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18/06/2024

Alex Nikolavitch, Trois coracles cinglaient vers le couchant, éditions Les Moutons électriques

Alex Nikolavitch, Trois coracles cinglaient vers le couchant
éditions Les Moutons électriques 

Alors qu'Alex Nikolavitch vient de mettre un point final à son cycle arthurien et après avoir lu et grandement apprécié L'ancelot avançait en armes puis Le garçon avait grandi en un gast pays, je me suis dit qu'il était plus que temps de sortir le premier volet de ma PAL pour enfin le lire avant de refermer à mon tour la porte sur cette belle réécriture. 

Me voici donc avec Trois coracles cinglaient vers le couchant entre les mains et sans surprise, c'est Uther qui y tient le premier rôle.

En effet, quoi de mieux que de remonter aux origines pour mieux comprendre et apprécier le mythe.

Résumé :

Sur la suggestion d'un étrange barde prénommé Cynddylan, Uther embarque avec lui quelques hommes sur trois coracles vers une destination inconnue. Cette expédition au fil de l'eau est l'occasion pour lui de se remémorer ses souvenirs et son passé guerrier marqué par des victoires et des défaites pour repousser l'envahisseur. Arrivé à un tournant de sa vie, trouvera-t-il un nouveau sens à lui donner ? 

Mon avis :

On ne peut pas parler du mythe arthurien sans revenir sur ses origines. C'est la raison pour laquelle Alex Nikolavitch ouvre le bal avec un portrait d'Uther Pendragon. Guerrier et meneur d'hommes, il prend la suite de son père pour bouter hors de la Bretagne les Saxons, les Jutes et les Angles qui n'ont de cesse d'envahir son île.  Ainsi, l'auteur a tissé son récit des Trois coracles cinglaient vers le couchant autour des luttes menées par ce chef de clan et égrenées par ses victoires et ses défaites. 

Dans son roman, Alex Nikolavitch s'est emparé de ses faits d'armes car ils ont façonné l'histoire de la Bretagne et apparaissent, de facto, comme le parfait écrin pour accueillir sa réécriture. Ainsi, il s'est réapproprié les éléments notables du mythe comme l'assistance d'un célèbre mage, l'usage d'un subterfuge pour pousser une femme à l'infidélité ou encore l'acquisition d'une épée prodigieuse. Ils sont les repères pour éclairer le chemin des lecteurs se plongeant dans cette histoire universelle. 

Au fil des pages, on va partager le quotidien et les souvenirs d'Uther. On goûte également à son introspection personnelle le menant sur une voie empreint de magie. 

En effet, il ne peut être question du mythe arthurien sans évoquer le merveilleux qui l'entoure. Déjà, il est fait mention du don de double vue qui permet à Uther de percevoir l'invisible. Ensuite, en s'embarquant sur les flots, il va non seulement donner une nouvelle impulsion à sa destinée mais aussi rencontrer ses dieux. C'est la porte d'entrée choisie par l'auteur pour introduire le peuple féérique qui accompagne les hommes dans le façonnage de leur légende. Pour Uther, le représentant le plus prégnant entre ces lignes est bien entendu Cynddylan qui n'est autre que Merlin. Dans ce premier volet, Alex Nikolavitch nous en livre une réinterprétation très sombre. Il est une créature surnaturelle insaisissable et mystérieuse dont il est difficile de connaître les pensées et de comprendre les actes. Sa présence instille au texte toute la dimension folklorique propre au mythe et lui donne même une aura envoûtante. Bien que la magie soit résiduelle, davantage suggérée qu'explosive, l'enchantement, lui, est total car la plume d'Alex Nikolavitch est habile pour redonner vie à certains épisodes des légendes arthuriennes et nous entraîner dans un voyage teinté de nostalgie. 

Dans ce tome 1, l'auteur ne nous attache donc pas aux pas d'un héros chevaleresque mais plutôt à ceux d'un guerrier barbare. Ainsi, on ne va pas retrouver le motif traditionnel de la quête menée par les chevaliers ni le code de la chevalerie dans les actes des protagonistes et encore moins, on ne va parler d'amour courtois. Néanmoins, Uther s'est tout de même adjoint la mission de sécuriser la Bretagne en luttant bec et ongles contre les envahisseurs. Il a, à cœur, de pacifier sa terre et c'est ce qu'Alex Nikolavitch cherche à exprimer à travers son récit. Pour cela, il propose deux temps de narration avec d'un côté le passé combatif d'Uther Pendragon et de l'autre côté, ce présent à la finalité floue. Deux époques qui se répondent pour à la fois éclairer le lecteur tout en dynamisant sa lecture. 

Avec Trois coracles cinglaient vers le couchant, on plonge dans le questionnement d'un homme sur ses actes, sur le futur vers lequel il veut aller et surtout l'héritage qu'il va laisser derrière lui.

Comme dans ses autres romans, Alex Nikolavitch s'est attelé à donner une vraie profondeur à ses personnages qu'il déshabille de leur statut légendaire pour les ramener au rang d'hommes et de femmes animés par des sentiments, des désirs et de l'espoir. Uther Pendragon est une figure grise du mythe qui peut, par exemple, s'affranchir de la morale pour répondre à une pulsion. Cependant, il incarne aussi cette force brute prompte au sacrifice pour assurer la sécurité de son pays et de son peuple.

Pour conclure :

Trois coracles cinglaient vers le couchant donne donc le coup d'envoi d'une réécriture élégante et confidentielle du mythe arthurien. Alex Nikolavitch a les mots justes pour remettre en lumière ce légendaire immortel. Alors, vous attendez quoi pour lire cette trilogie ? Elle est disponible dans toutes les bonnes librairies, foncez !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mes avis sur L'ancelot avançait en armes et Le garçon avait grandi en un gast pays

Informations

Alex Nikolavitch
Trois coracles cinglaient vers le couchant
9782361835545
270 pages
Editions Les Moutons électriques

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