L'influence du "gaming" à la littérature

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27/12/2015

Claudine Glot et Marc Nagels, Excalibur ou l’aurore du royaume, La légende arthurienne, tome 1

C’est sous la plume de deux passionnés de mythologies celtiques que renaît ici la légende arthurienne. Le mythe du roi Arthur et de ses preux chevaliers semblent être un puit d’inspiration sans fond à tout point de vue. De toute évidence, ces légendes demeurent encore et à jamais des histoires éternelles et intemporelles. Mais ce que Claudine Glot, fondatrice du Centre de l’imaginaire arthurien et l’auteur Marc Nagels ont voulu rappeler ici est l’influence non négligeable que celles-ci ont exercé sur notre fantasy moderne. En effet, la littérature fantasy s’est clairement nourrie de ce merveilleux, que l’on qualifierait aujourd’hui de magie. On peut donc dire sans se tromper qu’elle est son berceau nourricier. 

Pour ce nouveau cycle arthurien, les deux auteurs sont restés fidèles aux textes anciens relatant les hauts faits de ce roi exceptionnel. Ainsi, comme ils le précisent à la fin de l’avant-propos, ils s’inspirent notamment de L’Histoire des rois de Bretagne et de La Vie de Merlin de Geoffroy de Monmouth pour nous conter ces histoires chevaleresques du temps jadis. 

Bien entendu avant de parler de ce roi au destin hors-norme, ils reviennent entre autre sur son père Uther Pendragon. Sous le règne d’Uther, la Bretagne est encore soumise aux invasions des Saxons qu’il combat avec succès grâce à quelques alliés. L’épisode le plus remarquable à signaler sur la vie de ce souverain est son amour pour Igerne, la femme de l’un de ses proches Gorlois, le duc de Cornouailles. Voyant cet amour le consumer littéralement, Merlin lui permet grâce à l’un de ses enchantements d’approcher Igerne sous les traits du duc. De cette nuit d’amour naîtra Arthur. Naissance extraordinaire pour un homme appelé à devenir le roi le plus célèbre de Bretagne. Ce sera donc le premier acte de magie dont use l’enchanteur Merlin. Mais pourquoi a-t-il intercédé à la demande d’Uther ? Parce que Merlin est un devin. Il a prédit la venue d’un monarque à la destinée extraordinaire. De ce jour, il marchera continuellement dans les pas d’Arthur afin de le guider au mieux dans ses actes. D’ailleurs, Arthur se distingue par de grandes prouesses dès l’adolescence. La plus marquante de toutes qui le fera entrer dans la légende est bien évidemment lorsqu’il a retiré l’épée d’Uther du rocher. Par ce geste, Arthur prouve qu’il est bien le fils d’Uther Pendragon, et devient roi de Bretagne à son tour. Après son couronnement Arthur Pendragon n’aura de cesse que de s’unir avec les royaumes voisins pour mettre un terme aux invasions saxonnes, instaurer une paix durable et créer une unité nationale. 

A travers les légendes d’Arthur et de la Table Ronde, on remarque que la quête menée par le héros est fondamentale aux récits arthuriens, qu’elle soit menée par Arthur lui-même ou par l’un de ses preux d’ailleurs, tout comme elle l’est dans chaque récit de fantasy qui se respecte. 

Magie, enchantement, charme, peu importe le nom qu’on lui donne, ces exploits prodigieux sont essentiels pour que la fantasy prenne vie. Cette magie se manifeste à travers des objets ou des hommes qui en sont dotés et leur permet de réaliser des prodiges et d’atteindre ainsi leur but.

Enfin la lutte entre le Bien et le Mal demeure l’élément le plus emblématique de ces textes médiévaux ou fantasy. Ainsi, Arthur et ses chevaliers n’hésitent pas à défendre les femmes en détresse, à combattre des créatures surnaturelles ignobles comme l’hydre ou animaux sauvages assoiffés de sang. En fait, Arthur met tout en œuvre pour tenir les siens sains et saufs comme le ferait n’importe quel héros de fantasy moderne. 

A la lumière de la lecture de ce premier tome de La Légende arthurienne, on retrouve donc des éléments communs qui viennent alimenter le corpus fantasy actuel. Ainsi, lorsque l’on parle de Matière de Bretagne, on peut tout aussi bien parler de fantasy arthurienne qui apparaît comme un sous genre fantasy à part entière et qui, si on en croit les rayonnages des littératures de l’Imaginaire dans les librairies, a inspiré plus d’un auteur.
Fantasy à la carte

20/12/2015

Joanne Kathleen Rowling ou comment la magie prend forme?

Joanne Rowling est une romancière britannique née en 1965 dans le Gloucestershire, en Angleterre. Elle voit sa carrière d’écrivaine s’envoler sur le tard grâce à la notoriété mondiale de sa saga Harry Potter. Voici une auteure dont le destin est assez atypique et mérite toute notre attention. En effet, J.K. Rowling est dans une situation précaire, voire désespérée lorsqu’elle s’attelle à l’écriture des aventures de son jeune sorcier. Jeune mère divorcée vivant en partie grâce aux allocations, il lui faudra attendre de longues années et essuyer bien des refus avant de voir son histoire être éditée.

Comme beaucoup d’auteurs, elle écrit sa première histoire très jeune, à l’âge de 6 ans. Elle y conte les aventures d’un lapin prénommé Rabbit. Mais c’est à l’adolescence, à son meilleur ami qu’elle déclare vouloir devenir écrivain. D’ailleurs, pour l’anecdote, il lui aurait inspiré le portrait de son personnage Ronald Weasley. Au lycée, son intérêt se porte plus volontiers vers les langues que vers les sciences. Ensuite, elle poursuit sa scolarisation à l’université en perfectionnant son français et en se consacrant pendant un temps à l’étude des littératures antiques. Mais elle va très vite privilégier ses amis et la lecture et n’obtient qu’un diplôme de deuxième classe. Son diplôme en poche, elle déménage à Londres et décroche quelques petits boulots comme celui d’assistante de recherche chez Amnesty International. 

C’est en 1990, lors d’un voyage en train entre Manchester et Londres que germe dans son esprit l’idée d’un jeune garçon attendant le train l’emmenant vers son école de sorcellerie. Dès lors, elle va annoter toutes ses idées et conserver le tout dans des boîtes à chaussures. La disparition de sa mère en décembre 1990 la pousse à prendre ses distances et à partir s’installer au Portugal. Elle y décroche un emploi à mi-temps de professeure d’anglais qui lui laisse toute la latitude pour se consacrer à l’écriture de son roman. C’est également au Portugal qu’elle rencontre son premier mari, un journaliste, qu’elle épouse en 1992. De cette union, naîtra une fille prénommée Jessica Isabel en 1993. Mais le couple ne tient pas, et Joanne Rowling se retrouve à la rue, son bébé sous le bras. Elle retourne vivre quelques temps chez sa sœur à Edimbourg, puis finit par emménager seule avec sa fille dans un petit appartement d’un quartier populaire de cette même ville. Sa terrible situation la plonge plus ou moins dans une phase de dépression. Elle sait qu’elle doit retravailler au plus vite mais s’obstine à vouloir terminer son livre coûte que coûte afin d’essayer de le faire publier. 

A peine achevé, J.K. Rowling commence par envoyer les trois premiers chapitres à un agent littéraire qui lui retourne aussitôt car pas intéressé. En revanche, le second, lui, souhaite lire l’intégralité du roman afin de lui trouver un éditeur. Pas moins de dix éditeurs refusent le manuscrit jusqu’à ce qu’il arrive entre les mains de Barry Cunningham de Bloomsbury Publishing. Le roman est finalement publié en 1997 dans la catégorie jeunesse. La première édition a un faible tirage qui s’élève seulement à 1000 exemplaires. Mais très vite, le livre est remarqué et s’inscrit dans la liste des meilleures ventes. Ainsi, il obtient différents prix comme celui du British Book Awards ou le Children’s Book of the Year. 
En France, ce sont les éditions Gallimard qui achètent en premier les droits pour une traduction et aux Etats-Unis, les éditions Scholastic propose même de verser 105 000 dollars afin de pouvoir le publier. Grâce à cet argent, J.K. Rowling peut enfin vivre son rêve de se consacrer pleinement à l’écriture et d’en vivre. Ainsi, sous sa plume va naître sept volumes qui viennent constituer sa saga. Chaque tome correspond à une année que son héros Harry Potter passe à Poudlard. 

Chaque livre est un succès en librairie, mais la publication du quatrième tome Harry Potter et la Coupe de Feu devient un véritable phénomène avec plus d’un million d’exemplaires vendus en prévente. Traduits en pas moins de 65 langues, les sept romans totalisent plus de 400 millions d’exemplaires vendus. A ce stade, on peut clairement parler de succès mondial, que l’adaptation cinématographique ne fait que venir renforcer peu après. 

Parallèlement à l’écriture de sa célèbre série, elle publie deux ouvrages évoluant dans le même univers qu’Harry Potter, Les animaux fantastiques et Le Quidditch à travers les âges édités en 2001. Ces deux livres se présentent comme des manuels scolaires dont les petits sorciers ont l’usage à l’école Poudlard. Dans le premier, Albus Dumbledore dispense tous les conseils que tout jeune sorcier doit savoir lorsqu’il rencontre ces créatures fabuleuses. Quant au manuel sur le Quidditch, il se présente comme une bible nécessaire à tout joueur de ce sport. Il y retrouve toutes les règles répertoriées, les 700 motifs de fautes possibles et en apprend davantage sur les origines du Vif d’Or par exemple. En 2008, elle publie un livre pour enfants Les Contes de Beedle le Barde. Pour la petite histoire, ces contes seraient la traduction des runes de Beedle le Barde par le personnage d’Hermione Granger et annotée par Albus Dumbledore en personne. A l’origine, ce livre devait se limiter à sept exemplaires mais devant la déception de son public, J.K. Rowling décide d’en publier une version destinée au grand public. Ainsi, l’auteure nous démontre d’ores et déjà son désir d’aller plus loin dans l’exploration de son univers. 

C’est en 2012 qu’elle écrit son premier roman destiné à un public plus adulte, Une place à prendre. Une satire sociale à travers la vie d’un petit village où hypocrisie, jalousie et ambition mal placée se disputent le devant de la scène. 

En 2013, elle signe un premier roman policier sous le pseudonyme de Robert Galbraith. L’Appel du Coucou est édité en France chez Grasset. Premier opus d’une série mettant en scène les enquêtes du détective Cormoran Strike. Pour cette première affaire, il est chargé de déterminer si le mannequin Lula Landry s’est réellement suicidé. Thèse à laquelle la police a conclu mais qui laisse sceptique le frère de la défunte. Ce premier tome est suivi d’un deuxième en 2014 dans lequel Cormoran Strike est chargé d’éclaircir les circonstances de la disparition d’un écrivain. Quant au troisième livre, Career of evil, il n’a pas encore été traduit en France. En orientant sa plume vers d’autres horizons littéraires, J.K. Rowling prouve ainsi à son public qu’elle maîtrise tous les genres. 

Néanmoins, revenons à son cycle d’Harry Potter puisque l’importance ici est de parler de fantasy quelle que soit la forme qu’elle peut prendre. Tout commence lorsqu’un étrange vieil homme, accompagné d’un chat débarquent par une nuit noire au 4 Privet Drive à Little Whinging dans le Surrey en Angleterre et dépose un paquet sur le pas de la porte, puis disparaît. Dans ce paquet constitué de linges se trouve le très jeune Harry, encore un bébé. Un garçon marqué par un éclair sur le front dont le destin est déjà extraordinaire. Dix ans plus tard, le jeune orphelin Harry se prépare à fêter ses onze ans dans l’indifférence totale de son oncle et sa tante. Mais une chose incroyable va se passer, il trouve une lettre dans le courrier des Dursley qui lui est adressé. C’est une invitation à se présenter lors de la rentrée des classes à l’école de sorcellerie Poudlard. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que ce courrier va changer sa vie à tout jamais…
En se glissant dans le premier tome des aventures d’Harry Potter, on tombe sur un monde presque banal, celui du jeune Harry, un garçon âgé de 10 ans. Il vit avec son oncle et sa tante, Vernon et Pétunia Dursley et son cousin, du même âge. Toute son enfance, il a été chahuté par Dudley car bien plus fort que lui. Considéré comme un être insignifiant, les Dursley ont passé leur temps à le lui signifier. Déjà en le faisant dormir dans un placard sous l’escalier. Harry n’est personne, le rejeton de sa sœur, un fardeau pour Pétunia qui lui fait bien comprendre au quotidien. Atmosphère pesante pour cet orphelin en mal d’affection. A travers ses premiers chapitres, J.K. Rowling nous raconte une histoire aux accents de tragédie, celle d’un petit orphelin et de sa solitude. Rien de fantasy là-dedans, vous vous dites. En effet, l’élément qui va changer cette situation et apporter une touche de merveilleux est la réception de cette lettre adressée à Harry ou plutôt de son étonnant expéditeur, Poudlard, une école de magie. Très rationnel, Harry n’en croit pas ses yeux. Mais à partir de cet instant, bien des choses étranges vont se succéder. Déjà la folie dont est prise Vernon au point de les entraîner jusque sur une île afin de tenter d’échapper à cet afflux incessant de lettres de Poudlard. Pourquoi ? Qu’est-ce que le couple veut lui cacher ? Une école de magie, n’est-ce pas une mauvaise plaisanterie ? Autant de questions que se pose Harry. D’autant qu’il reste avec cette image gravée dans son esprit de la maison de Little Whinging entourée de nuées d’hiboux et de chouettes. Alors que les choses auraient pu en rester là, l’impensable survient. 


Perdu sur ce rocher, battu par les vents et submergé par les vagues, un demi-géant vient frapper à la porte de ce phare dans lequel les Dursley et leur neveu s’étaient réfugiés. Mais que veut-il ? Cette taille démesurée est tout simplement effrayante. Il se nomme Rubeus Hagrid et se présente comme le gardien des Clés et des Lieux à Poudlard. Il vient chercher Harry Potter. Hagrid est un personnage clé car il est celui qui va dévoiler à Harry l’existence d’un monde enchanté, une sorte de société secrète ignorée des non-détenteurs de magie, autrement dit des Moldus. Dès lors, cette saga Harry Potter s’inscrit dans un contexte de fantasy. En effet, nous sommes ici dans une société contemporaine à la nôtre mais qui présente une nette séparation entre le monde des Moldus, dont est issu Harry et celui des sorciers qu’il est sur le point de connaître. D'ailleurs, les Moldus ne doivent jamais apprendre l'existence des sorciers. L'usage de la magie est interdite en dehors de l'école. Enfreindre cette règle, c'est s'exposer à de graves sanctions. Les sorciers confirmés pratiquent cette magie mais toujours à l'abri des regards des non-initiés. Et si par malheur, ces derniers se trouvent témoins de phénomènes surnaturels, ils doivent subir un sort d'oubli. Dans le monde inventé par J.K. Rowling, ces sorciers vivent finalement comme des humains lambda. Les enfants vont à l’école aussi, ils y suivent un programme scolaire adapté et participent à des activités extra-scolaires très personnalisées. 

Bien évidemment dans cet univers, la magie est à l’œuvre et revêt bien des formes. Ainsi, les enfants qu’ils soient des sorciers dits de « Sang-Pur » (c'est-à-dire nés de deux parents sorciers) ou né de parents Moldus mais présentant une prédisposition à la sorcellerie, tous doivent être formés à la célèbre école de magie, Poudlard. D’ores et déjà, cette institution apparaît comme un haut-lieu d’enchantement. Elle dispense un certain nombre de cours en rapport comme la fabrication de potions, la maîtrise des sortilèges, la connaissance des créatures fantastiques, l’initiation à la botanique, ou encore l’aptitude aux techniques de divination et autres présages. La particularité à signaler de ce pensionnat est la répartition des élèves en quatre maisons : Gryffondor, Serpentard, Pouffsouffle et Serdaigle. Cette désignation se fait selon un rituel fabuleux puisque c’est le « choixpeau » magique placé sur la tête de l’élève lors de la cérémonie de rentrée qui décide vers quelle maison celui-ci ira. Un objet que l’on croira donc sans peine ensorcelé. 

Cette magie qui apparaît clairement comme le fil conducteur du récit de J.K. Rowling se manifeste également par d’autres objets indispensables à tout bon sorcier comme la baguette magique. La singularité ici est que lorsque les nouveaux sorciers se rendent chez Ollivander, grand fabricant de baguettes, ce n’est pas eux qui la choisissent, mais bien la baguette elle-même qui reconnaît son futur détenteur. Chacune est unique et renferme des propriétés spéciales. Elle est nécessaire au magicien pour affûter le lancement de ses sorts. Autre artefact merveilleux est le Portoloin, dont la particularité est d’être d’apparence anodine mais permet de se déplacer d’un endroit à l’autre à un horaire précis. Le miroir du Riséd est quant à lui un miroir magique qui a la capacité non pas de refléter son image mais plutôt de montrer ce que l'on désire le plus fort. Ainsi Harry Potter y voit ses parents prendre place à ses côtés. Enfin la poudre de cheminette permet de se déplacer de cheminée en cheminée en indiquant bien sa destination avant de la jeter dans le feu. 
Autre lieu où la magie est palpable, le fameux Chemin de Traverse, une rue commerçante destinée aux sorciers et aux sorcières. Ils y retrouvent tous les accessoires et les grimoires nécessaires à pratiquer leur art. Gringotts, la banque des sorciers tenue par les terribles gobelins s’y trouve également. L’établissement est d’ailleurs réputé imprenable à cause des nombreux sortilèges qui protègent les coffres forts. 

La variété de créatures surnaturelles que rencontrent Harry et ses amis démontre également le caractère fantasmagorique du récit. La plupart sont issues du bestiaire merveilleux classique comme les centaures qui peuplent la Forêt interdite jouxtant le domaine de Poudlard, le basilic qui pétrifie de son regard les malheureuses victimes qui le rencontrent dans Harry Potter et la chambre des secrets, le cerbère apprivoisé par Hagrid et chargé de veiller sur la Pierre Philosophale dans Harry Potter à l’école des sorciers, ou encore l’hippogriffe, à l’image de Buck qui aidera Sirius à s’échapper dans Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban. Mais l’auteure laisse son imagination déborder parfois et il lui arrive d’agrémenter son récit de créatures très personnelles comme le Détraqueur, un être maléfique enveloppé d’une cape et dont le visage est dissimulé sous une capuche. Lorsque l’on croise le chemin de l’un d’eux, on perd le goût de vivre, le bonheur nous fuit et les mauvais souvenirs nous submergent. Il y a aussi l’Epouvantard dont on ignore l’apparence originelle puisque lorsqu’on le rencontre, on ne voit en lui que nos peurs les plus profondes prendre vie. 

Tout comme son personnage de Severus Rogue, maître en potions, J.K. Rowling nous démontre tout au long de ses romans qu’elle excelle également dans cet art. En effet, mélanger des animaux merveilleux, des êtes fantasmagoriques, des objets ensorcelés et les pouvoirs détenus par de puissants magiciens ne pouvaient qu’aboutir à un filtre très attirant. Pari réussi pour cette jeune auteure dont la saga se classe dès sa sortie parmi les récits fantastiques de haut vol. 

Derrière ce cycle d’Harry Potter se cache une autre visée. En fait, il ne s’agit pas seulement ici de raconter comment un jeune garçon va devenir un grand sorcier, mais surtout de voir s’installer au fur et à mesure des tomes cette lutte du Bien et du Mal qui va s'ancrer de plus en plus fort dans le récit. On le sait cette lutte manichéenne est la base des textes traditionnels de fantasy et il s’avère qu’elle est également le socle de la trame de J.K. Rowling. En survivant à Lord Voldemort, Harry Potter est devenu un héros, un symbole d’espoir pour toute la communauté magique. On peut donc survivre face au Mal absolu et même le vaincre. Ce fut le cas pour Harry alors qu’il n’était qu’un bébé, non pas qu’il était puissant mais le sort d’amour et de protection tissé par sa mère l’était, lui. Lorsque Voldemort fait son grand retour, beaucoup se tournent vers Harry qui apparaît comme l’élu, comme le seul être bienfaisant capable de les sauver contre cette profonde noirceur. Bien entendu, cette révélation ne va pas apparaître dès les premières lignes de l’histoire. J.K. Rowling écrit son roman en sept tomes, ce n’est sans doute pas pour rien. Il faut laisser le temps à son personnage de mûrir, de prendre de la puissance. Poudlard est d’ailleurs là pour ça, pour le former à devenir un sorcier extraordinaire. Mais à la fin du premier tome, Harry le pressent déjà, ses affrontements avec Voldemort ne font que commencer, et arrivera le moment où l’un devra céder la place à l’autre. Mais avant cela, il a une quête à mener, celle de comprendre qui il est? Quelles sont ses origines? Puis vient sa quête de vengeance qui s'installe dès la fin du premier opus. Celle-ci va enfler lorsque de nouvelles personnes qui lui sont chères vont perdre également la vie à cause de Voldemort. Mais finalement, c'est bien dans une quête de survie qu'Harry va s'engager dans les derniers moments de son aventure. Non seulement Voldemort est un danger pour les sorciers mais également pour le monde entier qu'il veut asservir. Il est clairement un tueur qui ne cherche qu'une chose, gagner l'immortalité à n'importe quel prix. Or pour triompher du mal, Harry doit commencer par comprendre son ennemi intiment, afin de déterminer ses forces et ses faiblesses. Pour y arriver, des compagnons le soutiendront et lui apporteront toute l’aide nécessaire. En premier lieu, il y a ses deux inséparables amis, Hermione Granger et Ronald Weasley. Mais d’autres viendront grossir les rangs au fur et à mesure de l’aventure comme Albus Dumbledore qui fait office de sage, Sirius Black, la famille Weasley au complet, Remus Lupin, Luna Lovegood, Rubeus Hagrid et bien d’autres encore. Du côté obscur, Voldemort ne manque pas de disciples qu’Harry et les siens vont devoir affronter tour à tour comme Lucius Malefoy, Bellatrix Lestrange ou Peter Pettigrow. Ces derniers qui se surnomment eux-mêmes Mangemorts sont là pour affaiblir Harry Potter, l’isoler, voir le tuer. D’ailleurs, certains affrontements seront si sanglants pour les deux camps qu'ils ne s’en sortiront pas indemnes. Dans la saga de J.K. Rowling la mort rôde et emporte bien des âmes avec elle.
Cataloguer comme de la littérature pour enfants, Harry Potter dévoile peu à peu ses ténèbres et sa complexité aux lecteurs. Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent dans cette série de romans. Ainsi, les Dursley ne forment pas une famille douce et aimante, Poudlard n’est pas un simple établissement scolaire, et notre monde ne dévoile pas toujours toutes ses réalités. Car pour J.K. Rowling la magie existe, et elle est loin d’être toujours bienfaisante. L’homme est ce qu’il est, et si vous lui donnez un pouvoir, il n’en fera pas forcément quelque-chose de bien. Ainsi, la magie est détournée et pervertie. Il revient donc à Harry Potter de nous montrer qu'il est plus fort que ça. Mais comment vaincre le Mal le plus noir? Peut-être que la solution réside dans un sentiment très humain car l'amour n'est-il pas l'enchantement le plus fort?


En fait, sous la plume de J.K. Rowling la magie devient juste époustouflante. Harry Potter, c’est de l'envoûtement à l’état pur, c’est un récit rondement mené jusque dans ses dernières lignes, c’est une intrigue prenante mais aussi et surtout une quantité de personnages tous plus attachants les uns que les autres. L'auteure a bien soigné chacun d'entre eux. Tout est dépeint avec minutie et réalisme. Elle nous met dans la confidence d'un monde parallèle au nôtre, plus merveilleux mais aussi plus dangereux. Avec Harry Potter, le rêve prend tout simplement vie. Pour toutes ses raisons, on peut légitiment dire que ce cycle fait partie aujourd’hui des grands classiques de fantasy.


Fantasy à la carte

13/12/2015

Terry Pratchett, Mortimer, Les Annales du Disque-Monde, tome 4

L'histoire de Mortimer n'est pas banale. Remarquez avec un prénom pareil, il ne pouvait qu'être prédestiné à vivre de telles aventures. 

Inquiet pour l'avenir de son fils, le père du jeune Mortimer décide de l'emmener à la foire à l'embauche afin de lui trouver un apprentissage. Seulement la journée passant, aucun entrepreneur ou commerçant ne voulut de lui. Mais les dernières minutes de cette étrange journée seront décisives pour l'adolescent lorsque la Mort en personne se pointe et lui propose de l'engager. Proposition surprenante. A qui le dites-vous? Passée la surprise, Mortimer y voit une belle opportunité et accepte de bonnes grâces. Et pour La Mort ce sera une occasion de déléguer et de prendre du bon temps.

Mais ce sont de grandes responsabilités qui vont peser sur les frêles épaules du jeune homme. Est-ce bien raisonnable de confier une mission aussi importante que celle de récolter les âmes à un jeune garçon écervelé? 

Dans tous les cas, Terry Pratchett nous promet encore une fois une aventure des plus divertissantes. En effet, c'est dans une série de faux pas, de bévues et d'erreurs de jugement que nous conduit Mortimer. 

La Mort qui s'éclipse pour laisser un adolescent aux commandes, voilà bien un scénario qui ne manque pas de charme et de créativité. Dans ce quatrième tome la loufoquerie pratchettienne est encore à l'oeuvre. 

Fantasy à la carte

06/12/2015

Il était une fois: Once Upon a time

Le lancement de la saison 5 de Once Upon a time sur ABC aux Etats-Unis est une occasion pour Fantasy à la carte de parler de cette série dont le scénario gravite autour des contes de fées. La première chose à révéler sur cette série américaine est qu’elle a été créée par Edward Kitsis et Adam Horowitz. C’est à partir du 23 octobre 2011 qu’elle est diffusée aux Etats-Unis et du 1er décembre 2012 en France. 

Cette série de fantasy urbaine alterne deux espace-temps, le passé incarné par un moyen-âge revisité dans lequel évoluent tous les grands personnages qui ont fait le succès des contes de fées et le présent qui est fait de notre monde moderne dans lequel ces héros merveilleux sont piégés et amnésiques. L’histoire débute par le mariage de Blanche-Neige et du Prince Charmant qui est interrompu par l’arrivée inopinée de la méchante Reine. Cette dernière est bien décidée à briser ce bonheur parfait et lance une malédiction sur tous les invités. Le couple d’amoureux craint le pire surtout lorsque Blanche-Neige met au monde leur fille, Emma. La nuit de cette naissance est effroyable et marque le début de cette terrible malédiction. Juste avant que celle-ci ne s’accomplisse, Blanche-Neige et son prince envoient leur bébé dans un autre monde pour la protéger sans savoir ce qu’il adviendra vraiment d’elle. 

Parallèlement on suit une Emma Swan devenue adulte qui vit seule à Boston jusqu’au jour où son petit garçon qu’elle a abandonné à la naissance fait irruption dans sa vie avec une étrange histoire. Il commence par lui montrer un livre sur les contes de fées et lui explique que la méchante reine n’est autre que sa mère adoptive et que tous les héros des contes sont prisonniers à Storybrook sans le savoir. Ne croyant guère à ses enfantillages, Emma raccompagne tout de même son fils chez lui et décide de séjourner quelques temps dans cette étrange ville. Mais plusieurs sombres découvertes pourraient bien jeter le trouble dans son esprit. Et si Henry disait vrai…

Once upon a time est une incroyable série qui redonne vie aux plus grandes épopées magiques qui ont bercé notre enfance. C’est un cocktail de charme et de merveilleux agrémenté d’une bonne pincée de mystère. A chaque épisode, on retrouve de nouveaux personnages merveilleux et on se laisse envoûter par leurs nouvelles aventures. Edward Kitsis et Adam Horowitz ont su se réapproprier les comptines de notre enfance pour nous servir sur un plateau un scénario surprenant et original à chaque épisode.

Côté acteurs, on peut souligner la prestation exceptionnelle d’une reine mère incarnée par Lana Parilla plus démoniaque que jamais et un Robert Carlyle dans son rôle de Rumplestiltskin tellement ténébreux. En effet, dans cette production, les méchants occupent autant le devant de la scène que les gentils. Les acteurs ont bien travaillé leurs personnages et c’est un plaisir total que de les voir évoluer. Finalement, les méchants ont leurs talons d’Achille et peuvent se montrer si humains parfois. Quant aux gentils, il arrive aussi que la fin justifie les moyens et ces derniers peuvent se montrer presque aussi féroces et redoutables que les vrais méchants. Alors qui est véritablement le mal incarné dans Once Upon a time, à vous de le découvrir sur vos écrans….

Fantasy à la carte

29/11/2015

Fabien Cerutti, Le Fou prend le Roi, Le Bâtard de Kosigan, tome 2

1899, alors que Michael Konnigan tente de faire le jour sur ses origines, il nous dévoile peu à peu une Histoire de France inédite grâce aux chroniques de son aïeul, Pierre Cordwain de Kosigan. 

Dans ce second volet, Pierre Cordwain se voit confier une nouvelle mission par le sénéchal d’Angleterre. En effet, Edward III a entendu dire qu’un complot se tramait dans l’ombre du roi de France, Philippe VI. Pour savoir ce qu’il en est, il charge le Bâtard et ses Loups de faire la lumière sur ces intrigues. C’est donc dans une mission extrêmement délicate que se lance Pierre. Mais comme tout bon mercenaire qui se respecte, il ne peut se permettre de refuser. La récompense est alléchante et il faut bien le dire, sa curiosité l’emporte. La première étape à suivre est donc pour lui et ses hommes de s’infiltrer auprès du roi de France. 

Pour cela, il imagine un stratagème efficace, celui de sauver la fille du connétable de France, Hugues Quieret. Pari audacieux quand on pense à tous ses ennemis bourguignons qui gravitent autour du roi, mais nécessaire pour approcher sa Majesté et son entourage. Il est de notoriété que le Bâtard de Kosigan se croit plus malin que tout le monde sauf qu’il ne s’attendait pas à l’assassinat du fils du roi de France et d’être accusé de ce meurtre. Un premier estoc qui va un peu le déstabiliser et lui prouver que ce n’est pas lui cette fois qui mène la partie. Pour se défaire de cette accusation, il va devoir user de toute sa persuasion auprès de Philippe VI. Il y parvient à la condition de trouver lui-même le vrai coupable de ce crime odieux. 

Le voilà donc chargé de deux missions périlleuses qui sont sans doute liées car le hasard n’a pas sa place dans les affaires d’Etat. 

Fabien Cerutti inscrit son intrigue au cœur d’une querelle qui va durer 138 ans. Cette guerre de Cent ans est le fruit d’un conflit entre Edward III et Philippe VI de Valois. Alors que le dernier héritier mâle de Philippe le Bel meurt sans descendance, la question de la succession se pose. Est-ce que c’est le fils d’Isabelle de France, dernière fille de Philippe le Bel à qui revient le titre ? Ou est-ce que ce titre irait plutôt à l’un des neveux de Philippe le Bel ? Finalement, c’est Philippe VI de Valois qui est choisi par ses pairs pour devenir roi de France. En effet, il n’était pas possible de confier le royaume à un étranger. Edward III prête de mauvaise grâce allégeance à Philippe VI mais s’attend à avoir les mains libres pour pousser son hégémonie du côté de l’Ecosse. Sauf que Philippe VI confirme son soutien à David II d’Ecosse. Ce qui est pour déplaire à Edward III qui saisit ce prétexte pour légitimer sa revendication du trône de France et déclencher ainsi la guerre. Voilà où nous en sommes lorsque le Bâtard de Kosigan entre en scène. Edward III a besoin de savoir ce qui se trame côté français afin d’en tirer le meilleur et gagner cette guerre. 

Dans Le Fou prend le Roi, Fabien Cerutti malmène son mercenaire de toutes les manières possibles. Il va clairement y laisser des plumes et la note sera salée. D’ailleurs, lorsque les forces occultes sont à l’œuvre, il est difficile de faire le poids. Finalement, Pierre de Kosigan risque de se retrouver bien impuissant face aux événements à venir. 

Dès lors, Fabien Cerutti apparaît comme un conteur d’excellence qui nous présente une Histoire de France et d’Angleterre revisitée dans laquelle la magie noire s’épanouit à la cour des grands de ce monde. Finalement qui peut dire ce qui s’est réellement passé dans les couloirs du pouvoir ?

Fantasy à la carte

22/11/2015

Terry Pratchett, La huitième fille, Les Annales du Disque-Monde, tome 3

Ce troisième opus des Annales du Disque-Monde met sur le devant de la scène de nouveaux personnages. On ne va plus suivre ici les aventures rocambolesques de Rincevent et de Deuxfleurs, mais plutôt celles d'une étrange petite fille et de sa grand-mère. Il avait été prédit qu'un huitième fils naîtrait lui-même d'un huitième fils et deviendrait un mage puissant. Mais les présages sont-ils toujours justes? C'est à se demander quand on voit la surprenante naissance d'Eskarina. Elle qui devait être un garçon, c'est comme qui dirait raté. 

A ce moment-là de l'histoire, on se dit qu'il ne sera donc pas question de mage mais plutôt d'une simple sorcière. Erreur. Car rien ne peut arrêter le rituel et Eskarina est bien appelée à devenir un mage. En tout cas Mémé Ciredutemps va tout faire pour que cela se passe ainsi.

Pas facile de combattre les préjugés, de lutter contre le machisme. Terry Pratchett démontre à travers sa nouvelle histoire que l'on peut passer au-dessus de cela avec beaucoup de persévérance et de ténacité. 

Encore une aventure haute en couleurs avec une petite fille qui tient la dragée haute au plus confirmé des mages. Terry Pratchett est une nouvelle fois en verve et alimente un récit qui ne manque pas de piment. 

Fantasy à la carte

15/11/2015

Le phénomène Twilight

C’est en 2008 que l’adaptation du premier opus de la célèbre saga Twilight de Stephenie Meyer voit le jour. Près de 3 729 653 Français se pressent pour voir leurs héros prendre vie à l’écran. Pour rappel Fascination (le premier tome) raconte le destin d’une adolescente de 17 ans prénommée Isabella Swan. Alors qu’elle habitait avec sa mère et son beau-père à Phenix, Bella est contrainte de retourner vivre quelques temps chez son père dans cette toute petite ville humide de Forks. Dure pour notre adolescente habituée aux grosses chaleurs et à l’animation des grandes villes. Pas facile non plus en cours d’année de se fondre dans le décor d’un nouveau lycée, de se faire des amis, et tout simplement de s’intégrer. Tout va changer lorsqu’elle fait la connaissance de cet étrange et irrésistible camarade de classe : le beau, l’insondable Edward Cullen. A partir de cet instant, va se jouer un incessant balai d’attirance et de répulsion entre les deux adolescents. Quel étrange jeune homme dont l’humeur changeant semble parfaitement s’accorder avec ses iris qui virent d’une couleur à l’autre. Pourquoi la déteste-il autant et se retrouve pourtant toujours sur son chemin là où elle ne l’attend pas ? Il l’intrigue autant qu’il la fascine. Alors pour mieux le comprendre, elle va mener une enquête qui va la conduire dans un monde étrange, surréaliste mais aussi lui faire vivre les plus grands dangers. Une saga de bit-lit qui créé l’événement dès sa sortie dans les librairies aussi bien aux Etats-Unis qu’en France. Ainsi, les éditions Hachette en publie 100 000 exemplaires qui se vendent en deux jours. Un succès qui est sans doute le fruit d’une campagne promotionnelle exceptionnelle. Au final les quatre romans de Stephenie Meyer se vendront à plus de 18 000 000 d’exemplaires dans pas moins de 37 pays. Des chiffres impressionnants qui ne pouvaient que conduire à une adaptation cinématographique. 

Twilight, c’est cinq films réalisés par quatre réalisateurs différents. Le premier chapitre est donc réalisé par Catherine Hardwicke en 2008, le second par Chris Weitz en 2009, le troisième par David Slade en 2010 et les deux derniers puisque Révélation est adaptée en deux films par Bill Condon entre 2010 et 2011. Autant de réalisateurs qui montrent l’ampleur de la tâche. 

Mais Twilight, c’est aussi une pléiade d’acteurs qui ont su apporter, grâce à leurs jeux, toute la mesure à ces films. Robert Pattinson incarne tellement bien Edward Cullen qu’il crève l’écran. C’est toute une génération d’adolescentes et de femmes adultes qui sont fascinées par le bellâtre. Quel amour il fait transparaître dans son regard lorsque ses yeux se posent sur sa partenaire Kristen Stewart (Bella Swan). Qui n’a pas ressenti le frisson en le regardant se mouvoir auprès d’elle ? On sent complètement sa souffrance, sa douleur car aimer, c’est aussi souffrir, se languir, avoir peur. Peur de perdre l’autre de toutes les manières possibles. Il est totalement consumé par son amour. Robert Pattinson est réellement habité par son personnage et nous avec lui. 

Autre tête d’affiche dont l’évolution est sacrément remarquable est Taylor Lautner alias Jacob Black. L’acteur semble grandir en même temps que son personnage. Autant au début de l’histoire il a un petit rôle d’adolescent timide et effacé, autant au fur et à mesure des livres comme des films, Taylor Lautner prend de l’importance. Il s’affirme à l’écran comme son personnage dans la vie de Bella. Le second film est un tremplin pour lui car il lui permet d’occuper le devant de la scène. Il se coupe les cheveux, prend du muscle et devient un homme. Taylor Lautner est chaud comme la braise à l’image du loup-garou qu’il incarne. Le petit plus qu’il apporte, c’est cette touche d’humour qui allège l’ambiance. Il a ces petites répliques qui ne manquent pas de piment et qui le rendent si attachant. Alors qu’Edward est froid et grave, Jacob est chaud et amusant. Un contraste saisissant qui nous pousse à nous demander pour qui Bella va-t-elle craquer au final ?

Du côté des seconds rôles, il y a certains acteurs à citer car leur performance est toute aussi brillante. C’est le cas de Peter Facinelli qui incarne le docteur Carlisle Cullen, le père adoptif des enfants Cullen. Il a une vraie présence à l’écran qui lui permet de se couler avec brio dans sa fonction de chef de famille mais aussi de médecin respectable. Carlisle est celui qui va canaliser toute sa tribu. Il est une véritable référence. Apaisant aussi bien pour les humains que pour les vampires, finalement. 
Le couple Alice / Jasper joué par Ashley Greene et Jackson Rathbone est sans doute le plus aimé après celui formé par Bella et Edward. Pourquoi ? Peut-être parce que Ashley Greene y incarne une Alice si pétillante qu’on ne peut que l’adorer et ce dès ses premières apparitions dans les films. Quant à Jackson Rathbone, on apprend à le connaître dans le troisième opus. Alors que les deux premiers films nous avaient donné l’impression d’avoir à faire à un vampire effacé et incontrôlable, la suite de la saga va nous démontrer que c’est un sacré personnage au lourd passé. Jackson a su donner de l’épaisseur à son personnage. Il nous le rend finalement très envoûtant. Et quel tandem merveilleux il forme avec sa partenaire. Ashley y incarne pleinement sa rédemption. Elle est son paradis perdu et retrouvé. 
Autre vampire à évoquer dont l’évolution est radicale est Rosalie interprétée par Nikki Reed. Elle a su rendre son personnage si détestable dans les premiers films, et puis nous faire changer le regard que l’on a sur elle en une femme très touchante. 
Enfin, Billy Burke qui joue le père de Bella. Un rôle à sa mesure. Celui d’un père aimant et paumé. Taciturne comme un homme peut l’être au début de l’histoire, et dépassé par les amours compliqués de son adolescente de fille, Billy Burke y est bouleversant au fil des films jusqu’à atteindre son paroxysme d’émotions dans le dernier chapitre. 

Bien entendu, il ne faut pas oublier le clan des Volturi qui représente la menace ultime pesant sur les Cullen et leur entourage. Ils sont la représentation du véritable vampire, à savoir une créature froide, imprévisible, dangereuse, assoiffée de sang tout simplement. Les deux Volturi les plus marquants sont bien évidemment Aro, alias Michael Sheen et Jane qui n'est autre que Dakota Fanning. Lui a l'air si fantasque, si léger que l'on pourrait le sous-estimer. Et pourtant, lorsque l'on croise le regard hanté de Michael Sheen, on sent la peur s'insinuer en nous, quelle folie l'habite. Quant à Dakota Fanning, une vraie poupée de porcelaine mais ne vous y trompez pas, elle est sans doute la Volturi la plus dangereuse. La présence de ce clan, c'est aussi le moyen pour les réalisateurs d'offrir aux spectateurs de sacrées belles scènes de combats car les vampires de Stephenie Meyer se brisent comme de la glace. 

Twilight, c’est donc aussi de sacrés effets spéciaux comme les scènes où les immenses loups-garous apparaissent et particulièrement cette transformation de l’humain en animal. Tout simplement décoiffant. Ceux-ci sont réalisés par Tippet Studio. Entre le second et le cinquième chapitre, on passe de quatre à seize loups. Ce qui est pour le moins impressionnant et demande un sacré travail. La vitesse de déplacement des vampires est également prodigieuse. Sans parler des scènes de combats entre toutes ces créatures surnaturelles qui sont vraiment spectaculaires. Le tout mis en relief avec une fameuse playlist, d’ailleurs. 



Finalement Twilight demeure un phénomène cinématographique avec son box-office français qui a cartonné à plus de 18 000 000 entrées pour les cinq volets. Comme quoi les premiers émois adolescents, la découverte de l’autre, l’acceptation de la différence et la rencontre avec l’amour vrai et pur sont des thèmes qui ont encore de beaux jours devant eux au cinéma comme en littérature.


Fantasy à la carte

08/11/2015

Terry Pratchett, Le huitième sortilège, Les Annales du Disque-Monde, tome 2

Pour ce second tome, nous retrouvons nos deux compères dans une fâcheuse posture. Pour échapper à Krull, un astronome un peu fou, ils se sont embarqués dans une capsule spatiale mise en orbite autour de la grande A’Tuin. L’idée était ingénieuse jusqu’à ce qu’ils souhaitent en sortir. Car comment peut-on s’extraire du cosmos ? Peut-être avec une bonne dose de chance, qui sait ?

En attendant les premières lignes du roman annoncent déjà une aventure qui ne manquera pas de punch et de rebondissements.

D’autre part, les péripéties de nos deux héros ne se feront pas sans de curieux faces-a-faces, pas toujours agréables d’ailleurs. Comme le moment où ils ont dû sortir des griffes de dragons pour le moins surprenants. Mais il sera également question ici de belles rencontres comme celle avec le plus célèbre héros de fantasy Cohen le Barbare. Certes un Cohen vieillissant mais qui ne manque pas de ressort. Ainsi, nouer une amitié avec lui pourrait présenter quelques avantages non négligeables, particulièrement lorsque le danger rôde. Il est toujours utile d’avoir un héros pour protecteur.

Chemin faisant, Rincevent et Deuxfleurs vont s’en retourner vers Ankh Morpok et sa célèbre université de l’Invisible. Pourquoi ? Peut-être parce qu’une terrible menace, en fait non, deux effroyables menaces pourraient bien précipiter la destruction du Disque-Monde et entraîner la mort de la grande A’Tuin. Mais pour autant nos deux héros seront-ils à la hauteur ?

Terry Pratchett pose donc avec ce diptyque les bases d’un cycle d’une fantasy aussi déjantée qu’incroyable.



Fantasy à la carte


01/11/2015

James Tollum, Apophian, La prophétie des éléments, tome 3

Apophian conclut magistralement cette saga exceptionnelle de fantasy française.

Les sceaux magiques qui retenaient prisonnier le terrible démon Apophian sont sur le point de céder. La prophétie des éléments doit s'accomplir. Il est temps pour les gardiens d'unir leurs forces pour renvoyer le démon dans les limbes de l'oubli.

Le temps est donc compté pour Ethan, il ne lui reste que très peu de jours pour démasquer l'imposteur et trouver sa place parmi les gardiens. L'heure est grave. La guerre se prépare et les combats s'annoncent sanglants. Les ennemis se rassemblent sous l'égide de puissants sorciers à l'image d'Arkan qui s'est acharné sur Ethan depuis le début des aventures. Ce sont des hordes de goules, de harpies, de gobelins que vont devoir affronter les coalisés lors de l'ultime bataille. Rambi, Ashak, Mira, Ethan, Allarus ou encore Malak vont tenter le tout pour le tout au nom de la liberté, de la survie des Deux Terres, et de la vie même.

La prophétie des éléments est une trilogie qui vient s'inscrire dans la lignée des plus grandes sagas de high fantasy.

Derrière les mots de ce jeune auteur, on sent l'influence des grands noms comme J.R.R. Tolkien, Terry Goodkind ou Robert Jordan qui ont fait de la high fantasy un genre littéraire à part entière.

James Tollum a cette capacité de distiller une tension grandissante au fur et à mesure des chapitres de ce dernier tome rendant notre lecture si fébrile.

Lire Apophian devient un besoin absolu, celui d'atteindre son dénouement à tout prix.

Au vue de la qualité de cette première trilogie, il me paraît évident de dire que James Tollum apparaît déjà comme un auteur de fantasy française de la même trempe qu'Olivier Peru, Pierre Pevel, Michel Robert ou encore Pierre Grimbert, à savoir les grandes références françaises de l'actualité littéraire fantasy.



Fantasy à la carte

25/10/2015

Terry Pratchett, ou comment conquérir le Disque-Monde?

Terence David John Pratchett est un écrivain britannique de fantasy parodique. Il est né en 1948 à Beaconsfield et est décédé il y a peu, le 12 mars 2015 à Broad Chalke.

Dans son enfance, il se passionne d’abord pour l’astronomie, puis s’intéresse à la science-fiction jusqu’à assister à des conventions à partir de 1963. Il est à noter que ses premières lectures des œuvres de H. G. Wells et d’Arthur Conan Doyle influenceront son écriture plus tard. 

C’est à l’âge de 13 ans qu’il publie sa première nouvelle The Hades Business dans un fanzine de son école. Nouvelle qui sera d’ailleurs rééditée deux ans plus tard dans une revue professionnelle. 

Terry Pratchett est un adolescent qui s’intéresse à tout. Ainsi, il commence une formation en Art, en Histoire puis en Anglais avant de s’orienter vers le journalisme en 1965. Grand amateur de livres, il publie son premier roman, Le Peuple du Tapis en 1971 qui reçoit un succès relatif malgré quelques bonnes critiques. 

Entre 1970 et 1980, il devient rédacteur et dessinateur pour différents journaux. On lui connait notamment la série Warlock Hall qui raconte la vie d’une agence de recherche paranormale. 

Même si en 1980 il obtient le poste d’attaché de presse au sein d’une société gérant trois centrales nucléaires, il n’en met pas pour autant de côté l’écriture. En effet, il publie en 1976 La face sombre du soleil puis Strate-à-gemmes en 1981. Néanmoins, malgré l’humour filtrant déjà à travers ses titres, Terry Pratchett demeure encore dans l’anonymat. Pour que cela change, il faut attendre la publication de La Huitième Couleur qui sera le premier volume des Annales du Disque-Monde. En fait, l’auteur va bénéficier d’un petit coup de pouce lorsque la BBC accepte de diffuser une version radiophonique du roman. Le second tome, Le Huitième Sortilège vient confirmer cet engouement du public. En 1987, lorsqu’il met un point final au quatrième volume, Terry Pratchett décide de se consacrer pleinement à l’écriture et arrête d’exercer son emploi d’attaché de presse. Une sage décision face au triomphe de Sourcellerie qui incite même son éditeur à lui commander six autres nouveaux romans. Dès lors, Pratchett démontre qu’il est un auteur prolifère en écrivant deux romans par an. Ainsi, Les Annales du Disque-Monde comptent 27 romans dont chaque tome s’attache à explorer cet univers fabuleux, baroque et farfelu imaginé par l’auteur. 




Mais ce dernier a été plus loin puisqu’il a même collaboré à des livres gravitant autour de cet univers. Il co-écrit ainsi avec Stephen Briggs un guide encyclopédique du Disque-Monde, Le Vade-Mecum (1994), qui sera d’ailleurs réédité en 2003 sous le titre Le Nouveau VadeMecum. L’année d’après, il élabore une carte géographique associée à un livret regroupant des éléments biographiques des différents explorateurs du Disque. Enfin, il va même jusqu’à écrire avec Tina Hannan un livre de cuisine aux notes humoristiques, Les Recettes de Nounou Ogg. En compagnie du mathématicien Ian Stewart et du biologiste Jack Cohen, il se lance dans une série de livres sur la science du Disque-Monde. Pour ces ouvrages de vulgarisation scientifique, il sera d’ailleurs récompensé par un diplôme honorifique délivré par l’université de Warwick. 


Terry Pratchett est également l’auteur de quelques livres pour enfants, parmi lesquels on peut notamment citer la trilogie du Grand Livre des gnomes publiée entre 1988 et 1990, ou encore Les Aventures de Johnny Maxwell (1992-1996). En 2012, il écrit un dernier roman jeunesse Roublard dans lequel le héros rencontre des personnes ayant réellement existées comme Charles Dickens. 

Côté littérature pour adultes, il publie une uchronie en 2008, Nation dont l’action se déroule au milieu du XIX e siècle. Ensuite, il s’associe à Stephen Baxter pour co-écrire une série s’axant autour des mondes parallèles à la Terre. Trois volets vont en ressortir, La Longue Terre en 2013, La Longue Guerre en 2014 et The Long Utopia en 2015. 

Bien entendu, on ne peut pas parler de la fantasy pratchettienne sans revenir plus longuement sur son œuvre majeure des Annales du Disque-Monde. Cette gigantesque saga suit tour à tour une série de personnages tous plus étonnants les uns que les autres dans leur exploration du Disque. A la différence de la fantasy commune mettant en scène une communauté de héros dont le but ultime est de mener à bien une quête et le plus souvent de sauver le monde, Terry Pratchett, lui, va apporter un autre souffle au genre. Ici, on colle aux basques de héros inattendus qui se retrouvent enrôlés dans des aventures hasardeuses et étranges. Ainsi, le cycle démarre avec l’arrivée d’un étranger prénommé Deuxfleurs dans la ville d’Ankh-Morpork. Cet homme semble sortir tout droit du futur avec ses expressions modernes et ses appareils avant-gardistes par rapport à l’époque médiévale qui est décrite ici. Mais c’est surtout lorsque Deuxfleurs rencontre le mage Rincevent que l’aventure va réellement débuter. Chargé par le praticien de la cité, Rincevent n’a pas d’autres choix que de suivre l’étranger dans ses pérégrinations déconcertantes car Deuxfleurs est un touriste et son seul but est de partir à la découverte de ce monde fabuleux. 

Pourquoi est-il si fabuleux d’ailleurs ? Peut-être parce qu’il est constitué d’un immense disque plat soutenu par quatre éléphants : Bérilla, Tubul, Ti-Phon et Jérakine, eux-mêmes reposant sur le dos d’une tortue géante, prénommée la Grande A’Tuin qui navigue dans le cosmos. Voici donc un univers qui n’a pas son pareil dans ce qui se fait en littérature fantasy. Originalité et singularité seront donc les maîtres-mots de cette série. 
Néanmoins, des critères communs au genre transparaissent à travers ses textes comme la magie qui demeure un élément omniprésent dans la totalité des aventures du Disque-Monde. Elle se manifeste déjà par le pouvoir que possèdent les mages. Ceux-ci ont la capacité de jeter les sorts contenus dans les grimoires de magie comme l’In-Octavo. Même si les sorciers de Terry Pratchett sont peu banals avec leur maîtrise approximative du pouvoir, à l’image de Rincevent. En effet, ce dernier est incapable de prononcer le moindre sort depuis que l’un d’eux s’est logé dans sa tête le jour où il a ouvert le grimoire. D’autre part, certaines femmes possèdent aussi un don pour la magie. Il passe notamment par la maîtrise de l’emprunt, cette capacité à couler son esprit dans le corps d’autrui comme celui d’un animal, ou encore la connaissance des plantes et des simples, et même l’habileté à voler sur un balai. Existent également des objets ensorcelés comme cette malle qui suit Deuxfleurs partout. Elle semble douée de raison, dispose de nombreuses petites pattes grâce auxquelles elle se déplace et a même l’étrange capacité de faire apparaître à chaque ouverture de son couvercle ce que souhaite son propriétaire. En outre, même dans les écrits de Terry Pratchett, on retrouve un peu la dimension manichéenne de la lutte entre le Bien et le Mal. Pour autant, elle est plus subtile que dans la fantasy traditionnelle. Par exemple, dans le premier diptyque, elle se manifeste lorsque Rincevent va s’opposer au mage maléfique Trymon quand celui-ci cherche à s’emparer de tous les sorts enfermés dans l’In-Octavo
Néanmoins toute l’extravagance de l’auteur réside dans les détournements des éléments classiques de fantasy pour apporter une vraie touche d’humour, voire d’absurdité à ses textes. Ainsi, ses romans sont remplis de références à d’autres œuvres afin que le lecteur se retrouve finalement en terrain connu. Il instaure ainsi une certaine complicité avec lui et rend ses livres encore plus fascinants. Il reprend par exemple des éléments des contes merveilleux comme les bottes des sept lieues dont vont user Rincevent et Deuxfleurs ou encore aux fameuses mines de pierres précieuses des nains qui nous rappellent bien entendu Blanche-Neige. Quant aux terribles créatures ailées cracheuses de feu, elles sont le fruit de pouvoir de l’esprit de certains humains qui les font apparaître à leur gré. Là encore, nous sommes bien loin des créatures dangereuses et indépendantes auxquelles la littérature fantasy nous avait habituées. Et cette malle n'est pas sans rappeler le sac de Mary Poppins car l'un comme l'autre semblent contenir l'univers infini. 


D'autre part, des héros mythiques ont leur place dans l’œuvre de Pratchett. C’est le cas de Cohen le Barbare en hommage au célèbre personnage de Conan de Robert E. Howard. Mais un Conan âgé de plus de 80 ans. On est donc loin du jeune homme fort, défenseur de la veuve et de l’orphelin, toujours parti sur les chemins pour vendre son épée au plus offrant. Pratchett met l’accent sur l’humanité des personnages, sur leurs faiblesses aussi. Finalement, l’auteur propose des héros proches de ses lecteurs où chacun y trouve son compte, d’où sans doute son immense succès. Mais Cohen le Barbare n’est finalement pas le seul personnage aux caractéristiques si humaines. 

Tous les héros de Pratchett sont remarquables au regard du soin qu’il a mis pour les façonner. Prenons par exemple Rincevent. Voilà bien un héros atypique. Un mage raté, on peut le dire. Et pourtant, il n’en demeure pas moins un héros. Lui qui manquait tant de courage, couard sur les bords, il a su en trouver à la toute fin de l’aventure pour sauver son monde et ses amis. Car c’est dans l’adversité que l’on prend conscience de la valeur de l’être humain. Quant à Deufleurs, petit personnage farfelu aux idées bien arrêtées qui ne semble avoir peur de rien. Non pas qu’il soit très brave lui non plus, mais il est inconscient des réalités. Totalement dans sa bulle, cela lui donne un côté frondeur. Tout fantasques qu’ils soient, Rincevent et Deuxfleurs n’en demeurent pas moins très humains et forts attachants. 

Autre personnage incontournable est La Mort car elle a une place centrale dans Les Annales du Disque-Monde. La première chose à dire sur La Mort est qu’elle est de sexe masculin et qu'il est même chef de famille. Ce qui est pour le moins étonnant. D’autre part, son rôle est bien entendu de moissonner les âmes des défunts. Un personnage bien sombre me diriez-vous. Et bien détrompez-vous car Terry Pratchett a su y insuffler de l’humour notamment lorsque La Mort n’arrive pas à récolter l’âme de Rincevent qui semble se jouer de lui. En effet, notre mage catastrophe est en fait un grand chanceux qui se sort des pires situations. Pratchett multiplie les situations burlesques comme lorsque La Mort joue aux cartes avec ses amis La Famine, La Guerre et La Peste pour passer le temps. En somme, c'est une manière pour l’auteur de dédramatiser la fin de la vie. Autre personnage hors norme est Mémé Cirdeutemps. Voilà une sorcière peu ordinaire, déjà au vu de son âge avancé. A la différence de ses confrères écrivains, Pratchett va donner la primeur à des héros vieillissants dans certaines de ses aventures au risque de manquer de crédibilité parfois. Car comment peut-on imaginer un vieillard sortir victorieux d’un combat singulier ? Et pourtant Terry Pratchett l’a fait et ce avec brio puisqu’il arrive même à nous tirer un sourire, voir un rire au détour de l’une ou l’autre des pages de ses romans. Et puis comment ne pas fondre devant cette grand-mère complètement dépassée par sa petite-fille appelée à devenir un mage à cause d’une erreur de présage. 

C’est bien dans des aventures rocambolesques et désopilantes que nous entraîne Terry Pratchett. Observateur du monde, il se sert de ses écrits pour dépeindre notre société en exagérant les situations, ou les travers de l’humanité. Pour quelles raisons ? Pour rire, peut-être. Ou tout simplement pour arrêter de se prendre au sérieux. Finalement Terry Pratchett maîtrise la dérision de soi avec une grande habileté et on se laisse si facilement prendre au jeu par ses romans. Alors je ne sais pas ce que vous en pensez mais autant ne pas se priver d’une franche dose de bonne humeur, non ?


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