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27/01/2023

Aurélie Wellenstein, Le Désert des Couleurs, éditions Pocket Imaginaire

Aurélie Wellenstein, Le Désert des Couleurs, éditions Pocket Imaginaire

Autrice à l'imagination fertile et prolifique, Aurélie Wellenstein publie chaque année au moins un récit inédit et voit même l'un de ses romans être édité au format poche. 

2023 n'échappe pas au rituel avec la sortie du Désert des Couleurs chez Pocket Imaginaire. Après une année blanche en 2020, elle a pu se remettre le pied à l'étrier grâce à une résidence d'écriture et nous proposer ce texte prenant mais non dénué d'une certaine lumière. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Pocket Imaginaire, je remercie Emmanuelle Vonthron pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Eos, dernier îlot d'humanité au milieu d'étendues désertiques toujours plus invasives menaçant même la sécurité de ce refuge. Or, une légende raconte l'existence de la mythique cité d'Alnaïr, mirage ou réalité, nul ne le sait car aucun explorateur n'est revenu pour le confirmer. C'est au tour de Kabalraï, un fils du désert et de sa demi-sœur, Irae de prendre la route. Mais, attention le désert recèle bien des dangers, le pire de tous étant qu'il ravit la mémoire des imprudents qui le traversent. A Kabalraï, en tant que créature du désert, de restituer les souvenirs à Irae chaque soir sans quoi il la verra se dissoudre. Arriveront-ils à surmonter tous les obstacles et surtout trouveront-ils cette cité au bout du chemin ? 

Mon avis :

Dans le Désert des Couleurs, Aurélie Wellenstein nous immerge dans un univers postapocalyptique où l'humanité ne forme plus qu'une colonie réfugiée au cœur d'un volcan. Pour autant, elle a insufflé à son texte une ambiance des mille et une nuits où la vie de cette poignée d'humains est régit par les mythes et les légendes qui se transmettent de conteur en conteur. L'autrice emprunte au merveilleux oriental comme en témoigne, par exemple, l'évocation du marchand de sable faisant figure ici de djinn. Il est une créature insaisissable dont on ne sait que peu de choses si ce n'est que lorsque le moment est venu, il vient s'unir à l'élue du village afin de donner naissance à un mimorian. Or, celui-ci en grandissant aura pour mission d'accompagner l'un des villageois à travers le désert afin de trouver Alnaïr. Son existence même relève du prodige alors il est vénéré par presque tout le monde. En effet, pour tous, il incarne le salut. Sa nature est intimement liée au désert. Or, sous la plume d'Aurélie Wellenstein, celui-ci se pare d'atours très particuliers puisque chaque grain qui le constitue s'avère être en réalité le souvenir d'un disparu. Ainsi, ces étendues arides endossent un camaïeu de couleurs rendant les lieux enchanteurs et fascinants. Elles recèlent un secret qu'il nous tarde de découvrir au fil de notre lecture.

Aurélie Wellenstein a l'art et la manière d'introduire de la magie là où on ne l'attend, y compris dans ses mots qui dégagent une puissante poésie.

Mais Le Désert des Couleurs, c'est aussi un récit poignant porté par un duo de personnages à multiples facettes. Les apparences sont souvent trompeuses avec les protagonistes d'Aurélie Wellenstein qui s'avèrent plus complexes qu'ils n'y paraissent. Prenez Irae, elle est si antipathique au début de l'histoire, semblant dissimuler des velléités meurtrières qu'il nous serait très facile de la détester. Seulement, elle dissimule de telles fêlures intérieures que lorsqu'on les découvre, on révise de facto notre jugement sur elle, se maudissant même de l'avoir si mal cerné. Quant à Kabalraï, sa candeur et son optimisme le rendent très attachant. En dépit de sa volonté de bien faire, sa mission paraît bien lourde pour ses épaules, alors sera-t-il finalement à la hauteur ? 

Le Désert des Couleurs est un texte très riche qui, à travers cette notion de souvenirs qui s'effacent, nous parle d'Alzheimer et des répercussions de cette maladie sur la personne, notamment sur son identité qui se dissout avec les souvenirs enfuis. De même, il est aussi question entre ces lignes de relations toxiques, de parents abusifs et du long cheminement de reconstruction intérieure pour surmonter tous ces traumatismes. 

Avec Le Désert des Couleurs, Aurélie Wellenstein signe à nouveau un récit percutant qui remue beaucoup son lectorat en l'invitant doucement à se questionner sur des sujets de société. D'ailleurs, elle n'oublie pas d'interpeller sur la nécessité de protéger les espèces animales, végétales et minérales afin de vivre en bonne intelligence dans le respect de l'écosystème pour la préservation de l'habitat de tous. Elle remet à l'index cette course aux richesses poussant les humains à détruire systématiquement tout ce qu'ils touchent sans prendre conscience des terribles conséquences induites même pour eux-mêmes. 

Fort d'un questionnement pertinent, c'est clairement un roman qui nous touche au plus profond de nous-mêmes remuant au passage quelques cordes sensibles. 

En conclusion :

C'est tout le génie de cette signature de l'Imaginaire qui réussit toujours le tour de force d'unir le merveilleux à un propos intelligent. 

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur Mers Mortes et Le Dieu Oiseau

Informations

D'autres avis sont à lire sur la blogosphère : Les pages qui tournent, Zoé prend la plume, Les critiques de Yuyine et Madame Point virgule

Aurélie Wellenstein
Le Désert des Couleurs
9782266326995
350 pages
Editions Pocket Imaginaire

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