Léafar Izen, La Marche du Levant, Albin Michel Imaginaire
Avec La Marche du Levant, Albin Michel Imaginaire nous propose un récit déroutant, brouilleur de pistes et qui se joue bien volontiers des frontières entre les genres. Je remercie d'ailleurs Gilles Dumay pour l'envoi de ce service de presse qui marque indubitablement mon été d'une touche d'évasion.
Dans La Marche du Levant, on évolue aux côtés des peuples du Levant. A Odessa, on s'attache aux pas de la belle assassine Célérya. Membre de la Guilde, la jeune femme est passée maîtresse dans l'art de dépouiller ses victimes de leur bourse et si nécessaire, de leur vie. Un jour, elle est mandatée pour accomplir une étrange mission dans l'Est auprès de ceux que l'on appelle les Guetteurs. Là-bas, les événements ne vont pas se dérouler comme prévus. Une rencontre va bouleverser sa vie car ce qu'elle ignore encore, c'est que son destin est déjà écrit. Elle est un rouage nécessaire à l'accomplissement d'une très vieille prophéties. Les éléments se mettent en place, à Célérya, maintenant, de découvrir quel rôle elle va tenir ?
Dans son livre, Léafar Izen nous plonge dans un univers dystopique. En effet, il met en scène des peuples nomades qui avancent lentement, traversant des terres répondant aux noms d'Europa, de Syberia, d'Amerika ou de Terra Nuova. Nous sommes donc en terre connue. Ainsi, les villes qui servent de refuges aux populations, ne restent pas sur un espace géographique délimité sur une zone précise. En perpétuel mouvement, on s'émerveille devant la grandeur de la cité d'Odessa qui sert de cadre au plus gros de l'action de ce récit. Ainsi, ses demeures sont tirées par des bœufs et des dirigeables la survolent en permanence. Point de royaumes figés dans l'univers de Léafar Izen qui a choisi comme terrain de jeu la planète entière. Ce roman se lit comme une promenade au cœur de vastes paysages qui nous coupent le souffle par leur beauté. Mais c'est aussi la quête de survie d'un peuple qui, dans leur exode, court de grands dangers.
Les éléments de fantasy ne manquent donc pas dans ce roman. Outre, cet univers sauvage et grandiose, l'auteur inscrit son récit dans un Moyen-Âge revisité comme cela est souvent privilégié dans la fantasy épique. On y croise une guilde d'assassins qui oeuvre dans l'ombre du pouvoir. Il faut dire que les enjeux sont nombreux et la course au pouvoir est acérée. Cette Guilde devient donc tout naturellement un outil indispensable pour asseoir son autorité et étendre son influence. Que l'on parle de la quête de pouvoir ou de la quête d'un paradis à trouver, l'auteur fait également appel à ce motif traditionnel de cette littérature. Elles sont d'ailleurs motivées ici par l'existence d'une prophétie qui annonce l'arrivée d'une élue chargée de conduire son peuple à la porte de l'Arche afin qu'il passe dans un nouveau monde. En outre, les combats épiques ne manquent pas de venir pimenter les pages de ce livre.
Derrière cette aventure au long court surgissent deux figures féminines qui nous racontent tour à tour leur incroyable destinée. On ouvre ce livre avec Célérya qui passe de pion de la Guilde à pièce maîtresse dans ce jeu de pouvoir. Elle incarne l'indépendance et la liberté. Elle joue un rôle majeur dans cette histoire car c'est elle qui prend sous son aile l'élue annoncée par la prophétie, elle la protège et la place là où elle doit être. Cette élue, c'est Akeyra que l'on suit de la naissance jusqu'au terme de sa vie. Au fur et à mesure du roman, elle s'affirme et prend davantage de place dans la narration. Elle se révèle être une âme courageuse, aussi fougueuse que peut l'être Célérya. Elle prend le pouvoir dans un bain de sang mais arrive à se faire respecter malgré son jeune âge car elle incarne l'espoir pour les peuples du Levant. Elle est une jeune fille attachante. Pleine de rêves, elle n'hésite pourtant pas à se sacrifier pour protéger le plus grand nombre. C'est une héroïne surprenante qui se découvre au fil du temps.
Léafar Izen est un rêveur qui nous embarque dans son épopée que l'on qualifie d'emblée de fantasy mais pourtant lorsque l'on arrive à l'épilogue, il nous met le doute. Le voilà qui conclue son livre sur un chapitre qui remet totalement en question toutes les certitudes que l'on a pu avoir sur ce livre. Il se montre ici d'une grande facétie et nous prouve que la frontière entre les genres est finalement très perméable.
Avec La Marche du Levant, Léafar Izen se fait l'auteur d'un pavé prenant que l'on apprécie malgré quelques longueurs. Il réussie à nous attacher à des héroïnes majestueuses et inoubliables qui évoluent dans un monde sublime et implacable.
Fantasy à la Carte
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