L'influence du "gaming" à la littérature

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16/10/2024

Liz E. Myers, Quiches,Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society

Liz E. Myers, Quiches, Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society 

Autrice d'Imaginaire, Liz E. Myers enchaîne les titres d'urban fantasy  mêlant le contemporain à des notes fantastiques pour réenchanter notre présent. 

Elle est l'invitée du prochain "Mois de" de Book en Stock, ce qui me donne l'occasion de faire connaissance avec cette signature que je ne connaissais pas encore.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Dupinette et Emma Phooka d'avoir accepté ma candidature, ainsi que Liz E. Myers pour l'envoi de ce service de presse dédicacé. 

Au milieu de sa bibliographie qui commence à bien se remplir, mon choix s'est porté sur son dernier roman, The Art of Flowers car le pitch m'a de suite attiré.

Résumé :

Cela fait 3 ans que Capucine est retournée vivre dans sa ville natale. Elle y a ouvert un café librairie. Avec le printemps, c'est le retour du festival des fleurs, un grand évènement qui attire beaucoup de touristes et est l'occasion pour les commerçants locaux d'améliorer leur chiffre d'affaires. Justement cette année Capucine a embauché un apprenti pour l'aider. Elle compte  notamment sur son physique avenant pour tripler sa clientèle, notamment féminine. Une stratégie qui aurait pu fonctionner si tout n'était pas mal partie dès le départ avec son employé. Or, comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'un crime est perpétré. Rien ne va donc plus à Flowers. 

Mon avis :

Avec Quiches, Acrylique et Fantômes butés, Liz E. Myers signe un premier tome d'une saga de cosy mystery teintée de fantastique. On y retrouve les éléments incontournables du genre, le cadre idyllique d'une petite bourgade, le décor d'un café librairie ou salon de thé, une série de meurtres non sanglants à laquelle le ou la protagoniste principal est associé bien involontairement et une petite romance qui se dessine en filigrane de l'intrigue.

A cela Liz E. Myers a ajouté une dimension onirique qui prend la forme du don de divination de son héroïne qui voit et communique avec les défunts. Dès le début du récit, elle est parasitée par un esprit qui la supplie de faire ouvrir une enquête sur son décès. En effet, celui-ci a trouvé la mort lors de l'incendie criminel de la grange d'un notable. Puis, un second meurtre est perpétré perturbant le bon déroulé des festivités et la tranquillité de Capucine. Voilà qui donne un ton ubuesque à l'aventure promettant d'être quelque peu rocambolesque. 

Aussi, on est autant titillé par l'aspect mystérieux des meurtres que par les joutes verbales entre certains personnages. 

Liz E. Myers nous emmène progressivement vers un triangle amoureux dans lequel l'héroïne est propulsée bien malgré elle. Entre les non-dits du passé, la révélation de personnalités plus complexes et le danger qui rôde dans la ville, tout se met en place pour créer une tension et qui sait, peut-être faire surgir la passion. 

Au-delà du ton léger à travers certaines situations désopilantes, The Art of Flowers nous parle de famille et d'amitié en explorant le relationnel dans ses difficultés ainsi que les traumatismes familiaux. 

C'est un texte drôle et bien écrit qui fait le job car on passe un excellent moment en le lisant. De plus, l'autrice a soigné autant le fond que la forme puisqu'elle nous le propose dans le très bel écrin d'un relié à la mise en page bien faite et auréolée d'en-têtes de chapitres fort à-propos. L'objet livre est une vraie réussite et c'est un vrai plaisir que de l'avoir entre les mains. 

Liz E. Myers s'appuie sur un excellent trio de protagonistes pour porter son intrigue. Il y a Capucine. Jeune femme indépendante, entrepreneuse qui a mis toutes les chances de son côté pour réussir sa saison. Bien qu'elle entretient une relation houleuse avec sa mère, elle demeure très pétillante et se révèle pleine d'audace pour surmonter les difficultés que la vie lui a réservées. Elle va vite se retrouver dépassée par son petit stratagème commercial et se retrouver confrontée à un jeu de séduction plus engageant que prévu. A ses côtés se tiennent deux hommes bien différent l'un de l'autre. Il y a d'abord Asher qui cache derrière son physique avantageux une vraie profondeur. Il se révèle être un véritable ami, une épaule solide sur laquelle se reposer, pour Capucine même si cela n'était pas flagrant au début de leur histoire. Quant à Tim, derrière son caractère ombrageux et renfrogné du fait de son passif avec Capucine se cache un esprit chevaleresque qui promet quelques situations savoureuses. 

Pour conclure :

Avec The Art of Flowers, Liz E. Myers signe un texte drôle, tendre et captivant. C'est clairement un coup de cœur pour moi car j'attends déjà la suite avec grande impatience. Retenez bien ce nom car c'est une signature qui mérite qu'on s'y intéresse de très près. Merci à Dup et Phooka pour la découverte, je suis aux anges.

Fantasy à la Carte

Informations

Liz E. Myers
Quiches, Acrylique et Fantômes butés
T.1
The Art of Flowers
Phenix Society

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13/10/2024

Aurélie Haderlé, Malemort, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Aurélie Haderlé, Malemort, éditions ActuSF 

Aurélie Haderlé est une autrice française qui apprécie autant les littératures de l'Imaginaire que la romance ou le roman régionaliste. 

Après une premières incursion au sein de la mythologie nordique, elle réitère l'expérience et nous propose un nouveau titre intitulé Malemort qui est sorti en septembre dernier chez Les Nouvelles éditions ActuSF

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent de m'avoir envoyé ce service de presse dédicacé. 

Résumé :

Après le meurtre de son mari et la mise à sac de son village, la chamane Gyda n'a pas d'autre choix que de s'enfuir en emportant avec elle l'un de ses fils, le seul qu'elle a pu sauver. Elle a trouvé refuge au cœur de la forêt et a décidé d'ôter tous les souvenirs à son fils dans le but de le protéger. Seulement, on échappe pas si facilement à son destin. Rattrapé par son passé, Roderik s'est lancé dans une croisade afin de combler les zones d'ombre de sa mémoire et honorer les siens.

Mon avis :

Malemort prend cadre au Xe siècle en Norvège à la période charnière où le christianisme prend le pas sur les anciennes croyances sous le règne d'Olaf Ier. C'est suite au meurtre du jarl Hakon Sigurdsson qu'il s'empare de la Norvège et entreprend la christianisation forcée du pays, en dépit de la forte résistance que les Vikings lui oppose. On lui attribue notamment la construction de la première église de Norvège, en 995 et la fondation de la ville de Trondheim. 

L'autrice va s'appuyer sur ce contexte houleux piqué de grandes tensions pour nourrir son intrigue. Ainsi, à la cour d'Olaf, alors qu'un homme d'Eglise est présent, un certain proche du roi insiste pour conter une saga légendaire à la manière de la plus célèbre des pays nordiques, la Völsunga. C'est l'occasion pour Aurélie Haderlé de revisiter la mythologie viking qui vient colorer son univers d'un puissant onirisme. En effet, la magie qui habite les pages de ce roman est liée à Odin pour ce qu'il représente car il est le dieu de la guerre. N'oublions pas que les Vikings perçoivent la vie comme un champ de bataille où la bravoure et l'honneur sont primordiaux. Leur destin est choisi par les Nornes et tous aspirent à rejoindre le Valhalla, le paradis des guerriers morts honorablement au combat grâce à l'intervention des Valkyries qui viennent les chercher afin qu'ils participent à l'ultime bataille dit le Ragnarök sous la houlette de leur dieu tutélaire Odin. Or, l'autrice réinvestit ces éléments majeurs de cette mythologie en nous immergeant notamment dans une quête de vengeance nécessaire pour permettre à de nobles guerriers lâchement assassinés de trouver le chemin de leur Eden.

Au fil des pages les rencontres avec les créatures merveilleuses se succèdent. La forêt est ici un lieu enchanté, fief d'une sorcière qui maintient son petit monde captif d'un charme. Ensorcellement qui peut d'ailleurs être rompu par le toucher d'un objet en fer rappelant ainsi la croyance que le fer ou l'acier effrayaient ces figures et créatures mythologiques. 

Plus qu'une histoire de revanche, Aurélie Haderlé a tissé son texte autour d'une quête d'identité en mettant également en lumière le poids du destin. C'est une notion fondamentale pour les nordiques et a donc clairement toute sa place ici. On ne peut y échapper en dépit des détours que la vie nous fait emprunter, celui-ci demeure inéluctable. Derrière ce roman d'aventure, l'autrice évoque  l'importance des liens familiaux et de ses racines pour la construction de soi et la projection vers son futur. 

Enfin, Malemort parle sans surprise de la mort et se pare donc d'une dimension philosophique, à travers notamment le respect dû aux défunts. Pour les Vikings, la mort n'est qu'un état mais pas une fin en soi. L'existence n'est qu'un éternel recommencement. 

Ce roman est donc riche à plus d'un titre. Il s'appuie sur une communauté de héros dont la naissance a été annoncée par les Dises. Ils ont un rôle majeur pour écrire la destinée d'une nation à pleine mutation. Roderik est un personnage intéressant qui va être quelque peu malmené et dont l'oblitération des souvenirs va le conduire à emprunter des chemins de traverse avant d'embrasser sa destinée.

Pour conclure :

Le récit est d'une grande fluidité, très plaisant à lire d'autant qu'on est sur de la fantasy nordique qui s'accorde finalement parfaitement à cette période automnale. Il n'y a donc plus qu'à, n'est-ce pas ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Aurélie Haderlé
Malemort
Collection Bad Wolf
9782376866572
328 pages
Editions ActuSF 

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09/10/2024

Laurent Queyssi, Big Sur, éditions 1115

Laurent Queyssi, Big Sur, éditions 1115

Romancier, scénariste de bandes dessinées et traducteur, Laurent Queyssi est un touche-à-tout dont la bibliographie déjà bien fournie compte une dizaine de romans, une vingtaine de nouvelles, deux essais et une dizaine de bandes dessinées. 

Sa dernière novella intitulée Big Sur vient de paraître aux éditions 1115. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce service de presse qui me donne l'occasion de découvrir une plume que je ne connaissais pas encore.

Résumé :  

Lasse d'enchaîner manuscrit sur manuscrit avec plus ou moins de succès, Scott Pulver a perdu l'inspiration. N'arrivant pas à terminer son roman en cours, il compte bien informer son éditeur de son souhait de raccrocher. Seulement le patron de Fiction press ne veut rien entendre et le renvoie chez lui avec une semaine de délai supplémentaire pour terminer son livre. Or, en sortant il se heurte à deux malotrus à la mine patibulaire. L'incident aurait pu s'arrêter là  sauf qu'arrivé au pied de l'immeuble, il se retrouve face à son éditeur écrasé à ses pieds après avoir été défénestré. Dès lors pour Scott Pulver, l'heure est à l'urgence de se mettre à l'abri avec sa famille. Mais sera-t-il seulement en sécurité quelque part ?

Mon avis :

Big Sur est une novella qui mêle les trois ingrédients favoris de Laurent Queyssi, à savoir la science-fiction, le thriller et l'horreur. 

Big Sur est un conte moderne qui nous plonge dans les difficultés d'un auteur en mal d'inspiration et rattrapé par des problèmes personnels. Véritable road trip au cours duquel le personnage principal tente d'échapper à ses poursuivants, deux malfrats qui ne souhaitent qu'une chose : éliminer le témoin gênant qu'il représente. Voilà de quoi donner du rythme au texte avec un protagoniste qui sillonne l'Amérique jusqu'à atteindre le ville de Big Sur où il s'est mis en tête de remettre le manuscrit qu'il est en train d'écrire à un ami éditeur. 

Chemin faisant, les rencontres fantasmagoriques vont se multiplier. En effet, monstres, zombies, créatures démoniaques se succèdent pour mettre des bâtons dans les roues de Scott Pulver. 

Tantôt ubuesque, tantôt horrifique, l'imaginaire de Laurent Queyssi est pour le moins baroque et nous livre une aventure hors normes. 

Néanmoins, en dépit du ton décalé de sa novella, l'auteur a ponctué son texte de thématiques sérieuses et de sujets d'actualité. En effet, en choisissant de mettre en scène un écrivain comme personnage principal, Laurent Queyssi met surtout en lumière le statut très précaire de cette profession en rappelant sa maigre rémunération et son positionnement en bout de chaîne du livre bien qu'il soit à l'origine dudit produit. Une réalité portée par quelques auteurs sur le devant de la scène médiatique qui se battent pour bouger les lignes et obtenir enfin une amélioration notable des conditions d'exercice de cette profession. 

En outre, l'auteur évoque également le sujet délicat de la maladie et du déni que celle-ci peut parfois susciter chez certaines personnes. Il met en exergue le refus de se reconnaître malade et peut-être condamné choisissant de facto la fuite en avant. En cela, ce texte se teinte d'une certaine gravité dans le ton à travers ce personnage en souffrance qui va passer par plusieurs phases psychologiquement difficiles, à savoir le déni, le repli sur soi puis l'acceptation. 

Derrière un humour cocasse, Laurent Queyssi signe un texte fouillé qui explore la psyché humaine lorsqu'elle est confrontée à des drames personnels bouleversants. 

La lecture de Big Sur m'a donc permis de découvrir une signature de l'imaginaire que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire, même si ce nom ne m'était pas totalement inconnu. 

C'est une novella étonnante, pleine de rebondissements et de bifurcations qui laissent un peu les lecteurs sans voix car tout prend une tournure des plus inattendues. 

Pour conclure :

Que vous connaissez ou non l'auteur, si vous avez envie de vous plonger un moment dans une histoire divertissante, cette novella vous comblera, j'en suis certaine.

Fantasy à la Carte

Informations

Laurent Queyssi
Big Sur
9782385630294
136 pages
Editions 1115

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06/10/2024

Jean-Philippe Jaworski & Melchior Ascaride, Désolation, éditions Les Moutons électriques

Jean-Philippe Jaworski & Melchior Ascaride, Désolation
éditions Les Moutons électriques 

Grande figure des littératures de l'Imaginaire et du jeu de rôle, Jean-Philippe Jaworski n'a jamais cacher son admiration pour J.R.R. Tolkien et ses œuvres. Si l'on veut une preuve, il suffit de regarder du côté de Tiers Age, un jeu de rôle gratuit sur La Terre du Milieu ou encore s'intéresser à son récit Désolation, paru d'abord chez Mnémos en 2011, puis chez Les Moutons électriques en 2020. 

Comme c'est un texte cher au cœur de l'éditeur, il vient de le rééditer, toujours au format d'un très beau graphique publié dans la très belle collection La Bibliothèque Dessinée.  

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Sous l'égide du thane de Diggenhlaew, une compagnie de guerriers nains et de gnomes s'engage sous la montagne du Kluferfell, à l'assaut des galeries souterraines. Bien que bardés de fer, ils n'en mènent pas larges car ils craignent de réveiller l'entité tapie. Le moindre bruit risque de trahir leur position et les livrer à une fin funeste. D'autant qu'il semblerait que plus d'une créature évolue sous terre. A ces conditions, peuvent-ils seulement espérer tous s'en sortir ? Rien n'est moins sûr. 

Mon avis :

Désolation est un court récit de fantasy écrit dans le but de rendre hommage à J.R.R Tolkien. Le titre en lui-même est très évocateur puisqu'il fait référence à la désolation de Smaug. Or, justement une menace tapie hante ces lieux et cause un grand effroi à la compagnie. On ne peut donc qu'avoir l'image d'un dragon faisant de ces mines son fief. Ainsi, bien qu'absent physiquement une peur diffuse et viscérale s'empare tout de même de chaque membre de cette troupe pour mieux les troubler et les pétrifier. 

La tension va vite monter et le bain de sang n'est pas loin, surtout que d'autres créatures se précipitent à leur rencontre. 

En effet, attaqués par des gobelins, ils n'ont pas d'autres choix que de monter à l'assaut. Ces attaques de gobelins sont clairement un clin d'œil aux affrontements de la communauté de l'anneau avec les orques et les gobelins au cœur de la Moria. 

Tout comme J.R.R. Tolkien, Jean-Philippe Jaworski table aussi sur des scènes très visuelles. Ainsi, il emprunte les mêmes ingrédients que le maître de la fantasy pour nous livrer un récit très épique. 

Désolation est un roman d'aventure au ton guerrier qui prend cadre dans le Vieux Royaume imaginé par Jean-Philippe Jaworski. 

La plume est comme d'habitude très enlevé en mêlant les ambiances, tantôt mystérieuse, tantôt horrifique. 

L'auteur joue sur les rebondissements jusqu'à y ajouter un soupçon de trahisons pour faire bonne mesure et ainsi tenir les lecteurs en haleine. Le but est atteint car on ne voit rien venir, sans doute trop captivé par les illustrations de Melchior Ascaride.

Silhouettes sombres, visages grimaçants et yeux effarés égrènent les pages de ce livre et portent ce texte en lui donnant toute sa palette de couleurs qui viennent jouer sur les émotions suscitant peur et intrigue. 

En accueillant ce récit au sein de La Bibliothèque Dessinée, Les Moutons électriques signent leur volonté de mettre à l'honneur un livre à fort potentiel. Le résultat est réussi car c'est une publication très soignée. Ce relié est de belle facture réhaussé par les nombreux dessins d'un artiste très talentueux au style inimitable.

Pour conclure :

Cette collection de graphiques est bien trop stylée pour passer à côté. Alors n'hésitez pas et laissez-vous tenter par l'une ou l'autre de ces aventures. Si vous aimez l'œuvre de J.R.R. Tolkien pourquoi ne pas lire du Jaworski sous un jour nouveau ? 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Gagner la Guerre, Le Chevalier aux Epines, Le Conte de L'Assassin, Le Débat des Dames et Les Fauteurs d'ordre.

Informations

Jean-Philippe Jaworski
Melchior Ascaride
Désolation
La Bibliothèque Dessinée
9782361839437
146 pages
Editions Les Moutons électriques

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01/10/2024

Margaret Killjoy, L'Agneau égorgera le lion, collection RéciFs, éditions Argyll

Margaret Killjoy, L'Agneau égorgera le lion
collection RéciFs, 
éditions Argyll 

Après Mu Ming et son très beau texte du Bracelet de Jade, c'est au tour de Margaret Killjoy de rejoindre la très ambitieuse collection RéciFs des éditions Argyll. 

Pour avoir lu et grandement apprécié Un Pays de Fantômes, je connais déjà la qualité de cette signature de l'Imaginaire et ne pouvais donc pas passer à côté de la lecture de ce court récit.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Simon et Xavier pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après le suicide de son meilleur ami, Danielle Cain décide de se rendre dans la petite ville de Freedom dans l'Iowa, peuplée d'anarchistes, pour comprendre les raisons de son geste. Mais sa venue n'est pas au goût de tous d'autant qu'elle vient de découvrir qu'ils ont invoqué un esprit sans fin pour protéger la communauté. Or, celle-ci ne fait pas dans la dentelle en éclaircissant quelque peu leurs rangs. Plus que de faire le jour sur une mort suspecte, c'est toute une population qu'elle va devoir sauver, parfois bien malgré elle. 

Mon avis :

L'Agneau égorgera le lion est une novella de fantasy qui nous emmène dans une petite bourgade perdue de l'Iowa en proie à de la sorcellerie. En effet, une entité a été invoquée pour protéger le groupe. Celle-ci prend la forme d'un cerf à trois cornes terrifiant. Il incarne un esprit justicier implacable qui se repaît au sens viscéral de toutes les formes de menaces. Il apparaît toujours de jour et est parfois accompagné par d'autres créatures ressemblant à des cadavres animés. Leurs présences instillent une dimension horrifique au texte. Il en ressort une ambiance lourde et pesante qui se met au diapason des peurs diffuses ressenties par le personnage principal. Les morts violentes qui émaillent les pages de ce récit font monter la tension crescendo jusqu'au dénouement. Ainsi, la fantasy de Margaret Killjoy se teinte d'épouvante associée à quelques notes de thriller. 

Comme dans chacun de ses textes, la plume de cette auteurice est porteuse d'un propos politique engagé. En effet, iel se plaît à déconstruire le modèle social imposé par les pouvoirs en place pour proposer à la société une autre manière de fonctionner. 

En outre, Margaret Killjoy questionne habilement la notion d'anarchie qui, contrairement aux idées reçues, n'est pas forcément synonyme de chaos. Dans L'Agneau égorgera le lion, l'auteurice interroge la place de la liberté dans une société encartée par un carcan rigide de lois et propose un autre vivre ensemble qui n'a, bien entendu, d'intérêt que si nul ne prend le pouvoir. En cela, iel a bien conscience des limites de son utopie. De même, Iel dénonce également l'autorité et l'arbitraire qui nient les existences individuelles au profit d'un diktat auquel se conformer. 

De plus, Margaret Killjoy met en exergue les persécutions et les injustices que subissent les communautés anticonformistes. 

L'Agneau égorgera le lion est riche de propos pertinents qui tracent de nouvelles perspectives pour redessiner un futur digne où le terme "révolution" ne serait pas vain. 

Justice, liberté et égalité sont autant de thématiques que Margaret Killjoy se plaît à explorer entre ces lignes. 

Iel signe un nouveau récit coup-de-poing plein de vérité et de justesse. C'est clairement un récit d'une grande puissance que l'on a du mal à lâcher, d'autant qu'il est emmené par une communauté de personnages plutôt hauts en couleurs et très attachants. 

Parmi eux, il faut, bien évidemment, citer la narratrice principale Danielle Cain. Partie en quête de vérité, c'est dans une croisade bien plus vaste qu'elle se retrouve enrôlée car il s'agit ni plus ni moins de comprendre ce qui menace la communauté de Freedom pour mieux la sauver. Elle en ressort grandie et nettement plus forte car elle a pris conscience de la force du nombre. En se frottant aux autres, elle prend la mesure de l'importance de ne pas rester seule et de s'entourer des bonnes personnes. A travers ses protagonistes, Margaret Killjoy teste les relations humaines dans leur pluralité et leur diversité.

Pour conclure :

L'Agneau égorgera le lion a clairement toute sa place dans la collection RéciFs. Pleine d'audace, la plume de Margaret Killjoy renouvelle le genre avec beaucoup d'habileté et de finesse. Auteurice à suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Un Pays de Fantômes.

Informations

Margaret Killjoy
L'Agneau égorgera le lion
Collection RéciFs
9782494665392
144 pages
Editions Argyll

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28/09/2024

Katherine Arden, Requiem pour les fantômes, collection Lunes d'encre, éditions Denoël

Katherine Arden, Requiem pour les fantômes, collection Lunes d'Encre, 
Éditions Denoël 

Après le succès de sa trilogie d'Une nuit d'hiver empruntant au folklore slave, Katherine Arden est de retour avec un nouveau texte. Il s'agit de Requiem pour les fantômes qui est récemment paru dans la collection Lunes d'encre des éditions Denoël. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Denoël, je remercie Pol pour l'envoi de ce service de presse sous la forme d'une épreuve non corrigée.

Résumé :

A Halifax, en Nouvelle-Ecosse, Laura Iven a été démobilisée suite à une grave blessure. Après une grosse explosion rasant son quartier et tuant sa mère par la même occasion, elle a trouvé refuge chez deux vieilles dames et a repris du service comme infirmière pour aider à soigner les blessés de cette catastrophe. Mais, l'arrivée d'un colis contenant les affaires de son frère parti au front va la bouleverser profondément. Refusant de croire à sa mort, elle finit par se rendre en Flandres pour comprendre ce qu'il s'est passé. Sur place les réponses qui l'attendent pourraient bien l'ébranler plus que de raison. Et qui sait ce qu'elle va trouver.

Mon avis :

Avec Requiem pour les fantômes, Katherine Arden change de registre et signe une fantasy historique qui réinvestit le début du XXe siècle marqué par la Première Guerre Mondiale. Elle a d'ailleurs choisi comme cadre d'action, la terrible bataille de Passchendaele qui opposa les armées canadienne, anglaise et française à l'armée allemande et restera dans les mémoires de l'epoque comme le conflit le plus gigantesque, le plus sanglant et le plus inutile de l'Histoire. 

Point de rupture pour une société en pleine mutation, c'est une période opportune pour Katherine Arden d'y instiller un caractère onirique. Le modernisme se dispute à l'archaïsme et devient le parfait terreau pour que l'imaginaire s'épanouisse. Au-delà de la machinerie qui est clairement propice au steampunk, l'autrice a surtout beaucoup exploité ici le côté apocalyptique de ce violent épisode. En effet, la Première Guerre Mondiale marque la fin d'un monde. La mort est partout et draine avec elle son lot de souffrance et de désolation. On ne s'étonne donc pas d'y croiser de nombreux fantômes qui gravitent notamment autour d'un personnage central personnifiant le cavalier de l'Apocalypse. Faland est un personnage charismatique et inquiétant qui centralise un grand pouvoir. Il incarne la magie entre ces lignes. En effet, il attire non seulement les fantômes mais entraîne dans son sillage les âmes perdues, leur prenant leurs souvenirs sous couvert de les soulager de leurs peines et de leurs souffrances. Il intrigue par sa personnalité et fascine les plus vulnérables. Au son de son violon, il entraîne dans son sillage les plus démunis, les plus traumatisés pour les conduire dans un ailleurs qui apaisera leur douleur mais les condamnera à une vie d'oubli. Le pouvoir qui est à l'œuvre dans ce récit est sombre et pesant car il se nourrie du malheur des humains. Faland est le mauvais génie de ses êtres cabossés par la guerre. Sa présence infuse au texte une saveur douce amère qui ne laisse pas indifférente et donne à ce livre une aura si singulière. 

En outre, Requiem pour les fantômes est un roman d'une grande richesse car en choisissant la Première Guerre Mondiale pour décor, Katherine Arden se laisse l'opportunité de dénoncer la guerre et ses conséquences autant physiques que psychologiques. Elle a donc piqué son texte d'une critique politique portant particulièrement sur l'inutilité de ces conflits armés et de l'absence de leçon tirée au vu du climat belliciste qui n'a cessé d'embraser le monde depuis cette première moitié du XXe siècle, d'autant qu'ils sont toujours décidés en haut lieu par des personnes qui n'y prennent jamais part. 

Ce livre est bouleversant et riche en émotions variées. Il nous parle de deuil, de reconstruction après l'horreur et la solitude. Ce récit dégage émotionnellement une grande puissance qui se cristallise autour de ses personnages auxquels on ne peut que s'attacher. Tous sont tourmentés, touchés dans leur chair pour certains ou meurtris dans leur âme pour d'autres. L'autrice explore à travers eux les ravages de la guerre, la défiguration ou les troubles psychiques. Au milieu de cette communauté de protagonistes que Katherine Arden a choisi de mettre en scène, il y a les deux narrateurs de cette histoire, à savoir Laura Iven et son frère Wilfried, dit "Freddie". Blessée au cours de cette odieuse guerre, Laura en conserve encore les stigmates l'handicapant par moment. Pour autant, elle fait preuve de beaucoup de courage et d'abnégation et décide de retourner au front afin de soigner les blessés et de retrouver la trace de son frère porté disparu. Elle incarne l'image de la femme forte, solide et têtue, des qualités indéniables pour mener à bien sa quête.  A travers elle et les autres protagonistes féminins, Katherine Arden démontre aussi sa volonté de rappeler le rôle héroïque de ces femmes pendant la guerre donnant un coup de pouce à leur émancipation en ébranlant par la même occasion les mœurs de la société de l'époque. Quant à Freddie, il était un jeune homme plein de rêve et pétri d'un certain idéal au moment de s'engager mais le choc des tranchées va le changer profondément. Il va connaître un drame qui va manquer de peu de lui ôter la vie. Un évènement qui va le faire basculer vers autre chose. Sa personnalité va s'en retrouver profondément changé, notamment à cause d'une rencontre. A travers lui, l'autrice questionne la figure de l'étranger traité en ennemi et surtout la légitimité d'une telle position.

Pour conclure :

Avec Requiem pour les fantômes, Katherine Arden donne à sa fantasy une toute autre musicalité. Elle jette un nouveau regard sur ces évènements qui ont endeuillé l'Europe au XXe siècle et rappelle aux Américains que même si cela a peu compté dans l'Histoire américaine, beaucoup de compatriotes y ont perdu la vie. 

C'est un magnifique récit plein d'élégance et de sensibilité.

Fantasy à la Carte

Informations

Katherine Arden
Requiem pour les fantômes
9782207179345
480 pages
Collection Lunes d'encre
Editions Denoël

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21/09/2024

Nelly Chadour & Anne-Perrine Couët, Les sœurs Brontë contre la Momie, éditions Les Moutons électriques

Nelly Chadour & Anne-Perrine Couët, Les sœurs Brontë contre la Momie
éditions Les Moutons électriques 

Nelly Chadour est l'une des voix montantes des littératures de l'Imaginaire. Sa bibliographie compte déjà plusieurs titres comme Espérer le soleil ou Avant 7 jours. Quant à sa novella Les sœurs Brontë contre la Momie, elle vient d'être rééditée au format illustré dans la très belle collection, La Bibliothèque Dessinée des éditions Les Moutons électriques. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que Charlotte et Anne sont parties à Londres pour mettre les choses au clair avec leur éditeur, Emily, elle, est restée dans le Yorkshire afin de garder à l'œil son père et son frère. Or, justement ce dernier s'est une nouvelle fois éclipsée dans la lande alors que la soirée est déjà bien avancée. Partie le chercher en compagnie de son chien, Emily le retrouve aux prises avec une étrange créature sortie de terre pour l'étrangler. N'écoutant que son courage, elle le sort des griffes de cette abomination et pense être saine et sauve. Seulement, la nuit venue, celle-ci s'est introduite dans la demeure familiale pour enlever son ivrogne de frère. Emily n'a pas d'autre choix que de partir à sa poursuite en espérant ne pas arriver trop tard. Quant à ses deux sœurs, elles ne sont pas plus en sécurité de leurs côtés puisque d'étranges phénomènes sont à l'œuvre dans les rues de Londres. Echapperont-elles à un sort funeste et trouveront-elles la clé de ce mystère ?

Mon avis :

Dans Les sœurs Brontë contre la Momie, Nelly Chadour nous propose un mélange de genres à sa sauce. Ainsi, elle mêle habilement des notes pré-apocalyptiques à de l'uchronie et de la fantasy. Dans son roman, Les sœurs Brontë croisent la route de momies ressuscitées importées à Londres à l'occasion d'une exposition. La rencontre promet d'être un brin cocasse et particulièrement horrifique, surtout au vu de l'agressivité des cadavres animés qui cherchent juste à les étouffer à coup de serpents dans le gosier. Pour la famille Brontë, il s'agira surtout de survivre et d'empêcher le monde d'être broyé sous les crochets d'Apophis. Vous l'aurez compris, Nelly Chadour revisite un épisode majeur de la mythologie égyptienne au cours duquel Apophis, symbole du chaos et du mal, est contré dans ses attaques du dieu Rê par Seth, Isis et Bastet qui l'empêchent de mettre fin à la création. 

Le cadre est clairement idéal pour y développer un récit crépusculaire où il sera question d'empêcher rien de moins qu'un Armageddon. Enrôler les sœurs Brontë dans cette aventure ne manque pas de charme car voir ces demoiselles retrousser leurs manches pour affronter ces immondes créatures au risque de leur vie est juste trépident. 

Dans son livre, Nelly Chadour casse leur image de femmes de lettres, dont le nom est clairement associé au romantisme, pour nous brosser le portrait de petits bouts de femmes pleine de courage, aventurières qui se frottent sans hésiter au danger. C'est un régal de les retrouver dans cette aventure baroque où la magie s'épanouit généreusement aussi bien à travers l'apparition de divinités égyptiennes déchues ou non que dans cette capacité qu'ont les sœurs à pouvoir s'écrire à distance par l'intermédiaire d'une sorte de transe. Un don lié à l'écriture, c'est plutôt bien vu pour des écrivaines, n'est ce pas ! 

Le récit est insolite, drôle et rocambolesque. Une alchimie se crée de suite avec ces protagonistes que l'on découvre sous un jour nouveau, au moins pour certains d'entre eux. Le ton enlevé de Nelly Chadour joue beaucoup sur l'absurde pour divertir ses lecteurs. Ici, elle s'appuie sur des héroïnes fortes qui sont là pour sauver la situation en luttant bec et ongles contre la menace pendant que les hommes, eux, préfèrent se cacher ou se sauver. En cela, l'autrice adopte un point de vue féministe afin de casser la place mineure qu'occupaient les femmes du XIXe siècle. C'est rafraîchissant !

Quelle merveilleuse idée qu'ont eu Les Moutons électriques d'offrir à ce texte un nouvel écrin extrêmement visuel. Il fallait bien un graphic pour mettre en couleurs cette intrigue pleine de panache. Et il faut bien le dire Anne-Perrine Couët a parfaitement su capter l'essence de cette histoire pour la retranscrire à merveille à coup d'illustrations de qualité. Le texte et les images s'ajustent parfaitement pour donner du relief à l'action et du rythme à la lecture. 

Pour conclure :

Intégrer Les sœurs Brontë contre la Momie dans La Bibliothèque dessinée, c'est le gage d'une lecture extrêmement divertissante. Alors que le spectacle commence...

Fantasy à la Carte

Informations

Nelly Chadour
Les sœurs Brontë contre la Momie
Collection La Bibliothèque Dessinée
9782361839420
161 pages
Editions Les Moutons électriques 

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16/09/2024

Rozenn Illiano, D'Hiver et d'Ombres, OniroProds

Rozenn Illiano, D'Hiver et d'Ombres, éditions OniroProds 

Avec l'automne qui revient, c'est également le retour du "Mois de" chez Book en Stock. Le principe est simple, il s'agit d'une interview partagée organisée par Phooka et Dupinette sur leur blog après qu'elles aient préalablement choisi le mois et l'auteur à mettre en valeur. 

Or pour cette nouvelle édition, elles ont décidé de donner la parole à la talentueuse Rozenn Illiano

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Rozenn Illiano pour l'envoi de son roman D'Hiver et d'Ombres.

Résumé :

Dans la Cité des Bâtisseurs vit un grand inventeur prénommé Filius. Il a un secret qu'il cache à tous sous peine d'être arrêté, voire pire. Il a le don de visiter les autres mondes en rêve. Or, depuis quelque temps, il s'est attelé à l'invention d'une machine capable de le téléporter pour de vrai dans ces royaumes parallèles. Aidé par une confrère, il espérait garder pour lui ses petites expériences, seulement il va être dénoncé par un proche un peu trop ambitieux et il va devoir s'échapper pour espérer rester en vie et libre. Mais où ces destinations inconnues vont-ils l'amener ? Que trouvera-t-il au bout du chemin ? Un refuge sûr ou d'autres dangers car peut-on réellement fuir longtemps  son passé sans être rattrapé ?

Mon avis :

D'Hiver et d'Ombres est une fantasy crépusculaire qui emprunte autant au merveilleux, au steampunk qu'au postapocalyptique. En effet, Rozenn Illiano joue sur un multivers dans lequel ses personnages vont évoluer. Ils traversent de nombreux univers. Certains sont accueillants, d'autres sont hostiles ou en voie de disparition. Ils se servent des onirolabes inventés par  Filius pour arrêver dans ces mondes qu'ils ne pouvaient rejoindre qu'en rêve jusque-là. 

Ainsi, l'autrice a instillé de la technologie dans sa fantasy, ce qui lui donne une saveur toute particulière. D'autant qu'elle y a ajouté des bracelets de perles d'irev qui servent de traducteurs et permettent de communiquer avec les natifs des autres mondes. 

Néanmoins, ce don de rêver est très mal vu, aussi ceux qui en ont la capacité le taisent sous peine d'être emprisonné ou tué. C'est la raison pour laquelle Filius a fabriqué l'onirolabe afin d'échapper à un sort funeste tout en cherchant à se rapprocher des gens comme lui et ainsi créer la Guilde des Voyageurs afin d'explorer ces univers parallèles. 

Seulement, ils vont vite découvrir qu'une menace pèse sur ces mondes que l'on appelle ici les Ombres, prenant la forme de tempêtes de neige et d'attaques d'oiseaux noirs. C'est donc dans une course contre la montre que ces cinq explorateurs s'engagent afin d'endiguer le phénomène. En effet, il faut préserver le monde-rêve à tout prix en protégeant particulièrement le Prunellier, appelé également l'Epine Noire sinon la destruction sera totale. D'ailleurs, ceux qui vouent un culte à l'Epine Noire se sont déjà attelés à cette mission et cherchent à éliminer tous les éléments considérés comme responsables de cette fin. Ils ont été sensibilisés à cette cause par les Sœurs du Silence qui ont prophétisé cet anéantissement depuis fort longtemps. 

Dans D'Hiver et d'Ombres, Rozenn Illiano donne à sa fantasy un cadre fouillé et original dans lequel s'épanouit une intrigue complexe. 

Le texte est riche car derrière ce récit d'aventure se cachent des thématiques intéressantes tournant autour de l'écologie et la survie. Il y a une vraie réflexion sur l'impact des hommes sur la nature à travers les bouleversements environnementaux dus aux changements climatiques. 

En outre, le livre parle également de tolérance et d'amitié mais aussi de quête de soi pour trouver sa place au sein de la société. 

D'Hiver et d'Ombres est un roman choral porté par de nombreuses voix. On peut citer, par exemple, Filius qui se retrouve propulsé dans cette croisade bien malgré lui au départ. Lui qui n'osait pas tester son invention de peur d'échouer va devenir l'instigateur d'une grande mission salvatrice. Au fil des pages, il va prendre de l'assurance et affermir son caractère. C'est donc un protagoniste qui va beaucoup  évoluer et  finir par peser sur le futur. 

Pour conclure :

Avec D'Hiver et d'Ombres Rozenn Illiano a délaissé le fantastique pour nous plonger dans une fresque de fantasy insolite riche en actions qui vous plonge dans un voyage au cœur des songes.  

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Phare du Corbeau

Informations

Rozenn Illiano
D'Hiver et d'Ombres
9782490040483
492 pages
OniroProds

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13/09/2024

Mu Ming, Le Bracelet de Jade, collection RéciFs, éditions Argyll

Mu Ming, Le Bracelet de Jade, collection RéciFs, éditions Argyll

Mu Ming est une autrice chinoise qui vit aujourd'hui aux Etats-Unis. Traduit pour la première fois en français, son roman Le Bracelet de Jade inaugure la collection RéciFs des éditions Argyll.

Celle-ci a pour but de mettre en lumière des plumes féminines engagées du monde entier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

1640, règne de la dynastie Ming. Alors qu'elle accompagnait son père à la Foire des lanternes, Chen s'égare un moment et fait l'étrange rencontre d'un commerçant qui lui offre un bracelet de jade. Or, il semblerait que ce bijou dispose de proprétés magiques la propulsant en rêve dans un autre monde. Fascinée par ce qu'elle vit, Chen va s'ouvrir à son père pour comprendre ce phénomène et aussi appréhender le sens de la vie.

Mon avis :

Avec Le Bracelet de Jade, Mu Ming nous plonge dans un conte teinté d'onirisme. Ce livre prend cadre à l'ère de la dynastie Ming et particulièrement sous le règne de Chongzhen qui fut le seizième et dernier empereur de cette dynastie. C'est une époque troublée par les attaques des Mandchous et les soulèvements populaires qui sont toujours plus nombreux. Ceux-ci finiront d'ailleurs par causer la perte de Chongzhen. 

C'est dans ce contexte tendu que l'on fait la connaissance de Qi Youwen, un fonctionnaire impérial qui va démissionner à trois reprises et être rappelé à chaque fois dans ses fonctions. Face à la corruption et à l'immoralité de certains de ses collègues provoquant bien des malheurs au sein du peuple, cet administrateur intègre renonce à sa carrière afin de se consacrer à sa famille et à son jardin. 

En sus de cette géopolitique critique qui alourdit l'ambiance de ce récit, Mu Ming a ajouté un soupçon de magie par l'intermédiaire du bracelet de jade que la fille de Qi, Chen a reçu des mains d'un inconnu. Le choix du bijou n'est pas anodin ici puisque celui-ci est considéré en Chine comme étant un talisman de protection et de chance. On attribue d'ailleurs à la jade la vertu de repousser le mal et d'attirer la fortune. On ne s'étonne donc pas que ce soit cet objet qui fasse le lien avec le monde ésotérique. Ici, il est intimement lié au domaine des rêves puisque le porteur dudit bracelet rejoint dans son sommeil les lieux sculptés sur toute sa surface. En cela, il exerce une grande fascination sur le duo de personnages de cette histoire qui cherche à comprendre la technique et à reproduire ce phénomène grandeur nature à l'échelle d'un jardin. 

Bien qu'éthéré, le merveilleux prend racine dans nos cœurs d'autant plus facilement qu'il est porté par une plume d'une grande poésie. Le style de Mu Ming est tout simplement envoûtant et arrive sans mal à nous faire perdre pied. 

Avec Le Bracelet de Jade, l'autrice nous offre une balade fabuleuse dans une Chine légendaire tout en rites et en traditions. 

Dans sa novella, Mu Ming revisite habilement ce passé historique tout en y glissant une critique politique. En effet, elle souligne les manquements de certains élus, à travers leur corruption et leurs faiblesses. Il en ressort un système défaillant et injuste qui a, de facto, des conséquences néfastes sur la population. Par le truchement de son personnage principal masculin, on perçoit le mal être quant à ses dysfonctionnements. En outre, Mu Ming fait souvent référence dans sa novella au poème, La Source aux fleurs de pêcher. C'est une histoire qui a traversé les âges marquant le monde asiatique d'un souffle de liberté. Ainsi, ce récit se révèle être l'utopie d'une société affranchie de toute législation et de contrôle. Derrière la poésie de ses mots et la beauté des lieux décrits, la plume de Mu Ming se veut aussi très engagée face à la tyrannie. C'est une histoire touchante qui lie un père et sa fille. Elle est remplie de nostalgie et de tendresse ainsi que d'une pointe de désenchantement. 

Dans Le Bracelet de Jade, Mu Ming s'appuie sur deux narrateurs. Qi Youwen est à la fois un père aimant et un fonctionnaire dévoué, obstiné et consciencieux, il va tenter à plusieurs reprises de changer les choses de l'intérieur sans réellement y parvenir. Un échec qui risque bien de lui coûter cher. Sa fille Chen découvre le monde dans le sillage de son père et va faire l'amère expérience  du manque.

Pour conclure :

En publiant Le Bracelet de Jade, les éditions Argyll relèvent le défi de confronter les lecteurices à de la fantasy asiatique. Encore trop peu de textes d'imaginaire venus d'ailleurs sont traduits en français, alors voir débarquer en cette rentrée une nouvelle collection dédiée aux plumes féminines du monde entier, c'est tout simplement prodigieux. Alors rendez-vous à la prochaine novella. 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, les avis de : Le nocher des livres et Yuyine

Informations

Mu Ming
Le Bracelet de Jade
Collection RéciFs
9782494665347
110 pages
Editions Argyll

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10/09/2024

David Gemmell, L'Enfant Maudit, T.1, Le Lion de Macédoine, éditions FolioSF

David Gemmell, L'Enfant Maudit
T.1, Le Lion de Macédoine
éditions FolioSF 

Dans le cadre de mon focus consacré à trois grands noms de fantasy anglophone, j'ai choisi de mettre cette fois-ci en lumière la plume de David Gemmell qui s'est très vite classée parmi les auteurs classiques du genre dès la sortie de son roman, Légende en 1984.

Mais aujourd'hui, on va plutôt parler d'une autre de ses sagas que j'avais très envie de lire car l'intrigue s'insère à l'Antiquité, au IVe siècle avant J-C. Or, à mon grand regret, il n'y a pas tant de fantasy se déroulant à cette période, alors c'est clairement un plus.

Ce roman est lu dans le cadre d'un partenariat avec la librairie Dolpo, je les remercie de leur confiance. 

Résumé :

Parménion est métisse. Son père est spartiate, sa mère est macédonienne. Une origine qui lui vaut d'être harcelé par la jeunesse spartiate aisée. Or, les brimades de plus en plus violentes vont lui forger un caractère bien trempé. Cela va servir les intérêts de l'oracle Tamis qui voit en lui le futur Lion de Macédoine, seule force capable de lutter contre l'Esprit du Chaos, annonçant le retour du Dieu Noir. Mais trouvera-t-il autre chose que la mort et la désolation sur son chemin ?

Mon avis :

Le Lion de Macédoine prend cadre à l'Antiquité, après la guerre du Péloponnèse qui opposa essentiellement Athènes à Sparte. Un conflit qui se termine par la victoire de Sparte et l'effondrement de l'empire athénien. Cependant la domination spartiate sur le monde grec est de courte durée. L'auteur s'appuie ici sur les rivalités des plus puissantes cités-Etats : Athènes, Thèbes, Corinthe et Sparte, ainsi que sur l'essor de la Macédoine pour servir de cadre à son intrigue.

Rejeté par Sparte, Parménion rejoint entre ces lignes Thèbes pour se mettre à son service en faisant jouer son statut de strategos et ainsi prendre sa revanche sur les Spartiates. Le récit est clairement guerrier et même très tourné sur la stratégie militaire. La religion joue également un rôle important dans ce texte. Elle s'exprime par la pratique de rites ancestraux qui s'insèrent dans une relation d'échange avec le monde divin par l'intermédiaire d'offrandes ou de sacrifices. Aussi, la divination à travers l'oracle s'avère être un élément majeur de communication avec le divin. Or, ici c'est la porte d'entrée choisie par David Gemmell pour déposer une touche de merveilleux sur son univers. Dans ce roman, on retrouve un ingrédient classique en littérature fantasy : la prophétie. Celle-ci est d'ailleurs le moteur de la quête qui prend progressivement place au fil des pages. Parménion est donc désigné comme étant l'élu par l'oracle Tamis qui voit en lui le seul remède à l'avènement du Dieu Noir incarnant le mal absolu. Pour cela, elle manipule autant que faire se peut sa destinée, n'hésitant pas à alourdir son fardeau, en multipliant ses épreuves. En outre, certains disposent de dons à l'image de Dérae qui va servir les desseins de Tamis car elle voit en elle sa successeuse toute désignée. Clairement, c'est une magie intimement liée à la vie et à la mort. 

Le fil directeur de L'Enfant Maudit est la vengeance. C'est une thématique qui plaît beaucoup à David Gemmell car on la retrouve dans ses autres sagas. En effet, il choisit toujours de mettre en lumière des héros sombres, nuancés et souvent en quête de rédemption. Dans ce premier volet, Parménion est simplement aveuglé par sa vengeance sans réfléchir à la portée de ses actes. En outre, il est également question de harcèlement et de violence en réunion. Le texte est émotionnellement dur. D'autant que David Gemmell s'appesantit pas mal sur les conséquences morales de ce déchaînement de violence. Aussi, il nous brosse le portrait d'un héros qui s'est endurci et a fermé son cœur à la bonté pour laisser la place à un être implacable et glacial. Parménion n'est pas un personnage lisse. Il n'incarne ni le bien ni le mal dans ce premier volet, juste un jeune homme qui veut faire rendre gorge à ses tourmenteurs. Il n'est donc pas un mercenaire mais un soldat qui travaille à la chute de la cité qui l'a trahi. 

L'Enfant Maudit est au demeurant un récit très classique dans sa reprise des codes habituels : la lutte entre le bien et le mal, la quête et la prophétie. Néanmoins, l'auteur table sur un héros sombre qui est rempli de colère, ce qui donne à cette aventure une note d'amertume. 

Parménion est un personnage à la fois touchant par sa solitude et inquiétant par sa froideur. Il nous entraîne dans une expédition à la finalité incertaine où ses chances de survie sont minimes. 

En somme avec L'Enfant Maudit, David Gemmell prend le temps de poser le décor pour rendre son univers plus immersif. Un premier roman d'exposition qui nous immerge habilement dans la Grèce Antique à travers sa géopolitique et à ses traditions. 

Pour conclure :

Maintenant que l'intrigue est initiée, il n'y a plus qu'à lire la suite pour rentrer dans le vif du sujet et toucher pleinement à l'enjeu de ce livre.

Fantasy à la Carte

Informations

David Gemmell

L'Enfant Maudit
T.1
Le Lion de Macédoine
9782070421220
404 pages
Editions FolioSF

Lien vers le site

Lien vers la librairie Dolpo

03/09/2024

Jeanne Mariem Corrèze, Nous serons l'incendie, éditions Les Moutons électriques

Jeanne Mariem Corrèze, Nous serons l'incendie
éditions Les Moutons électriques 

Après le succès du Chant des Cavalières et un coup de cœur récent pour moi, Jeanne Mariem Corrèze a repris la plume pour nous proposer une nouvelle histoire s'insérant dans son merveilleux univers.

Pour fêter cette sortie très attendue, les éditions Les Moutons électriques ont sorti le grand jeu en donnant un superbe écrin à ce nouveau texte. Ainsi, Nous seront l'incendie vient de paraître au format d'un relié arborant un très beau jaspage sur toute sa tranche, ainsi que des illustrations en pages de garde et à l'intérieur de l'ouvrage, signées Melchior Ascaride et Amandine Labarre

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse exceptionnel. 

Résumé :

Voilà 4 ans que le royaume de Sarda est occupé par les Contés-Unis des Sabès après une guerre éclair de 30 jours. Beaucoup y ont trouvé la mort, certains se sont résignés à leur sort tandis que d'autres voient, au contraire, leurs convictions se renforcer. C'est dans ce contexte houleux que la résistance menée par une poignée de cavalières survivantes s'organise. Mais ont-elles une réelle chance de sauver leur royaume, également menacé par un terrible incendie ? 

Mon avis :

Dans Nous serons l'incendie, Jeanne Mariem Corrèze réinvestit son fabuleux univers initié dans Le Chant des Cavalières et peuplé de cavalières, de créatures fantasmagoriques et d'un mage de feu. Mais, cette fois-ci celui-ci est mis à feu et à sang, meurtri par la guerre et dévoré par les flammes. En effet, la guerre menée par Eliane de Nordeau a laissé les citadelles exsangues, tuant bon nombre de guerrières et d'habitants de Sarda. Or, la poignée de survivants organise la résistance pour tenter de libérer les territoires occupés par les Sabès. Les affrontements se multiplient et sont sanglants. La puissance de feu des Contés-Unis des Sabès est telle que la rébellion des cavalières paraît dérisoire. Le seul atout qu'elles semblent encore avoir dans leurs manches est le dernier mage de feu, Myrddin même si celui-ci est sorti affaibli du conflit. Blessé et hanté par les fantômes de son passé, il est difficile de voir en lui un allié fiable. D'autant que sa magie est déclinante et même défaillante condamnant de facto le royaume de Sarda à sombrer dans les ténèbres. Surtout que celui-ci est également en proie un gigantesque incendie nourri par la sécheresse qui consume cette terre depuis bien trop longtemps. Or, rien ne semble pouvoir arrêter ce feu à caractère surnaturel si ce n'est peut-être la magie ? 

Jeanne Mariem Corrèze nous plonge donc dans un monde divisé et en ruines. L'ambiance choisie pour cette nouvelle intrigue est crépusculaire et s'accorde parfaitement aux thématiques mises en exergue. 

On y parle avant tout de la guerre et de ses conséquences sur les peuples envahis. Entre ces lignes, la terre de Sarda est occupée obligeant la population locale à se déplacer pour échapper à un sort funeste ou à l'esclavage. En effet, beaucoup de femmes sont enlevées pour rejoindre les mines où elles trouvent bien souvent la mort. Les ressources sont pillées pour enrichir les Contés-Unis des Sabès. La terre est littéralement vidée de sa substance et beaucoup d'enfants sont orphelins.  Le récit est dramatique et donne le vertige bousculant nos émotions car il est impossible de rester indifférent à tant de détresse. 

Pour autant ce texte est loin d'être sombre, au contraire, il est incandescent car porté par l'étincelle de rébellion de certains des protagonistes. En effet, Nous serons l'incendie n'est pas un récit de résilience mais bien de résistance. L'autrice nous attache aux pas de personnages courageux emplis de certains idéaux. Ivres de liberté, ils enchainent les actions pour affaiblir l'ennemi et se libérer de leur joug. Le roman n'en est que plus palpitant, rempli de rebondissements et de trahisons car les missions de sape du pouvoir des Sabès menées par certaines cavalières ne sont pas toujours couronnées de succès. 

En outre, ce titre est aussi une réflexion politique quant au meilleur modèle à adopter pour construire une société plus juste et davantage représentative. Ainsi, en dépit du conflit qui fait rage, certaines n'ont pas renoncé à instaurer une république en remplacement de la royauté pour une vraie démocratie. 

Enfin, Jeanne Mariem Corrèze a donné à son texte une portée écologique à travers cette terre malmenée par les hommes, rendue stérile par sa surexploitation devenant ainsi le parfait berceau nourricier pour un incendie inarrêtable. A travers la disparition des forêts et surtout de l'humidité qu'elle dégage, c'est la barrière naturelle du feu qui manque ainsi à l'appel laissant le champ libre à l'aridité qui lui est propice

Pour conclure :

Nous serons l'incendie est un roman choral qui nous transporte dans une aventure pleine de fureur et d'espérance. Jeanne Mariem Corrèze a eu à cœur nous proposer de la diversité dans ses protagonistes qui sont aussi bien racisés, non genrés qu'homosexuels. Elle signe une fantasy épique et inclusive qui s'inscrit dans un questionnement très actuel. 

Finalement, le fond s'accorde parfaitement à la forme puisque le texte est aussi bon que l'écrin est beau. A ne pas manquer pour cette rentrée 2024 !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Chant des Cavalières.

Informations

Jeanne Mariem Corrèze
Nous serons l'incendie
9782361839406
432 pages
Editions Les Moutons électriques

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28/08/2024

Fabien Cerutti, Kosigan, un printemps de sang, éditions Mnémos

Fabien Cerutti, Kosigan, un printemps de sang, éditions Mnémos 

La publication de Kosigan, un printemps de sang signe le retour du célèbre bâtard de Kosigan qui s'est fort bien illustré dans la première tétralogie (composée de L'Ombre du pouvoir, Le Fou prend le Roi, Le Marteau des Sorcières et Le Testament d'involution) de Fabien Cerutti. 

Ainsi, pour notre plus grand plaisir, l'auteur n'en a pas encore fini avec son impertinent Pierre Cordwain et lui a concocté une reprise de service des plus explosifs.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après avoir cédé le commandement de sa compagnie à son second Gérard de Ray, Pierre Cordwain a repris le chemin de sa Bourgogne natale. Officiellement, il veut arracher la vérité sur ses origines à son oncle, Borogar de Kosigan avant qu'il ne trépasse car on le dit très malade, officieusement il souhaite être dans le coin si d'aventure il arrivait malheur aux suivants de la lignée lui laissant le champ libre pour prendre la tête du comté. Bien que disposant d'un sauf-conduit signé par le responsable de la Garde, on ne lui fait pas pour autant un bon accueil et se retrouve enrôlé à devoir jouer les espions dans le comté voisin d'Albret pour prouver sa bonne foi. Chargé d'approcher en toute discrétion son cousin Wenceslas qui est le suivant sur la liste des héritiers pour l'empêcher de faire une mésalliance qui le mettrait en danger. Sur place les imprévus se succèdent obligeant Pierre Cordwain à louvoyer entre les intrigues des puissants pour une fois encore sauver sa tête. La chance sera-t-elle de son côté ? 

Mon avis :

Kosigan, un printemps de sang est une fantasy historique où l'univers est pensé comme une variante de l'Histoire imprégnée de magie. Fabien Cerutti nous propulse cette fois-ci en 1365 dans le puissant duché de Bourgogne contrôlé par Philippe le Hardi depuis qu'il l'a reçu en donation des mains de son père, le roi Jean II le Bon. Sous son ère, les bases de l'Etat bourguignon sont jetées qui à son apogée se dresse même en rival du royaume de France. Or, Fabien Cerutti se sert de ces rivalités où le comté de Bourgogne est une épine dans le pied du roi de France, Charles V qui se retrouve pris en tenaille entre l'hégémonie anglaise et cette puissante principauté bourguignonne. C'est pourquoi le souverain français s'est adjoint le soutien des peuples anciens à travers un certain abbé Nirdrym afin d'étendre son influence et de mettre enfin un terme à la menace anglaise. Aussi entre ces lignes les comtés d'Albret et de Kosigan appartenant jusque-là à des bannerets de Philippe le Hardi deviennent le théâtre d'affrontements sanglants, d'assassinats et de complots politiques car disputées par les deux puissances en présence. Sous la houlette de cet abbé Nirdrym présenté comme le frère de Merlin, orcs, elfes noirs, ogres et même un dragon marchent sous ses ordres dans l'espoir de restaurer le monde ancien sur le dieu crucifié de Rome. Derrière ce double du légendaire mage, l'auteur explore la figure sombre pleine de ruses  et de tromperies endossée parfois par l'enchanteur. Ici, Nirdrym est un être inquiétant et redoutable qui ne recule devant aucun sacrifice pour mener à bien sa quête. 

Ainsi, personnalités historiques et créatures merveilleuses voient leurs destins se mêler à des intrigues politiques parfaitement bien ficelées. 

L'imaginaire de Fabien Cerutti est tout bonnement fabuleux. Il a trouvé l'accord parfait pour créer l'alchimie entre son monde et les lecteurs. 

La magie s'exprime par l'intermédiaire de la Source avec laquelle les détenteurs de pouvoir interagissent. Ceux-ci disposent d'ailleurs d'un sang-noir faisant d'eux des êtres à part. Mais celui-ci est loin d'avoir révéler tous ses secrets et son potentiel puisque Pierre Cordwain cherche encore à en connaître ses limites. 

A l'instar de ses précédents romans, l'auteur nous a concocté une nouvelle intrigue extrêmement bien rythmée qui alterne les points de vue de Pierre Cordwain et Dùnevia Illavaëlle. Les chapitres sont courts et incisifs pour maintenir le lecteur dans un suspense palpitant. Le récit est très immersif et donne l'impression de l'avoir quitté la veille tellement on s'attache avec facilité à ses protagonistes hauts en couleurs. Le cynisme et l'humour de Pierre Cordwain en font un personnage irrésistible. Ici, il a abandonné l'identité de mercenaire pour celui d'un homme cherchant à retrouver les bonnes grâces de la famille qui l'a rejeté. Il est à la fois touchant et machiavélique car on ne refait pas sa nature, n'est ce pas ! On va le suivre dans la quête de ses origines qui va l'amener une nouvelle fois sur les chemins tortueux du pouvoir. Son charisme lui vaut autant d'allégeances que de traitrises. Parmi ses fidèles, il y a Dùnevia Illavaëlle qui est une changesang. Dans cette nouvelle partition, elle va jouer son éclaireuse pour l'avertir de ce qui se trame chez le voisin. Elle est clairement un atout dans les manigances de Pierre Cordwain pour mener à bien ses petites affaires.

Pour conclure :

Kosigan, un printemps de sang mêle une intrigue efficace à un monde onirique qui recèle encore tant de merveilles à découvrir. C'est l'un des romans de la rentrée que j'attendais le plus et le coup de cœur est au rendez-vous. Que demandez de plus !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'Ombre du pouvoir, Le Fou prend le Roi, Le Marteau des Sorcières et Le Testament d'involution

Informations

Fabien Cerutti
Kosigan, un printemps de sang
9782382671504
432 pages
Editions Mnémos

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