L’écrivaine américaine Laurell K.
Hamilton est née le 19 février 1963 à Heber Springs dans le Kansas. Dans son
enfance, elle est bercée par les contes que lui raconte sa grand-mère et qui
vont la marquer profondément comme l’histoire du Squelette Sanglant dont elle reprendra le titre pour l’un de ses
romans. Grâce à sa bibliographie riche en romans d’horreur et de fantasy urbaine, sa carrière d’auteure
à succès est assise à l’heure d’aujourd’hui. Elle a grandi dans l’Indiana après
le divorce de ses parents. Plus tard, elle étudie l’anglais et la biologie au
Marion College en Virginie. Puis diplômée,
elle part vivre quelques-temps en Californie pour finalement s’installer à
Saint Louis, dans le Missouri. Ce sont d’ailleurs deux lieux de prédilection
pour faire se dérouler les histoires de ses deux plus grandes sagas littéraires.
Elle commence par travailler dans une maison d’édition, la Werrow Corp tout en se
mettant elle-même à l’écriture. Ainsi en 1992 paraît son premier roman intitulé
NightSeer. Un texte largement
influencé par ceux de J.R.R. Tolkien et Robert E. Howard. Dans la même année,
elle publie une nouvelle Nightshade
pour la série Star Trek.
C’est en 1993 qu’elle s’attelle à
Anita Blake et qui compte aujourd’hui
vingt-six tomes dont vingt-trois sont pour l’instant traduits en France. Comme
le titre de cette série l’indique, il s’agit du destin d’une jeune femme de 24
ans prénommée Anita, vivant à Saint-Louis aux Etats-Unis et occupant le poste
de réanimatrice de zombies. Dans ce monde, les créatures de la nuit existent
bel et bien et ont pour certaines une présence autorisée et même légale. Anita
Blake est chargée de réanimer les morts à la demande des familles moyennant
finances afin que celles-ci règlent un différent, ou fassent leur deuil. Mais
notre jeune héroïne est également l’exécutrice officielle des vampires qui
commettent des crimes. Elle s'est d’ailleurs forgée une sacrée réputation dans
le monde de la nuit et bien que très jeune, elle est craint de tous. Ainsi,
chaque tome correspond à une aventure que vit la jeune femme.
Son autre importante série
littéraire est Merry Gentry qu’elle
commence à écrire en 2000 et qui se compose actuellement de neuf tomes. Ici son
héroïne est plus âgée de 10 ans et elle vit à Los Angeles pour y exercer le
métier de détective privé spécialisé dans le paranormal. Enfin, ceci est sa
couverture officielle car Merry est en réalité une princesse Sidhe de haute
lignée et la nièce de la reine Andais d’Unseelie. C’est à la mort de son père
qu’elle s’enfuit de la cour pour aller se réfugier à Los Angeles. Mais au cours
de l’une de ses enquêtes, elle se découvre un pouvoir, celui de « La Main
de Chair » qui lui permet d’anéantir ses ennemis. Avec la révélation d’un
tel pouvoir, la reine Andais la pourchasse à nouveau mais étonnement pas pour
la tuer mais pour lui proposer un marché. La reine lui offre la possibilité de
monter sur le trône à la condition de tomber enceinte. Ainsi commence une
nouvelle vie pour Meredith qui s’annonce d’ores et déjà pleines de rencontres
masculines.
Avec deux cycles majeurs qui se
classent clairement en fantasy
urbaine et appartient même au sous-genre
bit-lit (voir l’article sur Charlaine Harris), il était donc temps à
Fantasy à la carte de lui faire une place. Puisque son cycle d’Anita Blake est le plus important,
parlons-en de manière plus approfondie.
Comme toute bonne héroïne de bit-lit qui se respecte, Anita Blake est
une humaine qui aspire à la vie la plus normale possible tout en étant
confrontée dans son quotidien au surnaturel. Déjà par son travail enfin ses
deux emplois puisqu’elle bosse à la fois dans une PME dont le but est de
relever les morts et est chargée également d’exécuter les vampires criminels.
Voici deux activités paranormales, et pourtant ses conditions de travail sont
si proches de l’employé lambda. En effet, elle est sous-payée et est fortement
déconsidérée par son patron. Mais comme elle le répète souvent, il faut savoir
exploiter ses dons et il s’avère que le sien est d’avoir la capacité de parler
aux défunts. Anita est en premier lieu un bourreau de travail comme peut l’être
beaucoup d’hommes et de femmes. D’autant qu’il faut ajouter ses loisirs peu
orthodoxes d’exécutrice de vampires, on peut dire que les journées d’Anita sont
bien remplies et pas si ordinaires que ça. Quand on commence à lire ses
aventures, on imagine une fille plutôt bien charpentée pour tenir tête aux
assoiffés de sang, néanmoins lorsqu’on découvre Anita pour la première fois,
l’étonnement s’empare de notre esprit. Petite brune, menue et juvénile, elle
ressemble plus à une étudiante qu’à une tueuse implacable. Mignonne mais sans
extravagance, on se sent finalement proche de l’héroïne de Laurell K. Hamilton.
Enfin tant qu’elle se tient tranquille car croyez-moi lorsqu’elle se met à
dégommer toutes les créatures autour d’elle qui en veulent à sa vie ou à celle
de ses proches, vous révisez vite votre jugement à son sujet.
C’est à Saint-Louis que vit Anita
Blake à une époque contemporaine à la nôtre. La différence étant ici que les
humains vivent aux côtés de créatures surnaturelles. Dans le monde d’Anita
Blake, celles-ci sont plus ou moins acceptées voire respectées tant qu’elles ne
commettent pas de crimes. Ainsi les vampires, les métamorphes de toute origine
exercent n’importe quelle profession et vivent en bonne intelligence avec les
simples humains. Certains sont même de véritables chefs d’entreprise à l’image
du vampire Jean-Claude, un multimillionnaire à la tête de nombreux clubs.
Bien sûr il existe un code
constitué de règles à respecter afin de conserver un équilibre du monde pour
qu’il ne bascule pas dans le Mal. Chaque ville américaine est contrôlée par un
puissant vampire que l’on nomme le maître de la ville. Il possède son baiser,
c'est-à-dire son groupe de créatures surhumaines qui lui doivent obéissance et
fidélité. Leur intérêt est de se confondre avec les humains tout en évitant
d’attirer l’attention des autorités. Naturellement qui dit puissance, dit
risque d’hégémonie des voisins. Raison pour laquelle intervient régulièrement
Anita afin de rétablir l’ordre au sein de sa ville. Il y a également des
communautés de métamorphes dans lesquelles là aussi existe une hiérarchie
précise avec un chef. Ces communautés portent des noms différents en fonction
des races de métamorphes en présence. Ainsi, il y a par exemple le lupanar pour
les loups-Garous ou le pard pour les léopards-Garous.
De ce fait, l’univers imaginé par
Laurell K. Hamilton est complexe et ordonné tant que des crimes ne sont pas
commis. Or, que serait un récit de fantasy
sans lutte entre le Bien et le Mal, ce serait tout simplement une histoire où
il manquerait l’essentiel. C’est donc là qu’intervient Anita Blake afin de
rendre justice aux victimes, de protéger les citoyens et même parfois
d’empêcher la domination du monde par des créatures de l’ombre bien trop avides
de puissance.
Chaque roman se présente
généralement comme une enquête que mène la jeune femme notamment lorsqu’elle
est nommée agent fédéral pour résoudre les crimes surnaturels. Grâce à ses
pouvoirs et à ses accointances avec le monde fantasmagorique, elle est un atout
majeur pour la police qui fait régulièrement appel à elle. En conséquence,
Laurell K. Hamilton donne une dimension policière à son récit de fantasy urbaine.
Mais pas seulement car
elle joue beaucoup sur la séduction, sur l’attirance qu’exercent ces créatures
sur les humains. Il est de notoriété que le vampire est irrésistible et
envoûtant pour les simples mortels. L’auteure surfe donc sur cet engouement
littéraire et cinématographique pour ces êtres ténébreux afin d’apporter une
bonne dose d’érotisme à ses textes. Ainsi, dans Les aventures d’Anita Blake,
il n’est pas seulement question de résoudre des crimes, mais aussi de parler de
romances, de relations humaines et/ou surhumaines, ou encore de la complexité
des sentiments. Car même si on suit l’intrigue à travers les yeux d’Anita,
Laurell K. Hamilton nous met en présence d’une sacrée collection de
personnages. Elle a pris le temps de brosser le portrait de chacun d’eux dans
un souci de réalisme pour le lecteur. Ils ont des caractéristiques et des
natures propres à eux et finalement bien proches du simple humain. Son cycle
est aussi un moyen pour Laurell K. Hamilton d’analyser la vie, et chacune des
étapes par lesquelles l’Homme passe. Son héroïne est souvent confrontée à des
situations dans lesquelles le lecteur s’identifie parfaitement. C’est donc une
manière pour l’écrivaine de nous donner sa définition de l’amour, ou de
l’amitié.
On y parle de pouvoir, de sexualité sans tabous mais aussi de
tendresse, et d’attachement. C’est également un moyen pour elle d’appréhender
les thèmes sur la différence et la tolérance puisqu’Anita Blake va connaître
une sacrée évolution au fur et à mesure des aventures. Elle qui considérait les
vampires et les métamorphes comme des monstres au début de l’histoire, elle va
réviser son jugement au fur et à mesure des tomes jusqu’à même éprouver des
sentiments, et de la compréhension pour eux. Il y aussi une vraie réflexion sur
le mythe de la vie éternelle et de la pureté de l’âme. En effet, au départ de
l’histoire Anita craint pour son âme si elle se laisse aller à fréquenter les
créatures de la nuit. Or, les choses changent et l’idée germe dans son esprit
que ces êtres immortels possèdent également une âme même si cela est difficile
à reconnaître. Finalement, quand on ouvre un roman d’Anita Blake, c’est une vraie leçon de vie que l’on y trouve avec
une remise en question perpétuelle de ses croyances et de ses convictions.
Laurell K. Hamilton aborde également beaucoup le rapport aux autres et à
soi-même. Ses personnages sont forts de par leurs capacités surnaturelles mais
faibles aussi car ils doivent apprendre à se comprendre et à s’aimer eux-mêmes.
Un long chemin qu’il est possible d’atteindre grâce à l’amour de l’autre. Ce
sont tous ces éléments que l’auteure incorpore dans ses textes qui sont
intéressants pour le lecteur et donnent matière à réfléchir.
Il est clair qu’à l’heure d'aujourd’hui la série Anita Blake est
un vrai succès éditorial et certains romans sont même considérés comme des
best-sellers. Ainsi le tome 11, Péchés
céruléens obtient dès sa sortie la seconde position des meilleures ventes
selon le New York Times et va occuper cette place pendant quatre semaines. Chaque sortie est attendue et ses romans
sont devenus une garantie pour les éditeurs qui les publient comme en France
les éditions Bragelonne sous le label Milady.
Un succès qui pousse Laurell K.
Hamilton à explorer d’autres pistes pour enrichir sa saga. En 2005, elle publie
pour la première fois un roman isolé qui ne met pas en scène Anita mais son
partenaire Micah. Présenté sous forme de nouvelles, c’est un moyen pour l’auteur
d’en révéler plus sur ce personnage et donc de développer davantage son univers.
D’autre part, pour aller encore
plus loin Laurell K. Hamilton a accepté de faire adapter ses romans en
bande-dessinée. C’est ainsi que né en octobre 2006, le premier comic des aventures d’Anita Blake, Plaisirs Coupables adapté en douze
numéros par la société Dabel Brothers en partenariat avec Marvel. Face à ce
succès, Marvel décide d’adapter le second tome Le Cadavre Rieur mais en quinze volumes cette fois-ci. Enfin, une mini-série
de deux numéros faisant office de spin-off sort également. Elle s’intitule First Death et se concentre sur la
rencontre entre Edward et Anita. En France, c’est Milady qui rachète les droits
et qui sort en 2011 le premier comic d’Anita
Blake pour venir alimenter sa collection Milady Graphics sans pour autant
en faire paraître davantage à ce jour. Pour Laurell K. Hamilton, c’était à la
fois un moyen de toucher un autre public qui ne connaissait pas encore ses
romans mais aussi une réponse à la demande des fans de voir leur héroïne
favorite prendre vie sous forme de dessins. Une décision marketing mais pas que
car cela reste une autre façon d’appréhender l’univers si riche et si complexe
d’Anita Blake et il faut savoir
contenter tout le monde. Alors à quand la suite française des aventures de
notre célèbre tueuse de vampires au format comics ?
En se renouvelant à chaque tome,
Laurell K. Hamilton a su conserver depuis toutes ces années l’attention de son
public. Et la question que l’on se pose à l'heure d'aujourd'hui est jusqu’où nous emmènera-t-elle
encore ?
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