En août, les éditions Argyll nous proposent un texte de science-fiction espagnole. Il s'agit de La Geste d'Hamlet Evans de Rafael Marín. C'est le premier roman de l'auteur publié initialement en 1984 sous le titre Lágrimas de Luz, puis il a été réédité en 2022 chez Apache Libros.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Simon et Xavier pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
Hamlet Evans se rêve écrivain. Avec quelques-uns de ses amis, il a même fondé un Cercle. Un jour, n'y tenant plus, il a proposé sa candidature pour devenir poète officiel de la Corporation et contre toute attente, elle est acceptée. C'est ainsi qu'il va embarquer pour le Monastère où il sera formé avant de rejoindre l'un des vaisseaux afin de chanter la gloire de la Corporation dans ses conquêtes de planètes. Mais au fil des missions, c'est un tout autre visage qui se révèle à lui. Or, il ne peut continuer de participer à cette mascarade et décide de rompre avec ses obligations. Mais on n'échappe pas si facilement à la toute puissance de cette entité sans en laisser des plumes. Alors peut-il réellement trouver une issue qui lui soit favorable?
Mon avis :
La Geste d'Hamlet Evans est un space-opera qui nous fait vite quitter la Terre pour partir dans l'espace à la conquête d'autres planètes. Entre ces pages, le monde est plongé dans un Troisième Moyen Age marqué par l'essor de l'exploration spatiale réduisant la Terre à une terre végétative pour la poignée d'humains y demeurant. L'heure est à la conquête spatiale. Celle-ci est entre les mains d'une puissante organisation dénommée la Corporation. Elle dispose de nombreux vaisseaux peuplés de militaires pour mener à bien cette mission expansionniste. A sa tête préside l'insaisissable New York, un personnage énigmatique qui brille par son absence physique et qui pourtant est omniscient à l'histoire. Son ombre plane sur l'ensemble des protagonistes. Il semble le seul décisionnaire de la politique menée par la Corporation et il n'est pas bon de lui déplaire.
En nous attachant aux pas d'un poète officiel de la Corporation, l'auteur nous immerge dans des épisodes de colonisation, entre réédition rapide et résistance des êtres humanoïdes ou non qui peuplent les planètes conquises.
Au fil des pages, on parcourt des sociétés primitives, féodales ou évoluées. Rafael Marín confère ainsi à son texte un caractère ethnologique.
En outre, bien que ce récit ait 40 ans, il s'ancre toujours autant dans notre actualité. C'est un roman politique qui dénonce le colonialisme et ses ravages. L'auteur va beaucoup s'intéresser à la propagande que le pouvoir met en place pour justifier ses actions. Il met notamment en exergue le rôle des lettrés pour enjoliver les situations et diaboliser l'autre afin de faire accepter l'innommable à la masse. Il est question de servitude volontaire en distrayant l'opinion publique par l'usage de subterfuges qui vont servir de diversions, à l'image des divertissements qu'on va, par exemple, agiter au nez des gens pour détourner leur attention. Or, en refusant de continuer à partager ces mensonges, le personnage principal devient un paria qu'il faut ostraciser à tous prix, voire le faire taire d'une manière ou d'une autre pour que la réalité ne soit jamais révélée dans sa cruelle vérité.
Aussi, derrière La Geste d'Hamlet Evans, il y a le combat pour la liberté et pour la vérité. Celui-ci est mené par Hamlet qui se sert de l'art dramaturgique pour y parvenir. L'art apparaît comme le parfait outil pour transmettre des messages. Raison pour laquelle ceux qui en font usage sont persécutés car la Corporation voit clair dans les jeux de mots, l'ironie ou la farce, apparaissant comme autant de critiques de sa politique.
La Geste d'Hamlet Evans est également un hommage au théâtre car l'auteur a parsemé son texte de références et de clins d'œil.
Plus qu'une aventure dans l'espace, c'est un roman initiatique pour ce héros qui se cherche aussi bien dans son identité que dans ses choix de vie. Il multiplie les expériences afin de trouver sa voie et donner un sens à ses propres actes.
Ce livre est réellement très riche dans son fond car l'auteur y glisse aussi quelques mots sur des thématiques tout aussi importantes comme la survie ou les préoccupations environnementales.
Ce roman est construit sur le seul point de vue narratif d'Hamlet Evans. On rencontre un jeune homme empli de rêves et d'espoir qui, au fil de ses aventures va s'endurcir, prendre la mesure de certaines choses et devoir choisir ses combats.
Pour conclure :
En exhumant ce texte, les éditions Argyll honorent leur politique d'une ligne éditoriale engagée en continuant de proposer des textes puissants qu'ils soient d'ailleurs inédits ou non. En librairie, le 23 août.
Fantasy à la Carte
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