L'influence du "gaming" à la littérature

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17/04/2020

Lionel Davoust, l'Imaginaire français sans frontière


Né en 1978, Lionel Davoust est un touche-à-tout. Traducteur, nouvelliste, romancier, il s’épanouit dans l’univers des lettres et du livre.

Il débute sa carrière en traduisant des textes pour les éditions L’Atalante et s’attaque ainsi à la traduction des romans de Terry Pratchett ou de Sean Russell, par exemple. Parallèlement, il devient le directeur littéraire de la revue de fantasy, Asphodale publiée aux éditions Imaginaires Sans Frontières.

C’est dans le fanzine rennais « Est-ce F ? » et la revue Galaxies, qu’il publie ses premières nouvelles. C’est le début d’une nouvelle aventure pour lui. Il tient le rythme, à partir de 2004, de deux à trois nouvelles par an, éditées dans différents supports. Son premier succès, il va le rencontrer avec « L’IleClose », parue en France dans l’anthologie De Brocéliande à Avalon aux éditions Terre de Brume, et traduit en américain pour l’anthologie Interfictions 2. Cette nouvelle obtiendra d’ailleurs le prix Imaginales en 2009.

En 2010, il publie son premier roman aux éditions Critic, La Volonté du Dragon qui est immédiatement sélectionné par les prix Futuriales, Imaginales et Elbakin.net. Un roman qui se lit comme une partie d’échecs et dont l’enjeu n’est pas moins  que le destin d’un royaume et des hommes qui le peuplent. Lorsque le généralissime d’Eolus Vastech arrive avec son armada aux portes de Qhmarr, il pense à une reddition immédiate mais c’est sans compter l’étrange résistance du jeune souverain.

Cette même année sort son recueil de nouvelles, L’importance de ton regard qui contient notamment sa fameuse nouvelle primée « L’île Close ».

Lionel Davoust est également l’auteur d’une trilogie de thrillers initiatiques, Léviathan, dont le premier volet, La Chute sort en 2011, suivi de La Nuit en 2012 et Le Pouvoir, en 2013. Au cours de cette même année, il rejoint un collectif de musiciens et d’auteurs de l’imaginaire qui propose des lectures de textes en live avec accompagnement musical. Une autre approche pour mettre ces littératures à l’honneur.

2014 est une année charnière pour lui car il reprend son univers d’Evanégyre qu’il a décidé de développer. Ainsi sort La Routede la Conquête aux éditions Critic. Une série de six novellas qui permet de comprendre les grandes étapes par lesquelles est passé le Saint Empire d’Asrethia pour conquérir Evanégyre. 


En 2015, il écrit Port d’Âmes qui relate la vie mouvementée de Rhuys ap Kaledan. De retour à Aniagrad après 8 ans de servitude dans la Marine, il espère prendre sa revanche en récupérant son titre de baron et en faisant revivre son domaine. Mais réussir dans cette ville ne sera pas chose aisée, les chausse-trappes ne vont pas manquer de border sa route.

Depuis 2017, il s’est attelé à l’écriture de sa pentalogie des DieuxSauvages qui nous emmène à La Rhovelle. Depuis la chute de l'Empire d'Asrethia, le monde est distordu, parcouru d'anomalies qui ont donné naissance à des zones instables, dangereuses et inhabitables. C'est dans cet univers que la jeune trappeuse Mériane est choisie par le dieu Wer pour devenir son Héraut, sa voix, son bras armé : elle aura pour mission de fédérer les peuples et d'organiser la défense du royaume face aux forces du Mal qui ne vont pas tarder à déferler. Cinq tomes qui vont nous relater par le menu comment un monde va sombrer dans la folie juste pour répondre à la soif de conquête de certains.

Néanmoins, en parallèle de la rédaction des Dieux Sauvages, Lionel Davoust continue de publier des nouvelles. Les dernières en date sont parues en 2019 dans un recueil titré Contes Hybrides chez Les Editions Mille Cent Quinze. Il y explore autant les futurs fantasmés de l'humanité qu'il part en quête de merveilleux.

Mais revenons à son cycle des Dieux Sauvages  qui constitue donc l’œuvre la plus aboutie de l’univers d’Evanégyre. Elle mêle tous les éléments forts du genre : espaces cartographiés, mythologie et personnages héroïques. C’est la combinaison de tous ces ingrédients qui va donner une grande légitimité à cette œuvre.

Ainsi, Lionel Davoust insère son épopée dans une géographie précise, cartographiée par Roxane Millard. Les lecteurs peuvent se reporter à cette carte, insérée au début de chaque livre afin de mieux suivre la progression de ses héros. La Rhovelle est bordée à l’est par le golfe des Longues Houles, à l’ouest par Les Mortes Couronnes (d’où part l’armée d’Aska), au nord, par La Magnecie et au sud, par La Grande Vassière. L’intérieur même de La Rhovelle est délimitée par le fleuve Aÿs qui coupe le royaume en deux avec au nord la Linacie et au sud, La Belnacie. Voilà pour la description des grandes lignes de cet univers qui sert de terrain de jeu à l’auteur.

Comme souvent en littérature fantasy, il y a une grande spiritualité qui se dégage de ces textes. C’est finalement la croyance en l’existence d’un panthéon de divinités qui motive cette aventure. C’est très perceptible dans Les Dieux Sauvages puisque les affrontements sont conduits par deux entités divines, deux dieux, deux frères qui cherchent par la ferveur des croyants à dominer le monde. Comme nous suivons cette histoire essentiellement du point de vue de Mériane qui porte la parole de Wer, on n’est donc plus volontairement enclin à soutenir le parti de ce dernier qui incarne ici la vie et donc par extension le Bien, alors qu’Aska qui mène des êtres difformes et  profondément modifiés à la bataille représente, de fait, le Mal. Seulement, à y regarder de plus près, les choses ne sont pas si simples. Car après tout, l’armée d’Aska, ce n’est ni plus ni moins, des hommes et des femmes qui ont été abandonnés par la lumière de Wer. Tous ces laissés-pour-compte des Mortes Couronnes vont servir à la vengeance du dieu aveugle qui en profite pour distiller dans leur cœur, haine et rancœur qui vont servir de moteur pour la reconquête du royaume. Seulement, comme souvent en fantasy, la frontière entre le Bien et le Mal est floue et les personnages ne sont ni noirs ni blancs. De fait, on peut considérer les Askalites comme des victimes collatérales de la soif de pouvoir des dieux. Peu importe le camp, ils sont tous des jouets entre les mains de ces puissances supérieures. Toute la force de ce récit réside dans cette lutte dont on ne sait finalement pas où placer la frontière.

Que serait un bon récit sans personnages forts et charismatiques pour mener l’aventure ? Lionel Davoust a bien intégré cet élément à sa saga en introduisant une belle communauté de héros aux personnalités variées. Seulement, pour écrire son cycle, l’auteur a fait preuve d’une grande rigueur. En effet, même s’il tourne sur un petit nombre de protagonistes, il ne s’éparpille pas pour autant et ne nous égare donc pas. Pour appréhender l’histoire, on passe d’un point de vue à l’autre. Chaque paragraphe étant signalé ici par le nom du protagoniste. Ce qui permet un meilleur ancrage dans le récit tout en assurant notre attachement aux héros.

Parmi les grandes figures de ce cycle, arrive en tête Mériane, la Messagère du Ciel, le Héraut de cette grande épopée. Très jeune, elle se voit chargée d’un fardeau souvent trop lourd pour ses frêles épaules. Dans une société machiste qui voue un mépris, voire une haine du genre féminin, se faire entendre promet d’être difficile. Mériane est un choix surprenant car elle ne colle pas forcément à l’archétype du héros de fantasy. Du fait de son jeune âge, notamment. Elle n’a pas la carrure ni l’envie d’endosser ce rôle. Elle est amère, et n’a, à la base, aucune conviction religieuse. C’est plutôt une marginale, une paria. On l’imagine donc mal haranguer les foules pour sauver Evanégyre. Et pourtant, c’est ce qu’elle va faire et avec beaucoup de charme, de surcroît. Elle apporte un vrai trait d’humour. Son sale caractère et la mauvaise grâce qu’elle y met offrent des échanges avec Wer parfois explosifs. A la fois forte et fragile, drôle et combative, elle est une héroïne que l’on n’oublie pas. Léopol, son compagnon des premiers instants est un personnage ambivalent. Il est perpétuellement torturé entre sa fidélité pour Mériane et ses devoirs envers le werisme. Fortement endoctriné depuis l’enfance, difficile pour lui d’assumer ses choix de soutenir la Messagère du Ciel face aux autres croisés. Lorsque l’on a passé une grande partie de sa vie à entendre le même discours, accepter de voir les choses autrement n’est pas un chemin facile à prendre. Pourtant, c’est celui qu’il a décidé d’emprunter. Les obstacles sont pour lui autant d’épreuves envoyées par Dieu. A lui de les surmonter pour être accueilli parmi les justes. Il se dégage une grande spiritualité de ce personnage très sérieux, qui contraste avec la juvénilité de Mériane. Mais Lionel Davoust ne s’est pas contenté d’explorer la figure du guerrier dans ses romans. On y rencontre aussi des personnages rusés comme ce Guil Redel qui n’agit que pour son intérêt et change de camps s’il le juge nécessaire. Détestable, il l’est à souhait, mais il est un pion important dans cette grande partie d’échecs que mènent Wer et Aska. Tous ne sont pas des combattants hors-pair mais occupent tout de même une position stratégique comme Erwel de Rhovelle, le prince héritier, à qui le trône doit revenir. Beaucoup veulent se servir de lui ; il est un atout pour certains et un otage pour d’autres. Erwel est un idéaliste qui va voir ses illusions s’envoler. Avec l’invasion des Askalites, il va devoir vite mûrir et apprendre de ses erreurs pour se forger le destin qui lui tend les bras. Avec sa candeur, il est sans doute l’un des héros les plus attachants de Lionel Davoust. Du chaos, certains ambitieux pensent en profiter. Maragal Dwelen, le fameux chronète de Mériane en est un parfait exemple. Il espère marquer l’Histoire et voir le vent tourner en sa faveur, en racontant les hauts faits du Héraut de Wer. Il n’est pas mauvais en soi, mais il reste un calculateur qui n’agit surtout qu’en fonction de ce qui va le servir. Bien entendu, l’auteur n’a pas omis d’introduire des personnages profondément sombres comme le ténébreux Ganner. Commandant des armées askalites, élu d’Aska il est le pendant de Mériane. Froid, monstrueux, réfléchi, il est un redoutable adversaire car à la différence de la jeune femme, il ne ressent rien. Massacrer ses troupes ne le dérange pas, bien au contraire ! L’important est d’arriver à ses fins, à savoir conquérir La Rhovelle et étendre l’Eternel Crépuscule afin qu’Aska domine le monde. Il semble toujours avoir un coup d’avance sur ses ennemis. Rien n’est laissé au hasard avec lui et c’est bien ce qui est le plus inquiétant. Comment vaincre un ennemi sans failles ? Entouré de Spectres Armurés, de Santoriaux, d’Effrais, autant d’humains modifiés, il semble bien invincible.
Dans son cycle des Dieux Sauvages, Lionel Davoust donne la parole à une multitude de personnages qui sont à la fois témoins et acteurs de ce qui ébranle Evanégyre. Entre coups d’éclats et coups d’estocs, l’auteur a su s’attacher ses lecteurs au fur et à mesure des tomes. Et ses héros aux multiples facettes y sont clairement pour quelque chose.

L’autre force de ce cycle fleuve s’exprime dans la construction d’un univers mêlant magie et technologie. Evanégyre a connu un cataclysme d’une telle ampleur qu’elle renaît profondément modifiée. Pour le meilleur et pour le pire, les peuples ont survécu et se sont adaptés aux anomalies qui déforment maintenant le paysage. La magie a échappé à tout contrôle, elle est corrompue et corrompt à son tour ce qu’elle touche. Les préceptes de Wer véhiculent la crainte de cette magie, et tient ainsi la population dans un obscurantisme total. Ce qui fera d’ailleurs la force d’Aska qui va la reprendre à son compte et la déchaîner sur un peuple désarmé. Car de simples armes humaines ne peuvent rien contre la puissance magique.

L’auteur nous dépeint un monde nourri de noirceur et de mensonges. Chaque roman révèle sa part de secrets et nous donne au fur et à mesure une conscience aiguë de l’étendue de la supercherie.

Les codes de la fantasy sont bien là, l’épopée et l’héroïsme aussi. Les Dieux Sauvages, c’est le bon dosage de ce que l’on aime de la fantasy avec l’ingrédient en plus qui rend accro, l’humour.

Ce sont tous ces éléments qui inscrivent ce cycle de fantasy et à travers lui, l’auteur lui-même, dans le panthéon des œuvres à lire et des écrivains français à suivre. 

Lionel Davoust maîtrise finalement tous les formats et s’épanouit dans tous les genres de l’Imaginaire. Que l’on apprécie les grandes sagas ou les courts récits, il est impossible d’échapper à cette plume qui a su, au fil des années, s’imposer dans nos bibliothèques.   

Fantasy à la Carte

18/06/2017

Marion Zimmer Bradley: pour une féminisation de la fantasy

Marion Zimmer Bradley, née en 1930 à Albany et décédée en 1999 en Californie, est une pionnière en littérature fantasy et science-fiction comme en témoigne sa foisonnante bibliographie. L'essentiel de son oeuvre a d'ailleurs beaucoup surfé entre deux genres: la space fantasy et la science fantasy. En donnant la parole aux femmes dans ses romans, elle affiche clairement son féminisme en permettant ainsi à l’héroïne de devenir l'égal du héros. 

Fait remarquable à signaler est son investissement à pousser d'autres écrivaines à publier leurs textes à leur tour. Ce qu'elle fit notamment par l'intermédiaire de l'anthologie Sword and Sorceress qu'elle a dirigée et permis ainsi l'émergence de nouvelles auteures comme Mercedes Lackey.  

Elle étudie à l'université de Berkeley en Californie, puis enchaîne les petits boulots de serveuse, blanchisseuse et même chanteuse. Elle épouse en 1947 Robert Alden Bradley puis en 1964, Walter Henry Breen. Deux hommes dont elle divorcera après quelques années de vie commune. C'est très tôt qu'elle se lance dans l'écriture puisqu'elle est à peine âgée d'une vingtaine d'années lorsqu'elle publie sa toute première nouvelle en 1952 dans le magazine de fantasy et science-fiction, Vortex

Elle a marqué le paysage littéraire grâce aux nombreux cycles publiés tout au long de sa carrière. Le premier à citer est celui de Ténébreuse qui est constitué de pas moins de 26 tomes (édités de 1979 à 1999). Une saga qui s'inspire aussi bien de science-fiction que de fantasy. Cela démarre avec le crash d'un vaisseau terrien sur une planète hostile au climat rude où habitent de mystérieuses créatures. C'est dans ce contexte que va devoir survivre l'équipage en fondant, ce qui deviendra avec le temps, une société féodale dirigée par les Comyn aux cheveux rouges. Cette nouvelle population est constituée des familles se prétendant issues d'un être commun et ayant héritées de pouvoirs télépathiques grâce à la présence de cristaux sur cette étrange planète. Alors qu'ils n'ont pas conscience de leurs origines humaines, ils sont rattrapés par leur passé avec l'arrivée de nouveaux terriens avec lesquels ils vont devoir cohabiter. 

Cette première série de romans a été bien accueillie par son public au point que dans les années 70, une association a vu le jour sous le nom des Amis de Ténébreuse. Son but était de publier une lettre d'information qui se transforma en 1977 en fanzine dans lequel des apprentis-écrivains, fortement encouragés par l'écrivaine elle-même, s'initiaient à la rédaction de nouvelles dont l'action se déroulait dans l'univers de Ténébreuse. Plus tard, les meilleurs textes ont été réunis dans onze anthologies sous la direction de Donald Wollheim, le directeur des éditions DAW. Mais en 1992, suite à un désaccord avec l'un des auteurs, Marion Zimmer Bradley a interdit formellement la publication d'autres fictions tirées de Ténébreuse.

Sa saga majeure de fantasy reste celle d'Avalon qui s'étale sur huit romans et correspond à une réécriture des légendes arthuriennes du point de vue féminin. Néanmoins, elle ne se contente pas d'y évoquer seulement le destin d'Arthur et de ses célèbres chevaliers mais dessine l'histoire de la Bretagne depuis la conquête romaine jusqu'à même faire référence à la mystérieuse Atlantide. La petite particularité de ce cycle est qu'il a été continué de manière posthume par Diana L. Paxson. Si l'on tente de reconstituer un ordre chronologique d'écriture et non historique, vient en premier lieu Les Dames du Lac et Les Brumes d'Avalon (1983), suivi de La Chute d'Atlantis (1987), La Colline du dernier adieu (1994), Le Secret d'Avalon (1997), Les Ancêtres d'Avalon (2004), pour se terminer par deux romans non traduits Ravens of Avalon (2007) et Sword of Avalon (2009). 

Elle est l'autrice d'autres sagas comme la série Lumière publiée entre 1984 et 1998. Elle y raconte le destin d'une jeune psychologue rattrapée par ses pouvoirs d'extralucide. Alors que cette dernière s'est réfugiée à San Francisco dans une vieille demeure, elle était loin d'imaginer découvrir un monde occulte, angoissant qui l'épouvante autant qu'il la fascine.  
De 1990 à 1995, Marion Zimmer Bradley coécrit avec André Norton et Julian May une série de romans édités sous l'intitulé Trillium. Ceux-ci racontent de manière plus ou moins cohérente les aventures de deux princesses: Kadiya et Haramis. 

Elle ne sait pas contenter d'écrire des cycles puisque sous sa plume de nombreux romans indépendants ont vu le jour comme Le château des tempêtes (1965), La Maison entre les mondes (1981) ou encore La Princesse de la nuit (1985). 
Néanmoins là où sa plume a été la plus généreuse, cela reste avec ses nouvelles qu'elle a écrites presque tout au long de sa carrière littéraire. Ainsi, on en totalise une trentaine. 

Marion Zimmer Bradley laisse un bel héritage littéraire qui se transmet encore de génération en génération. Ses œuvres sont toujours rééditées, ce qui prouve la haute qualité de sa plume dont les lecteurs, à priori, ne se lassent pas.

On peut donc affirmer sans se tromper qu'elle a influencé toute une génération d'auteurs et de lecteurs en poussant notamment les femmes à lire et à écrire de la fantasy et de la science-fiction. Grâce à des personnalités comme elle, les littératures de l'Imaginaire ne sont plus la chasse gardée des hommes. Elles se féminisent enfin. 

Bien sûr, j'aurais pu vous parler de vaisseau spatial ou de planète lointaine pour évoquer le merveilleux travail d'écriture qu'a réalisé Marion Zimmer Bradley à travers ses textes. Cependant je préfère que l'on s'attarde plutôt sur sa réappropriation du mythe arthurien qui, je peux vous le dire, me fascine davantage. Donc par avance, je m'excuse pour les passionnés de science-fantasy et science-fiction, ici on n'en parlera guère.  

L'Avalon de Marion Zimmer Bradley fait revivre le mythe arthurien sous la forme de huit romans. Comme chacun de ses livres, elle construit son histoire autour de portraits d'héroïnes et laisse donc ici les femmes, qui ont marqué la Matière de Bretagne, parler. 


Elle fait une belle place à la magie qui est source de tout récit de fantasy et est également intrinsèque au cycle arthurien. Elle se dévoile par l'intermédiaire de détenteurs de dons comme toutes les filles d'Avalon en possèdent. Celui-ci se manifeste à des degrés différents en fonction de l'apprentissage reçu et de leurs usages au quotidien. Ainsi Viviane et Morgane ont des pouvoirs plus développés qu'Ygerne ou Morgause. En vivant longtemps sur l’île d'Avalon et en devenant prêtresses de la Déesse, elles ont acquis des facultés beaucoup plus étendues. Elles ont par exemple la capacité de faire apparaître des lieux ou des personnes à la surface de l'eau comme si elles les regardaient à travers un miroir. Ce qui leur permet de connaître la vie de telle ou telle personne, voire même de communiquer avec ladite personne. Leurs influences sur l'Histoire de la Bretagne en seront donc plus importants. Face à elles, Ygerne n'a que peu de pouvoirs si ce n'est celui de voir l'avenir à travers des visions que la Déesse Mère lui accorde. Quant à Morgause, elle se sert essentiellement de son don pour s'adonner à la magie noire afin d'obtenir ce qu'elle désire. Toutes quatre ont la particularité de bien vieillir, c'est comme si les années n'avaient pas prises sur elles. Elles semblent immortelles même si elles ne le sont pas en réalité. Leur lien avec Avalon les garde jeunes et belles. Autres habitants de l'île sacrée sont les druides qui détiennent également le don de voir l'avenir et de le tordre à leur guise, à l'image de Merlin. Ils apparaissent comme des guides spirituels et possèdent des connaissances pour notamment guérir les maux et apporter des réponses à certaines interrogations des païens. Ils transmettent donc le culte et sont des passeurs de savoirs. A Avalon, il est possible de rencontrer le petit peuple des fées qui accompagne les prêtresses et les druides dans leur travail de transmission du culte, qui rappellent l'importance de l'attachement à la terre car c'est d'elle que tous ces êtres tirent leurs pouvoirs. On les rencontre souvent aux pieds des rochers, ou près des sources d'eau. Leur présence se manifeste par des cadeaux comme des colliers de fleurs laissés en échange de nourriture. Mais le plus fréquemment, seuls les personnes autorisées à venir sur Avalon ont l'occasion de les voir car certaines de ces créatures sont chargées de conduire la barque qui relie le monde des hommes à l'île secrète. 
Justement Avalon est le lieu, par excellence, de concentration de magie. C'est un haut lieu de rassemblement pour tous ceux qui pratiquent le culte des anciens dieux. A cause de la menace romaine et chrétienne, il est devenu secret, protégé par des brouillards magiques qui le dissimulent aux regards des non-initiés. Pour l'atteindre, il faut connaître la formule magique sinon on ère sans jamais en trouver le chemin. Ce qui renforce son caractère mystérieux et sacré. Tout y est verdoyant et fleuri. C'est un havre de paix où les prêtresses et les vierges ont trouvé refuge. Elles y méditent en toute tranquillité et se connectent plus facilement à la terre et atteignent ainsi les pouvoirs que cette dernière leur transmet.
Tout au long du cycle arthurien, il est question d'une lutte perpétuelle contre le Mal. Celui-ci se manifeste de diverses manières. Ici, l'histoire nous est conté du point de vue des femmes d'Avalon. En conséquence, le récit va mettre en exergue la lutte contre les les saxons dans un premier temps, puis les chrétiens dans un second temps, et plus particulièrement contre l'extension de leur culte qui tend à mettre de plus en plus en péril celui des anciens dieux et menace les préceptes d'Avalon, ainsi que ses habitants. Les Dames du Lac vont tenter chacune à leur tout d'endiguer cette menace. Ce fut par exemple le cas avec Viviane qui a essayé de lier Arthur par un pacte, scellé par le don d'une épée magique, Excalibur, censée le protéger de tout danger en échange de sa propre protection pour Avalon. Un échec pour Viviane qui finira par tomber sous les coups de la haine et de l'aveuglement. Morgane, également, fera tout son possible pour protéger l'île et ses mystères des envahisseurs notamment en devenant à son tour grande prêtresse. Avec le temps, l'influence des druides s'estompent au profit de la religion chrétienne. Ainsi des églises fleurissent un peu partout au détriment des pierres levées qui sont abattues. Ça sonne la fin d'une magie ancestrale qui se replie peu à peu à Avalon et dans le monde des fées pour ne plus revenir dans celui des hommes.
La quête menée par le héros est très présente dans le cycle arthurien, raison pour laquelle Marion Zimmer Bradley la met en exergue dans son présent récit. Qu'elle soit là pour unifier les peuples et protéger Avalon qui fut la destinée d'Arthur. Ce grand roi annoncé par une très vieille prophétie. Ou qu'elle corresponde au moment où pour contrer l'ennui qui s'est installé dans le cœur des chevaliers de Camelot, tous se donnent pour mission de retrouver le Graal, cette coupe mythique détentrice de grands pouvoirs mystiques. 


A la lecture de cette saga, il en ressort la volonté de Marion Zimmer Bradley de démontrer le caractère fantasy de ces textes anciens. En effet, on y retrouve bien tous les éléments propres au genre. Elle nous fait à nouveau fouler les terres sacrées de la mythique Avalon, et nous enivre allègrement de magie. A travers cette œuvre, l'auteure prouve qu'elle est autant capable de laisser vagabonder son imagination sur les terres de fantasy que de science-fiction. 

L'ensemble de son travail est notable car elle a clairement fait évoluer le genre en le mettant à la portée du sexe féminin. Ce qui pour l'époque était clairement notoire, et est intéressant, aujourd'hui, car la fantasy est un genre qui justement se féminise de plus en plus. 


Fantasy à la carte

11/12/2016

Lord Dunsany : un précurseur à la littérature fantasy

De son nom complet Edward John Moreton Drax Plunkett est un écrivain irlandais né en 1878 à Londres et décédé en 1957 à Dublin. Il est le dix-huitième baron de Dunsany, d’où le nom de plume de Lord Dunsany qu’il adopte pour signer ses livres.

Auteur prolifique, il a écrit aussi bien des nouvelles, des romans, des poèmes, des essais que des pièces de théâtre. En effet, il a laissé derrière lui plus d’une soixantaine d’œuvres.

D’abord scolarisé à Eton, une école élitiste, fleuron des écoles publiques britanniques, il intègre ensuite l’académie royale militaire de Sandhurst. De 1899 à 1902, il sert dans un régiment d’infanterie de l’armée britannique, Les Coldstream Guards et est envoyé en Afrique du Sud lors de la seconde guerre des Boers. Après la disparition de son père, il devient le baron de Dunsany et hérite des propriétés familiales, et notamment du château de Dunsany dans le comté de Meath où il va d’ailleurs résider toute sa vie. En 1904, il épouse lady Béatrice, la benjamine du comte de Jersey Victor Child Villiers et en 1906 naît son fils Randal Arthur Henry Plunkett. La Première Guerre mondiale met à nouveau sa vie en suspens puisqu’il va y servir dans les rangs des Royal Inniskilling Fusiliers le temps du conflit.

De retour à la vie civile, il se met à enseigner la littérature anglaise et part à l’université d’Athènes de 1940 à 1941, juste avant l’invasion allemande.

Sportif, amoureux de la nature et passionné par la chasse, Lord Dunsany s’est nourri de ses passions pour produire des textes variés aux notes très poétiques.

A ce jour, toutes ses œuvres n’ont pas été traduites en français mais suffisamment pour que l’on ait la pleine conscience de son talent et de l’héritage qu’il a laissé à la littérature fantasy. En effet, rappelons le rôle de précurseur que cet auteur a joué dans la naissance d’une fantasy moderne. Ce sont bien de ses textes que ses héritiers à l’image de J.R.R. Tolkien ou H.P. Lovecraft se sont inspirés pour écrire.

Lord Dunsany est donc l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles de fantasy dont Les dieux de Pegana est le premier paru en 1905, suivi d’un second Le Temps et les Dieux en 1906. Sous la forme d’une trentaine de monologues et de fragments historiques, il raconte la fabuleuse légende de la création du monde et des dieux. En 1908 sort L’épée de Welleran, un conte fantastique qui mêle des mondes imaginaires influencés par la Bible et l’Iliade à une réalité sombre. Un quatrième recueil, Contes d’un rêveur, sort en 1910 où l’auteur explore ce qu’il appelle les « régions brumeuses du sommeil et de la mort ». En 1912, il écrit Le Livre des merveilles qui immerge son lecteur dans un univers empreint de féérie et de légendes, de cités disparues et de dieux étranges. En 1916, il complète ce recueil par un autre, Le dernier livre des merveilles où l’on retrouve ce même monde hybride imaginé par Lord Dunsany. Quant aux autres nouvelles, elles ne sont pas encore traduites. Mais à la lecture de ces premiers recueils, il est clair qu’il apparaît comme un auteur d’univers dignes des plus grands récits de fantasy.

Après s’être initié à l’écriture de nouvelles, il se tourne vers des récits plus longs, plus élaborés dont La Fille du roi des elfes est le plus bel héritage. Paru en 1924, ce roman relate la destinée du prince Alvéric, chargé par son père d’enlever la fille du roi des Elfes de la Forêt Enchantée. Seulement, il n’aura pas besoin de commettre un tel méfait, car Lizarel, tombée sous son charme accepte de le suivre dans le monde des hommes sans problème. De leur union, naîtra Orion, un enfant doué de magie. Seulement le roi des Elfes, furieux de la disparition de sa fille unique fera tout pour la retrouver. Et c’est sous la forme d’un message ensorcelé porté par un troll que Lizarel, déçue par les hommes, finira par retourner auprès des siens au plus grand désespoir d’Alvéric. D’ailleurs, inconsolable, le prince amoureux passera le reste de sa vie à parcourir le monde pour retrouver la Forêt Enchantée. Un autre roman paraît en 1927, Vent du Nord qui rend hommage à la vieille Irlande en faisant revivre les vieilles légendes du Pays de l’Eternelle Jeunesse des Celtes. Malheureusement les autres romans, poésies ou encore essais de Lord Dunsany n’ont pas encore été traduites à ce jour et donc resteront dans l’ombre.

Puisque La Fille du roi des Elfes est considérée comme son « chef d’œuvre », c’est de ce roman qu’on parlera plus longuement. Un livre d’ailleurs intéressant pour ce qu’il apporte à la fantasy moderne. Déjà le premier élément à mettre en exergue est le riche univers imaginé par Lord Dunsany. Il choisit d’inscrire son histoire dans un monde où les hommes vivent près du Royaume Enchanté peuplé d’Elfes. L’existence de ce royaume est connue de tous, seulement peu peuvent témoigner d’avoir été spectateur d’un quelconque prodige. Le récit démarre au moment où le prince du royaume des Aulnes (le territoire à la frontière du Royaume Enchanté) est chargé de pénétrer dans ce Royaume Enchanté pour enlever la fille du roi des Elfes. C’est ainsi que le lecteur découvre un monde merveilleux où les montagnes sont bleues et où les palais sont immenses. La nature y est verdoyante et enchanteresse. Les arbres sont doués de vie et se déplacent au gré des dangers. Ce monde émet un son de trompes magiques que seuls les êtres qui lui sont liés peuvent entendre.  Pour pénétrer dans cet espace merveilleux et secret, il faut passer une barrière magique constituée de brumes. Ce Royaume Enchanté rappelle l’île d’Avalon de la littérature arthurienne, car à son image c’est un lieu mystérieux réservé aux élus. Un endroit où s’épanouissent des créatures surnaturelles comme des Trolls, des Elfes, et autres esprits de la forêt.

Il est vrai que l’auteur s’est inspiré de ces légendes arthuriennes pour nourrir son présent récit, déjà dans le fait qu’il parle longuement de l’errance du chevalier aussi bien au début du roman lorsque Alvéric traverse le pays enchanté pour enlever Lizarel puis lorsqu’il parcourt la terre entière pour retrouver le royaume disparu avec son épouse.

La magie se manifeste de bien des manières, déjà à travers l’existence de cet endroit magique mais aussi par le biais de certaines créatures. Lizarel en est la parfaite incarnation. Une femme superbe, irrésistible, immortelle contre qui Alvéric ne pouvait pas résister. Le père de Lizarel, le souverain des Elfes possède également sa propre magie qui se manifeste par la possibilité d’user de trois puissants sorts qu’il va justement utiliser pour récupérer sa fille partie dans le monde des hommes. Même du côté du territoire des humains, la sorcellerie est présente avec notamment l’existence de la sorcière Ziroondel qui va devenir la conseillère d’Alvéric, et même la nurse d’Orion, l’enfant d’Alvéric et de Lizarel. Un personnage important qui est décrit par Lord Dunsany comme la parfaite représentation de la sorcière type dans l’imaginaire populaire, à savoir une vieille femme, ermite, qui vole sur un balai et lance des sorts à l’aide d’une baguette.
La quête est au cœur de ce récit. Elle y est évolutive. En effet, elle commence avec Alvéric qui a pour mission d’enlever Lizarel, puis plus tard lorsque celle-ci aura à nouveau disparue, ce dernier repartira en quête de la retrouver. Du côté d’Orion, devenu adulte, il mène également sa propre quête qui est de chasser les licornes qui pénètrent le monde des hommes à la nuit tombée.

Au vue de tous ces éléments, Lord Dunsany démontre dès son époque qu’il a commencé à rassembler des données propre à la littérature fantasy qui par la suite vont être repris et largement développés par ses disciples, comme J.R.R. Tolkien ou H.P. Lovecraft.  Il est un véritable peintre des mots et nous entraîne dans un imaginaire fortement teinté de merveilles. Quel que soit le récit, ils invitent pleinement à la rêverie, au voyage. De format court, ils sont tous très poétiques, et donc envoûtants.

Finalement Lord Dunsany a su marquer son époque en laissant des écrits qui apparaîtront comme autant de guides pour des générations d’écrivains à venir. Il atteste son désir de se démarquer des autres et de remettre le merveilleux au centre de ses histoires. C’est à travers tout cela qu’il apparaît clairement comme un précurseur au genre. 

Fantasy à la carte

17/06/2016

Pierre Grimbert, l’auteur qui a placé la fantasy française sur la première marche du succès

Originaire du Nord Pas de Calais, Pierre Grimbert est un auteur français de fantasy né le 23 septembre 1970. Issu de parents instituteurs, il obtient un baccalauréat scientifique, puis poursuit ses études supérieures à Lille et à Bordeaux. Il s’oriente vers les métiers du livre et commence une carrière de bibliothécaire avant de devenir infographiste.
Il s’initie d’abord à la scénarisation de BD avant de se lancer en 1995 dans l’écriture de son premier roman, Six Héritiers, premier tome de la tétralogie Le Secret de Ji qui le rendra si célèbre. Le cycle est édité en deux parties en 1997 par les éditions Mnémos. A peine publié, ce premier volume reçoit deux prestigieuses distinctions, le Prix Julia Verlanger, décerné par la Fondation de France et le prix Ozone, attribué par les lecteurs du Science-Fiction Magazine.
 
Dès 1998, il choisit de se consacrer pleinement à l’écriture et déménage en Normandie où il entame le cycle de La Malerune. Ce cycle de fantasy conte la quête du chevalier Eras de Garamont accompagné d’un vieux mage du nom de Zétide, d’un monstrueux lycante et de sa fille afin de retrouver la rune de la Belle Arcane, seul espoir de sauver le royaume de la destruction. A l’origine cette série se destinait à un jeune public sauf que les éditions Mnémos ont renoncé à créer une collection jeunesse, ce qui a demandé à Pierre Grimbert de retravailler son texte afin qu’il devienne un cycle de fantasy pour adultes. Or, cela nécessitait un tel travail que l’auteur a dû abandonner ce projet au profit de deux autres séries jeunesse. Néanmoins cette trilogie de La Malerune sera achevée par un autre auteur de fantasy, Michel Robert. Pour en revenir aux autres projets d’écriture auxquels s’est consacré Pierre Grimbert, il y a d’abord Dragonia composée de six romans, publiés dans les années 2000 par les éditions Bayard dont les histoires sont indépendantes les unes des autres avec pour seul point commun l’univers Dragonia dans lequel se déroule l’action. Mais à la même époque, il écrit également une autre série jeunesse de quatre romans publiés d’abord aux éditions Degliame sous l’intitulé les Aventuriers de l’Irréel, puis rebaptisés plus tard Dragon X aux éditions Octobre. Des romans qui racontent le destin d’un jeune garçon et de ses copains dont la vie se trouve bouleversée par une console de jeu vidéo.
Puis en 2002, il fonde avec son épouse Audrey Françaix les éditions Octobre. A partir de 2004, il se consacre à l’écriture de la suite du Secret de Ji, Les Enfants de Ji (entre 2004 et 2006) et Les Gardiens de Ji (entre 2008 et 2012). Il s’attelle également à une nouvelle saga, Gonelore sur laquelle il travaille encore à ce jour. Après des années de paix, le monde de Gonelore se voit encore menacé par de terrifiantes créatures qui risquent de semer un chaos général. Face à cette terrible menace, il faut à nouveau faire appel aux arpenteurs: des guides, des guerriers dont on avait oublié l’existence mais qui sont les seuls êtres capables de sauver Gonelore. Le premier cycle de cette série est publié de 2013 à 2014. Et en 2015, un second cycle s’ouvre avec la sortie d’un premier tome. Le second livre est quant à lui prévu pour novembre 2016. De plus, Gonelore est également une série qui s’exporte puisque depuis 2014, elle est traduite en allemand par l’éditeur Heyne Verlag.
Après ces quelques lignes retraçant la carrière littéraire de Pierre Grimbert, il est temps de reprendre le chemin de Ji pour comprendre comment une telle tétralogie a permis à la fantasy française de s’asseoir une belle réputation par-delà les frontières.

Le Secret de Ji, c’est d’abord un univers grandiose, à la géographie détaillée dans lequel évolue le récit de Pierre Grimbert. Une double carte accompagne les romans afin de se repérer tout au long de l’aventure. Les pays imaginés sont nombreux, Pierre Grimbert les décrit avec minutie au fur et à mesure de son écrit. Il fait preuve d’une grande méticulosité pour faire naître sous sa plume les décors qui sont le théâtre de sa saga. En suivant les péripéties de sa communauté de héros, on traverse tour à tour déserts, montagnes, forêts, bourgs ou capitales. Chaque lieu est estampillé d’un nom propre. Que les personnages soient à pied, à cheval ou en bateau, ils nous font pénétrer dans un territoire fabuleux qui ferait presque pâlir d’envie La Terre du Milieu tant la cohérence et la précision des lieux sont également au rendez-vous.

Quelques pages suffisent pour faire connaissance avec les personnages qui se retrouvent rapidement propulsés au cœur d’une quête aux enjeux périlleux et capitaux. Voyant leur vie menacée par une horde de tueurs assoiffés de sang, chacun des héros se voit contraint d’abandonner la tranquillité de sa vie, et ses proches pour partir sur les chemins et tenter de disparaître. Seulement, on n’échappe pas à son destin. En cours de route, ils finissent par se retrouver car même si tout semble les opposer, une même destinée les unit pourtant. Ils sont les héritiers d’un groupe d’hommes et de femmes qui un siècle plus tôt se sont réunis à l’appel d’un certain Nol l’Etrange sur une île mystérieuse dont l’objectif final demeure obscur. Pour les descendants, la seule solution est de retourner sur l’île afin de découvrir par eux-mêmes le secret de l’île de Ji. De rebondissement en rebondissement, cette quête de vérité les obligera à parcourir tout l’univers imaginé par l’auteur pour tenter de comprendre. Chaque étape est une révélation retentissante pour nos héros et met peu à peu en exergue la traditionnelle lutte entre le Bien et le Mal. Les ennemis affluent autour d’eux les obligeant à croiser le fer pour survivre. Découvrir l’instigateur qui leur envoie tous ces tueurs va dévoiler un danger plus grand encore car c’est une menace pour l’humanité toute entière. Justement dans Le Secret de Ji, le Mal est personnifié par Saat, l’Econome. Un sorcier aux pouvoirs immenses qui puise sa force dans l’énergie d’un démon. Pourquoi agit-il ainsi ? Sans doute par avidité parce que le pouvoir lui a monté à la tête. Son but avoué, anéantir chaque croyance religieuse et réduire en esclavage la population de tous les royaumes en leur imposant un culte unique, celui de Sombre, dit celui qui vainc. Un endoctrinement violent qui ne peut se faire que par la force, et le meurtre. L’avenir s’annonce donc sombre et la seule étincelle d’espoir réside ici dans les héritiers.
Ce grand récit de high fantasy est donc porté également par une belle communauté de personnages. Pierre Grimbert a pris le temps de façonner chacun de ses héros en leur attribuant des caractéristiques très personnelles. Communauté hétéroclite mais qui au final se complète bien pour nous offrir une grande aventure. Il y a d’abord Corenn qui fait figure de sage au sein de cette histoire. Grande diplomate, Corenn est si pondérée que ses compagnons de voyage se tournent naturellement vers elle pour les guider. De péripétie en péripétie, elle affirme peu à peu son rôle de ligueuse. Aux côtés de cette dernière vient instinctivement se placer Grigan, le guerrier du groupe qui est prêt à tout pour sauver ses amis et en premier lieu Corenn elle-même pour qui il éprouve un certain attachement. Le géant Bowbaq, c’est le gentil nounours de la bande. Grand respectueux de la nature, il est contre l’usage des armes et prône la paix. Mais ses sentiments vont évoluer au cours de l’aventure où il sera contraint bien malgré lui de les prendre pour défendre les siens, et tenir sa famille en sécurité. Reyan, est quant à lui le comique du groupe. Il est le personnage le plus amusant de Pierre Grimbert. Ce Don Juan est la dose de frivolité et de légèreté du récit. Lana est la belle héroïne de l’histoire. Fervente croyante en la déesse Eurydice, elle est la bienveillance même, et est à ce titre une proie facile pour les méchants. Léti est la jeune nièce de Corenn. Intrépide et fougueuse, elle perd peu à peu son innocence pour devenir une redoutable guerrière au fur et à mesure de la quête. Enfin Yan est l’amoureux transi de Léti. Il incarne la candeur par excellence. Jeune et naïf, il se trouve enrôlé dans cette aventure par amour et fidélité pour sa promise. Comme tous ses compagnons de voyage, il va connaître une sacrée évolution. Plus que la maturité, cette quête va lui ouvrir une nouvelle vie en lui offrant de sacrées perspectives plutôt magiques, d’ailleurs.

Dernier élément à signaler est bien entendu la présence inévitable de la magie au sein de ces romans de fantasy. Qu’elle soit bénéfique ou maléfique, elle s’entremêle intimement à l’histoire. Au départ, elle n’est ni bonne ni mauvaise, c’est une puissance vierge pour ainsi dire. Ce qui compte, c’est ce que l’on en fait. Il ne faut pas se laisser corrompre par l’avidité, la cupidité, l’envie pour ne pas être consumé par son désir de puissance et de domination sur les autres. La magie est au cœur même de cette lutte du Bien et du Mal. Ici, elle est donc soit maléfique à l’image de Saat et Sombre, soit bénéfique à l’image des pouvoirs de Corenn et de Yan. Elle est liée à la nature : la terre, l’eau, le vent et le feu. Elle peut également se manifester à travers la capacité de certains à pénétrer l’esprit d’autrui, d’un animal par exemple comme le pratique Bowbaq car il est un Erjak ou d’un autre humain comme tente de le faire Yan en essayant d’atténuer l’essence sublime de l’avatar de Sombre.
Ce Secret de Ji mêle bien tous les éléments caractéristiques du genre. Avec Pierre Grimbert, pas besoin de lire les trois-quarts du cycle pour percevoir la qualité de ce récit. En effet, on est emportés dès les premières lignes et donc pas étonnés de l’immense succès que cette saga a rencontré depuis sa publication. Ce premier cycle est d’ailleurs traduit dans quatre langues : allemand, anglais, tchèque et néerlandais. Et en français, le cycle connait tous les formats de publication et totalise 100 000 séries vendues. En signant cette première tétralogie, Pierre Grimbert prouve simplement que la fantasy n’est pas la chasse gardée des auteurs anglo-saxons car Le Secret de Ji laisse définitivement son empreinte dans le paysage littéraire des littératures de l’Imaginaire.  

Fantasy à la carte

06/03/2016

Laurell Kaye Hamilton, la reine de l’ombre

L’écrivaine américaine Laurell K. Hamilton est née le 19 février 1963 à Heber Springs dans le Kansas. Dans son enfance, elle est bercée par les contes que lui raconte sa grand-mère et qui vont la marquer profondément comme l’histoire du Squelette Sanglant dont elle reprendra le titre pour l’un de ses romans. Grâce à sa bibliographie riche en romans d’horreur et de fantasy urbaine, sa carrière d’auteure à succès est assise à l’heure d’aujourd’hui. Elle a grandi dans l’Indiana après le divorce de ses parents. Plus tard, elle étudie l’anglais et la biologie au Marion College en Virginie. Puis diplômée, elle part vivre quelques-temps en Californie pour finalement s’installer à Saint Louis, dans le Missouri. Ce sont d’ailleurs deux lieux de prédilection pour faire se dérouler les histoires de ses deux plus grandes sagas littéraires. Elle commence par travailler dans une maison d’édition, la Werrow Corp tout en se mettant elle-même à l’écriture. Ainsi en 1992 paraît son premier roman intitulé NightSeer. Un texte largement influencé par ceux de J.R.R. Tolkien et Robert E. Howard. Dans la même année, elle publie une nouvelle Nightshade pour la série Star Trek.

C’est en 1993 qu’elle s’attelle à Anita Blake et qui compte aujourd’hui vingt-six tomes dont vingt-trois sont pour l’instant traduits en France. Comme le titre de cette série l’indique, il s’agit du destin d’une jeune femme de 24 ans prénommée Anita, vivant à Saint-Louis aux Etats-Unis et occupant le poste de réanimatrice de zombies. Dans ce monde, les créatures de la nuit existent bel et bien et ont pour certaines une présence autorisée et même légale. Anita Blake est chargée de réanimer les morts à la demande des familles moyennant finances afin que celles-ci règlent un différent, ou fassent leur deuil. Mais notre jeune héroïne est également l’exécutrice officielle des vampires qui commettent des crimes. Elle s'est d’ailleurs forgée une sacrée réputation dans le monde de la nuit et bien que très jeune, elle est craint de tous. Ainsi, chaque tome correspond à une aventure que vit la jeune femme.
Son autre importante série littéraire est Merry Gentry qu’elle commence à écrire en 2000 et qui se compose actuellement de neuf tomes. Ici son héroïne est plus âgée de 10 ans et elle vit à Los Angeles pour y exercer le métier de détective privé spécialisé dans le paranormal. Enfin, ceci est sa couverture officielle car Merry est en réalité une princesse Sidhe de haute lignée et la nièce de la reine Andais d’Unseelie. C’est à la mort de son père qu’elle s’enfuit de la cour pour aller se réfugier à Los Angeles. Mais au cours de l’une de ses enquêtes, elle se découvre un pouvoir, celui de « La Main de Chair » qui lui permet d’anéantir ses ennemis. Avec la révélation d’un tel pouvoir, la reine Andais la pourchasse à nouveau mais étonnement pas pour la tuer mais pour lui proposer un marché. La reine lui offre la possibilité de monter sur le trône à la condition de tomber enceinte. Ainsi commence une nouvelle vie pour Meredith qui s’annonce d’ores et déjà pleines de rencontres masculines.
Avec deux cycles majeurs qui se classent clairement en fantasy urbaine et appartient même au sous-genre bit-lit (voir l’article sur Charlaine Harris), il était donc temps à Fantasy à la carte de lui faire une place. Puisque son cycle d’Anita Blake est le plus important, parlons-en de manière plus approfondie. 

Comme toute bonne héroïne de bit-lit qui se respecte, Anita Blake est une humaine qui aspire à la vie la plus normale possible tout en étant confrontée dans son quotidien au surnaturel. Déjà par son travail enfin ses deux emplois puisqu’elle bosse à la fois dans une PME dont le but est de relever les morts et est chargée également d’exécuter les vampires criminels. Voici deux activités paranormales, et pourtant ses conditions de travail sont si proches de l’employé lambda. En effet, elle est sous-payée et est fortement déconsidérée par son patron. Mais comme elle le répète souvent, il faut savoir exploiter ses dons et il s’avère que le sien est d’avoir la capacité de parler aux défunts. Anita est en premier lieu un bourreau de travail comme peut l’être beaucoup d’hommes et de femmes. D’autant qu’il faut ajouter ses loisirs peu orthodoxes d’exécutrice de vampires, on peut dire que les journées d’Anita sont bien remplies et pas si ordinaires que ça. Quand on commence à lire ses aventures, on imagine une fille plutôt bien charpentée pour tenir tête aux assoiffés de sang, néanmoins lorsqu’on découvre Anita pour la première fois, l’étonnement s’empare de notre esprit. Petite brune, menue et juvénile, elle ressemble plus à une étudiante qu’à une tueuse implacable. Mignonne mais sans extravagance, on se sent finalement proche de l’héroïne de Laurell K. Hamilton. Enfin tant qu’elle se tient tranquille car croyez-moi lorsqu’elle se met à dégommer toutes les créatures autour d’elle qui en veulent à sa vie ou à celle de ses proches, vous révisez vite votre jugement à son sujet.

C’est à Saint-Louis que vit Anita Blake à une époque contemporaine à la nôtre. La différence étant ici que les humains vivent aux côtés de créatures surnaturelles. Dans le monde d’Anita Blake, celles-ci sont plus ou moins acceptées voire respectées tant qu’elles ne commettent pas de crimes. Ainsi les vampires, les métamorphes de toute origine exercent n’importe quelle profession et vivent en bonne intelligence avec les simples humains. Certains sont même de véritables chefs d’entreprise à l’image du vampire Jean-Claude, un multimillionnaire à la tête de nombreux clubs.

Bien sûr il existe un code constitué de règles à respecter afin de conserver un équilibre du monde pour qu’il ne bascule pas dans le Mal. Chaque ville américaine est contrôlée par un puissant vampire que l’on nomme le maître de la ville. Il possède son baiser, c'est-à-dire son groupe de créatures surhumaines qui lui doivent obéissance et fidélité. Leur intérêt est de se confondre avec les humains tout en évitant d’attirer l’attention des autorités. Naturellement qui dit puissance, dit risque d’hégémonie des voisins. Raison pour laquelle intervient régulièrement Anita afin de rétablir l’ordre au sein de sa ville. Il y a également des communautés de métamorphes dans lesquelles là aussi existe une hiérarchie précise avec un chef. Ces communautés portent des noms différents en fonction des races de métamorphes en présence. Ainsi, il y a par exemple le lupanar pour les loups-Garous ou le pard pour les léopards-Garous.

De ce fait, l’univers imaginé par Laurell K. Hamilton est complexe et ordonné tant que des crimes ne sont pas commis. Or, que serait un récit de fantasy sans lutte entre le Bien et le Mal, ce serait tout simplement une histoire où il manquerait l’essentiel. C’est donc là qu’intervient Anita Blake afin de rendre justice aux victimes, de protéger les citoyens et même parfois d’empêcher la domination du monde par des créatures de l’ombre bien trop avides de puissance.
Chaque roman se présente généralement comme une enquête que mène la jeune femme notamment lorsqu’elle est nommée agent fédéral pour résoudre les crimes surnaturels. Grâce à ses pouvoirs et à ses accointances avec le monde fantasmagorique, elle est un atout majeur pour la police qui fait régulièrement appel à elle. En conséquence, Laurell K. Hamilton donne une dimension policière à son récit de fantasy urbaine. 

Mais pas seulement car elle joue beaucoup sur la séduction, sur l’attirance qu’exercent ces créatures sur les humains. Il est de notoriété que le vampire est irrésistible et envoûtant pour les simples mortels. L’auteure surfe donc sur cet engouement littéraire et cinématographique pour ces êtres ténébreux afin d’apporter une bonne dose d’érotisme à ses textes. Ainsi, dans Les aventures d’Anita Blake, il n’est pas seulement question de résoudre des crimes, mais aussi de parler de romances, de relations humaines et/ou surhumaines, ou encore de la complexité des sentiments. Car même si on suit l’intrigue à travers les yeux d’Anita, Laurell K. Hamilton nous met en présence d’une sacrée collection de personnages. Elle a pris le temps de brosser le portrait de chacun d’eux dans un souci de réalisme pour le lecteur. Ils ont des caractéristiques et des natures propres à eux et finalement bien proches du simple humain. Son cycle est aussi un moyen pour Laurell K. Hamilton d’analyser la vie, et chacune des étapes par lesquelles l’Homme passe. Son héroïne est souvent confrontée à des situations dans lesquelles le lecteur s’identifie parfaitement. C’est donc une manière pour l’écrivaine de nous donner sa définition de l’amour, ou de l’amitié. 
On y parle de pouvoir, de sexualité sans tabous mais aussi de tendresse, et d’attachement. C’est également un moyen pour elle d’appréhender les thèmes sur la différence et la tolérance puisqu’Anita Blake va connaître une sacrée évolution au fur et à mesure des aventures. Elle qui considérait les vampires et les métamorphes comme des monstres au début de l’histoire, elle va réviser son jugement au fur et à mesure des tomes jusqu’à même éprouver des sentiments, et de la compréhension pour eux. Il y aussi une vraie réflexion sur le mythe de la vie éternelle et de la pureté de l’âme. En effet, au départ de l’histoire Anita craint pour son âme si elle se laisse aller à fréquenter les créatures de la nuit. Or, les choses changent et l’idée germe dans son esprit que ces êtres immortels possèdent également une âme même si cela est difficile à reconnaître. Finalement, quand on ouvre un roman d’Anita Blake, c’est une vraie leçon de vie que l’on y trouve avec une remise en question perpétuelle de ses croyances et de ses convictions. Laurell K. Hamilton aborde également beaucoup le rapport aux autres et à soi-même. Ses personnages sont forts de par leurs capacités surnaturelles mais faibles aussi car ils doivent apprendre à se comprendre et à s’aimer eux-mêmes. Un long chemin qu’il est possible d’atteindre grâce à l’amour de l’autre. Ce sont tous ces éléments que l’auteure incorpore dans ses textes qui sont intéressants pour le lecteur et donnent matière à réfléchir.

Il est clair qu’à l’heure d'aujourd’hui la série Anita Blake est un vrai succès éditorial et certains romans sont même considérés comme des best-sellers. Ainsi le tome 11, Péchés céruléens obtient dès sa sortie la seconde position des meilleures ventes selon le New York Times et va occuper cette place pendant quatre semaines. Chaque sortie est attendue et ses romans sont devenus une garantie pour les éditeurs qui les publient comme en France les éditions Bragelonne sous le label Milady.

Un succès qui pousse Laurell K. Hamilton à explorer d’autres pistes pour enrichir sa saga. En 2005, elle publie pour la première fois un roman isolé qui ne met pas en scène Anita mais son partenaire Micah. Présenté sous forme de nouvelles, c’est un moyen pour l’auteur d’en révéler plus sur ce personnage et donc de développer davantage son univers. 

D’autre part, pour aller encore plus loin Laurell K. Hamilton a accepté de faire adapter ses romans en bande-dessinée. C’est ainsi que né en octobre 2006, le premier comic des aventures d’Anita Blake, Plaisirs Coupables adapté en douze numéros par la société Dabel Brothers en partenariat avec Marvel. Face à ce succès, Marvel décide d’adapter le second tome Le Cadavre Rieur mais en quinze volumes cette fois-ci. Enfin, une mini-série de deux numéros faisant office de spin-off sort également. Elle s’intitule First Death et se concentre sur la rencontre entre Edward et Anita. En France, c’est Milady qui rachète les droits et qui sort en 2011 le premier comic d’Anita Blake pour venir alimenter sa collection Milady Graphics sans pour autant en faire paraître davantage à ce jour. Pour Laurell K. Hamilton, c’était à la fois un moyen de toucher un autre public qui ne connaissait pas encore ses romans mais aussi une réponse à la demande des fans de voir leur héroïne favorite prendre vie sous forme de dessins. Une décision marketing mais pas que car cela reste une autre façon d’appréhender l’univers si riche et si complexe d’Anita Blake et il faut savoir contenter tout le monde. Alors à quand la suite française des aventures de notre célèbre tueuse de vampires au format comics ?
En se renouvelant à chaque tome, Laurell K. Hamilton a su conserver depuis toutes ces années l’attention de son public. Et la question que l’on se pose à l'heure d'aujourd'hui est jusqu’où nous emmènera-t-elle encore ?

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