L'influence du "gaming" à la littérature

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06/01/2023

Anouck Faure, La Cité Diaphane, éditions Argyll

Anouck Faure, La Cité Diaphane, éditions Argyll

Reconnue dans le milieu de l'Imaginaire pour son merveilleux travail d'illustratrice, Anouck Faure est aussi une autrice. Aussi, elle délaisse parfois encres et pinceaux pour leur préférer la plume et nous conter ainsi de puissantes histoires. 

Or, en février, on la retrouve chez Argyll car elle y signe son premier roman, intitulé La Cité Diaphane.

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier Dollo et Simon Pinel pour l'envoi surprise de ce service de presse dédicacé. Un bien beau cadeau venu garnir mes souliers en ce Noël 2022. 

Résumé :

Entre démesure et décadence, Roche-Etoile n'est plus qu'une cité déchue. Depuis l'empoisonnement de ses eaux, il y a sept ans, elle est désertée et exsangue. Or, pour prendre connaissance de ses derniers moments et comprendre ainsi ce qui lui est arrivé, un archiviste est dépêché sur les lieux, envoyé par le seigneur des Marches. Mais à sa grande surprise, ce dernier découvre encore quelques âmes errant entre ces étranges murs. Et si la vérité n'était pas si bonne à entendre surtout quand elle touche de si près...

Mon avis :

La Cité Diaphane, c'est d'abord un univers ténébreux et gothique incarné par la cité de Roche-Etoile. Des rues tortueuses aux espaces vertigineux en passant par d'opaques secrets, voici autant d'éléments qui auréolent de mystères cette cité décidément bien étrange. C'est bien dans ce dédale labyrinthique qu'Anouck Faure nous entraîne à la suite de son archiviste, chargé d'en percer tous les secrets et par la même occasion, éclairer notre lanterne. Tantôt effrayante, tantôt fascinante, Roche-Etoile n'a pas fini de nous intriguer d'autant qu'en remontant ses origines, on ne va pas être à court de surprises. Plus qu'un cadre d'action, Roche-Etoile prend même les traits d'un personnage à part entière sous la plume d'Anouck Faure qui en fait une sorte de compagne d'aventure pour ses autres protagonistes en veillant notamment sur eux. 

Quant à la magie qui imprègne ces pages, elle est directement influencée par le culte de la déesse sans visage car des émanations de son pouvoir se manifestent autant dans la puissance détenue par certains êtres, notamment dans leur rapport aux mots et aux noms propres qui leur donnent une véritable ascendance sur les autres, que dans l'existence de créatures oniriques. Néanmoins, ici le merveilleux est perverti par les sentiments et les émotions négatifs qui viennent déposer une ombre mortifère sur les âmes qui hantent encore les lieux. 

La Cité Diaphane est un huis clos dont la construction narrative surprend autant qu'elle suscite l'intérêt du lecteur. L'autrice a tissé une intrigue complexe et questionnante qui tourne autour de cette cité et du destin de ses habitants. En compagnie de sa poignée de protagonistes, on va d'abord remonter le temps pour comprendre ce qui s'est passé, puis reprendre le fil de la narration pour découvrir où l'on va. 

La plume d'Anouck Faure dégage une telle poésie et sensibilité qu'elle nous happe dès les premiers chapitres. Ses mots sont comme un irrésistible poison infusé dans nos veines qui nous oblige à poursuivre toujours plus loin l'exploration de cette histoire singulière et captivante. 

En outre, pour se mettre à l'unisson de son récit intimiste, Anouck Faure s'appuie donc sur une  communauté restreinte de personnages pour porter son texte. Tous sont énigmatiques, pétris de secrets et se découvrent sur la durée. Ainsi, il y a cet archiviste dont on ne sait que très peu de choses si ce n'est qu'il se présente comme l'émissaire d'un roi voisin. Il nous est, d'ailleurs, d'abord présenté comme un simple spectateur mais va peu à peu s'imposer et même prendre part à l'action. Il y a également le binôme royal constitué d'un frère et d'une sœur dont le destin est intimement lié à celui de la cité. Deux personnalités aux antipodes, liées par des sentiments très forts et qui vont littéralement sacrifier leur vie pour Roche-Etoile. Si le frère paraît placide et manipulable, la sœur, elle, semble avoir un tempérament orageux et nettement plus affirmé. Pourtant tous les deux vont prouver qu'un destin peut toujours se réécrire. Enfin, l'oracle Vanor est un protagoniste omniscient car son ombre plane autant sur la cité qu'elle habite les cœurs des survivants. Figure centrale du roman qui balade son monde tout du long promettant quelques déconvenues et bien des rebondissements. 

La Cité Diaphane est un court roman qui parle de décadence et de sacrifice. Anouck Faure se plaît à y questionner le relationnel humain, notamment l'amour fusionnel liant un parent et ses enfants lorsque celui-ci flirte avec la frontière du toxique. En dépeignant des personnages sombres, l'autrice s'intéresse à la complexité de la psyché, notamment lorsqu'elle est guidée par les sentiments les plus subversifs poussant jusqu'à la mégalomanie. 

En conclusion :

Avec ce livre, Anouck Faure s'affirme déjà comme une signature d'un Imaginaire insolite et envoûtant qui ne demande qu'à s'épanouir.

Et puis, comment résister à ce sublime écrin réhaussé par les neuf reproductions de gravures réalisées pour l'occasion par l'illustratrice elle-même. Il sort en librairie le 3 février. Foncez !

Fantasy à la Carte

Sur la blogosphère, d'autres avis sont à lire : Les histoires de Lullaby et Maude Elyther.

Informations

Anouck Faure
La Cité Diaphane
9782492403699
262 pages
Editions Argyll

1 commentaire:

  1. Très hâte d'infuser ce poison dans mes veines! Je sens que je vais adorer. Décidément, que de talents chez cette artiste!

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