L'influence du "gaming" à la littérature

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19/09/2021

Embarquez pour le festival Méditerranéen Polar et Aventure


Pour la cinquième fois, Le Lydia jette l'ancre au Barcarès afin d'accueillir une nouvelle édition du Festival Méditerranéen Polar et Aventure qui met autant à l'honneur la littérature policière que les littératures de l'Imaginaire. 

Fort d'un programme riche et varié, les animations vont se succéder tout au long de ces trois jours du 24 au 26 septembre prochain. 

Aussi quelques très intéressantes tables-rondes vous seront proposées autour desquelles viendront débattre les auteurs invités. Dès le vendredi à 15h, il sera question de réfléchir sur l'engouement pour ces "mauvais genres" avec une première intitulée "Polar et littératures de l'imaginaire : des mauvais genres à succès ". Réservez votre samedi car dès 11h, il sera question de réfléchir à "la géopolitique explorée par la littérature de l'imaginaire" et à 15h, ce sera davantage une réflexion autour du métier d'écrivain avec "Devenir écrivain : Polar et littérature fantastique : même combat ?". Pour finir, le dimanche 26 septembre, la dernière table-ronde portera sur "Le polar nous fait voyager dans d'autres mondes". 

Mais que serait un festival sans distinction à remettre pour récompenser tel ou tel livre. Alors le Festival Méditerranéen Polar et Aventure propose également son prix Méditerranéen Polar. Juste avant la remise du prix 2021, les lauréats de 2020 ainsi que de 2021, respectivement Fabrice Papillon et Fabio Mitchelli, animeront une conférence qui portera sur "l’inspiration pour un polar : s'attacher au quotidien des faits divers ou puiser son inspiration dans l'imaginaire ?" 

En outre, réservez également vos soirées car le vendredi 24 septembre à partir de 20h30, vous pourrez participer à une enquête, "Clap de fin", à bord du Lydia (sur réservation) et pour les amateurs de Jazz, ne manquez pas le concert de Gramophone Stomp, prévu le samedi 25 septembre dès 20h30. 

Bien entendu une trentaine d'auteurs de littérature policière ou d'Imaginaire seront là pour dédicacer leurs romans. Alors n'hésitez pas à aller les rencontrer. Côté SFFF, il y a notamment Lionel Davoust (auteur de l'excellent cycle Les Dieux Sauvages), Franck Ferric (La Loi du Désert), Paul Beorn (Calame, Le Septième Guerrier-Mage, 14-14... ect), Benjamin Lupu (Les Mystères de Kioshe et Le Grand Jeu), Nicolas Texier (le cycle Monts et Merveilles et plus récemment Les Ménades), ou encore Florian Paret (Le Maître Horloger et L'Obsession). 

Voici une nouvelle édition qui se promet déjà passionnante dans un lieu remarquable et insolite. Bon embarquement !

Fantasy à la Carte

Informations

Festival Méditerranéen Polar et Aventure
Paquebot Lydia (sortie 13)
24,25 et 26 septembre 2021
Entrée libre
Horaires : vendredi de 14h à 20h30
samedi et dimanche de 10h à 12h30 et 13h30 à 19h30

29/01/2021

Tolkien, le biopic d'un créateur de génie

Tolkien de Dome Karukoski

En 2019 est sorti le biopic Tolkien réalisé par Dome Karukoski. Les avis dessus sont très partagés. Personnellement, je n'avais pas encore eu l'occasion de le regarder, c'est chose faite aujourd'hui, alors j'ai eu envie de vous faire part de mes impressions sur ce film qui était très attendu à sa sortie. 

Après le décès de son père, puis de sa mère, John et son frère sont placés par leur tuteur dans une pension de famille où vit également une autre pensionnaire orpheline du nom d'Edith Bratt dont il s'amourache immédiatement. Parallèlement, il entre à l'école King Edward's où il se lie d'amitié avec trois autres garçons. Plus tard, il réussit à entrer à Oxford mais son tuteur l'oblige à arrêter de voir Edith, qui finit par se fiancer avec un autre homme. Mais juste avant de partir à la guerre, ils se revoient et se promettent de se retrouver après le conflit. De la bataille de la Somme, il revient blessé et a perdu deux de ses amis d'enfance. Il épouse Edith et a avec elle, quatre enfants. Sous ses encouragements, il prend la plume et commence à rédiger les premiers mots du Hobbit

Comme le synopsis l'indique, les scénaristes, David Gleeson et Stephen Beresford se sont concentrés sur les jeunes années de J.R.R. Tolkien qui ont influencé la création de sa Terre du Milieu. Ils ont choisi la Bataille de la Somme comme fil directeur du film en faisant de nombreux retours en arrière dans le passé. En effet, pour tenir moralement dans l'enfer des tranchées, Tolkien se plonge ici dans ses souvenirs et notamment dans les moments heureux ou marquants de sa jeunesse. Ainsi, on commence par le voir jouer dans la verdoyante campagne anglaise, puis il s'installe en ville où très vite, il perd sa mère et est placé avec son frère dans une pension. C'est là qu'il commence à inventer des histoires et une langue imaginaire. La présence bienfaisante d'Edith est sans doute stimulante. Ensuite, il se rappelle les moments passés avec son trio d'amis, ainsi que ses débuts difficiles à Oxford. Au vu de ses éléments, on peut trouver ce biopic très réducteur de la vie de cet homme. En outre, cela inscrit ce film dans un registre assez dramatique en mettant plutôt l'accent sur la perte de ses parents, puis de deux de ses proches amis, sans parler de la guerre qui sert de toile de fond au film. Il en ressort un film poignant qui tire bien volontiers les larmes aux spectateurs. Il est vrai que les scénaristes auraient pu pousser plus loin en mettant également en scène ses belles années d'enseignant à Oxford, ainsi que son travail d'écriture, ses échanges avec son éditeur et la consécration de la publication des ses œuvres de son vivant avec notamment, le succès qu'il a remporté, à l'époque. Pour ma part, j'ai trouvé le film très émouvant. L'ambiance y est tantôt feutrée et intimiste, tantôt brutale et rude. Le point fort est qu'il a réussi à donner vie à des détails de la Terre du Milieu, notamment sur le champs de bataille où J.R.R. Tolkien associe, par exemple, les lance-flammes ennemis aux souffles des dragons. De même, lorsqu'il se retrouve allongé, emmitouflé dans un manteau lors d'une scène terrible dans une tranchée, baignant dans le sang de ses compatriotes, j'y vois clairement un clin d’œil à Frodon, poignardé par un cavalier noir sur le Mont Venteux. Rappelons qu'avec ce film, l'idée était de revenir sur la genèse de sa création, et en cela, c'est une réussite. 

En outre, en mettant en exergue les liens qu'il a noués dans sa jeunesse, on comprend mieux toutes les valeurs que l'on retrouve dans ses livres comme l'amitié, l'amour et la fraternité. Ainsi, la création de la communauté de l'Anneau prend ainsi tout son sens. 

Côté acteurs, je trouve que le duo formé par Nicholas Hoult et Lily Collins pour incarner J.R.R. Tolkien et Edith Bratt est bien choisi. Ils sont particulièrement attachants. Après avoir incarné Anthony Stonem dans la série Skins, et s'être fait remarqué aux côtés de Colin Firth en 2009 dans A Single Man, il enchaîne les apparitions dans les grosses productions : Le Choc des Titans (2010), X-Men : Le Commencement (2011), Warm Bodies (2013), Jack le chasseur de géants (2013) et Mad Max (2015). Figure montante du cinéma, pour ma part, je le remarque surtout aujourd'hui à travers cette interprétation de J.R.R. Tolkien. J'ai trouvé son jeu d'acteur juste et touchant. Il nourrit son personnage de toute la délicatesse, la retenue et la dignité que l'on s'attendait à trouver ici. C'est de toute évidence un choix judicieux pour un tel rôle. Quant à la douce Lily Collins que l'on retrouve aux côtés de Nicholas Hoult. Fille du chanteur Phil Collins, elle a notamment joué dans Identité Secrète (2011), Blanche-Neige (2012), ou encore The Mortal Instruments :  La Cité des Ténèbres (2014). Elle a laissé un peu de côté l'action des films fantastiques dans lesquels elle a joué auparavant pour incarner ici une jeune fille solaire et bienveillante. Véritable muse pour J.R.R. Tolkien, elle lui a inspiré certains des nobles sentiments qui viennent nourrir ses récits. Aérienne et délicate, c'est un plaisir de la voir évoluer à l'écran aux côtés de son partenaire. Ensemble, ils donnent naissance à une très belle et très touchante histoire d'amour. Or, en mettant l'accent sur les balbutiements de leur passion, les scénaristes apportent une douceur bienvenue à ce film plutôt sombre. 

N'ayant pas eu d'attente particulière sur cette production, je ne peux pas dire qu'il m'a déçu comme ce fut le cas pour certains. En revanche, j'aurais apprécié en voir plus sur les années de sa vie au cours desquelles il a écrit ses premières œuvres car le film ne l'aborde que dans ses dernières minutes et cela nous laisse un sentiment d'inachevé. 

En conclusion, il en ressort un film bouleversant qui nous donne un petit aperçu des jeunes années de cet inventeur qui a sublimé la fantasy

Fantasy à la Carte

Tolkien
De Dome Karukoski
Avec Nicholas Hoult & Lily Collins

12/01/2021

Alan Lee, Cahier de Croquis du Seigneur des Anneaux, éditions Christian Bourgois


Alan Lee, Cahier de Croquis du Seigneur des Anneaux, éditions Christian Bourgois

Enchantée par son Cahier de Croquis du Hobbit, sorti aux éditions Christian Bourgois, le 5 novembre dernier, je n'ai pas résisté à demander au Père Noël celui sur Le Seigneur des Anneaux. Or, comme j'ai été très sage, j'ai eu le plaisir de le trouver au pied de mon sapin. Merci Père Noël. 

Les Cahiers de Croquis d'Alan Lee sont de magnifiques ouvrages que je recommande à tous les amateurs de la Terre du Milieu

Généreusement illustrés, ils sont un très beau témoignage du travail qu'Alan Lee a effectué lors des tournages de ces deux films qui ont littéralement redéfini la réalisation d'une adaptation d'une oeuvre de fantasy

Lorsque l'on commence à feuilleter Le Cahier de Croquis du Seigneur des Anneaux, il est difficile de détacher son regard de cette multitude de détails que regorge chaque dessin. Avec John Howe, ils ont donné vie à la Terre du Milieu avec beaucoup de talent. C'est d'ailleurs, ces mêmes dessins qui ont alléché Ian McKellen et l'ont convaincu d'accepter d'endosser le rôle de Gandalf. C'est donc le travail d'Alan Lee qui a fait rentrer ce grand magicien au casting du film. En préfaçant ce bel ouvrage, l'acteur nous rappelle que l'image mentale que l'on se fait des lieux et des gens rencontrés dans les livres est totalement influencée par les illustrations qui y sont insérées. Ainsi, à travers ses nombreux croquis, Alan Lee a façonné la Nouvelle-Zélande pour qu'elle devienne la Terre du Milieu de J.R.R. Tolkien. 

Divisé en 20 parties, Alan Lee nous emmène dans les lieux emblématiques du Seigneur des Anneaux en commençant par le pays de Bree. Il nous explique que le village a été édifié dans un camp militaire, qu'ils y ont construit des maisons à colombages, placées par-dessus des bâtiments existants pour les prises de vue extérieures. Quant aux scènes intérieures, elles ont été tournées en studio. Au début du tournage, ils ont dû filmer les Hobbits dans un décor surdimensionné afin de faire prendre conscience aux téléspectateurs de la différence de taille. Cela a donc nécessité la création de deux décors rigoureusement identiques, sauf pour l'échelle. Par la suite, Peter Jackson a simplifié les choses en faisant jouer les acteurs à genoux. 

Parmi les hauts lieux qu'Alan Lee a apprécié créer, il y a Meduseld. Il s'est d'ailleurs inspiré des légendes anglo-saxonnes pour enrichir la décoration du Château d'Or et des bâtiments environnants. Bien que le cheval soit largement représenté, il est à noter qu'il y a ajouté de nombreuses créatures surnaturelles qui viennent s'enrouler autour des piliers, sur les arches ou encore sur la ferronnerie des lieux. La particularité d'Edoras est d'avoir été entièrement recréé en décor réel dans une vallée, situé sur l’Île du Sud. Un écrin somptueux et sauvage qui a retrouvé son état originel dès la fin du tournage. 

Cela nous amène au célèbre Gouffre de Helm qu'Alan Lee a commencé à dessiner dès son arrivée sur le site. Pour s'assurer une totale crédibilité de la bataille, Peter Jackson lui a demandé de travailler à la réalisation d'une maquette. Pour cela, il a modelé cette fameuse vallée avec de l'argile car Peter Jackson aime travailler avec des miniatures comme nous le confie ici l'illustrateur. 

Souvent tourné en paysages réels, le choix des lieux de tournage a été un élément crucial dans l'étape de la réalisation. Parfois, Alan Lee nous précise que l'équipe technique devait ajouter des éléments de décor dans le paysage afin de faire, par exemple, apparaître à l'écran l'existence de ruines, traces d'une civilisation déchue. D'autre part, il est souvent arrivé à Alan Lee d'embarquer à bord d'un hélicoptère afin de photographier les montagnes sous toutes leurs coutures. Cette collecte de photographies a été notamment nécessaire pour créer des arrière-plans qui ont servi pour les séquences à Fondcombe, Isengard et en Mordor. 

Pour Minas Tirith, l'illustrateur a cherché à recréer l'ambiance d'une vieille cité italienne avec ses nombreuses ruelles, escaliers et arches. C'est un lieu remarquable qui s'inspire de la Renaissance italienne comme en témoignent les nombreuses statues des rois du Gondor que l'on peut voir dans la grand'salle. 

Parfois, Alan Lee va chercher l'inspiration dans ses propres souvenirs comme ce fut le cas pour la conception des Mausolées où reposent les Rois et les Intendants du Gondor. En effet, il s'est servi de son expérience de travail dans un cimetière à Highgate pour représenter au mieux ce lieu sacré. 

S'il nous partage beaucoup d’anecdotes de tournage, Alan Lee évoque également certaines illustrations qu'il a réalisées pour l'édition du Centenaire car il faut garder à l'esprit qu'il est avant tout un artiste qui met en images les mots. En outre, la sublime illustration de couverture représentant nos deux Hobbits, Frodon et Sam, dissimulés à la vue des Orques devant la Porte Noire, marquant l'entrée en Mordor est un bel exemple de cet incroyable talent. En quelques détails, il fait ressortir toute la gravité de l'instant que vivent ces deux personnages pris dans la tourmente. 

Au gré des pages, on s'immerge dans les moments cruciaux de ces films. On est en but aux difficultés qu'Alan Lee et les équipes techniques ont pu rencontrer lors de cette aventure cinématographique. 

Ce Cahier de Croquis du Seigneur des Anneaux nous fait prendre la mesure du travail colossal qu'a réalisé l'illustrateur ; des nuits blanches qu'il a passées à la construction des décors. Il a tellement donné de sa personne qu'il s'est même fracturé le poignet lors d'une mauvaise chute en marchant sur des rochers en polystyrène. 

Cette expérience exceptionnelle, il la partage un peu avec nous à travers cet ouvrage. On y découvre l'envers du décor d'un film grandiose qui fait honneur à un homme de génie. 

Fantasy à la Carte

A lire aussi sur le blog mon avis sur Le Cahier de Croquis du Hobbit

Alan Lee
Cahier du Croquis du Seigneur des Anneaux
Editions Christian Bourgois

31/12/2020

Mary Poppins, une nounou parfaite en tous points


Le Retour de Mary Poppins

Pour célébrer Noël, cette année, M6 a décidé d'inviter dans nos maisons Mary Poppins lors d'une soirée spéciale en diffusant les deux films. En effet, cette célèbre nurse qui a enchanté nos noëls pendant des années a fait son grand retour au cinéma en 2018 avec la sortie d'une suite, Le Retour de Mary Poppins

Cinquante-quatre après le premier film, les studios Walt Disney ont eu envie de surfer sur la vague des nostalgiques en proposant un second film. L'occasion pour eux de faire une pierre deux coups en accrochant les enfants d'hier et la génération d'aujourd'hui. 


Dans Le Retour de Mary Poppins, on retrouve un Michael Banks adulte qui est à son tour employé dans la banque de son père. De même, qu'il vit toujours au 17 allée des Cerisiers, avec ses trois enfants, Annabel, Georgie et John, et leur gouvernante Ellen. Comme sa mère avant elle, Jane Banks se bat pour les droits des ouvriers et apporte son aide à la famille de Michael. Lorsque cette dernière subit une perte tragique, Mary Poppins réapparaît magiquement dans leur vie. Avec l'aide de Jack, l'allumeur de réverbères toujours optimiste, Mary va tout faire pour que la joie et l'émerveillement reviennent dans leur existence...

Pour ce second volet, le producteur Bob Marshall a repris les mêmes motifs qui ont fait le succès du premier film : la comédie musicale mêlant plans filmés et séquences de dessins-animés. Ce film suit donc le même fil que le premier avec une Mary Poppins qui débarque quand les enfants Banks en ont le plus besoin. Mais, si dans le premier film, il s'agissait surtout de trouver la nurse qui convient à deux garnements difficiles, dans le second, il est plutôt question de sortir Michael Banks et ses enfants d'une situation délicate. Néanmoins, Le Retour de Mary Poppins est construit de la même manière avec Mary Poppins qui entraîne les enfants dans une succession d'aventures à chacune de leur sortie de la maison familiale. La seule différence est que ce n'est plus le ramoneur Bert qui l'accompagne mais Jack, l'allumeur de réverbères. Ainsi, les scénaristes se sont surtout conformés aux standards du film original pour éviter, sans doute, toute déconvenue. 

Au casting de ce nouveau film, on retrouve dans le rôle de Mary Poppins, la pétillante Emily Blunt. Pour ce rôle, elle suit les traces de Julie Andrews et fait preuve d'un joli jeu de jambes pour nous embarquer dans quelques danses endiablées. Elle demeure toujours cette bonne fée dont le sac à mains semble sans fond et elle a toujours avec elle son fameux parapluie parlant. Moins drôle que Dick Van Dyke, dans le rôle de Bert, Lin Manuel Miranda se défend tout de même bien en donnant la réplique à cette nounou inoubliable. Jack est un personnage attachant qui s'est entiché de la famille Banks, ne résistant pas au charme de Jane. C'est Ben Wishaw qui incarne Michael Banks. Dépassé par les événements, ce doux rêveur est surtout écrasé par la tristesse et le regret. Cela fait de lui un personnage émouvant, noyé dans ses souvenirs. Emily Mortimer, c'est à dire Jane Banks s'est pas mal inspirée de Winifred Banks, alias Glynis Johns pour insuffler à son personnage le même dynamisme. En guest-star, Dick van Dyke fait une petite apparition et enchante les téléspectateurs car à 95 ans, il n'a rien perdu de sa souplesse. On retrouve également un Colin Firth sous les traits d'un banquier peu scrupuleux et une Meryl Streep en cousine fantasque de Mary Poppins. Bien dans leur rôle, cette nouvelle équipe d'acteurs et d'actrices nous entraînent sans mal dans leur folle aventure. 

Si pour ma part, j'ai moins accroché aux chansons de ce second volet, j'en ai pas moins apprécié les scènes époustouflantes et très rythmées où personnages et figurants exécutent avec beaucoup de talent les différentes danses. Je pense notamment  à celle réalisée par les allumeurs de réverbères pour la chanson "Luminomagifantastique" qui est autant un clin d’œil à celle des ramoneurs qu'à la fameuse "Supercalifragilisticexpialidocious". Il s'en dégage un bel esthétisme qui donne juste envie de se joindre à cette joyeuse sarabande. 

Bien que je reste une inconditionnelle du film de 1965, particulièrement pour ses ritournelles entêtantes, j'ai pris plaisir à découvrir cette suite que je trouve dans l'ensemble réussie. J'y ai retrouvé un peu de la magie de mes noëls d'enfant. Comme quoi Mary Poppins demeure à jamais un conte très enchanteur. 

Fantasy à la Carte

Le Retour de Mary Poppins
Walt Disney Company
2018

15/12/2020

Alan Lee, Cahier de croquis du Hobbit, Christian Bourgois Éditeur

Alan Lee, Cahier de croquis du Hobbit, Christian Bourgois éditeur

Après vous avoir longuement parlé du travail de John Howe sur l'univers tolkienien, notamment à travers Un Voyageur en Terre du Milieu (Christian Bourgois Éditeur), Sur Les Terres de Tolkien (éditions L'Atalante) ou encore son Artbook (éditions Nestiveqnen), j'ai eu envie de revenir sur celui d'Alan Lee

Ayant reçu son Cahier de croquis du Hobbit à mon anniversaire et maintenant que je l'ai lu, j'ai eu à cœur de vous partager mes impressions dessus. 

A travers ce Cahier de croquis du Hobbit, Alan Lee nous remmène en Terre du Milieu et plus précisément sur les lieux de tournage du film éponyme. Au gré des pages richement illustrées, il nous confie quelques anecdotes tantôt savoureuses, tantôt instructives sur ses expériences et ses souvenirs. 

Divisé en sept parties, l'illustrateur suit finalement le même fil que l'adaptation cinématographique pour nous parler de ce qui l'a marqué au cours de cette incroyable aventure. 

C'est donc d'abord à Cul-de-Sac qu'il nous donne rendez-vous. Entre aquarelles et crayonnés, on découvre, par exemple, quelques-unes de ses nombreuses esquisses pour donner vie aux trous des Hobbits. Il nous confie d'ailleurs s'être largement inspiré de l'architecture des cottages du Devon pour les réaliser. Quant aux nombreux nains et autres personnages qu'il a dû dessiner, il avoue avoir eu souvent recours à ses proches qui lui ont carrément servi de modèles pour l'aider dans sa création de cette population foisonnante. 

Après avoir traversé les Terres Désolées, il nous fait faire une longue halte à Fendeval, un havre de paix elfique qu'Alan Lee a beaucoup aimé mettre en images. On y retrouve beaucoup l'esthétique visuelle de l'Art nouveau. La nature y est magnifiée. Les édifices s'enroulent et se confondent avec le végétal pour donner naissance à de véritables palais. 

Quelques pages plus loin, dans les Montagnes Brumeuses, on part à la rencontre des fantassins du mal et notamment des gobelins. Ce sont des créatures issues du folklore qu'Alan Lee se plait à dessiner depuis des années, alors en refaire pour le film ne lui a posé aucun problème. Mais, ici, il a surtout beaucoup travaillé sur les décors des grottes servant de cadre à cette partie de l'action car il fallait impérativement faire transparaître l'atmosphère de danger de ces lieux. Quant à sa représentation de Gollum, il revient sur un détail qui pour lui a eu son importance dans la scène "Énigmes dans le noir" : la conception de son bateau. En effet, il l'a imaginé fabriqué à partir de peaux et d'ossements d'orques. Ainsi, l'artiste démontre un vrai souci du détail afin  d'être le plus cohérent possible par rapport à l’histoire et aux personnages. 

Dans la Contrée Sauvage, on fait connaissance avec Beorn et son étrange demeure. Cette fois-ci, c'est une chaumière du Dartmoor qui lui a donné l'idée pour la conception de cette bâtisse. Reflet de la personnalité de cet énigmatique personnage, cette demeure recèle de nombreux trésors pour qui sait regarder. 

Parmi les nombreuses tâches qui lui ont été incombé, il y avait celle d'imaginer les lieux les plus inquiétants. Ainsi, il brosse un Dol Guldur tout en angles, en pierres taillées et métal rouillé, parcouru de plantes grimpantes et épineuses afin de susciter l'angoisse chez le spectateur. 

Régulièrement, il devait soumettre à Peter Jackson entre deux prises ses nombreuses propositions pour faciliter le tournage de telle ou telle scène comme ce fut le cas pour le célèbre passage dans la cave à vins où Bilbo a l'idée de fuir avec les nains dans des tonneaux vides. Encore aujourd'hui, il reconnait que lorsqu'il regarde à nouveau les films, il repense toujours aux autres options qui auraient pu être retenu. 

Pour Bourg-du-Lac, on retrouve le style des habitations de l'Europe de l'Est. De nombreux menuisiers ont d'ailleurs travaillé d'arrache pied pour un résultat saisissant qu'Alan Lee salue dans ce présent ouvrage. Mais Bourg-du-Lac lui a aussi donné l'occasion de faire partie du film. En effet, avec John Howe, ils ont joué les figurants pour venir grossir la fanfare qui accompagnait le départ de la compagnie. 

Enfin pour Erebor, il commence par nous partager des éléments techniques sur la construction des décors de cette forteresse, puis nous parle de Smaug et particulièrement de son goût pour les dragons et les légendes grecques, nordiques et galloises dans lesquelles on retrouve souvent ces sauriens. 

Grâce à une panoplie de techniques, les artistes comme Alan Lee ont pu donner des cadres grandioses et spectaculaires à ce film, au plus près de ce que J.R.R. Tolkien a imaginé. Mais comme l'illustrateur le dit lui-même, toutes leurs compétences ont quand même des limites car c'est bien grâce au jeu des acteurs que la magie a pu opérer. 

Le Cahier de croquis du Hobbit est un merveilleux beau-livre qui nous replonge dans l'ambiance du film. C'est un ravissement pour les yeux que d'admirer, encore et encore, les nombreux croquis, dessins, peintures de cet artiste qui a su capter comme son homologue John Howe l'essence même de la Terre du Milieu

Fantasy à la Carte

Alan Lee
Cahier de croquis du Hobbit
Christian Bourgois Éditeur 

17/11/2020

Objectif lune pour Stereotypical Working Class

Célestopol, Stereotypical Working Class

Parfois l'Imaginaire nous ouvre des portes inattendues. On peut même retrouver la fantasy, là où on ne l'attend absolument pas comme c'est le cas avec le groupe de rock français Stereotypical Working Class qui y fait une incursion avec le premier titre de leur prochain album.

Depuis 1999, ce groupe enchaîne les albums avec des textes tantôt écrits en français, tantôt en anglais qui lui ont valu quelques succès, à l'instar d'Illusions (2003), Sans repères (2006), ou encore Day After Day (2009). 

2020 marque pour eux la sortie de leur nouvel EP, Célestopol. Un choix qui n'est pas le fruit du hasard car il rend hommage au livre éponyme qui a motivé cette chanson. Car, c'est bien de l'univers rêvé et imaginé par Emmanuel Chastellière dont on parle ici. 

Pour rappel, Célestopol, c'est quinze nouvelles qui nous transportent au cœur d'une cité construite sur la lune. 

"XXème siècle. Dans la course pour la conquête de l'espace, l'empire de Russie a remporté la première manche. En effet, les Russes ont réussi le tour de force d'annexer la lune en y édifiant une majestueuse cité abritée sous un dôme, pourvu en oxygène permettant ainsi aux habitants d'y vivre comme s'ils étaient sur la terre. Cette folie des grandeurs, on la doit au duc Nikolaï, un homme un poil mégalomane, qui s'est retrouvé exilé ici par la Tsarine.  Pour lui, c'est surtout une opportunité pour asseoir sa soif de domination et marquer l'Histoire."

C'est donc un bel hommage que le groupe de rock alternatif Stereotypical Working Class fait à Emmanuel Chastellière. D'ailleurs, quand on regarde de plus près les paroles de la chanson, on retrouve toute l'essence du livre : la grandeur des lieux, la folie ou les doutes de ses personnages et même son ambiance quelque-peu irréelle. Le morceau est très beau à l'écoute, les guitares, tour à tour étincelantes et rageuses donnent à ce titre long (plus de six minutes, tout de même) la facture d'un morceau influencé par le rock psychédélique. Ce titre n'est pas non plus sans rappeler le son du groupe R.E.M. 

I’ve worked to build the future from my inner world
I’ve made all sort of plans and it finally works
If I’m telling you my story would you really care?
I’ve built a city on the moon , I’ve made things that no one dare

I must confess what I’ve done I tried to hold the line
I see beauty in the difference , not a modern state of mind
Something in me is undone, I tried to hold the line
all of this mess is undone …

I’m living in this new world but it ‘s full of ghosts
They’re in the walls of buildings and in the regrets of their hosts
If you look upon your poor head you will see no blue sky
Only stars and no one cares about these clouds in your mind

I must confess what i’ve done
All off this mess is undone

Am I something for you
Will you ever try to find, why
I’ve made it all?
Who I really am now

And I’m waiting for who
Will just bring the light
There’s no heat around me now
Stars are cold and all around

If you walk around the city you will understand
There’s so much to learn from difference and we all must learn
You ‘ll meet a bear who’s talking, mechanical men
You may even fall in love and put your heart in iron hands
I will confess what i’ve done I choose to cross the line
My secret is Selenium, it’s no so easy to find…

Am I something for you
Will you ever try to find, why
I’ve made it all?
Who I really am now

And I’m waiting for who
Will just bring the light
There’s no heat around me now
Stars are cold and all around

No one will hear my story
No one would ever try
I’ve tried to build the future and I have crossed the line
But I see beauty in difference
Not an ordinary life
I’ll see the beauty of that will come
Won’t you open up
Won’t you open your eyes

Am I something for you
Will you ever try to find, why
I’ve made it all?
Who i really am now

And I’m waiting for who
Will just bring the light
There’s no heat around me now
All these stars around me…

J'avoue qu'en attendant la sortie prochaine de Célestopol 2, je pense que je vais souvent réécouter ce titre. Et vous, n'avez-vous pas envie d'acheter votre billet pour un embarquement immédiat ? 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog mon avis sur Célestopol d'Emmanuel Chastellière. 

Célestopol
Stereotypical Working Class
2020

19/06/2020

Vincent Ferré et Frédéric Manfrin (sous la dir.), Tolkien, Voyage en Terre du Milieu, Christian Bourgois Éditeur/ BNF

Tolkien, Voyage en Terre du Milieu, Christian Bourgois Editeur/BNF

Alors que l'exposition Tolkien, Voyage en Terre du Milieu de la Bibliothèque nationale de France vient de se voir attribuer le Prix Spécial du Grand Prix de l'Imaginaire 2020, j'en profite pour ressortir de ma PAL, le catalogue de l'exposition reçu à mon anniversaire. 

N'ayant pu me rendre physiquement à la BNF et déambuler dans les espaces consacrés au maître de la fantasy, ce beau-livre m'en donne néanmoins un bon aperçu. 

De l'avis de tous, le premier élément qui caractérise J.R.R. Tolkien et son oeuvre est la Terre du Milieu. C'est donc la construction de ce monde qui a été cœur de cette exposition. 

Divisé en trois parties, ce catalogue revient sur la genèse de ce monde fantastique en mettant en exergue ses principales forces. 

Qu'ils soient professeur, archiviste, conservateur, tous les intervenants qui ont pris la parole dans cet ouvrage sont des passionnés de l'univers de Tolkien. 

Ainsi, Damien Bador nous parle ici du goût de J.R.R. Tolkien pour l'invention des langues qu'il qualifie lui-même de "vice secret". Une passion poussée à l'extrême puisqu'il ira, par exemple, jusqu'à attribuer un alphabet aux Gobelins dans ses Lettres du Père Noël. Un intérêt qui a fait des émules parmi les passionnés puisque certains ont été jusqu'à bâtir des grammaires des langues elfiques. 

Sa fascination pour la linguistique est de notoriété mais Tolkien est également un cartographe et un géographe, comme le rappelle Isabelle Pantin. En effet, en même temps qu'il écrit, J.R.R. Tolkien trace une représentation figurative des lieux traversés par ses personnages. D'ailleurs, certaines cartes sont même annotées des noms des personnages aux côtés des noms de lieux. Au fur et à mesure de l'avancée dans la rédaction de ses histoires, il démontre un vrai souci de crédibilité en redessinant des cartes à l'échelle comme c'est le cas pour Le Silmarillion en 1930. 
Mais que serait un monde sans peuples comme le dit Anne Rochebouet. Alors J.R.R. Tolkien a commencé par introduire en Terre du Milieu, les Elfes. Certains se réfugient à l'ouest, à Valinor pendant que d'autres comme les Elfes gris demeurent dans les forêts comme celle de la Lorien. Puis, il introduit les hommes dont l'ouest leur est interdit, sauf aux Edains qui ont aidé les Elfes contre Morgoth. C'est là-bas qu'ils fondent le royaume de Numénor dont Aragorn est le dernier représentant de la lignée. Il y a également les Nains qui vivaient dans de grands royaumes sous la montagne jusqu'à ce qu'ils en soient chassés et errent depuis lors sur les routes. Les Hobbits que l'on retrouve du côté du Comté. Les Ents, seigneurs et protecteurs des forêts, un peuple qui témoigne de l'attachement de J.R.R. Tolkien aux arbres et à la nature. Sans parler des Orques, des Trolls, des Dragons, tous corrompus par Morgoth et Sauron. 

Ce qui est moins connu du grand public est le grand intérêt que portait l'auteur au dessin. Pierre Serié le souligne d'ailleurs judicieusement dans cet ouvrage. J.R.R. Tolkien avait une grande culture visuelle. Il a illustré ses récits à l'aide de dessins et d'aquarelles qui témoignent de sa fascination pour la nature anglaise et ses paysages. 

La seconde partie est riche en documents et en photographies pour illustrer au mieux le travail de construction de son univers. Dessins, cartes, lettres, brouillons se pressent entre ses pages pour nous faire prendre conscience de la mesure du travail colossal réalisé par l'auteur. Un intermède qui nous plonge dans les lieux emblématiques de la Terre du Milieu : le Comté, les royaumes des Nains, les terres des Elfes, le Rohan, le Gondor ou encore le Mordor. Un itinéraire visuel construit comme une balade instructive destinée aux amateurs et aux curieux qui sont avides d'en savoir un peu plus sur cette genèse de toute une vie. 

Cette exposition a été aussi l'occasion de mettre en lumière l'homme qu'il était. C'est pourquoi, ce catalogue se conclut sur ses années à Oxford qui fut autant pour lui son cadre de travail que de vie. C'est un peu son Valinor, son refuge, son paradis. Tout comme l'a été sa femme Edith ainsi que ses enfants. Pour preuve, ces photographies disséminées ici ou là qui sont autant d’instantanés des moments heureux auprès de sa famille et de ses amis. L'exposition n'a pas omis non plus ses moments passés au front qui l'ont profondément marqué au point de lui inspirer par exemple les terres désolées du Mordor. 

Ce catalogue reflète le travail de fourmis réalisé par les contributeurs de l'exposition autant pour l'exposition elle-même que pour la publication de ce livre. Chaque élément a été soigneusement sélectionné pour faire ressortir toute l'essence de cet événement.

Tolkien, Voyage en Terre du Milieu constitue un bel ouvrage qui donne finalement à cette exposition exceptionnelle son caractère éternel. 

Fantasy à la Carte

Vincent Ferré & Frédéric Manfrin (sous la dir.)
Tolkien, Voyage en Terre du Milieu
Christian Bourgois Éditeur
Bibliothèque nationale de France

01/05/2020

Carnival Row : impitoyable, féerique, originale !


On constate depuis quelques années maintenant que l’Imaginaire inspire le cinéma et la télévision. En effet, de plus en plus de livres sont adaptés. Confirmé par le succès interplanétaire de Game of Thrones, les producteurs et les scénaristes travaillant sur grand ou petit écran se laissent peu à peu charmer par ces univers oniriques qui plaisent à de plus en plus de monde. En attendant, des créations télévisuelles comme Le Seigneur des Anneaux, Dune ou encore La Roue du Temps, certains se sont pris au jeu d’écrire leur propre synopsis sans aucune influence littéraire.

C’est le cas avec la série américaine Carnival Row, créée par René Echevarria et Travis Beacham, et exclusivement diffusée sur Prime Video. La concurrence fait rage entre les chaînes qui rivalisent pour fournir aux téléspectateurs toujours plus de nouveautés. 

Production originale, Carnival Row nous plonge dans le quotidien d’un policier du nom de Rycroft Philostrate et d'une fée, Vignette Stonemoss. Suite à la guerre, de nombreuses créatures féeriques ont fui leur terre pour se réfugier au Burgue, dans le quartier de Carnival Row, une sorte de "Whitechapel" fantastique. C’est dans cette ville à l’étrange ressemblance avec le Londres victorien, que Philo s’est établi. Depuis quelques temps, une série d’odieux crimes visant des créatures surnaturelles est perpétrée. Alors que sa hiérarchie se moque bien de démasquer le ou les coupables, Philo, lui, refuse de fermer les yeux. Ancien soldat, il a servi aux côté des fées dans la guerre contre le Pacte : il est donc lié à ce monde et ne peut laisser ces meurtres impunis. Au cours de ses investigations, il va retrouver Vignette, son ancien amour. Ensemble ils vont combattre les forces obscures qui sont à l’œuvre. Mais dans une société de plus en plus intolérante, pourront-ils réellement se retrouver ?

L’ambiance de Carnival Row est volontairement sombre et violente. On retrouve l’esthétisme victorien dans cette fantasy où la bonne société côtoie le monde d’en bas, peuplé de créatures merveilleuses et déchues. Les êtres féeriques, en exil, se retrouvent les esclaves des mondains. Certains sont des domestiques, à l’image de Vignette lorsqu’elle débarque au Burgue, d’autres se prostituent comme la meilleure amie de cette dernière, Tourmaline. Peu ont réussi à s’élever socialement si ce n’est Agreus Astrayon qui brave les mentalités en venant s’installer dans les beaux quartiers. Autant dire que cet emménagement ne sera pas au goût de tous. Un bel univers empreint de féerie à travers la présence de tous ces êtres surnaturels mais aussi de noirceur. La série est obscure aussi bien visuellement que du point de vue de l’intrigue. Le meurtre et la violence sont les maîtres-mots de cette production. Les costumes et les maquillages sont une réussite et nous offrent une immersion plus vraie que nature dans ce bestiaire merveilleux. Les créatures y sont légion. Ainsi, on côtoie aussi bien des fées sombres et dangereuses, des centaures, des kobolds à l’allure d’elfes de maison que d’effrayants loups garous.

Au casting, on retrouve l’acteur Orlando Bloom. Fidèle du cinéma fantastique, on ne s’étonne donc pas de le découvrir à l’affiche de cette série. Après Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit ou Pirate des Caraïbes, il a déjà démontré son attachement au genre. Plus mature, il incarne ici un héros fatigué qui a bien bourlingué. Dans un monde perverti par le vice et l’argent, il est un homme intègre. Il n’a pas perdu ses valeurs et son honneur de soldat, et les met au service des victimes qu’il cherche à honorer en traquant les coupables.  Bien loin du fringuant guerrier de sa jeunesse, incarner Philo lui donne l’occasion de démontrer ses talents dans un rôle de composition. Parallèlement à la mission de défenseur qu’il s’est lui-même attribuée, il est en quête de ses origines. De fait, il aura encore beaucoup à nous dire au cours de cette première saison. C’est le mannequin Cara Delevingne qui joue sa partenaire et maîtresse à l’écran. Pour ma part, je la découvre pour la première fois en tant qu’actrice. C’est une bonne surprise. Elle incarne une figure de liberté pour son peuple. Pleine de colère et de rancœur, elle est une héroïne aussi forte que fragile. Elle forme avec Orlando Bloom un duo dynamique. Les amours contrariés qui se nouent entre ces deux êtres apportent la touche de douceur à cette série finalement très sombre. 

Les seconds rôles ne manquent pas dans cette production. Mais, je retiens surtout l’écervelée Imogen Spumrose interprétée par la pétillante Tamzin Merchant qui forme avec Agreus Astrayon, (David Gyasi) un couple improbable mais non moins intéressant. Diamétralement opposé de par leurs origines, l’évolution de leur relation promet d’être intéressante dans l’avenir.
Plus qu’un univers immersif, le succès de Carnival Row repose sur le climat angoissant qu’il y règne. La peur monte crescendo. Le meurtrier sème des cadavres dépecés tel le petit Poucet. Le résultat est juste effrayant et sinistre, tout en poussant les téléspectateurs à toutes les interrogations possibles. L’autre thématique explorée ici est celle du colonialisme et ses conséquences sur les peuples. Cette exploitation des populations et des terres est un thème récurrent en fantasy qui permet l'épanouissement de tout un panel de sentiments et d’émotions. Intolérance et défiance gouvernent ce monde. 

Entre une intrigue prenante, des personnages attachants et du merveilleux, on apprécie cette nouvelle série qui met la fantasy à l’honneur.

Fantasy à la Carte

Carnival Row
Disponible sur Prime Video

07/02/2020

La geste médiévale s'invite à Grésimaginaire


L’imaginaire aime bien poser ses valises, tout au long de l’année, un peu partout en France. Fantasy à la Carte a pris l’habitude de vous parler de ces rendez-vous annuels qui réunissent des milliers de passionnés ou de curieux.

Pour sa quatrième édition, le salon du livre Grésimaginaire se prépare à faire son grand retour. Situé en Isère, ce festival réunit, tous les deux ans, les auteurs, les illustrateurs et les éditeurs de SFFF.

Fruit de la passion de copines qui souhaitaient mettre à l’honneur le fantastique dans leur région, voilà comment l’association Grésimaginaire est née, un beau weekend d’avril 2014.

Cette année, il aura pour invité d’honneur, une plume montante de la fantasy, celle de Grégory Da Rosa. Impossible de passer à côté du panache de son célèbre personnage, le sénéchal Philippe Gardeval. Personnellement, j’ai adoré sa trilogie au suspense implacable, alors ça fait plaisir de le retrouver mis en avant lors d’un tel événement. Et avec lui, c’est tout le médiéval fantastique qui est mis en avant pour cette nouvelle édition.

Bien entendu, ce sera une belle occasion de multiplier les rencontres auprès d’autres noms qui font vivre ces littératures SFFF. Je dois dire que le comité d’accueil donne particulièrement envie de s'y rendre avec la présence, par exemple, de Lionel Davoust, Estelle Faye, Morgane Caussarieu, Jean-Laurent Del Socorro, Vincent Tassy, Floriane Soulas ou encore Jean Vigne. Tous ont répondu à l’appel. Et je vous confirme qu’il y aura de quoi contenter les envies de lectures de chacun car ils seront une cinquantaine d’auteurs présents au total.

Certains animeront d’ailleurs des tables rondes avec au programme, le samedi, une consacrée aux héroïnes/héros malgré elles/eux avec Lionel Davoust, Morgane Caussarieu, Jean Vigne et Aurélie Wallenstein, et le dimanche, il faudra compter sur une table ronde thématisée sur la Fantasy, fille illégitime de l’histoire avec Grégory Da Rosa, Lionel Davoust et Floriane Soulas, et une autre sur la sorcellerie.

C’est un bel événement labellisé par les éditeurs qui ont donné les lettres de noblesse à l’Imaginaire et qui seront bien évidemment sur place comme Mnémos, ActuSF, Rivière Blanche, Le Chat Noir, Le Héron d’Argent, les éditions du Petit Caveau ou encore Livr’S éditions. 
Et comme à chaque fois que l’on se balade dans de tels festivals, on y rencontre aussi pour notre plus grand plaisir des illustrateurs de talent. Grésimaginaire n’échappera pas à la règle avec la présence de sept d’entre eux.

En amatrices de jeux, les organisatrices n’ont pas oublié de les convier à l’événement avec la possibilité de s’inscrire à un JDR et/ou de participer à différentes parties de jeux de société. Un espace sera prévu à cet effet.

Musiques et danses seront également de la partie avec notamment des représentations tout le weekend de la troupe Excalibur.

Avec un tel programme, cette nouvelle édition s’annonce déjà sous les meilleurs auspices.

 Salon du livre Grésimaginaire
4 & 5 avril 2020
9H-17H
Salle La Marelle
Crolles

10/01/2020

John Howe, L'Artbook, éditions Nestiveqnen

En cette fin d'année 2019, les éditions Nestiveqnen ont réédité L'Artbook de John Howe dans une version augmentée de 16 pages. Dès lors, il m'est apparu intéressant de le commander au Père Noël afin que mes souliers d'enfant sage soient garnis de fantasy

John Howe est un grand nom de la fantasy au même titre que des J.R.R. Tolkien, des  Raymond Feist ou encore des Robin Hobb. Seulement, lui, il donne vie à cet imaginaire avec un crayon ou un pinceau. 

A maintes reprises, j'ai pu voir ce talentueux artiste à l'oeuvre, notamment à travers mes explorations de ses ouvrages, Un Voyageur en Terre du Milieu (éditions Christian Bourgois) et Sur les Terres de Tolkien (éditions L'Atalante). 

Amoureux de la nature, admirateur des vieilles pierres, John Howe est un rêveur qui aime nous emmener à la découverte de mondes oniriques. 

Cet artbook retrace les temps forts de sa carrière, et ne se contente donc pas de nous présenter quelques illustrations du Hobbit ou du Seigneur des Anneaux

John Howe est un artiste accompli qui emporte son public à l'assaut de bien des univers. Cet artbook est une vraie balade guidée par d'autres figures artistiques issues tantôt du cinéma, tantôt de la littérature. Des personnalités avec lesquelles il a travaillées ou qui ont été marquées par son immense talent. 

C'est Viggo Mortensen qui ouvre la porte de cet imaginaire fabuleux. Il nous confie sa première rencontre avec les œuvres de l'illustrateur lorsqu'il s'est retrouvé, par hasard, seul dans l'atelier que John Howe partageait avec Alan Lee à Miramar. Il nous parle de la claque visuelle qu'il a pris ce jour-là. 

Passés les éléments biographiques, on revisite avec ce beau-livre certaines thématiques qu'il a traitées au cours de sa carrière. Ainsi, on peut admirer ses représentations de Merlin (1983, p 30), d'Avalon (1984, p 31) ou encore de Lancelot (1983, p 32) car bien évidemment, il n'a pas résisté à l'appel des légendes arthuriennes

La nature est une grande source d'inspiration pour cet artiste. Des êtres féeriques y sont souvent dissimulées à l'image de son "Elf Fantastic" (1996, p 43). Il aime dessiner les éléments qui se déchaînent,  comme en témoignent ses propositions, malheureusement, rejetées, de The Amber Spyglass de Philip Pullman (2000, p 52-53). Et pourtant, visuellement, elles sont très saisissantes

Le dragon, on le sait, le fascine. Il lui a d'ailleurs consacré de nombreuses planches. Beaucoup sont inspirées des œuvres de J.R.R. Tolkien comme sa vision de "La Mort de Smaug" (1985, p 97), mais il en a également dessiné pour d'autres romans comme le cycle de L'Assassin Royal de Robin Hobb. D'ailleurs, avec cet ouvrage, je réalise tout le travail qu'il a fait pour les romans de cette grande dame de la fantasy qui m'a donné le goût du genre. Je ne peux donc m'empêcher de toutes les admirer. Il y a même Parangon et Vivacia, les navires enchantés des Vestrit tirés des Aventuriers de la Mer (1998-1999, p 146-147). C'est un enchantement visuel d'autant plus quand on lu les livres

De son passage en Alsace, il aura été de toute évidence très marqué par les édifices religieux. La cathédrale de Strasbourg a été pour lui un immense terrain de jeu. En croquant ses gargouilles, ses arcades, ses tourelles, ses couloirs, il nous offre de nouvelles perspectives sur ce lieu chargé de secrets. 

Tous ces témoignages disséminés ici ou là à travers ce livre instaurent une vraie complicité avec le lecteur. On prend plaisir à lire ces petites anecdotes qui reflètent bien notre admiration commune pour les œuvres de John Howe.  

Cet artbook est un précieux témoignage du talent d'un homme qui a passé son temps à donner vie à l'invisible. 

Sombres ou lumineux, esquissés ou peints, tous ses dessins nous offrent la part de rêverie dont on a tant besoin dans nos vies si routinières. 


John Howe
L'Artbook
Editions Nestiveqnen

08/11/2019

Nathalie Dau & Krystal Camprubi, Légendes, créatures fantastique, éditions Auzou

Retrouvé au fond du grenier, Légendes, créatures fantastiques est un souvenir professionnel de mon stage au sein des éditions Auzou. Au vu du contenu, ce beau-livre a clairement sa place à la Une de Fantasy à la Carte

Présenté comme un grimoire, ce livre s'adresse à la jeunesse. Ici, la plume de Nathalie Dau est associée au pinceau de Krystal Camprubi pour ouvrir les portes du bestiaire merveilleux à la jeune génération. 

Avec beaucoup de pédagogie, Nathalie Dau donne quelques clés afin de comprendre ce qu'est une licorne, à quoi ressemble un dragon ou encore comment différencier une sorcière maléfique d'une bonne magicienne. 

Ce livre se divise en douze doubles-pages admirablement illustrées par Krystal Camprubi et présentant à tour de rôle la licorne, le dragon, la sorcière maléfique, la bonne dame, le lutin, la fée follette, le faune, l'ondine, le troll, la princesse en détresse et le chevalier. Chacune de ces pages est décorée d'un liseré, souvent différent, qui vient les encadrer à la manière des enluminures moyenâgeuses. 

Krystal Camprubi propose des crayonnés, des esquisses et des peintures qui viennent illustrer avec beaucoup de talent les propos de Nathalie Dau. Le livre est rempli de rabats à soulever ou à déplier pour découvrir les trésors cachés par l'illustratrice. Ainsi, elle donne la possibilité aux jeunes lecteurs de toucher le crin de la licorne ou l'étoffe de la robe de Merlin. Des privilèges rares qui ne sont réservés qu'aux initiés, vous imaginez bien !

Même si cet artbook est destiné à un jeune public, je ne peux m'empêcher de rester en admiration devant le talent de ces deux femmes. Voici deux noms de l'Imaginaire français qui font rêver les lecteurs de 7 à 77 ans. 


J'apprécie la finesse du trait dans les crayonnés de Krystal Camprubi et son souci du détail. Ses peintures sont empreintes d'un tel réalisme que l'on pourrait les prendre pour des photographies. A croire qu'elle s'est aventurée dans les lieux les plus secrets de la nature pour croquer ces créatures qui nous fascinent depuis des siècles. 

Nathalie Dau y décortique avec minutie ce qui nourrit nos contes et légendes populaires.

Cet ouvrage est un bien bel outil pour qui veut initier les enfants à la lecture et à la compréhension des contes de fées.  

Fantasy à la Carte

Nathalie Dau
Krystal Camprubi
Légendes, créatures fantastiques
Editions Philippe Auzou