L'influence du "gaming" à la littérature

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15/11/2024

Aurélie Wellenstein, La Harpistes des terres rouges, éditions Outrefleuve

Aurélie Wellenstein, La Harpiste des terres rouges, éditions Outrefleuve 

Nul besoin de présenter Aurélie Wellenstein entre ces lignes tant les romans de cette autrice sont toujours très appréciés ici. Or, cela tombe bien, son nouveau livre est paru cet automne chez Outrefleuve. Il s'agit de La Harpiste des terres rouges qui nous entraine cette fois-ci à la conquête de l'Ouest.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Fleuve, je remercie Estelle Revelant pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors qu'Abraham est au chevet de sa mère qui vit ses derniers instants, la lettre d'une femme donnant des nouvelles de son frère, parti dans l'Ouest il y a longtemps, est arrivée au domaine des Kessel. Celui-ci serait le prisonnier d'un drôle d'endroit, à moins qu'il ne soit déjà mort. Bien qu'il demeure sans certitudes, Abraham décide de s'embarquer dans ce voyage peut-être sans retour mais avec l'espoir ténu de retrouver Jarod et de le sauver, qui sait ! 

Mon avis :

Dans La Harpiste des terres rouges, Aurélie Wellenstein nous entraîne à nouveau dans un univers singulier et horrifique. Cette fois-ci, elle a pris pour décor l'ouest américain, ses immensités arides, ses saloons ou encore ses pistoleros à la gâchette sensible qu'elle accommode à un merveilleux monstrueux fort original. 

C'est tout le talent de cette plume qui explore des imaginaires toujours très surprenants. Ainsi, au cœur de cet Ouest sauvage existe un lieu sinistre qui fascine autant qu'il terrifie. Il s'agit de Symphonie, un territoire secret, une geôle pour les âmes égarées tombées dans les rets de la Harpiste. Cette énigmatique créature incarne le mal que les plus téméraires ou les plus fous cherchent à abattre. Son nom est sur toutes les lèvres, son ombre plane sur ce monde tourmenté. Et pourtant elle semble inaccessible. Silhouette de femme avec une tête de harpe, elle soulève des armées pour se tenir hors de portée et protéger ainsi son territoire. Son existence nourrit les légendes les plus folles mais nul ne peut se targuer de l'avoir approché sans tomber en esclavage. Même en étant greffé et disposant donc d'un certain pouvoir, rien ne prouve que l'affrontement sera triomphant. 

La magie qui coule entre ces pages repose donc sur la réussite des greffes qui changent à jamais les receveurs, soit en les tuant suite à un rejet, soit en les rendant plus fort tout en les modifiant profondément dans leur chair. C'est une magie qui flirte avec une expérimentation scientifique glauque et non maîtrisée. En effet, les chances de réussite sont minces et les revers sont violents. Le prix à payer pour devenir un humain augmenté et posséder cette puissance tant désirée est grand. Certains le font par choix mais beaucoup y sont contraints. Aussi au fil des chapitres, on croise aussi bien des humains avec des instruments de musique ou des armes greffés à la place des membres quand ce n'est carrément pas des extensions animales ou végétales comme par exemple une mâchoire de grand félin. Clairement, Aurélie Wellenstein a emprunté à l'ambiance du freak show  pour nourrir son monde d'une aura d'étrangeté et de frissons. 

Un emprunt qui lui permet d'explorer une thématique récurrente dans ses textes, à savoir la monstruosité. Elle aime confronter les humains à leur part d'ombre. Celle-ci est bien souvent dissimulée sous une apparence trompeuse. C'est tout le questionnement de l'autrice qui tourne autour de la figure du monstre, à travers le jugement hâtif souvent fait vis-à-vis de la différence. 

Elle en profite également pour s'intéresser aux relations familiales et parler de violences conjugales. Son texte est une nouvelle fois très engagé à propos de la protection de la nature et du respect dû à la faune et à la flore. Elle évoque beaucoup la maltraitance animale, un sujet qui lui tient à cœur. Ici, il s'agit de dénoncer l'exploitation des chevaux ainsi que le traitement réservé aux mustangs, ces montures sauvages capturées et exploitées. 

Le récit dégage une réelle émotion forte portée par sa communauté de personnages. Si l'on prend Abraham dans sa volonté farouche de retrouver son frère au détriment de sa propre survie ou l'abnégation d'Amy qui fait fi de ses plus grandes terreurs pour accompagner celle qu'elle considère comme sa seule famille dans une dangereuse mais néanmoins nécessaire quête. 

Dans son roman, Aurélie Wellenstein s'est attelée à nous brosser le portrait de protagonistes à vif tous plus attachants les uns que les autres.

Pour conclure :

Avec La Harpistes des terres rouges, elle signe une fantasy âpre au goût de poudre qui nous transporte au cœur d'un ouest féroce et impitoyable. Elle revisite avec talent ce Far West cinématographique et nous en livre une fresque incroyable. Alors, vous reprendriez bien un peu d'Aurélie Wellenstein, non ?

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Mers Mortes, Le Dieu Oiseau, Le Désert des Couleurs, Les Loups Chantants et les tomes 1 et 2 de L'Epée, la Famine et la Peste

Informations

Aurélie Wellenstein
La Harpiste des terres rouges
9782265158207
352 pages
Editions Outrefleuve

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09/11/2024

Brandon Sanderson, La Voie des Rois, T.1, Les Archives de Roshar, éditions Le Livre de Poche

Brandon Sanderson, La Voie des Rois
T.1, 
Les Archives de Roshar
éditions Le Livre de Poche

Au fil de ses romans, Brandon Sanderson s'est hissé au rang des auteurs classiques des littératures de l'Imaginaire anglophone reprenant ainsi avec brio le flambeau de ses prédécesseurs. 

Comme d'autres avant lui, il a l'ambition de développer un vaste univers que l'on retrouve dans certaines de ses séries ou de ses romans isolés. 

Avec ses 20 millions d'exemplaires vendus, Brandon Sanderson est vite devenu un auteur à succès. C'est donc tout naturellement que son nom s'est imposé lorsque la librairie en ligne Dolpo m'a proposé de mettre en valeur trois grands noms de l'Imaginaire.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Dolpo, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Pendant que des seigneurs de guerre luttent contre les Parshendis et intriguent pour s'attirer les faveurs du roi, d'autres, à l'image de Kaladin se battent pour survivre. Cet ancien soldat devenu un esclave se retrouve à prendre part à ce conflit à la plus ignoble des places. De son côté, Shallan s'est débrouillée pour devenir la pupille d'une noble érudite afin de lui dérober quelque chose qui, elle l'espère, sauvera sa famille mais au final trouvera un tout autre savoir. 

Mon avis :

Dans Les Archives de Roshar, on entre d'emblée dans un univers fouillé riche d'un passé fastueux. Bien qu'ils aient disparu depuis des siècles, l'ombre des Chevaliers Radieux plane sur les terres des Plaines Brisées et s'incarnent sous la forme de Lames d'Eclat et d'armures magiques conférant à leurs nouveaux porteurs une invincibilité. Ces divinités d'un autre âge continuent d'être vénérées même si elles appartiennent au passé. Leur héritage est fait de Fulgiflamme qui anime les gemmes et fait apparaître les Cuirasses et les Lames d'Eclat. C'est la magie qui habite les pages de cette série. Elle n'est entre les mains que d'une poignée d'élus et dessine la géopolitique de ce monde. 

Ainsi, par soif de conquête de cette puissance, par convoitise des gemmes de pouvoir, une guerre a été déclarée et des vies sont sacrifiées. Aussi, La Voie des Rois nous entraîne au cœur de terribles batailles et d'affrontements sanglants au cours desquels beaucoup trouvent la mort, notamment les esclaves qui sont envoyés en tête de cortège. C'est donc un texte plein de bruit et de fureur où les complots et les trahisons prennent place. En effet, le contexte belliqueux est propice à la duperie et à la manipulation. Brandon Sanderson se la joue ici fin stratège afin de donner au récit tout son piquant et happer ainsi les lecteurs. 

Toutefois ce roman ne constitue que la première partie de La Voie des Rois. Brandon Sanderson n'y fait donc qu'y poser le décor et les acteurs. Ce premier roman est clairement un tome d'exposition qui ne fait qu'effleurer le vaste univers imaginé par l'auteur sans trop dévoiler ses enjeux. De suite, on prend la mesure du travail minutieux réalisé par Brandon Sanderson pour construire une telle œuvre. Que l'on parle de l'historique de ce monde, du système de magie ou du fonctionnement de cette société, tout est pensé pour proposer un récit très immersif.

En outre, l'auteur a ponctué  son livre de réflexions intéressantes notamment autour de la place de la femme. Il tient un propos plutôt féministe à travers l'érudition des femmes qui sont les seules gardiennes du savoir pendant que les hommes s'attèlent à d'autres tâches comme la guerre. Brandon Sanderson nous dresse donc le portrait de femmes fortes et indépendantes qui incarnent la connaissance, ce qui leur permet de s'élever dans la société. 

L'auteur émet également  une critique de la guerre dans le sens qu'elle sacrifie toujours les plus pauvres au profit des plus nantis de la société. Il rappelle que les décideurs des conflits n'y participent jamais réellement et n'en subissent donc pas les conséquences. Il met en exergue l'impunité d'une certaine caste. 

Bien des personnages se pressent entre les pages de ce livre. Parmi eux, Kaladin est l'un des plus notables. On le suit dans son présent mais aussi dans son passé. Promis à une brillante carrière de chirurgien, on le retrouve soldat puis esclave. C'est un protagoniste qui est hanté par son passé et les choix qu'il a faits. Empli d'une certaine fierté, il a son propre code d'honneur qui le guide dans les dédales de cette vie semée d'embûches que le Tout-Puissant lui a réservée. En dépit du risque de représailles, il reste fidèle à la promesse qu'il s'est faite de maintenir sains et saufs les hommes qu'il a sous ses ordres. C'est un personnage ambivalent, à la fois dur et tendre. Un cœur bat sous cette carapace de guerrier le rendant pour le moins assez attachant. Shallan, elle, est une jeune fille de bonne famille qui a connu de terribles revers l'obligeant à quitter les siens pour partir en quête de ce qui les sauvera. Bien que très jeune, elle ne manque pas d'audace ni de témérité. Sa pugnacité a le mérite d'attirer l'attention et de la mettre sur le chemin qu'elle s'est fixé. Maline et machiavélique à la fois, elle est un personnage tout en nuances que l'on a toujours envie de retrouver. Elle est la clé de compréhension de cet univers tortueux. 

Pour conclure :

Avec La Voie des Rois, Brandon Sanderson jette les bases d'un récit ambitieux mêlant épique et intrigue. Après cette première incursion qui n'est qu'un avant-goût de ce que l'auteur nous réserve. Il me tarde de poursuivre l'aventure afin d'apprécier à sa juste valeur cette plume tant plébiscitée.

Fantasy à la carte

Brandon Sanderson
La Voie des Rois
T.1
Les Archives de Roshar
9782253132905
990 pages
Editions Le Livre de Poche

Lien vers la librairie Dolpo  

31/10/2024

J.R.R. Tolkien, Les Étymologies, éditions Pocket Imaginaire

J.R.R. Tolkien, Les Étymologies, éditions Pocket Imaginaire 

Alors que les éditions Pocket Imaginaire sont en pleine refonte de leur chartre graphique, ils en profitent pour rééditer l'intégralité de l'œuvre de J.R.R. Tolkien

Ainsi toutes les couvertures sont signées par Nicolas Carminade et le rendu est juste magnifique.

Après les très belles éditions du Silmarillion et du Hobbit en 2023, ils poursuivent, notamment, cette année avec Les Étymologies. C'est un ouvrage qui va intéresser les grands amateurs de l'univers de J.R.R. Tolkien, particulièrement ceux qui sont sensibles à la linguistique, d'autant que celle-ci a une grande influence sur la construction de la Terre du Milieu. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse.

Il est à noter que Les Étymologies correspond à un extrait du cinquième volume de L'Histoire de La Terre du Milieu qui regroupe Les Contes Perdus, Les Lais de Bélériand, La Formation de La Terre du Milieu et La Route Perdue. Toutefois, cette version est plus complète que celle publiée au Royaume-Unis grâce à Christopher Tolkien qui a accepté de voir cet ouvrage être réédité de manière indépendante avec l'insertion de quelques corrections.

En outre, cet ouvrage a pu voir le jour grâce au travail minutieux de Christopher Tolkien dont on retrouve d'ailleurs un long texte introductif en début de livre. Il revient notamment sur la genèse des langues inventées par son père, initialement conçues pour incarner une histoire, celle des Elfes. Toutefois, il ne prétend pas ici créer un dictionnaire listant tout le vocabulaire imaginé par J.R.R. Tolkien mais propose plutôt un dictionnaire étymologique traitant des relations avec les mots car c'est ainsi que son père voyait les choses.

Les Étymologies est un ouvrage pensé comme un complément utile à l'étude des textes narratifs de J.R.R. Tolkien. 

Clairement, Les Étymologies nous apparait comme un outil très intéressant pour qui porterait une attention particulière à l'évolution des noms et des langues utilisés par J.R.R. Tolkien au fil des versions de ses différentes histoires. 

Avec Les Étymologies, on touche au cœur de la création de La Terre du Milieu, à la matière qui animait le philologue qu'était J.R.R. Tolkien. 

Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde, pour autant il demeure un formidable élément de compréhension de l'œuvre de J.R.R. Tolkien. 

Avec les fêtes de fin d'année qui approchent, il pourra donc être glissé sous le sapin des admirateurs les plus curieux du maître de la fantasy.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : Le Silmarillion, Le Hobbit, Les Enfants de Hurin, La Chute de Gondolin et Beren et Luthien.

Informations

J.R.R. Tolkien
Les Étymologies
9782266341417
160 pages
Editions Pocket Imaginaire

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27/10/2024

Emmanuel Chastellière, Souveraine du Coronado, éditions Critic

Emmanuel Chastellière, Souveraine du Coronado, éditions Critic

Au fil de ses publications, Emmanuel Chastellière s'est imposé comme un nom incontournable des littératures de l'imaginaire francophone. 

Après avoir eu un coup de cœur pour L'Empire du Léopard et particulièrement, La Piste des Cendres, le voir signer un nouvel opus prenant cadre dans cet univers m'enchante énormément. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Éric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que le Nouveau-Coronado  s'apprête à être vendu aux enchères, une série de meurtres sanglants visant les plus nantis secoue la colonie. C'est à Ferran et à son équipier de mener cette délicate enquête d'autant que les esprits s'échauffent vite. Pendant ce temps, le juge-mage Ochozias emprunte des chemins de traverse pour mener sa propre quête. Séduit par les propos d'un prisonnier promettant l'accès à la vie éternelle, le voici embarqué dans une expédition sur la trace des anciens dieux et à l'issue incertaine. Dans un monde au bord du chaos, nul ne peut donc présager de l'avenir. 

Mon avis :

Avec Souveraine du Coronado, Emmanuel Chastellière nous propose une dernière incursion au cœur de son univers de la Lune d'Or. Il a choisi pour cadre la colonie du Nouveau-Coronado au moment où celle-ci est mise aux enchères. Le climat avec les locaux est donc tendu et la moindre étincelle risque de mettre le feu aux poudres. Or, une série d'assassinats rituels est perpétrée menaçant de faire voler en éclats la paix apparente des lieux en suscitant la peur et la colère. Emmanuel Chastellière a donc introduit des meurtres sacrificiels à caractère ésotérique afin de renouer avec les créatures féériques rencontrées dans les livres précédents. Le temps a passé depuis la première aventure puisque nous sommes au XXe siècle. En dépit d'une évangélisation forcée visant à étouffer les anciennes croyances, celles-ci reviennent en force et sont même le moteur de la rébellion contre le colon qui non content d'avoir investi la terre des autres, se permet d'en disposer à sa guise et de souhaiter la vendre. 

Ainsi, Souveraine du Coronado se pare des couleurs de la fantasy auquel l'auteur a ajouté une pointe de thriller à travers cette vague de crimes à élucider.

En outre, vu le caractère innommable des meurtres, on peut également parler d'ambiance horrifique d'autant que la terreur règne en ces lieux. Emmanuel Chastellière poursuit l'exploration de son riche univers en jouant sur les émotions de ses lecteurs. L'intrigue est une nouvelle fois très riche. Il est notamment question de révolte populaire en réponse à la spoliation de leur terre et à l'intolérance religieuse subie. L'auteur introduit dans son texte des thématiques tournant autour de l'amitié, de la force des liens familiaux mais aussi du deuil, notamment celui de la perte d'un enfant. 

Comme pour chaque roman d'Emmanuel Chastellière, le récit est très soigné. Il faut dire qu'il a toujours à cœur de porter des univers fouillés et des histoires prenantes. 

L'autre atout de cette plume est de créer des personnages féminins de grande qualité. Souveraine du Coronado ne fait d'ailleurs pas exception car pour ma part, ce n'est ni Ferran ni Ochozias qui emportent ma préférence mais plutôt Coré, Denna et Aitana. En effet, on est à nouveau face à trois portraits de femmes fortes qui se révèlent être les vraies héroïnes de cet opus. Badasses, courageuses et frondeuses, elles rendent l'histoire plus intense.

Pour conclure :

Emmanuel Chastellière sait y faire pour nous livrer un texte très qualitatif autant du point de vue de l'action que de la complexité de ses protagonistes. Toutefois Souveraine du Coronado ne détrône pas La Piste des Cendres, un roman qui demeure cher à mon cœur. Pour autant, c'est un très bon livre qui vous emmène dans l'exploration d'un autre rivage et j'en suis sûre, il saura vous captiver.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur L'Empire du Léopard, La Piste des Cendres, Céléstopol, Céléstopol 1922

Informations

Emmanuel Chastellière
Souveraine du Coronado
9782375793107
560 pages
Editions Critic

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16/10/2024

Liz E. Myers, Quiches, Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society

Liz E. Myers, Quiches, Acrylique et Fantômes butés, T.1, The Art of Flowers, Phenix Society 

Autrice d'Imaginaire, Liz E. Myers enchaîne les titres d'urban fantasy  mêlant le contemporain à des notes fantastiques pour réenchanter notre présent. 

Elle est l'invitée du prochain "Mois de" de Book en Stock, ce qui me donne l'occasion de faire connaissance avec cette signature que je ne connaissais pas encore.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Dupinette et Emma Phooka d'avoir accepté ma candidature, ainsi que Liz E. Myers pour l'envoi de ce service de presse dédicacé. 

Au milieu de sa bibliographie qui commence à bien se remplir, mon choix s'est porté sur son dernier roman, The Art of Flowers car le pitch m'a de suite attiré.

Résumé :

Cela fait 3 ans que Capucine est retournée vivre dans sa ville natale. Elle y a ouvert un café librairie. Avec le printemps, c'est le retour du festival des fleurs, un grand évènement qui attire beaucoup de touristes et est l'occasion pour les commerçants locaux d'améliorer leur chiffre d'affaires. Justement cette année Capucine a embauché un apprenti pour l'aider. Elle compte  notamment sur son physique avenant pour tripler sa clientèle, notamment féminine. Une stratégie qui aurait pu fonctionner si tout n'était pas mal partie dès le départ avec son employé. Or, comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'un crime est perpétré. Rien ne va donc plus à Flowers. 

Mon avis :

Avec Quiches, Acrylique et Fantômes butés, Liz E. Myers signe un premier tome d'une saga de cosy mystery teintée de fantastique. On y retrouve les éléments incontournables du genre, le cadre idyllique d'une petite bourgade, le décor d'un café librairie ou salon de thé, une série de meurtres non sanglants à laquelle le ou la protagoniste principal est associé bien involontairement et une petite romance qui se dessine en filigrane de l'intrigue.

A cela Liz E. Myers a ajouté une dimension onirique qui prend la forme du don de divination de son héroïne qui voit et communique avec les défunts. Dès le début du récit, elle est parasitée par un esprit qui la supplie de faire ouvrir une enquête sur son décès. En effet, celui-ci a trouvé la mort lors de l'incendie criminel de la grange d'un notable. Puis, un second meurtre est perpétré perturbant le bon déroulé des festivités et la tranquillité de Capucine. Voilà qui donne un ton ubuesque à l'aventure promettant d'être quelque peu rocambolesque. 

Aussi, on est autant titillé par l'aspect mystérieux des meurtres que par les joutes verbales entre certains personnages. 

Liz E. Myers nous emmène progressivement vers un triangle amoureux dans lequel l'héroïne est propulsée bien malgré elle. Entre les non-dits du passé, la révélation de personnalités plus complexes et le danger qui rôde dans la ville, tout se met en place pour créer une tension et qui sait, peut-être faire surgir la passion. 

Au-delà du ton léger à travers certaines situations désopilantes, The Art of Flowers nous parle de famille et d'amitié en explorant le relationnel dans ses difficultés ainsi que les traumatismes familiaux. 

C'est un texte drôle et bien écrit qui fait le job car on passe un excellent moment en le lisant. De plus, l'autrice a soigné autant le fond que la forme puisqu'elle nous le propose dans le très bel écrin d'un relié à la mise en page bien faite et auréolée d'en-têtes de chapitres fort à-propos. L'objet livre est une vraie réussite et c'est un vrai plaisir que de l'avoir entre les mains. 

Liz E. Myers s'appuie sur un excellent trio de protagonistes pour porter son intrigue. Il y a Capucine. Jeune femme indépendante, entrepreneuse qui a mis toutes les chances de son côté pour réussir sa saison. Bien qu'elle entretient une relation houleuse avec sa mère, elle demeure très pétillante et se révèle pleine d'audace pour surmonter les difficultés que la vie lui a réservées. Elle va vite se retrouver dépassée par son petit stratagème commercial et se retrouver confrontée à un jeu de séduction plus engageant que prévu. A ses côtés se tiennent deux hommes bien différent l'un de l'autre. Il y a d'abord Asher qui cache derrière son physique avantageux une vraie profondeur. Il se révèle être un véritable ami, une épaule solide sur laquelle se reposer, pour Capucine même si cela n'était pas flagrant au début de leur histoire. Quant à Tim, derrière son caractère ombrageux et renfrogné du fait de son passif avec Capucine se cache un esprit chevaleresque qui promet quelques situations savoureuses. 

Pour conclure :

Avec The Art of Flowers, Liz E. Myers signe un texte drôle, tendre et captivant. C'est clairement un coup de cœur pour moi car j'attends déjà la suite avec grande impatience. Retenez bien ce nom car c'est une signature qui mérite qu'on s'y intéresse de très près. Merci à Dup et Phooka pour la découverte, je suis aux anges.

Fantasy à la Carte

Informations

Liz E. Myers
Quiches, Acrylique et Fantômes butés
T.1
The Art of Flowers
Phenix Society

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13/10/2024

Aurélie Haderlé, Malemort, collection Bad Wolf, éditions ActuSF

Aurélie Haderlé, Malemort, éditions ActuSF 

Aurélie Haderlé est une autrice française qui apprécie autant les littératures de l'Imaginaire que la romance ou le roman régionaliste. 

Après une premières incursion au sein de la mythologie nordique, elle réitère l'expérience et nous propose un nouveau titre intitulé Malemort qui est sorti en septembre dernier chez Les Nouvelles éditions ActuSF

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent de m'avoir envoyé ce service de presse dédicacé. 

Résumé :

Après le meurtre de son mari et la mise à sac de son village, la chamane Gyda n'a pas d'autre choix que de s'enfuir en emportant avec elle l'un de ses fils, le seul qu'elle a pu sauver. Elle a trouvé refuge au cœur de la forêt et a décidé d'ôter tous les souvenirs à son fils dans le but de le protéger. Seulement, on échappe pas si facilement à son destin. Rattrapé par son passé, Roderik s'est lancé dans une croisade afin de combler les zones d'ombre de sa mémoire et honorer les siens.

Mon avis :

Malemort prend cadre au Xe siècle en Norvège à la période charnière où le christianisme prend le pas sur les anciennes croyances sous le règne d'Olaf Ier. C'est suite au meurtre du jarl Hakon Sigurdsson qu'il s'empare de la Norvège et entreprend la christianisation forcée du pays, en dépit de la forte résistance que les Vikings lui oppose. On lui attribue notamment la construction de la première église de Norvège, en 995 et la fondation de la ville de Trondheim. 

L'autrice va s'appuyer sur ce contexte houleux piqué de grandes tensions pour nourrir son intrigue. Ainsi, à la cour d'Olaf, alors qu'un homme d'Eglise est présent, un certain proche du roi insiste pour conter une saga légendaire à la manière de la plus célèbre des pays nordiques, la Völsunga. C'est l'occasion pour Aurélie Haderlé de revisiter la mythologie viking qui vient colorer son univers d'un puissant onirisme. En effet, la magie qui habite les pages de ce roman est liée à Odin pour ce qu'il représente car il est le dieu de la guerre. N'oublions pas que les Vikings perçoivent la vie comme un champ de bataille où la bravoure et l'honneur sont primordiaux. Leur destin est choisi par les Nornes et tous aspirent à rejoindre le Valhalla, le paradis des guerriers morts honorablement au combat grâce à l'intervention des Valkyries qui viennent les chercher afin qu'ils participent à l'ultime bataille dit le Ragnarök sous la houlette de leur dieu tutélaire Odin. Or, l'autrice réinvestit ces éléments majeurs de cette mythologie en nous immergeant notamment dans une quête de vengeance nécessaire pour permettre à de nobles guerriers lâchement assassinés de trouver le chemin de leur Eden.

Au fil des pages les rencontres avec les créatures merveilleuses se succèdent. La forêt est ici un lieu enchanté, fief d'une sorcière qui maintient son petit monde captif d'un charme. Ensorcellement qui peut d'ailleurs être rompu par le toucher d'un objet en fer rappelant ainsi la croyance que le fer ou l'acier effrayaient ces figures et créatures mythologiques. 

Plus qu'une histoire de revanche, Aurélie Haderlé a tissé son texte autour d'une quête d'identité en mettant également en lumière le poids du destin. C'est une notion fondamentale pour les nordiques et a donc clairement toute sa place ici. On ne peut y échapper en dépit des détours que la vie nous fait emprunter, celui-ci demeure inéluctable. Derrière ce roman d'aventure, l'autrice évoque  l'importance des liens familiaux et de ses racines pour la construction de soi et la projection vers son futur. 

Enfin, Malemort parle sans surprise de la mort et se pare donc d'une dimension philosophique, à travers notamment le respect dû aux défunts. Pour les Vikings, la mort n'est qu'un état mais pas une fin en soi. L'existence n'est qu'un éternel recommencement. 

Ce roman est donc riche à plus d'un titre. Il s'appuie sur une communauté de héros dont la naissance a été annoncée par les Dises. Ils ont un rôle majeur pour écrire la destinée d'une nation à pleine mutation. Roderik est un personnage intéressant qui va être quelque peu malmené et dont l'oblitération des souvenirs va le conduire à emprunter des chemins de traverse avant d'embrasser sa destinée.

Pour conclure :

Le récit est d'une grande fluidité, très plaisant à lire d'autant qu'on est sur de la fantasy nordique qui s'accorde finalement parfaitement à cette période automnale. Il n'y a donc plus qu'à, n'est-ce pas ? 

Fantasy à la Carte

Informations

Aurélie Haderlé
Malemort
Collection Bad Wolf
9782376866572
328 pages
Editions ActuSF 

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09/10/2024

Laurent Queyssi, Big Sur, éditions 1115

Laurent Queyssi, Big Sur, éditions 1115

Romancier, scénariste de bandes dessinées et traducteur, Laurent Queyssi est un touche-à-tout dont la bibliographie déjà bien fournie compte une dizaine de romans, une vingtaine de nouvelles, deux essais et une dizaine de bandes dessinées. 

Sa dernière novella intitulée Big Sur vient de paraître aux éditions 1115. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions 1115, je remercie Frédéric Dupuy pour l'envoi de ce service de presse qui me donne l'occasion de découvrir une plume que je ne connaissais pas encore.

Résumé :  

Lasse d'enchaîner manuscrit sur manuscrit avec plus ou moins de succès, Scott Pulver a perdu l'inspiration. N'arrivant pas à terminer son roman en cours, il compte bien informer son éditeur de son souhait de raccrocher. Seulement le patron de Fiction press ne veut rien entendre et le renvoie chez lui avec une semaine de délai supplémentaire pour terminer son livre. Or, en sortant il se heurte à deux malotrus à la mine patibulaire. L'incident aurait pu s'arrêter là  sauf qu'arrivé au pied de l'immeuble, il se retrouve face à son éditeur écrasé à ses pieds après avoir été défénestré. Dès lors pour Scott Pulver, l'heure est à l'urgence de se mettre à l'abri avec sa famille. Mais sera-t-il seulement en sécurité quelque part ?

Mon avis :

Big Sur est une novella qui mêle les trois ingrédients favoris de Laurent Queyssi, à savoir la science-fiction, le thriller et l'horreur. 

Big Sur est un conte moderne qui nous plonge dans les difficultés d'un auteur en mal d'inspiration et rattrapé par des problèmes personnels. Véritable road trip au cours duquel le personnage principal tente d'échapper à ses poursuivants, deux malfrats qui ne souhaitent qu'une chose : éliminer le témoin gênant qu'il représente. Voilà de quoi donner du rythme au texte avec un protagoniste qui sillonne l'Amérique jusqu'à atteindre le ville de Big Sur où il s'est mis en tête de remettre le manuscrit qu'il est en train d'écrire à un ami éditeur. 

Chemin faisant, les rencontres fantasmagoriques vont se multiplier. En effet, monstres, zombies, créatures démoniaques se succèdent pour mettre des bâtons dans les roues de Scott Pulver. 

Tantôt ubuesque, tantôt horrifique, l'imaginaire de Laurent Queyssi est pour le moins baroque et nous livre une aventure hors normes. 

Néanmoins, en dépit du ton décalé de sa novella, l'auteur a ponctué son texte de thématiques sérieuses et de sujets d'actualité. En effet, en choisissant de mettre en scène un écrivain comme personnage principal, Laurent Queyssi met surtout en lumière le statut très précaire de cette profession en rappelant sa maigre rémunération et son positionnement en bout de chaîne du livre bien qu'il soit à l'origine dudit produit. Une réalité portée par quelques auteurs sur le devant de la scène médiatique qui se battent pour bouger les lignes et obtenir enfin une amélioration notable des conditions d'exercice de cette profession. 

En outre, l'auteur évoque également le sujet délicat de la maladie et du déni que celle-ci peut parfois susciter chez certaines personnes. Il met en exergue le refus de se reconnaître malade et peut-être condamné choisissant de facto la fuite en avant. En cela, ce texte se teinte d'une certaine gravité dans le ton à travers ce personnage en souffrance qui va passer par plusieurs phases psychologiquement difficiles, à savoir le déni, le repli sur soi puis l'acceptation. 

Derrière un humour cocasse, Laurent Queyssi signe un texte fouillé qui explore la psyché humaine lorsqu'elle est confrontée à des drames personnels bouleversants. 

La lecture de Big Sur m'a donc permis de découvrir une signature de l'imaginaire que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire, même si ce nom ne m'était pas totalement inconnu. 

C'est une novella étonnante, pleine de rebondissements et de bifurcations qui laissent un peu les lecteurs sans voix car tout prend une tournure des plus inattendues. 

Pour conclure :

Que vous connaissez ou non l'auteur, si vous avez envie de vous plonger un moment dans une histoire divertissante, cette novella vous comblera, j'en suis certaine.

Fantasy à la Carte

Informations

Laurent Queyssi
Big Sur
9782385630294
136 pages
Editions 1115

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06/10/2024

Jean-Philippe Jaworski & Melchior Ascaride, Désolation, éditions Les Moutons électriques

Jean-Philippe Jaworski & Melchior Ascaride, Désolation
éditions Les Moutons électriques 

Grande figure des littératures de l'Imaginaire et du jeu de rôle, Jean-Philippe Jaworski n'a jamais cacher son admiration pour J.R.R. Tolkien et ses œuvres. Si l'on veut une preuve, il suffit de regarder du côté de Tiers Age, un jeu de rôle gratuit sur La Terre du Milieu ou encore s'intéresser à son récit Désolation, paru d'abord chez Mnémos en 2011, puis chez Les Moutons électriques en 2020. 

Comme c'est un texte cher au cœur de l'éditeur, il vient de le rééditer, toujours au format d'un très beau graphique publié dans la très belle collection La Bibliothèque Dessinée.  

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Sous l'égide du thane de Diggenhlaew, une compagnie de guerriers nains et de gnomes s'engage sous la montagne du Kluferfell, à l'assaut des galeries souterraines. Bien que bardés de fer, ils n'en mènent pas larges car ils craignent de réveiller l'entité tapie. Le moindre bruit risque de trahir leur position et les livrer à une fin funeste. D'autant qu'il semblerait que plus d'une créature évolue sous terre. A ces conditions, peuvent-ils seulement espérer tous s'en sortir ? Rien n'est moins sûr. 

Mon avis :

Désolation est un court récit de fantasy écrit dans le but de rendre hommage à J.R.R Tolkien. Le titre en lui-même est très évocateur puisqu'il fait référence à la désolation de Smaug. Or, justement une menace tapie hante ces lieux et cause un grand effroi à la compagnie. On ne peut donc qu'avoir l'image d'un dragon faisant de ces mines son fief. Ainsi, bien qu'absent physiquement une peur diffuse et viscérale s'empare tout de même de chaque membre de cette troupe pour mieux les troubler et les pétrifier. 

La tension va vite monter et le bain de sang n'est pas loin, surtout que d'autres créatures se précipitent à leur rencontre. 

En effet, attaqués par des gobelins, ils n'ont pas d'autres choix que de monter à l'assaut. Ces attaques de gobelins sont clairement un clin d'œil aux affrontements de la communauté de l'anneau avec les orques et les gobelins au cœur de la Moria. 

Tout comme J.R.R. Tolkien, Jean-Philippe Jaworski table aussi sur des scènes très visuelles. Ainsi, il emprunte les mêmes ingrédients que le maître de la fantasy pour nous livrer un récit très épique. 

Désolation est un roman d'aventure au ton guerrier qui prend cadre dans le Vieux Royaume imaginé par Jean-Philippe Jaworski. 

La plume est comme d'habitude très enlevé en mêlant les ambiances, tantôt mystérieuse, tantôt horrifique. 

L'auteur joue sur les rebondissements jusqu'à y ajouter un soupçon de trahisons pour faire bonne mesure et ainsi tenir les lecteurs en haleine. Le but est atteint car on ne voit rien venir, sans doute trop captivé par les illustrations de Melchior Ascaride.

Silhouettes sombres, visages grimaçants et yeux effarés égrènent les pages de ce livre et portent ce texte en lui donnant toute sa palette de couleurs qui viennent jouer sur les émotions suscitant peur et intrigue. 

En accueillant ce récit au sein de La Bibliothèque Dessinée, Les Moutons électriques signent leur volonté de mettre à l'honneur un livre à fort potentiel. Le résultat est réussi car c'est une publication très soignée. Ce relié est de belle facture réhaussé par les nombreux dessins d'un artiste très talentueux au style inimitable.

Pour conclure :

Cette collection de graphiques est bien trop stylée pour passer à côté. Alors n'hésitez pas et laissez-vous tenter par l'une ou l'autre de ces aventures. Si vous aimez l'œuvre de J.R.R. Tolkien pourquoi ne pas lire du Jaworski sous un jour nouveau ? 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Gagner la Guerre, Le Chevalier aux Epines, Le Conte de L'Assassin, Le Débat des Dames et Les Fauteurs d'ordre.

Informations

Jean-Philippe Jaworski
Melchior Ascaride
Désolation
La Bibliothèque Dessinée
9782361839437
146 pages
Editions Les Moutons électriques

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01/10/2024

Margaret Killjoy, L'Agneau égorgera le lion, collection RéciFs, éditions Argyll

Margaret Killjoy, L'Agneau égorgera le lion
collection RéciFs, 
éditions Argyll 

Après Mu Ming et son très beau texte du Bracelet de Jade, c'est au tour de Margaret Killjoy de rejoindre la très ambitieuse collection RéciFs des éditions Argyll. 

Pour avoir lu et grandement apprécié Un Pays de Fantômes, je connais déjà la qualité de cette signature de l'Imaginaire et ne pouvais donc pas passer à côté de la lecture de ce court récit.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Simon et Xavier pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après le suicide de son meilleur ami, Danielle Cain décide de se rendre dans la petite ville de Freedom dans l'Iowa, peuplée d'anarchistes, pour comprendre les raisons de son geste. Mais sa venue n'est pas au goût de tous d'autant qu'elle vient de découvrir qu'ils ont invoqué un esprit sans fin pour protéger la communauté. Or, celle-ci ne fait pas dans la dentelle en éclaircissant quelque peu leurs rangs. Plus que de faire le jour sur une mort suspecte, c'est toute une population qu'elle va devoir sauver, parfois bien malgré elle. 

Mon avis :

L'Agneau égorgera le lion est une novella de fantasy qui nous emmène dans une petite bourgade perdue de l'Iowa en proie à de la sorcellerie. En effet, une entité a été invoquée pour protéger le groupe. Celle-ci prend la forme d'un cerf à trois cornes terrifiant. Il incarne un esprit justicier implacable qui se repaît au sens viscéral de toutes les formes de menaces. Il apparaît toujours de jour et est parfois accompagné par d'autres créatures ressemblant à des cadavres animés. Leurs présences instillent une dimension horrifique au texte. Il en ressort une ambiance lourde et pesante qui se met au diapason des peurs diffuses ressenties par le personnage principal. Les morts violentes qui émaillent les pages de ce récit font monter la tension crescendo jusqu'au dénouement. Ainsi, la fantasy de Margaret Killjoy se teinte d'épouvante associée à quelques notes de thriller. 

Comme dans chacun de ses textes, la plume de cette auteurice est porteuse d'un propos politique engagé. En effet, iel se plaît à déconstruire le modèle social imposé par les pouvoirs en place pour proposer à la société une autre manière de fonctionner. 

En outre, Margaret Killjoy questionne habilement la notion d'anarchie qui, contrairement aux idées reçues, n'est pas forcément synonyme de chaos. Dans L'Agneau égorgera le lion, l'auteurice interroge la place de la liberté dans une société encartée par un carcan rigide de lois et propose un autre vivre ensemble qui n'a, bien entendu, d'intérêt que si nul ne prend le pouvoir. En cela, iel a bien conscience des limites de son utopie. De même, Iel dénonce également l'autorité et l'arbitraire qui nient les existences individuelles au profit d'un diktat auquel se conformer. 

De plus, Margaret Killjoy met en exergue les persécutions et les injustices que subissent les communautés anticonformistes. 

L'Agneau égorgera le lion est riche de propos pertinents qui tracent de nouvelles perspectives pour redessiner un futur digne où le terme "révolution" ne serait pas vain. 

Justice, liberté et égalité sont autant de thématiques que Margaret Killjoy se plaît à explorer entre ces lignes. 

Iel signe un nouveau récit coup-de-poing plein de vérité et de justesse. C'est clairement un récit d'une grande puissance que l'on a du mal à lâcher, d'autant qu'il est emmené par une communauté de personnages plutôt hauts en couleurs et très attachants. 

Parmi eux, il faut, bien évidemment, citer la narratrice principale Danielle Cain. Partie en quête de vérité, c'est dans une croisade bien plus vaste qu'elle se retrouve enrôlée car il s'agit ni plus ni moins de comprendre ce qui menace la communauté de Freedom pour mieux la sauver. Elle en ressort grandie et nettement plus forte car elle a pris conscience de la force du nombre. En se frottant aux autres, elle prend la mesure de l'importance de ne pas rester seule et de s'entourer des bonnes personnes. A travers ses protagonistes, Margaret Killjoy teste les relations humaines dans leur pluralité et leur diversité.

Pour conclure :

L'Agneau égorgera le lion a clairement toute sa place dans la collection RéciFs. Pleine d'audace, la plume de Margaret Killjoy renouvelle le genre avec beaucoup d'habileté et de finesse. Auteurice à suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Un Pays de Fantômes.

Informations

Margaret Killjoy
L'Agneau égorgera le lion
Collection RéciFs
9782494665392
144 pages
Editions Argyll

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28/09/2024

Katherine Arden, Requiem pour les fantômes, collection Lunes d'encre, éditions Denoël

Katherine Arden, Requiem pour les fantômes, collection Lunes d'Encre, 
Éditions Denoël 

Après le succès de sa trilogie d'Une nuit d'hiver empruntant au folklore slave, Katherine Arden est de retour avec un nouveau texte. Il s'agit de Requiem pour les fantômes qui est récemment paru dans la collection Lunes d'encre des éditions Denoël. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Denoël, je remercie Pol pour l'envoi de ce service de presse sous la forme d'une épreuve non corrigée.

Résumé :

A Halifax, en Nouvelle-Ecosse, Laura Iven a été démobilisée suite à une grave blessure. Après une grosse explosion rasant son quartier et tuant sa mère par la même occasion, elle a trouvé refuge chez deux vieilles dames et a repris du service comme infirmière pour aider à soigner les blessés de cette catastrophe. Mais, l'arrivée d'un colis contenant les affaires de son frère parti au front va la bouleverser profondément. Refusant de croire à sa mort, elle finit par se rendre en Flandres pour comprendre ce qu'il s'est passé. Sur place les réponses qui l'attendent pourraient bien l'ébranler plus que de raison. Et qui sait ce qu'elle va trouver.

Mon avis :

Avec Requiem pour les fantômes, Katherine Arden change de registre et signe une fantasy historique qui réinvestit le début du XXe siècle marqué par la Première Guerre Mondiale. Elle a d'ailleurs choisi comme cadre d'action, la terrible bataille de Passchendaele qui opposa les armées canadienne, anglaise et française à l'armée allemande et restera dans les mémoires de l'epoque comme le conflit le plus gigantesque, le plus sanglant et le plus inutile de l'Histoire. 

Point de rupture pour une société en pleine mutation, c'est une période opportune pour Katherine Arden d'y instiller un caractère onirique. Le modernisme se dispute à l'archaïsme et devient le parfait terreau pour que l'imaginaire s'épanouisse. Au-delà de la machinerie qui est clairement propice au steampunk, l'autrice a surtout beaucoup exploité ici le côté apocalyptique de ce violent épisode. En effet, la Première Guerre Mondiale marque la fin d'un monde. La mort est partout et draine avec elle son lot de souffrance et de désolation. On ne s'étonne donc pas d'y croiser de nombreux fantômes qui gravitent notamment autour d'un personnage central personnifiant le cavalier de l'Apocalypse. Faland est un personnage charismatique et inquiétant qui centralise un grand pouvoir. Il incarne la magie entre ces lignes. En effet, il attire non seulement les fantômes mais entraîne dans son sillage les âmes perdues, leur prenant leurs souvenirs sous couvert de les soulager de leurs peines et de leurs souffrances. Il intrigue par sa personnalité et fascine les plus vulnérables. Au son de son violon, il entraîne dans son sillage les plus démunis, les plus traumatisés pour les conduire dans un ailleurs qui apaisera leur douleur mais les condamnera à une vie d'oubli. Le pouvoir qui est à l'œuvre dans ce récit est sombre et pesant car il se nourrie du malheur des humains. Faland est le mauvais génie de ses êtres cabossés par la guerre. Sa présence infuse au texte une saveur douce amère qui ne laisse pas indifférente et donne à ce livre une aura si singulière. 

En outre, Requiem pour les fantômes est un roman d'une grande richesse car en choisissant la Première Guerre Mondiale pour décor, Katherine Arden se laisse l'opportunité de dénoncer la guerre et ses conséquences autant physiques que psychologiques. Elle a donc piqué son texte d'une critique politique portant particulièrement sur l'inutilité de ces conflits armés et de l'absence de leçon tirée au vu du climat belliciste qui n'a cessé d'embraser le monde depuis cette première moitié du XXe siècle, d'autant qu'ils sont toujours décidés en haut lieu par des personnes qui n'y prennent jamais part. 

Ce livre est bouleversant et riche en émotions variées. Il nous parle de deuil, de reconstruction après l'horreur et la solitude. Ce récit dégage émotionnellement une grande puissance qui se cristallise autour de ses personnages auxquels on ne peut que s'attacher. Tous sont tourmentés, touchés dans leur chair pour certains ou meurtris dans leur âme pour d'autres. L'autrice explore à travers eux les ravages de la guerre, la défiguration ou les troubles psychiques. Au milieu de cette communauté de protagonistes que Katherine Arden a choisi de mettre en scène, il y a les deux narrateurs de cette histoire, à savoir Laura Iven et son frère Wilfried, dit "Freddie". Blessée au cours de cette odieuse guerre, Laura en conserve encore les stigmates l'handicapant par moment. Pour autant, elle fait preuve de beaucoup de courage et d'abnégation et décide de retourner au front afin de soigner les blessés et de retrouver la trace de son frère porté disparu. Elle incarne l'image de la femme forte, solide et têtue, des qualités indéniables pour mener à bien sa quête.  A travers elle et les autres protagonistes féminins, Katherine Arden démontre aussi sa volonté de rappeler le rôle héroïque de ces femmes pendant la guerre donnant un coup de pouce à leur émancipation en ébranlant par la même occasion les mœurs de la société de l'époque. Quant à Freddie, il était un jeune homme plein de rêve et pétri d'un certain idéal au moment de s'engager mais le choc des tranchées va le changer profondément. Il va connaître un drame qui va manquer de peu de lui ôter la vie. Un évènement qui va le faire basculer vers autre chose. Sa personnalité va s'en retrouver profondément changé, notamment à cause d'une rencontre. A travers lui, l'autrice questionne la figure de l'étranger traité en ennemi et surtout la légitimité d'une telle position.

Pour conclure :

Avec Requiem pour les fantômes, Katherine Arden donne à sa fantasy une toute autre musicalité. Elle jette un nouveau regard sur ces évènements qui ont endeuillé l'Europe au XXe siècle et rappelle aux Américains que même si cela a peu compté dans l'Histoire américaine, beaucoup de compatriotes y ont perdu la vie. 

C'est un magnifique récit plein d'élégance et de sensibilité.

Fantasy à la Carte

Informations

Katherine Arden
Requiem pour les fantômes
9782207179345
480 pages
Collection Lunes d'encre
Editions Denoël

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21/09/2024

Nelly Chadour & Anne-Perrine Couët, Les sœurs Brontë contre la Momie, éditions Les Moutons électriques

Nelly Chadour & Anne-Perrine Couët, Les sœurs Brontë contre la Momie
éditions Les Moutons électriques 

Nelly Chadour est l'une des voix montantes des littératures de l'Imaginaire. Sa bibliographie compte déjà plusieurs titres comme Espérer le soleil ou Avant 7 jours. Quant à sa novella Les sœurs Brontë contre la Momie, elle vient d'être rééditée au format illustré dans la très belle collection, La Bibliothèque Dessinée des éditions Les Moutons électriques. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Alors que Charlotte et Anne sont parties à Londres pour mettre les choses au clair avec leur éditeur, Emily, elle, est restée dans le Yorkshire afin de garder à l'œil son père et son frère. Or, justement ce dernier s'est une nouvelle fois éclipsée dans la lande alors que la soirée est déjà bien avancée. Partie le chercher en compagnie de son chien, Emily le retrouve aux prises avec une étrange créature sortie de terre pour l'étrangler. N'écoutant que son courage, elle le sort des griffes de cette abomination et pense être saine et sauve. Seulement, la nuit venue, celle-ci s'est introduite dans la demeure familiale pour enlever son ivrogne de frère. Emily n'a pas d'autre choix que de partir à sa poursuite en espérant ne pas arriver trop tard. Quant à ses deux sœurs, elles ne sont pas plus en sécurité de leurs côtés puisque d'étranges phénomènes sont à l'œuvre dans les rues de Londres. Echapperont-elles à un sort funeste et trouveront-elles la clé de ce mystère ?

Mon avis :

Dans Les sœurs Brontë contre la Momie, Nelly Chadour nous propose un mélange de genres à sa sauce. Ainsi, elle mêle habilement des notes pré-apocalyptiques à de l'uchronie et de la fantasy. Dans son roman, Les sœurs Brontë croisent la route de momies ressuscitées importées à Londres à l'occasion d'une exposition. La rencontre promet d'être un brin cocasse et particulièrement horrifique, surtout au vu de l'agressivité des cadavres animés qui cherchent juste à les étouffer à coup de serpents dans le gosier. Pour la famille Brontë, il s'agira surtout de survivre et d'empêcher le monde d'être broyé sous les crochets d'Apophis. Vous l'aurez compris, Nelly Chadour revisite un épisode majeur de la mythologie égyptienne au cours duquel Apophis, symbole du chaos et du mal, est contré dans ses attaques du dieu Rê par Seth, Isis et Bastet qui l'empêchent de mettre fin à la création. 

Le cadre est clairement idéal pour y développer un récit crépusculaire où il sera question d'empêcher rien de moins qu'un Armageddon. Enrôler les sœurs Brontë dans cette aventure ne manque pas de charme car voir ces demoiselles retrousser leurs manches pour affronter ces immondes créatures au risque de leur vie est juste trépident. 

Dans son livre, Nelly Chadour casse leur image de femmes de lettres, dont le nom est clairement associé au romantisme, pour nous brosser le portrait de petits bouts de femmes pleine de courage, aventurières qui se frottent sans hésiter au danger. C'est un régal de les retrouver dans cette aventure baroque où la magie s'épanouit généreusement aussi bien à travers l'apparition de divinités égyptiennes déchues ou non que dans cette capacité qu'ont les sœurs à pouvoir s'écrire à distance par l'intermédiaire d'une sorte de transe. Un don lié à l'écriture, c'est plutôt bien vu pour des écrivaines, n'est ce pas ! 

Le récit est insolite, drôle et rocambolesque. Une alchimie se crée de suite avec ces protagonistes que l'on découvre sous un jour nouveau, au moins pour certains d'entre eux. Le ton enlevé de Nelly Chadour joue beaucoup sur l'absurde pour divertir ses lecteurs. Ici, elle s'appuie sur des héroïnes fortes qui sont là pour sauver la situation en luttant bec et ongles contre la menace pendant que les hommes, eux, préfèrent se cacher ou se sauver. En cela, l'autrice adopte un point de vue féministe afin de casser la place mineure qu'occupaient les femmes du XIXe siècle. C'est rafraîchissant !

Quelle merveilleuse idée qu'ont eu Les Moutons électriques d'offrir à ce texte un nouvel écrin extrêmement visuel. Il fallait bien un graphic pour mettre en couleurs cette intrigue pleine de panache. Et il faut bien le dire Anne-Perrine Couët a parfaitement su capter l'essence de cette histoire pour la retranscrire à merveille à coup d'illustrations de qualité. Le texte et les images s'ajustent parfaitement pour donner du relief à l'action et du rythme à la lecture. 

Pour conclure :

Intégrer Les sœurs Brontë contre la Momie dans La Bibliothèque dessinée, c'est le gage d'une lecture extrêmement divertissante. Alors que le spectacle commence...

Fantasy à la Carte

Informations

Nelly Chadour
Les sœurs Brontë contre la Momie
Collection La Bibliothèque Dessinée
9782361839420
161 pages
Editions Les Moutons électriques 

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16/09/2024

Rozenn Illiano, D'Hiver et d'Ombres, OniroProds

Rozenn Illiano, D'Hiver et d'Ombres, éditions OniroProds 

Avec l'automne qui revient, c'est également le retour du "Mois de" chez Book en Stock. Le principe est simple, il s'agit d'une interview partagée organisée par Phooka et Dupinette sur leur blog après qu'elles aient préalablement choisi le mois et l'auteur à mettre en valeur. 

Or pour cette nouvelle édition, elles ont décidé de donner la parole à la talentueuse Rozenn Illiano

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Book en Stock, je remercie Rozenn Illiano pour l'envoi de son roman D'Hiver et d'Ombres.

Résumé :

Dans la Cité des Bâtisseurs vit un grand inventeur prénommé Filius. Il a un secret qu'il cache à tous sous peine d'être arrêté, voire pire. Il a le don de visiter les autres mondes en rêve. Or, depuis quelque temps, il s'est attelé à l'invention d'une machine capable de le téléporter pour de vrai dans ces royaumes parallèles. Aidé par une confrère, il espérait garder pour lui ses petites expériences, seulement il va être dénoncé par un proche un peu trop ambitieux et il va devoir s'échapper pour espérer rester en vie et libre. Mais où ces destinations inconnues vont-ils l'amener ? Que trouvera-t-il au bout du chemin ? Un refuge sûr ou d'autres dangers car peut-on réellement fuir longtemps  son passé sans être rattrapé ?

Mon avis :

D'Hiver et d'Ombres est une fantasy crépusculaire qui emprunte autant au merveilleux, au steampunk qu'au postapocalyptique. En effet, Rozenn Illiano joue sur un multivers dans lequel ses personnages vont évoluer. Ils traversent de nombreux univers. Certains sont accueillants, d'autres sont hostiles ou en voie de disparition. Ils se servent des onirolabes inventés par  Filius pour arrêver dans ces mondes qu'ils ne pouvaient rejoindre qu'en rêve jusque-là. 

Ainsi, l'autrice a instillé de la technologie dans sa fantasy, ce qui lui donne une saveur toute particulière. D'autant qu'elle y a ajouté des bracelets de perles d'irev qui servent de traducteurs et permettent de communiquer avec les natifs des autres mondes. 

Néanmoins, ce don de rêver est très mal vu, aussi ceux qui en ont la capacité le taisent sous peine d'être emprisonné ou tué. C'est la raison pour laquelle Filius a fabriqué l'onirolabe afin d'échapper à un sort funeste tout en cherchant à se rapprocher des gens comme lui et ainsi créer la Guilde des Voyageurs afin d'explorer ces univers parallèles. 

Seulement, ils vont vite découvrir qu'une menace pèse sur ces mondes que l'on appelle ici les Ombres, prenant la forme de tempêtes de neige et d'attaques d'oiseaux noirs. C'est donc dans une course contre la montre que ces cinq explorateurs s'engagent afin d'endiguer le phénomène. En effet, il faut préserver le monde-rêve à tout prix en protégeant particulièrement le Prunellier, appelé également l'Epine Noire sinon la destruction sera totale. D'ailleurs, ceux qui vouent un culte à l'Epine Noire se sont déjà attelés à cette mission et cherchent à éliminer tous les éléments considérés comme responsables de cette fin. Ils ont été sensibilisés à cette cause par les Sœurs du Silence qui ont prophétisé cet anéantissement depuis fort longtemps. 

Dans D'Hiver et d'Ombres, Rozenn Illiano donne à sa fantasy un cadre fouillé et original dans lequel s'épanouit une intrigue complexe. 

Le texte est riche car derrière ce récit d'aventure se cachent des thématiques intéressantes tournant autour de l'écologie et la survie. Il y a une vraie réflexion sur l'impact des hommes sur la nature à travers les bouleversements environnementaux dus aux changements climatiques. 

En outre, le livre parle également de tolérance et d'amitié mais aussi de quête de soi pour trouver sa place au sein de la société. 

D'Hiver et d'Ombres est un roman choral porté par de nombreuses voix. On peut citer, par exemple, Filius qui se retrouve propulsé dans cette croisade bien malgré lui au départ. Lui qui n'osait pas tester son invention de peur d'échouer va devenir l'instigateur d'une grande mission salvatrice. Au fil des pages, il va prendre de l'assurance et affermir son caractère. C'est donc un protagoniste qui va beaucoup  évoluer et  finir par peser sur le futur. 

Pour conclure :

Avec D'Hiver et d'Ombres Rozenn Illiano a délaissé le fantastique pour nous plonger dans une fresque de fantasy insolite riche en actions qui vous plonge dans un voyage au cœur des songes.  

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Phare du Corbeau

Informations

Rozenn Illiano
D'Hiver et d'Ombres
9782490040483
492 pages
OniroProds

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