L'influence du "gaming" à la littérature

Google console

accueil2

accueil2

22/11/2025

Pascale Quiviger, H, Mort ou Vif, éditions du Rouergue

Pascale Quiviger, H, Mort ou Vif, éditions du Rouergue 

Pascale Quiviger est une autrice de grand talent, à qui l'on doit la saga du Royaume de Pierre d'Angle. C'est un univers de grande qualité qu'elle a continué à développer à travers d'autres romans indépendants. 

Aussi, après La dernière saison de Selim, elle poursuit l'aventure menée par les héros d'hier et d'aujourd'hui. 

Lu dans le cadre de la dernière Masse critique mauvais genres, je remercie l'équipe de Babelio et les éditions du Rouergue pour l'envoi de ce roman. 

Résumé :

Le Roi Fénélon vient de mourir. Il laisse derrière lui une fille malade, un gendre avide, un royaume exsangue et un étrange testament. Ce dernier soulève d'ailleurs beaucoup d'interrogations car il est question d'un héritier inattendu que tous pensaient décédé depuis fort longtemps. Désigné comme exécuteur testamentaire, Mercenaire accompagné de sa fidèle Esmée s'embarquent sur la piste de ce "H" même si les indices sont maigres et les concurrents nombreux. Alors arriveront-t-ils à résoudre cette nouvelle énigme à temps? 

Mon avis :

Avec H, Mort ou Vif, nous voici dans un nouveau royaume et une nouvelle histoire mais néanmoins avec également quelques têtes connues. 

En effet, Pascale Quiviger a choisi de faire un pont entre ses différents récits de fantasy avec des intrigues qui s'entremêlent par l'intermédiaire de personnages inoubliables. 

Son nouveau roman nous plonge dans les investigations d'Esmée et de Mercennaire pour retrouver un héritier que tout le monde croyait mort à la naissance. L'ambiance se teinte donc de mystère et de danger. Il faut dire que la nouvelle agite les grands de ce monde qui voit là l'occasion de renverser le pouvoir et de rebattre les cartes à leur avantage. 

Complots et manipulations s'invitent donc dans cette partie pour mettre notre couple d'enquêteurs sur des fausses pistes et des impasses. 

Le danger rôde partout surtout que l'on parle d'intrigues de cour et de secrets de famille. La soif de pouvoir se montre une nouvelle fois sans limite. 

Le récit s'annonce dès le début fort prometteur et il faut bien reconnaître que Pascale Quiviger répond bien aux attentes de ses lecteurs. Elle a, d'ailleurs, repris la même formule utilisée dans son précédent roman, La dernière saison de Selim, à savoir une investigation menée par un duo irrésistible. En effet, on retrouve l'intrépide Esmée, un personnage phare du Royaume de Pierre d'Angle et le flegmatique Mercennaire, rencontré récemment. Elle les réunit une nouvelle fois et sans surprise, ils font des étincelles. Bien que de caractère opposé, ils se complètent parfaitement pour résoudre les énigmes les plus corsées. Leur histoire est attachante et s'écrit en filigranes des intrigues en cours. 

Pascale Quiviger nous fait la joie de renouer avec des figures de la première heure, à l'image du jeune Lysandre qui a bien grandi et endosse maintenant le rôle éminent d'ambassadeur.

H, mort ou vif dégage à la fois un sentiment de nostalgie et une soif de nouvelles aventures. 

Ce roman oscille entre le familier et l'inconnu nous procurant un vrai réconfort, d'autant que le style de Pascale Quiviger est profondément original. Son écriture ne cesse d'interpeller le lecteur pour toujours le garder captif, totalement fasciné par cette histoire frôlant parfois avec l'improbable. C'est vivant et prenant tout simplement. 

Plus qu'une investigation au long cours, l'autrice a piqué son récit de thématiques variées, comme l'handicap, la complexité des relations familiales, la solitude ou encore la question de genre. Comme à l'accoutumée, Pascale Quiviger interroge la société pour nourrir ses romans de réflexions toujours très actuelles. 

Après avoir tant aimé sa première saga, j'apprécie de retrouver sa plume et son univers car Pascale Quiviger est réellement le genre d'autrice avec laquelle on accroche facilement. Ses textes dégagent une telle fluidité et ses personnages sont si naturels qu'on ne se lasse pas d'explorer son monde. 

Pour conclure :

En refermant H, mort ou vif, je n'ai qu'une envie, c'est de me ruer sur La dernière saison de Selim et être ainsi à jour car je dois vous faire la confidence que je ne l'ai pas encore lu. Or, ma lecture de ce roman m'occasionne quelques frustrations quant à savoir comment s'est déroulée la rencontre entre Esmée et Mercenaire. De plus, on ne va pas se mentir, cela me fera patienter jusqu'à la sortie du prochain roman de Pascale Quiviger, pour peu que ce soit de la fantasy. A bientôt.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'Art du Naufrage, Les filles de mai, Les adieux et Courage

Informations

Pascale Quiviger
H, Mort ou Vif
9782812627545
620 pages
Editions du Rouergue

Lien vers le site

tous les livres sur Babelio.com

12/11/2025

Mina Fears, The Scorpion Queen, collection Stardust, éditions Hugo

Mina Fears, The Scorpion Queen, collection Stardust, 
éditions Hugo

Mina Fears est une jeune autrice américaine qui a publié son tout premier roman en 2024. Il s'agit d'un récit de fantasy à destination d'un public plutôt Young-Adult qui s'intitule The Scorpion Queen

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Hugo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Aminata voit sa vie et son futur basculer, le jour où sa sœur l'a fait accuser d'infidélité alors qu'elle était promise au beau et doux Kader. Bien qu'elle ait essayé de se disculper, nul ne la croit, même pas ses propres parents qui la rejettent et la déshéritent sur le champs. C'est ainsi qu'elle devint la servante de la fille de l'empereur qui, contre toute attente, se montre aimable et généreuse à son égard. Chacune étant confrontée à sa propre détresse, une solidarité s'installe naturellement entre les deux. Mais en voulant libérer la jeune princesse de sa propre malédiction, Aminata va devoir faire des choix difficiles. Alors quel chemin suivra-t-elle? 

Mon avis :

The Scorpion Queen est un roman de fantasy historique puisant dans la mythologie africaine et empruntant particulièrement au conte malinké en mettant en scène la quête de liberté d'une jeune fille. 

Dans ce roman, on évolue aux côtés d'Aminata au cœur du palais impérial. Le décorum fait très Mille et Une Nuits dans le sens que les prétendants de la princesse sont soumis à des épreuves qui les condamnent tous à une horrible mort. Or, pour contrer ce mauvais sort, la jeune fille compte sur ses trois domestiques dont Aminata pour l'aider à trouver l'artefact qui sauvera la vie de son futur époux. Bien qu'il ne s'agisse pas ici de l'histoire d'une femme cherchant à échapper à la mort en contant des histoires à son sanguinaire bourreau, on retrouve tout de même des éléments similaires qui sont d'ailleurs propres au conte. En effet, ici, la princesse est sous l'emprise de son père, l'empereur, qui prend les traits du tortionnaire suppliciant tous les hommes souhaitant l'épouser. Elle nous apparaît donc telle une victime à sauver mais qui comme dans Les Mille et Une Nuits, cherche des stratagèmes pour se sortir par elle-même de cette terrible situation. 

Entre les intrigues de cour et l'aventure au cœur du désert, ce roman se teinte des notes suaves et sucrées des littératures orientales. 

L'ombre des dieux planent au-dessus des protagonistes rappelant ainsi les mythes locaux et notamment le culte dans les sept dieux du panthéon. 

La magie est également de la partie et s'exprime de bien des manières. Il y a bien entendu le pouvoir détenu par certains personnages divins ou humains mais aussi la présence d'objets ensorcelés, à l'image du marteau d'Hausakoy ou de la carte magique montrant le chemin vers l'antre de ce dieu. Derrière l'introduction de ces deux éléments, on peut, d'ailleurs, y voir la référence au marteau de Thor d'un côté, et à la carte du Maraudeur de l'autre côté. Les références de l'autrice sont donc multiples et viennent nourrir un univers intéressant et plutôt bien réussi pour un livre de Young-Adult. 

L'intrigue elle-même présente d'indéniable qualité car Mina Fears table sur des destins de femmes étonnants. Les rebondissements sont là et surprennent bien souvent car l'autrice fait évoluer ses protagonistes de manière fort inattendue. 

The Scorpion Queen n'est clairement pas un simple récit de romantasy comme on pourrait s'y attendre vu l'engouement pour ce sous-genre de la fantasy

La romance est bien là mais demeure en périphérie de l'intrigue pour laisser toute la place au récit d'aventure tissé de trahisons, de mensonges et de manipulations

Mina Fears a introduit des éléments comme un ordre secret constitué de rebelles cherchant à renverser le pouvoir pour libérer le peuple du joug d'un tyran. Toutefois, on peut regretter qu'elle n'est pas plus développé cette partie de l'intrigue qui donne à son roman une dimension politique fort intéressante. 

The Scorpion Queen est également un roman féministe mettant en scène des personnages féminins forts et dégageant une certaine sororité à travers ce portrait de femmes qui s'unissent pour retrouver leur liberté. 

C'est clairement un roman qui vient tester les relations humaines, notamment dans ses limites. En effet, l'intérêt peut parfois prendre le pas sur les plus nobles sentiments comme Aminata elle-même va en faire les frais. 

L'autrice joue donc sur des thématiques coutumières de la littérature jeunesse telles la quête initiatique, l'amitié, ou encore l'amour pluriel. Les lecteurs ne seront donc pas dépaysés et apprécieront d'y retrouver ce qui plaît tant dans cette littérature. 

En revanche, je mettrais tout de même un bémol sur la fin surtout si ce roman est un tome unique comme le communiqué de presse laisse penser. Pour ma part, la fin choisie par Mina Fears avec ses nombreuses inconnues notamment sur le devenir de certains personnages demeure un point de frustration car tout n'a pas été dit. 

Pour conclure :

Avec The Scorpion Queen, Mina Fears signe donc un premier roman riche d'un univers fouillé et d'une intrigue prometteuse. 

Fantasy à la Carte

Informations

Mina Fears 
The Scorpion Queen
9791042902353
464 pages
Collection Stardust
Editions Hugo

Lien vers le site

06/11/2025

Guy Gavriel Kay, La Voie Obscure, T.3, La Tapisserie de Fionavar, collection Neptune, éditions L'Atalante

Guy Gavriel Kay, La Voie Obscure, T.3, 
La Tapisserie de Fionavar, 
collection Neptune, 
éditions L'Atalante 

La Voie Obscure est le 3e volet qui vient conclure de manière magistrale la trilogie de La Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay.

Cette saga de fantasy des années 80 connaît cette année, une nouvelle mise à l'honneur par les éditions L'Atalante qui viennent de l'intégrer à leur nouvelle collection de poches, intitulée Neptune. 

Après avoir eu le plaisir de lire les deux premiers tomes, il y a quelques semaines, le temps était venu pour moi d'enchaîner sur le troisième volet, d'autant qu'il vient tout juste de rejoindre les rayonnages des librairies. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que Rakoth Maugrim réunit son armée, Kim, Jennifer, Dave et Paul rejoignent chacun de leurs côtés, leurs alliés pour l'affronter dans une bataille qui s'annonce déjà perdue d'avance. En effet, bien que la flamme de l'espoir semble près de s'éteindre, que peuvent-ils tenter une dernière fois pour espérer sauver Fionavar et au-delà, tous les autres mondes ?

Mon avis :

La Voie Obscure s'annonce donc comme le roman de l'apocalypse car si les armées de Rakoth Maugrim ne sont pas défaites, il en va de l'extinction de la lumière pour laisser place aux ténèbres éternelles. 

Dans ce livre, Guy Gavriel Kay nous plonge totalement dans l'épopée. En effet, finies les escarmouches et place à l'ultime combat, celui qui sera décisif quant à l'avenir de tous. Aussi, les évènements s'enchaînent vite, chacun fourbit ses armes ou prépare ses sorts. Le récit se teinte de notes épiques et devient de plus en plus immersif. 

L'auteur nous donne même rendez-vous avec le spectaculaire à travers des scènes à couper le souffle. Les créatures horrifiques se pressent entre ses lignes. Elles ont soif du sang des héros du Bien. Sous l'égide du terrible Rakoth Maugrim qui n'est pas sans nous rappeler le terrifiant Sauron, elles sont sorties des ombres pour éteindre la lumière et faire régner le Mal. 

Dans La Voie Obscure, il n'est plus question de de voyager dans des univers parallèles en passant de notre monde à d'autres mais plutôt de plonger dans une grande fresque de littérature fantasy. Ainsi, on retrouve tous les ingrédients qui font la force des grands classiques du genre, la lutte entre le Bien et le Mal, la magie, la quête et la communauté de héros. 

La Voie Obscure est un roman très prenant autant du point de vue de l'action que des émotions. La lutte étant de la partie, on ne s'étonne pas de voir des personnages tombés les uns après les autres. Cela se fait d'ailleurs dans la douleur car Guy Gavriel Kay fait des choix qui nous prennent aux tripes. Il est d'ailleurs pas mal question de sacrifices et de deuil dans son livre. 

C'est un roman très riche qui exacerbe énormément les sentiments. On y parle d'amour, d'amitié mais aussi de haine. 

Guy Gavriel Kay y expérimente l'aventure avec un grand A et nous attache sans mal à son histoire et à ses protagonistes.

Il faut dire que sa plume est d'une grande poésie. Il sait clairement manier les mots et son imaginaire dégage une nostalgie et une foisonnance qui ne laisse pas indifférent.

Personnellement, j'ai adoré lire La Tapisserie de Fionavar car cette série dégage l'ambiance d'une fantasy d'antan comme je les aime. 

Pour conclure :

Classée au rang des grands classiques du genre, je ne peux que vous inviter à ne pas manquer cette sortie qui mérite qu'on s'y arrête. Maintenant que la série est maintenant complète dans sa nouvelle version poche, foncez en librairie !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'Arbre de l'été et Le Feu Vagabond

Informations 

Guy Gavriel Kay 
La Voie Obscure 
Tome 3
La Tapisserie de Fionavar 
Collection Neptune 
9791036002281
560 pages
Éditions L'Atalante 

Lien vers le site

29/10/2025

Judith Merril, Des Ombres sur le foyer, éditions Argyll

Judith Merril, Des Ombres sur le foyer
collection Neptune,
éditions Argyll 

Romancière, novelliste, anthologiste et éditrice, Judith Merril nous a laissé un solide héritage d'une science-fiction engagée. Malheureusement son nom est trop peu connu. La faute à de très rares traductions, sans doute. Heureusement certains éditeurs, connus pour leurs choix éditoriaux militants ont décidé de remédier à ce manquement et nous proposent une traduction de son premier roman, Des Ombres sur le foyer

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que les États-Unis sont touchés par une attaque nucléaire de grande ampleur, Gladys, une jeune mère au foyer doit faire face à cette situation inédite seule avec ses deux plus jeunes enfants. Son mari est porté disparu et son fils est enrôlé dans l'armée pour assurer la défense du pays et préparer sa contre-attaque. Pour Gladys, le moment est venu de faire des choix, de gérer cette crise avec force et intelligence. Ce qu'elle fait en s'étonnant elle-même de sa force de caractère. Mais alors qu'elle commence à prendre goût à cette nouvelle indépendance certains hommes tentent quelques ingérences dans ses décisions. Trouvera-t-elle la force d'y résister et de maintenir seule le cap ? 

Mon avis : 

Des Ombres sur le foyer est un roman de science-fiction qui se classe au rang de la fiction nucléaire. Pour comprendre ce sujet d'écriture, il faut s'en référer au contexte de l'époque puisque le roman paraît pour la première fois en 1949, soit en pleine Guerre Froide. A travers cette attaque nucléaire massive que subit les États-Unis dans le roman de Judith Merril, on ne peut pas s'empêcher de faire un parallèle avec les bombardements stratégiques américains à Nagasaki et à Hiroshima en 1945. En transposant l'usage de cette puissante arme létale sur le sol américain, l'autrice critique ouvertement la politique américaine et les choix qui ont été fait pour mettre fin à un long conflit. D'autant que va s'en suivre cette longue période de dissuasion nucléaire découlant de la course aux armements atomiques menée par les États-Unis, l'Union soviétique et leurs alliés dans le seul but de conserver sa suprématie. Cette période trouble est empreinte de défiance et de paranoïa. C'est d'ailleurs ce que l'autrice met en exergue ici. En effet, Des Ombres sur le foyer est un huis clos qui nous plonge au cœur d'évènements terrifiants que l'on découvre à travers les yeux d'une mère au foyer confinée à son domicile avec ses deux filles. 

Le récit est très intimiste mais il a le mérite d'être réaliste. On est confronté aux questionnements, aux doutes et aux angoisses ressenties dans ce genre de moments dramatiques. 

Les protagonistes sont reliés au monde par la radio qui diffuse des informations au compte-goutte et dont la véracité finit par poser question.

Des Ombres sur le foyer est un récit très politique qui critique également le gouvernement américain dans ses décisions et son usage abusif des médias comme outils de propagande. Ses personnages finissent par s'interroger sur les informations diffusées. L'autrice introduit tout un questionnement sur la réalité des faits, sur l'origine de l'attaque et à la réelle prise en charge des conséquences sanitaires. 

En outre, elle met en exergue la psychose dont peuvent faire preuve des autorités aveuglées par la chasse à l'ennemi. Aussi certains personnages sont ici pris pour cibles jusqu'à devenir parfois des dommages collatéraux. 

Judith Merril signe un roman engagé à plus d'un titre car elle met en scène une femme au foyer des années 40 qui n'a pas d'autres choix que de s'émanciper pour survivre à l'absence de son mari en prenant les décisions par elle-même et en trouvant des solutions à des situations difficiles. Des Ombres sur le foyer est sans aucun doute un roman féministe qui met en scène une héroïne forte capable de se libérer d'un patriarcat toxique. Ici le danger s'exprime autant par les conséquences des irradiations que par la volonté dominatrice émise par certains hommes au nom du gouvernement ou non. 

Judith Merril a également fait le choix de mettre en scène peu de personnages afin de créer une proximité avec ses lecteurs. C'est à travers le regard de Gladys que l'on découvre cette histoire. Elle est le personnage qui évolue le plus puisqu'elle incarne au début du roman, la parfaite femme au foyer et devient à la fin une véritable chef de famille. En effet, elle doit combler les absences de son mari et de son fils aîné pour gérer cette crise. Même si elle n'a pas reçu cette éducation d'indépendance, elle l'a prend au fur et à mesure des pages de ce roman. Sa femme de ménage Veda va beaucoup l'aider dans son évolution car elle porte un regard acéré sur la société. Elle va même lui faire prendre conscience de choses essentielles. Veda est donc une aide et un soutien sans commune mesure. Elles est d'ailleurs l'une des victimes de cette suspicion ambiante mais ne s'en laisse pas compter pour autant. Elle tient tête au système et réussit à venir en aide à sa patronne. Très beau protagoniste que celui de Veda, sémillant avec sa verve haute. On l'apprécie d'emblée. 

Judith Merril est une autrice qui a marqué son temps avec des textes forts et un engagement total pour la science-fiction féminine. 

Sous sa casquette d'éditrice, de nombreux grands noms, à l'image d'Ursula K. Le Guin, ont pu prendre leur envol. 

Pour conclure :

L'héritage qu'elle laisse est un bien précieux qu'il est important de ne pas oublier. C'est la raison pour laquelle on ne peut que remercier les éditions Argyll d'avoir choisi de faire traduire et publier pour la première en France, son roman le plus majeur, Des Ombres sur le foyer. C'est clairement une lecture instructive à ne pas manquer. 

Fantasy à la Carte

Informations

Judith Merril
Des Ombres sur le foyer
9782488126243
320 pages
Editions Argyll

Lien vers le site

24/10/2025

Adrien Party, Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende, éditions Actusf

Adrirn Party, Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende
éditions Actusf 

Spécialiste des vampires, Adrien Party est avant tout connu pour son webzine, vampirisme.com. Mais, il est également l'auteur d'un premier essai publié aux éditions ActuSF en 2022 qui s'intitule Vampirologie

Toutefois que serait un expert en créatures aux longues dents si celui-ci faisait l'impasse sur la plus célèbre d'entre elles. C'est la raison pour laquelle, il récidive aujourd'hui en nous proposant un essai consacré à Dracula. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les Nouvelles Éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Le clerc de notaire Jonathan Harker est chargé de se rendre en plein cœur de la Transylvanie pour conclure une affaire immobilière avec le comte Dracula. Il est très vite témoin de phénomènes étranges dans le château de ce dernier. Retenu prisonnier, il réussit quand même à s'évader alors que Dracula avait prévu de le livrer à trois femmes vampires pendant que lui-meme voguerait vers L'Angleterre. Il le prend en chasse et découvre grâce au docteur Van Helsing qu'il a ensorcelé la meilleure amie de sa fiancée, Mina. Dès lors, comment vont-ils pouvoir tous se dégager des crocs acérés de cette abominable créature ? 

Mon avis :

Dans Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende, Adrien Party va s'intéresser autant à la plus célèbre créature de la nuit qu'à son auteur. 

En effet, il ouvre son ouvrage sur les multiples casquettes endossées par Bram Stoker. Aussi, on commence par apprendre qu'il a d'abord été homme de loi en suivant les traces de son père, William Stoker qui fut greffier. Très vite, il témoigne d'une appétence pour le domaine juridique et les lois. Or, celle-ci transparait dans certains de ses textes, dont Dracula, notamment à travers la fonction de clerc de notaire occupée par Jonhatan Harker. 

Ensuite, il fut homme de théâtre lorsqu'il devint le directeur financier du Lyceum Theatre aux côtés d'Henri Irving dont la proximité, si l'on en croit la rumeur, lui inspira son personnage de Dracula. En tout cas, il n'a jamais cessé, en vain de vouloir le voir monter sur les planches pour incarner son célèbre personnage. 

C'est d'ailleurs son affection pour le théâtre qui le conduit à l'écriture, notamment par l'entremise de la critique des pièces. Ainsi, ses premières nouvelles commencent à être publiées, à l'image de sa toute première, "The Crystal Cup" parue en 1872 dans un journal londonien. 

Dans un deuxième temps, Adrien Party va se concentrer sur la genèse du roman de Bram Stoker en levant notamment le voile sur les nombreuses légendes qui entourent sa maturation. 

Il nous propose une relecture rapide de Dracula à la lumière des notes de l'auteur découvertes bien plus tard. Le regard qu'Adrien Party porte sur cette œuvre est très complet puisqu'il va jusqu'à nous parler de sa réception auprès du public, médias compris. Il nous donne d'ailleurs le recul nécessaire pour mieux appréhender ce roman. 

D'autant qu'il revient sur les nombreuses sources d'inspirations de Bram Stoker, notamment historiques en faisant un parallèle avec le sanguinaire Vlad Tepes. 

Adrien Party a agrémenté son essai de nombreuses interviews. Un choix qui a le double avantage de dynamiser la lecture tout en éclairant l'œuvre grâce à d'autres points de vue. Tous sont des acteurs importants dans la pérennité du roman car ils jouent notamment un rôle dans les nouvelles publications des études qui lui sont consacrées. 

Dracula, c'est plus qu'une simple histoire de chasse aux vampires, c'est aussi et surtout un roman qui éclaire le XIXe siècle. Cet essai nous enseigne des visées que l'on soupçonne pas à la première lecture de ce grand classique de la littérature. C'est donc clairement une mine d'informations passionnantes sur le sujet pour qui désire voir se dévoiler quelques mystères autour du mythe. 

Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende établit une vraie proximité, renforcée par le partage d'anecdotes sur le voyage mené par l'auteur pour aller explorer cette terre inhospitalière de Transylvanie. 

Pour conclure :

On passe un réel bon moment en compagnie de Dracula. Que vous le lisiez par petits bouts ou d'une traite comme moi, vous ne serez pas déçu surtout si vous êtes, vous aussi, fasciné par le plus grand saigneur de la nuit. En librairie depuis le 23 octobre. A vous de jouer !

Fantasy à la Carte

Informations

Adrien Party
Stoker & Dracula, la fabrique d'une légende
978-2-37686-709-8
400 pages
Les Nouvelles éditions ActuSF

Lien vers le site

19/10/2025

Cécile Guillot & Nora Lake, Les Filles de Witch Hazel House, collection Naos, éditions Mnémos

Cécile Guillot & Nora Lake, 
Les Filles de Witch Hazel House
collection Naos, 
éditions Mnémos 

A l'heure où les feuilles des arbres se parent de chaudes couleurs orangées, il est temps de mettre mes lectures au diapason de cette ambiance automnale. Voilà pourquoi j'ai sorti de ma PAL le sublime roman, Les Filles de Witch Hazel House, signé à 4 mains par Cécile Guillot et Nora Lake. 

Ce roman est de bon ton, vous en conviendrez rien qu'en admirant sa très belle couverture que l'on doit à Selcha Uni. 

Résumé :

Après avoir été exclue de son ancien lycée suite à quelques difficultés, Lark espère un nouveau départ en intégrant Witch Hazel House pour suivre un programme spécial dédié à la littérature. Elle y rencontre trois autres filles avec lesquelles le courant semble bien passer tout de suite. En tout cas, elle l'espère fortement d'autant que Violette avec qui elle partage sa chambre ne semble pas lui reprocher ses petites manies qui la rassurent tant. Lark souffre de TOC, ce qui lui a valu d'être rejeté par le passé, y compris par sa propre famille qui a du mal à la comprendre. Très vite une routine réconfortante s'installe dans cette belle demeure jusqu'à cette étrange soirée au cours de laquelle Violette a décidé d'organiser une séance de spiritisme. Malheureusement la situation va vite déraper car les filles semblent avoir dérangé une entité qui n'a rien de bienveillant. Aussi après cette soirée des phénomènes étranges se produisent mettant les filles de plus en plus danger. Pour elles, il est temps de choisir de partir ou de rester afin d'enquêter pour comprendre ce qui hante la maison. Alors, que vont-elles décider? 

Mon avis :

Les Filles de Witch Hazel House est un récit contemporain teinté d'ésotérisme. Cécile Guillot et Nora Lake posent un décor de maison hantée obligeant les protagonistes à investiguer pour comprendre les drames survenus entre ses murs par le passé. Pourtant la maison n'avait rien d'inquiétant au début du roman. En effet, elle était plutôt décrite comme un refuge, un lieu réconfortant où l'on se sent bien jusqu'à  ce qu'une séance de spiritisme dérange les fantômes prisonniers des murs et attisent leur colère. 

Les manifestations violentes se succèdent avec toujours plus d'ampleur et une pesanteur s'installe progressivement alourdissant ainsi l'ambiance. 

Dans Les Filles de Witch Hazel House, le cosy mystery se dispute donc à l'horrifique

Cécile Guillot et Nora Lake introduisent d'ailleurs fort habilement la figure de la sorcière. Ses pouvoirs se manifestent de manière inattendue mais qui s'accordent tellement bien à la société d'aujourd'hui et reflètent fort judicieusement ses condamnations hâtives.

Les Filles de Witch Hazel House est un roman court mais efficace. Les autrices y abordent des thématiques très actuelles. Elles évoquent notamment les troubles obsessionnels compulsifs. C'est vraiment intéressant de voir ce sujet être abordé entre ces lignes pour mettre en lumière les conséquences de l'anxiété. La société d'aujourd'hui peut vite être toxique dans ce qu'elle génère de stress. Cécile Guillot et Nora Lake insistent sur la nécessité de la confiance dans les autres qui passe par la bienveillance, l'écoute, l'entraide et le non jugement.

Dans Les Filles de Witch Hazel House, la notion d'amitié est donc centrale au roman. Il en va de même pour l'aspect apprentissage avec des personnages qui en plus d'élucider des mystères cherchent aussi à se comprendre elles-mêmes et à trouver leur place. 

Quête d'identité et sororité sont donc les deux éléments forts à ce roman. 

Bien que jeunes, ces adolescentes sont remplies de courage car elles affrontent finalement autant leurs démons intérieurs que les mauvais esprits qui hantent la maison. Chacune représente une force pour les autres car ce n'est qu'ensemble qu'elles pourront venir à bout de ce qui les menace. 

En choisissant de l'écrire à deux, Cécile Guillot et Nora Lake nous immergent dans leur intrigue au travers de deux points de vue différents, celui de Lark pour commencer, puis enchaîne sur celui de Violette. C'est à la fois une manière pour les deux autrices de faire découvrir sa vision de l'intrigue tout en nous attachant plus particulièrement à ces deux personnages-ci. 

On les découvre plus intimement, partage leurs forces et leurs faiblesses. Au final, on ne résiste pas à leur charme mais n'en va-t-il pas toujours ainsi avec des sorcières ? 

Les Filles de Witch Hazel House est à la fois une lecture réconfortante et intrigante. De nombreux mystères sont à résoudre, ce qui en fait un livre passionnant. Mais on retrouve aussi beaucoup d'éléments qui font du bien. Les autrices ont ponctué leur récit de nombreux rituels tournant autour du thé, de lectures ou de loisirs créatifs nécessaires à l'équilibre psychique. 

Pour conclure :

C'est donc une excellente lecture qui s'impose idéalement pour la saison. Alors, foncez vite en librairie, je vous garantis que vous ne serez pas déçu surtout si vous aimez l'onirisme lorsqu'il s'invite dans notre monde. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur : La Voie de la Sorcière, Le Parfum du Mal et Le Chant de la Lune de Cécile Guillot. 

Informations 

Cécile Guillot 
Nora Lake 
Les Filles de Witch Hazel House 
Collection Naos
9782382671580
272 pages
Éditions Mnémos

Lien vers le site

14/10/2025

GennaRose Nethercott, Cinquante fleurs pour te briser le cœur, éditions Albin Michel Imaginaire

GennaRose Nethercott, Cinquante fleurs pour te briser le cœur
éditions Albin Michel Imaginaire

Après La Maison aux Pattes de Poulet, une fantasy insolite infusée aux mythologies slaves, GennaRose Nethercott est de retour en librairie avec un recueil de nouvelles qui s'intitule Cinquante fleurs pour te briser le cœur.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Albin Michel Imaginaire, je remercie Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse. 

Cinquante fleurs pour te briser le cœur est un très bel ouvrage relié avec signet et pourvu d'une cinquantaine d'illustrations de Bobbi DiTrani. Quant à la sublime couverture, elle est signée par la très talentueuse Anouck Faure que l'on ne présente plus ici tant on apprécie la qualité de son travail et de sa plume. Il fallait bien un tel talent pour souligner la singularité de l'imaginaire de GennaRose Nethercott. 

Mélange de genres, poésie baroque, histoires étranges, tels sont les ingrédients que cette autrice aime utiliser dans ses textes. Le voyage est dépaysant car on goûte à des associations parfois étonnantes, et bien souvent fort épicées. 

L'amour transcende ses nouvelles, il demeure même le fil directeur de ses histoires car elle l'explore sous tous les angles. 

Il se teinte bien souvent du désir qui consume les âmes corps et biens à l'image de celui qui enflamma l'esprit de celle que l'on appela par la suite la mère de la femme chèvre dans "Les prunes de la lisière du monde". Ainsi, lorsque le désir est tabou, qu'il doit resté enfoui, il n'est pas étonnant de perdre le contrôle et de le laisser s'exprimer de manière inattendue voire inappropriée. Quand on voit le résultat, on se dit que trop d'interdits fait plus de mal que de bien. 

L'amour tourne parfois au fantasme et la réalité peut finalement décevoir. En tout cas, ce n'est pas Tristan D. Weeber qui viendra dire le contraire dans "Une Lily est une Lily". Lui qui est tombé raide dingue d'amour pour Lily l'étudiante dont il s'est retrouvé rapidement séparé pour une banale histoire de papiers mais dont il a cru retrouvé la réincarnation chez lui sous les traits d'un délicieux fantôme se faisant appeler Lily aux Blanches Mains. GennaRose Nethercott nous propose sa propre réinterprétation du célèbre mythe de Tristan et Yseult. Mais pas question de nous rejouer la tragédie, quoi que la déception pourrait être au bout du chemin et le spectre pourrait bien supplanter la version en chair et en os dans le cœur de Tristan. 

L'amour, c'est aussi la rupture et le manque comme en fait les frais Henrietta lorsque Peter l'a quittée pour sa meilleure amie Claire. Scénario terriblement classique sauf l'épilogue lorsqu'elle se venge de ceux qui l'ont trompée. La trahison est amère et la vengeance est un plat qui se mange froid, c'est bien connu. 

Dans Cinquante fleurs pour te briser le cœur, GennaRose Nethercott nous offre également de drôles de rencontres avec des créatures tantôt improbables, tantôt burlesques. D'ailleurs, son bestiaire merveilleux est plus près de l'horrifique en passant par l'inquiétant et le dérangeant, à l'image du Sorbis ou la Getly. D'aucuns parleront de monstres en regardant leurs représentations, les poils des bras relevés par la chair de poule. 

Justement l'autrice interroge aussi pas mal la figure du monstre dans certaines de ses nouvelles. Celui-ci n'est d'ailleurs pas forcément présent là où on l'attend. Les traits peuvent être trompeur. Ainsi dans "Les prunes de la lisière du monde", le vampire n'apparaît pas comme un être assoiffé de sang comme on pourrait s'y attendre si l'on en croit la légende. Sa sauvagerie a laissé place ici à une vraie bonté d'âme. Drôle de vampire me direz-vous ? En effet. Mais Olivier a décidé de délivrer son prochain de ses tourments uniquement si on lui demande. Ici, les hommes les plus normaux sont souvent les plus redoutables. Le prédateur n'est pas toujours celui que l'on croit. Dans cette nouvelle, GennaRose Nethercott joue avec les codes et renverse les certitudes. Sous sa plume, le vampire devient un objet d'exhibition, un monstre de foire. Il a perdu de sa puissance et avec elle, la crainte ressentie en sa présence s'est dissipée. Ce texte, c'est l'occasion pour l'autrice de rendre hommage au freak show si célèbre au XIXe siècle, et à travers lui, elle démontre sa volonté de redonner vie à toute une esthétique. 

Cinquante fleurs pour te briser le cœur réunit un caléidoscope d'histoires décousues et perturbantes où l'étrangeté flirte avec le saugrenu. 

GennaRose Nethercott donne vie à un univers pour le moins entêtant qui s'affranchit des normes pour mélanger des éléments issus des différents imaginaires et ainsi nous livrer des aventures baroques et totalement perchées.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur La Maison aux Pattes de Poulet

Informations

GennaRose Nethercott
Cinquante fleurs pour te briser le cœur
270 pages
9782226495549
Editions Albin Michel Imaginaire 

Lien vers le site 

10/10/2025

J.R.R. Tolkien La Chute d'Arthur, éditions Pocket Imaginaire

J.R.R.Tolkien, La Chute d'Arthur, éditions Pocket Imaginaire 

En août, les éditions Pocket Imaginaire ont continué sur leur lancée de publier les œuvres de J.R.R. Tolkien. 

Après Beowulf, c'est donc le tour au cycle arthurien d'être mis en valeur à travers le travail réalisé par le maître de la fantasy sur le long poème La Chute d'Arthur

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

La Chute d'Arthur est un poème allitératif inachevé de J.R.R. Tolkien qui parle de la fin du roi Arthur. Il est construit en 5 chants. Le premier évoque la campagne menée par Arthur contre les rois de l'Est alliés à Rome. Le deuxième se focalise sur Mordret en mettant en lumière ses ambitions et son désir tournant à l'obsession pour Guenièvre. Le troisième s'intéresse à Lancelot qui est exilé à Benwick. Il retrace son adultère avec la reine et les conséquences néfastes sur le royaume avec l'apparition de dissensions entre les chevaliers, chacun prenant le parti de Lancelot ou d'Arthur. Le cinquième lui traite des doutes d'Arthur quant à son retour chez lui. 

Mon avis :

Rédigé dans les années 30, ce magnifique poème témoigne de l'intérêt que l'auteur portait aux légendes arthuriennes. Bien que certains le pressaient de le terminer afin de le publier, J.R.R. Tolkien ne s'y ait pas attelé. Pour son fils Christopher, c'est davantage par manque temps que par réel désintérêt. En effet, à l'époque il était également occupé à la rédaction de son ouvrage, La Route Perdue tandis que Le Hobbit, lui, était pour la première fois publié. 

La Chute d'Arthur s'ouvre donc sur le magnifique poème de J.R.R. Tolkien qui nous livre une version plutôt crépusculaire de l'histoire du roi Arthur. Il a pris le parti d'y mettre en valeur la fidélité de Gauvain, la trahison de Mordret, l'infidélité de Guenièvre et de Lancelot. 

Puis, Christopher Tolkien enchaîne sur les sources sur lesquelles reposent les légendes arthuriennes. Il y est notamment question des premières mentions d'Arthur et de son règne à travers L'Histoire des Rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth. L'intérêt est de montrer combien son père s'éloigne de l'histoire de la dernière campagne d'Arthur tel que Geoffroy de Monmouth la raconte. 

En revanche, J.R.R. Tolkien a bien conservé la tradition héroïque des chroniques inaugurée par Monmouth. Dans cette partie, Christopher Tolkien prend le temps d'analyser certains passages-clés du poèmes afin d'en tirer une meilleure compréhension. Il y remet d'ailleurs en perspective certains événements. 

Ensuite, Christopher Tolkien s'intéresse à la partie non écrite du poème en s'appuyant sur les nombreuses notes manuscrites laissées par son père. Il nous donne un aperçu des intentions de J.R.R Tolkien quant à la fin qu'il souhaitait donner à son texte. Il y est bien entendu fait mention d'Avallon puisqu'il s'agit de la fin d'Arthur. Mais, pour J.R.R.Tolkien, c'est aussi le moment de faire le lien avec Le Silmarillion puisqu'Avallon lui a inspiré une autre île devenue célèbre pour les lecteurs du maître de la fantasy, Tol Eressëa

Christopher Tolkien prend ainsi le temps de nous montrer comment les récits de la Terre du Milieu dialoguent avec la Matière de Bretagne et particulièrement La Chute d'Arthur. C'est très éclairant de voir comment les légendes arthuriennes ont nourri l'imaginaire de Tolkien. 

Enfin, Christopher Tolkien conclut longuement sur le long travail réalisé par son père en analysant les évolutions que ce dernier a données aux différents chants de son poème. Cette partie est assez longue et reflète bien la complexité de la tâche. Aussi, grâce à l'investissement de Christopher Tolkien, on pénètre dans la tête de J.R.R Tolkien. On fait notamment face à ses difficultés, à ses revirements, à ses ratures et à ses avancées tout au long de son processus d'écriture. C'est une autre manière de découvrir l'œuvre de J.R.R.Tolkien qui s'avère fort intéressante au demeurant. 

Pour conclure :

La publication de La Chute d'Arthur, c'est l'occasion de découvrir une nouvelle facette de l'écriture de J.R.R Tolkien tout en renouant avec l'un des plus incontournables mythes qui a tant marqué la littérature.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Beowulf, Les Étymologies, Le Silmarillion, Le Hobbit, Les Enfants de Hurin, La Chute de Gondolin et Beren et Luthien.  

Informations

J.R.R. Tolkien
La Chute d'Arthur
244 pages
9782266344876
Editions Pocket Imaginaire

Lien vers le site

07/10/2025

Estelle Faye, L'Héritier des Fées, éditions Nathan

Estelle Faye, L'Hériter des Fées, éditions Nathan

Estelle Faye est une autrice très prolifique des littératures de l'imaginaire. Elle écrit autant pour la jeunesse que pour un public adulte. Fantasy, fantastique, postapocalyptique, science-fiction, elle maîtrise tous les genres. Elle est de retour cette année avec un roman de fantasy historique intitulé L'Héritier des Fées

Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie les éditions Nathan pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Tristan vit paisiblement dans le castel de son père le chevalier d'Arpégeac avec son frère Aymeric, perché au cœur de la Montagne Noire en Occitanie. Sauvageon il préfère se perdre dans la nature et partager la compagnie des petits êtres féériques qu'il perçoit grâce à sa nature. En effet, il est aussi le fils d'une fée, une Hadè. Il l'ignore encore mais une grande menace pèse sur la région car le roi de France, par l'intermédiaire de son bras armé, l'ordre des Cisterciens, compte étendre son influence sur l'Occitanie en usant de la force si nécessaire. Au vu de cette montée de violence, son frère aîné décide de s'engager à la défense de leur terre natale et quitte le castel. Ce départ laisse un vide immense dans le cœur de Tristan et quand une nouvelle menace vient frapper à la porte du domaine sous la forme de deux moines cisterciens désirant faire main basse sur leurs terres, cela en est trop pour le jeune garçon. Il décide de partir à la recherche de son frère afin qu'il vienne défendre leur héritage familial. Mais le retrouvera-t-il dans ce contexte de plus en plus tendu ?

Mon avis :

L'Héritier des Fées prend cadre aux heures sombres de la Croisade Albigeoise. Celle-ci a été lancée par l'Église catholique contre le catharisme considéré comme de l'hérésie. Le catharisme se localisait surtout en Languedoc qui, à l'époque, était dominé par deux familles, la maison de Toulouse et la maison Trencavel. Malheureusement faute d'entente entre les deux, Raymond VI de Toulouse a accepté de se croiser tandis que Raimond-Roger Trencavel, lui, a choisi la lutte. Cette croisade s'est déroulée de 1209 à 1229. Elle a vite évolué en guerre de conquête, d'abord menée par les évêques locaux, puis reprise par l'inquisition elle-même. 

Ce schisme est né du rejet de la religion catholique pour cette foi croyant à l'existence du bon dieu et du mal, à travers la figure de Satan. Pour les Cathares, la création du monde est imparfaite et relève du mal, d'où leur souhait de faire vœu de pauvreté et leur volonté de s'extraire de leur prison charnelle pour rejoindre Dieu. 

Voilà qui pose le décor de ce roman avec un contexte politique et religieux propice à une intrigue remplie de tension et de mystères. 

D'autant qu'Estelle Faye n'hésite pas à puiser dans le folklore local pour nourrir son récit. Ainsi, entre ses lignes, la figure de la fée prend les traits de l'Hadè, connue aussi sous le nom d'Hada dans les Pyrénées désignant tout simplement une fée des montagnes. Il est aussi question d'un Tartaro se promenant dans les montagnes occitanes et faisant clairement référence à ce personnage aussi inquiétant qu'énigmatique de la mythologie Basque se délectant de la chair des chrétiens. Sans oublier, les petits dracs des rivières qui accompagnent souvent le jeune Tristan dans ses virées là-haut dans la montagne et dont l'origine régionale l'a naturellement imposé comme créature surnaturelle. 

La magie se mêle harmonieusement à l'Histoire. Celle-ci est très éthérée se manifestant par petites touches. Elle accompagne le texte sans pour autant éclipser l'histoire de ses personnages. L'intérêt étant ici de mettre en lumière ce terrible épisode qui a endeuillé cette région du sud au 13e siècle et de rappeler les ravages que les croyances peuvent susciter, notamment lorsqu'elle prédomine et qu'elle craint d'être supplantée. 

L'Héritier des Fées est un récit puissant qui parle de persécutions et d'intolérance. Il met en scène un jeune garçon naïf qui découvre un monde violent où des gens se font massacrer pour leurs croyances. La paix de ses montagnes a laissé la place au feu au sang. La peur s'accompagne souvent de trahison d'autant qu'un climat de suspicion s'est peu à peu abattu sur sa terre natale. L'histoire est prenante et le destin de ce gamin est poignant. 

Estelle Faye se fait à nouveau l'autrice d'un texte rempli d'émotions car il nous est impossible de rester indifférent à la détresse de Tristan parti sur les routes pour retrouver son frère disparu. C'est donc aussi un roman d'apprentissage puisqu'on y retrouve un jeune héros en quête d'identité. En effet, à défaut de retrouver son frère, le long chemin parcouru va lui forger une personnalité et lui donner la maturité nécessaire au passage de l'enfance à l'âge adulte. 

Comme souvent en littérature jeunesse, l'importance de l'amitié est mise en avant. Ici, c'est d'ailleurs un bien précieux qui va servir Tristan pour aller au bout de sa mission. C'est clairement un personnage attachant. L'autrice le malmène bien, notamment pour le faire grandir. L'amour qu'il voue à son frère est particulièrement touchant. Il est bien travaillé et intéressant à suivre. 

Avec L'Héritier des Fées, Estelle Faye nous offre une inoubliable incursion en pays cathare tissée de mystères et de fureur. L'écrin proposé par les éditions Nathan est juste fabuleux auréolé d'un très beau jaspage sur la tranche du livre. 

Pour conclure :

Alors, quoi de mieux qu'un si beau livre-objet pour porter une histoire que l'on n'est pas prêt d'oublier. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog, mes avis sur : Les Ombres de Willowthorne, Widjigo, Hollywood Monsters, Un Reflet de Lune, Un Eclat de Givre, Les Seigneurs de Bohen et Les Révoltés de Bohen

informations

Estelle Faye
L'Héritier des Fées
9782095037949
400 pages
Editions Nathan

Lien vers le site

01/10/2025

John Crowley, Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, éditions L'Atalante

John Crowley, Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, éditions L'Atalante 

John Crowley est un auteur américain science-fiction et de fantasy. Sa bibliographie est déjà riche d'une quinzaine de romans sans  oublier ses nombreuses nouvelles et autres essais également parus. 

Son roman de fantasy, Le Parlement des Fées, paru initialement en 1981, a remporté le prix World Fantasy du meilleur roman et lui confère ainsi la célébrité.

Alors que certains de ses illustres titres sont déjà parus chez eux, les éditions L'Atalante continuent sur leur lancée et nous proposent, depuis le 28 août, la réédition de cet éminent titre sous l'intitulé de Petit, Grand ou Le Parlement des Fées et dans une très belle version reliée et illustrée par Thibault Daumain

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Il existe un lieu caché, une demeure ancestrale qui ne peut être rejointe qu'à pied en suivant une série d'indications précises. C'est là que doit se rendre Fumy Granger s'il espère pouvoir épouser sa future femme, Daily Alice. Le protocole est bien étrange mais le jeune Fumy s'y conforme bien car il ne désespère pas d'épouser sa belle. Seulement il en ignore encore toutes les conséquences et finalement ne va-t-il pas regretter d'avoir pénétré dans ce monde étrange ? 

Mon avis :

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un roman de fantasy où l'on foule une terre hors du temps, appelée L'Orée du Bois. C'est un lieu magique rempli de mystères. On y trouve une grande demeure construite par un célèbre architecte. Immense, elle dissimule de nombreuses pièces. Certaines sont secrètes, d'autres non. Elle est un refuge pour une poignée d'élus et un rempart pour une nature préservée. Son existence fascine tous ceux qui y pénètrent. C'est également le premier élément singulier de ce récit lui conférant d'emblée son caractère surnaturel car n'y a t-il pas une magie à l'œuvre derrière sa présence ? En tout cas la question se pose. 

En outre, elle abrite une très grande famille dont on retrouve l'arbre généalogique magnifiquement illustré en début et fin d'ouvrage. Petit, Grand ou Le Parlement des Fées, c'est avant tout une histoire familiale où chaque membre a ses propres secrets sans pour autant avoir prise sur son destin car celui-ci est décidé par le Conte. En effet, c'est bien là l'originalité de cette histoire car les décisions prises par les personnages semblent toutes influencées par ce que les anciens appellent le Conte. Ainsi, tout est déjà écrit d'avance et la destinée de chacun des membres de cette étrange famille n'est là que pour nourrir son existence et lui conférer le pouvoir nécessaire pour perdurer dans le temps. Chaque évènement est donc prédit par l'intermédiaire de cartes de tarot qui semblent ensorcelées pour annoncer la marche à suivre. 

John Crowley donne, par conséquent, vie de manière magistrale à ce "il était une fois" propre à ce genre littéraire. Son récit redonne au merveilleux toutes ses lettres de noblesse car on touche ici à l'authenticité des mythes des légendes qui servent de berceau nourricier à la fantasy

C'est un récit qui prend son temps. L'auteur nous offre une véritable balade littéraire très contemplative qui tend davantage vers l'ode à la nature plutôt qu'à la grande épopée. Pour autant, le texte reste beau et ensorcelant. La plume de John Crowley est si poétique. Il aime jouer avec les frontières entre l'onirisme et la réalité. Avec lui, on ne sait jamais quelle créature va-t-on rencontrer au détour du chemin.  

L'auteur y confronte une nature menacée face une urbanisation dévorante. La grisaille s'oppose au verdoyant pour mieux alerter sur les dangers d'un excès de trop de modernité. John Crowley porte ici le même propos que J. R. R. Tolkien sur les ravages de l'industrialisation. 

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un récit politique qui traite de la question écologique et climatique. 

L'auteur joue également beaucoup sur les émotions en mettant notamment en scène des personnages entiers, animés par de puissants sentiments. Aussi, les relations familiales occupent le cœur de cette intrigue car l'auteur y explore leurs complexités et leurs ambiguïtés, voire leurs dérives. 

Ce texte est d'une grande richesse qui va même jusqu'à aborder les abus perpétrés par certaines âmes tourmentées ainsi que les traumatismes enfouis. 

Les protagonistes ne manquent pas entre ces lignes et chacun d'entre eux y va de ses forces et ses failles. Leurs destins donnent vie au Conte au point de les rendre tous très intéressants à nos yeux. Ainsi, on ne résiste pas à ce jeune Fumy prêt à se plier aux exigences farfelues de l'entourage de celle qu'il aime. Il va tout donner à cette demeure et à cette famille et ainsi faire perdurer la tradition en commençant par renoncer à son libre arbitre. Il incarne une certaine loyauté. 

Pour conclure :

Petit, Grand ou Le Parlement des Fées est un roman dense, immersif qui nous conte une histoire calquée sur la grande Histoire. En effet, derrière cette banale aventure, John Crowley se fait le critique d'une société soumise à ses démons privilégiant la destruction et la facilité. Avec ce roman, il signe une fantasy à la saveur d'antan. Ensorcelant, tout simplement.

Fantasy à la Carte

Informations
John Crowley
Petit, Grand ou Le Parlement des Fées
9791036002359
768 pages
Editions L'Atalante

Lien vers le site

19/09/2025

Víctor Santos, Fahrenheit 451, collection Ithaque, Les Nouvelles éditions ActuSF

Víctor Santos, Fahrenheit 451
collection Ithaque, 
éditions Les Nouvelles éditions ActuSF 

Les Nouvelles éditions ActuSF se lancent dans la bande dessinée et pour l'occasion inaugure une nouvelle collection intitulée Ithaque

Le premier titre à paraître n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de l'un des chefs de la science-fiction, Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, paru initialement en 1953. 

L'adaptation de cette célèbre dystopie nous est proposée par le dessinateur et scénariste espagnol Víctor Santos. 

Il a débuté dans la bande dessinée avec Gajin en 1999 parodiant les films d'action made in Hong-Kong, puis s'est fait connaître grâce à sa série d'heroic fantasy, Los reyes elfos, et a dernièrement collaboré avec des franchises telles Marvel ou DC comics

Il est de retour aujourd'hui avec une excellente adaptation qui met en lumière tout son talent. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Guy Montag est pompier au sein de l'unité Fahrenheit 451. Maintenant que tous les logements sont ignifugés, les pompiers n'interviennent plus pour éteindre les incendies des bâtiments mais plutôt pour les allumer afin de détruire les livres qui sont aujourd'hui proscrits afin de protéger le monde de leurs méfaits. Seulement face à l'acharnement de certains à vouloir sauver leurs livres de la destruction au risque de perdre la vie, Guy s'interroge de plus en plus sur les raisons de tels agissements. Or, c'est en voulant comprendre qu'il va se mettre lui-même en danger. Pour autant, ira-t-il jusqu'au bout de sa démarche ? 

Mon avis :

Fahrenheit 451 se déroule dans une Amérique du futur où les gens se sont progressivement désintéressés de la culture au point de la voir disparaître. Le livre est même devenu l'ennemi public numéro 1 à traquer et détruire. Ainsi, le rôle du pompier a été dévoyé pour servir un système qui pour garder son pouvoir, doit maintenir la population loin de la connaissance. Or, celle-ci se transmet principalement par la lecture, d'où ce crime d'autodafé qui est perpétré tout au long de ce récit. Le savoir est une arme dont veulent se prémunir à tous prix les élites qui gouvernent. C'est la raison pour laquelle les livres et leurs enseignements sont en voie d'extinction au profit des écrans diffusant des programmes calibrés pour transmettre une pensée unique. 

Ainsi, le très avant-gardiste Ray Bradbury avait pressenti les dangers qui guettaient les peuples et alertaient déjà en son temps sur les dangers d'une société uniformisée, sans esprit critique, sans mémoire maintenant le monde dans un esclavage technologique.

Au regard des évolutions de notre société, la publication d'une telle œuvre est particulièrement à-propos. 

En outre, le choix de proposer Fahrenheit 451 au format illustré a le double intérêt de mettre en exergue une œuvre majeure de science-fiction que les jeunes générations ne connaissent pas forcément tout en la faisant re-découvrir à un public averti sous un regard neuf. 

Fahrenheit 451 est un récit engagé d'une grande pertinence. Mettre des images sur les mots si percutants de Ray Bradbury est très bien vu. 

D'autant que Víctor Santos a su donner vie à ce monde crépusculaire avec beaucoup de talent dans le choix des couleurs et dans le design des personnages. 

Toute l'essence du roman de Ray Bradbury est parfaitement retranscrite dans cette bande dessinée. L'atmosphère oppressante est là. Elle transparait aussi bien par les collègues intrusifs du personnage principal que par la délation des voisines mais aussi par ces effrayantes machines chargées de traquer les dissidents. 

Tous les temps forts du roman apparaissent bien ici. C'est une bande dessinée tournée vers l'action. La lecture est très dynamique et bien immersive. Elle m'a fait re-découvrir une œuvre que je n'avais pas su apprécier à sa juste valeur à ma première lecture du roman. 

C'est du très bel ouvrage, de grande qualité autant du point de vue du fond au vu des choix faits par Víctor Santos que de la forme car cette bande dessinée est belle et généreuse puisqu'elle compte 160 pages. 

Les Nouvelles éditions Actusf ont opté pour un ouvrage très qualitatif aux très nombreuses planches. Il fallait bien un tel format pour rendre hommage à ce roman exceptionnel de science-fiction. Le produit fini est très réussi riche de belles pages bien épaisses et rend bien hommage à ce récit intemporel de science-fiction. 

Pour conclure :

Glaçante et palpitante, cette bande dessinée saura vous happer que vous soyez un amateur de Ray Bradbury ou non car Víctor Santos y a réunit tous les ingrédients visuels et narratifs qui font de cette bande dessinée un véritable succès. Préparez-vous, il sort en librairie le 23 septembre. 

Fantasy à la Carte

Informations

Víctor Santos
Fahrenheit 451 
Collection Ithaque 
160 pages
9782376867067
Les Nouvelles éditions ActuSF

Lien vers le site