L'influence du "gaming" à la littérature

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30/06/2025

Collectif, Memoria, anthologie, éditions Mnémos

Collectif, Memoria
anthologie, 
éditions Mnémos 

Cette année, les éditions Mnémos fêtent leur 30 ans d'existence. 

Pour ceux qui l'ignorent encore, c'est un éditeur incontournable des littératures de l'imaginaire, qui depuis toutes ces années, a eu à cœur de nous proposer des textes de grande qualité. Ils ont toujours eu ce souci de chercher à mettre en lumière des nouvelles signatures. 

Or, pour faire honneur à leur politique éditoriale et fêter comme il se doit leur anniversaire, ils ont lancé un concours de nouvelles classées en fantasy

Le thème choisi est la mémoire et cinq finalistes ont été sélectionnés pour figurer dans un recueil intitulé Memoria paru le 4 juin dernier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Mon avis :

Vaste sujet que la mémoire. D'ailleurs, le quintuplé d'auteurs mis en valeur ici l'ont bien compris. Chacun l'aborde sous un prisme différent. 

Certains y voient par exemple l'ombre des souvenirs à chérir ou au contraire à oublier. 1AM explore cette idée dans "La Clarière aux sirènes" à travers Jean qui, pour échapper au stratagème de son mentor cherchant à se servir de lui comme monnaie d'échange auprès des sirènes, décide de prendre les devants. Sous la plume de 1AM, le souvenir est un enjeu. En effet, il substante ces créatures féériques et inquiétantes que sont les sirènes en échange de leur protection le temps de leur passage. Mais il peut aussi être un poids à porter que l'on souhaite juste oublier. Se laisser aller dans les bras de la sirène est donc un acte libérateur et salvateur. Dans sa nouvelle, l'auteur se nourrit de l'imaginaire populaire qui a fait de la sirène une créature enchanteresse car il est bien connu que son chant en a fait tombé plus d'un. Pour autant, rien de subjuguant dans le portrait qu'il nous brosse car 1AM n'a pas omis de nous la dépeindre telle qu'elle est vraiment, effrayante et redoutable. L'histoire que porte en lui le jeune Jean est sombre et horrifique. Sa rencontre avec cet être merveilleux tant redouté ne fait que nous la dévoiler. Le récit est glaçant car l'auteur s'intéresse aussi ici à la figure du monstre. Parmi les ombres, il est parfois difficile d'y voir clair comme cette nouvelle nous le démontre. Il est même, d'ailleurs, préférable d'ignorer voire d'oublier la vérité pour rester en paix avec soi-même. 

Chacun à leur manière, les auteurs de cette anthologie rappellent également l'importance de la mémoire car celle-ci incarne aussi l'essence d'un être ou d'un savoir. Dans "Ce que les Terres Vagues gardent de toi", Pauline J. Bhutia met en exergue la nécessité de la transmission pour conserver un héritage. En l'occurrence ici, il est question de magie. C'est un pouvoir ancestral qui se transmet oralement de génération en génération. L'autrice parle même de Voix. Celui ou celle qui en est dépositaire dispose donc d'un grand pouvoir. Or, Kiana a renoncé à cet héritage en allant "au-dehors". On en revient au poids de la mémoire, à cette responsabilité qui nous incombe de l'honorer et la transmettre. A cette thématique se mêlent d'autres, telle l'exploration du monde, la tolérance et le rapprochement. L'autrice nous parle avec beaucoup de poésie et de douceur d'amour et de famille.

Sous le couvert d'une aventure de piraterie piquée d'une incontournable chasse au trésor, Ghislain Puyfagès nous rappelle que ce sont les souvenirs et donc le passé qui façonnent la personne que l'on est. Aussi il s'appuie beaucoup sur la quête d'identité. Ici, il s'agira pour Decatie de renouer avec son passé pour atteindre l'accomplissement personnel. 

Tour à tour, ces jeunes plumes s'illustrent dans l'écriture d'histoires infusées de magie. Ils se réapproprient, d'ailleurs, avec talent les éléments notables du bestiaire merveilleux pour nous livrer des récits singuliers qui sauront envoûter les amoureux du genre. 

Pour conclure :

Et si votre inclinaison pour l'imaginaire porte davantage sur la science-fiction, soyez rassurés car les éditions Mnémos ont également lancé un concours et l'ouvrage paraîtra aux Utopiales en octobre sous le titre de MNE/SYS.

Fantasy à la Carte

D'autres avis sont à lire sur le blogosphère : Au Pays des Cave Trolls

Informations 

Collectif
Memoria
9782382672044
128 pages
Éditions Mnémos 

Lien vers le site

03/06/2025

Benjamin Lupu, Sœurs de Haine, T.1, Le Solstice des Ombres, éditions Mnémos

Benjamin Lupu, Sœurs de Haine, T.1, 
Le Solstice des Ombres,
 éditions Mnémos 

Après s'être illustré par deux fois dans une nouvelle exploration du Paris des Merveilles en compagnie de quelques confrères écrivains dans Contes et récit du Paris des merveilles et dans Enquêteurs du Paris des merveilles, puis après avoir revisité le roman d'espionnage à l'ère de la Guerre froide, Benjamin Lupu est de retour avec un roman de dark fantasy

Bien que tous ses récits m'attendent sagement dans ma bibliothèque bien trop débordante à mon goût, je n'avais lu jusqu'ici que son premier livre, Les Mystères de Kioshe

Or, la sortie du Solstice des Ombres a été l'occasion pour moi de remédier quelque peu à ce manquement. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Le jeune moine Umbrod connaît les Écritures, il a appris l'art de l'enluminure. Aux côtés d'autres moines, il accompagne la baronne Archantar'vi dans son périple. Seulement en cours de route, leur convoi est attaqué et il se retrouve prisonnier avec la baronne d'une autre baronnie devenue ennemie depuis que celle-ci s'est tournée vers une autre croyance. A moult reprises il va se croire perdu, condamné à une mort certaine. Pourtant il n'en est rien mais son sort est-il réellement enviable?

Dans Le Solstice des Ombres, Benjamin Lupu nous embarque dans un univers médiéval sombre marqué par l'émergence d'une guerre fratricide. En effet, entre ces lignes deux sœurs se vouent une haine mortelle faisant sombrer leur monde sous le couvert d'une guerre de religion. Ici, le culte rendu au dieu soleil Asthor connaît un schisme depuis que les hérétiques borésiaques tentent de prendre le pas sur les Orostrates. Un conflit qui sert les intérêts de celle que l'on appelle la Veuve misère car elle y voit l'opportunité d'instaurer son propre pouvoir. 

En outre, le surnaturel s'invite dans ce monde empreint de fureur et de larmes. C'est d'ailleurs la touche qui lui donne cette saveur si ensorcelante.  La magie se dissimule derrière les saintes Écritures pour qui sait la voir et l'entendre. Benjamin Lupu a enrichi son univers d'un bestiaire peuplé de créatures tout droit sorti de son imaginaire. Le travail réalisé autour est très intéressant. 

Dans Le Solstice des Ombres, Benjamin Lupu pose un décor moyenâgeux très réussi. Fort de son passé d'historien, il a mis ses connaissances et son sens de la recherche au service de sa plume pour nourrir son récit d'un cadre très soigné et fort crédible. Il y exploite, notamment, les relations du suzerain et de ses vassaux ainsi que les notions de bannerets. 

L'écrin pour recevoir cette intrigue politique est bien à-propos. L'auteur se joue des alliances qu'il fait et défait à son gré. On retrouve tous les ingrédients propice au genre. Aussi la quête du pouvoir passe par la conspiration, le traquenard et la manipulation. Tout ce qui est mis en œuvre entre ces lignes est là pour servir une soif de vengeance car c'est le fil directeur de cette histoire. C'est le moteur qui nous tient en haleine dans un suspense très prenant.

Le Solstice des Ombres est un roman collégial dans lequel l'auteur fait évoluer de nombreux personnages. En multipliant les points de vue, il nous permet de suivre les évènements d'un camp à l'autre. C'est assez renversant. 

Toutefois, je dois reconnaître mon petit faible pour le personnage principal prénommé Umbrod, d'autant que Benjamin Lupu ne l'épargne pas. Se retrouver dans cette aventure va le faire mûrir brutalement. Il va se découvrir un pouvoir insoupçonné. Pour autant sera-t-il en mesure de l'assumer, c'est toute la question qui plane sur ce texte. L'autre personnage que j'apprécie beaucoup est Balcère. Ancien soldat, il a embrassé les ordres pour rompre avec son passé d'homme d'armes. Mais le chemin de la rédemption est pavé d'embûches. Il est très attachant dans sa volonté de sauver Umbrod coûte que coûte. 

Le Solstice des Ombres est un roman particulièrement immersif. La qualité de ce nouveau roman est indéniable. La plume de Benjamin Lupu témoigne d'une vraie maturité qui inscrit de plus en plus cet auteur comme un nom de référence pour les littératures de l'Imaginaire.

C'est un énorme coup de cœur pour ma part et je vous invite à le lire à votre tour car ce récit en vaut le détour. Vivement le tome 2 !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Les Mystères de Kioshe

Informations

Benjamin Lupu
Sœurs de Haine
Tome 1
Le Solstice des Ombres
9782382671931
320 pages
Editions Mnémos

Lien vers le site

11/05/2025

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos

Marge Nantel, Hors Caste, éditions Mnémos 

Au fil de ses récits d'imaginaire, Marge Nantel s'impose peu à peu comme une signature incontournable du genre. Le prix Utopiales reçu en 2024 pour récompenser son roman, Code Ardant, ne fait d'ailleurs que confirmer son talent. 

Une plume très qualitative que j'avais remarquée dès ma lecture de La Cité sous les Cimes publié en 2023 par les éditions 1115.

Or, l'annonce d'une nouvelle sortie en avril dernier chez Mnémos a immédiatement suscité mon intérêt.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé : 

Dépourvu du Don, Suèhl est un décasté, autrement dit un paria pour son clan. Contre toute attente, il a réussi à rester en vie en dépit des purges organisées pour le voir lui et ses semblables disparaître. Un jour, il fait la rencontre d'un étranger surnommé Ténèbres sans imaginer qu'il va l'entraîner bien malgré lui au cœur des rivalités de son clan et que leurs destins vont intimement se lier. Mais au plus fort du danger, pourra-t-il réellement compter sur lui ? 

Mon avis :

Avec Hors Caste, Marge Nantel signe un récit de dark fantasy particulièrement immersif. Elle nous propulse dans une société de castes où le pouvoir détermine l'échelle sociale. Celle-ci est facilement reconnaissable par le biais de signes extérieurs comme des tatouages ou le port de certaines pierres. 

Dans ce monde, il n'est pas bon d'appartenir à aucune sous peine de voir sa vie continuellement menacée. A Hemurn, les gens sont répartis par clans. On en distingue quatre : celui du Lynx, du Serpent, de la Tarasque et du Phoenix. Chacun d'entre eux est régulièrement soumis à des luttes internes qui les déstabilisent et vident même leurs rangs à cause des purges. En outre, la particularité de l'univers imaginé par Marge Nantel est qu'elle a choisi de mettre en scène des personnages anthropomorphiques. En effet, les membres de ces clans présentent des caractéristiques physiques propres aux totems auxquels ils appartiennent. 

La magie de ce texte s'exprime autant par ces protagonistes mi humains mi créatures qui, par leurs prédispositions naturelles, disposent de capacités supérieures ainsi que par l'existence de pierres puissantes capables de bien des prodiges comme le contrôle des esprits. 

L'intrigue imaginée par l'autrice est tranchante et se met parfaitement au diapason de son univers âpre. 

La société dans laquelle ce récit prend cadre est sectaire. Ce qui donne l'occasion à l'autrice d'aborder les thématiques d'intolérance et de persécution, notamment ce qui est relatif aux préférences sexuelles. En effet, ses personnages principaux appartiennent à la communauté LGBT et ont bien souvent été victimes d'abus, de sévices et de tortures pour les punir d'aimer des personnes de même sexe. Par leur biais, Marge Nantel explore les traumatismes psychiques et ses conséquences sur l'âme tout en donnant des pistes pour les surmonter. 

En outre, à travers cette société de castes, l'autrice met en exergue le mépris de classes. Elle ponctue ainsi son texte d'une critique politique.

Il est également question de révolte et de liberté conquise au prix fort.

Hors Caste est un roman féroce dans laquelle l'autrice ne mâche pas ses mots, pas plus qu'elle ne ménage ses héros. 

Pour porter cette histoire, elle table sur deux personnages meurtris, deux âmes écorchées par la vie qui ne leur a pas fait de cadeau. 

C'est clairement un roman qui met les émotions à vif. Suèhl et Ténèbres sont les victimes d'un passé traumatisant. Pour autant, ils vont faire de leurs failles une véritable force notamment grâce à leur rencontre qui va leur sceller une nouvelle destinée. Voici deux personnages tous en nuances que l'on apprécie d'emblée et dont on partage sans mal les joies et les peines. Ils forment le duo parfait  pour donner à cette histoire tout son mordant.

Pour conclure :

Avec Hors Caste, Marge Nantel se fait à nouveau l'autrice d'un roman piquant dont on ne sort pas indemne. Implacable !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur La Cité sous les Cimes et Code Ardant.

Informations

Marge Nantel
Hors Caste
9782382671917
336 pages
Editions Mnémos

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18/04/2025

Auriane Velten, C'est-comme-ça, éditions Mnémos

Auriane Velten, C'est-comme-ça, éditions Mnémos 

Autrice montante, Auriane Velten a déjà été primée pour son roman After qui a reçu le prix Utopiales en 2021. D'autres titres ont vite rejoint sa bibliographie depuis ce premier roman, à l'image de Cimqa en 2023 ou encore Ainsi soient-illes en 2024. 

Mars marque son retour au catalogue des éditions Mnémos avec un nouveau titre qui s'intitule C'est-comme-ça. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Apollon, Peter Pan, Clochette et Thor  ne sont pas que des croyances issues de l'imaginaire populaire. Ils existent réellement, seulement ils vivent à l'abri des regards des humains. Cassandre  est l'une de ses figures mythologiques qui se tient également à l'écart dans la crainte de disparaître. Or, le jour où Peter Pan s'évapore mystérieusement, ses pires craintes deviennent donc réalité. Pour comprendre ce qui lui est arrivé et peut-être lui éviter le pire, Cassandre a décidé de mener l'enquête au risque de s'y brûler les ailes. Que trouvera-t-elle au terme de sa quête, telle est la question ? 

Mon avis :

Dans C'est-comme-ça, Auriane Velten a invité tous les panthéons à venir nourrir son singulier univers où le merveilleux tente autant de réenchanter le présent que d'y survivre. En effet, entre les lignes d'Auriane Velten, toutes les croyances du monde entier qu'elles soient nordiques, gréco-romaines, chrétiennes ou encore vaudous, sont touchées par le même mal qui les ronge. Il s'agit d'une sorte d'oubli qui menace de les faire tous disparaître les uns derrière les autres si elles ne réagissent pas à temps. 

L'idée de voir réunis dans un même combat des divinités, des personnages littéraires issus des contes ou des comics et des figures mythologiques ou folkloriques est particulièrement originale. En effet, dans ce roman, ces êtres de foi et de papier n'existent que grâce aux histoires et aux prières qui leur sont destinées. Celles-ci leur donnent d'ailleurs la matérialité nécessaire pour s'ancrer dans le présent. Or, le monde d'aujourd'hui est de plus en plus déshumanisé, et obnubilé par un consumérisme dévorant et une course à l'argent effrénée qui plombent littéralement les esprits et alourdissent les cœurs. La métaphore dont use Auriane Velten dans son récit met bien en exergue cette critique sociétale en insistant sur ses conséquences dévastatrices à travers la perte des repères conduisant à un désenchantement total. Les gens ne croient plus en rien plongeant le monde dans le néant. Plus d'espoir auquel se raccrocher, plus de pensée réconfortante. 

Pour autant, ce texte ne manque pas d'un certain optimisme. Celui-ci s'incarne à travers le personnage de Cassandre qui réussit à rompre avec sa malédiction pour enfin être cru et agir sur ce présent dont elle ne veut pas, même si cela n'est pas chose aisée pour elle. Elle est celle qui ouvre les yeux sur la réalité des évènements et propose des solutions. Auriane Velten en a fait un très beau personnage féminin qui fait preuve d'une grande force face aux difficultés, notamment en affrontant et en triomphant de sa némésis, incarnée par Apollon. Elle est un protagoniste particulièrement touchant auquel on s'attache immédiatement. Entre force et faiblesse, l'autrice l'a beaucoup nuancé pour lui donner une vraie profondeur. Ce choix de mettre à l'honneur une figure de la mythologie mésestimée est particulièrement intéressant. En outre, elle lui permet également de traiter la question du harcèlement et ses conséquences sur la psyché tout en donnant des pistes pour en triompher. 

Pour conclure :

Avec C'est-comme-ça, Auriane Velten explore le monde sous l'angle du merveilleux afin de rappeler que celui-ci ne s'efface pas complètement devant l'obscurité. Véritable hommage à ces littératures et à ces mythologies qui ont nourri bien des imaginaires, Auriane Velten signe un texte très original que l'on n'est pas prêt d'oublier de sitôt. 

Fantasy à la Carte

Informations

Auriane Velten
C'est-comme-ça
9782382671788
336 pages
Editions Mnémos

Lien vers le site 

24/02/2025

Claire Krust, Le Golem de Pierre, éditions Mnémos

Claire Krust, Le Golem de Pierre, éditions Mnémos 

Voix montante de l'Imaginaire, Claire Krust  est de retour en librairie avec un nouveau titre paru cette fois-ci aux éditions Mnémos. Connue pour sa fantasy japonisante, elle change complètement de registre avec Le Golem de Pierre qui s'inscrit davantage dans une ambiance celtique.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Tandis que Yaée ne rêve que d'émancipation et d'indépendance, Almay, lui, est accablé par un bien lourd fardeau depuis sa plus tendre enfance. Il entend les voix des esprits faisant de lui un être à part l'obligeant à commencer son noviciat auprès des moines pour apprendre à maîtriser son don et ne pas sombrer dans la folie. Mais l'arrivée inopinée d'une inconnue au village va bouleverser la vie des jumeaux bien au-delà de ce qu'ils auraient pu imaginer. Mais pouvait-il en aller autrement avec une personne déterminée à faire revivre la légende des golems ? 

Mon avis :

Avec Le Golem de Pierre, Claire Krust nous immerge dans un univers d'inspiration médiévale empruntant à la mythologie yiddish à travers la figure emblématique du golem. En effet, ce géant d'argile est au centre de ce livre, il est même la clé de toutes ses intrigues. C'est une créature fascinante si peu usitée dans les littératures de l'Imaginaire que c'est un vrai plaisir de la retrouver entre ces lignes. Aussi Claire Krust réemprunte au mythe le caractère artificiel de cet être incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre, façonné afin d'assister ou défendre son créateur. Ici on est face à une créature fait d'un élément, à savoir la pierre mais qui, contrairement à la légende, est dépourvu de mots placés dans la bouche ou sur la tête. L'autrice a donc juste conservé cette notion de serviteur crée par l'homme. Le golem qui prend vie sous la plume de Claire Krust est le fruit d'un savoir secret, jalousement gardé dans une bibliothèque qui a été exhumé et vendu à un groupe de sorcières renégates afin qu'il sert leurs desseins.

La magie qui habite les pages de ce livre s'exprime par le biais des andas, autrement dit des esprits peuplant la nature et que certains entendent et peuvent même maîtriser, à l'image de l'un des personnages principaux. Dans son récit, Claire Krust ne se laisse donc pas aller à une explosion de pouvoirs privilégiant une magie plus discrète mais fort envoûtante. Sa réinterprétation de la figure du golem est d'ailleurs très intéressante. 

26/01/2025

Pierre Grimbert, La Branche Romine, T.1, Les Chemins de Ji, éditions Mnémos

Pierre Grimbert, La Branche Romine, T.1, Les Chemins de Ji, éditions Mnémos 

22 ans après Le Secret de Ji, Pierre Grimbert nous propose une nouvelle incursion dans son célèbre univers qui lui a valu d'être hissé au rang des auteurs de référence. 

Ainsi, La Branche Romine inaugure un nouveau cycle intitulé Les Chemins de Ji

C'est d'ailleurs une sortie évènement que les éditions Mnémos ont couplé avec la réédition d'un collector du Secret de Ji pour fêter leur 30 ans d'existence. On leur souhaite au passage un très bel anniversaire. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Erudit et magicien, Liéronim cherche à percer les mystères de l'île de Ji. Dans sa quête de savoirs, il va entraîner bien malgré lui dans son sillage d'autres personnes qui n'ont pas forcément demandé d'être du voyage. Pourtant lorsque le danger se présente sous la forme d'une bande de sorciers renégats et de truands mafieux, ils n'ont pas d'autre choix que de suivre le mouvement pour espérer survivre si cela est encore possible.

Mon avis :

Dans Les Chemins de Ji, on renoue avec un univers envoûtant peuplé de créatures mythiques oubliées, de sorciers traites, de malandrins et d'une puissante magie. Celle-ci s'exprime d'ailleurs à coups de formules magiques aux conséquences pas toujours très maîtrisées. Elle peut être dévastatrice pour qui n'en comprend pas tous les secrets. 

L'univers est une nouvelle fois fouillé, mystérieux et rempli de dangers. Pierre Grimbert signe à nouveau une fantasy très épique mêlant les ingrédients qui font le succès de cette littérature. Aussi, on va retrouver entre ces lignes le motif classique de la quête menée par une compagnie de personnages à laquelle s'ajoute la lutte contre des forces maléfiques et la présence d'une puissante magie. 

Le cadre est classique mais très réussi. Il est le parfait écrin pour accueillir cette aventure menée tambour battant.

En outre, l'auteur a pimenté son texte de nombreux secrets pour enrichir la lecture et donner du relief à son histoire.

La Branche Romine est un roman d'action où les rebondissements s'enchaînent comme on peut s'y attendre dans la trame narrative de la course-poursuite.

Dans ce roman, on va retrouver des thématiques qui vont tourner autour de l'amitié, de l'amour filial, des secrets de famille ou encore du sens du sacrifice. C'est avant tout un roman d'aventure très divertissant porté par une plume d'une très grande qualité.

Pierre Grimbert est un auteur talentueux qui porte toujours de grands récits captivants remplis de magie et de péripéties bien amenées. 

En plus de nous plonger dans des univers fort chatoyants, l'auteur s'appuie bien souvent sur une communauté de personnages plutôt hauts en couleurs dans leur franc-parler ou leur allure. Aussi, dans La Branche Romine, que ce soit l'étonnant magicien Liéronim, à la dégaine voyante et au savoir semblant infini ou la tire-laine des bas fonds, Juline à la langue bien pendue, on s'attache rapidement à leur personnalité affirmée tout en appréciant certaines piques échangées. En effet, ce n'est non par choix mais bien par la force des choses que tous se sont retrouvés enrôlés ensemble dans cette histoire que le malheureux aubergiste Tristan qualifierait - j'en suis certaine - de mésaventure. Ils forment une compagnie plutôt hétéroclite et savoureuse donnant à ce livre sa valeur ajoutée. 

Peu importe que vous ayez lu ou non Le Secret de Ji et ses suites car cette nouvelle saga des Chemins de Ji peut se lire de manière indépendante. Je dirais même qu'elle peut être également une porte d'entrée pour pénétrer l'œuvre de cet auteur incontournable.  

Pour conclure :

Pierre Grimbert  fait parti de ces signatures de l'Imaginaire qui sont de véritables valeurs sûres nous garantissant des lectures toujours de très grande qualité. Je ne peux donc que vous recommander de foncer sur cette nouveauté.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur : Le Secret de Ji (Six Héritiers, Le serment orphelin, L'Ombre des anciens et Le doyen éternel), Le Sang des Parangons, L'Âme des Parangons et Le Lanternier

Informations

Pierre Grimbert
La Branche Romine
Tome 1
Les Chemins de Ji
303 pages
9782382671726
Editions Mnémos

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17/01/2025

Pamela Sargent, Le Rivage des Femmes, éditions Mnémos

Pamela Sargent, Le Rivage des Femmes, éditions Mnémos 

Romancière, novelliste et anthologiste, Pamela Sargent a enchaîné les textes de science-fiction féministes.

Son roman Le Rivage des Femmes publié initialement en 1986 aux Etats-Unis vient d'être réédité par les éditions Mnémos.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Bannies de la cité, Briana et sa mère se retrouvent livrées à la sauvagerie des hommes exclus depuis longtemps de la société. Elles ont l'espoir ténu de trouver refuge auprès des femmes devenues parias elles aussi en leur temps mais c'est sans compter tous les dangers qui les attendent dont le pire de tous la mort. 

Mon avis :

Le Rivage des Femmes est un récit postapocalyptique qui nous propulse dans une société matriarcale où les hommes ont été déchus et vivent séparés des femmes, regroupés en bandes, perdus dans une nature plus ou moins hostile. Dans ce roman, les cités et le progrès appartiennent aux femmes tandis que les hommes sont renvoyés à l'âge de pierre. 

Le Rivage des Femmes est un texte de science-fiction qui fait se côtoyer la modernité et la primitivité. Aussi les femmes ont accès à une technologie avancée donnant au récit son caractère futuriste, à travers, par exemple, l'existence des télépathiseurs pour communiquer mentalement avec les porteurs de ces drôles de casques ou encore les aviplanes, des sortes de vaisseaux dotés de puissants lasers facilitant le déplacement des femmes et servant, au besoin, d'arme létale pour éliminer les menaces. 

Pamela Sargent met en scène un univers dysfonctionnel dans lequel ses deux mondes avancent à contre temps. Un choix narratif qui a l'intérêt de pouvoir questionner différents modèles de société. Sur la base de la dystopie utopique, l'autrice change de paradigme en mettant en avant une société dominée par les femmes. Il en ressort des pistes de réflexions intéressantes notamment autour des limites d'un tel modèle car le pouvoir confié aux femmes n'empêche pas la violence ni les dérives. Pamela Sargent rappelle que la cruauté n'est pas exclusivement l'apanage du genre masculin. Elle met également de la nuance dans ses personnages notamment à travers Arvil qui rompt avec la figure du barbare car il voit dans la femme son égal

L'introduction de ce personnage pose la réflexion d'une société plus égalitaire. Mais la  recherche de cet idéal trouve également ses limites dans la nature prédatrice de la plupart des hommes trop souvent soumis à leurs plus bas instincts. 

Bien qu'écrit dans les années 80, Le Rivage des Femmes demeure un texte très actuel porteur de riches enseignements. Nous sommes toujours animés par les mêmes problématiques sociétales.

Le Rivage des Femmes est un récit novateur pour son époque car les femmes, en détenant le pouvoir et le savoir, occupent le rôle principal dans ce livre. Il n'est plus question de femme accessoire même si celles qui ont été chassées luttent à leur manière pour se défaire de ce statut que les hommes cherchent  à leur réimposer au sein de leurs clans. 

A travers son duo de personnages, Pamela Sargent nous parle autant de violence que de respect, d'amitié que d'amour et de compréhension que d'altérité. 

Bien entendu, ici on va surtout suivre le destin des femmes qui portent ce récit. Mais je ne vais pas toutes vous les citer. Je vous parlerai juste de Briana. Une jeune femme qui se retrouve brutalement exclue de la cité, et doit apprendre à survivre. Bien que formatée par l'éducation qu'elle a reçue, elle découvre qu'une autre réalité est possible en goûtant notamment à une relation respectueuse avec un homme. Rejetée par les siennes, elle n'a pas d'autre choix que de se reconstruire par elle-même. C'est un personnage qui va beaucoup évoluer. Ses interactions avec le monde sauvage lui ont d'ailleurs forgé un caractère bien trempé. Elle incarne progressivement la femme forte qui ne s'en laisse pas compter et réussit même à se sortir de situations fort épineuses. Son compagnon de voyage Arvil  avec qui elle va tisser une relation forte se présente d'emblée comme un être singulier. Il ne cherche pas à exercer sa domination ou à se confondre en adoration devant l'incarnation de la Dame et traite les gens, surtout les femmes, avec le respect qui leur est dû. C'est un homme à part  rempli de clairvoyance et de tolérance qui pourrait servir d'exemple pour se projeter vers un monde plus équilibré. 

Pour conclure :

Rééditer ce texte majeur de science-fiction est un choix éditorial particulièrement intéressant de la part des éditions Mnémos qui offrent à la nouvelle génération l'opportunité de se pencher sur une plume engagée de l'imaginaire. 

Fantasy à la Carte

Informations

Pamela Sargent
Le Rivage des Femmes
9782582671597
560 pages
Editions Mnémos

24/11/2024

Pat Murphy, Nadya, éditions Mnémos

Pat Murphy, Nadya, éditions Mnémos 

Autrice de science-fiction et de fantasy, Pat Murphy s'est distinguée à plusieurs reprises en recevant les plus prestigieux prix de l'Imaginaire tels le Locus et le Nebula, notamment pour son roman La Cité des ombres et sa nouvelles, Rachel amoureuse

Son roman Nadya est à l'honneur chez Mnémos qui nous en proposent une réédition parue en octobre dernier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Au cœur de l'Ouest, Nadya vit paisiblement avec ses parents jusqu'au jour où leurs vies se retrouvent menacées. En effet, à chaque pleine lune, ils vivent le Changement les mettant en danger si leur nature de loup-garou est découverte. Or justement lors de l'une de ces nuits, ils ont tué du bétail, ce qui leur vaut la colère des colons qui se sont mis en tête de chasser coûte que coûte les loups pour les éradiquer. Devenue orpheline, Nadya n'a pas d'autre choix que de prendre la route pour trouver un refuge où sa vraie nature serait acceptée. Mais est-ce qu'un tel endroit existe seulement ?

Mon avis :

Dans son roman Nadya, Pat Murphy nous entraîne en Amérique au temps des Indiens et des premiers colons. Elle nous y décrit ce Nouveau Monde comme étant à la fois l'espoir pour certains de trouver un refuge pour accueillir la différence ou pour les autres qui se pensent supérieurs de répondre à leur soif de conquête. C'est une terre de contrastes tantôt pays de cocagne, tantôt terre hostile et inhospitalière. 

L'autrice exploite les légendes indiennes tournant autour de la figure du loup pour donner une touche d'onirisme à son univers. Aussi, on croise entre ces lignes des humains qui, les nuits de pleine lune, embrassent leur nature de loup et retrouvent ainsi le vrai goût de la liberté. 

A travers la noblesse et la majesté de ces créatures surnaturelles ou non, Pat Murphy pose un regard sans concession sur cette Amérique dont le destin s'est forgé dans le sang. Les descriptions sont particulièrement immersives. Elles nous emmènent au cœur d'un voyage incroyable riche de dangers mais aussi de belles rencontres. 

Ce texte est juste fabuleux. Il nous parle avec beaucoup d'intelligence de cette période-clé pour l'Amérique. Ici, on découvre cette colonisation autant du point de vue des colons que de celui des Indiens. 

Il est d'ailleurs beaucoup d'intolérance, d'incompréhension, de rejet, de haine mais aussi d'amour dans ce livre. C'est un texte qui dégage beaucoup d'émotions. Celles-ci nous traversent au fil de la quête de l'héroïne de Pat Murphy qui se cherche un foyer, un havre de paix où trouver refuge et vivre pleinement avec sa particularité. Nadya cherche juste à être acceptée telle qu'elle est. Elle est une fille simple qui se contente de peu, appréciant juste de faire  corps avec la nature. Sauvage, libre et altière, Nadya est loin d'être une femme ordinaire. A travers son regard, on découvre cet Ouest féroce et grandiose à la fois. 

En outre, c'est un protagoniste qui permet à l'autrice d'agrémenter son récit d'une pointe de féminisme. En effet, Nadya incarne la femme forte, la femme de pouvoir qui s'émancipe de cette société patriarcale pour vivre la vie qui semble le mieux lui correspondre. Elle mène d'ailleurs une quête multiple car plus que de se trouver l'endroit idéal où vivre, elle cherche également à affirmer son identité. C'est un processus qui passe, notamment, par l'expérience sexuelle. Ce roman dégage également un soupçon d'érotisme nécessaire pour la pleine compréhension de soi.  

C'est un livre envoûtant car la plume de Pat Murphy est très élégante et pleine de sensibilité. L'autrice est pleine de respect pour la faune et la flore. La nature y est juste sublimée. 

L'ambiance de cette conquête de l'Ouest mêlant odeur de poudre et vastes panoramas est très réussie.

Le récit est prenant jusque dans ses dernières lignes car Pat Murphy nous tient totalement en haleine quant à la réussite de la mission que son héroïne s'est assignée à elle-même. 

Pour conclure :

En publiant Nadya de Pat Murphy, les éditions Mnémos offrent à leurs lecteurices l'opportunité de redécouvrir un texte engagé et sacrément bien écrit. C'est la rencontre entre un monde sauvage et la poésie d'une femme qui nous propulse au cœur d'une fresque aussi impitoyable qu'inoubliable. 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, l'avis de : Les histoires de Lullaby

Informations

Pat Murphy
Nadya
9782382671573
432 pages
Editions Mnémos

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28/08/2024

Fabien Cerutti, Kosigan, un printemps de sang, éditions Mnémos

Fabien Cerutti, Kosigan, un printemps de sang, éditions Mnémos 

La publication de Kosigan, un printemps de sang signe le retour du célèbre bâtard de Kosigan qui s'est fort bien illustré dans la première tétralogie (composée de L'Ombre du pouvoir, Le Fou prend le Roi, Le Marteau des Sorcières et Le Testament d'involution) de Fabien Cerutti. 

Ainsi, pour notre plus grand plaisir, l'auteur n'en a pas encore fini avec son impertinent Pierre Cordwain et lui a concocté une reprise de service des plus explosifs.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après avoir cédé le commandement de sa compagnie à son second Gérard de Ray, Pierre Cordwain a repris le chemin de sa Bourgogne natale. Officiellement, il veut arracher la vérité sur ses origines à son oncle, Borogar de Kosigan avant qu'il ne trépasse car on le dit très malade, officieusement il souhaite être dans le coin si d'aventure il arrivait malheur aux suivants de la lignée lui laissant le champ libre pour prendre la tête du comté. Bien que disposant d'un sauf-conduit signé par le responsable de la Garde, on ne lui fait pas pour autant un bon accueil et se retrouve enrôlé à devoir jouer les espions dans le comté voisin d'Albret pour prouver sa bonne foi. Chargé d'approcher en toute discrétion son cousin Wenceslas qui est le suivant sur la liste des héritiers pour l'empêcher de faire une mésalliance qui le mettrait en danger. Sur place les imprévus se succèdent obligeant Pierre Cordwain à louvoyer entre les intrigues des puissants pour une fois encore sauver sa tête. La chance sera-t-elle de son côté ? 

Mon avis :

Kosigan, un printemps de sang est une fantasy historique où l'univers est pensé comme une variante de l'Histoire imprégnée de magie. Fabien Cerutti nous propulse cette fois-ci en 1365 dans le puissant duché de Bourgogne contrôlé par Philippe le Hardi depuis qu'il l'a reçu en donation des mains de son père, le roi Jean II le Bon. Sous son ère, les bases de l'Etat bourguignon sont jetées qui à son apogée se dresse même en rival du royaume de France. Or, Fabien Cerutti se sert de ces rivalités où le comté de Bourgogne est une épine dans le pied du roi de France, Charles V qui se retrouve pris en tenaille entre l'hégémonie anglaise et cette puissante principauté bourguignonne. C'est pourquoi le souverain français s'est adjoint le soutien des peuples anciens à travers un certain abbé Nirdrym afin d'étendre son influence et de mettre enfin un terme à la menace anglaise. Aussi entre ces lignes les comtés d'Albret et de Kosigan appartenant jusque-là à des bannerets de Philippe le Hardi deviennent le théâtre d'affrontements sanglants, d'assassinats et de complots politiques car disputées par les deux puissances en présence. Sous la houlette de cet abbé Nirdrym présenté comme le frère de Merlin, orcs, elfes noirs, ogres et même un dragon marchent sous ses ordres dans l'espoir de restaurer le monde ancien sur le dieu crucifié de Rome. Derrière ce double du légendaire mage, l'auteur explore la figure sombre pleine de ruses  et de tromperies endossée parfois par l'enchanteur. Ici, Nirdrym est un être inquiétant et redoutable qui ne recule devant aucun sacrifice pour mener à bien sa quête. 

Ainsi, personnalités historiques et créatures merveilleuses voient leurs destins se mêler à des intrigues politiques parfaitement bien ficelées. 

L'imaginaire de Fabien Cerutti est tout bonnement fabuleux. Il a trouvé l'accord parfait pour créer l'alchimie entre son monde et les lecteurs. 

La magie s'exprime par l'intermédiaire de la Source avec laquelle les détenteurs de pouvoir interagissent. Ceux-ci disposent d'ailleurs d'un sang-noir faisant d'eux des êtres à part. Mais celui-ci est loin d'avoir révéler tous ses secrets et son potentiel puisque Pierre Cordwain cherche encore à en connaître ses limites. 

A l'instar de ses précédents romans, l'auteur nous a concocté une nouvelle intrigue extrêmement bien rythmée qui alterne les points de vue de Pierre Cordwain et Dùnevia Illavaëlle. Les chapitres sont courts et incisifs pour maintenir le lecteur dans un suspense palpitant. Le récit est très immersif et donne l'impression de l'avoir quitté la veille tellement on s'attache avec facilité à ses protagonistes hauts en couleurs. Le cynisme et l'humour de Pierre Cordwain en font un personnage irrésistible. Ici, il a abandonné l'identité de mercenaire pour celui d'un homme cherchant à retrouver les bonnes grâces de la famille qui l'a rejeté. Il est à la fois touchant et machiavélique car on ne refait pas sa nature, n'est ce pas ! On va le suivre dans la quête de ses origines qui va l'amener une nouvelle fois sur les chemins tortueux du pouvoir. Son charisme lui vaut autant d'allégeances que de traitrises. Parmi ses fidèles, il y a Dùnevia Illavaëlle qui est une changesang. Dans cette nouvelle partition, elle va jouer son éclaireuse pour l'avertir de ce qui se trame chez le voisin. Elle est clairement un atout dans les manigances de Pierre Cordwain pour mener à bien ses petites affaires.

Pour conclure :

Kosigan, un printemps de sang mêle une intrigue efficace à un monde onirique qui recèle encore tant de merveilles à découvrir. C'est l'un des romans de la rentrée que j'attendais le plus et le coup de cœur est au rendez-vous. Que demandez de plus !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'Ombre du pouvoir, Le Fou prend le Roi, Le Marteau des Sorcières et Le Testament d'involution

Informations

Fabien Cerutti
Kosigan, un printemps de sang
9782382671504
432 pages
Editions Mnémos

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11/05/2024

Andre Norton, Le Cycle des Trois, Witch World, éditions Mnémos

Andre Norton, Le Cycle des Trois
Witch World, éditions Mnémos 

Pour répondre à leur politique éditoriale de mettre à l'honneur des grandes plumes de l'Imaginaire, les éditions Mnémos continuent de publier la série Witch World d'Andre Norton dont la première partie, Le Cycle de Simon Tregarth, est sortie en avril 2023. Néanmoins, il est à noter que ce présent ouvrage peut se lire de manière indépendante. 

Or, le 15 mai prochain, la maison d'édition continue sur sa lignée en nous proposant, avec Le Cycle des Trois, la suite. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Trois contre Estcarp

Simon Tregarth et Jaelithe ont eu des triplés : Kyllan, Kemoc et Kaththea dont ils ont délégué l'éducation à des mains plus expertes. Un jour, Simon n'est pas revenu d'une expédition, alors Jaelithe a décidé de partir à sa recherche laissant leurs enfants grandir seuls. Comme leur parent, Kyllan, Kemoc et Kaththea possèdent également des dons qui vont attirer l'attention des sorcières sur cette dernière car elles souhaitent en faire l'une des leurs. Mais, refusant d'être séparés à jamais si la jeune fille prêtait serment, Kyllan et Kemoc choisissent de l'extraire de leurs mains et de se sauver tous trois vers l'Orient. Là-bas, ils vont retrouver le Peuple aîné, leurs légendes et embrasser leur combat. 

Le Sorcier de Witch World

En Escore, la paix est menacée par l'Ombre. Tandis que Kyllan tente de trouver des alliés, Kemoc, lui, s'engage sur les traces de leur sœur partie dans les Hautes Terres car elle a été trompée par les paroles d'un homme puissant. Chemin faisant, il se découvre possédé un certain pouvoir mais sera-t-il suffisant pour mener à bien sa quête ?

La Sorcière de Witch World

Après avoir été sauvée par Kemoc des griffes du malfaisant Dinzil, Kaththea a perdu ses pouvoirs. Fortement affaiblie depuis que l'Ombre l'a corrompue, elle peine à s'en remettre et projette de retourner en Estcarp pour trouver l'aide nécessaire à sa guérison. Seulement, son projet va vite être mis à mal lorsque sur le chemin du retour, elle est séparée de ses frères et est enlevée. Retrouvera-t-elle ce qu'elle a perdu afin de se sortir de cette mauvaise passe et quand est-il de sa famille, ses frères sont-ils seulement encore vivants ? 

Mon avis :

Le Cycle des Trois prend donc la suite du Cycle de Simon Tregarth. Andre Norton change simplement de points de vue puisqu'elle s'est attachée à nous conter, cette fois-ci, les évènements à travers le regard des trois enfants du couple formé par Simon et Jaelithe. Ce second livre nous donne l'occasion de poursuivre l'exploration de Witch World, un univers incroyablement foisonnant où l'autrice ne s'est pas juste contentée de glisser des Elfes, des Nains et des Dragons. Bien au contraire, elle s'appuie plutôt sur une cosmogonie inédite et originale où l'on rencontre des peuples ou des créatures aux caractéristiques physiques spécifiques et aux modes de vie propres. Si chez certaines peuplades, on peut y voir un emprunt au bestiaire merveilleux comme pour les Krogans, des êtres aquatiques possédant des branchies que l'on pourrait apparenter à des sirènes d'eau douce ou les Gris, des créatures mi-hommes, mi-loups, qui ne sont pas sans rappeler les lycanthropes, l'ensemble forme une communauté infiniment singulière. 

Ainsi, l'autrice profite du fait que ses personnages principaux doivent se sauver vers l'Orient pour élargir les perspectives de son monde. D'autant que son existence était dissimulée par un voile posée par les sorcières d'Estcarp donnant à ses lieux une aura de mystère tout en faisant naître une soif de découverte. 

Il y règne un danger latent. Certains espaces sont même corrompus. L'ennemi se dissimule potentiellement partout, y compris sous les traits d'ami. Ce mal diffus s'incarne dans ce que l'on appelle ici l'Ombre contre laquelle les personnages d'Andre Norton doivent lutter. L'adversaire est désigné même si sa réalité n'est tangible qu'à travers quelques indices disséminés ici ou là. Pour autant, entre ces lignes, on retrouve bien le trope très classique en littérature fantasy de la lutte entre le Bien et le Mal. Celle-ci s'organise d'ailleurs progressivement pour chacun des protagonistes d'Andre Norton qui viennent y prendre part d'une manière ou d'une autre, soit en fédérant des alliés, soit en combattant à leurs côtés ou soit en mettant le pouvoir à leur service. 

Le récit est très épique et la narration clairement dynamique puisqu'elle saute d'un membre de la fratrie à l'autre. L'ennui n'a pas cours ici surtout que l'autrice récidive en mêlant des éléments contemporains à un monde très archaïque. Il en résulte une forte singularité qui accroche bien le lecteur. 

A l'image de son cycle précédent, Andre Norton continue de mettre en scène des femmes de pouvoir même s'il ne s'agit plus ici, à proprement parlé, de sorcières sauf dans le cas de Kaththea. Pour autant, que ce soit Dahaun, la dame de la Paix Verte ou la Krogane Orsya, toutes deux disposent également de grands pouvoirs qui vont peser dans cette lutte manichéenne. Au fil des chapitres, Andre Norton teste des modèles sociaux qui ne reposent pas exclusivement sur un patriarcat étouffant. Le femmes occupent très souvent le rôle de sages ou de guerrières dont l'avis est consulté et écouté. A travers la figure de Jaelithe qui a délégué l'éducation de ses enfants à une autre, l'autrice ne résume donc pas le rôle de la femme à son statut de mère. Ici, Jaelithe garde sa liberté de mouvement pour agir sur le destin d'Estcarp et sur celui de son époux, d'autant qu'il est porté disparu depuis un moment. 

Mais cela a également un effet sur leur descendance qui grandit finalement sans réellement connaître leur parent. L'autrice va analyser la portée de ce manque affectif sur les triplés qui vont voir leur lien être renforcé. En effet, ils ont noué une relation forte qui constitue d'ailleurs le cœur de leur puissance. Cela permet à l'autrice de questionner la représentation de la famille et à travers elle, ses conséquences sur la construction de l'individu. En outre, elle s'intéresse également à la notion de toxicité dans la relation homme/femme dont Kaththea va en faire les frais. Sa jeunesse et son inexpérience sont des points faibles facilement exploitables par des esprits sans scrupules. Le récit est particulièrement riche porteur de thématiques passionnantes qui viennent donner du relief à cette aventure rondement menée.

A travers son trio de personnages principaux, l'autrice met en exergue  la quête d'identité que chacun d'entre eux va connaître. Ils vont se découvrir des pouvoirs à maîtriser et aussi s'affranchir de l'ombre de leur parent afin de prendre leur destin en main. On apprend à les connaître intimement dans chacune des parties de ce livre qui leur est consacrée. On se laisse parfois surprendre par certaines de leurs décisions. En bref, ils ont brillamment pris la relève et on a aucun mal à s'attacher à eux. 

Pour conclure :

Gros coup de cœur pour Le Cycle des Trois qui révèle une nouvelle facette de l'univers incroyable imaginé par Andre Norton. C'est un réel bonheur que de voir cette plume être remise au goût du jour. Alors n'hésitez pas et poussez la porte de Witch World.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Cycle de Simon Tregarth.

Informations

Andre Norton
Le Cycle des Trois
Witch World
9782382671092
624 pages
Editions Mnémos

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23/04/2024

Marge Nantel, Code Ardant, éditions Mnémos

Marge Nantel, Code Ardant, éditions Mnémos 

Après deux titres de fantasy urbaine, Dans l'ombre des miroirs et La cité sous les cimes, publiés aux éditions Mille Cent Quinze, Marge Nantel change, cette fois-ci, de registre en nous proposant avec Code Ardant, un postapocalyptique râpeux

Découverte en 2023, je dois vous avouer ma curiosité de voir cette plume s'épanouir dans un autre genre.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Dans Code Ardant, on suit une bande de convoyeurs dirigée par l'inflexible Cécile Massah. En voulant comprendre pourquoi la forteresse d'Albi est partie en fumée ne laissant qu'un ardant comme seul survivant, juste après y avoir livré un colis, Sioux, Cécile & co se retrouvent très vite pris en chasse par une bande de mercenaires, avides de les liquider. Pour leur échapper, ils n'ont pas d'autre choix que de foncer droit devant afin de découvrir ce que cache ce nom de code de "prieur" qui agite tant de convoitises. 

Mon avis :

Code Ardant est un postapocalyptique qui prend cadre dans un futur proche où le monde a été dépouillé de sa technologie et coupé d'Internet. Soumise aux aléas climatiques, la vie s'est dégradée, menacée par une insécurité perpétuelle. Dans ce nouveau Far West, certaines villes sont devenues des forteresses couvant jalousement la puissance technologique dont elles disposent encore et rivalisant les unes avec les autres. Chaque conflit se règle dans un bain de sang car les armes semblent le seul langage que maîtrise cette humanité survivante. 

Pour pallier à la disparition de l'intelligence artificielle et des robots, une nouvelle génération d'humains a été conditionnée pour se comporter comme des androïdes. Ils sont appelés des ardants et répondent à un langage codé faisant d'eux de véritables armes. Surentraînés et drogués, ils sont contrôlés par les maîtres des donjons à la tête de chaque forteresse qui en usent autant comme des prostitués, des espions ou des hommes de main. 

Dans cet univers incandescent, la moindre étincelle risque de tout faire péter. Or, celle-ci pourrait bien prendre la forme d'une machination entraînant les protagonistes dans un voyage sans retour. En effet, ces derniers vont se retrouver, bien malgré eux, au cœur d'une intrigue politique dont les enjeux vont vite les dépasser. Dans cette quête d'une puissance de feu du passé, rien ne saurait être plus désastreux que de la voir tomber entre de mauvaises mains. Ainsi, le défi de Cécile et de ses hommes sera d'empêcher que cela arrive. Pour eux, cela signifie de s'engager dans un road trip les menant au cœur de l'enfer avec le risque de ne pas revenir. 

12/03/2024

Aliette de Bodard, Serviteur des Enfers, éditions Mnémos

Aliette de Bodard, Serviteur des Enfers, éditions Mnémos 

Autrice américaine mais qui a grandi en France, Aliette de Bodard a toujours privilégié la langue anglaise pour écrire ses textes. 

Méconnue en France car peu traduite, il n'en demeure pas moins qu'elle cumule les plus prestigieuses distinctions : du British Science Fiction au British Fantasy en passant par les prix Locus et Nebula.

En dépit d'une bibliographie bien fournie, peu de ses textes sont disponibles en français. On ne peut donc que se réjouir de la réédition sous le titre de Serviteur des Enfers que nous proposent les éditions Mnémos. Il s'agit du premier volet qui inaugure sa série, Chroniques aztèques et compte à ce jour trois romans.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

A Tenochtitlan, Acatl est grand prêtre des morts. Son quotidien est consacré au service funéraire, à veiller les morts et à accompagner les familles dans leur deuil. Mais, sa vie se retrouve bousculée lorsqu'une prêtresse est portée disparue laissant derrière elle une chambre ensanglantée et que son frère est accusé de ce crime car elle était sa maîtresse. Dès lors, le prêtre aztèque s'engage dans une course contre la montre pour retrouver cette Eleuia ou à défaut, les preuves de l'innocence de Neutemoc. Pour autant, arrivera-t-il à ses fins ? 

Mon avis :

Serviteur des Enfers est un roman de fantasy historique qui prend cadre au temps de l'empire aztèque. En nous attachant aux pas d'un prêtre et d'un guerrier, Aliette de Bodard illustre parfaitement la société aztèque qui était très hiérarchisée et dont le sommet se partageait entre les dignitaires militaires et religieux. La religion était d'ailleurs omniprésente et polythéiste. Elle se caractérisait par des rites et des croyances qui imprégnaient la vie quotidienne des Aztèques au point d'influencer leur hiérarchie sociale et leurs relations avec les autres peuples jusqu'à motiver certains conflits armés. C'est une religion astrale dans laquelle le mythe solaire et son culte sont fondamentaux. Les dieux étaient affectés à des tâches précises d'assistance aux hommes et à la conservation du monde. Au sommet de ce panthéon, on trouve Huitzilopochtli, le dieu de la guerre et du soleil et Tlaloc, le dieu des eaux, de la foudre et des séismes dont les rivalités vont imprégner les pages de ce livre et même menacer le Cinquième Monde, autrement dit le présent actuel. Ces divinités sont vénérées par des sacrifices humains d'esclaves, issus de prises de guerre ou non mais aussi d'Aztèques libres souhaitant se donner à leur dieu pour avoir une meilleure vie dans l'autre monde. Ainsi, les sacrifices sont omniprésents entre ces lignes mais se pratiquent ici sur de petits animaux, essentiellement des volatiles car ces rites sanglants favorisent l'accès au pouvoir issu de l'autre monde. La religion aztèque apparaît donc ici comme le réceptacle idéale à la magie. Celle-ci s'épanouit aussi bien à travers les nombreuses interventions des dieux dans la vie des protagonistes d'Aliette de Bodard, souvent relégués au rôle de simples pions, que dans leurs interactions avec des forces invisibles.

Autour de ce contexte historique peu emprunté en littérature fantasy, Aliette de Bodard a développé un univers remarquable et très immersif. Le récit est d'autant plus captivant qu'il s'agit d'une enquête sur une disparition inquiétante pouvant potentiellement découler sur un meurtre. C'est très bien rythmé car on rentre tout de suite dans le vif du sujet et où le temps joue même contre le personnage principal  qui doit innocenter son frère et ainsi lui sauver la vie. 

Dans Serviteur des Enfers, la plume d'Aliette de Bodard est très habile pour entremêler des intrigues politiques complexes à des relations familiales conflictuelles. C'est un roman très psychologique qui part des antagonismes fraternels pour analyser les comportements et les sentiments qui en découlent. Ainsi, l'autrice va mettre en lumière les non dits, les idées fausses, la jalousie et les frustrations qui ne vont pas manquer de fleurir au sein d'une famille en but à des oppositions. Elle s'intéresse également à l'image du couple et à ses difficultés, notamment lorsque l'adultère s'invite dans la place. Le texte est riche, parcouru par de nombreuses émotions qui lui donnent tout son relief. 

23/02/2024

Stéphane Arnier, La brume l'emportera, éditions Mnémos

Stéphane Arnier, La brume l'emportera, éditions Mnémos 

Stéphane Arnier est un auteur français qui se plaît à bâtir des univers empruntant des formats différents. En 2015, il signe son premier roman, Le Déni du Maître-Sève qui remporte dans la foulée un concours d'écriture. Entre 2020 et 2023, il participe à la création de plusieurs jeux de rôle. 

Pépite de l'Imaginaire 2024 des éditions Mnémos, il est donc de retour avec un nouveau roman de fantasy qui s'annonce dès le pitch comme un gage d'évasion.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Keb Gris-de-Pierre est Dak, Maramazoe est Ta'moaza, deux peuples ennemis. Rien ne prédisposait ces deux êtres à s'entraider, mais c'est sans compter l'arrivée d'une brume vaporisant toute forme d'existence sur son passage qui va les y obliger. Pour autant, trouveront-ils une issue ou à défaut, une explication à cet inexorable phénomène mortifère ? 

La brume l'emportera est un roman de fantasy porteur d'une ambiance de fin du monde. En effet, Stéphane Arnier a donné vie à une brume qui avale les lieux et efface les vies qu'il a imaginées dans son roman. De fait, ce livre prend la saveur d'un postapo où la question de la survie est un enjeu majeur. L'univers est original. En outre, l'auteur y a infusé une magie surprenante. Celle-ci se manifeste de plusieurs manières. Ainsi, Keb a la capacité, en retenant sa respiration, de faire des bonds dans le passé. Cela a le double intérêt de lui permettre d'échapper, momentanément, à des situations périlleuses  et de comprendre ce passé, notamment sur les origines de la brume. Maramazoe, elle, a le don de tisser des liens de brume avec les êtres animés ou inanimés. Leurs deux pouvoirs se complètent car dans ce monde en ruine, ils leur permettent d'avancer en empruntant le passé. Cette magie prend sa source dans les mythes et les légendes des peuples mis en scène entre ces lignes. L'auteur s'inspire de la civilisation Maori, notamment pour la fonction des tatouages et les pouvoirs qu'ils confèrent. Il est également question de pierres d'obsidienne servant de bornes de passage et qui me rappellent étrangement les piliers d'Art présents dans la saga de L'Assassin Royal de Robin Hobb. Dans une interview accordée aux éditions Mnémos dans le cadre de la promotion de la sortie de ce roman, Stéphane Arnier relate ses pérégrinations en Nouvelle-Zélande. Or, justement en lisant La brume l'emportera, on ressent bien l'influence de la culture tribale et des paysages à couper le souffle sur son écriture. L'intrigue prend donc cadre dans un décor vertigineux multipliant les scènes spectaculaires qui vont régulièrement mettre les protagonistes à rude épreuve.

Maintenant que le décor est posé et qu'on n'y a pris nos marques, voyons les protagonistes d'un peu plus près. Dans La brume l'emportera, on fait donc la rencontre de Keb et de Maramazoe. Issus de deux tribus différentes, ils sont nés pour être ennemis et pourtant ils vont faire fi de leurs différences pour mener à bien leur quête. Alors que Keb est plutôt d'une nature bougonne et solitaire, Mara, elle, est solaire et toujours souriante face à l'adversité. Au fur et à mesure des chapitres, une alchimie va se tisser entre eux les rendant d'autant plus attachants à nos yeux. Elle est là pour retrouver sa fille, lui, c'est pour sa femme. Ils sont donc loin d'être prédisposés à incarner les sauveurs de ce monde et pourtant ils vont se dépasser pour réaliser des prouesses. Ils forment clairement un duo atypique mais pour lequel il est facile de ressentir une proximité tant ces deux-là sont vraiment très humains. Ils dégagent une vraie authenticité aussi bien dans leurs réactions que dans leurs émotions. Ils sont dépositaires d'une histoire bouleversante qui donne à ce récit une grande profondeur. On se laisse donc sans mal charmer par le charisme de cette chef de clan rejetée et touché par la détresse de ce berger abandonné des siens.

L'introduction de cette brume qui efface peu à peu l'humanité, qu'elle soit une conséquence naturelle ou non, donne à ce récit une portée écologique. En effet, avec cette nature qui se rebelle et qui menace le vivant, on ne peut que faire un parallèle, avec les bouleversements climatiques qui agitent notre quotidien, surtout lorsqu'il est question de déni et d'inertie de la population. D'autre part, Stéphane Arnier a mis le passé au cœur de son intrigue. Il y interroge notamment l'intérêt de pouvoir le modifier et les conséquences souvent imprévues qui ne manqueront pas de découler sur le présent. C'est donc l'occasion d'une introspection personnelle qui vise à mettre en lumière le poids des choix et donne ainsi tout son relief au texte. 

Enfin, La brume l'emportera est aussi une belle histoire d'amitié et d'amour où les émotions caracolent dans tous les sens. 

En librairie depuis le 21 février, je ne peux que vous recommander la lecture de cette pépite dont l'univers est bien travaillé et les destins contés sont très prenants. La brume l'emportera est un roman que vous n'êtes donc pas prêt d'oublier, croyez-moi !

Informations

Stéphane Arnier
La brume l'emportera
9782382671078
365 pages
Editions Mnémos

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