L'influence du "gaming" à la littérature

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Affichage des articles dont le libellé est éditions Argyll. Afficher tous les articles
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18/03/2025

Nicola Griffith, La Lance de Peretur, éditions Argyll

Nicola Griffith, La Lance de Peretur, éditions Argyll 

Autrice anglaise, Nicola Griffith s'est déjà, à moult reprises, distinguée, en recevant certains des plus prestigieux prix littéraires. 

Sa bibliographie est variée. On y retrouve notamment du thriller et de l'imaginaire. Ses récits sont engagés et s'intègrent parfaitement aux problématiques du monde d'aujourd'hui. 

Les éditions Argyll ont eu la judicieuse idée de faire coïncider la publication de son récit arthurien traduit sous le titre de La Lance de Peretur avec le mois de mars au féminin. Hasard de leur calendrier éditorial ou non, ce choix est particulièrement pertinent

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Peretur vit avec sa mère Elen dans une grotte à l'écart des hommes. Un jour, à l'occasion de l'une de ses balades solitaires, la jeune femme rencontre une poignée de chevaliers qui la fascinent au plus haut point. Ils répondent au nom de Cei, de Bedwyr ou encore de Lance et servent le roi Artos de Caer Leon. Or, ce nom l'attire irrémédiablement et elle sent tout au fond d'elle-même qu'elle doit se rendre en ce lieu. C'est ainsi qu'à partir de cet instant, sa vie va prendre une nouvelle tournure l'emmenant au cœur d'un territoire encore inexploré.

Mon avis :

Avec La Lance de Peretur, Nicola Griffith revisite le mythe arthurien à la lumière d'un point de vue féministe et inclusif. C'est donc par l'intermédiaire de la figure de Peretur qui n'est autre que Perceval que l'on pénètre ici dans la Matière de Bretagne. Nicola Griffith s'appuie d'ailleurs sur quelques éléments notables de son mythe comme le fait qu'il est élevé à l'écart par sa mère dans le but de le protéger, qu'il rencontre fortuitement un groupe de chevaliers ou encore que son destin est intimement lié à la quête du Graal. 

Voici autant de détails que l'autrice a repris pour donner un caractère familier au récit tout en conservant une liberté de création nécessaire pour donner à ce texte toute sa modernité. 

Aussi, l'autrice joue sur le genre de son protagoniste principal puisque Peretur est une femme même si peu en ont conscience, surtout pas les hommes qui voient en elle un jouvenceau mal dégrossi. Seul Artos semble percevoir en elle sa double identité sans pour autant mettre un mot sur son ressenti. D'ailleurs, Nicola Griffith insiste beaucoup sur la défiance que le roi ressent à l'égard de Peretur. Il est inquiet se sentant presque menacé dans sa masculinité en sa présence, au point de choisir de l'envoyer au loin dans une quête utopique. En outre, pour renforcer le caractère merveilleux de son roman, l'autrice y introduit les Tuatha Dé Danann, à travers les quatre talismans qui les caractérisent : la  lance de Lug, le chaudron de Dagda, la pierre de Fal et l'épée de Nuada. En effet, elle a choisi de lier ces artefacts au destin de Peretur et ainsi proposer une habile réinterprétation des faits, colorée d'une puissante magie. 

01/10/2024

Margaret Killjoy, L'Agneau égorgera le lion, collection RéciFs, éditions Argyll

Margaret Killjoy, L'Agneau égorgera le lion
collection RéciFs, 
éditions Argyll 

Après Mu Ming et son très beau texte du Bracelet de Jade, c'est au tour de Margaret Killjoy de rejoindre la très ambitieuse collection RéciFs des éditions Argyll. 

Pour avoir lu et grandement apprécié Un Pays de Fantômes, je connais déjà la qualité de cette signature de l'Imaginaire et ne pouvais donc pas passer à côté de la lecture de ce court récit.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Simon et Xavier pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Après le suicide de son meilleur ami, Danielle Cain décide de se rendre dans la petite ville de Freedom dans l'Iowa, peuplée d'anarchistes, pour comprendre les raisons de son geste. Mais sa venue n'est pas au goût de tous d'autant qu'elle vient de découvrir qu'ils ont invoqué un esprit sans fin pour protéger la communauté. Or, celle-ci ne fait pas dans la dentelle en éclaircissant quelque peu leurs rangs. Plus que de faire le jour sur une mort suspecte, c'est toute une population qu'elle va devoir sauver, parfois bien malgré elle. 

Mon avis :

L'Agneau égorgera le lion est une novella de fantasy qui nous emmène dans une petite bourgade perdue de l'Iowa en proie à de la sorcellerie. En effet, une entité a été invoquée pour protéger le groupe. Celle-ci prend la forme d'un cerf à trois cornes terrifiant. Il incarne un esprit justicier implacable qui se repaît au sens viscéral de toutes les formes de menaces. Il apparaît toujours de jour et est parfois accompagné par d'autres créatures ressemblant à des cadavres animés. Leurs présences instillent une dimension horrifique au texte. Il en ressort une ambiance lourde et pesante qui se met au diapason des peurs diffuses ressenties par le personnage principal. Les morts violentes qui émaillent les pages de ce récit font monter la tension crescendo jusqu'au dénouement. Ainsi, la fantasy de Margaret Killjoy se teinte d'épouvante associée à quelques notes de thriller. 

Comme dans chacun de ses textes, la plume de cette auteurice est porteuse d'un propos politique engagé. En effet, iel se plaît à déconstruire le modèle social imposé par les pouvoirs en place pour proposer à la société une autre manière de fonctionner. 

En outre, Margaret Killjoy questionne habilement la notion d'anarchie qui, contrairement aux idées reçues, n'est pas forcément synonyme de chaos. Dans L'Agneau égorgera le lion, l'auteurice interroge la place de la liberté dans une société encartée par un carcan rigide de lois et propose un autre vivre ensemble qui n'a, bien entendu, d'intérêt que si nul ne prend le pouvoir. En cela, iel a bien conscience des limites de son utopie. De même, Iel dénonce également l'autorité et l'arbitraire qui nient les existences individuelles au profit d'un diktat auquel se conformer. 

De plus, Margaret Killjoy met en exergue les persécutions et les injustices que subissent les communautés anticonformistes. 

L'Agneau égorgera le lion est riche de propos pertinents qui tracent de nouvelles perspectives pour redessiner un futur digne où le terme "révolution" ne serait pas vain. 

Justice, liberté et égalité sont autant de thématiques que Margaret Killjoy se plaît à explorer entre ces lignes. 

Iel signe un nouveau récit coup-de-poing plein de vérité et de justesse. C'est clairement un récit d'une grande puissance que l'on a du mal à lâcher, d'autant qu'il est emmené par une communauté de personnages plutôt hauts en couleurs et très attachants. 

Parmi eux, il faut, bien évidemment, citer la narratrice principale Danielle Cain. Partie en quête de vérité, c'est dans une croisade bien plus vaste qu'elle se retrouve enrôlée car il s'agit ni plus ni moins de comprendre ce qui menace la communauté de Freedom pour mieux la sauver. Elle en ressort grandie et nettement plus forte car elle a pris conscience de la force du nombre. En se frottant aux autres, elle prend la mesure de l'importance de ne pas rester seule et de s'entourer des bonnes personnes. A travers ses protagonistes, Margaret Killjoy teste les relations humaines dans leur pluralité et leur diversité.

Pour conclure :

L'Agneau égorgera le lion a clairement toute sa place dans la collection RéciFs. Pleine d'audace, la plume de Margaret Killjoy renouvelle le genre avec beaucoup d'habileté et de finesse. Auteurice à suivre !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Un Pays de Fantômes.

Informations

Margaret Killjoy
L'Agneau égorgera le lion
Collection RéciFs
9782494665392
144 pages
Editions Argyll

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13/09/2024

Mu Ming, Le Bracelet de Jade, collection RéciFs, éditions Argyll

Mu Ming, Le Bracelet de Jade, collection RéciFs, éditions Argyll

Mu Ming est une autrice chinoise qui vit aujourd'hui aux Etats-Unis. Traduit pour la première fois en français, son roman Le Bracelet de Jade inaugure la collection RéciFs des éditions Argyll.

Celle-ci a pour but de mettre en lumière des plumes féminines engagées du monde entier.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

1640, règne de la dynastie Ming. Alors qu'elle accompagnait son père à la Foire des lanternes, Chen s'égare un moment et fait l'étrange rencontre d'un commerçant qui lui offre un bracelet de jade. Or, il semblerait que ce bijou dispose de proprétés magiques la propulsant en rêve dans un autre monde. Fascinée par ce qu'elle vit, Chen va s'ouvrir à son père pour comprendre ce phénomène et aussi appréhender le sens de la vie.

Mon avis :

Avec Le Bracelet de Jade, Mu Ming nous plonge dans un conte teinté d'onirisme. Ce livre prend cadre à l'ère de la dynastie Ming et particulièrement sous le règne de Chongzhen qui fut le seizième et dernier empereur de cette dynastie. C'est une époque troublée par les attaques des Mandchous et les soulèvements populaires qui sont toujours plus nombreux. Ceux-ci finiront d'ailleurs par causer la perte de Chongzhen. 

C'est dans ce contexte tendu que l'on fait la connaissance de Qi Youwen, un fonctionnaire impérial qui va démissionner à trois reprises et être rappelé à chaque fois dans ses fonctions. Face à la corruption et à l'immoralité de certains de ses collègues provoquant bien des malheurs au sein du peuple, cet administrateur intègre renonce à sa carrière afin de se consacrer à sa famille et à son jardin. 

En sus de cette géopolitique critique qui alourdit l'ambiance de ce récit, Mu Ming a ajouté un soupçon de magie par l'intermédiaire du bracelet de jade que la fille de Qi, Chen a reçu des mains d'un inconnu. Le choix du bijou n'est pas anodin ici puisque celui-ci est considéré en Chine comme étant un talisman de protection et de chance. On attribue d'ailleurs à la jade la vertu de repousser le mal et d'attirer la fortune. On ne s'étonne donc pas que ce soit cet objet qui fasse le lien avec le monde ésotérique. Ici, il est intimement lié au domaine des rêves puisque le porteur dudit bracelet rejoint dans son sommeil les lieux sculptés sur toute sa surface. En cela, il exerce une grande fascination sur le duo de personnages de cette histoire qui cherche à comprendre la technique et à reproduire ce phénomène grandeur nature à l'échelle d'un jardin. 

Bien qu'éthéré, le merveilleux prend racine dans nos cœurs d'autant plus facilement qu'il est porté par une plume d'une grande poésie. Le style de Mu Ming est tout simplement envoûtant et arrive sans mal à nous faire perdre pied. 

Avec Le Bracelet de Jade, l'autrice nous offre une balade fabuleuse dans une Chine légendaire tout en rites et en traditions. 

Dans sa novella, Mu Ming revisite habilement ce passé historique tout en y glissant une critique politique. En effet, elle souligne les manquements de certains élus, à travers leur corruption et leurs faiblesses. Il en ressort un système défaillant et injuste qui a, de facto, des conséquences néfastes sur la population. Par le truchement de son personnage principal masculin, on perçoit le mal être quant à ses dysfonctionnements. En outre, Mu Ming fait souvent référence dans sa novella au poème, La Source aux fleurs de pêcher. C'est une histoire qui a traversé les âges marquant le monde asiatique d'un souffle de liberté. Ainsi, ce récit se révèle être l'utopie d'une société affranchie de toute législation et de contrôle. Derrière la poésie de ses mots et la beauté des lieux décrits, la plume de Mu Ming se veut aussi très engagée face à la tyrannie. C'est une histoire touchante qui lie un père et sa fille. Elle est remplie de nostalgie et de tendresse ainsi que d'une pointe de désenchantement. 

Dans Le Bracelet de Jade, Mu Ming s'appuie sur deux narrateurs. Qi Youwen est à la fois un père aimant et un fonctionnaire dévoué, obstiné et consciencieux, il va tenter à plusieurs reprises de changer les choses de l'intérieur sans réellement y parvenir. Un échec qui risque bien de lui coûter cher. Sa fille Chen découvre le monde dans le sillage de son père et va faire l'amère expérience  du manque.

Pour conclure :

En publiant Le Bracelet de Jade, les éditions Argyll relèvent le défi de confronter les lecteurices à de la fantasy asiatique. Encore trop peu de textes d'imaginaire venus d'ailleurs sont traduits en français, alors voir débarquer en cette rentrée une nouvelle collection dédiée aux plumes féminines du monde entier, c'est tout simplement prodigieux. Alors rendez-vous à la prochaine novella. 

Fantasy à la Carte

A lire sur la blogosphère, les avis de : Le nocher des livres et Yuyine

Informations

Mu Ming
Le Bracelet de Jade
Collection RéciFs
9782494665347
110 pages
Editions Argyll

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28/07/2024

Rafael Marín, La Geste d'Hamlet Evans, éditions Argyll

Rafael Marín, La Geste d'Hamlet Evans
éditions Argyll 

En août, les éditions Argyll nous proposent un texte de science-fiction espagnole. Il s'agit de La Geste d'Hamlet Evans de Rafael Marín. C'est le premier roman de l'auteur publié initialement en 1984 sous le titre Lágrimas de Luz, puis il a été réédité en 2022 chez Apache Libros.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Simon et Xavier pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Hamlet Evans se rêve écrivain. Avec quelques-uns de ses amis, il a même fondé un Cercle. Un jour, n'y tenant plus, il a proposé sa candidature pour devenir poète officiel de la Corporation et contre toute attente, elle est acceptée. C'est ainsi qu'il va embarquer pour le Monastère où il sera formé avant de rejoindre l'un des vaisseaux afin de chanter la gloire de la Corporation dans ses conquêtes de planètes. Mais au fil des missions, c'est un tout autre visage qui se révèle à lui. Or, il ne peut continuer de participer à cette mascarade et décide de rompre avec ses obligations. Mais on n'échappe pas si facilement  à la toute puissance de cette entité sans en laisser des plumes. Alors peut-il réellement trouver une issue qui lui soit favorable? 

Mon avis :

La Geste d'Hamlet Evans est un space-opera qui nous fait vite quitter la Terre pour partir dans l'espace à la conquête d'autres planètes. Entre ces pages, le monde est plongé dans un Troisième Moyen Age marqué par l'essor de l'exploration spatiale réduisant la Terre à une terre végétative pour la poignée d'humains y demeurant. L'heure est à la conquête spatiale. Celle-ci est entre les mains d'une puissante organisation dénommée la Corporation. Elle dispose de nombreux vaisseaux peuplés de militaires pour mener à bien cette mission expansionniste. A sa tête préside l'insaisissable New York, un personnage énigmatique qui brille par son absence physique et qui pourtant est omniscient à l'histoire. Son ombre plane sur l'ensemble des protagonistes. Il semble le seul décisionnaire de la politique menée par la Corporation et il n'est pas bon de lui déplaire. 

En nous attachant aux pas d'un poète officiel de la Corporation, l'auteur nous immerge dans des épisodes de colonisation, entre réédition rapide et résistance des êtres humanoïdes ou non qui peuplent les planètes conquises. 

Au fil des pages, on parcourt des sociétés primitives, féodales ou évoluées. Rafael Marín confère ainsi à son texte un caractère ethnologique. 

En outre, bien que ce récit ait 40 ans, il s'ancre toujours autant dans notre actualité. C'est un roman politique qui dénonce le colonialisme et ses ravages. L'auteur va beaucoup s'intéresser à la propagande que le pouvoir met en place pour justifier ses actions. Il met notamment en exergue le rôle des lettrés pour enjoliver les situations et diaboliser l'autre afin de faire accepter l'innommable à la masse. Il est question de servitude volontaire en distrayant l'opinion publique par l'usage de subterfuges qui vont servir de diversions, à l'image des divertissements qu'on va, par exemple, agiter au nez des gens pour détourner leur attention. Or, en refusant de continuer à partager ces mensonges, le personnage principal devient un paria qu'il faut ostraciser à tous prix, voire le faire taire d'une manière ou d'une autre pour que la réalité ne soit jamais révélée dans sa cruelle vérité. 

Aussi, derrière La Geste d'Hamlet Evans, il y a le combat pour la liberté et pour la vérité. Celui-ci est mené par Hamlet qui se sert de l'art dramaturgique pour y parvenir. L'art apparaît comme le parfait outil pour transmettre des messages. Raison pour laquelle ceux qui en font usage sont persécutés car la Corporation voit clair dans les jeux de mots, l'ironie ou la farce, apparaissant comme autant de critiques de sa politique. 

La Geste d'Hamlet Evans est également un hommage au théâtre car l'auteur a parsemé son texte de références et de clins d'œil. 

Plus qu'une aventure dans l'espace, c'est un roman initiatique pour ce héros qui se cherche aussi bien dans son identité que dans ses choix de vie. Il multiplie les expériences afin de trouver sa voie et donner un sens à ses propres actes. 

Ce livre est réellement très riche dans son fond car l'auteur y glisse aussi quelques mots sur des thématiques tout aussi importantes comme la survie ou les préoccupations environnementales. 

Ce roman est construit sur le seul point de vue narratif d'Hamlet Evans. On rencontre un jeune homme empli de rêves et d'espoir qui, au fil de ses aventures va s'endurcir, prendre la mesure de certaines choses et devoir choisir ses combats. 

Pour conclure :

En exhumant ce texte, les éditions Argyll honorent leur politique d'une ligne éditoriale engagée en continuant de proposer des textes puissants qu'ils soient d'ailleurs inédits ou non. En librairie, le 23 août. 

Fantasy à la Carte

Informations

Rafael Marín
La Geste d'Hamlet Evans
9782494665293
430 pages
Editions Argyll

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02/03/2024

Jean-Laurent Del Socorro, Peines de Mots Perdus, éditions Argyll

Jean-Laurent Del Socorro, Peines de Mots Perdus, éditons Argyll 

Auteur d'historique fantasy comme il aime le préciser en interview, Jean-Laurent Del Socorro est assurément une plume montante de l'Imaginaire. Comme l'illustre sa bibliographie qui commence à être bien fournie, il s'essaye à tous les styles en s'adressant à tous les publics. 

Son nouveau roman Peines de Mots Perdus sort ce 1er mars chez Argyll. 

C'est un récit qui donne l'occasion à l'auteur de renouer avec ses héros de la première heure qui lui ont valu le succès de son premier titre, Royaume de Vent et de Colères

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Dans Peines de Mots Perdus, on retrouve une figure emblématique du Royaume de Vent et de Colères. Il s'agit d'Axelle de Thorenc que l'on va suivre à différents moments de sa vie. Ainsi, de capitaine de la compagnie de mercenaires du Chariot, elle devient chevalière de Saint-Germain. D'ailleurs, la voici à nouveau missionnée par le roi de France qui la charge de prendre la direction de l'Angleterre pour investiguer du côté d'une société secrète qui agit à l'ombre du pouvoir et s'intéresse d'un peu trop près à l'Artbon. Or, cela déplaît et inquiète en France, surtout de voir tomber entre les mains de la souveraine anglaise un puissant artefact venu du Nouveau Monde. Une enquête qui s'annonce déjà à haut risque pour Axelle alors la question qui fleurit sur toutes les lèvres est de savoir si elle va y survivre ?

Mon avis :

Comme dans ses trois précédents romans, Royaume de Vent et de ColèresLa Guerre des Trois Rois et Du Roi Je Serai L'Assassin, Jean-Laurent Del Socorro insère son récit dans une période historique troublée, propice à la conspiration et à la trahison. 

Il jette cette fois-ci son dévolu sur la scène politique anglaise de la fin du XVIe et début du XVIIe siècle. On est en plein règne d'Elisabeth Ire où le royaume d'Angleterre manque de peu d'être envahi par l'Armada espagnole et où la reine elle-même échappe à plusieurs complots. Mais l'ère élisabéthaine inaugure aussi l'épanouissement du théâtre anglais sous l'égide d'un certain William Shakespeare ou de Christopher Marlowe et on assiste aussi à l'essor des colonies anglaises au Nouveau Monde rendu possible par des aventuriers de la trempe de Francis Drake et de Walter Raleigh.

Or, Jean-Laurent Del Socorro va s'appuyer sur tous ces éléments qui vont lui servir de décor pour insérer les aventures d'Axelle de Thorenc. Ainsi, elle va d'abord intervenir pour le compte de l'Ecole de la Nuit. C'est une société secrète avec laquelle l'auteur a pris quelques libertés en lui prêtant un intérêt pour l'occulte et notamment tout ce qui touche à l'Artbon. Il y fait évoluer d'éminentes personnalités comme Walter Raleigh. Il est l'interlocuteur privilégié de la chevalière et intrigue beaucoup à l'ombre du pouvoir. En outre, de nombreux espions gravitent au sein de cette organisation et servent d'indices à Axelle pour mener à bien sa première mission de monte en l'air. Par la suite, elle est chargée d'élucider des meurtres en démasquant l'assassin, ce qui l'amène un virevolter dans les couloirs du pouvoir, notamment du côté du conseil privé de la reine, présidé par le très machiavélique sir Thomas Walsingham. Ainsi, Jean-Laurent Del Socorro joue avec une galerie de personnages historiques très riche qu'il manipule habilement pour servir son intrigue.

04/12/2023

Eleanor Arnason, Les Nomades du Fer, éditions Argyll

Eleanor Arnason, Les Nomades du Fer, éditions Argyll 

Eleanor Arnason est une autrice américaine de science-fiction qui compte à son actif quelques romans, beaucoup de nouvelles ainsi que des poèmes. 

Malheureusement aucun de ses textes n'avaient été traduits jusqu'à aujourd'hui. Or, les éditions Argyll viennent d'y remédier en nous proposant la publication de son livre, Les Nomades du Fer, récompensé par les prix Mythopoeic et Otherwise

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé :

Lixia est une anthropologue qui voyage en compagnie de scientifiques afin d'explorer d'autres planètes. Chargée d'aller à la rencontre des populations autochtones avec la directive de les observer sans intervenir dans leur vie, elle fait la connaissance de Nia du peuple de fer. Rejetée par sa communauté pour avoir aimé un homme, cette dernière va aider Lixia et ses semblables à mieux appréhender son monde. Mais, quand les avis divergent, peut-on réellement espérer une entente durable entre des êtres si différents ? 

Mon avis :

Dans Les Nomades du Fer, Eleanor Arnason nous propulse à 18,8 années-lumière de la Terre, sur une planète inconnue qui orbite autour de la fascinante étoile Sigma-Draconis. Celle-ci partage des similitudes avec la Terre, notamment dans la richesse en minerais de ses sols, mais aussi dans ses ressources en eaux et en oxygène permettant aux humains d'y déambuler sans combinaison spécifique. La population locale est d'aspect humanoïde mais chaque individu est recouvert d'une épaisse fourrure. Elle vit en tribus nomades constituées exclusivement de femmes et d'enfants. En effet, les hommes sont sommés de quitter la communauté à l'âge adulte, ne retrouvant les femmes qu'au printemps, le temps de l'accouplement qui répond à un rituel spécifique. Ceux-ci mènent donc une vie solitaire et autonome. Le pouvoir est ici entre les mains des chamanes et chaque clan a la sienne. En outre, ce sont des peuplades primitives qui vivent de la terre, chacune se spécialisant dans l'exploitation d'une ressource. Ainsi, on distingue le peuple du fer, de celui du cuivre ou de l'ambre, par exemple. Ils ne connaissent pas l'art de la guerre et vivent pacifiquement, ne pratiquant que l'échange de biens. 

C'est dans ce contexte que débarque Lixia et quelques confrères. Par son genre féminin, elle est tolérée, contrairement à certains hommes qui sont chassés. On va donc la suivre dans ses pérégrinations au cours desquelles elle est chargée d'entrer en contact avec ces extraterrestres sans influencer leur vie et de communiquer avec le vaisseau mère par radio pour partager ses observations. 

10/10/2023

Floriane Soulas, Tonnerre après les ruines, éditions Argyll

Floriane Soulas, Tonnerre après les ruines, éditions Argyll

Après le steampunk avec Rouille, la fantasy avec Les Noces de la Renarde et le space opera avec Les Oubliés de L'Ama, Floriane Soulas se tourne maintenant, avec Tonnerre après les ruines, vers le postapocalyptique

Autrice à succès, sa plume caméléon a su toucher le cœur de son public. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier et Simon pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Dans un monde où l'humanité ne réside plus que dans quelques bastions, Lottie et Férale sont pisteuses. Elles survivent en vendant leurs services de protection contre les malbêtes aux nomades en déplacement. Un jour, Férale entend parler de la cité de Tonnerre, fief de scientifiques travaillant à comprendre les mutations génétiques qui défigurent les humains, et espère y trouver des réponses quant à sa propre différence. Mais il n'est pas sûr que celles-ci lui plaisent ? 

Mon avis :

Dans Tonnerre après les ruines, on pénètre dans un monde asphyxié où la pollution a eu raison du vivant. On y rencontre une humanité finissante, rongée par la maladie. Les pluies acides ont rendu les terres infertiles retranchant la poignée d'humains dans les ruines de villes anciennes. Au milieu de ces vastes plaines arides se dresse Tonnerre, une citadelle peuplée de scientifiques qui cherchent ardemment un remède aux maux de l'humanité. Elle est un phare pour les miséreux qui s'agglutinent à son pied, parcourant parfois des milliers de kilomètres, dans l'espoir d'être sélectionnés afin de participer à des expériences visant à les guérir. Source d'espoir pour les uns ou lieu honni pour les autres, Tonnerre occupe une place centrale dans cette intrigue. Elle est une énigme à percer mais son exploration risque surtout de susciter horreur et épouvante. L'univers imaginé par l'autrice se nourrit autant du progrès scientifique que d'un légendaire oublié. Son imaginaire est très fertile. On note, par exemple, l'existence d'enfants foudre dont les corps sont parcourus par l'électricité faisant d'eux de parfaits générateurs.  

Tonnerre après les ruines est un roman d'action fort bien rythmé. Les évènements s'enchaînent vite, l'atmosphère y est rugueuse et suffocante

Floriane Soulas a fait de Tonnerre après les ruines, un roman implacable comme il sied dans un bon postapocalyptique. Elle nous dessine un futur inquiétant où l'humanité a brûlé sa chandelle par les deux bouts au point de s'être condamnée. Il est question ici de virus, de manipulations génétiques et de stérilité. La science est même érigée au rang de religion dans le sens que tous les espoirs sont placés exclusivement dans sa réussite. A ce titre, les scientifiques sont considérés comme des messies par tous ces nécessiteux qui se savent perdus. Ils en sortent grisés au point d'oublier l'éthique dans leurs démarches. Ainsi, ce choix narratif permet à l'autrice d'orienter sa réflexion sur les pratiques de la science lorsqu'elles se font au détriment du patient et pose la question de la réelle nécessité du sacrifice d'un grand nombre pour en sauver certains. De sauveur, le scientifique devient donc entre ces lignes, bourreau en nous questionnant sur ses dérives monstrueuses. 

02/06/2023

Emmanuel Chastellière, Himilce, éditions Argyll

Emmanuel Chastellière, Himilce, éditions Argyll 

Avec déjà huit livres au compteur, Emmanuel Chastellière a prouvé qu'il n'est pas la voix d'un genre unique car ses romans adorent faire rayonner l'Imaginaire au sens large.

A ce titre, vous les retrouverez classés dans des rayons différents en fonction du libraire ou du bibliothécaire, contentant ainsi bien des lecteurs. 

Après deux excursions aux accents uchroniques sur la lune avec Célestopol et Célestopol 1922 et deux chevauchées à la saveur âcre de la poudre au cœur du Coronado avec L'Empire du Léopard et La Piste des Cendres, j'étais très curieuse de me plonger dans son nouveau roman, Himilce où l'on remonte le temps pour rejoindre la fière Carthage.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Himilce, princesse ibère est donnée en mariage au général Hannibal Barca pour consolider une alliance entre son père, le roi de Castilo et Carthage afin de lutter contre l'hégémonie romaine. Après l'avoir suivi pendant un an dans ses campagnes militaires, Hannibal préfère envoyer son épouse auprès des siens pour la mettre à l'abri de toute forme de représailles. C'est ainsi qu'elle débarque dans la cité carthaginoise, seulement accompagnée d'un garde numide prénommé Aspar, où elle va devoir tant bien que mal trouver sa place. Mais y arrivera-t-elle seulement ?

Mon avis :

Avec Himilce, Emmanuel Chastellière a posé ses valises à Carthage, en 218 av. J.-C., alors que la deuxième guerre punique opposant Carthage à Rome est engagée. Or, pour s'assurer de la loyauté du peuple ibère et bénéficier du positionnement stratégique de la capitale de l'Oretania, le général Hannibal Barca qui a pris la tête des troupes carthaginoises, épouse la princesse Himilce et l'envoie pour sa sécurité dans sa famille où l'on va la suivre pas à pas. 

On ne va donc pas escorter ici ce célèbre général dans ses conquêtes et ses défaites mais plutôt s'intéresser à son épouse qui se retrouve propulsée en terre inconnue au milieu de personnes indifférentes, voire hostiles. Néanmoins, même sans être sur le front, on goûte entre ces lignes aux répercussions du conflit qui pèsent sur la capitale et ses habitants. Cela est d'ailleurs propice aux rivalités politiques où des factions cherchent à destabiliser le pouvoir pour mieux s'en emparer. Ici, deux clans s'affrontent avec d'un côté, les conservateurs menés par l'illustre homme politique et fin stratège Hannon le Grand qui sont contre la guerre et de l'autre côté, les réformateurs qui soutiennent la famille Barca dans leur bras de fer contre Rome. Un contexte politique qui sert l'intrigue d'Emmanuel Chastellière car il y voit là l'occasion de laisser proliférer des machinations ponctuées de trahisons inattendues. 

Finalement, on est vite happé par la tournure que prend l'intrigue portée par de nombreux rebondissements qui, il faut le dire, nous tiennent complètement en haleine. L'auteur se sert de réalités historiques ou de pratiques cultuelles pour paver son récit de mystères à résoudre, auréolé d'un sentiment d'inquiétude diffuse. 

28/03/2023

Anne Fakhouri, Trois battements, un silence, éditions Argyll

Anne Fakhouri, Trois battements, un silence, éditions Argyll

C'est en 2008 qu'Anne Fakhouri est entrée dans le monde de l'Imaginaire en proposant un diptyque pour la jeunesse, composé de La Clairvoyance et La Brume des Jours qui lui vaut de suite d'être primé par le grand prix de l'Imaginaire 2010. 

Puis, elle enchaîne en 2011 avec Narcogénèse, un thriller fantastique pour adultes qui restera dans les mémoires des lecteurs. 

En 2013 et 2015, elle signe deux nouveaux thrillers à destination des jeunes : Hantés et Piégés, et publie cette même dernière année American Fay, une fantasy où les fées tiennent le premier rôle. 

A partir de 2017, elle se tourne vers la romance qu'elle publie sous différents pseudonymes pour revenir à la fantasy en 2022. 

Trois battements, un silence est donc son dernier roman à paraître le 7 avril prochain aux éditions Argyll. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier Dollo pour l'envoi de ce service de presse.

Résumé : 

Dans Trois battements, un silence, Anne Fakhouri nous attache aux pas d'un certain Marco Delusi qui est retourné vivre dans la maison familiale avec le bébé changeling que les fées lui ont collé dans les pattes à la place de son fils. Un soir, ce dernier lui est mystérieusement rendu. Tout à sa joie de retrouver son enfant, disparu huit ans plus tôt, il est obligé de fuir manu militari car une horde de trolls menaçants s'approche dangereusement de la maison, sans doute pour lui reprendre. Un périple au cours duquel il va recroiser la route d'hommes et de femmes de son passé dont la mère de son fils qui l'aideront ou non dans sa noble quête de mettre son fils à l'abris. Pour cela, il lui faudra s'intéresser à ses origines car la solution semble s'y trouver. 

Mon avis :

Trois battements, un silence nous embarque dans un road trip sombre et baroque qui bouscule la féérie. Anne Fakhouri s'est réappropriée la légende de Mélusine pour donner un cadre merveilleux à son récit. Mélusine est un personnage féminin légendaire issu des contes populaires et chevaleresques du Moyen-Âge. Immortalisée par Jean d'Arras dans son roman Mélusine ou la noble histoire des Lusignans, l'autrice en reprend les grandes lignes pour nourrir son roman. Née de la fée Presine et du roi Elinas, Mélusine, accablée par la trahison de son père, a convaincu ses sœurs Mélinor et Palestine d'agir avec elle pour le punir. Or, en représailles pour cet acte, Presine la condamna à devenir serpent au-dessous du nombril chaque samedi et la défia de trouver un époux qui l'aimerait avec l'ordre de lui cacher sa nature serpentine sous peine de retrouver son tourment et d'être définitivement séparée de sa grande descendance. Une malédiction qui va d'ailleurs inspirer Anne Fakhouri car elle en imagine les conséquences sur les générations suivantes. Ainsi, tous ces Lusignan naissent et vivent dans la haine et la défiance des femmes en apparentant toute la gente féminine à cette traitresse qui aurait menti et manipulé le pauvre et innocent Raymondin de Lusignan. C'est dans ce contexte haineux que né le dernier de la lignée prénommé Marco, qui grâce à l'amour d'un oncle, va enrayer le processus et explorer le passé pour se défaire de ses chaînes décidément trop lourdes à porter. 

Dès lors, Anne Fakhouri a lâché la bride à un imaginaire vagabond pour explorer l'entre-deux et emprunter des chemins réservés aux fées qui s'ouvrent sous les pas des danseurs se mouvant à l'unisson du tempo de la terre. Sa plume s'immisce dans l'univers foisonnant de la féérie pour saupoudrer son texte d'éléments notables comme la présence d'une certaine lance en or qui n'est pas sans rappeler l'illustre lance de Lugh, objet magique par excellence ou la mention du changeling, autrement dit le bébé d'une fée échangé contre celui d'un humain pour sa beauté puisqu'il est de notoriété que ceux des fées sont souvent d'une laideur à faire peur. 

06/01/2023

Anouck Faure, La Cité Diaphane, éditions Argyll

Anouck Faure, La Cité Diaphane, éditions Argyll

Reconnue dans le milieu de l'Imaginaire pour son merveilleux travail d'illustratrice, Anouck Faure est aussi une autrice. Aussi, elle délaisse parfois encres et pinceaux pour leur préférer la plume et nous conter ainsi de puissantes histoires. 

Or, en février, on la retrouve chez Argyll car elle y signe son premier roman, intitulé La Cité Diaphane.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier Dollo et Simon Pinel pour l'envoi surprise de ce service de presse dédicacé. Un bien beau cadeau venu garnir mes souliers en ce Noël 2022. 

Résumé :

Entre démesure et décadence, Roche-Etoile n'est plus qu'une cité déchue. Depuis l'empoisonnement de ses eaux, il y a sept ans, elle est désertée et exsangue. Or, pour prendre connaissance de ses derniers moments et comprendre ainsi ce qui lui est arrivé, un archiviste est dépêché sur les lieux, envoyé par le seigneur des Marches. Mais à sa grande surprise, ce dernier découvre encore quelques âmes errant entre ces étranges murs. Et si la vérité n'était pas si bonne à entendre surtout quand elle touche de si près...

Mon avis :

La Cité Diaphane, c'est d'abord un univers ténébreux et gothique incarné par la cité de Roche-Etoile. Des rues tortueuses aux espaces vertigineux en passant par d'opaques secrets, voici autant d'éléments qui auréolent de mystères cette cité décidément bien étrange. C'est bien dans ce dédale labyrinthique qu'Anouck Faure nous entraîne à la suite de son archiviste, chargé d'en percer tous les secrets et par la même occasion, éclairer notre lanterne. Tantôt effrayante, tantôt fascinante, Roche-Etoile n'a pas fini de nous intriguer d'autant qu'en remontant ses origines, on ne va pas être à court de surprises. Plus qu'un cadre d'action, Roche-Etoile prend même les traits d'un personnage à part entière sous la plume d'Anouck Faure qui en fait une sorte de compagne d'aventure pour ses autres protagonistes en veillant notamment sur eux. 

Quant à la magie qui imprègne ces pages, elle est directement influencée par le culte de la déesse sans visage car des émanations de son pouvoir se manifestent autant dans la puissance détenue par certains êtres, notamment dans leur rapport aux mots et aux noms propres qui leur donnent une véritable ascendance sur les autres, que dans l'existence de créatures oniriques. Néanmoins, ici le merveilleux est perverti par les sentiments et les émotions négatifs qui viennent déposer une ombre mortifère sur les âmes qui hantent encore les lieux. 

La Cité Diaphane est un huis clos dont la construction narrative surprend autant qu'elle suscite l'intérêt du lecteur. L'autrice a tissé une intrigue complexe et questionnante qui tourne autour de cette cité et du destin de ses habitants. En compagnie de sa poignée de protagonistes, on va d'abord remonter le temps pour comprendre ce qui s'est passé, puis reprendre le fil de la narration pour découvrir où l'on va. 

La plume d'Anouck Faure dégage une telle poésie et sensibilité qu'elle nous happe dès les premiers chapitres. Ses mots sont comme un irrésistible poison infusé dans nos veines qui nous oblige à poursuivre toujours plus loin l'exploration de cette histoire singulière et captivante. 

13/11/2022

Richard Cowper, L'Oiseau Blanc de la Fraternité, éditons Argyll


Richard Cowper, L'Oiseau blanc de la fraternité, éditons Argyll 

Richard Cowper est l'un des deux pseudonymes qu'utilise John Middleton Murry, Jr pour signer ses romans. 

Auteur britannique d'une quinzaine de romans et de nombreuses nouvelles, Richard Cowper s'est consacré exclusivement à l'écriture dans les années 70. 

Après avoir réédité Le Crépuscule de Briareus en 2021, les éditions Argyll viennent de s'attaquer à une autre de ses œuvres, la trilogie de L'Oiseau blanc de la fraternité.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je les remercie pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

A l'aube du troisième millénaire, un jeune joueur de pipeau accompagné d'un vieil homme sont porteurs d'un message d'espoir sous la forme d'une histoire : celle d'un oiseau blanc qui apporterait la paix et la fraternité pour ce monde déclinant. De cette histoire, un culte est né et il n'est pas au goût de tous, particulièrement des Pères Gris de l'Eglise qui ont décidé de faire la chasse à ces adorateurs. Or, c'est dans cette ambiance périlleuse que le Frère Thomas s'engage sur la route pour apporter le testament de Morfedd au sanctuaire de Corlay afin que cette précieuse relique y soit protégée. Il sera notamment épaulé dans sa quête par une jeune fille au don divinatoire. Ensemble, arriveront-ils à déjouer les chausses-trappe que va leur réserver le destin ?

Mon avis :

L'Oiseau blanc de la fraternité est un cycle qui nous propulse dans un futur post apocalyptique où la montée des eaux a eu lieu noyant bien des lieux et emportant une grande partie de la population. Ce cataclysme a donc rebattu les cartes en modifiant profondément le monde renvoyant la société à un temps moyenâgeux. Ainsi, l'auteur a choisi la figure du barde pour porter cette histoire et donner vie au mythe de l'oiseau blanc de la Fraternité. L'ambiance était donc propice pour permettre à l'auteur d'y distiller une forme de magie qui prend corps dans le pouvoir divinatoire, qualifié ici de huesch, de quelques protagonistes, ainsi qu'à travers un certain pipeau qui donne au musicien la capacité d'ensorceler les gens et les animaux. Or, ce puissant artefact est l'enjeu narratif principal de ce cycle car il confère de grands pouvoirs et une grande responsabilité à son détenteur tout en constituant une menace pour l'ordre établi. En suivant la destinée de cet instrument de musique et de ses différents porteurs, on plonge dans la quête d'un avenir meilleur nourri par le fol espoir de voir la paix s'installer durablement dans ce nouveau monde. 

Néanmoins, cette épopée ne va pas se dérouler sans heurts puisque Richard Cowper s'est largement inspiré de la lutte opposant l'Eglise catholique à l'Eglise réformée en rejouant cette même partition avec les Pères Gris de l'Eglise et les frères de la Fraternité. Aussi, ces derniers sont décrétés hérétiques et à ce titre, sont traqués et assassinés par des religieux chargés des basses œuvres que l'on appelle les Faucons et les Corbeaux. 

On est happés par ce texte qui réserve mille dangers à ses personnages en les entraînant au cœur des intrigues conspirationnistes d'un pouvoir qui cherche à les éliminer par tous les moyens. 

La plume délicate de Richard Cowper nous entraîne finalement à cent à l'heure dans les 631 pages qui composent ce récit. 

15/03/2022

Sofia Samatar, Un Etranger en Olondre, éditions Argyll

Sofia Samatar, Un Etranger en Olondre, éditions Argyll

Entre textes inédits et rééditions de perles de l'Imaginaire oubliées, du haut de leur un an d'existence, les éditions Argyll ont déjà imprimé leur marque dans le paysage éditorial. D'autant que leur ligne éditoriale est sublimée par les magnifiques couvertures de Xavier Collette qui contribuent largement à forger leur identité.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier Dollo et Simon Pinel pour l'envoi de ce service de presse. 

Avec Un Etranger en Olondre, les éditions Argyll exhume un texte de fantasy remarquable, classé parmi les 100 meilleures œuvres de fantasy, qui a même reçu les très prestigieux World et British Fantasy Award en 2014. 

Fils d'un riche marchand de poivre, Jevick a grandi avec les légendes de la lointaine Olondre que lui contait son précepteur Olondrien. A la mort de son père, c'est à lui qu'incombe de reprendre le commerce paternel. Enchanté de pouvoir enfin  découvrir la belle Olondre, il s'embarque avec joie dans cette aventure. Malheureusement passé l'émerveillement du début, il va vite être rattrapé par les événements qui vont l'amener de mésaventure en mésaventure. Mais ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ? Pour Jevick, une chose est certaine, celui-ci pourrait bien le changer à jamais ? 

Un Etranger en Olondre est un roman d'apprentissage qui met en scène un jeune héros en quête d'identité. Nourri par ses lectures, Jevick ne rêve que de voyage et de découverte. En partant explorer l'inconnu, il espère trouver sa place et comprendre le rôle qu'il doit occuper dans ce vaste monde. Bien qu'il ait hérité de la charge de son père, il n'est pas lui et ne souhaite qu'une chose, tracer sa propre route. Forcément comme tout jeune homme, il va emprunter des chemins tortueux, faire des choix pas toujours judicieux. Mais n'est ce pas le meilleur apprentissage de la vie ? 

Comme Jevick est le principal narrateur de cette histoire, c'est donc par l'entremise de son regard que l'on découvre l'univers bâti par l'autrice. En effet, Un Etranger en Olondre est un récit d'aventure qui nous emmène à la découverte d'une contrée merveilleuse et érudite où le livre est omniprésent, contrairement au reste du monde. Véritable source d'inspiration et d'enchantement pour le héros de ce roman qui considère cet atout presque comme un savoir sacré et magique. La vie à Olondre y est animée, les descriptions sont si immersives que l'on en ressent  toute l'effervescence et dont on perçoit également les parfums et les couleurs que dégage la cité. Hissée au rang de personnage à part entière, Olondre dégage une telle aura que l'on s'y attache autant qu'à un véritable protagoniste. Néanmoins, c'est au fil de ses rencontres que l'on prend conscience en même temps que Jevick des différentes facettes qu'elle cache. Elle n'est pas que chatoiement éblouissant mais dissimule également un visage moins honorable. Frappée par des divisions internes entre les deux principaux cultes pratiqués ici, une guerre civile menace d'éclater et d'entacher à jamais le destin de la cité. Plongé, bien malgré lui, au cœur de ce conflit, Jevick finit par prendre conscience de sa délicate position de pion, censé servir les intérêts d'un camp qu'il n'a pas vraiment envie de soutenir. Sofia Samatar a ainsi insufflé à son texte une dimension politique où son héros vient prendre place sans réellement en percevoir tous les enjeux. Cela ajoute une tension narrative au texte en faisant planer une menace permanente sur le personnage principal.