L'influence du "gaming" à la littérature

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16/10/2024

Liz E. Myers, Quiches,Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society

Liz E. Myers, Quiches, Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society 

Autrice d'Imaginaire, Liz E. Myers enchaîne les titres d'urban fantasy  mêlant le contemporain à des notes fantastiques pour réenchanter notre présent. 

Elle est l'invitée du prochain "Mois de" de Book en Stock, ce qui me donne l'occasion de faire connaissance avec cette signature que je ne connaissais pas encore.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Dupinette et Emma Phooka d'avoir accepté ma candidature, ainsi que Liz E. Myers pour l'envoi de ce service de presse dédicacé. 

Au milieu de sa bibliographie qui commence à bien se remplir, mon choix s'est porté sur son dernier roman, The Art of Flowers car le pitch m'a de suite attiré.

Résumé :

Cela fait 3 ans que Capucine est retournée vivre dans sa ville natale. Elle y a ouvert un café librairie. Avec le printemps, c'est le retour du festival des fleurs, un grand évènement qui attire beaucoup de touristes et est l'occasion pour les commerçants locaux d'améliorer leur chiffre d'affaires. Justement cette année Capucine a embauché un apprenti pour l'aider. Elle compte  notamment sur son physique avenant pour tripler sa clientèle, notamment féminine. Une stratégie qui aurait pu fonctionner si tout n'était pas mal partie dès le départ avec son employé. Or, comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'un crime est perpétré. Rien ne va donc plus à Flowers. 

Mon avis :

Avec Quiches, Acrylique et Fantômes butés, Liz E. Myers signe un premier tome d'une saga de cosy mystery teintée de fantastique. On y retrouve les éléments incontournables du genre, le cadre idyllique d'une petite bourgade, le décor d'un café librairie ou salon de thé, une série de meurtres non sanglants à laquelle le ou la protagoniste principal est associé bien involontairement et une petite romance qui se dessine en filigrane de l'intrigue.

A cela Liz E. Myers a ajouté une dimension onirique qui prend la forme du don de divination de son héroïne qui voit et communique avec les défunts. Dès le début du récit, elle est parasitée par un esprit qui la supplie de faire ouvrir une enquête sur son décès. En effet, celui-ci a trouvé la mort lors de l'incendie criminel de la grange d'un notable. Puis, un second meurtre est perpétré perturbant le bon déroulé des festivités et la tranquillité de Capucine. Voilà qui donne un ton ubuesque à l'aventure promettant d'être quelque peu rocambolesque. 

Aussi, on est autant titillé par l'aspect mystérieux des meurtres que par les joutes verbales entre certains personnages. 

Liz E. Myers nous emmène progressivement vers un triangle amoureux dans lequel l'héroïne est propulsée bien malgré elle. Entre les non-dits du passé, la révélation de personnalités plus complexes et le danger qui rôde dans la ville, tout se met en place pour créer une tension et qui sait, peut-être faire surgir la passion. 

Au-delà du ton léger à travers certaines situations désopilantes, The Art of Flowers nous parle de famille et d'amitié en explorant le relationnel dans ses difficultés ainsi que les traumatismes familiaux. 

C'est un texte drôle et bien écrit qui fait le job car on passe un excellent moment en le lisant. De plus, l'autrice a soigné autant le fond que la forme puisqu'elle nous le propose dans le très bel écrin d'un relié à la mise en page bien faite et auréolée d'en-têtes de chapitres fort à-propos. L'objet livre est une vraie réussite et c'est un vrai plaisir que de l'avoir entre les mains. 

Liz E. Myers s'appuie sur un excellent trio de protagonistes pour porter son intrigue. Il y a Capucine. Jeune femme indépendante, entrepreneuse qui a mis toutes les chances de son côté pour réussir sa saison. Bien qu'elle entretient une relation houleuse avec sa mère, elle demeure très pétillante et se révèle pleine d'audace pour surmonter les difficultés que la vie lui a réservées. Elle va vite se retrouver dépassée par son petit stratagème commercial et se retrouver confrontée à un jeu de séduction plus engageant que prévu. A ses côtés se tiennent deux hommes bien différent l'un de l'autre. Il y a d'abord Asher qui cache derrière son physique avantageux une vraie profondeur. Il se révèle être un véritable ami, une épaule solide sur laquelle se reposer, pour Capucine même si cela n'était pas flagrant au début de leur histoire. Quant à Tim, derrière son caractère ombrageux et renfrogné du fait de son passif avec Capucine se cache un esprit chevaleresque qui promet quelques situations savoureuses. 

Pour conclure :

Avec The Art of Flowers, Liz E. Myers signe un texte drôle, tendre et captivant. C'est clairement un coup de cœur pour moi car j'attends déjà la suite avec grande impatience. Retenez bien ce nom car c'est une signature qui mérite qu'on s'y intéresse de très près. Merci à Dup et Phooka pour la découverte, je suis aux anges.

Fantasy à la Carte

Informations

Liz E. Myers
Quiches, Acrylique et Fantômes butés
T.1
The Art of Flowers
Phenix Society

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13/10/2024

Aurélie Haderlé, Malemort, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Aurélie Haderlé, Malemort, éditions ActuSF 

Aurélie Haderlé est une autrice française qui apprécie autant les littératures de l'Imaginaire que la romance ou le roman régionaliste. 

Après une premières incursion au sein de la mythologie nordique, elle réitère l'expérience et nous propose un nouveau titre intitulé Malemort qui est sorti en septembre dernier chez Les Nouvelles éditions ActuSF

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent de m'avoir envoyé ce service de presse dédicacé. 

Résumé :

Après le meurtre de son mari et la mise à sac de son village, la chamane Gyda n'a pas d'autre choix que de s'enfuir en emportant avec elle l'un de ses fils, le seul qu'elle a pu sauver. Elle a trouvé refuge au cœur de la forêt et a décidé d'ôter tous les souvenirs à son fils dans le but de le protéger. Seulement, on échappe pas si facilement à son destin. Rattrapé par son passé, Roderik s'est lancé dans une croisade afin de combler les zones d'ombre de sa mémoire et honorer les siens.

Mon avis :

Malemort prend cadre au Xe siècle en Norvège à la période charnière où le christianisme prend le pas sur les anciennes croyances sous le règne d'Olaf Ier. C'est suite au meurtre du jarl Hakon Sigurdsson qu'il s'empare de la Norvège et entreprend la christianisation forcée du pays, en dépit de la forte résistance que les Vikings lui oppose. On lui attribue notamment la construction de la première église de Norvège, en 995 et la fondation de la ville de Trondheim. 

L'autrice va s'appuyer sur ce contexte houleux piqué de grandes tensions pour nourrir son intrigue. Ainsi, à la cour d'Olaf, alors qu'un homme d'Eglise est présent, un certain proche du roi insiste pour conter une saga légendaire à la manière de la plus célèbre des pays nordiques, la Völsunga. C'est l'occasion pour Aurélie Haderlé de revisiter la mythologie viking qui vient colorer son univers d'un puissant onirisme. En effet, la magie qui habite les pages de ce roman est liée à Odin pour ce qu'il représente car il est le dieu de la guerre. N'oublions pas que les Vikings perçoivent la vie comme un champ de bataille où la bravoure et l'honneur sont primordiaux. Leur destin est choisi par les Nornes et tous aspirent à rejoindre le Valhalla, le paradis des guerriers morts honorablement au combat grâce à l'intervention des Valkyries qui viennent les chercher afin qu'ils participent à l'ultime bataille dit le Ragnarök sous la houlette de leur dieu tutélaire Odin. Or, l'autrice réinvestit ces éléments majeurs de cette mythologie en nous immergeant notamment dans une quête de vengeance nécessaire pour permettre à de nobles guerriers lâchement assassinés de trouver le chemin de leur Eden.

Au fil des pages les rencontres avec les créatures merveilleuses se succèdent. La forêt est ici un lieu enchanté, fief d'une sorcière qui maintient son petit monde captif d'un charme. Ensorcellement qui peut d'ailleurs être rompu par le toucher d'un objet en fer rappelant ainsi la croyance que le fer ou l'acier effrayaient ces figures et créatures mythologiques. 

Plus qu'une histoire de revanche, Aurélie Haderlé a tissé son texte autour d'une quête d'identité en mettant également en lumière le poids du destin. C'est une notion fondamentale pour les nordiques et a donc clairement toute sa place ici. On ne peut y échapper en dépit des détours que la vie nous fait emprunter, celui-ci demeure inéluctable. Derrière ce roman d'aventure, l'autrice évoque  l'importance des liens familiaux et de ses racines pour la construction de soi et la projection vers son futur. 

Enfin, Malemort parle sans surprise de la mort et se pare donc d'une dimension philosophique, à travers notamment le respect dû aux défunts. Pour les Vikings, la mort n'est qu'un état mais pas une fin en soi. L'existence n'est qu'un éternel recommencement. 

Ce roman est donc riche à plus d'un titre. Il s'appuie sur une communauté de héros dont la naissance a été annoncée par les Dises. Ils ont un rôle majeur pour écrire la destinée d'une nation à pleine mutation. Roderik est un personnage intéressant qui va être quelque peu malmené et dont l'oblitération des souvenirs va le conduire à emprunter des chemins de traverse avant d'embrasser sa destinée.

Pour conclure :

Le récit est d'une grande fluidité, très plaisant à lire d'autant qu'on est sur de la fantasy nordique qui s'accorde finalement parfaitement à cette période automnale. Il n'y a donc plus qu'à, n'est-ce pas ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Aurélie Haderlé
Malemort
Collection Bad Wolf
9782376866572
328 pages
Editions ActuSF 

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09/10/2024

Laurent Queyssi, Big Sur, éditions 1115

Laurent Queyssi, Big Sur, éditions 1115

Romancier, scénariste de bandes dessinées et traducteur, Laurent Queyssi est un touche-à-tout dont la bibliographie déjà bien fournie compte une dizaine de romans, une vingtaine de nouvelles, deux essais et une dizaine de bandes dessinées. 

Sa dernière novella intitulée Big Sur vient de paraître aux éditions 1115. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce service de presse qui me donne l'occasion de découvrir une plume que je ne connaissais pas encore.

Résumé :  

Lasse d'enchaîner manuscrit sur manuscrit avec plus ou moins de succès, Scott Pulver a perdu l'inspiration. N'arrivant pas à terminer son roman en cours, il compte bien informer son éditeur de son souhait de raccrocher. Seulement le patron de Fiction press ne veut rien entendre et le renvoie chez lui avec une semaine de délai supplémentaire pour terminer son livre. Or, en sortant il se heurte à deux malotrus à la mine patibulaire. L'incident aurait pu s'arrêter là  sauf qu'arrivé au pied de l'immeuble, il se retrouve face à son éditeur écrasé à ses pieds après avoir été défénestré. Dès lors pour Scott Pulver, l'heure est à l'urgence de se mettre à l'abri avec sa famille. Mais sera-t-il seulement en sécurité quelque part ?

Mon avis :

Big Sur est une novella qui mêle les trois ingrédients favoris de Laurent Queyssi, à savoir la science-fiction, le thriller et l'horreur. 

Big Sur est un conte moderne qui nous plonge dans les difficultés d'un auteur en mal d'inspiration et rattrapé par des problèmes personnels. Véritable road trip au cours duquel le personnage principal tente d'échapper à ses poursuivants, deux malfrats qui ne souhaitent qu'une chose : éliminer le témoin gênant qu'il représente. Voilà de quoi donner du rythme au texte avec un protagoniste qui sillonne l'Amérique jusqu'à atteindre le ville de Big Sur où il s'est mis en tête de remettre le manuscrit qu'il est en train d'écrire à un ami éditeur. 

Chemin faisant, les rencontres fantasmagoriques vont se multiplier. En effet, monstres, zombies, créatures démoniaques se succèdent pour mettre des bâtons dans les roues de Scott Pulver. 

Tantôt ubuesque, tantôt horrifique, l'imaginaire de Laurent Queyssi est pour le moins baroque et nous livre une aventure hors normes. 

Néanmoins, en dépit du ton décalé de sa novella, l'auteur a ponctué son texte de thématiques sérieuses et de sujets d'actualité. En effet, en choisissant de mettre en scène un écrivain comme personnage principal, Laurent Queyssi met surtout en lumière le statut très précaire de cette profession en rappelant sa maigre rémunération et son positionnement en bout de chaîne du livre bien qu'il soit à l'origine dudit produit. Une réalité portée par quelques auteurs sur le devant de la scène médiatique qui se battent pour bouger les lignes et obtenir enfin une amélioration notable des conditions d'exercice de cette profession. 

En outre, l'auteur évoque également le sujet délicat de la maladie et du déni que celle-ci peut parfois susciter chez certaines personnes. Il met en exergue le refus de se reconnaître malade et peut-être condamné choisissant de facto la fuite en avant. En cela, ce texte se teinte d'une certaine gravité dans le ton à travers ce personnage en souffrance qui va passer par plusieurs phases psychologiquement difficiles, à savoir le déni, le repli sur soi puis l'acceptation. 

Derrière un humour cocasse, Laurent Queyssi signe un texte fouillé qui explore la psyché humaine lorsqu'elle est confrontée à des drames personnels bouleversants. 

La lecture de Big Sur m'a donc permis de découvrir une signature de l'imaginaire que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire, même si ce nom ne m'était pas totalement inconnu. 

C'est une novella étonnante, pleine de rebondissements et de bifurcations qui laissent un peu les lecteurs sans voix car tout prend une tournure des plus inattendues. 

Pour conclure :

Que vous connaissez ou non l'auteur, si vous avez envie de vous plonger un moment dans une histoire divertissante, cette novella vous comblera, j'en suis certaine.

Fantasy à la Carte

Informations

Laurent Queyssi
Big Sur
9782385630294
136 pages
Editions 1115

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06/10/2024

Jean-Philippe Jaworski & Melchior Ascaride, Désolation, éditions Les Moutons électriques

Jean-Philippe Jaworski & Melchior Ascaride, Désolation
éditions Les Moutons électriques 

Grande figure des littératures de l'Imaginaire et du jeu de rôle, Jean-Philippe Jaworski n'a jamais cacher son admiration pour J.R.R. Tolkien et ses œuvres. Si l'on veut une preuve, il suffit de regarder du côté de Tiers Age, un jeu de rôle gratuit sur La Terre du Milieu ou encore s'intéresser à son récit Désolation, paru d'abord chez Mnémos en 2011, puis chez Les Moutons électriques en 2020. 

Comme c'est un texte cher au cœur de l'éditeur, il vient de le rééditer, toujours au format d'un très beau graphique publié dans la très belle collection La Bibliothèque Dessinée.  

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Sous l'égide du thane de Diggenhlaew, une compagnie de guerriers nains et de gnomes s'engage sous la montagne du Kluferfell, à l'assaut des galeries souterraines. Bien que bardés de fer, ils n'en mènent pas larges car ils craignent de réveiller l'entité tapie. Le moindre bruit risque de trahir leur position et les livrer à une fin funeste. D'autant qu'il semblerait que plus d'une créature évolue sous terre. A ces conditions, peuvent-ils seulement espérer tous s'en sortir ? Rien n'est moins sûr. 

Mon avis :

Désolation est un court récit de fantasy écrit dans le but de rendre hommage à J.R.R Tolkien. Le titre en lui-même est très évocateur puisqu'il fait référence à la désolation de Smaug. Or, justement une menace tapie hante ces lieux et cause un grand effroi à la compagnie. On ne peut donc qu'avoir l'image d'un dragon faisant de ces mines son fief. Ainsi, bien qu'absent physiquement une peur diffuse et viscérale s'empare tout de même de chaque membre de cette troupe pour mieux les troubler et les pétrifier. 

La tension va vite monter et le bain de sang n'est pas loin, surtout que d'autres créatures se précipitent à leur rencontre. 

En effet, attaqués par des gobelins, ils n'ont pas d'autres choix que de monter à l'assaut. Ces attaques de gobelins sont clairement un clin d'œil aux affrontements de la communauté de l'anneau avec les orques et les gobelins au cœur de la Moria. 

Tout comme J.R.R. Tolkien, Jean-Philippe Jaworski table aussi sur des scènes très visuelles. Ainsi, il emprunte les mêmes ingrédients que le maître de la fantasy pour nous livrer un récit très épique. 

Désolation est un roman d'aventure au ton guerrier qui prend cadre dans le Vieux Royaume imaginé par Jean-Philippe Jaworski. 

La plume est comme d'habitude très enlevé en mêlant les ambiances, tantôt mystérieuse, tantôt horrifique. 

L'auteur joue sur les rebondissements jusqu'à y ajouter un soupçon de trahisons pour faire bonne mesure et ainsi tenir les lecteurs en haleine. Le but est atteint car on ne voit rien venir, sans doute trop captivé par les illustrations de Melchior Ascaride.

Silhouettes sombres, visages grimaçants et yeux effarés égrènent les pages de ce livre et portent ce texte en lui donnant toute sa palette de couleurs qui viennent jouer sur les émotions suscitant peur et intrigue. 

En accueillant ce récit au sein de La Bibliothèque Dessinée, Les Moutons électriques signent leur volonté de mettre à l'honneur un livre à fort potentiel. Le résultat est réussi car c'est une publication très soignée. Ce relié est de belle facture réhaussé par les nombreux dessins d'un artiste très talentueux au style inimitable.

Pour conclure :

Cette collection de graphiques est bien trop stylée pour passer à côté. Alors n'hésitez pas et laissez-vous tenter par l'une ou l'autre de ces aventures. Si vous aimez l'œuvre de J.R.R. Tolkien pourquoi ne pas lire du Jaworski sous un jour nouveau ? 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Gagner la Guerre, Le Chevalier aux Epines, Le Conte de L'Assassin, Le Débat des Dames et Les Fauteurs d'ordre.

Informations

Jean-Philippe Jaworski
Melchior Ascaride
Désolation
La Bibliothèque Dessinée
9782361839437
146 pages
Editions Les Moutons électriques

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01/10/2024

Margaret Killjoy, L'Agneau égorgera le lion, collection RéciFs, éditions Argyll

Margaret Killjoy, L'Agneau égorgera le lion
collection RéciFs, 
éditions Argyll 

Après Mu Ming et son très beau texte du Bracelet de Jade, c'est au tour de Margaret Killjoy de rejoindre la très ambitieuse collection RéciFs des éditions Argyll. 

Pour avoir lu et grandement apprécié Un Pays de Fantômes, je connais déjà la qualité de cette signature de l'Imaginaire et ne pouvais donc pas passer à côté de la lecture de ce court récit.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Simon et Xavier pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après le suicide de son meilleur ami, Danielle Cain décide de se rendre dans la petite ville de Freedom dans l'Iowa, peuplée d'anarchistes, pour comprendre les raisons de son geste. Mais sa venue n'est pas au goût de tous d'autant qu'elle vient de découvrir qu'ils ont invoqué un esprit sans fin pour protéger la communauté. Or, celle-ci ne fait pas dans la dentelle en éclaircissant quelque peu leurs rangs. Plus que de faire le jour sur une mort suspecte, c'est toute une population qu'elle va devoir sauver, parfois bien malgré elle. 

Mon avis :

L'Agneau égorgera le lion est une novella de fantasy qui nous emmène dans une petite bourgade perdue de l'Iowa en proie à de la sorcellerie. En effet, une entité a été invoquée pour protéger le groupe. Celle-ci prend la forme d'un cerf à trois cornes terrifiant. Il incarne un esprit justicier implacable qui se repaît au sens viscéral de toutes les formes de menaces. Il apparaît toujours de jour et est parfois accompagné par d'autres créatures ressemblant à des cadavres animés. Leurs présences instillent une dimension horrifique au texte. Il en ressort une ambiance lourde et pesante qui se met au diapason des peurs diffuses ressenties par le personnage principal. Les morts violentes qui émaillent les pages de ce récit font monter la tension crescendo jusqu'au dénouement. Ainsi, la fantasy de Margaret Killjoy se teinte d'épouvante associée à quelques notes de thriller. 

Comme dans chacun de ses textes, la plume de cette auteurice est porteuse d'un propos politique engagé. En effet, iel se plaît à déconstruire le modèle social imposé par les pouvoirs en place pour proposer à la société une autre manière de fonctionner. 

En outre, Margaret Killjoy questionne habilement la notion d'anarchie qui, contrairement aux idées reçues, n'est pas forcément synonyme de chaos. Dans L'Agneau égorgera le lion, l'auteurice interroge la place de la liberté dans une société encartée par un carcan rigide de lois et propose un autre vivre ensemble qui n'a, bien entendu, d'intérêt que si nul ne prend le pouvoir. En cela, iel a bien conscience des limites de son utopie. De même, Iel dénonce également l'autorité et l'arbitraire qui nient les existences individuelles au profit d'un diktat auquel se conformer. 

De plus, Margaret Killjoy met en exergue les persécutions et les injustices que subissent les communautés anticonformistes. 

L'Agneau égorgera le lion est riche de propos pertinents qui tracent de nouvelles perspectives pour redessiner un futur digne où le terme "révolution" ne serait pas vain. 

Justice, liberté et égalité sont autant de thématiques que Margaret Killjoy se plaît à explorer entre ces lignes. 

Iel signe un nouveau récit coup-de-poing plein de vérité et de justesse. C'est clairement un récit d'une grande puissance que l'on a du mal à lâcher, d'autant qu'il est emmené par une communauté de personnages plutôt hauts en couleurs et très attachants. 

Parmi eux, il faut, bien évidemment, citer la narratrice principale Danielle Cain. Partie en quête de vérité, c'est dans une croisade bien plus vaste qu'elle se retrouve enrôlée car il s'agit ni plus ni moins de comprendre ce qui menace la communauté de Freedom pour mieux la sauver. Elle en ressort grandie et nettement plus forte car elle a pris conscience de la force du nombre. En se frottant aux autres, elle prend la mesure de l'importance de ne pas rester seule et de s'entourer des bonnes personnes. A travers ses protagonistes, Margaret Killjoy teste les relations humaines dans leur pluralité et leur diversité.

Pour conclure :

L'Agneau égorgera le lion a clairement toute sa place dans la collection RéciFs. Pleine d'audace, la plume de Margaret Killjoy renouvelle le genre avec beaucoup d'habileté et de finesse. Auteurice à suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Un Pays de Fantômes.

Informations

Margaret Killjoy
L'Agneau égorgera le lion
Collection RéciFs
9782494665392
144 pages
Editions Argyll

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