L'influence du "gaming" à la littérature

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25/08/2025

Pierre Grimbert, La Souche Perdue, T.2, Les Chemins de Ji, éditions Mnémos

Pierre Grimbert, La Souche Perdue, T.2, 
éditions Mnémos 

L'année 2025 aura été marquée par le retour de Pierre Grimbert à Ji

Après l'immense succès de sa première série déclinée en trois trilogies : Le Secret de Ji, Les Enfants de Ji et Les Gardiens de Ji, il a repris la plume pour continuer l'exploration de ce monde foisonnant. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Mnémos, je remercie Estelle Hamelin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

En voulant échapper aux sorciers de Wul Melinem, Liéronim et ses compagnons d'infortune se retrouvent piégés dans un monde inconnu sans savoir comment trouver le moyen d'en sortir. Mais à peine arrivés dans cet étrange endroit, le jeune Danel se volatilise mystérieusement obligeant l'équipée à parcourir cet univers de fond en comble sans grand espoir de le retrouver vivant. Alors que le danger survient de toutes parts, arriveront-ils à se défaire de leurs ennemis et à retrouver le chemin de leur salut ? 

Mon avis :

Dans La Souche Perdue, on retourne à Ji et plus particulièrement vers les mondes parallèles dont l'île semble garder les accès. Ainsi, l'univers qui voit le jour sous la plume de Pierre Grimbert semble se renouveler à l'infini. Il multiplie donc les terrains de jeux dans lesquels évoluent ses personnages. Tantôt hostiles, tantôt incertains, les lieux que traversent les héros de cette trilogie ne manquent pas de réserver bien des surprises et des déconfitures. 

Récit épique oblige, Pierre Grimbert continue sur sa lancée de nous proposer une aventure parsemée d'embûches qui ne manque pas de mettre régulièrement à mal notre confrérie de personnages.

Les ingrédients choisis demeurent identiques : exploration, quête, lutte et magie se mêlent donc habilement ici. Il en ressort un texte riche en action et en retournements de situation, typique de la littérature fantasy

Dans Les Chemins de Ji, Pierre Grimbert a mis le pouvoir au cœur de l'enjeu narratif de sa nouvelle série. On ne s'étonne donc pas de voir celui-ci monter à la tête de certains au point de les griser et de leur faire perdre tout sens des réalités. Ainsi dans ce tome 2, Pierre Grimbert questionne beaucoup cette notion de pouvoir en confrontant les sentiments qu'il suscite. Il met, notamment, en lumière la grande responsabilité que celui-ci engendre. Si certains y voient le moyen de dominer le monde, d'autres, au contraire, cherchent à protéger pour préserver l'équilibre. 

Dans ce volet, on commence à prendre conscience de la puissance que dissimule Danel. Il est loin d'être le fragile petit garçon que tous se plaisent à penser. Au cœur de l'intrigue de cette nouvelle saga, il incarne à la fois une arme très convoitée et un trésor à protéger. A lui seul il concentre tous les secrets de ce monde, il semble même en être la clé. Il n'y a donc plus qu'à découvrir où se situe la serrure pour en connaître toutes les révélations. 

Au fil des pages, les personnages évoluent, en apprennent plus sur eux-mêmes et sur ce qu'ils pensaient comme être la seule vérité. Ainsi, Tristan revient peu à peu sur ses croyances, notamment à propos de sa mère, Bessanis. A travers lui, Pierre Grimbert explore les difficultés que peuvent rencontrer les relations entre parent et enfants. Les émotions et les sentiments mis à jour donnent une vraie humanité à ses personnages les rendant sans doute plus attachants aux yeux des lecteurs. 

Pour conclure :

Avec La Souche Perdue, Pierre Grimbert signe un nouveau roman efficace entraînant les lecteurs dans une succession de situations insolites. Le rythme y est soutenu nous offrant un grand divertissement comme seule la fantasy en a le secret. Il n'y a donc plus qu'à attendre jusqu'à la sortie du dernier volet qui nous dévoilera ses ultimes mystères. Patience !

Fantasy à la Carte

A retrouver sur le blog, mes avis sur : Six Héritiers, Le serment orphelin, L'ombre des anciens, Le doyen éternel, Le Sang des Parangons, L'Âme des Parangons, Le Lanternier et La Branche Romine

Informations 

Pierre Grimbert 
La Souche Perdue
T.2
9782382672112
304 pages
Éditions Mnémos 

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19/08/2025

Guy Gavriel Kay, Le Feu Vagabond, T.2, La Tapisserie de Fionavar, collection Neptune, éditions L'Atalante

Guy Gavriel Kay, Le Feu VagabondT.2, 
La Tapisserie de Fionavar
collection Neptune, 
éditions L'Atalante

Au programme des 10 titres prévus par les éditions L'Atalante pour rejoindre leur nouvelle collection de poches, Neptune, il y a la célèbre saga de fantasy de Guy Gavriel Kay, La Tapisserie de Fionavar

Après avoir eu un gros coup de cœur pour le tome 1, L'Arbre de l'Été, je ne vous cache pas ma hâte d'enchaîner sur la suite. Or, cela tombe bien car la sortie du Feu Vagabond est prévue pour le 21 août prochain. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Maintenant que Rakoth Maugrim s'est libéré de ses chaînes, le pire est à craindre. Pour nos aventuriers le temps est venu de reprendre la route car des solutions doivent être trouvées pour combattre le Mal. Celui-ci se manifeste déjà sous la forme d'un hiver permanent qui vient effacer l'été en cours. Or, Fionavar n'est pas le seul univers victime de ce terrible phénomène car aucun ne semble épargné. Paul, Kim, Jennifer, Kévin et Dave doivent donc parcourir les mondes et se trouver de nouveaux alliés pour arrêter les plans diaboliques des engeances de Rakoth Maugrim. 

Mon avis :

Dans Le Feu Vagabond, Guy Gavriel Kay continue de nous faire explorer son univers tissé par les fils de nombreuses destinées car telle est l'originalité du monde qui prend vie sous la plume de cet auteur. Aussi, on ne s'étonne donc pas de voir d'illustres figures du passé se mêler au combat mené par les personnages de Guy Gavriel Kay. Celles-ci incarnent d'ailleurs la clé de la réussite de cette quête insensée. L'héritage celtique est bien là et s'incarne dans la présence du mythique seigneur de la Table Ronde et de son plus éminent chevalier. L'auteur se plaît d'ailleurs à réécrire l'une des plus tragiques histoires d'amour ajoutant ainsi de la complexité à son récit, notamment dans le relationnel des protagonistes. 

La Tapisserie de Fionavar est avant tout un récit épique. Celui-ci se manifeste surtout grâce aux différents emprunts de Guy Gavriel Kay aux mythologies et particulièrement les mythes nordiques. 

Dans ce tome 2, l'auteur fait, par exemple, référence à la chasse fantastique, issue d'un mythe populaire européen impliquant un groupe fantomatique composé de rois défunts ou de créatures surnaturelles engagés dans une poursuite sauvage sous l'égide d'Odin. Un épisode que l'on retrouve autant dans Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien que dans La Roue du Temps de Robert Jordan. Et pour cause, c'est un temps fort très visuel et spectaculaire que la littérature fantasy apprécie de mettre en scène. 

Les éléments magiques ne manquent pas entre ces lignes. C'est le cas du chaudron que Guy Gavriel Kay réutilise allègrement ici pour concocter une nouvelle menace sur le monde. 

La Tapisserie de Fionavar est à la croisée de nombreuses influences donnant l'impression aux lecteurs de cette saga de fouler une terre connue. Seulement il n'en est rien car cet air de déjà vu est bien trompeur. L'auteur se joue surtout de nous pour nous embarquer dans une aventure aux multiples rebondissements plutôt inattendus. 

La plume de Guy Gavriel Kay est indéniablement qualitative comme j'ai déjà pu le constater en lisant Tigane, La Mosaïque Sarantine ou encore Comme un diamant dans ma mémoire

En véritable conteur, il ne se contente pas ici de nous raconter une grande aventure mais pique aussi son récit de sujets de réflexion de société intéressants. Il nous parle notamment du viol et de ses conséquences dévastatrices, ainsi que de l'importance de la reconstruction de soi. C'est particulièrement douloureux et donne au texte toute son émotion. 

En outre, l'auteur questionne la notion de l'héroïsme à travers le chemin qu'emprunte certains de ses protagonistes. Celle-ci passe notamment par le sacrifice de soi pour une cause supérieure. Dans ce tome 2, les larmes sont au rendez-vous car Guy Gavriel Kay n'épargne aucun de ses personnages. Aussi, il n'hésite pas à en supprimer au passage pour les besoins de son intrigue et nous laisse pantelant face à ces drames qui s'enchaînent de manière inévitable. 

On apprécie de plus en plus cette communauté de personnages qui évolue entre ces lignes, d'autant que des liens forts se tissent. Le récit se retrouve ainsi ponctué de belles amitiés et d'histoires d'amour naissantes ou ravivées pour notre plus grand plaisir. 

Pour conclure :

Avec Le Feu Vagabond, Guy Gavriel Kay a continué sur sa lancée de nous proposer une saga de haut vol teintée des éléments chers à la fantasy épique : la lutte contre le mal, la magie et des héros exceptionnels. 

Rendez-vous au mois de novembre pour découvrir le dernier volet. Patience !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur : Tigane, Voile vers Sarance, Le Seigneur des Empereurs, Les Derniers Feux du Soleil, Comme un diamant dans ma mémoire et L'Arbre de l'Été

Informations

Guy Gavriel Kay
Le Feu Vagabond
T.2
La Tapisserie de Fionavar
9791036002274
400 pages
Collection Neptune
Editions L'Atalante

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15/08/2025

Marion Obry, ÂmeSang, éditions Plume Blanche

Marion Obry, ÂmeSang, éditions Plume Blanche

Marion Obry fait partie de la nouvelle garde d'autrices des littératures de l'imaginaire. Elle compte déjà quelques titres à son actif dont certains ont même été plusieurs fois réédités suite à la cessation d'activité des maisons d'édition. 

C'est par exemple le cas de sa trilogie, L'Ange Déchu, dernièrement parue aux éditions Plume Blanche. Mais c'est avec son roman, ÂmeSang, sorti chez ce même éditeur en tout début d'année, que je découvre cette jolie plume. 

Reçu dans le cadre d'une mystery box l'année dernière, il était temps que je sorte ce titre de ma PAL. 

Résumé :

Héritier du Royaume Souterrain, Kyhaël est une fée d'un genre particulier car au-delà de posséder de magnifiques ailes translucides, il possède également de belles canines fort pointues. Tandis qu'il lutte contre sa nature sauvage et cruelle, Yaëlle mène son propre combat au cœur de la jungle qu'est le lycée. Elle est le souffre-douleur de certaines camarades toujours plus violentes à son égard, elle a de plus en plus de mal à dissimuler la vérité aux yeux de tous. Rien ne présageait leur rencontre, si ce n'est un secret bien gardé sur leurs origines. Pour autant, est-ce que Yaëlle acceptera d'embrasser pleinement son héritage ? 

Mon avis :

Avec ÂmeSang, Marion Obry signe un roman de fantasy urbaine court et efficace. 

En effet, l'autrice met en scène notre monde et en parallèle le monde souterrain. Si le première ignore l'existence de l'autre, ce n'est pas le cas du second qui voit en lui une ressource inépuisable ou un avenir plus harmonieux.

Pour nourrir son univers, Marion Obry emprunte au bestiaire merveilleux le plus éminent prédateur de la nuit. Toutefois elle nous en propose un portrait revisité puisqu'il est ici assimilé à une fée aux canines aiguisées et se nourrissent accessoirement de sang. Ce royaume d'en bas a connu par le passé un coup d'état renversant les souverains en place au profit d'une vile créature rusée qui ne cesse de mentir pour conserver le pouvoir. C'est la raison pour laquelle la résistance se rassemble dans l'ombre afin de rétablir la vérité et l'ancienne gouvernance. Voilà qui pose les décors de ce récit mêlant la magie à des jeux de pouvoir. 

En outre, ÂmeSang est également un roman d'apprentissage puisque les deux personnages principaux sont âgés d'à peine 17 ans et se cherchent une identité et un destin.

Bien que ce livre soit court, il n'en demeure pas moins riche en action et en thématiques abordées. Aussi, l'autrice aborde la notion d'harcèlement en milieu scolaire à travers le sadisme de certains adolescents. 

Elle questionne également les relations familiales et notamment la gémellité. Au regard du choix des créatures mises en scène le texte exsude beaucoup d'émotions fortes avec des ressentis qui s'en trouvent décuplés. 

Le texte est aussi politique car les renversements de pouvoir impliquent beaucoup de mensonges et de manipulations. 

Enfin qui dit grand pouvoir dit grande responsabilité, c'est aussi ce que Marion Obry a cherché a démontré dans son récit à travers le poids du destin que portent sur leurs épaules ses personnages. 

ÂmeSang, c'est donc l'histoire de Yaëlle et Kyhaël qui semblent de prime abord si différents. L'un est l'ombre et l'autre, la lumière. Yaëlle paraît être une banale adolescente aux prises avec la jalousie et la méchanceté de certains de ses camarades. A travers elle, on goûte à la solitude et au manque. Kyhaël, lui, est un peu l'enfant sacrifié. Abandonné aux mains de gens mal attentionné, il grandit avec des mensonges pleins la tête qui lui forgent un caractère torturé. En effet, c'est un être tout en contradictions, tiraillée entre deux natures, celle inculquée par son éducation et celle transmise par un parent aimant. Ils forment avec Yaëlle les deux faces d'une même pièce, s'attirent comme des aimants en dépit de leurs différences. 

Pour conclure :

Avec ÂmeSang, j'ai pu découvrir une plume d'une grande fluidité qui ne manque pas de piquant car qu'on se le dise, de suite, Marion Obry, a du mal avec les vrais happy ends.

Fantasy à la Carte

Informations

Marion Obry
ÂmeSang
978-2381991429
264 pages
Editions Plume Blanche

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12/08/2025

Guy Gavriel Kay, L'Arbre de l'Été, T.1, La Tapisserie de Fionavar, collection Neptune, éditions L'Atalante

Guy Gavriel Kay, L'Arbre de l'Été, T.1, 
La Tapisserie de Fionavar
collection Neptune, 
éditions L'Atalante 

L'Arbre de l'Été est le tout premier roman de Guy Gavriel Kay. Il inaugure, d'ailleurs, sa trilogie de fantasy, La Tapisserie de Fionavar qui l'intronise comme un auteur de référence du genre et un digne héritier de J.R.R Tolkien

Paru initialement en 1984 au Canada et traduit en France en 1996, ce premier volet a fait l'objet en mars dernier d'une réédition chez L'Atalante dans leur très récente collection, Neptune, dédiée au format poche, et dont l'intitulé rend clairement hommage à la devise de la ville de Nantes, Favet Neptunus Eunti. On notera le choix fort à propos puisqu'il invite au voyage comme l'imaginaire sait si bien le faire. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions L'Atalante, je remercie Emma pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Paul, Kévin, Jennifer, Kim et Dave sont  amis de longue date et tous étudiants. Un soir alors qu'ils assistaient à une conférence dispensée au sein de leur université, ils font la connaissance d'un certain  Loren Mantel qui va vite se révéler être autre chose qu'un simple conférencier. En effet, c'est un mage venu les chercher pour les emmener dans le Grand Royaume du Brennin qui court un grand danger et dont le salut dépendrait de ces jeunes gens même s'ils l'ignorent encore. Mais est-ce véritablement en leur pouvoir que de sauver le monde de Fionavar ? 

Mon avis :

Dans L'Arbre de l'Été, on quitte notre monde pour accoster sur les rivages d'un univers parallèle du nom de Fionavar. Celui-ci est magnifique mais crépusculaire car il est sous le joug d'une grande menace marquant la fin d'un âge. Or, de par sa position de monde originel, sa disparition aurait de terribles conséquences partout y compris sur la Terre, d'où l'implication de  ces cinq terriens dont le destin se révèle être intimement lié à Fionavar. 

Guy Gavriel Kay a donc imaginé un vaste territoire composé du Grand Royaume de Brennin, de Cathal aussi appelé le pays des jardins, de la forêt de Pendarane, hostile aux humains, des montagnes de l'Eridu, fief des nains, du Daniloth, terre des Lios Alfar ou encore du mont Rangat où est emprisonné le ténébreux Rakoth Maugrim

Ici, l'auteur met en scène des lieux et des créatures qui rappellent les récits de J.R.R. Tolkien. Ainsi on ne peut s'empêcher de voir des Elfes à travers les fameux Lios Alfar ou encore la personnification du Morgoth dans les terres désolées du mont Rangat

Mais quoi de plus normal que de trouver des similitudes dans ces récits qui empruntent aux mêmes légendes nordiques et celtes. 

Il est à noter que le quotidien à Fionavar s'écoule sous l'égide protecteur des dieux puisque Guy Gavriel Kay y a érigé tout un panthéon dominé par le Tisserand, qui est à l'origine de la création de cet univers. Mais bien d'autres divinités existent à l'image Mörnir du Tonerre à qui l'arbre de l'été rend hommage ou encore la déesse des bois, Cenwèn dont il est préférable de ne pas croiser le chemin au cœur de la forêt. 

La magie imprègne donc bien les lignes de ce texte et nous envoûte complètement. Magiciens, prophétesses et démons se croisent entre ces pages et nous entraînent dans une aventure au long cours rempli de danger et de mystère. 

L'Arbre de l'Été est un premier tome de très grande qualité qui inaugure une trilogie de fantasy exceptionnelle. 

Personnellement, j'ai été captivée dès le début de ma lecture autant par la richesse de l'univers que par la multitude des destinées proposées. 

Ce récit est particulièrement foisonnant et chacun peut y trouver chaussure à son pied en s'attachant à tel ou tel protagoniste. 

Que ce soit Paul Schafer qui, par culpabilité, est prêt à sacrifier sa vie pour une cause qui ne le concerne même pas de prime abord, Kimberly Ford qui doit embrasser un destin lourd de conséquences autant pour elle-même que pour les autres ou encore Kevin Laine qui se révèle particulièrement attachant, notamment dans ses amitiés. 

La Tapisserie de Fionavar est riche de thématiques qui tournent autour du pouvoir et de la responsabilité que celui-ci incombe à son porteur. Bien entendu comme dans tout récit de fantasy épique se dessine la traditionnelle lutte entre le Bien et le Mal. Dans cette trilogie, on goûte aux ténèbres qu'il faut combattre. Mais l'auteur démontre que ce combat ne se fait pas sans y laisser une part de soi au profit d'une noirceur entachant peu à peu les âmes si nobles soient-elles. Le prix à payer pour triompher est donc très lourd comme Guy Gavriel Kay aime nous le rappeler dans sa série. 

L'environnement se retrouve également au cœur des préoccupations de ce texte puisqu'on pénètre peu à peu une nature pervertie et exsangue de sa substance. Les conséquences sur le vivant sont sans surprise désastreuses. Bien qu'ancien, ce texte alerte donc déjà sur l'importance de la préservation du vivant passant par un respect de l'environnement. 

La Tapisserie de Fionavar est un classique de la littérature fantasy qu'il faut avoir lu. 

Pour conclure :

Par cette très jolie réédition auréolée d'une magnifique illustration de couverture signée par Fortifem et rappelant le style de la gravure, les éditions L'Atalante remettent à l'honneur cette œuvre incroyable que les jeunes générations apprécieront de découvrir. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur : Voile vers Sarance, Le Seigneur des Empereurs, Tigane, Comme un diamant dans ma mémoire et Les Derniers Feux du Soleil

Informations

Guy Gavriel Kay
L'Arbre de l'Été
Tome 1
La Tapisserie de Fionavar
9791036002168
464 pages
Editions L'Atalante

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05/08/2025

J.R.R. Tolkien, Beowulf, éditions Pocket

J.R.R. Tolkien, Beowulf, éditions Pocket Imaginaire 

Beowulf est le plus long poème germanique connu datant du haut Moyen Âge dont l'unique copie existante provient du codex Nowell. C'est un manuscrit rédigé en Angleterre aux alentours de l'an mille.

Il est à noter que beaucoup se sont essayés à traduire ce texte. C'est notamment le cas de J.R.R. Tolkien qui s'y est même attelé dès sa jeunesse et a pratiqué ce texte durant toute sa carrière de philologue et professeur de littérature anglaise et d'anglo-saxon. 

Son fils, Christopher Tolkien a d'ailleurs réuni tout son travail sur ce poème dans un livre intitulé Beowulf que les éditions Pocket viennent juste de rééditer au format poche.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service presse.

Résumé :

Beowulf raconte les hauts faits d'un héros issu de la tribu des Goths du nom de Beowulf, venu au secours du roi danois Hrothgar en tuant, d'abord, un monstre du nom de Grendel puis sa mère qui a cherché à se venger de ceux qui lui ont ravi son fils. Victorieux Beowulf est retourné chez lui, auprès des siens, où il a été couronné roi. Cinquante ans plus tard, à l'aube de sa vie, il réitère l'exploit en tuant, cette fois-ci, un dragon mais trouve également la mort.

Mon avis :

Telle est l'histoire de ce mythique personnage qui a intrigué bien des hommes de lettres. 

Avec ce livre, Christopher Tolkien nous immerge dans le travail de fourmi réalisé par son père autour de ce poème. 

Ce livre s'articule, d'ailleurs, en plusieurs parties. Ainsi, passée l'introduction, on plonge dans la traduction en prose proposée par J.R.R. Tolkien, puis on enchaîne sur ses commentaires autour de certains mots ou passages précis du poème, ensuite on passe à sa version de cette célèbre histoire qu'il a intitulée Sellic Spell pour terminer par le lai dédié à Beowulf. 

Tout au long des 453 pages de ce livre, on étudie donc en profondeur ce texte poétique afin d'en comprendre pleinement le sens. C'est d'une très grande précision. Les analyses et comparaisons qui y sont faites sont très intéressantes. 

Toutefois, c'est plutôt un ouvrage à destination des linguistes qui veulent, par exemple, en apprendre plus sur l'étymologie des mots issus des langues anciennes ou des historiens en quête de savoir sur la riche période du haut Moyen Âge et ses heures sombres. 

Les amoureux de J.R.R. Tolkien apprécieront également de glisser cette œuvre au sein de leur bibliothèque dédiée au maître de la fantasy. Je n'en doute pas. 

Pour autant, qu'on se le dise, ce livre n'est pas facile d'accès. Clairement se plonger dans l'histoire de Beowulf est passionnant car le récit est particulièrement épique rempli de combats et de monstres à abattre. 

Néanmoins, on y trouve surtout des pages et des pages de commentaires analysant chaque mot, réfléchissant à leurs différents sens possibles. 

Mais, si vous êtes plutôt du genre à vous émerveiller devant des récits au long cours où seule l'action prime, passez votre chemin.

En revanche, si vous vous intéressez aux procédés d'écriture, ce livre va vous intéresser tout particulièrement car Christopher Tolkien y met beaucoup en valeur les évolutions que son père a apporté au fil du temps, à sa réappropriation du texte originel. On est littéralement propulsé dans la tête de J.R.R. Tolkien, dans ses difficultés, ses recherches et ses modifications jusqu'à nous délivrer ses versions finales en prose et en vers. 

Pour qui se passionne pour la langue, ce livre est juste incontournable.

Pour conclure :

Beowulf, c'est aussi l'histoire d'un homme passionné par la langue et les mots qui a consacré sa vie à la compréhension des textes fondamentaux qui ont fait l'Histoire de l'Europe.

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mes avis sur : Le Silmarillion, Le Hobbit, Les Etymologies, Les Enfants de Hurin, Beren et Luthien et La Chute de Gondolin.

Informations

Beowulf
9782266344869
453 pages
Editions Pocket Imaginaire

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01/08/2025

Jeanne A. Debats, Le rêve sous le pavillon noir, collection Hélios, éditions Actusf

Jeanne A. Debats, Le rêve sous le pavillon noir
collection Hélios, 
éditions Actusf 

Après la trilogie Testament, Métaphysique du vampire et Eschatologie du vampire, Jeanne A. Debats réinvestit une nouvelle fois son univers vampirique porté par le très flamboyant Navarre. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Nouvelles éditions ActuSF, je remercie Jérôme Vincent pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Après avoir écumé la terre pendant des siècles, Navarre s'embarque à la conquête de l'espace. Toujours en quête d'aventures pour donner un sens à sa mort, le voici d'abord engagé pour faire ce qu'il fait de mieux : être un assassin aux longues dents. De mission suicide en fuite, Navarre s'engage progressivement dans une course contre la montre pour tenter d'échapper au point final que certains semblent souhaiter lui mettre. Y parviendra-t-il ? 

Mon avis :

Le rêve sous le pavillon noir est un recueil de trois nouvelles de science-fiction. Jeanne A. Debats nous y propose des retrouvailles avec son célèbre vampire Navarre. Celui-ci a d'ailleurs quitté la terre ferme pour de nouvelles explorations jusqu'aux confins des étoiles. Vous noterez le cadre surprenant pour retrouver un vampire car, il faut bien le dire, on n'a davantage l'habitude de voir cette créature surnaturelle plutôt évoluer au sein de récits classés en fantastique ou en fantasy urbaine. Voilà donc une manière très originale d'aborder la thématique du vampirisme. Même si personnellement, j'accroche nettement moins au genre space opera. 

Nous voici donc propulsé dans l'espace, à bord de vaisseaux spatiaux. Le cosmos est déjà bien occupé avec plus ou moins de réussites ou d'échecs, d'ailleurs. Celui-ci est privatisé car certains ont su y voir l'opportunité d'exporter leur business. Qui dit capitalisme dit concurrence, pas toujours loyal au demeurant. Aussi certains obstacles se règlent parfois de façon définitive. C'est la raison pour laquelle notre Navarre rentre en scène car quoi de mieux que de faire appel à un assassin pour régler le problème. 

Le ton de ce livre est ainsi donné d'autant que la plume de Jeanne A. Debats est toujours aussi délicieusement irrévérencieuse et pleine d'esprit. 

En outre, le personnage de Navarre est particulièrement drôle dans chacun des textes où il apparaît. Ce qui ne gâche donc en rien le plaisir de se plonger dans les livres de Jeanne A. Debats. C'est le petit plus qui peut donner envie de partir à la découverte de ses nouvelles histoires toujours plus décalées et rocambolesques les unes que les autres. 

Toutefois ce recueil ne vient pas détrôner mon énorme coup de cœur pour sa première série Testaments. L'ambiance est trop interstellaire pour me plaire complètement. 

Mais, il est vrai que l'autrice a piqué ses récits de thèmes qu'elle apprécie particulièrement. On retrouve, par exemple, un féminisme très ancré. Celui-ci s'exprime notamment à travers cette femme puissante qui domine le monde, à tel point que son existence dérange et que l'on cherche à l'éliminer coûte que coûte. D'autres personnages féminins sont mis en avant ici, même si pour le coup, leurs présences dérangent plus qu'elles ne fascinent. C'est le cas de cette gamine que Navarre a pris sous sa protection, plus par obligation que par choix au début. Protagoniste important pour lequel notre célèbre vampire est presque prêt à se sacrifier. 

A travers cette conquête de l'espace et les aberrations qui y sont inhérentes, Jeanne A. Debats critique cette politique colonialiste toujours aussi destructrice, autant pour l'environnement que pour les êtres vivants qui peuplent les lieux. C'est l'éternelle mégalomanie de l'homme dont l'égo est tel qu'il fait plus de mal que de bien. 

A travers son personnage de Navarre, l'autrice introduit une réflexion philosophique autour du sens de la vie, de sa cruauté et de son ironie. En effet, entre ces lignes Navarre l'immortel cherche à donner un sens à sa non-vie mais est encore une fois rattrapé par son passé, sa némésis, son créateur. 

Pour conclure :

Le rêve sous le pavillon noir est un recueil de nouvelles riche en action et en situations burlesques. Clairement, les inconditionnels de Navarre sauront trouver leur compte dans ces textes. Quant aux autres, ce sera une occasion de faire connaissance mais je les invite tout de même à ne pas faire l'impasse sur la saga Testaments.

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mes avis sur : L'Héritière, Alouettes et Humain.e.s, trop humain.e.s.

Informations

Jeanne A. Debats
Le rêve sous le pavillon noir
Collection Hélios
Editions ActuSF

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