Un blog qui met à l'honneur l'imaginaire sous toutes ses formes : fantasy, fantastique, science-fiction, postapocalyptique, thrillers fantastiques... jeunesse et adulte. J'y partage mes avis lectures mais y parle aussi des festivals, des artistes, des librairies. Auteurs confirmés ou jeunes plumes, tout le monde y trouve sa place.
L'influence du "gaming" à la littérature
Google console
accueil2
26/02/2021
Agostinho Moreira, Le Sceptre de Râ, tome 1, L'Ombre de Ravana, éditions Kelach
23/02/2021
Adrien Tomas, Dragons et Mécanismes, éditions Rageot
Avec Dragons et Mécanismes, Adrien Tomas signe un nouveau roman jeunesse qui partage le même univers qu'Engrenages et Sortilèges. Néanmoins, écrit de manière indépendante, il n'est pas nécessaire d'avoir lu ce premier roman pour comprendre et apprécier cette nouvelle histoire.
Lu en avant première dans le cadre d'un partenariat, je remercie toute l'équipe de Babelio, ainsi que les éditions Rageot pour l'envoi de ce service de presse.
De quoi parle Dragons et Mécanismes ?
Dans ce livre, on fait d'abord la connaissance de Dague, un adolescent qui vit dans le quartier populaire des Gorgones à Asogadre. Orphelin et voleur, il survit grâce à des rapines et aux informations qu'il peut monnayer au chef de la pègre locale. Puis, on rencontre Dragomira qui vient d'accoster à Asogadre dans l'espoir de trouver des alliés pour l'aider à récupérer son trône. En effet, suite à un coup d'état fomenté par le clan Arlov, au cours duquel ses parents ont été assassinés, la jeune Mira a pu s'enfuir in extremis et se soustraire à une union forcée avec Vlacen, l'héritier des Arlov. Mais, suivi de près par ce fou furieux, aura-t-elle seulement le temps d'agir pour échapper à ce sombre avenir ? Quant à Dague, regrettera-t-il d'avoir croisé le chemin de Mira, au vu de ce que cela va finalement impliquer pour lui ?
Dans Dragons et Mécanismes, Adrien Tomas poursuit l'exploration de son univers. Cette fois-ci, il nous emmène en Xamorée. Un royaume qui commerce beaucoup avec les Cités Franches, à l'image d'Asthénocle, dont Mira est originaire. Les relations qu'ils entretiennent assurent à tous une stabilité politico-économique et la paix entre les peuples. Ces Cités Franches ont un rapport un peu différent à la magie. En effet, alors que dans la république de Mycée, on distingue les technologistes des mages, là-bas, les mages sont également des mécaniciens qui incorporent des sortilèges à leurs inventions. Il y a donc clairement des différences dans la manière d'enseigner et d'utiliser la magie d'un pays à l'autre. De même que l'auteur a attribué un système de gouvernance propre à chaque pays. Ainsi, chaque Cité Franche est, par exemple, dirigée par un archiduc ou une archiduchesse dont la position est garantie par une découverte scientifique majeure. C'est par cet unique procédé que les personnes peuvent donc gouverner.
Néanmoins, Xamorée reste sous la menace constante des dragons qui ont trouvé refuge dans la jungle limitrophe de Msitwa Joka. Or, normalement chacune de ses Cités Etats est censée être protégée par des pavois, autrement dit une sorte de barrière électrifiée par l'arcanium. Mais depuis quelques temps, il y a des problèmes d'alimentation qui créent régulièrement des brèches dans les protections permettant aux dragons de semer la panique là où ils passent et, en particulier à Asogadre.
Pour chacun de ses romans, Adrien Tomas a donc imaginé des espaces géographiques détaillés. Empire, édilat, république, chaque lieu a son propre système politique, édictant des lois différentes. Ainsi, au Grimmark, on trouve un édilat, à Mycée, on parle d'empire et en Tolkvie, il s'agit d'une République. De même, qu'il leur attribué une Histoire personnelle, riche en mythes et en légendes. En lisant les romans de cet auteur les uns après les autres, on voit se dessiner un univers vaste et complexe et on établit des connexions entre ses histoires, facilitées par la présence de personnages dans plusieurs livres qui aident clairement à faire des liens.
Le dynamisme de ce récit repose beaucoup sur ses deux personnages principaux. L'auteur aime alterner leur point de vue d'un chapitre à l'autre. Son écriture y apparaît d'autant plus rythmée. Il met donc en scène deux adolescents très attachants. Loin des clichés auxquels on pourrait s'attendre au premier abord, au fur et à mesure de la lecture, leurs actions et réactions arrivent à nous surprendre.
On a, d'un côté, le jeune Dague qui vole par nécessité. Mais il n'est pas le vaurien auquel on pourrait s'attendre car il sait faire preuve d'une grande solidarité et est même prêt, si nécessaire, à défendre des inconnus en danger. Et de l'autre côté, il y a Mira qui, du fait de sa position sociale, pourrait n'être qu'une simple fille hautaine et froide. Mais la réalité est toute autre car c'est surtout une âme solitaire passionnée par les sciences. Cette mécanomagicienne chevronnée espère juste faire honneur à ses parents en prenant leur suite avec justesse et équité. Voici deux destins que l'on prend plaisir à suivre.
Outre, cette magie mécanique, le merveilleux s'exprime également dans ce roman par la présence des dragons. Les Xamoréens entretiennent une défiance vis à vis de ces créatures ailées. Ils ne les comprennent pas et ne voient en eux que des ennemis qu'il faut abattre ou tenir éloignés derrière des pavois. Mais dans l'imaginaire d'Adrien Tomas, le dragon est ici un être supérieur, doué de paroles dont l'existence est intimement liée au passé oublié de Xamorée. Ils seront donc la clé dont nos jeunes héros auront besoin pour empêcher le mal de triompher.
Dans Dragons et Mécanismes, l'auteur mène ambitieusement plusieurs intrigues de front, ménageant ainsi à ses lecteurs suspense et révélations tout au long de ce livre. Il a non seulement développé son univers mais propose une intrigue très travaillée qui commence à établir des liens avec ses autres textes.
Avec ce nouveau roman, j'ai retrouvé une plume de l'Imaginaire français que j'apprécie énormément qui nous propose un nouveau récit destiné à la jeunesse mais qui saura également contenter un lectorat plus adulte.
Ecrit dans la même veine que ses précédentes œuvres, Adrien Tomas a inséré tous les éléments, et bien plus encore, qui font la force de ses livres.
Fantasy à la Carte
A lire aussi sur le blog, mes avis sur Engrenages et Sortilèges ainsi que sur Les Hurleuses et L'Empire des Abysses (tome 1 et 2 de Vaisseau d'Arcane).
Informations
Sur la blogosphère, l'avis d'Au Pays des Cave Trolls.
19/02/2021
Guy Gavriel Kay, Le Seigneur des Empereurs, tome 2, La Mosaïque Sarantine, éditions L'Atalante
Le Seigneur des Empereurs est le roman qui prend la suite de Voile vers Sarance de Guy Gavriel Kay. Comme tous les lecteurs de La Mosaïque Sarantine, j'avais hâte de me replonger dans cet univers dense et très immersif.
Mais avant de commencer à vous parler plus en détails de ce second volet, je tiens à remercier Emma et les éditions L'Atalante pour l'envoi de ce service de presse.
Dans Le Seigneur des Empereurs, on retourne auprès de Caius Crispin, le mosaïste mandaté par l'empereur Valérius II pour réaliser les décors de sa basilique. Alors que son oeuvre commence à prendre forme, il est entraîné, malgré lui, dans un tourbillon d'événements qui vont vite le dépasser. Seulement fréquenter le pouvoir de trop près n'est pas sans risque pour qui n'y fait pas attention. Ce n'est pas Rustem de Kerakek qui dira le contraire. En sauvant la vie du roi des rois, il a vu la sienne prendre un tournant inattendu. En effet, le voici en route pour Sarance, chargé d'une mission délicate. Mais pourra-t-il seulement la mener à bien et violer ainsi son serment d’Hippocrate. Deux hommes du peuple que rien ne destinait à se rencontrer mais qui vont jouer, sans le savoir, un rôle capital dans l'avenir de l'empire.
Avec Le Seigneur des Empereurs, on retourne à Sarance. Cadre principal de l'action de ce cycle, Sarance incarne autant un personnage propre qu'un univers à part entière. En effet, la cité prend une telle importance sous la plume de l'auteur qu'il la place finalement au même niveau que ses personnages. Elle arbore bien des visages : secrète, chatoyante ou vibrante. Dangereuse pour certains et bienveillante pour les autres, nul ne peut prédire comment il y sera accueilli. On l'a très vite compris, Sarance est la métaphore de la mythique Byzance. Elle partage cette même passion pour les courses de chars. Ainsi, la vie des Sarantins semble s'articuler autour de l'hippodrome. On y retrouve d'ailleurs les quatre fameuses factions rivales : les Verts associés aux Rouges et les Bleus associés aux Blancs. Constituées des supporteurs et des organisateurs des courses de chars, ces factions sont vite devenues des oppositions politiques et religieuses qui n'hésitaient pas à créer des émeutes, notamment pour montrer leur mécontentement devant la préférence de l'empereur en place pour l'une d'elles. Dans ce cycle, Guy Gavriel Kay nous immerge dans l'ambiance survoltée de ces événements sportifs où les paris vont bon train et où, la victoire ou la défaite peut vite faire perdre la tête.
Pour renforcer l'énervement ambiant, l'auteur a ajouté à son texte de nombreux chassés-croisés amoureux et autres passions passagères qui consument autant les cœurs que les corps. Ainsi, Sarance se veut tumultueuse, elle est comme un cœur qui bat. Enivrante ou inquiétante, ses rues ne sont pas toujours très sûres. La nuit, le feu sarantin peut même, sans crier gare, consumer les âmes égarées. Une sombre magie semble à l'œuvre car sinon comment expliquer le phénomène de ces étranges combustions spontanées.
Dans Le Seigneur des Empereurs, Guy Gavriel Kay a donc choisi deux narrateurs pour nous conter la suite des événements. Crispin qui reste égal à lui-même, il est toujours aussi noble cœur, un tantinet soupe au lait et assurément une tête de mule. Il reste fidèle aux causes qui lui semblent justes, quitte à se mettre en danger. L'autre personnage masculin que l'on découvre dans ce second volet est l'étonnant médecin Rustem. Pondéré et sagace, c'est un excellent observateur qui sait se jouer des situations pour arriver à ses fins. Il trace son chemin dans la cité et nous étonne par ses choix. Qui sait ce que l'avenir lui réserve.
Même s'il est vrai que Guy Gavriel Kay a choisi deux hommes pour être les rapporteurs de cette fabuleuse intrigue, il n'en demeure pas moins qu'ils sont surtout là pour mettre en exergue un quatuor de femmes. Outre l'impératrice Alixana et la reine Gisèle qui se disputent le pouvoir sur le devant de la scène, dans les coulisses, deux autres femmes sont également à l'œuvre. Il y a déjà Shirin qui, du fait de son statut de danseuse, nous rappelle par bien des manières la fière impératrice dont elle est finalement très proche. Maîtresse de nombreux hommes, la favorite des Verts a su s'imposer dans la cité et même influer sur la politique menée. Elle sera une alliée de choix pour Crispin en l'aidant, notamment, à évoluer parmi les vipères qui gravitent autour de l'empereur. Enfin, il y a l'intrigante et secrète Styliane Daleina. Belle, autoritaire, inaccessible, Crispin tombe sous le charme de cette femme. Mais Styliane est tel un serpent qui hypnotise sa proie pour arriver à ses fins. A ce titre, elle est sans doute la plus dangereuse des quatre.
La Mosaïque Sarantine est une ode à la féminité et à l'ingéniosité dont peuvent faire preuve les femmes pour obtenir ce qu'elles souhaitent. L'auteur nous brosse un portrait flatteur de femmes aussi magnétiques qu'éblouissantes. Contrairement aux apparences, elles ne sont, en aucune façon, l'ombre de leurs hommes car ce sont elles qui détiennent le vrai pouvoir dans ce récit.
Avec Le Seigneur des Empereurs, l'auteur nous offre une œuvre foisonnante, riche de folles passions, d'amitiés indéfectibles et d'intrigues de cour captivantes.
Malgré la densité du récit, j'ai dévoré avec plaisir chaque chapitre et apprécié chacune de ses lignes. Je vous le recommande !
Avec La Mosaïque Sarantine, Guy Gavriel Kay signe donc une fantasy orientale étourdissante.
Fantasy à la Carte
A lire aussi sur le blog mon avis sur le tome 1, Voile Vers Sarance.
Informations
12/02/2021
Ronald Malfi, Blanc d'Os, éditions du Seuil
Ronald Malfi est un romancier américain qui s'épanouit dans l'écriture de thrillers ou de fictions d'horreur. Blanc d'os est son premier roman qui est édité en France. Je remercie les éditions du Seuil pour l'envoi surprise de ce service de presse. J'avoue avoir été troublée par la lecture de la quatrième de couverture.
Cela fait un an que son frère n'a plus donné signe de vie, depuis Paul Gallo est hanté. Son dernier message lui a été envoyé depuis une bourgade perdue d'Alaska. Là-bas, nul n'a su dire aux autorités ce qu'il était advenu de lui. Après tout, chaque année, on dénombre pas moins de 2000 disparitions en Alaska. Or, cette petite ville de Dread's Hand refait parler d'elle car un charnier vient d'y être découvert. Huit corps ont été déterrés. Et si son frère faisait partie des victimes ? Paul n'a qu'une certitude, se rendre sur place et peut-être afin connaître la vérité.
Avec Blanc d'os, Ronald Malfi se fait l'auteur d'un récit prenant au suspense glaçant.
Le premier point fort que l'on peut relever concerne l'ambiance que les lieux décrits dégagent. Le bourg de Dread's Hand est oppressant, les habitants y sont même inquiétants. Leur froideur, leur indifférence vous glacent jusqu'à l'os. Fraîchement débarqué, Paul va se heurter à leur silence. Ils sont fuyants, distants, voire agressifs. Ils lui font très vite comprendre qu'il n'est pas le bienvenu. Et puis, des rumeurs circulent sur l'histoire de la ville. Il y a eu d'autres morts violentes : crimes ou malheureux accidents. Les gens sont superstitieux, ils croient à l'existence du diable. C'est la seule explication qui peut justifier l'innommable.
Or, Ronald Malfi nous balade d'un bout à l'autre de son roman avec la même interrogation : est ce qu'une créature maléfique agit dans l'ombre ou est-ce simplement la solitude des lieux qui a fait sombrer de pauvres pécheurs dans la folie ?
Avec Blanc d'os, l'auteur agit sur nos nerfs, l'ambiance est bien immersive, le glauque y est juste authentique. La forêt qui entoure Dread's Hand est sombre et hostile. Elle fait remonter toutes nos peurs enfantines et nous laisse penser que le croquemitaine s'y cache peut-être.
L'autre point fort repose bien évidemment sur les personnages charismatiques de ce livre. Je pense, notamment, à son héros principal dont l'ombre de son frère plane continuellement sur lui. Ronald Malfi met en avant ici la singularité de la gémellité. Il insiste sur les connexions qui relient les deux frères. Cela pourrait s'apparenter à de la télépathie sans vraiment en être. Paul est hanté par des souvenirs, il voit des choses qu'il ne comprend pas et qu'il n'a pas vécu. C'est cela qui le pousse à partir sur les traces de son frère. Même séparé, il a l'impression de le sentir ou de l'apercevoir. Ainsi, le lien qui unit les deux frères relève presque d'un pouvoir mystique.
Tout cela confère à ce texte un caractère surnaturel. Des choses sont à l'œuvre. A Paul de découvrir la vérité. Mais peut-on réellement croire à l'impensable ?
Avec Blanc d'os, je découvre une plume sombre et implacable. Ce livre m'a très vite fait perdre pied. A vous, maintenant, de venir vous frotter au diable quelque soit le visage qu'il prend.
09/02/2021
Orson Scott Card, L'Apprenti, tome 3, Les Chroniques d'Alvin Le Faiseur, éditions L'Atalante
éditions L'Atalante
Actuellement, les éditions L'Atalante sont en pleine réédition d'un grand classique de fantasy : Les Chroniques d'Alvin Le Faiseur d'Orson Scott Card. Dans cette nouvelle édition en grand format, chaque tome est rehaussé par les superbes couvertures de Vincent Madras qui leur ajoutent une petite touche de charme.
Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie, à nouveau, Emma et les éditions L'Atalante pour l'envoi de ce service de presse.
Cette fois-ci, on se plonge dans le troisième tome, titré L'Apprenti dans lequel on retrouve Alvin qui a rejoint Hatrack River pour y suivre un apprentissage auprès du forgeron. Mais, cette nouvelle installation lui donne aussi l'occasion de revenir sur les lieux de sa naissance. Il espère y rencontrer cette Torche qui a secondé sa mère lors de son accouchement afin qu'elle l'aide à devenir un faiseur. Seulement Peggy qui a prédit sa venue, s'est envolée. L'avenir qu'elle voyait à ses côtés ne lui disait rien qui vaille alors elle a préféré s'éloigner pendant quelques temps. Livré à lui-même, Alvin grandit et devient un forgeron talentueux, n'en déplaise à son patron qui freine même des quatre fers pour le faire compagnon. Mais si sa vie s'écoule relativement paisiblement, il n'en oublie pas pour autant son vieil ennemi dont il ressent encore la présence. Or, il n'a toujours pas la moindre idée de ce qu'il faut faire pour devenir un faiseur. Si seulement, la fille n'était pas partie. Qui pourrait lui venir en aide maintenant ?
Pour écrire son cycle d'Alvin Le Faiseur, Orson Scott Card s'est éloigné du folklore nourricier des textes fondateurs du genre car cela n'avait pas lieu d'être dans cette fantasy ayant pour cadre l'Amérique coloniale.
Pourtant ses livres ne manquent pas de merveilleux car la magie s'y épanouie tout aussi largement. Déjà, l'auteur s'appuie sur deux héros qui sont détenteurs de grands pouvoirs. On a, d'un côté, le jeune Alvin que l'on voit grandir et découvrir, au fil des tomes, ses nombreuses capacités et de l'autre côté, il y a Peggy qui elle, est née avec le don de voir l'avenir. Tous deux sont destinés à faire de grandes choses ensemble même si jusqu'au troisième volet de la saga, ils ne se sont pas encore rencontrés. A travers eux, on côtoie une magie faite de charmes et de croyances locales. Ainsi, Alvin est capable de tisser des sorts pour protéger des lieux ou des personnes. Il agit également sur la matière pour la transformer à sa guise et fait même corps avec la nature, à l'image des Amérindiens. Quant à Peggy, elle perçoit toutes les flammes de vie qui l'entourent et peut agir sur l'avenir des gens. C'est ainsi qu'elle suit de loin la vie d'Alvin et intervient si nécessaire pour le remettre sur le droit chemin.
En alternant leurs points de vues d'un chapitre à l'autre, Orson Scott Card donne une belle dynamique à son récit. Dans Les Chroniques d'Alvin Le Faiseur, l'auteur a construit un univers très immersif mêlant magie et superstition.
De même qu'il a choisi un cadre d'action historique fort puisque L'Apprenti se cristallise autour de l'esclavage. Ce thème est au cœur de ce récit à travers, notamment, la mention du traité des Esclaves en fuite permettant aux riches propriétaires d'exploitations de poursuivre les marronneurs déserteurs. Dans ce volet, Alvin s'attache à un jeune orphelin, fils d'une esclave qui a trouvé refuge à Hatrack avant de mourir. Élevé par un couple de colons, figures locales, Arthur Stuart va être la cible des pisteurs d'esclaves. A travers son histoire, l'auteur remet en perspective la fracture qui a divisé l'Amérique de l'époque entre le Nord et le Sud. En effet, c'est suite à l'ordonnance du Nord-Ouest de 1787 que l'esclavage est interdit sur ces territoires et établit, de fait, la limite entre les Etats esclavagistes et les autres sur l'Ohio. Or, c'est justement là que les événements se déroulent. Ainsi, l'abolition progressive de l'esclavage dans les Etats du Nord ouvre une possibilité supplémentaire aux esclaves du Sud, en leur offrant un refuge potentiel sur le territoire des Etats-Unis. Il y a même un réseau secret qui s'est organisé pour aider la fuite et faciliter l'accueil des fugitifs. C'est d'ailleurs grâce à lui qu'Arthur Stuart est sauvé alors qu'il n'était qu'un nouveau-né.
A travers ce livre, Orson Scott Card en profite donc pour mettre en exergue une période marquante de l'Histoire des Etats-Unis qui a divisé l'opinion entre les abolitionnistes et les esclavagistes. Ici, Alvin va se confronter aux mentalités sectaires de certains et à celles, plus progressistes, des autres.
Mais ce roman dégage également beaucoup d'émotions car l'auteur y incorpore de nobles sentiments tels l'amitié, l'amour, la solidarité et le courage. Tout cela rend la lecture très prenante.
Avec L'Apprenti, Orson Scott Card signe un roman saisissant et authentique. Arrivé à ce stade de l'aventure, il est difficile de ne pas s'attacher à ses héros. C'est donc avec une certaine impatience que je me réjouis de lire le prochain tome.
Fantasy à la Carte
A lire aussi sur le blog mes avis sur Le Septième Fils, Le Prophète Rouge et Le Compagnon.
Informations
05/02/2021
Régis Goddyn, Le Sang des 7 Rois, tome 6, éditions L'Atalante
Alors que le sixième tome en version poche du Sang des 7 Rois vient de débarquer en librairie, je m'en vais vous parler de mon coup de cœur pour cette saga atypique.
Mais avant de commencer, j'adresse, à nouveau, mes remerciements à Emma et aux éditions L'Atalante pour l'envoi de ce service de presse.
Dans ce nouvel opus, les événements se précipitent. Alors que Sylvan organise la lutte du cinquième royaume contre les capitaines-ambassadeurs envoyés par Lothar, Orville, lui, a rencontré Rosa et Delwynn. La jeune femme a même décidé de rester auprès de lui afin d'en apprendre davantage sur les capacités des mages. Ensemble, ils vont de découverte en découverte qui vont les mettre sur la piste de ce qui se cache derrière leurs pouvoirs. Quant à Aldemond, il est resté auprès d'Aléïde et d'une étrange voyante, prénommée Audre afin de rejoindre au plus vite l'île du Goulet. Mais, c'est sans compter les aléas du voyage avec les nombreux obstacles que Lothar ne cesse de lever.
Avec ce sixième volet, on sent le final de la saga proche alors Régis Goddyn y fait pleuvoir les révélations. Ainsi, tous ces petits cailloux qu'il a semés dans les tomes précédents prennent sens ici. Par exemple, l'apparition ou la répartie de certains personnages éclairent le récit sous un jour nouveau.
Il est vrai qu'au fur et à mesure des livres, l'histoire s'est étoffée autant du point de vue de son univers que de ses personnages. Finalement, l'auteur s'appuie sur une vaste communauté de héros, et aussi étonnant que cela puisse paraître, aucun n'y figure de manière anodine car tous y ont un rôle important à jouer.
Or, parmi ces personnages, des voix dissonantes s'élèvent et donnent à ce récit des moments drôles et imprévus. C'est le cas avec le jeune mage Delwynn qui a incendié accidentellement sa maison tuant en même temps ses parents. Depuis Rosa l'a pris sous son aile. Devenu également l'étrange compagnon d'Orville, Delwynn se révèle avoir une personnalité double. En effet, l'esprit du mage Lucius semble prendre régulièrement possession du corps du garçon, colorant ses interventions d'un brin de canailleries. Sorties de la bouche d'un si jeune enfant, ses grossièretés nous promettent quelques passages décalés et désopilants. D'ailleurs, d'autres corps d'enfants sont également investis par des mages défunts mais Delwynn reste le plus cocasse.
Ainsi, certains protagonistes secondaires que l'on pensait disparus reviennent sur le devant de la scène pour nous éclairer sur les mystères que l'auteur dissimule depuis le départ.
La diversité des personnages et la pluralité de leurs histoires ne nous font pas pour autant oublier le fil directeur et les enjeux politiques de ce cycle. Mais, il faut bien reconnaître que les esprits rusés ne manquent pas dans ces livres et la trahison demeure la règle.
La qualité littéraire est au rendez-vous car l'auteur nous offre un cycle soigné qui nous tient en haleine jusqu'au bout.
Au vu des derniers rebondissements de ce tome, il me tarde maintenant de lire le final.
Fantasy à la Carte
Retrouvez tous mes avis sur le blog : les tomes 1, 2, 3, 4 et 5.
02/02/2021
Régis Goddyn, Le Sang des 7 Rois, tome 5, éditions L'Atalante
Avec l'arrivée du tome 5 à la maison, j'ai pu reprendre ma lecture de cette incroyable saga du Sang des 7 Rois de Régis Goddyn. Tous mes remerciements à Emma et aux éditions L'Atalante pour ce nouveau partenariat.
Après avoir délivré Aldemond des griffes d'Evid, Orville et lui dérivent dans une barque sur une mer intérieure, dénuée du moindre souffle de vent. Alors que tous deux semblent condamnés à une mort certaine, Armine, elle, se découvre être enceinte d'Aldemond. De plus, les réfugiés continuent d'affluer sur l'île du Goulet. Les sept royaumes sont vidés de leur population, les hommes de Lothar ne laissent finalement derrière eux que quelques vieillards et une terre appauvrie. Aléide de Hauterre, devenue une maîtresse en poisons, a pris la route pour retrouver ses fils égarés. Enfin, Lothar a mené son projet à son terme, la forteresse qu'il a fait ériger à Hauterre semble imprenable. Elle aura coûté un lourd tribut alors espérons qu'elle sera à la hauteur de ses espérances ?
Dans ce nouveau volet du Sang des 7 Rois, on retrouve un monde exsangue, marqué par la folie d'un homme. De royaume en royaume, on croise une population rare et vieillissante, affamée et malade. Lothar a redessiné un monde empreint de désolation car beaucoup ont péri. Sa forteresse s'est construite sur un véritable charnier. Pour contrebalancer cette domination, des actions sont menées ici ou là par quelques personnages. Ils constituent la lueur d'espoir pour mettre un terme définitif aux agissements de ce fou. Nul ne comprend les raisons de cette folie mais tous souhaitent que cela cesse.
Jusque-là, Régis Goddyn nous a donné que peu d'indices sur les raisons de tels actes. Il nous a surtout décrit Lothar comme un personnage mégalomane qui souhaite s'entourer d'une armée au sang bleu pour dominer le monde et reprendre le pouvoir.
Cela nous amène à nous interroger sur la nature de la menace. On l'imagine grande au vu des moyens et des nombreux sacrifices qu'il n'a pas hésité à faire pour construire son fort. Mais de quoi veut-il se protéger ?
Or, l'auteur nous suggère, par quelques éléments disséminés ici et là que celle-ci viendrait d'ailleurs. Cela lui permet d'enrichir son univers d'une autre dimension. Ainsi, Régis Goddyn donne à la magie d'autres racines.
Avec ce cinquième tome, on découvre une fantasy plus complexe, mâtinée de science-fiction car le futur vient interférer dans ce Moyen Âge revisité.
Régis Goddyn nous ouvre la porte d'un jardin secret où l'intelligence artificielle a un rôle à jouer. En intégrant cet élément, il bouleverse totalement les codes et inscrit son récit dans un autre registre.
Avec le cycle du Sang des 7 Rois, on va de surprise en surprise qui nous laissent étonnés et curieux de découvrir ce que le prochain chapitre nous réserve.
Voilà une saga de fantasy étonnante qui emprunte des chemins de traverse pour nous faire explorer un univers inattendu et captivant.
Fantasy à la Carte
A lire aussi mes avis sur les tomes 1, 2, 3 et 4 du cycle du Sang des 7 Rois.