L'influence du "gaming" à la littérature

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01/05/2020

Carnival Row : impitoyable, féerique, originale !


On constate depuis quelques années maintenant que l’Imaginaire inspire le cinéma et la télévision. En effet, de plus en plus de livres sont adaptés. Confirmé par le succès interplanétaire de Game of Thrones, les producteurs et les scénaristes travaillant sur grand ou petit écran se laissent peu à peu charmer par ces univers oniriques qui plaisent à de plus en plus de monde. En attendant, des créations télévisuelles comme Le Seigneur des Anneaux, Dune ou encore La Roue du Temps, certains se sont pris au jeu d’écrire leur propre synopsis sans aucune influence littéraire.

C’est le cas avec la série américaine Carnival Row, créée par René Echevarria et Travis Beacham, et exclusivement diffusée sur Prime Video. La concurrence fait rage entre les chaînes qui rivalisent pour fournir aux téléspectateurs toujours plus de nouveautés. 

Production originale, Carnival Row nous plonge dans le quotidien d’un policier du nom de Rycroft Philostrate et d'une fée, Vignette Stonemoss. Suite à la guerre, de nombreuses créatures féeriques ont fui leur terre pour se réfugier au Burgue, dans le quartier de Carnival Row, une sorte de "Whitechapel" fantastique. C’est dans cette ville à l’étrange ressemblance avec le Londres victorien, que Philo s’est établi. Depuis quelques temps, une série d’odieux crimes visant des créatures surnaturelles est perpétrée. Alors que sa hiérarchie se moque bien de démasquer le ou les coupables, Philo, lui, refuse de fermer les yeux. Ancien soldat, il a servi aux côté des fées dans la guerre contre le Pacte : il est donc lié à ce monde et ne peut laisser ces meurtres impunis. Au cours de ses investigations, il va retrouver Vignette, son ancien amour. Ensemble ils vont combattre les forces obscures qui sont à l’œuvre. Mais dans une société de plus en plus intolérante, pourront-ils réellement se retrouver ?

L’ambiance de Carnival Row est volontairement sombre et violente. On retrouve l’esthétisme victorien dans cette fantasy où la bonne société côtoie le monde d’en bas, peuplé de créatures merveilleuses et déchues. Les êtres féeriques, en exil, se retrouvent les esclaves des mondains. Certains sont des domestiques, à l’image de Vignette lorsqu’elle débarque au Burgue, d’autres se prostituent comme la meilleure amie de cette dernière, Tourmaline. Peu ont réussi à s’élever socialement si ce n’est Agreus Astrayon qui brave les mentalités en venant s’installer dans les beaux quartiers. Autant dire que cet emménagement ne sera pas au goût de tous. Un bel univers empreint de féerie à travers la présence de tous ces êtres surnaturels mais aussi de noirceur. La série est obscure aussi bien visuellement que du point de vue de l’intrigue. Le meurtre et la violence sont les maîtres-mots de cette production. Les costumes et les maquillages sont une réussite et nous offrent une immersion plus vraie que nature dans ce bestiaire merveilleux. Les créatures y sont légion. Ainsi, on côtoie aussi bien des fées sombres et dangereuses, des centaures, des kobolds à l’allure d’elfes de maison que d’effrayants loups garous.

Au casting, on retrouve l’acteur Orlando Bloom. Fidèle du cinéma fantastique, on ne s’étonne donc pas de le découvrir à l’affiche de cette série. Après Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit ou Pirate des Caraïbes, il a déjà démontré son attachement au genre. Plus mature, il incarne ici un héros fatigué qui a bien bourlingué. Dans un monde perverti par le vice et l’argent, il est un homme intègre. Il n’a pas perdu ses valeurs et son honneur de soldat, et les met au service des victimes qu’il cherche à honorer en traquant les coupables.  Bien loin du fringuant guerrier de sa jeunesse, incarner Philo lui donne l’occasion de démontrer ses talents dans un rôle de composition. Parallèlement à la mission de défenseur qu’il s’est lui-même attribuée, il est en quête de ses origines. De fait, il aura encore beaucoup à nous dire au cours de cette première saison. C’est le mannequin Cara Delevingne qui joue sa partenaire et maîtresse à l’écran. Pour ma part, je la découvre pour la première fois en tant qu’actrice. C’est une bonne surprise. Elle incarne une figure de liberté pour son peuple. Pleine de colère et de rancœur, elle est une héroïne aussi forte que fragile. Elle forme avec Orlando Bloom un duo dynamique. Les amours contrariés qui se nouent entre ces deux êtres apportent la touche de douceur à cette série finalement très sombre. 

Les seconds rôles ne manquent pas dans cette production. Mais, je retiens surtout l’écervelée Imogen Spumrose interprétée par la pétillante Tamzin Merchant qui forme avec Agreus Astrayon, (David Gyasi) un couple improbable mais non moins intéressant. Diamétralement opposé de par leurs origines, l’évolution de leur relation promet d’être intéressante dans l’avenir.
Plus qu’un univers immersif, le succès de Carnival Row repose sur le climat angoissant qu’il y règne. La peur monte crescendo. Le meurtrier sème des cadavres dépecés tel le petit Poucet. Le résultat est juste effrayant et sinistre, tout en poussant les téléspectateurs à toutes les interrogations possibles. L’autre thématique explorée ici est celle du colonialisme et ses conséquences sur les peuples. Cette exploitation des populations et des terres est un thème récurrent en fantasy qui permet l'épanouissement de tout un panel de sentiments et d’émotions. Intolérance et défiance gouvernent ce monde. 

Entre une intrigue prenante, des personnages attachants et du merveilleux, on apprécie cette nouvelle série qui met la fantasy à l’honneur.

Fantasy à la Carte

Carnival Row
Disponible sur Prime Video

22/03/2019

Le Point sur Game of Thrones

Avant de savoir qui des Marcheurs Blancs ou des quelques derniers prétendants au Trône de Fer va triompher, le Point Pop vient de sortir un hors-série spécial Game of Thrones

Amuse-gueule pour les fans qui vient nous donner quelques pistes expliquant le succès de cette série phénomène. Pourquoi GOT attire toujours plus de spectateurs ? Tout abord, son auteur G.R.R. Martin s'est affranchi du traditionnel merveilleux propre aux récits de fantasy à l'image du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. En effet, en éliminant ses personnages les uns après les autres, il aiguise la curiosité. La série nous offre des scènes chocs au fil des saisons au point de perturber le spectateur qui ne s'y attend pas. Les showrunners ont misé sur le spectaculaire et le résultat est juste bluffant. Le Point Pop revient justement sur ces scènes marquantes qui ont fait le succès de la série, à commencer par la décapitation de Ned Stark. Elle donne immédiatement le ton général de cette production : les gentils seront sacrifiés. 

Un numéro qui revient sur les influences que G.R.R. Martin a utilisé pour nourrir son récit. Ainsi, l'épisode des "Noces pourpres" peut faire référence à de nombreux moments critiques de l'Histoire comme le "Black Dinner" de 1440 lorsque après la mort du roi Jacques Ier d'Ecosse, le prétendant au trône William Crichton s'est débarrassé de ses rivaux en les invitant à dîner au château d’Édimbourg. Clairement l'Histoire a inspiré l'auteur mais aussi certaines figures historiques comme Nicolas Machiavel qui nous rappelle les intrigants Petyr Baelish et lord Varys, les deux fameuses éminences grises de la série qui agissent dans l'ombre du pouvoir pour servir leurs ambitions. Les héros de G.R.R. Martin sont nombreux. Il y a donc de quoi contenter les lecteurs ou les spectateurs du reste. A travers eux, il explore la nature humaine dans ce qu'elle peut révéler de pire. 


Si on ajoute à cela un gros budget pour financer les scènes d'action qui vient donner de la crédibilité à l'ensemble, vous comprenez vite pourquoi elle est si addictive. 

Ce Point Pop est une mine d'informations sur cette série. Petits détails ou grosses révélations, il permet de se replonger avant l'heure dans l'univers impitoyable d'une série qui aura marqué son époque. Pour le final, rendez-vous le 14 avril. 
Fantasy à la carte

Game of Thrones
Mythes et origines
Point Pop
hors-série

09/04/2017

A l'école des sorciers de The Magicians: une porte sur Fillory

Pour continuer à surfer sur la vague de succès de ces séries où la magie crève l'écran, Syfy a diffusé, il y a un an, la première saison de The Magicians, créée par John McNamara et Sera Gamble.  Elle est adaptée de la trilogie Les Magiciens de Lev Grossman. Néanmoins, pour sa diffusion française il a fallu attendre octobre dernier. 

Avant tout, quelques mots sur l'auteur. Journaliste et romancier, il a écrit deux autres romans indépendants, Warp (1997) et Le manuscrit oublié (2007) avant de publier sa trilogie. 

The Magicians relate les destins entremêlés de plusieurs jeunes adultes qui gravitent autour du héros Quentin Coldwater. Étourdi, rêveur et solitaire le jeune homme a toujours été un garçon à part, incompris par ses pairs, excepté par sa meilleure amie Julia qui a été sa compagne de jeu toute son enfance. Souvent le nez dans un bouquin et en particulier dans Les Chroniques de Fillory qui l'ont toujours fasciné, il est à peine étonné lorsqu'il se retrouve à devoir passer un test d'entrée dans une université de magie. A sa grande surprise il le réussit, lui qui se pensait ordinaire, seulement capable de réaliser des tours de passe-passe. Une nouvelle vie s'offre à Quentin. Brakebills est l'opportunité pour lui d'apprendre à devenir un vrai magicien. On pourrait le croire arrivé au paradis, lui qui est fasciné par ce monde, seulement les choses vont vite se corser. Surtout avec l'arrivée d'un être démoniaque qui trouble le quotidien de l'université et menace la vie des résidents. 

Cette série nous plonge dans une fantasy urbaine dans laquelle les magiciens se fondent dans le décor du monde contemporain. L'existence de la magie n'est connue que des seuls élus. Les apprentis-sorciers sont formés dans une école comme dans le cycle Harry Potter. Ils y apprennent des formules et des enchaînements de gestes précis pour lancer des sorts. C'est là-bas que Quentin va nouer des relations amicales ou non. Dépressif et timide, intégrer cette université apparaît comme un challenge pour lui de dépasser tout ça et de se révéler enfin. Ce ne sera pas seulement une quête initiatique pour le héros, mais aussi une quête de survie qu'il devra mener avec ses alliés afin de mettre hors d'état de nuire celui qu'ils appellent "La Bête". Un être dont l'identité est secrète qui tue, enlève et torture des magiciens. Tout au long de la première saison, Quentin et ses camarades ne cessent d'essayer de comprendre qui est-elle? et de trouver un moyen de l'arrêter. 

Une première saison inégale qui alterne les moments forts et les longueurs du scénario. Les scènes mobilisant la magie sont trop rares pour rendre la série spectaculaire. Malgré tout, on est tenus par la curiosité de découvrir l'identité du grand méchant de l'histoire et les spéculations vont bon train.

Le rôle de Quentin Coldwater revient à Jason Ralph qui a déjà cumulé quelques apparitions dans des séries comme Aquarius, Manhattan ou Madam Secretary. Jason Ralph interprète bien le jeune étudiant timoré et gentil. Néanmoins, on a quand même du mal à l'imaginer triompher du Mal. Olivia Taylor Dudley qui a joué également dans Aquarius, mais aussi dans Paranormal Activity 5 et Les dossiers secrets du Vatican, est la plus proche amie de Quentin à Brakebills. C'est une magicienne très douée dont l'importance va en grandissant dans cette lutte manichéenne. Personnage complexe, Olivia Taylor Dudley explore peu à peu toutes les facettes de son personnage. La meilleure amie de Quentin, Julia est interprétée par Stella Maeve qui a obtenu quelques petits rôles notamment dans Chicago Police Departement ou New York Unité Spéciale. Ambitieuse à souhait, elle ne supporte pas d'avoir échoué aux tests d'entrée de Brakebills, et fera tout pour apprendre la magie, quitte à s'associer à des magiciens renégats pas très fréquentables. Stella Maeve y est tour à tour touchante et énervante. Le rôle du voyageur Penny revient à Arjun Gupta qui est notamment apparu dans Les Experts et Limitless. Il est l'opposé de Jason Ralph, alors que l'un est timide, l'autre est un frondeur au sang chaud. Sombre  parfois, il cache certaines blessures qui le rendent intéressant à suivre. En magiciens doués, ils forment un beau duo avec Olivia Taylor Dudley qui explosent au moment où ils préparent l'affrontement avec la "Bête". La touche légère et égrillarde de cette série est apportée par le couple d'amis formé par Hale Appleman (Eliott) et Summer Bishil (Margo). Caricatures de la jeunesse privilégiée américaine, ils nous dévoilent peu à peu leurs névroses bien humaines dans lesquelles on peut se retrouver ou retrouver ses proches. 
The Magicians que l'on pourrait prendre comme une série destinée aux ados au vu du thème : histoires de jeunes apprenant la magie. Mais les apparences sont parfois trompeuses, et elle reste destinée à un public averti.

Cette série sombre n'est pas avare en violence et en scènes chocs. L'auteur et les scénaristes jouent beaucoup sur l'alternance du merveilleux et du gore, donc attention aux scènes qui peuvent heurter. 

Finalement c'est une saison 1 en dents de scie avec de bons moments et des scènes parfois aberrantes. Cependant avec un tel final, on reste curieux de voir la suite qui, quoiqu'il arrive, s'annonce déjà très noire.
Fantasy à la carte 

18/12/2016

Charmed, la série qui a ensorcelé le petit écran des années 2000

Depuis quelques années, les producteurs américains ont un engouement certain pour créer des séries télévisées mettant le paranormal à l’honneur, à l’image de Buffy contre les vampires avant.

Produite par Aaron Spelling, Charmed envahit les téléviseurs en 1998 aux Etats-Unis et en 1999 en France. Une série qui rencontre un grand succès dès ses premières diffusions. En effet, le premier épisode, Le livre des Ombres réunit 7,8 millions de téléspectateurs outre-Atlantique et 4,9 millions en France. Des chiffres plus qu’encourageants qui poussent le producteur à financer le tournage de 178 épisodes, soit 8 saisons.

Charmed, c’est l’histoire de trois sœurs qui ignorent qu’elles sont des sorcières jusqu’au jour où la cadette découvre un vieux grimoire dans le grenier de leur grand-mère et prononce à haute-voix l’incantation magique qui va révéler leurs pouvoirs. Bien entendu, au départ rien d’extraordinaire ne se passe, et Phoebe range le livre là où elle l’a pris. 
Mais elle change vite d’avis lorsqu’à son travail, elle est prise d’une vision en touchant le portefeuille d’un client. Fantasque, bohème, la plus jeune des Halliwell n’est pas la plus crédible, d’autant qu’elle exerce la profession de diseuse de bonne aventure dans un hôtel pour divertir les touristes.

Alors lorsqu’elle essaye d’en faire part à sa sœur Piper, cette dernière a dû mal à la croire, enfin jusqu’à ce qu’elle-même soit témoin d’un prodige. En effet, simple serveuse dans un restaurant, elle ne désire qu’une chose, passer chef et lorsque son patron lui donne une chance de le devenir en la testant sur un plat, Piper est soumise à un grand stress surtout au moment où son boss s’empare d’une fourchette pour goûter ledit plat alors qu’il n’est pas tout à fait prêt. Mais avant qu’il ait enfourné la première bouchée, le temps s’est semble-t-il figé, ce qui permet à Piper d’ajouter l’ingrédient final à sa préparation et de réussir ainsi son test. 

Après ça, les sœurs sont bien contraintes de constater qu’elles ne sont pas des humaines ordinaires. Même l’aînée, Prue qui est pourtant la plus raisonnable des trois est bien obligée de reconnaître que les choses ne sont plus comme avant. Pas facile d’accepter et de gérer cet héritage d’autant que leur grand-mère n’est plus là pour leur expliquer la marche à suivre. Et lorsque les phénomènes surnaturels vont se multiplier autour d’elles, et les créatures démoniaques surgir de l’ombre, elles n’auront pas d’autre choix que d’accepter et de combattre afin de sauver leur vie mais aussi et surtout de protéger les innocents car telle est leur destinée.

Charmed, c’est une série de fantasy urbaine réussie, portée par un trio d’actrices séduisant. Une belle distribution était nécessaire pour emporter l’adhésion du public. Ainsi, les sœurs sorcières sont incarnées par Shannon Doherty (Prue), Holly Marie Combs (Piper), Alyssa Milano (Phoebe) et plus tard s’ajoutera Rose McGowan (Paige). Toutes sont déjà connues du petit écran et leur charme est incontestable dans cette série si bien nommée. De nombreux acteurs viendront à tour de rôle leur donner la réplique, dont beaucoup ont une carrière confirmée. Ce casting prestigieux fait sans doute la force de cette série.

Fantasy urbaine, pourquoi ? Déjà parce que les sœurs vivent dans le San Francisco de notre époque. Elles y occupent des emplois normaux, connaissent des peines de cœur, font la fête avec leurs amis et se chamaillent beaucoup comme bon nombre de frères et sœurs. Rien qui ne sorte de l’ordinaire jusque-là. Sauf que leur vie est loin d’être banale. Grâce à leur héritage un peu particulier, le sang de sorcière qui coule dans leurs veines, les sœurs Halliwell vont voir un monde étrange, insoupçonné, occulte s’ouvrir devant elles. En effet, les sorciers, les démons, les magiciens, les créatures surnaturelles existent bel et bien. Certains vivent sous la surface de la terre, à l’abri des regards des hommes, tandis que d’autres se confondent dans la foule lambda. Certains sont bien intégrés et d’autres non. Cette nature surnaturelle n’est révélée qu’à une poignée de personnes capables de les voir mais tous sont plus ou moins en présence de phénomènes magiques. En ce qui concerne les Halliwell, elles sont affectées d’une mission : celle de protéger les innocents. Elles se doivent de mettre fin aux agissements des démons qui mettent en péril la vie humaine. Finalement, c’est une tâche intrinsèque aux héros d’épopées fantasy

Cet univers magique obéit à des règles précises. Ainsi les sorcières ne peuvent utiliser leurs pouvoirs à des fins personnels car il y a toujours un prix à payer. Elles ne peuvent se soigner par exemple, ni concevoir un philtre d’amour pour ensorceler telle ou telle personne. Elles n’envoûtent pas non plus les gens pour les mettre à leur merci. Leur héritage ne doit être utilisé que pour faire le Bien. D’autre part, ce monde est régit par une hiérarchie. Ainsi les sorciers et sorcières sont assignés d’un ange-gardien qui est censé rester dans l’ombre de leurs pas. Sauf que les filles ne respectent pas toujours les règles. Ainsi Piper épousera Léo, l’ange-gardien des Halliwell comme sa mère auparavant aura une liaison avec le sien. La lutte entre le Bien et le Mal est omniprésente dans cette série car elles doivent demeurer représentatives du Bien même si elles sont parfois dépassées par les événements. Elles sont guidées par un grimoire magique, le livre des Ombres, une sorte d’encyclopédie où tout y est répertorié. Ainsi, elles s’y réfèrent à chaque nouvelle menace afin de déterminer la nature du danger et y trouver la potion pour y remédier.

La magie est au cœur des 178 épisodes de cette série. A chaque feuilleton Prue, Piper et Phoebe sont confrontées à un danger ne les touchant pas toujours directement mais dont elles doivent sortir victorieuses pour le bien des habitants de San Francisco. Sans parler des grands effets spéciaux dont usent les plus grosses productions hollywoodiennes, à l’image des trilogies high fantasy de Peter Jackson, l’équipe réalisatrice de Charmed fait avec ses moyens et le résultat est assez satisfaisant. Ici on peut dire que l’habit fait le moine car les costumes et les maquillages arborés par certains acteurs sont plutôt réussis. Ainsi, l’ensemble est suffisamment crédible pour donner vie au surnaturel et à ces créatures de l’autre monde. A cela s’ajoutent les nombreux jeux de fumées au moment du lancement des sorts qui, tel les magiciens dans leur traditionnels spectacles de magie, font apparaître ou disparaître telle ou telle chose. Les codes de la magie tels que l’on se le représente dans l’imaginaire populaire sont bien respectés ici à travers les rituels réalisés par les sœurs entre la fabrication des potions, l’allumage des bougies et la lecture des formules magiques.
Il est clair que Charmed est une série qui a bien fonctionné en réunissant tous les éléments qui ont su séduire son public. Romance, magie et action répondent ici présentes afin d’envoûter toute une génération de fans et marquer durablement le petit écran d’une empreinte assurément fantasy.

Fantasy à la carte 

13/11/2016

The Vampire Diaries, où le vampire devient glamour

Le vampire est devenu à la mode depuis quelques décennies sur le petit écran. The Vampire Diaries en est un bel exemple à l’heure actuelle. Cette série moderne vient d’ailleurs faire le pendant de la célèbre série des années 90, Buffy the Vampire Slayer. Bien entendu progrès techniques obligent, cette nouvelle série va largement en bénéficier.

Inspiré des romans de L.J. Smith, Le Journal d’un vampire, The Vampire Diaries est créé par Julie Plec et Kevin Williamson. Elle est diffusée depuis le 10 septembre 2009 aux Etats-Unis et depuis le 29 aout 2010 sur le câble en France. 
L’intrigue de départ du scénario est la même que celle des romans puisqu’ici il est question du destin d’une adolescente, prénommée Elena Gilbert qui vit chez sa tante avec son petit frère, Jérémy depuis la disparition de leurs parents, tués dans un accident de voiture. Comme tous adolescents, Elena et Jeremy sont scolarisés dans le lycée de Mystic Falls. Là-bas, la jeune fille y côtoie ses deux meilleures amies, Caroline et Bonnie et y vit tranquillement jusqu’à cette fameuse rentrée scolaire où elle fait la rencontre d’un certain Stefan Salvatore. Sombre et solitaire, Elena est intriguée, voire troublée par le jeune homme. De fil en aiguille, elle va se lier d’amitié puis d’amour avec lui et faire la rencontre de son inquiétant frère Damon. Très vite, elle découvre qu’ils lui dissimulent un lourd secret. En effet, les frères Salvatore sont en réalité des vampires. Et si l’un des Salvatore, Stefan est un gentil vampire qui se nourrie de sang animal, l’autre, Damon, est quant à lui un vampire terriblement dangereux qui traque ses victimes pour les vider intégralement de leur sang. Tous trois vont former un triumvirat explosif car dans les univers fantasy, les gens ne sont ni noirs ni blancs. Chacun a sa part d’ombre et sa part d’innocence. Mystic Falls va devenir le terrain de jeu des forces obscures contre lesquelles les jeunes gens vont devoir lutter afin de survivre.

Même si au début de la série, on retrouve des éléments communs aux romans, la série va vite s’en affranchir en modifiant un certain nombre d’éléments comme l’ajout de héros, des modifications dans l’apparence de certains personnages ou dans leurs patronymes.

Souvent critiqué par certains téléspectateurs qui ont vu en elle, une simple copie de la saga cinématographique Twilight, The Vampire Diaries connaît malgré tout un beau succès puisque déjà sept saisons ont été produites, et que la huitième est en cours de tournage. Pourquoi une telle controverse, d’ailleurs? Tout simplement parce que l’on retrouve des détails communs. Là aussi, il est question d’adolescents tombant amoureux l’un de l’autre alors que l’un d’eux est un vampire. Et comme Twilight, l’histoire se passe dans une petite bourgade américaine où se retrouvent vampires et loups garous. Néanmoins les similitudes s’arrêtent là, ce qui a permis à la série de faire son chemin dans le cœur de ses fans.

The Vampire Diaries, c’est d’abord un joli trio qui porte la série, constitué de Paul Wesley et Ian Somerhalder qui interprètent Stefan et Damon Salvatore, ainsi que Nina Dobrev qui, on l’aura compris, joue ici Elena Gilbert. Trois acteurs à la carrière différente puisque Nina Dobrev, d’origine Bulgare était davantage une mannequin qu’une actrice avant de tourner dans la série. Paul Wesley cumule déjà quelques interprétations à son palmarès. Il fait notamment des apparitions dans Smallville, Fallen, Mes plus belles années et côté cinéma dans The Russell Girl ou Killer Movie. Quant à Ian Somerhalder, il a marqué le petit écran en jouant dans Lost : Les Disparus. Occupant les rôles principaux, faire le bon casting était nécessaire pour le succès de la série. Pari réussi car tous les trois apportent légèreté, émoi, humour et même passion. C’est une belle complicité qui s’est instaurée entre ces trois-là et cela crève l’écran. On prend plaisir à les voir se donner la réplique. Nina Dobrev réussit à faire grandir son personnage puisqu’au tout début, elle joue une jeune adolescente, naïve et un peu fleur bleue. Or, au fur et à mesure des saisons, elle va être malmenée et cela va la changer, l’endurcir et la faire murir d’une certaine manière. Nina Dobrev y est très touchante dans ce rôle avec ses forces et ses blessures intérieures. Alors qu’on la croit être une oie blanche, il n’en est rien. Elle peut faire preuve de noirceur pour atteindre son but. La particularité de son rôle est qu’elle en interprète deux puisqu’elle est tantôt Elena Gilbert, tantôt Katherine Pierce. Or ce sont deux personnalités aux antipodes, donc toute la difficulté de l’actrice était de passer dans la peau de l’une puis de l’autre avec facilité. Ce que Nina Dobrev maîtrise parfaitement, elle y est d’ailleurs assez bluffante. Paul Wesley apparaît d’abord comme l’archétype du gentil. Vampire, il l’est assurément mais il a renoncé à tuer des humains pour survivre. Il faut dire que son passé est plutôt sanglant puisqu’il était surnommé le boucher. Un  « petit nom » qui en dit long sur l’ignoble créature qu’il fut. Paul Wesley est à mon sens le rôle masculin le plus attendrissant de The Vampire Diaries. Par opposition, Ian Somerhalder qui joue son frère apparaît en premier lieu comme un vampire suffisant, froid et cruel. On a tendance à le détester dès ses premières minutes de jeu. Comme quoi, Ian Somerhalder est un acteur de talent car lui aussi fait évoluer son personnage. Plus que ça puisque c’est presque un virage à 180 degrés qu’il lui fait faire. En effet, Damon passe du méchant au gentil par amour pour Elena. Elle est quelque-part sa rédemption. Il nous ouvre peu à peu son cœur et réussit à changer le regard des téléspectateurs qu’ils ont sur lui. Le ténébreux Ian est sans doute le plus bouleversant.
D’autre part, cette série a beaucoup de seconds rôles. Alors sans les citer tous, on va parler de certains, peut-être les plus importants. Il y a déjà le petit frère Jérémy interprété par Steven R. McQueen. Lui aussi a commencé une carrière dans le mannequinat avant de se tourner vers le cinéma. Il commence à cumuler les apparitions dans un certain nombre de séries américaines à succès comme Numbers, FBI : Portés disparus, Les Experts : Miami ou encore Chicago Fire. Bien que très jeune, Steven R. McQueen arrive sans mal à captiver l’attention de son public. Il fait corps avec son personnage d’adolescent mal dans sa peau, en recherche d’affection et est donc intéressant à suivre.

Les deux meilleures amies d’Elena sont également deux piliers de The Vampire Diaries. D’abord, Katerina Graham alias Bonnie Bennett, c’est la sorcière de la série. Elle a déjà une carrière bien riche aussi bien au cinéma avec des films comme A nous quatre, Un Noel recomposé, Dance Battle : Honey 2, 17 ans encore qu’à la télévision avec Malcom, Le Monde de Joan, Newport Beach, Les Experts ou encore Hannah Montana. Une solide expérience pour cette jeune femme qui donne du poids à son jeu d’actrice. Sérieuse et appliquée, Katerina Graham y incarne une sorcière qui ne fera que monter en puissance, aussi bien du point de vue magique que de l’importance de son personnage. Caroline Forbes, la seconde meilleure amie de notre principale héroïne est interprétée ici par Candice King. Autant, elle est horripilante dans les premiers épisodes, tellement elle y est superficielle et écervelée, autant elle donne de l’épaisseur à son rôle au fur et à mesure des saisons. Candice King y joue une improbable vampire. Transformée par malveillance, elle a su changer le regard que l’on a pu porter sur elle au tout début de cette série. Pétulante et pleine de vie, c’est un vrai bulldozer de bonne humeur.

Face à cette petite bande d’amis, il y a bien évidemment le côté obscur dévolu aux personnages qui incarneront les méchants de l’histoire. Le plus important d’entre eux, celui qui fera d’ailleurs ressortir la noirceur de chaque héros de la série revient à Joseph Morgan. Déjà connu pour avoir joué dans Alexander, Master and Commander : De l’autre côté du monde ou encore Mansfield Park, Joseph Morgan laisse sa marque. Dire qu’il est bien dans son rôle est un euphémisme. Le fameux originel Klaus sème la terreur là où il passe et il n’est jamais bon de croiser son chemin. Fol allié, opportuniste, il cherche à avoir l’ascendant sur tous. Plus que l’immortalité, il veut dominer le monde, en faisant des humains ses créatures. Il est bien entendu la plus grande menace pour la communauté de héros et sera difficile à détruire. Tout l’intérêt de The Vampire Diaries sera bien entendu de multiplier les affrontements avec lui. N’oublions pas que la lutte entre le Bien et le Mal est incontournable à toute trame fantasy, or ici elle va se structurer autour de ce personnage, d’où son importance pour l’intrigue.

Bien entendu, de nombreux autres acteurs et actrices vont fréquenter les plateaux de tournage de cette série et vont même s’y illustrer tant leur prestation est excellente.  Chacun apporte sa petite touche et enrichit la saga. Seulement, l’intérêt ici n’est pas de cataloguer chacun d’entre eux, juste de vous mettre l’eau à la bouche pour découvrir The Vampire Diaries si ce n’est pas encore fait. 

The Vampire Diaries, c’est une multitude de petites histoires car chacun des protagonistes vivent des choses différentes, chacun est aux prises avec ses propres soucis. Cela donne du dynamisme à la série car il y a presque des rebondissements à chaque épisode. Chaque personnage a une personnalité complexe et facilite l’identification des spectateurs à tel ou tel protagoniste. Ainsi, le spectateur est tenu en haleine tout au long de ses huit saisons.

Pour l’anecdote, l’épisode pilote de la série est tourné à Vancouver, puis les autres sont pour l’essentiel réalisés à Covington en Géorgie.  

Une série riche qui promet du grand spectacle puisque nous sommes dans une ambiance fantasy. Ici se succèdent donc les manifestations paranormales entre les attaques de vampires qui se déplacent à une vitesse vertigineuse, les métamorphoses en loup-garou, ou encore les actes de sorcellerie. Visuellement The Vampire Diaries est très réussi, plus réaliste par rapport à ce qui se faisait avant à la télévision. Et n’oublions pas que les séries ne bénéficient pas des mêmes budgets que le cinéma. En conséquence, on peut dire que The Vampire Diaries est un beau succès télévisuel. Elle a reçu de nombreuses distinctions récompensant tantôt les acteurs, tantôt la série elle-même. Ce qui a incité la productrice Julie Plec a réalisé une série dérivée, The Originals, qui est centré sur le terrifiant Klaus, alias Joseph Morgan. Une belle consécration aussi bien pour l’acteur que pour ces deux séries. La fantasy portée à la télévision assure ainsi au genre un rayonnement exceptionnel. 


Fantasy à la carte

23/10/2016

Angel, un vampire aux allures de super-héros

Au vu du succès de Buffy contre les vampires, les créateurs Joss Whedon et David Greenwalt ont décidé en 1999 de faire évoluer cette série en proposant un spin-off mettant en valeur le personnage d'Angel. D'abord diffusées sur TF6 à partir du 26 mars 2001, puis sur TF1 à partir du 20 octobre 2001, les cinq saisons vont s'enchaîner jusqu'en 2005. 

Sans doute à cause de sa personnalité si riche et si complexe, c'est le personnage d'Angel, interprété par David Boreanaz qui est ici mis à l'honneur. Tout jeune acteur, c'est son intégration au casting de Buffy contre les vampires qui l'a révélé. Plus qu'une belle gueule, il a su capter l'attention des producteurs au point que ceux-ci lui proposent trois ans plus tard le premier rôle d'une série à son nom. Ce sera un tremplin pour sa carrière puisqu'il va accumuler quelques rôles au cinéma comme dans Mortelle Saint-Valentin en 2001 ou Justice League: The New Frontier en 2008, puis à la télévision à travers son personnage récurrent de l'agent Seeley Booth dans la série Bones.

Cette nouvelle série démarre lorsque Angel quitte Sunnydale et son grand amour Buffy pour emménager à Los Angeles où il prend la couverture de détective privé afin d'aider toute personne en danger faisant appel à lui. Chacun des épisodes est une manifestation de la lutte contre le Mal, parfois incarné par le cabinet d'avocats Wolfram & Hart, des avocats secrets à la solde de créatures démoniaques. Angel est le héros parfait pour personnifier le défenseur des plus faibles au vu de son histoire. Rappelons sa qualité de vampire maudit par une communauté de bohémiens par vengeance pour sa cruauté, ce qui fait de lui le héros torturé par excellence et donc idéal pour ce rôle. En effet, avant de devenir un vampire repentit, Angel fut Angelus, terrible vampire qui multiplia les massacres pendant plus de deux siècles. Justement ce lourd passé va permettre aux scénaristes de jouer avec en proposant des flash-back des souvenirs d'Angel. Ainsi, au fur et à mesure des épisodes, on en apprend un peu plus sur ce mystérieux vampire. Ce qui est notamment intéressant visuellement avec les allers-retours présent/passé que cela implique

Le contexte de cette série y est clairement plus angoissant déjà à travers son personnage principal qui est perpétuellement en quête de rédemption et de pardon. Non seulement il cherche à sauver des vies mais aussi à racheter ses fautes. La quête qu'il doit mener est donc double. De plus, l'action se déroule dans une grande ville où la vie humaine ne compte pas. La solitude s'en ressent d'autant plus. Angel présente donc tous les éléments d'une fantasy urbaine très ténébreuse. 

Dans sa quête de justice, il est entouré de compagnons qui seront un vrai au soutien au fil des aventures. C'est le personnage de Francis Doyle joué par Glenn Quinn qui sera d'ailleurs l'élément déclencheur de la vocation d'Angel. En effet, grâce à ses visions ce gentil démon va pousser notre vampire à venir en aide aux habitants de Los Angeles. Il lui donne un but et le tire de ses noires pensées. Glenn Quinn est un personnage clé mais il ne restera que le temps de neuf épisodes de la première saison. 
Son don est transmis à Cordelia Chase alias Charisma Carpenter qui a suivi Angel à Los Angeles. Déjà remarquée dans Buffy, Charisma Carpenter va enrichir son personnage. Elle n'y incarne plus cette adolescente gâtée et superficielle que l'on a connue. Elle est plus responsable et surtout plus attachante. Peut-être parce qu'Angel s'adresse à un public plus adulte. Les scénarios y sont nettement plus sombres. Plus grave, elle n'en demeure pas moins la petite bulle pétillante de la série. Finalement son personnage de Cordelia Chase demeure pour le moment son rôle le plus important puisque depuis elle n'a fait que de petites apparitions dans d'autres séries comme Charmed, Les Experts ou Supernatural sans pour autant décrocher un autre rôle régulier.

D'autres acteurs de Buffy rejoindront les rangs d'Angel avec notamment Alexis Denisof, le fameux Wesley Wyndam-Price, le nouvel observateur envoyé par le conseil pour remplacer Ruppert Giles auprès de Buffy et Faith. Toujours aussi collé-monté, Alexis Denisof incarnera un meilleur associé qu'il ne fut observateur auprès des tueuses de vampires. Habitué des séries comme How I met your mother, Private Practice, Grimm, il décroche aussi quelques rôles au cinéma comme dans Braquage au féminin (2001), Avengers (2012) ou encore Beaucoup de bruit pour rien (2013). 

Tout au long de ses cinq saisons, Angel reste intimement lié à Buffy contre les vampires en multipliant les cross-overs, c'est à dire que les deux séries vont partager des événements communs et permettre ainsi aux acteurs de jouer dans l'une et l'autre à différents moments de l'aventure. Ainsi, Spike (James Marsters) et Harmony ( Mercedes McNab) y obtiennent même un rôle régulier dans la dernière saison. Idée ingénieuse de la part des créateurs puisque cela incite le spectateur à suivre les deux assidûment pour ne rien perdre de l'intrigue. Ils s'assurent ainsi un minimum d'audience. 

Une série qui peut se targuer d'avoir obtenu un certain succès auprès du public, d'autant qu'elle s'est même diversifiée sous la forme de comics avec la publication d'une série de douze volumes Angel: After the Fall qui fait suite à la dernière saison. Après l'apocalypse, Los Angeles se retrouve en Enfer et Angel tente de sauver autant de citoyens qu'il peut des forces du Mal qu'il a lui-même déclenchées. 

Sans doute que l'aspect super-héros, vengeur de la nuit d'Angel a su plaire à son public et préparé peut-être le terrain aux nombreuses adaptations des plus célèbres comics qui sont tant à la mode à l'heure actuelle. 

Fantasy à la carte 

04/09/2016

Buffy contre les vampires, l’héroïne qui a insufflé l’engouement pour le vampire

Produite par Joss Whedon, Buffy contre les vampires marque un vrai tournant dans l’évolution des séries américaines. En effet, elle va ouvrir la voie à de nombreuses séries évoluant dans la même mouvance fantasy/fantastique.

Dès ses premières diffusions, le succès est au rendez-vous en réunissant 4 à 6 millions de téléspectateurs aux États-Unis. En France, la série est diffusée de 1998 à 2003 d’abord sur Série Club, puis sur M6. Buffy compte ainsi 144 épisodes répartis en 7 saisons.

Son scénario est assez conventionnel même si pour les néophytes du genre, il représente une révolution. Ici, on suit le destin peu ordinaire d’une jeune lycéenne dont la vie se partage entre le lycée, les cours, les amis, les sorties en boîte de nuit et une étrange mission, celle de tuer des vampires et autres démons venant menacer la vie tranquille de Sunnydale. Pour accomplir sa destinée d’élue, la jeune femme est accompagnée par un observateur qui la guide, la conseille, et l’entraine au besoin. Ce rôle est incombé à un bibliothécaire du nom de Rupert Giles dont l’érudition sera un atout majeur pour déterminer la provenance de chaque menace et découvrir ainsi le meilleur moyen pour la vaincre.

Plus qu’un divertissement pour adolescents en mal d’aventure, Buffy contre les vampires est une vraie série d’apprentissage car son héroïne va y connaître une sacrée évolution en passant de l’adolescente capricieuse, écervelée parfois à l’adulte sérieuse et responsable. Ce sont sept saisons qui se renouvellent à chaque fois afin d’offrir un programme à la mesure de sa renommée.
La particularité de cette série est qu’elle est un peu transgenre dans le sens qu’elle ne se contente pas de raconter des attaques de vampires et des combats de tueuses. Bien au contraire, dans Buffy, on croise toutes sortes de créatures issues du bestiaire merveilleux et des légendes populaires. C’est presque un cours d’ésotérisme à chaque épisode. La magie y est d’ailleurs de plus en plus présente avec notamment l’une des amies de Buffy qui en devient une. Qui dit sorcellerie, dit rituel de magie. Or, la série fait une belle place aussi à la fabrication de potions, et au lancement des sorts car il n’est pas toujours question d’enfoncer un pieu dans le cœur d’un vampire. Parfois, il faut vaincre la menace autrement. Et puis, la science-fiction pointe son nez ici ou là au gré des saisons avec par exemple l’intervention d’un robot humanoïde mettant en avant le thème de l’intelligence artificielle, ou encore cette idée "frankensteinienne" de fabriquer un humain à partir de différentes personnes. La dimension militaire fait également son apparition avec cette idée que des unités secrètes existeraient pour exploiter le don surnaturel de certains humains ou certaines créatures. En se nourrissant de différents courants, cette série a su s’adapter à un public varié, et le secret de sa popularité réside peut-être dans ce fait.

En outre, le casting y est intéressant avec d’abord en rôle principal Sarah Michelle Gellar qui y incarne une petite tueuse nerveuse et efficace. Le moins que l’on puisse dire lorsque l’on observe Sarah est qu’elle est parfaitement à l’aise dans son rôle de lycéenne. Elle y connait une adolescence compliquée que son activité extra-scolaire de tueuse de vampires n’arrange pas. Ses parents ont divorcé, et elle vit une relation pour le moins conflictuelle avec sa mère dans les toutes premières saisons. Buffy est à part, une lycéenne rebelle et bien souvent incomprise. Son arrivée dans le lycée de Sunnydale va changer bien des choses pour elle. Alors qu’elle était pom-pom girl et appréciée de tous dans son autre lycée, la voici devenue une anonyme. La transition est difficile à encaisser. Et même si elle tente de s’intégrer par tous les moyens, elle restera pour la plupart la drôle de fille toujours mêlée à d’étranges phénomènes. Car si elle pensait être débarrassée de sa fonction d’élue, il n'en est rien. Son emménagement à Sunnydale n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard car la ville est construite sur la bouche de l’enfer et la présence d’une tueuse est nécessaire pour canaliser le mal qui y règne. Un héritage que la jeune fille rejette au départ car comme toutes les filles de son âge, elle rêve de prince charmant et d’insouciance. Or, elle n’est pas gâtée du côté de l’amour puisque son âme sœur est maudite et lui est interdite. S’abandonner pleinement à Angel, c’est tous les condamner à une mort certaine. Sarah Michelle Gellar est d’ailleurs très poignante dans son jeu d’actrice se consumant pour un amour impossible. Elle fait bien ressortir l’ambiguïté de son personnage qui se trouve tiraillé entre son jeune âge et l’importance de sa mission. Cela ressort bien au moment de ses combats lorsqu’elle papote avec les vampires avant de les tuer. Ces scènes contribuent à apporter une dose de légèreté alors qu’on est en plein cœur de l’action. Et à côté de ça, les moments d’émotion, notamment les scènes qu’elle partage avec son partenaire Angel, alias David Boreanaz sont riches en émotions. Et pour le coup, Sarah Michelle Gellar y redevient une adulte à part entière avec toute la dureté que cela implique. En donnant le rôle principal à une femme, cela permet à la gente féminine de prendre le pouvoir et de prouver enfin qu’elle est l’égale de l’homme, tout aussi capable.
Ainsi donc Sarah Michelle Gellar partage l’affiche avec David Boreanaz tout du moins pour les premières saisons puisque le personnage d’Angel disparaît plus ou moins à la fin de la troisième au plus grand dam de ses fans. Voici un personnage intéressant qu’Angel. Il y est complexe, torturé car doté d’une âme et à ce titre en repentir. Or, cette rédemption, c’est Buffy qui lui accorde en l’aimant d’un amour pur et absolu. Seulement, nous ne sommes pas dans un conte pour enfants où à la fin, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. En fait, si Angel est heureux, il redevient le plus sanguinaire des vampires. Tel est son destin, il est victime d’une malédiction de bohémiens lancée sur lui par vengeance pour le mal qu’il leur a fait. Quel vampire ténébreux et séduisant que David Boreanaz incarne. Il y est subjuguant. Lui aussi a une personnalité complexe. Tantôt, il est ce chevalier servant prêt à risquer sa vie pour sauver sa bien-aimée et tantôt il est ce vampire inquiétant, instable et dangereux. David excelle si bien dans son rôle qu’il en deviendrait presque difficile de dire si on le préfère gentil ou méchant. Dans tous les cas, ils forment un couple très glamour et son départ de la série fera pleurer dans les chaumières.


Et il se voit remplacer dans le cœur de la belle tueuse par Marc Blucas qui y joue le très séduisant Riley Finn. Très protecteur pour Buffy, trop sans doute il ne restera que le temps d’une saison et le début d’une autre. Il fera en quelque-sorte la transition et même s’il est bien dans son rôle, on n’accrochera moins avec lui. Peut-être parce qu'il y incarne un personnage plus lisse avec moins de zones d'ombres.

Que serait une héroïne de fantasy sans compagnons d’aventures ? Raison pour laquelle Sarah Michelle Gellar donne souvent la réplique à un couple d’acteurs qui seront ses plus proches amis, Alexander Harris (Nicholas Brendon) et Willow Rosenberg (Alyson Hannigan). Quel duo comique que ces deux-là. Improbables apprentis-tueurs de vampires, ils sont de véritables amis pour la jeune tueuse et sont sans doute les acteurs les plus attachants de la série. Drôles, et gaffeurs parfois, Nicholas Brendon et Alyson Hannigan apportent une vraie touche de fantaisie à la série.


Plus sérieusement l’observateur de Buffy est joué par le déjà célèbre Anthony Stewart Head dont la filmographie est très impressionnante. D’origine anglaise, sa nationalité et notamment ce flegme typiquement britannique ressort bien dans son rôle car il incarne le bibliothécaire classe et coincé à merveille. Il est le père spirituel de Buffy et forme avec Sarah Michelle Gellar un sympathique tandem qui ne manque pas d’étincelles parfois mais qui fonctionne bien à l’écran.

Côté rôles secondaires, on peut signaler la prestation de Charisma Carpenter qui incarne ici une Cordelia Chase juste horripilante. Prétentieuse et privilégiée, Charisma a su faire évoluer son personnage qui passe de la fille honnie à une personne qu’on finit par apprécier, surtout lorsqu’elle s’intègre davantage à la bande en devenant la petite amie d’Alex. Autre petite amie, il y a Emma Caulfield, alias Anya Jenkins qui occupe ce rôle dans les trois dernières saisons de la série. Anya est une démone qui perd ses pouvoirs et qui s’humanise au contact d’Alex. Elle aussi va connaître une sacrée transformation.

Du côté des méchants, on peut souligner la performance de James Marsters qui interprète le vampire Spike. C’est un piètre vampire car dans le fond, Spike est victime de sa condition et il n’y est pas vraiment le vampire cruel auquel on s’attend, d’autant qu’il a la réputation d’avoir déjà tué deux tueuses. Son personnage évolue au fur et à mesure de ses apparitions, il finit par devenir un personnage récurrent de la série et occupe une place de plus en plus importante auprès de Buffy.
Drusilla, la fiancée de Spike campée ici par Juliet Landau y est tellement plus convaincante en vampire aliénée. Rendue folle par Angelus, Drusilla est une vampire dangereuse et cruelle. Clairement Juliet Landau obtient ici un rôle qui lui va comme un gant. Dans la même veine, Julie Benz en tant que Darla est tout aussi venimeuse et redoutable pour Buffy et ses amis. Julie Benz incarne si bien la rivale de Buffy dans le cœur d’Angel car rappelons-nous que c’est elle qui a transformé Angel en Angelus il y a fort longtemps.

Voici donc un tour d’horizon des principaux piliers de la série, mais bien d’autres viendront donner la réplique aux héros. En fait, Buffy contre les vampires a permis à bon nombre d’acteurs de séries de mettre le pied à l’étrier afin de lancer leur carrière. C’est le cas par exemple de Greg Vaughan qui jouera pendant un temps dans la série Charmed, de Wentworth Miller qui va rencontrer la célébrité grâce à Prison Break ou encore de Jason Behr, le célèbre extraterrestre de Roswell. Tous sont passés par Buffy avant de connaître le succès. Elle fait donc un peu office de révélatrice de talents. 
Évidemment pour la nouvelle génération découvrir Buffy contre les vampires sur W9 risque de leur apparaître comme une série désuète et vieillissante. Il faut la replacer dans son contexte. Le maquillage des vampires est quelque peu surchargé et le loup-garou est juste ridicule, surtout dans ses toutes premières apparitions. Mais pour les années 90, Buffy a été une vraie révélation. Nouveauté qui révolutionne le genre. Enfin le fantastique est adapté en série télévisée. Du point de vue scénaristique, les intrigues se tiennent bien et les personnages y sont assez attachants. Buffy, c’est juste un souffle de légèreté à la télévision qui a enfin permis au vampire de sortir de l’ombre.  

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