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03/09/2024

Jeanne Mariem Corrèze, Nous serons l'incendie, éditions Les Moutons électriques

Jeanne Mariem Corrèze, Nous serons l'incendie
éditions Les Moutons électriques 

Après le succès du Chant des Cavalières et un coup de cœur récent pour moi, Jeanne Mariem Corrèze a repris la plume pour nous proposer une nouvelle histoire s'insérant dans son merveilleux univers.

Pour fêter cette sortie très attendue, les éditions Les Moutons électriques ont sorti le grand jeu en donnant un superbe écrin à ce nouveau texte. Ainsi, Nous seront l'incendie vient de paraître au format d'un relié arborant un très beau jaspage sur toute sa tranche, ainsi que des illustrations en pages de garde et à l'intérieur de l'ouvrage, signées Melchior Ascaride et Amandine Labarre

Lu dans le cadre d'un partenariat avec Les Moutons électriques, je remercie Maxime pour l'envoi de ce service de presse exceptionnel. 

Résumé :

Voilà 4 ans que le royaume de Sarda est occupé par les Contés-Unis des Sabès après une guerre éclair de 30 jours. Beaucoup y ont trouvé la mort, certains se sont résignés à leur sort tandis que d'autres voient, au contraire, leurs convictions se renforcer. C'est dans ce contexte houleux que la résistance menée par une poignée de cavalières survivantes s'organise. Mais ont-elles une réelle chance de sauver leur royaume, également menacé par un terrible incendie ? 

Mon avis :

Dans Nous serons l'incendie, Jeanne Mariem Corrèze réinvestit son fabuleux univers initié dans Le Chant des Cavalières et peuplé de cavalières, de créatures fantasmagoriques et d'un mage de feu. Mais, cette fois-ci celui-ci est mis à feu et à sang, meurtri par la guerre et dévoré par les flammes. En effet, la guerre menée par Eliane de Nordeau a laissé les citadelles exsangues, tuant bon nombre de guerrières et d'habitants de Sarda. Or, la poignée de survivants organise la résistance pour tenter de libérer les territoires occupés par les Sabès. Les affrontements se multiplient et sont sanglants. La puissance de feu des Contés-Unis des Sabès est telle que la rébellion des cavalières paraît dérisoire. Le seul atout qu'elles semblent encore avoir dans leurs manches est le dernier mage de feu, Myrddin même si celui-ci est sorti affaibli du conflit. Blessé et hanté par les fantômes de son passé, il est difficile de voir en lui un allié fiable. D'autant que sa magie est déclinante et même défaillante condamnant de facto le royaume de Sarda à sombrer dans les ténèbres. Surtout que celui-ci est également en proie un gigantesque incendie nourri par la sécheresse qui consume cette terre depuis bien trop longtemps. Or, rien ne semble pouvoir arrêter ce feu à caractère surnaturel si ce n'est peut-être la magie ? 

Jeanne Mariem Corrèze nous plonge donc dans un monde divisé et en ruines. L'ambiance choisie pour cette nouvelle intrigue est crépusculaire et s'accorde parfaitement aux thématiques mises en exergue. 

On y parle avant tout de la guerre et de ses conséquences sur les peuples envahis. Entre ces lignes, la terre de Sarda est occupée obligeant la population locale à se déplacer pour échapper à un sort funeste ou à l'esclavage. En effet, beaucoup de femmes sont enlevées pour rejoindre les mines où elles trouvent bien souvent la mort. Les ressources sont pillées pour enrichir les Contés-Unis des Sabès. La terre est littéralement vidée de sa substance et beaucoup d'enfants sont orphelins.  Le récit est dramatique et donne le vertige bousculant nos émotions car il est impossible de rester indifférent à tant de détresse. 

Pour autant ce texte est loin d'être sombre, au contraire, il est incandescent car porté par l'étincelle de rébellion de certains des protagonistes. En effet, Nous serons l'incendie n'est pas un récit de résilience mais bien de résistance. L'autrice nous attache aux pas de personnages courageux emplis de certains idéaux. Ivres de liberté, ils enchainent les actions pour affaiblir l'ennemi et se libérer de leur joug. Le roman n'en est que plus palpitant, rempli de rebondissements et de trahisons car les missions de sape du pouvoir des Sabès menées par certaines cavalières ne sont pas toujours couronnées de succès. 

En outre, ce titre est aussi une réflexion politique quant au meilleur modèle à adopter pour construire une société plus juste et davantage représentative. Ainsi, en dépit du conflit qui fait rage, certaines n'ont pas renoncé à instaurer une république en remplacement de la royauté pour une vraie démocratie. 

Enfin, Jeanne Mariem Corrèze a donné à son texte une portée écologique à travers cette terre malmenée par les hommes, rendue stérile par sa surexploitation devenant ainsi le parfait berceau nourricier pour un incendie inarrêtable. A travers la disparition des forêts et surtout de l'humidité qu'elle dégage, c'est la barrière naturelle du feu qui manque ainsi à l'appel laissant le champ libre à l'aridité qui lui est propice

Pour conclure :

Nous serons l'incendie est un roman choral qui nous transporte dans une aventure pleine de fureur et d'espérance. Jeanne Mariem Corrèze a eu à cœur nous proposer de la diversité dans ses protagonistes qui sont aussi bien racisés, non genrés qu'homosexuels. Elle signe une fantasy épique et inclusive qui s'inscrit dans un questionnement très actuel. 

Finalement, le fond s'accorde parfaitement à la forme puisque le texte est aussi bon que l'écrin est beau. A ne pas manquer pour cette rentrée 2024 !

Fantasy à la Carte

A lire sur le blog, mon avis sur Le Chant des Cavalières.

Informations

Jeanne Mariem Corrèze
Nous serons l'incendie
9782361839406
432 pages
Editions Les Moutons électriques

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