L'influence du "gaming" à la littérature

Google console

accueil2

accueil2

30/09/2022

Johan Heliot, La Fureur des Siècles, éditions Critic

Johan Heliot, La Fureur des Siècles, éditions Critic

Auteur d'une soixantaine de romans, Johan Heliot se plaît à explorer les littératures de l'Imaginaire : de l'uchronie à la fantasy urbaine, en passant par l'anticipation, le polar ou le steampunk. Signature incontournable de sa génération, il signe aujourd'hui un nouveau titre, La Fureur des Siècles, publié aux éditions Critic

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse. 

XVIe siècle, Léonard de Vinci est aux services de François Ier. Peintre, sculpteur et inventeur de génie, Léonard a construit une machine capable d’interagir avec le temps et de modifier l'Histoire afin d'aider le roi de France à maintenir son royaume face à l'influence grandissante du futur Charles Quint. Dans le même temps, à Florence, le jeune clerc Réginus se fait enlever par un groupe de mercenaires, chargés de voler ladite machine, afin de les guider à travers les âges, grâce à sa mémoire exceptionnelle des langues et de l'histoire des civilisations. Embarqué bien malgré lui dans cette aventure qui dépasse l'entendement Réginus aura-t-il la moindre prise sur les événements qui semblent écrire inexorablement son destin ? 

La publication de La Fureur des Siècles s'inscrit dans la thématique éditoriale du voyage dans le temps lancée cette année par les éditions Critic et qui vient prendre la suite des Naufragés de l'Institut Fermi d'André David. 

Avec La Fureur des Siècles, Johan Heliot signe une uchronie nous propulsant au début d'un XVIe siècle marqué par les premières années de règne du jeune roi, François qui cherchera par tous les moyens à s'imposer face à son rival, Charles d'Autriche, devenu roi d'Espagne, puis sacré empereur des Romains sous le nom de Charles Quint. Ici, le récit de Johan Heliot s'inscrit dans le contexte de la conquête du Milanais pour laquelle François Ier a fait valoir ses droits dynastiques et a lancé une expédition militaire afin d'en prendre possession. 

Si dans les faits, François Ier sort vainqueur à la bataille décisive de Marignan après avoir affronté son cousin Maximilien Sforza, le duc de Milan et ses alliés, les fantassins des cantons suisses, l'auteur, lui, nous propose dans son roman une toute autre version impliquant ici l'ingénierie de Léonard de Vinci. En effet, face aux tourments de ce jeune souverain qu'il considère un peu comme son fils, le vieil artiste a l'idée de créer une machine capable de protéger les frontières du royaume de France. Conduite par le chevalier Bayard, cette machine infernale émet des fumées qui ont le pouvoir d'ouvrir d'autres espace-temps et de modifier le cours des événements. Ainsi, Johan Heliot nous embarque au fil des pages de son roman dans un voyage où les époques se télescopent. On ne s'étonne donc pas de rencontrer des Gaulois ou d'affronter des dinosaures confondus ici avec des dragons en pleine Renaissance, pas plus que de voir l'Al-Andalus s'étendre jusqu'au duché de Milan. C'est tout l'intérêt du caractère uchronique du texte laissant l'auteur libre de jouer avec l'Histoire et de montrer aux lecteurs que celle-ci est sensible à la moindre variable. 

En outre, au vu de l'individu fantasque et visionnaire qu'était Léonard de Vinci comme en témoignent ses nombreuses inventions et son intérêt poussé pour l'anatomie, lui accorder la paternité d'une création interférant sur la temporalité n'a rien de saugrenue. Au  contraire, on accorde bien volontiers à cette théorie toute sa crédibilité, d'autant que l'auteur donne un rôle fort plausible à certaines figures historiques.

Avec La Fureur des Siècles, on goûte à un récit ingénieusement bien construit car il établit de suite une complicité avec le lecteur puisque le narrateur ne cesse de l'interpeller. Johan Heliot y alterne les chapitres consacrés à Léonard de Vinci et à son œuvre et ceux mettant en scène ses protagonistes, pour la plupart fictifs, qui se retrouvent embrigadés dans cette aventure extraordinaire.

Or, pour porter sa fable rocambolesque, l'auteur s'appuie sur une galerie de personnages très hétéroclites. Commençons par le narrateur, le clerc Réginus. Timoré de nature, le jeune érudit subit plus son destin qu'il en est acteur, tout du moins au début du livre. Les épreuves qu'il va devoir affronter vont le transformer en profondeur, ébranlant au passage ses convictions les plus ancrées. Finalement derrière la mésaventure de son enlèvement, il va devoir mener une quête très personnelle qui le fera mûrir tout en levant le voile sur des origines qu'il ne soupçonnait même pas. Trois mercenaires l'encadrent. Il y a le chef de l'expédition qui prend les traits d'un certain Maximilien Sforza affublé pour l'occasion par l'auteur, d'un destin scélérat. Belliqueux et manipulateur, il est craint par toute la compagnie et suscite de nombreuses acrimonies. Puis, les deux soldats dits le Turc et Malamorte qui sous des dehors d'hommes rustres et cruels, s'avèrent être deux individus ayant de touchants passés, changeant indéniablement le regard que l'on pose sur eux. Enfin, Constanza est la seule femme du récit. Elle s'affirme au fil des pages pour venir y tenir un rôle majeur. Habile et futée, celle que l'on surnomme l'Ombre se déshabille au fur et à mesure du roman de ses atours mystérieux pour nous révéler le portrait d'une femme forte qui s'impose dans ce monde résolument masculin. 

Comme La Fureur des Siècles s'inscrit dans la période troublée des guerres d'Italie, Johan Heliot pointe du doigt la folie des belligérances qui ne portent jamais préjudices à ceux qui les déclenchent. Qu'elles aient cours dans le passé ou s'incarnent dans le présent, les guerres exhalent toujours ce même parfum mortifère de destruction. Ainsi, sans en avoir l'air, il s'interroge sur certains indignités qui entachent la société moderne, notamment autour des abus sexuels commis sur des enfants par des hommes d'Eglise. Une occasion de poser le débat autour de la question du mariage des prêtes catholiques. 

En conclusion, La Fureur des Siècles égrène au fil des pages, suspense et action au cœur d'une Histoire, fluctuant au gré de la fantaisie d'un auteur et d'une science futuriste qui en fera peut-être rêver plus d'un. 

Et si vous aussi, vous aviez l’opportunité d'expérimenter la machine de Léonard de Vinci, quelle époque choisiriez-vous de traverser ? 

Fantasy à la Carte 

A lire sur la blogosphère, les avis du Nocher des livres

Informations 


A retrouver à la librairie L'Antre-Temps pour bénéficier d'une réduction de 5% avec le code promo FANTASYCARTE5. 

Johan Heliot
La Fureur des Siècles 
9782375792537
350 pages 
Éditions Critic

Lien vers le site

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire