. C'est donc une réussite autant du point de vue du fond que de la forme car l'écrin est de toute beauté auréolé d'un jaspage superbe et agrémenté de magnifiques illustrations. 

Pour conclure :

Clairement c'est un livre que toute bonne bibliothèque devrait se targuer de posséder. Je dis ça, je dis rien. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Entrevue Choc avec un Vampire, Rouge Toxic, Rouge Venom et Diamants

Informations

Morgane Caussarieu
Vincent Tassy
Festin de Larmes
9782376866862
330 pages
Les Nouvelles éditions ActuSF

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20/06/2025

Yusuke Kishi, Du Nouveau Monde, éditions Pocket Imaginaire

Yūsuke Kishi, Du Nouveau Monde
éditions Pocket Imaginaire 

Yūsuke Kishi est un auteur japonais qui aime autant explorer l'imaginaire, l'horreur que le policier. Tous ses romans sont classés parmi les best-sellers. 

En avril dernier, les éditions Pocket Imaginaire ont décidé de publier la première partie de sa dystopie intitulée Du Nouveau Monde

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Saki, Shun, Maria, Satoru et Mamoru se connaissent depuis l'enfance et forment une bande d'amis inséparables. Ils vivent paisiblement dans leur bourgade située au cœur d'une nature luxuriante. Proches de la maturité, ils attendent juste d'apprendre à maîtriser le jyuryoku, le pouvoir que possède chaque adulte. En dépit de l'interdiction formelle de passer la frontière représentée par le Cordon sacré, la petite bande se retrouve, presque bien malgré elle, à la franchir. De-là ils sont entraînés dans une série d'évènements qui vont vite les dépasser et les amener à toucher des vérités dérangeantes. Alors retrouveront-ils une normalité après cette aventure rocambolesque ? 

Mon avis :

Du Nouveau Monde nous immerge dans une utopie  où Yusuke Kishi a imaginé une société libérée de toute violence. 

Nous voici donc parachuté au sein de la petite communauté rurale du nom de Kamisu 66. Les habitants y vivent sous le joug de règles à respecter présentées comme nécessaires à leur survie. Nul ne se pose de question, et personne n'en semble gêné. Bien qu'élevés dans la crainte de ne pas franchir ces limites, et de ne pas s'approcher de telle ou telle créature sous peine d'y perdre la vie, Saki et ses amis vont violer tous les interdits. 

En nous attachant à ce groupe d'adolescents, Yūsuke Kishi nous propulse dans un monde aussi hostile qu'éclairant.  

En effet, l'auteur multiplie les rencontres surnaturelles avec des créatures inspirées du folklore japonais, tels des rats-monstres classant, de facto, son récit au rayon Imaginaire. 

L'univers dessiné est glaçant d'autant que les révélations sur le passé de l'humanité sont loin de l'image idyllique transmises à travers les premières lignes de ce livre. 

Ainsi, au fil des pages l'auteur nous dessine un univers froid et inquiétant qui n'est, tout de même, pas exempt de mystères. Toutefois, Yūsuke Kishi n'en a posé ici que les premiers jalons et on imagine déjà l'étendu de ce que la suite du récit peut nous réserver. 

Voilà un texte surprenant qui se présente comme une utopie mais dont l'envers du décor est finalement très sombre. Ça met le doigt sur les failles de notre société à travers ses excès et sa brutalité. Il y a un vrai besoin d'harmonie et une recherche d'équilibre. 

En tout cas c'est ce que l'auteur cherche à nous transmettre ici tout en mettant en exergue les limites de ce modèle de société qui nécessite la mise en place de moyens radicaux pour y parvenir. On parle d'élimination d'individus ciblés, de manipulations génétiques ou encore d'implantation d'une technologie. 

Dans Du Nouveau Monde, Yūsuke Kishi nous donne des pistes de réflexions autour de la société de demain tout en proposant un récit troublant teinté d'horreur. 

Yūsuke Kishi met en scène un aréopage d'adolescents en quête d'aventure et d'identité. Ils se cherchent et souhaitent comprendre le monde dans lequel ils sont nés. Pour cela ils vont s'intéresser au passé et voir les choses sous un angle nouveau et fort perturbant. 

Avec Du Nouveau Monde, Yūsuke Kishi signe un premier tome insolite à l'atmosphère impitoyable. 

Pour conclure :

Le récit dégage une telle froideur que je n'ai pas plus que ça accroché à ce livre en dépit des qualités indéniables de cette plume. Toutefois, je reste convaincue que cette duologie trouvera son public en poche comme ce fut le cas en grand format. 

Fantasy à la Carte

Informations 

Yūsuke Kishi
Du Nouveau Monde
9782266350648
384 pages
Éditions Pocket Imaginaire 

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17/06/2025

Julie Elles, La Rose et le Serpent, éditions ActuSF

Julie Elles, La Rose et le Serpent, éditions ActuSF 

En publiant La Rose et le Serpent, les éditions ActuSF ont fait le choix de mettre en avant une nouvelle signature de l'imaginaire. Or, vu de la grande qualité de ce premier texte, on ne peut que s'en féliciter. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Alana est fière d'œuvrer au sein de la Brigade Impériale, commandée par son père Richard Meraude. Servir son pays est pour elle un véritable accomplissement. Pour autant, elle ne cautionne pas tous les excès de cette politique qui se montre bien trop intolérante envers ceux qualifiés d'hérétiques. Bien que sans grand pouvoir, elle essaye même toujours de protéger les persécutés et d'empêcher les arrestations arbitraires. Or, sa routine de brigadière est chamboulée lorsqu'elle est chargée d'accompagner une mission diplomatique en Ancorha. Là-bas elle fait la connaissance d'un certain Soren Arsalane, le maître d'armes d'un puissant Haut-Magistrat. La rencontre avec cet homme énigmatique, épéiste chevronné va impulser une nouvelle tournure à sa vie. Mais saura-t-elle prête à en accepter toutes les conséquences ? 

Mon avis :

Dans La Rose et le Serpent, Julie Elles nous balade entre la république d'Ancorha et l'empire de Falécie, deux nations autrefois proches devenues aujourd'hui ennemies. Elles incarnent aussi deux systèmes politiques différents, se défiant l'une de l'autre. Ainsi, pour faire face à la puissance des mages qui peuplent l'empire, la république s'est dotée d'une puissante armée en prévision d'un conflit armé qui ne manquera pas d'éclater dans un avenir proche. 

La magie s'exprime à travers un langage spécifique et s'apprend à l'école. Elle est puissante et redoutée. Elle instaure une société de castes différenciant ceux qui la maîtrisent des autres. Ainsi, la Falécie mène une politique autoritaire et agressive traquant toute opinion divergente ou culte différent. L'ambiance y est oppressive pour celles et ceux qui pensent autrement ou qui ne sont pas dotés des mêmes dons. 

Dans cet univers, magie et pouvoir sont donc intimement liés. Pire ils poussent même aux plus viles trahisons. Elles nourrissent d'ailleurs le nœud de l'intrigue de ce roman. En effet, La Rose et le Serpent est avant tout un roman politique qui évoque la chute d'un empire par traîtrise et renversement d'alliances. Dans son livre, Julie Elles nous transporte des années plus tard et y analyse les conséquences car rien de sain ne peut sortir d'un système reposant sur des mensonges. 

C'est la raison pour laquelle on ne s'étonne pas de se retrouver également dans une quête de vengeance et de vérité. C'est là tout le sel de ce roman qui nous tient pleinement en haleine car l'autrice manie les vérités et les manipulations avec beaucoup d'habileté. 

Derrière La Rose et le Serpent se dissimulent des histoires familiales complexes mêlant entre elles des destins tourmentés. Il en ressort un texte bouleversant riche en émotions ressenties envers tous ces personnages que Julie Elles se plaît à malmener. 

La Rose et le Serpent est un roman choral qui alterne les points de vue d'Alana et de Soren. On les suit tour à tour dans leur vie et on apprend à démêler la complexité de leur âme. 

Ici l'autrice nuance pas mal l'ensemble de ses protagonistes mais on notera que certains sont plus sombres que d'autres. 

Par les tragédies qui ont jalonné sa vie, l'âme de Soren est quelque peu ténébreuse. Pour autant, il n'incarne pas le mal. Sa quête trouve même une forme de légitimité. Il oscille entre revanche et rédemption au fil des pages. Les secrets et les tourments qui agitent son cœur sont autant d'éléments qui renforcent notre attachement à lui. Alana, quant à elle, cherche à complaire à son père et à travers lui, la reconnaissance de ses pairs. Fille illégitime d'un homme de pouvoir, Alana a du mal à trouver sa place dans ce monde qui lui est hostile. Pour y parvenir elle devra renouer avec son passé et peut-être rompre avec son éducation mais n'est-ce pas le prix de cette liberté tant désirée ? 

Pour un premier roman, Julie Elles a mis la barre haute car elle y réunit tous les ingrédients qui font le succès d'un texte, surtout qu'il est porté par une plume très fluide. 

Pour conclure:

C'est une fantasy traditionnelle mais d'une grande efficacité qui nous emmène au cœur d'un monde riche et cohérent. Gros coup de cœur pour cette pépite !

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de Phooka sur Bookenstock.

Informations

Julie Elles
La Rose et le Serpent
9782376866848
670 pages
Editions ActuSF

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06/06/2025

Dola Rosselet, Parcelles et Territoires, éditions 1115

Dola Rosselet, Parcelles et Territoires, éditions 1115

Nouvelle venue dans l'écriture, Dola Rosselet a d'office choisi de raconter des histoires se classant en Imaginaire. 

Après plusieurs nouvelles publiées dans différentes anthologies, elle nous propose un récit plus long avec sa novella intitulée Parcelles et Territoires fraîchement parue aux éditions 1115. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

L'Allemagne rebaptisée ici la Germanie est divisée en Gartenkolonies et ets gouvernée par ceux que l'on appelle les écoligarques. Une gouvernance qui ne fait, d'ailleurs, pas l'unanimité au point que certains fomentent même la rébellion car ils rêvent à d'autres possibles. Anselme, lui, est infirmier urgentiste. Un statut qui lui confère un certain confort de vie. Mais il va faire l'une de ces rencontres qui vous changent à tout jamais. Alors quel choix va-t-il s'offrir à lui maintenant qu'il est arrivé à la croisée des chemins? 

Mon avis :

Parcelles et Territoires est une dystopie écologique mêlée à du thriller. Dola Rosselet a imaginé une Allemagne futuriste répartie en colonnies auto-suffisantes où le mot d'ordre diffusé par les écoligarques est la faible empreinte carbone. Les gens sont donc limités dans leurs déplacements. Les voitures ne sont plus une propriété individuelle et leur usage est conditionné et autorisé par parcimonie. L'aérien a disparu et le ferroviaire est contrôlé. Dans ce monde devenu âpre et hostile, les hommes et les femmes se sont organisés pour survivre. La plupart préfère vivre sous les radars pour éviter d'attirer l'attention de la Brigade Verte, la police d'Etat. Mais certains ont l'espoir de regoûter à la liberté. Ce sont des idéaux d'une autre époque véhiculés par ceux qui ont connu et ont la nostalgie du monde d'avant. Ça nourrit des conspirations et oblige l'Etat à prendre des mesures drastiques sous la forme d'infiltrations de groupuscules pour connaître les projets et canaliser les idées. Voilà qui teinte le récit d'un soupçon de mystérieux et le rend si attractif.

Parcelles et Territoires est un récit choral qui nous conte une multitude de destins. Cela a l'avantage de donner du rythme à cette novella qui nous tient bien en haleine d'un bout à l'autre. La plume de cette autrice est nerveuse. Elle nous enchaîne les rebondissements sans temps mort. Le récit est palpitant. 

Il est ponctué de réflexions politiques sur la société de demain. Dola Rosselet y pousse à l'extrême les préoccupations environnementales notamment lorsqu'elles freinent les libertés et poussent à l'instauration d'une société de contrôle. Elle y explore bien des situations et met en exergue la continuité des inégalités. Il y a une vraie perversion du pouvoir qui semble inévitable effaçant les bonnes intentions pour toujours plus de profits individuels. 

Toutefois, l'ambiance pessimiste est contrebalancée par la personnalité très solaire de certains personnages. L'autrice n'oublie pas que dans toute tyrannie demeure toujours de l'espoir, celui du changement pour un monde meilleur. Quelques-uns de ses protagonistes incarnent, d'ailleurs, cet idéal à travers des actions ou des attentes altruistes. Tous sont engagés dans un combat acharné. Nastia s'est, par exemple, investie dans le rêve de son oncle et qui au nom de sa mémoire en a fait le sien. Anselme, lui, s'est engagé par vocation à sauver son prochain en le soignant coûte que coûte. Enfermé dans un certain conformisme que lui procure son statut, il n'a pas conscience de toutes les subtilités de cette société qui leur a été imposé jusqu'à ce qu'une rencontre le fasse basculer dans une autre réalité. 

Les points de vue s'enchaînent et bien des personnages se pressent entre ces pages car l'autrice s'est employée à montrer toute la complexité d'une société. Qu'on les aime ou non, tous contribuent à enrichir ce texte et à rendre la lecture passionnante. 

Pour conclure :

En quelques mots, Dola Rosselet pose son décor et les enjeux nous accrochent instantanément. J'ai particulièrement apprécié cette novella qui remporte pour le moment ma préférence parmi toutes les novellas publiées à ce jour chez 1115 éditions et que j'ai lues bien entendu. Voilà une nouvelle signature de l'imaginaire très prometteuse. Ne la perdons pas de vue alors !

Fantasy à la Carte

Informations

Dola Rosselet
Parcelles et Territoires
978238630478
106 pages
Editions 1115

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03/06/2025

Benjamin Lupu, Sœurs de Haine, T.1, Le Solstice des Ombres, éditions Mnémos

Benjamin Lupu, Sœurs de Haine, T.1, 
Le Solstice des Ombres,
 éditions Mnémos 

Après s'être illustré par deux fois dans une nouvelle exploration du Paris des Merveilles en compagnie de quelques confrères écrivains dans Contes et récit du Paris des merveilles et dans Enquêteurs du Paris des merveilles, puis après avoir revisité le roman d'espionnage à l'ère de la Guerre froide, Benjamin Lupu est de retour avec un roman de dark fantasy

Bien que tous ses récits m'attendent sagement dans ma bibliothèque bien trop débordante à mon goût, je n'avais lu jusqu'ici que son premier livre, Les Mystères de Kioshe

Or, la sortie du Solstice des Ombres a été l'occasion pour moi de remédier quelque peu à ce manquement. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Le jeune moine Umbrod connaît les Écritures, il a appris l'art de l'enluminure. Aux côtés d'autres moines, il accompagne la baronne Archantar'vi dans son périple. Seulement en cours de route, leur convoi est attaqué et il se retrouve prisonnier avec la baronne d'une autre baronnie devenue ennemie depuis que celle-ci s'est tournée vers une autre croyance. A moult reprises il va se croire perdu, condamné à une mort certaine. Pourtant il n'en est rien mais son sort est-il réellement enviable?

Dans Le Solstice des Ombres, Benjamin Lupu nous embarque dans un univers médiéval sombre marqué par l'émergence d'une guerre fratricide. En effet, entre ces lignes deux sœurs se vouent une haine mortelle faisant sombrer leur monde sous le couvert d'une guerre de religion. Ici, le culte rendu au dieu soleil Asthor connaît un schisme depuis que les hérétiques borésiaques tentent de prendre le pas sur les Orostrates. Un conflit qui sert les intérêts de celle que l'on appelle la Veuve misère car elle y voit l'opportunité d'instaurer son propre pouvoir. 

En outre, le surnaturel s'invite dans ce monde empreint de fureur et de larmes. C'est d'ailleurs la touche qui lui donne cette saveur si ensorcelante.  La magie se dissimule derrière les saintes Écritures pour qui sait la voir et l'entendre. Benjamin Lupu a enrichi son univers d'un bestiaire peuplé de créatures tout droit sorti de son imaginaire. Le travail réalisé autour est très intéressant. 

Dans Le Solstice des Ombres, Benjamin Lupu pose un décor moyenâgeux très réussi. Fort de son passé d'historien, il a mis ses connaissances et son sens de la recherche au service de sa plume pour nourrir son récit d'un cadre très soigné et fort crédible. Il y exploite, notamment, les relations du suzerain et de ses vassaux ainsi que les notions de bannerets. 

L'écrin pour recevoir cette intrigue politique est bien à-propos. L'auteur se joue des alliances qu'il fait et défait à son gré. On retrouve tous les ingrédients propice au genre. Aussi la quête du pouvoir passe par la conspiration, le traquenard et la manipulation. Tout ce qui est mis en œuvre entre ces lignes est là pour servir une soif de vengeance car c'est le fil directeur de cette histoire. C'est le moteur qui nous tient en haleine dans un suspense très prenant.

Le Solstice des Ombres est un roman collégial dans lequel l'auteur fait évoluer de nombreux personnages. En multipliant les points de vue, il nous permet de suivre les évènements d'un camp à l'autre. C'est assez renversant. 

Toutefois, je dois reconnaître mon petit faible pour le personnage principal prénommé Umbrod, d'autant que Benjamin Lupu ne l'épargne pas. Se retrouver dans cette aventure va le faire mûrir brutalement. Il va se découvrir un pouvoir insoupçonné. Pour autant sera-t-il en mesure de l'assumer, c'est toute la question qui plane sur ce texte. L'autre personnage que j'apprécie beaucoup est Balcère. Ancien soldat, il a embrassé les ordres pour rompre avec son passé d'homme d'armes. Mais le chemin de la rédemption est pavé d'embûches. Il est très attachant dans sa volonté de sauver Umbrod coûte que coûte. 

Le Solstice des Ombres est un roman particulièrement immersif. La qualité de ce nouveau roman est indéniable. La plume de Benjamin Lupu témoigne d'une vraie maturité qui inscrit de plus en plus cet auteur comme un nom de référence pour les littératures de l'Imaginaire.

C'est un énorme coup de cœur pour ma part et je vous invite à le lire à votre tour car ce récit en vaut le détour. Vivement le tome 2 !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Les Mystères de Kioshe

Informations

Benjamin Lupu
Sœurs de Haine
Tome 1
Le Solstice des Ombres
9782382671931
320 pages
Editions Mnémos

Lien vers le site

30/05/2025

Cyril Lieron & Benoit Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux, volume 2, Dans la tête de Sherlock Holmes, éditions Ankama

Cyril Lieron & Benoit Dahan, L'Affaire du Ticket Scandaleux
volume 2, Dans la tête de Sherlock Holmes
éditions Ankama

Après avoir bien apprécié le premier album de L'Affaire du Ticket Scandaleux, je me suis enfin plongée dans la suite avec une certaine délectation.

J'en profite pour remercier à nouveau mon amie Mathilde qui sait toujours  comment me faire plaisir et m'a offert ce second album

Il est signé par Cyril Lieron et Benoît Dahan et répond tellement bien à mon gros faible pour le personnage de Sherlock Holmes. 

Je suis aux anges car j'ai eu un énorme coup de cœur pour le premier album. Les auteurs ont fait un excellent travail sur la construction de cette bande dessinée alors j'avais hâte de lire la suite. 

Résumé :

On y retrouve Sherlock Holmes et le docteur Watson toujours à la poursuite de l'instigateur des disparitions survenues auparavant. Ils remontent la piste du fameux ticket Scandaleux qui les met sur les traces d'un étrange cirque. Seulement l'adversaire est coriace et il ne compte pas se laisser démasquer. Alors qui sera le plus fort ? 

Mon avis :

Dans ce volume 2, les évènements s'accélèrent car Sherlock Holmes met tout en œuvre pour obliger le ou les coupables à se révéler. Lui seul a la clé de cette énigme et il nous entraîne dans les dédales de Londres pour nous en dévoiler tous les secrets. 

L'histoire est passionnante et tient bien en haleine jusque dans les dernières pages de cet album. Il faut dire que l'intrigue est bien ficelée et le dénouement est très intéressant. 

C'est une bande dessinée pleine d'action, très punchy autant dans les rebondissements que dans le visuel des bulles. 

J'apprécie énormément l'esthétique de cette bande dessinée qui met en images le cheminement de pensée de notre illustre détective. Au risque de me répéter je trouve le procédé ingénieux, il sert de fil d'ariane en reliant les bulles entre elles et facilite le sens de la lecture. 

Cette série est superbe et particulièrement immersive. Les auteurs empruntent au mystère des romans d'Arthur Conan Doyle pour nourrir leur série d'une atmosphère très envoûtante. Ici, ils introduisent le "freak show", faisant référence à cette mode d'exhiber des êtres humains aux caractéristiques difformes qui a eu cours entre le milieu du XIXe et le milieu du XXe siècle et le détournent ici pour critiquer l'impérialisme britannique. 

Aussi, le scénario se pare de notes politiques en dénonçant les abus et les dérives du colonialisme. D'ailleurs, quoi de mieux que de choquer les esprits pour tirer des leçons du passé. 

Dans cette série Dans la tête de Sherlock Holmes, on est sensible autant au fond qu'à la forme. 

Il faut dire que les auteurs ont soigné leur écrin qui dégage un réel esthétisme. De plus, ils ont nourri leur scénario de thématiques qui viennent questionner intelligemment la société de l'époque et même éclairer notre propre actualité.

Dans la tête de Sherlock Holmes est une vraie pépite que vous soyez ou non amateur du détective car c'est vraiment du bel ouvrage dont on admire chaque double page avec un certain contentement. 

Pour conclure :

Il n'y a plus qu'à espérer maintenant que l'aventure ne s'arrête pas là car on sait combien l'investissement est important pour réaliser de telles merveilles. Mais quel dommage de ne pas continuer quand même. A suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur le volume 1

Informations

Cyril Lieron
Benoit Dahan
L'Affaire du Ticket Mystérieux
Volume 1
Dans la Tête de Sherlock Holmes
9791033512547
48 pages
Editions Ankama

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27/05/2025

P. Djèli Clark, La Guilde des Queues de Chats Morts, éditions L'Atalante

P. Djèli Clark, La Guilde des Queues de chats morts, éditions L'Atalante 

Pour l'avoir découvert avec Ring Shout, puis Le Mystère du Tramway Hanté, je dois vous avouer que je ne me lasse pas de la plume de P. Djèli Clark.

Il faut dire qu'elle est très talentueuse comme le confirment les nombreux prix décernés pour célébrer, à juste titre, la qualité de chacun de ses textes. 

La Guilde des Queues de Chats Morts est sa toute dernière novella qui vient de paraître aux éditions L'Atalante

Lu dans le cadre d'un partenariat avec eux, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Eveen est une assassin qui œuvre pour le compte de la Guilde des Queues de Chats Morts. Sa particularité est d'être une morte-vivante. En effet, elle a été réanimée après sa mort et depuis lors, sert la déesse Aeril en honorant chacun des contrats pour lesquels elle a été engagée. Enfin c'est ce qu'elle a fait jusqu'à cette dernière mission qui a mal tourné, lui donnant par la même occasion matière à réfléchir quant à son passé et son avenir. Au final, y trouvera-elle son compte ? 

Mon avis :

Avec La Guildes des Queues de Chats Morts, P. Djèli Clark signe, à nouveau, un récit de fantasy fabuleux. L'histoire se déroule cette fois-ci dans la cité de Tal Abisi gouvernée par les Patriarches sous la tutelle d'un panthéon de dieux et de déesses. Mais c'est aussi le fief de la Guilde des Queues de chats morts, un groupe d'assassins qui ont la particularité d'être des morts-vivants. Quasiment invincibles puisqu'ils sont déjà morts, ils sont une arme redoutable lorsqu'ils sont engagés par contrat. Chacun de ces contrats doit être honoré car ils sont liés autant au commanditaire qu'à Aeril, la déesse de la mort et leur sainte patronne. Ne pas aller au bout, c'est s'exposer à des représailles douloureuses voire mortellement définitives. 

Dans sa novella, P. Djèli Clark nous attache aux pas de l'une de ces mercenaires qui vient juste d'être engagée pour mener une nouvelle mission. Seulement celle-ci ne va pas se passer comme prévu et entraîner son héroïne dans une course contre la montre pour tenter de se tirer de ce mauvais pas. 

Ainsi, la fantasy de P. Djèli Clark se pare des atours du polar obligeant son personnage principal à mener des investigations pour démasquer celui où celle qui se cache derrière cette machination dont elle est la première victime. 

Riche en suspense, le récit est particulièrement captivant porté par une plume incroyable qui nous immerge toujours dans des univers époustouflants. 

Manigance, manipulation et pouvoir sont les maîtres-mots de cette nouvelle aventure haute en couleurs. 

L'auteur se plaît à imprégner ses récits d'intrigues politiques qui malmènent et illusionnent bien souvent ses protagonistes. 

Le récit est particulièrement coloré enrichi par l'ambiance survoltée par les dernières nuits du festival du Roi horloger, de la Princesse pirate et du Trophée d'or. Les rues de la cité sont très animées et l'atmosphère qui s'en dégage se met au diapason de la fébrilité de l'héroïne de cette histoire.

En outre, on apprécie Eveen qui se révèle être très vite un personnage particulièrement badass. Elle est puissante, intelligente et frondeuse. En dépit des règles établies, elle suit son propre code si cela s'avère nécessaire et c'est bien là, tout son charme. Elle en a sous la pédale et nous entraîne dans un ballet enivrant car elle virevolte littéralement d'un combat à l'autre jusqu'à tenter le tout pour le tout afin de se donner une chance de garder sa tête sur les épaules. Elle est pour le moins incendiaire et cela réchauffe le cœur de voir évoluer un si beau personnage féminin.

En enchaînant des récits de si grande qualité, P. Djèli Clark s'est naturellement imposé, ces dernières années, dans le paysage des littératures de l'imaginaire comme une signature de référence. 

Pour conclure :

En refermant La Guilde des Queues de chats morts, je sais déjà que d'autres lectures de cet auteur suivront à commencer par Le Maître des Djinns qui m'attend toujours dans ma PAL. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur : Ring Shout et Le Mystère du Tramway Hanté

Informations

P. Djèli Clark
9791036002243
208 pages 
La Guilde des Queues de chats morts
Editions L'Atalante

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21/05/2025

Louise Mey, L'orage qui vient, éditions Pocket Imaginaire

Louise Mey, L'orage qui vient, éditions Pocket Imaginaire 

Féministe engagée, Louise Mey est surtout connue pour ses thrillers et ses romans noirs. En 2022 elle publie L'orage qui vient, un roman de science-fiction et témoigne ainsi de son désir d'explorer d'autres Imaginaire. 

Depuis mars, ce roman est de retour sur les étals des libraires avec la sortie du format poche. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Mila vit avec sa mère au sein d'une petite communauté peuplée de femmes depuis la Rétractation du monde. La vie y est paisible jusqu'à l'arrivée soudaine d'un homme prénommé Nathan se portant volontaire pour les aider. Mila est la seule à se méfier de cet étranger, sentant des mauvaises ondes émanées de lui. Arrivera-t-elle à se faire entendre des siens avant qu'il ne soit trop tard? 

Mon avis :

Dans L'orage qui vient, Louise Mey nous plonge dans un univers postapocalyptique où le monde est soumis à ce que l'on appelle la Rétractation. L'ultra consumérisme, l'économie de marché ont eu raison de la société. Celle-ci a implosé dispersant les humains en îlot de survie ici ou là. Ils tentent de survivre en communauté. Certains y parviennent mieux que d'autres, à l'image de celle de Mila. Leur petite nombre, leur sororité, leur concertation collective pour tous sujets sont autant d'éléments favorables à leur bon fonctionnement. En outre, elles disposent d'une source naturelle miraculeuse qui leur donne un avantage certain mais a la contrepartie d'éveiller la convoitise. 

L'existence de cette Eau si particulière donne au récit son caractère surnaturel. En effet, Louise Mey a choisi de mélanger les genres pour donner à son texte une saveur très particulière. D'autant que les notes ésotériques ne s'arrêtent pas à cette forme de magie puisque l'ombre de créatures fantastiques plane également sur ce récit. 

La force de ce texte est de laisser le doute peser quant aux intentions maléfiques ou protectrices de cette présence fabuleuse. 

L'orage qui vient est un récit court et entraînant. L'autrice y balaie de nombreuses thématiques toutes plus intéressantes les unes que les autres. 

Déjà, elle a choisi de mettre en lumière des portraits de femmes qui se sont libérées par choix ou par accident de la vie de la tutelle des hommes. Ainsi, elles assument leur destin et l'affrontement avec force et courage sans un quelconque commandement masculin. Et lorsqu'elles recroisent la route d'un homme, elles finissent par y voir clair et retrouver leur unité. 

A travers la créature du loup-garou, Louise Mey revisite la figure du monstre. Celle-ci est trompeuse comme peuvent l'être souvent les apparences. Ici, le prédateur prend bien des visages et le plus dangereux n'est pas forcément celui que l'on pense au premier abord. 

Louise Mey met l'âme humaine à nu dans son récit en explorant ses réflexions tortueuses et ses sentiments parfois destructeurs. 

Cette histoire est à la fois sombre et belle. L'ambiance y est plutôt clair-obscur car l'autrice flirte avec les codes de l'horrifique et donne ainsi à son texte une atmosphère lourde et troublante. Le mystère est là, diffus et captivant. 

Les protagonistes sont quant à eux fort intéressants surtout cette jeune Mila qui se dévoile à nous que lentement. Complexe, entière et passionnée, elle est ici autant en quête d'elle-même qu'animée par la volonté farouche de protéger les siens. Natan, lui, incarne l'étranger. Il se présente comme un homme de bonne volonté mais dissimule des désirs plus dérangeants. Tous sont intrigants et se lancent dans une danse dont eux seuls comprennent le rythme. 

Pour conclure :

Avec L'orage qui vient, Louise Mey signe une première incursion en Imaginaire fort réussie. Alors à quand la prochaine ?

Fantasy à la Carte

Informations

Louise Mey
L'orage qui vient
9782266344074
176 pages
Editions Pocket Imaginaire

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17/05/2025

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Lou Jan, Un corps d'avance, éditions Critic

Après un premier roman intitulé La Machine à Aimer qui lui vaut une entrée remarquée au sein des littératures de l'imaginaire et particulièrement la science-fiction, Lou Jan récidive avec un second récit. 

Toujours dans ses thématiques de prédilection, elle nous brosse avec Un corps d'avance un futur technologique intéressant mais dépouillé de l'essentiel. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce SP. 

Résumé :

Jinseï s'apprête à vivre son premier reset. Il appréhende un peu, non pas de pouvoir garder son apparente jeunesse jusqu'à 10 fois 75 ans mais de couper tout le lien avec chacune de ses vies. Et si l'immortalité n'était pas si enviable ? 

Mon avis :

Un corps d'avance s'inscrit dans un cadre futuriste dans lequel Lou Jan continue de questionner les avenirs possibles à travers les progrès scientifiques et technologiques. 

Elle a d'ailleurs choisi comme point de départ de sa réflexion, la question de l'immortalité. Obsession de notre époque, c'est donc tout naturellement que les avancées tournent ici autour d'elle. Ainsi, l'autrice a imaginé la possibilité aux humains de pouvoir vivre jusqu'à dix reset d'une durée de 75 ans. Grâce à cette prouesse, la mort n'existe quasiment plus. 

Seulement pour être éligible à ce procédé, des conditions sont à respecter. Et celles-ci ne sont pas des moindres puisqu'il faut accepter de renoncer à chacune de ses vies, incluant de ne plus vivre dans son pays initial de résidence et surtout de rompre tous ses liens familiaux. En outre, il est possible d'opter pour l'oubli effaçant, de facto, les souvenirs à chaque remise à zéro. 

Dans ce monde imaginé par Lou Jan, les humains vivent aux côtés des androïdes mais point sur un pied d'égalité car ces derniers sont considérés comme des esclaves, utilisés pour travailler à la place des humains. Pire encore ils ont été créés, à dessein, avec une obsolescence programmée par pure crainte qu'ils détrônent l'humanité et finissent par la dominer. 

Cette mise en valeur à pour but, de ramener l'intelligence artificielle au cœur du débat en insistant sur toute la problématique qu'elle soulève, notamment à travers la méfiance suscitée a son égard. Aujourd'hui, l'IA est surtout présentée comme un danger de remplacement de l'humanité. Or, Lou Jan souhaite ici renverser cette apriori en les intégrant à sa société. Pour cela, elle met en avant leur désir de vivre libre, à l'image de l'un de ses personnages qui vit dans la clandestinité pour tenter de survivre et d'imprimer sa marque dans ce monde en le changeant. 

Avec Un corps d'avance, on est sur un roman collégiale divertissant où chacun des protagonistes de Lou Jan vient nous faire découvrir une facette de ce futur qu'elle nous brosse. Que l'on s'attache ou non à Jinsei, Namaya ou Léan, on est vite captivés par leur destinée atypique où leurs âmes se télescopent à d'autres, et où il est possible de reprogrammer la vie à l'infini. 

Fasciné ou inquiet par ce progrès qui a repoussé les limites du corps humain, il permet surtout à l'autrice de ramener la vie à l'essentiel, à ce qui fait son sel. C'est d'ailleurs le fond de ce récit, l'importance des liens, des attaches et des sentiments, car à quoi bon vivre éternellement si c'est pour perdre à tout bout de champ ceux qui nous sont proches. 

Derrière cette nouvelle aventure très punchy, l'autrice y insère une réflexion philosophique autour du sens de la vie, en soulignant l'amour comme un moteur pour avancer. Soit, c'est un sentiment puissant qui en génère d'autres, à l'image de la jalousie dont certains protagonistes du récit vont d'ailleurs en faire les frais mais c'est un mal nécessaire pour donner du relief au destin. 

Lou Jan louvoie entre présent, passé et futur pour nous entraîner à perdre haleine dans un espace-temps inattendu, source de dangers, mais aussi de belles rencontres. On goûte à un imaginaire fouillé car passionnée par tout ce qui a attrait à ce qui fera demain à travers les innovations, elle se plaît donc à le construire dans ses récits en y mettant en exergue ses forces et ses failles. 

Un corps d'avance est un roman court et percutant qui explore la force des sentiments ainsi que les notions de manque et de vide lorsqu'ils brillent par leur absence. Divertissant !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur La Machine à Aimer.

Informations

Lou Jan
Un corps d'avance
9782375793220
224 pages
Editions Critic

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11/05/2025

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos 

Au fil de ses récits d'imaginaire, Marge Nantel s'impose peu à peu comme une signature incontournable du genre. Le prix Utopiales reçu en 2024 pour récompenser son roman, Code Ardant, ne fait d'ailleurs que confirmer son talent. 

Une plume très qualitative que j'avais remarquée dès ma lecture de La Cité sous les Cimes publié en 2023 par les éditions 1115.

Or, l'annonce d'une nouvelle sortie en avril dernier chez Mnémos a immédiatement suscité mon intérêt.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé : 

Dépourvu du Don, Suèhl est un décasté, autrement dit un paria pour son clan. Contre toute attente, il a réussi à rester en vie en dépit des purges organisées pour le voir lui et ses semblables disparaître. Un jour, il fait la rencontre d'un étranger surnommé Ténèbres sans imaginer qu'il va l'entraîner bien malgré lui au cœur des rivalités de son clan et que leurs destins vont intimement se lier. Mais au plus fort du danger, pourra-t-il réellement compter sur lui ? 

Mon avis :

Avec Hors Caste, Marge Nantel signe un récit de dark fantasy particulièrement immersif. Elle nous propulse dans une société de castes où le pouvoir détermine l'échelle sociale. Celle-ci est facilement reconnaissable par le biais de signes extérieurs comme des tatouages ou le port de certaines pierres. 

Dans ce monde, il n'est pas bon d'appartenir à aucune sous peine de voir sa vie continuellement menacée. A Hemurn, les gens sont répartis par clans. On en distingue quatre : celui du Lynx, du Serpent, de la Tarasque et du Phoenix. Chacun d'entre eux est régulièrement soumis à des luttes internes qui les déstabilisent et vident même leurs rangs à cause des purges. En outre, la particularité de l'univers imaginé par Marge Nantel est qu'elle a choisi de mettre en scène des personnages anthropomorphiques. En effet, les membres de ces clans présentent des caractéristiques physiques propres aux totems auxquels ils appartiennent. 

La magie de ce texte s'exprime autant par ces protagonistes mi humains mi créatures qui, par leurs prédispositions naturelles, disposent de capacités supérieures ainsi que par l'existence de pierres puissantes capables de bien des prodiges comme le contrôle des esprits. 

L'intrigue imaginée par l'autrice est tranchante et se met parfaitement au diapason de son univers âpre. 

La société dans laquelle ce récit prend cadre est sectaire. Ce qui donne l'occasion à l'autrice d'aborder les thématiques d'intolérance et de persécution, notamment ce qui est relatif aux préférences sexuelles. En effet, ses personnages principaux appartiennent à la communauté LGBT et ont bien souvent été victimes d'abus, de sévices et de tortures pour les punir d'aimer des personnes de même sexe. Par leur biais, Marge Nantel explore les traumatismes psychiques et ses conséquences sur l'âme tout en donnant des pistes pour les surmonter. 

En outre, à travers cette société de castes, l'autrice met en exergue le mépris de classes. Elle ponctue ainsi son texte d'une critique politique.

Il est également question de révolte et de liberté conquise au prix fort.

Hors Caste est un roman féroce dans laquelle l'autrice ne mâche pas ses mots, pas plus qu'elle ne ménage ses héros. 

Pour porter cette histoire, elle table sur deux personnages meurtris, deux âmes écorchées par la vie qui ne leur a pas fait de cadeau. 

C'est clairement un roman qui met les émotions à vif. Suèhl et Ténèbres sont les victimes d'un passé traumatisant. Pour autant, ils vont faire de leurs failles une véritable force notamment grâce à leur rencontre qui va leur sceller une nouvelle destinée. Voici deux personnages tous en nuances que l'on apprécie d'emblée et dont on partage sans mal les joies et les peines. Ils forment le duo parfait  pour donner à cette histoire tout son mordant.

Pour conclure :

Avec Hors Caste, Marge Nantel se fait à nouveau l'autrice d'un roman piquant dont on ne sort pas indemne. Implacable !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur La Cité sous les Cimes et Code Ardant.

Informations

Marge Nantel
Hors Caste
9782382671917
336 pages
Editions Mnémos

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06/05/2025

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, éditions Albin Michel Imaginaire

Robert Jackson Bennett, La Cité des Miracles, T.3, Les Cités Divines, 
éditions Albin Michel Imaginaire 

La Cité des Miracles est le troisième volet qui vient clôturer de façon magistrale la trilogie des Cités Divines de Robert Jackson Bennett. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Avec Les Cités Divines, Robert Jackson Bennett signe une série de haut vol mêlant fantasy et enquête avec une grande virtuosité. 

Personnellement, j'ai eu un énorme coup de cœur pour cette histoire et celui-ci ne s'est d'ailleurs pas démenti tout au long des tomes. Je ne peux donc que vous recommander de la lire à votre tour.

Résumé :

La mort violente de Shara Komayd tuée dans un attentat force Sigrud je Harkvaldsson à sortir de sa clandestinité pour enquêter afin de démasquer le commanditaire de cet assassinat. En tant que Première Ministre, Shara ne manquait pas d'ennemis. Toutefois, au vue de ses premières constatations, il semblerait que ce meurtre soit en lien avec des divinités puisque des miracles semblent encore à l'œuvre en dépit que ces dernières aient soit disant toutes disparues. Et si les apparences étaient une nouvelle fois trompeuses dissimulant une réalité toute autre et un avenir bien sombre ? A moins, bien sûr, que Sigrud réussisse à nouveau à faire pencher la balance !

Mon avis :

Après avoir été le théâtre d'affrontements apocalyptiques avec les divinités Kolkan et Jukov vaincues par Shara et Sigrud, le monde né sous la plume de Robert Jackson Bennett se reconstruit progressivement. Mais alors que tous pensaient être libérés de l'empreinte des dieux, des miracles semblent encore à l'œuvre. Ceux-ci ont notamment servi à éliminer la Première Ministre Shara Komayd. Pour Sigrud sorti des ombres, le doute n'est plus permis quant à la résurgence d'une nouvelle menace divine.

L'univers imaginé par Robert Jackson Bennett repose sur la qualité de sa mythologie. En effet, l'auteur s'est notamment inspiré de la mythologie grecque en y puisant quelques éléments. Ainsi, il emprunte à Cronos son habitude de manger ses enfants pour ne pas être détrôné par eux afin de donner à ses propres dieux une très grande puissance qu'ils acquièrent en consommant, à leur tour, leur propre descendance. La croyance en ces mythes façonne son monde en faisant ou défaisant des éléments. Celui-ci évolue au gré des envies et de l'emprise de ces créatures ancestrales. Leur pouvoir est tel qu'elles peuvent le réinitialiser à l'envi menaçant toutes les âmes qui y résident. Ainsi, leur simple existence est un danger pour le reste de l'humanité et ne peut qu'aboutir à un nouvel affrontement s'annonçant, d'ores et déjà, très spectaculaire. Conclusion oblige, l'auteur a lâché la bride à son imagination pour nous concocter de nombreuses scènes explosives à l'esthétique très cinématographique. Les combats y sont homériques et la tension, à son comble. 

Ce troisième opus est clairement à la hauteur des précédents et l'auteur a mis le paquet pour nous maintenir dans un suspense presque insoutenable. 

Shara n'étant plus là, Robert Jackson Bennett s'est davantage focalisé sur le personnage de Sigrud que l'on découvre plus en profondeur dans ce troisième tome. Il a puisé dans la figure du Berserk pour nourrir son portrait. Aussi, il incarne à sa manière cette image du guerrier fauve entrant dans une fureur sacrée le rendant surpuissant et capable d'affronter des êtres qui lui sont nettement supérieurs. Sigrud se laisse conduire par ses émotions. Il est bien souvent aveuglé par son désir de venger les personnes qui lui sont chères et qu'on lui a pris. Pour autant, la force brute qu'il arbore en permanence dissimule bien les sentiments qui l'animent et qui le rongent de l'intérieur. Lorsque l'on fait sa connaissance, on est loin d'imaginer qu'une sensibilité se cache sous cette armure de glace qui le drape et derrière son regard si pétrifiant pour qui le croise. C'est pourtant l'un des protagonistes le plus attachant de cette série, notamment à cause du passé bouleversant qu'il porte. Il est un héros à sa manière, choisi pour accomplir des actes incroyables et parfois inattendus. Les missions qu'on lui a confiées ou qu'il s'est assignées ont toujours la primeur sur son propre salut. C'est dire son degrés d'abnégation. 

Il fallait bien un tel protagoniste inoubliable pour mettre le point final à ce récit de grande envergure. Tout y est intense et immersif, à l'image de son implacable personnage principal.

Robert Jackson Bennett continue d'instiller dans son livre des réflexions politiques ou sociétales intéressantes. Ici, il questionne pas mal le pouvoir et ses conséquences, notamment lorsque celui-ci grise tellement son détenteur qu'il verse dans la mégalomanie. Il évoque également les traumatismes de l'enfance en mettant en exergue ses répercussions sur l'adulte. 

Comme à son accoutumée, Robert Jackson Bennett nous assure, avec La Cité des Miracles, un pure divertissement grâce à sa fantasy richement construite et à la variété des sujets abordés. 

Pour conclure :

La Cité des Miracles est un roman très qualitatif apportant son lot d'émotions fortes et d'action tout en proposant un décor grandiose complètement déstructuré. Dépaysement garanti !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur La Cité des Marches, La Cité des Lames, Les Maîtres Enlumineurs, Le Retour du Hiérophante et Les Terres Closes

Informations

Robert Jackson Bennett
La Cité des Miracles
Tome 3
Les Cités Divines
9782226485922
576 pages
Editions Albin Michel Imaginaire

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