Après un premier livre, Sale Temps publié aux éditions Rivière Blanche en 2015 et de nombreuses nouvelles, Lou Jan signe un nouveau roman de science-fiction chez Critic.
Déjà salué par la critique, la publication de La Machine à aimer n'est donc pas passée inaperçue.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Éric Marcelin pour l'envoi de ce service de presse.
Résumé :
A peine sortie d'usine, la voici déjà condamnée au rebut. Pourtant, suite à un bug informatique, Nobod se réactive et découvre avoir été jetée au milieu d'un charnier cybernétique dont elle a du mal à s'extraire. Victime d'un génocide perpétré par les humains qui ont pris peur des progrès technologiques de la robotique, l'androïde, devenue ennemie publique, doit trouver le moyen de survivre dans ce milieu hostile. Mais a-t-elle la moindre petite chance de passer inaperçue ?
Mon avis :
Avec La Machine à aimer, Lou Jan nous immerge dans un récit de science-fiction saisissant où le futur est marqué par une robotisation omniprésente. Majordome ou compagnon, les robots accompagnent les humains dans leur quotidien. La nouvelle génération qualifiée d'hybrides est une véritable prouesse technologique. Ces êtres sont programmés pour aimer et traiter l'humain avec bienveillance quelque soit les circonstances. Ressemblant à des humains sublimés, ils sont capables d'une grande sensibilité et possèdent également un intellect très développé. S'ils suscitent un véritable engouement, certains voient dans leur existence une menace les poussant à les déclarer dangereux au point d'édicter leur destruction.
C'est donc dans un contexte de chasse à l'homme ou plutôt à l'androïde que Lou Jan nous plonge ici. On suit Nobod dans ses pérégrinations tantôt capturée, tantôt en fuite, endossant une autre identité avec l'espoir peut-être vain de se retrouver à la fin.
L'autrice emprunte au thriller son ambiance haletante pour imprégner son texte d'un sentiment d'urgence né du danger latent qui pèse sur les protagonistes de ce livre. Mais, alors que l'attention est braquée sur la menace de ces nouveaux prototypes, celle-ci pourrait venir d'ailleurs et être fatale à l'humanité par pure idéologisme.
La Machine à aimer est un récit rythmé et rugueux dans lequel Lou Jan cherche à donner une vision positiviste voir rassuriste de l'intelligence artificielle, à travers l'utilité des objets connectés et des robots androïdes ou non, sans pour autant faire preuve de naïveté quant à la dérive mégalomane de certains.
C'est donc une histoire implacable et remuante qui s'avère intéressant pour toutes les questions qu'elle pose. En effet, par l'entremise de ses protagonistes robotiques ou non, Lou Jan questionne aussi bien la notion de genre que celle du vivant. En choisissant un robot augmenté comme personnage principal, l'autrice met l'accent sur la définition qu'il faut donner à ces êtres fonctionnant grâce à l'intelligence artificielle auxquels on a non seulement confiés une apparence humaine mais aussi dotés d'un affect important. En combinant ces deux éléments, n'est-ce pas suffisant pour les qualifier de vivant ? La question mérite d'être posée surtout quand on en fait des compagnons de vie et que des sentiments s'invitent dans les relations. En outre, à l'ère de l'inclusivité, le sujet du genre s'invite tout naturellement dans ce récit comme dans le débat public. Entre un changement de sexe imposé ou choisi, Lou Jan pointe les souffrances et le mal être inévitables face à un impossible épanouissement personnel.
Mais La Machine à aimer nous parle aussi d'amour universel, polygame ou monogame, hétérosexuel ou homosexuel. C'est même une ode à l'amour et à la sexualité qui fleurit sous la plume poétique de Lou Jan avec la mise en scène d'une machine programmée pour aimer qui s'affranchit de son logiciel pour nourrir ses propres sentiments et se heurter à la déception sentimentale.
La Machine à aimer est un texte court qui pourtant en quelques chapitres, pose un regard critique et crédible sur le futur tout en offrant un moment de lecture divertissant à travers les nombreux rebondissements de l'intrigue.
Dans ce roman, on suit tour à tour des humains et des machines. Il y a d'abord Nobod, narratrice principale de cette histoire dont on va suivre les pérégrinations tout au long du livre. Elle est un robot augmenté qui dès sa sortie d'usine est considérée comme une erreur à éliminer. Dès lors s'engage pour elle une course contre la montre pour échapper à son funeste destin. Au fil des pages, elle se révèle être toutes en nuances, laissant filtrer des émotions que l'on n'attend pas de la part d'un robot. Son évolution est intéressante, ce qui nous la rend encore plus attachante. Tout comme Kérone, cette femme moderne qui a soif d'amour et de liberté. Avec elle, on goûte à un bonheur bienfaisant aussi intense que fugace. Elle incarne la femme libérée et décomplexée, bien dans son époque, qui embrasse pleinement sa féminité et ne se laisse pas dicter sa conduite. Elle fait même fi des convenances pour laisser son cœur s'épanouir dans la relation qu'elle a choisie. Enfin, Adam est un homme complétement désinhibé dont le mantra est l'amour libre. Refusant de s'enfermer dans la moindre relation durable, il préfère se laisser le loisir de butiner là où il veut, quitte à s'y brûler les ailes. En effet, il ne résiste pas à un joli minois ou à une nouvelle expérience. Il est surtout un homme qui se rêve cyborg pour ne plus être limité dans ses possibilités.
En conclusion :
Avec La Machine à aimer, on goûte à un récit surprenant par le biais choisi puisque les robots ne sont pas ici les méchants de l'histoire. Ce livre est clairement riche d'une intrigue ciselée exacerbant les émotions. Pour peu que la thématique de l'intelligence artificielle et de son impact positif dans l'avenir de l'humanité vous intéresse, ce roman, de par sa grande fluidité, vous plaira certainement. Alors laissez-vous tenter ?
Fantasy à la Carte
A lire sur la blogosphère l'avis d'Au Pays des Cave Trolls,
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