L'influence du "gaming" à la littérature

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28/06/2015

Kristen Britain

Née en 1965, dans l'Etat de New-York, Kristen Britain est une jeune auteure de fantasy. Elle s'est mise à l'écriture très tôt, dès l'âge de 9 ans. Et, à 13 ans elle publie son premier livre, un recueil illustré : Horse and Horsepeople. Elle a suivi des études de cinéma à l'université d'Ithaca et obtient son diplôme en 1987. Mais avant de se lancer dans l'écriture à plein temps, elle occupe le poste de garde-forestier pour les parcs nationaux. Puis, elle finit par s'installer dans une cabane en rondins dans le Maine où elle s'adonne à ses activités de prédilection : l'écriture, la lecture, le dessin, l'équitation, la guitare... Bien que novice, avec Cavalier Vert, elle signe un succès littéraire immédiat car remarqué dès 1999, en recevant le prix Locus du meilleur premier roman. Une distinction qui annonce donc un premier cycle de fantasy de haut-vol. 


Ce cycle, c'est d'abord l'histoire d'une caste, d'un ordre de Cavaliers surnommés les Cavaliers Verts. En fait, ce sont des messagers du roi qui sont liés à ce dernier par une magie ancestrale. C'est également la destinée d'un royaume, celui de la Sacoridie dont la paix est bien souvent mise en péril par toutes sortes de menaces. Enfin Cavalier Vert nous conte les aventures d'une héroïne, la jeune Karigan G'ladheon. Alors qu'elle est renvoyée de son école pour avoir battu en duel le fils du gouverneur, elle rencontre sur le chemin du retour un Cavalier Vert mortellement blessé qui la charge de remettre un message au roi. Bien que réticente au début, elle finit par accéder à la demande du mourant. Mais son parcours ne sera pas une promenade de santé. Au contraire, la jeune fille va devoir affronter de nombreuses créatures maléfiques et autres bipèdes aux intentions douteuses qui mettront tout en œuvre pour l'empêcher d'atteindre sa destination. 

Pour sa saga, Kristen Britain a imaginé un monde fabuleux dans lequel évoluent ses personnages. L'essentiel de l'action se déroule dans le royaume de Sacoridie qui s'étend de la mer Orientale à la baie d'Ullem à l'ouest. Cette vaste contrée est gouvernée par le roi Zacharie Basseterre. Elle est ceinturée au sud par le mur d'Yer qui constitue une barrière magique le protégeant du Voile Noir. Il y a plus de mille ans, l'héritier d'Arcosie, Allessandros del Mornhavon projetait d'envahir la Sacoridie pour y aspirer toute la magie. Son expédition en terre sacoridienne se solda par une guerre qui dura près de cent ans. Les Elétiens et les Sacoridiens durent unir leurs forces pour mettre un terme à la Longue Guerre et exiler Allessandros et ses engeances maléfiques dans le Voile Noir. Or, à l'origine la forêt de ce Voile Noir appartenait au royaume des Elétiens, connu sous le nom d'Argenthyne. Aujourd'hui ce peuple mystérieux à l'allure elfique s'est réfugié au nord de la Sacoridie, dans le Bois d'Elt. Ces êtres immortels sont doués de magie et certains ont parfois le don de divination. Existent aussi des Mages dont l'esprit subsiste dans chaque tour du mur d'Yer afin de le préserver des attaques du Voile Noir et d'assurer la continuité du chant magique des âmes piégées dans l'enceinte. La musique apparaît donc ici comme une arme puissante empêchant le Mal de s'infiltrer, enfin jusqu'à la fausse note. Quant aux Arcosiens qui ont survécu, ils se sont transmis leurs héritages de génération en génération et forment une société secrète se faisant appeler le Second Empire. Leur but ultime, précipiter la chute du mur d'Yer et permettre le retour de Mornhavon.

Pour contrecarrer ces plans maléfiques, entrent en scène les Cavaliers Verts, ces messagers du roi très spéciaux. Mais attention ne devient pas Cavalier, qui veut. En fait, il faut avoir l'aptitude d'entendre l'Appel. C'est une magie à laquelle on ne peut résister bien longtemps. Les personnes concernées y répondent tôt ou tard. Leur quartier général s'appelle le Drôme. Il est situé près du roi, dans la Cité de Sacor. Autre particularité de ces hommes et ces femmes, c'est le pouvoir magique et personnel qu'ils possèdent, et dont ils peuvent se servir à leur grée par l'intermédiaire de broches ensorcelées. Ces artefacts magiques sont dissimulés par un sort, et ne peuvent être reconnus que par les mages ou les Cavaliers eux-mêmes. A dire vrai, ce sont elles qui choisissent ces messagers hors norme. Enfin, dernière spécificité, la relation fusionnelle que les Cavaliers entretiennent avec leur monture. Des montures aux capacités étonnantes, d'ailleurs.

Le récit de Kristen Britain est donc clairement empreint de magie qui se manifeste aussi bien à travers les objets, les lieux que les personnes douées de pouvoirs.

Dans ce cycle, il est aussi question du Bien et du Mal qui s'affrontent continuellement. Bien évidemment, le Voile Noire est le territoire malfaisant par excellence. Y règnent Mornhavon et ses disciples depuis leur exil. Mais la Sacoridie est de plus en plus infiltrée par le malin. Il se manifeste sous la forme du Second Empire qui met tout en œuvre pour anéantir ce royaume et son peuple. Autre être pernicieux est le personnage de l'homme gris dont l'identité est encore tenue secrète mais dont le rôle risque d'être considérable au fur et à mesure de l'aventure. N'oublions pas qu'il est à l'origine de la brèche dans le mur d'Yer. Mais d'autres formes de maléfices existent, ce sont par exemple les nombreux complots que le roi et ses proches doivent déjouer. Le pouvoir et le trône suscitent bien des convoitises. Il faudra que le souverain garde son sang-froid à toute épreuve pour tenir son trône. Quant au Bien, il se caractérise dans le récit par le roi Zacharie, l'ordre des Cavaliers Verts, et celui des Boucliers Noirs (ces Armes chargées d'assurer sa sécurité). Tous ces protagonistes œuvrent pour le bien du royaume et des peuples, ainsi que pour la paix.

Petite touche personnelle de l'auteure qui propose une fantasy plus féminine en
donnant dans son texte la prépondérance à une jeune femme. Ici, il conviendra donc de parler de romantic fantasy. Ce courant qui met à l'honneur des guerrières ou des magiciennes connaissant guerres et luttes pour le pouvoir, et une vie d'aventurière ne leur interdisant pas de mener à bien des quêtes sentimentales ou de vivre des tragédies. Ce sous-genre, largement écrit par des femmes, explose au moment du mouvement féministe et développe des récits dans lesquels les femmes ne subissent pas le joug des hommes. C'est bien entendu le cas de Karigan G'ladheon qui mène sa vie à sa guise, sous-entendant qu'elle ne dépend pas d'un homme. Elle prône liberté et indépendance. Même si c'est malgré elle, sa vie n'est faite que d'aventures. En fait, en devenant Cavalière, elle vend ses services au roi et n'agit que dans l'intérêt du royaume. Ses quêtes sont donc multiples car chaque mission royale en devient une à part entière. Karigan apparaît comme la « clé de voûte » dans cette lutte du Bien et du Mal car elle est celle qui peut faire basculer les choses. Elle est la personne qui fera la différence entre victoire et défaite. Même si elle noue des liens sentimentaux avec différents protagonistes de l'histoire, elle n'en demeure pas moins condamner à ne pouvoir vivre son grand Amour. Celui-ci lui est refusé car impossible. Ce sera sans doute sa plus grande tragédie car une vie solitaire s'ouvre devant elle si elle n'est pas prête à trahir son cœur. N'oublions pas que la romantic fantasy est le pendant féminin de l'heroic fantasy. D'où l'aspect de guerrière solitaire mis en avant ici.


Cavalier Vert est un premier cycle de fantasy réussi. Kristen Britain y mêle tous les éléments essentiels au genre : magie, guerre, créatures maléfiques, artefacts, mystères, complots. Un récit si bien écrit que l'on ne s'ennuie pas le moindre instant. On peut le dire Kristen est une magicienne des mots car le charme opère à peine le livre entamé. Un cycle prometteur d'une auteure à découvrir au plus vite.


Fantasy à la carte

24/06/2015

Nalini Singh

Cette romancière néo-zélandaise est née en 1977 dans les îles Fidji. Elle est principalement connue pour ses romans de fantasy pour lesquels elle a souvent été nommée sur la liste des best-sellers du New York Times. Elle a occupé différents postes avant de se consacrer pleinement à l’écriture. Ainsi, elle a été avocate, bibliothécaire, professeur d’anglais et elle a même travaillé dans une banque. En plus de ses deux grandes sagas de fantasy urbaine, Nalini Singh est l’auteure de plusieurs romans sentimentaux traduits et publiés en France aux éditions Harlequin. Ses œuvres majeures sont la série Psi-changeling éditée chez Milady et Chasseuse de vampires chez J’ai Lu.

psi changeling 1
Dans la première, il est question d’un monde où tout désir, sentiment, émotion sont bannis dans lequel évoluent humains, Psis et changelings. Lucas Hunter, métamorphe de nature, veut savoir qui a assassiné sa compagne de meute et pour cela il est prêt à tout, y compris se rapprocher d’une Psi. Et c’est Sascha Duncan qui va l’y aider. Une Psi d’apparence froide mais qui cache bien des secrets et qui, il faut bien le dire, ne laisse pas le séduisant métamorphe indifférent. Aujourd’hui, dix tomes ont été traduits et publiés et tous baignent le lecteur dans le même univers paranormal.

Quant à la deuxième série, Chasseuse de vampires, les anges et les vampires y sont à l’honneur. Ici, le monde est gouverné par les archanges qui règnent en maîtres puissants. C’est l’histoire d’Elena Deveraux, chasseuse-née de profession. Sa fonction est de traquer grâce à son don inné tous les vampires déserteurs et de les ramener à leurs maîtres, les anges. Tout commence lorsque la jeune chasseuse est mandaté par l’archange de New York lui-même pour une mission un peu particulière : Uram, un archange déchu et renégat. En effet, en devenant vampire à son tour, en goûtant le sang, Uram est devenu incontrôlable et dangereux pour l’univers. Ainsi commence pour Elena la chasse la plus risquée de sa vie où elle devra garder un moral d’acier et la tête froide. Actuellement neuf tomes ont été publiés en France.
le sang des anges1
Nalini Singh inscrit son histoire dans un univers de fantasy urbaine où les vampires partagent le devant de la scène avec les anges et les archanges. Dès le commencement du cycle, on sait qu’Elena est humaine mais est née avec un don. C’est en quelque sorte un pouvoir magique qui fait d’elle un être à part. De plus, elle exerce un métier peu commun la rendant ainsi singulière. Ce qui donne tout de suite le ton du texte au lecteur. Clairement, il s’agit ici d’un monde contemporain où le paranormal s’épanouit largement. Surtout que l’entourage de la jeune femme est tout à fait atypique. Par l’intermédiaire de son métier, Elena fréquente les vampires, au moins ceux qui sont sortis du rang, ceux qui ne respectent pas le contrat établi entre eux et les anges. Mais elle côtoie aussi ces derniers et même les archanges. Fait rare ! Elena a été recrutée par l’un d’eux, le puissant et ténébreux Raphael, archange de New-York. En fait, elle est une héroïne hors norme qui va subir des transformations au fur et à mesure de l’aventure. Elle, qui par le drame ignoble qu’elle a subi alors qu’elle n’était qu’une petite fille, apparaît d’emblée comme un personnage principal inattendu. En effet, attiré par son don, un vampire assoiffé de sang a tué sous ses yeux ses deux sœurs aînées, et a provoqué le suicide de sa mère qui n’a pas supporté de ne pouvoir sauver deux de ses filles. Une telle tragédie ne pouvait laisser qu’une petite fille perturbée, et non une femme capable de surmonter ses peurs et d’empêcher qu’un tel crime se reproduise. Qui pourrait penser qu’une humaine au passé si lourd soit si forte, qu’elle soit susceptible de braver de nombreux dangers pour sauver toutes les races, qu’elles soient humaines ou angéliques d'ailleurs. Courageuse, Elena n’hésite pas à tenir tête au plus dangereux des êtres divins, ce qui n’est pas sans donner du piment à ce cycle. Flirtant avec la mort, cette intrépide chasseuse nous entraîne à un rythme endiablé dans ses aventures.
le souffle de l'archange2la compagne de l'archange3la lame de l'archange4la tempête de l'archange5
la légion de l'archange6
Les vampires, créatures emblématiques de la fantasy urbaine, sont très présents dans le cycle de Nalini Singh. Mais celle-ci donne aux siens des particularités plutôt étonnantes. Déjà, on l’aura compris, ici le vampire est un humain qui au moment de mourir signe un contrat avec les anges pour devenir immortel. La peur les motive sans doute, peur de mourir, peur de pourrir. Il est vrai que théoriquement, ils sont immortels, donc ils ne peuvent plus expirer. Enfin, il y a toujours un moyen de les tuer et les anges peuvent s’y résoudre. Leurs premières années d’existence, ils dégagent une odeur assez nauséabonde qui permet aux chasseurs-nés de les retrouver et de les ramener à leur seigneur divin grâce à un collier les rendant inoffensifs. Quant aux vampires les plus âgés, ils ont chacun une signature olfactive qui leur est propre et qui permet à ceux capables de les sentir de les identifier. Mais eux dégagent des senteurs plutôt agréables, capiteuses et donc très attirantes car les plus vieux sont aussi passés maîtres dans l’art de séduire et de rendre l’humain accroc. De plus, ils possèdent toujours une force exceptionnelle faisant d’eux des tueurs nés. Néanmoins, ils demeurent les serviteurs des êtres angéliques qui les dominent. Le plus bel exemple ici de vampire fascinant est sans doute Dmitri, le chef de la sécurité de Raphael et l’une des sept créatures surnaturelles qui protègent l’archange.
raphael
L’originalité de ce cycle réside dans le choix de donner la primeur aux anges. Il ne s’agit pas ici de représentants ou de messagers de Dieu. Ils ne sont pas là pour appliquer la volonté divine. Ce sont plutôt de puissants êtres indépendants qui dominent le monde des humains. Leur existence est connue de tous. Mais peu d’hommes les fréquentent. A l’image de leurs créatures vampiriques, ils sont d’une beauté à couper le souffle mais une beauté ténébreuse car ils sont une véritable concentration de pouvoirs. Ils sont bien entendu immortels et évoluent continuellement. Plus ils sont vieux, plus ils sont puissants et donc plus ils sont dangereux. Alors lorsque les archanges se mettent à s’affronter entre eux, c’est un vrai choc des titans. Ils sont au nombre de dix et se partagent le monde en territoire. Chaque archange possède sa cour et ses serviteurs vampiriques. Avec chacun d’entre eux, toute occasion est une démonstration de pouvoir. Ils cherchent presque tous à assurer leur hégémonie sur les autres. C’est en cela qu’ils sont dangereux pour les humains qui n’ont finalement que peu d’intérêt à leurs yeux. D’où l’importance du personnage d’Elena. Elle est l’humaine au don inné qui constitue en quelque sorte la clé pour maintenir l’humanité saine et sauve contre la terrible menace que représentent ces créatures légendaires.
elena deveraux4
La traditionnelle lutte manichéenne transparaît dans cette saga de fantasy. Elle se manifeste à travers la présence de deux camps. Celui du Bien dont Elena est la principale représentante et celui du Mal occupé tout à tour par des vampires, des anges, voire des archanges renégats tellement assoiffés de sang ou de pouvoir qu’ils en perdent de vue la limite entre le Bien et le Mal. Chaque volume est une nouvelle quête à mener pour notre jeune chasseuse dont le but est de mettre les méchants hors d’état de nuire et d’épargner des vies quelles qu’elles soient.
elena & raphael
Grande voyageuse, Nalini Singh a parcouru la planète d’une extrémité à l’autre. Une riche expérience qui influence quelque peu son écriture puisqu’à l’instar de notre écrivaine, Elena s’envole bien souvent d’un pays à l’autre avec son archange. Mais même si elle aime les voyages, c’est celui de « l’esprit qui la fascine le plus », et ce n’est pas ces lecteurs qui la contrediront sur ce point. Il est vrai que Chasseuse de vampires apporte un véritable souffle de fraîcheur à une fantasy urbaine déjà bien prisée par les écrivains du genre. En cassant l’image traditionnelle du suceur de sang véhiculée par la littérature, Nalini Singh innove littéralement. Elle dresse un tout autre portrait du vampire, créature esclave d’un être supérieur : l’ange. Ici, ce qui est mis en avant, ce sont les anges et les archanges, et le vampire n’est finalement qu’un subordonné. On pourrait presque s’attendre à ce que le vampire caractérise l’enfer, tandis que l’ange, lui, représente le paradis. En d’autres termes, l’un est le Bien et l’autre le Mal. Mais avec cette auteure, les choses ne sont pas si simples. En mêlant amour et frisson, aventure et danger, elle sait tenir son lecteur en haleine et suscite une soif de lire, à l’exemple de ses vampires qui ne sont jamais assez rassasiés. Commencer la lecture de cette saga, c’est succomber peu à peu au plaisir d’une douce addiction !


Fantasy à la carte

Olivier Peru

Olivier Peru
Olivier Peru, né à Montpellier en 1977, est à la fois un romancier, un illustrateur, un scénariste et un dessinateur.

Avant de se lancer dans l’écriture de romans, et notamment de romans fantasy, il signe plusieurs bandes dessinées à caractère fantasy, mythologique et fantastique. Parmi elles, on peut citer Zombie, Oracle, Lancelot, Les Elfes, Mjöllnir, In Nomine, Nosferatu, La Guerre des Orcs, Assassin ou encore Shaman.

Zombies1Oracle1Lancelot1
En 2010, il publie son premier roman fantasy, Druide aux éditions Eclipse qui est récompensé par le prix de la révélation de l’année 2011 aux Futuriales, et qui reçoit en 2013 le prix Imaginales des lycéens.

Avec Patrick McSpare, également écrivain, illustrateur et scénariste, il coécrit une série de cinq romans fantasy destinés à la jeunesse, Les Hauts-Conteurs. Il s’agit ici de l’odyssée d’un jeune garçon, qui en recueillant les dernières paroles d’un Haut-Conteur mourant, se retrouve propulser pour son plus grand plaisir dans des grandes aventures qui le mèneront jusqu’au célèbre Vlad le vampire. Ce cycle est l’occasion pour nos deux auteurs de raconter leur version de la vie du plus célèbre des vampires créé par Bram Stoker.
Les hauts conteurs1Les Hauts conteurs2Les hauts conteurs3Les Hauts conteurs4Les Hauts conteurs5
Face au succès de Druide, Olivier Peru se lance dans une nouvelle trilogie de fantasy plus sombre encore, intitulée Martyrs. C’est la destinée de deux frères assassins vivant dans la clandestinité de la plus grande cité du royaume de Palerkan. Ils s’y croyaient à l’abri jusqu’à ce que leur passé sanglant les rattrape… Au cœur d’un monde sur le point de s’embraser, ils vont devoir choisir leur camp. Ce qu’ils ignorent alors, c’est que leur martyre ne fait que commencer…
Martyrs1
druide
Auteur aux multiples facettes, artiste à part entière, Olivier Peru démontre avec son premier roman, quel brillant écrivain de fantasy il est. Druide, c’est l’histoire d’un monde menacé par les ténèbres. C’est la quête de vérité d’un homme ou plutôt d’un druide qui va tout faire pour comprendre qui est derrière une série d’odieux meurtres menaçant de faire éclater à nouveau la guerre entre les hommes.

Pour mener à bien sa mission salvatrice, le druide Obrigan sera assisté par ses deux jeunes apprentis Tobias et Kesher, mais aussi par la druidesse Arkantia et l’héritier du Rahimir, Jarekson. Des alliés de taille car le chemin sera long et dangereux jusqu’à l’ultime vérité et l’affrontement final.

La lutte entre le Bien et le Mal se dessine clairement dès les premières lignes de ce roman. Une entité, de sombres assassins que personne n’a vu, agissent dans l’ombre et déciment les hommes dans un bain de sang. Pour quelles raisons ? Quel est leur but ? C’est à Obrigan de le découvrir et il a 21 jours pour y réussir car passé ce délai, la guerre entre les hommes sera à nouveau déclarée. Ainsi, le druide va lutter aussi bien contre le roi Yllias du Sonrygar pour lui faire comprendre que le royaume du Rahimir n’est pour rien dans ces massacres, que contre les monstres assoiffés de sang qui tuent implacablement chaque être se trouvant sur leur route.

Olivier Peru propose un univers minutieux qu’il a lui-même dessiné comme l’illustre la carte glissée au début du livre. De ce fait, on distingue une nette délimitation au sein des Terres des Tribus Unies avec les royaumes des deux principales familles régnantes du Sonrygar et du Rahimir séparés par La Cicatrice, une profonde crevasse. C’est donc là où vivent les hommes. Et La Forêt, province sacrée où vivent les druides. A l’Est de La Forêt est érigé le mur du Rôdeur, une barrière magique qui protège toutes les terres de la terrible abomination qu’est le Rôdeur et de sa horde de monstres, bannis il y a des millénaires.
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La magie réside dans les pouvoirs que détiennent les druides. Ceux-ci sont aussi bien au centre de l’univers créé par l’écrivain qu’au centre du roman-même. Ils se subdivisent en quatre ordres différents : les loups, les cerfs, les corbeaux et les ombres. Tous possèdent le don de communier avec la nature qui leur permet d’avoir une meilleure perception des choses et d’aider les hommes au mieux. Ils ont le pouvoir de rentrer dans l’esprit de l’animal, emblème de leur ordre propre, et ainsi de commander cette bête à faire ce qu’ils veulent, tout en la respectant. En effet, les druides sont des pacifistes ; ils ont un grand respect pour la nature, la faune et la flore. D’ailleurs, ils ont une parfaite connaissance des plantes leur permettant de soigner au besoin. 

En intégrant de la magie, une quête à mener, une communauté de héros, une cartographie précise d’un univers fabuleux, Olivier Peru inscrit son roman dans une littérature assurément high fantasy.
Druide2
Néanmoins, le génie dont il fait preuve réside dans le fait de présenter sa fantasy comme un polar. En effet, dans ce récit il est question de meurtres et d’enquête avant tout car on l’a bien compris, Obrigan a 21 jours pour résoudre ces crimes. Or, plus on avance dans la lecture et plus on s’enfonce dans un thriller sombre avec toute la violence, le sanguinolent qu’un tel genre peut générer. D’autant plus, que l’auteur nous entraîne dans cette histoire à tambour battant puisque le roman se divise en 21 chapitres qui correspond au temps imparti laissé au druide pour mener à bien cette investigation. Peu de chapitres mais dans lesquels l’écrivain fait monter crescendo la tension et le suspense avec des assassins agissant comme des ombres et frappant de plus en plus souvent. Il est clair que le fait d’ignorer l’identité du ou des tueurs, et la raison de tels crimes rendent ces actes encore plus effrayants et oppressants. Ainsi, plus on avance dans le livre, plus l’étau se resserre autour d’Obrigan et on en est même à se demander jusque dans les dernières lignes du roman s’il va réussir ou faillir à sa mission.

L’écriture d’un texte de si grande qualité ne pouvait qu’offrir une place de choix parmi les auteurs de fantasy surtout au sein d’une littérature qui a tendance à s’essouffler en France. De ce fait, Olivier Peru apparaît d’ores et déjà comme très prometteur pour le genre français.

Fantasy à la carte

Jean-Louis Fetjaine

Jean-Louis Fetjaine, de son vrai nom Jean-Louis Festjens est né en 1956. Après un diplôme en philosophie et en Histoire médiévale, il devient journaliste, traducteur, puis nègre littéraire pour les éditions Presses de la Cité. En 1991 devenu éditeur, il crée la collection « Hors collection » toujours aux éditions Presses de la Cité, puis prend la direction des éditions Le Pré aux Clercs. Plus tard, il rejoint le groupe La Martinière et y fonde les éditions Fetjaine. Mais en 2012, il quitte cette maison d’édition pour Robert Laffont.

Homme d’édition incontestable, Jean-Louis Fetjaine est également un écrivain renommé. Auteur de plusieurs livres axés sur l’humour comme Le guide du jeune père (1991), L’homme expliqué aux femmes (1995), Le guide de survie au bureau (1996) et L’école expliquée aux parents (1997).
Le Pas de Merlin
Néanmoins son plus grand succès littéraire demeure La Trilogie des elfes. Cela marque un tournant dans la carrière de Jean-Louis Fetjaine qui fait de lui un auteur incontournable de fantasy française. D’ailleurs, la publication du Pas de Merlin qui obtient en 2003 le prix Imaginales du meilleur roman de fantasy, vient confirmer sa place d’auteur phare du genre. Face à l’engouement que suscite sa fantasy, Jean-Louis Fetjaine décide d’écrire un préquel à sa Trilogie des elfes. Celui-ci va s’axer autour de Lliane afin de comprendre comment cette elfe est devenue une reine et une guerrière. Divisé en trois tomes, ce préquel s’intitule Les Chroniques des elfes.
Lliane, les chroniques des elfesL'elfe des terres noires, les chroniques des elfesle sang des elfes, les chroniques des elfes
Toujours dans l’univers des littératures de l’Imaginaire, il publie des livres illustrés pour enfants comme La Petite fée paresseuse, ou L’Elfe du Père Noël aux éditions Fetjaine, ainsi que des albums tel Le Petit Peuple paru aux éditions Le Pré aux Clercs.
Le Petit peuple
Le crépuscule des elfes
C’est grâce à sa passion pour l’Histoire médiévale que Jean-Louis Fetjaine s’est mis à écrire de la fantasy par l’intermédiaire de la Matière de Bretagne. D’ailleurs sa Trilogie des elfes en témoigne largement. Elle relate l’histoire de Lliane, reine des Hautes-elfes qui est prête à tous les sacrifices pour sauver son peuple de l’extinction. Dans le premier roman, une compagnie d’hommes, de nains et d’elfes est créé pour retrouver l’elfe gris Gael qui vient d’assassiner le roi nain Troïn, officiellement pour une cotte de maille d’argent. Ce crime ne peut rester impuni et menace la paix entre les peuples libres. Mais cette expédition ne se passe pas comme prévu, de nombreux compagnons vont trouver la mort, et le talisman des nains, l’épée de Nudd disparaît sans laisser de trace car telle est la vraie raison du meurtre de Troïn. Ce qui provoque la colère des nains qui en représailles vont rentrer en guerre contre les elfes. Pendant ce temps, Llandon, le roi des Hauts-elfes déclare la guerre aux hommes à cause de la trahison de sa femme avec l’un d’eux. En effet, Lliane est enceinte de la fille d’Uter. Alors que ce dernier est enfermé dans les geôles des nains où il y est torturé pour avouer l’endroit où est caché le talisman des nains. Aveuglé par leur haine des elfes, les nains finissent par comprendre qu’ils n’ont été que les jouets des perfides hommes. Uter est libéré et grâce à l’aide de Myrddin alias Merlin, il rejoint Lliane et son enfant sur l’île d’Avalon. Elle va lui donner la force, en fusionnant son esprit avec le sien, de prendre la tête d’une armée d’hommes, d’elfes et de nains afin de mettre fin au règne tyrannique de Gorlois, le véritable instigateur de toutes ces guerres entre les peuples libres. Après sa victoire, Uter va épouser Ygraine, la veuve de Gorlois qui lui donnera un fils prénommé Arthur. Quant au dernier tome de cette trilogie, il faudra que les peuples libres s’unissent à nouveau pour sauver le monde contre l’Innommable et ses armées de monstres.
 La nuit des elfes, La Trilogie des elfesL'heure des elfes, La Trilogie des elfes
Lliane
A la lecture de cette trilogie, de nombreux indices permettent d’établir que cette saga relève d’une high fantasy, résultat d’une réappropriation des légendes arthuriennes. En effet, on y retrouve des lieux mythiques issus de ces légendes comme la célèbre Tintagel, forteresse édifiée sur un éperon rocheux entouré par la mer ou la cité de Loth faisant référence à Camelot, patrie d’Arthur Pendragon. Mais c’est également l’occasion pour l’auteur de créer un univers imaginaire spécifique avec différents royaumes comme la forêt d’Eliandre, refuge des Hauts-elfes. Cette forêt renferme une immense cité où les elfes vivent de manière éparse. La quiétude y règne encore même si ce domaine n’est plus comme il était à ses origines car détruit peu à peu par les hommes. Il existe aussi les royaumes nains construits sous les montagnes, décrits comme de splendides palais souterrains mais de plus en plus abandonnés sous les assauts répétitifs des hommes. La légendaire île d’Avalon est également présente. Dépeinte d’abord comme un îlot sans intérêt, elle s’avère être en réalité un lieu hors du temps, préservé des marques de la destruction et de la mort. La magie y règne comme en témoigne son Petit peuple des fées. En fait, Avalon personnifie le Bien et où le Mal n’a pas de prise. Il y a aussi le royaume des gnomes qui a pour capitale Kab-Bag, une cité créée sous la terre pour échapper à la chaleur et au froid. C’est un haut lieu de commerce qui constitue un point de rendez-vous pour tous les peuples libres du royaume. Mais c’est également le fief de la Guilde des voleurs qui en fait un lieu inquiétant où règne la malice. Est également décrit la contrée des elfes gris avec la cité des marais appelée GwrageddAnnwh. De cité, cet endroit n’en a que le nom car il s’agit plutôt de la plus grosse île du pays des elfes gris. Les elfes gris y vivent sous des dômes de branchages qui leur tiennent lieu de maison à l’abri des grands arbres. La solitude régnant en ces lieux annonce la désolation des terres limitrophes à ce royaume, à savoir le pays de Gorre, aussi appelé « Terre gaste » (dévastée) ou « Terres noires » qui constitue le refuge de l’Innommable et de ses monstres. Entre lieux légendaires et royaumes imaginaires, Jean-Louis Fetjaine offre une géographie précise à son univers fantasy. Il est à noter que seules des descriptions précises permettent à ces lieux de prendre forme car Jean-Louis Fetjaine n’a pas cartographié son univers.
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En plus de ce monde chimérique qui abrite des peuples et des créatures imaginaires aux langages et aux coutumes propres, l’auteur met en scène la lutte entre le Bien et le Mal. Elément fondamental à tout écrit de high fantasy. En effet, celle-ci se manifeste par l’intermédiaire de quêtes. Elles sont multiples dans La Trilogie des elfes. D’abord, contre les hommes, qui en volant le talisman des nains, ceux-ci cherchent à ranimer la haine ancestrale des nains envers les elfes, puis, contre les monstres, afin de survivre au Mal et à ses serviteurs démoniaques.                                                                                                 
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L’introduction de tous ces éléments font de cette œuvre une high fantasy à part entière. Mais il est important de souligner ici la particularité que cet auteur français a su insuffler à une littérature anglo-saxonne. En effet, alors que la figure d’un héros prenant la tête d’une communauté de personnages se dégage dans tout écrit de high fantasy, Jean-Louis Fetjaine, lui, propose une figure double à son héros. C'est-à-dire que la quête est menée tour à tour par Lliane et Uter, et que tous deux finissent par fusionner en un seul être, autrement dit l’esprit de Lliane envahit le corps d’Uter. Ne faisant plus qu’un, Uter devient le Pendragon, une sorte de demi-dieu possédant une force incommensurable qui lui permet de vaincre les armées des hommes renégats et de rétablir la paix entre les peuples. Ce choix de mettre l’accent sur la figure double du héros est une particularité intéressante, car elle donne à celui-ci un relief singulier. Cela fait de lui un héros atypique. Alors que ces personnages sont faibles et impuissants lorsqu’ils sont seuls ; ensemble, ils deviennent presque invulnérables, tant ils concentrent un puissant pouvoir. L’option de fondre deux personnages en un seul permet à la fois de surprendre le lecteur, mais aussi de justifier la victoire du Bien sur le Mal.
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Ainsi, en proposant une réappropriation originale des légendes arthuriennes et en insufflant de nouvelles caractéristiques au genre, Jean-Louis Fetjaine a su captiver un lectorat pas négligeable. Et de ce fait apporte une distinction à la fantasy française.

Fantasy à la carte

Richelle Mead

Richelle Mead est née en 1976 dans l’Etat du Michigan. Avant de se lancer dans l’écriture, elle obtient une maîtrise d’histoire des religions et une maîtrise en enseignement afin de se destiner à une carrière dans l’éducation. Elle est l’auteure de plusieurs séries de fantasy urbaine, comme la série Georgina Kincaid où il est question d’anges et de démons, la série du Cygne Noir qui met en scène un univers de Faës, ainsi que L’ère des Miracles où évoluent également des anges. Néanmoins, c’est sa série Vampire Academy qui demeure la plus connue avec en 2013 plus de 8 millions d’exemplaires vendus dans pas moins de 35 pays. Elle se décline en six tomes avec Sœurs de sang, Morsure de glace, Baiser de l’ombre, Promesse de sang,Lien de l’esprit et Sacrifice ultime.                               
Noire alchimie
Du fait de cet engouement, Richelle Mead a décidé d’écrire un autre cycle intitulé Bloodlines qui apparaît comme un préquel à Vampire Academy. Le premier roman qui a pour titre Noire alchimie sortira en France en juillet 2014.

Soeurs de sang
Dans Vampire Academy, il s’agit de la destinée exceptionnelle de Rose Hataway et de sa meilleure amie Lissa. L’action se déroule essentiellement au sein de Saint-Vladimir, un pensionnat atypique qui accueille des Moroï, autrement dit des vampires dits vivants maîtrisant la magie de l’un des cinq éléments : la terre, l’eau, le feu, l’air ou l’esprit et des dhampirs, des êtres mi humains, mi vampires formés à la protection des Moroï. A ces vampires du Bien, s’opposent des Strigoï qui eux, sont maléfiques. Ainsi la trame de cette saga va se cristalliser autour d’une lutte entre le Bien et le Mal incarnée par les Moroï et les dhampirs d’un côté et les Strigoï de l’autre côté.

A partir du vampire, cette créature surnaturelle issue du bestiaire merveilleux, Richelle Mead a su insuffler une originalité à sa saga. En s’inspirant de caractéristiques traditionnelles inhérentes à ces créatures, elle a dressé trois nouveaux portraits aux spécificités propres. Le vampire assoiffé de sang qui tue pour survivre, incarné par le Strigoï ; le vampire irrésistible à tout point de vue possédant des pouvoirs magiques, à savoir le Moroï ; et le sang-mêlé dhampir à la constitution robuste et disposant d’une force surhumaine, nécessaire à la protection des Moroï.
                                            Morsure de glaceBaiser de l'ombre                                                        
promesse de sang
L’ensemble de ces créatures évolue dans leur propre univers en parallèle à celui des humains qui ignorent tout de leur existence. Sauf les humains qui servent de poches de sang volontaires aux Moroï ou involontaires et mortelles aux Strigoï. En effet, pour ces hommes et ces femmes, leur plus cher désir étant de devenir à leur tour des vampires.

Même si au premier contact, cela donne l’impression d’avoir à faire à une simple histoire de lycéens, la réalité est tout autre. Richelle Mead a su développer un monde magique mêlant amour et séduction à magie et combats spectaculaires.
Lien de l'espritSacrifice ultime  
Une saga littéraire qui méritait une adaptation cinématographique, reflet de son succès planétaire. Ainsi, le premier opus est sorti en France le 5 mars 2014 avec seulement 71 757 entrées vendues. C’est un véritable échec aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis et n’est donc pas à la hauteur de cette Bit-lit pourtant de qualité. Raison d’un tel insuccès, peut-être le choix d’un casting inadapté ? Ou la réalisation d’un énième film sur les vampires ? Le public n’a donc pas su apprécier cette fantasy urbaine si prometteuse.



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