Après une novella intitulée "Chrysalide", éditée en 2015 par les édtions Voy'El, Ivan Kwiatkowski publie en octobre 2021, son premier roman, Gestalt aux éditions Le Chant du Cygne.
Lu dans le cadre d'un partenariat, je remercie à nouveau les éditions Le Chant du Cygne pour l'envoi de ce service presse.
Gestalt s'ouvre sur un monde prêt à basculer dans la guerre. En effet, des rivalités entre le roi Krieg IV et Lord Froyd menacent sérieusement la paix sur le continent. Alors dans un dernier sursaut d'espoir, Spracht, l'astrologue royal organise une rencontre officielle avec la divinatrice du camp adverse dans l'espoir de percevoir une autre voie à ce conflit. Sur sa route, il ne manquera pas de croiser certains personnages qui auront leur rôle à jouer dans cet affrontement, tandis que d'autres électrons libres se frotteront à leur destin de leur côté.
Dans Gestalt, Ivan Kwiatkowski emprunte les codes de la fantasy pour poser le cadre de son récit. Aussi, on retrouve la figure de l'astrologue qui incarne la prophétie, soit un élément déclencheur du récit traditionnel de fantasy. Il est également question de magie puisque des mages y sont à l'oeuvre en usant d'un pouvoir basé sur le modèle de l'Echange. De même que la lutte est au cœur des enjeux à travers le spectre de cette guerre qui menace la paix sur le continent. Enfin, l'intrigue est, quant à elle, portée ici par une communauté de héros qui agissent dans l'intérêt de l'un ou l'autre des deux camps. Autant d'éléments qui rassurent le lecteur d'Imaginaire car il y retrouve tout ce qu'il est en droit d'attendre, mais ceux-ci sont, à mon sens, accessoires au roman.
En effet, l'auteur a surtout misé sur une galerie de personnages en mettant l'accent sur les valeurs qu'ils véhiculent et les actes qui les définissent. Ainsi, par l'entremise de ses protagonistes, il questionne beaucoup la figure du héros en confrontant l'archétype que l'on s'attend à trouver et la réalité d'un être sous l'emprise de ses contradictions et de ses désirs. Au fil de ses chapitres, Ivan Kwiatkowski alterne les points de vue de chacun d'entre eux nous laissant le loisir de les découvrir de manière parcimonieuse. D'ailleurs, si les premiers chapitres les concernant nous les laissent entrevoir d'une certaine manière, la suite de la lecture va vite nous faire changer d'avis sur la question.
La plume d'Ivan Kwiatkowski se veut troublante en explorant l'âme torturée de chacun de ses personnages. Tour à tour, on suit, entre autre, un jeune mage éperdu et désespéré, une sorcière à l'âme guerrière, un assassin repentant, une bête encombrée par son humanité, un meneur d'hommes complexé ou encore un sorcier à l'âme damnée. Au vu du nombre important de personnages, il m'a, quand même, été difficile de m'attacher à chacun d'entre eux. Néanmoins, certains destins sont plus touchants que d'autres comme celui de Midas qui cache l'histoire d'un homme, noyé par son chagrin d'avoir perdu l'amour de sa vie, au point de renoncer peu à peu à son humanité pour se métamorphoser en monstre, détaché de tout sentiment et distancié de toute souffrance. On peut également évoquer Cinder qui a été mandatée par lord Froyd afin de changer le cours des événements en débusquant le plus puissant des mages afin d'éviter au monde de sombrer dans la guerre. Obsédée par des idéaux chevaleresques, Cinder ne rêve que de sauver son prochain et ne voit pas le mal qui rôde. Guerrière accomplie et sorcière puissante, elle risque bien d'être rattrapée par sa candeur et sa crédulité. Quant à Améon, on voit d'abord en lui un fringant jeune homme, éperdument amoureux qui tombe progressivement dans l'aveuglement, quitte à perpétrer les actes les plus extrêmes pour ramener à la vie l'amour de sa vie. Enfin, Oswald est un être torturé et complexe. Hanté par ses souvenirs et ses regrets, il est un pion parfait et utile pour servir des intérêts supérieurs.
Fort d'une grande singularité, ce roman exhale de nombreux sentiments comme l'amour, la haine, le châtiment, la repentance, la mélancolie ou encore le courage. C'est une manière pour l'auteur de nous faire passer par tout un panel d'émotions et finalement de ne pas rester indifférent à son roman.
Gestalt est donc riche d'une promesse d'évasion livresque surprenante et un brin original.
Fantasy à la Carte
Informations
Je suis très intéressée par l'expérience émotionnelle que tu soulignes! Merci pour la découverte.
RépondreSupprimer